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Pis

Pis

d’Hautel, 1808 : Vieux mot qui signifioit poitrine. Le peuple l’a conservé, et s’en sert par dérision pour désigner l’estomac, les seins trop volumineux d’une femme.

Delvau, 1866 : s. m. La gorge de la femme, — dans l’argot malséant du peuple :

Les femmes, plus mortes que vives,
De crainte de se voir captives,
Et de quelque chose de pis
De la main se battent le pis.

dit Scarron dans son Virgile travesti.

France, 1907 : Mamelles, seins.

Les femmes plus mortes que vives
De crainte de se voir captives
Et de quelque chose de pis,
De la main se battent le pis.

(Scarron, Le Virgile travesti)

Pis (tant)

d’Hautel, 1808 : Adverbe. Le peuple dit par barbarisme, tant pire.

Pissard

France, 1907 : Nom donné à saint Médard, auquel la croyance populaire attribuait l'abondance des pluies à l'époque de sa fête.

Saint Médard
Le grand pissard.

Ce phénomène est facilement explicable, puisque la fête de l'évêque de Noyon avait lieu le 8 juin, c’est-à-dire à l'époque du solstice d'été, où généralement il y a changement de temps. Mais depuis la réforme du calendrier, le solstice d'été, au lieu de tomber comme aujourd'hui le 22 juin, avait fini, par suite de la fraction négligée par Jules César, par tomber les 11 et 12 du même mois. Saint Barnabé, dont la fête tombe le 11 juin, partageait avec saint Médard le pouvoir d'influer sur le temps. Les paysans picards répètent encore un dicton datant d'avant la réforme grégorienne, où le solstice d'été arrivait le 11 juin :

C'est la Saint-Barnabé,
Le plus long jour de l'été.

C'est saint Gervais maintenant dont la fête tombe le 19, trois jours avant le solstice d'été, qui a remplacé Barnabé et Médard. Aussi, même au ciel, il y a pour les saints grandeur et décadence.
Citons quelques dictons au sujet de ces saints.

Quand il pleut le jour de Saint-Médard,
Le tiers des biens est au hasard,
À la Saint-Barnabé,
La faux au pré.
Quand il pleut à la Saint-Gervais,
Il pleut quarante jours après.
S'il pleut la veille Saint-Gervais,
Pour les bleds c’est signe mauvais,
Car d’iceux la tierce partie
Est ordinairement périe.

C'est douce saint Gervais qui a remplacé son confrère Médard comme saint pissard.

Pissat

Delvau, 1866 : s. m. Résultat du verbe Meiere.

Pissat d’âne

Rigaud, 1881 : Eau-de-vie jaune-clair ; eau-de-vie coupée d’eau. Allusion à la couleur.

Rossignol, 1901 : Bière chaude et mauvaise.

France, 1907 : Mauvaise eau-de-vie appelée en anglais crème française.

Pissat de cheval ou pissat de vache

France, 1907 : Mauvaise bière.

Pissat de vache

Delvau, 1866 : s. m. Mauvaise bière.

Pisse d’en pied

France, 1907 : Tonneau de piquette défoncé par un bout et portant de l’autre sur chantier. Ainsi placé, débotit Où dun pied, re tonvean laisse échapper la boisson qu’il contient par UNE cannelle mise au bas, au pied,

(Gloss. du Centre)

Pisse froid

Rigaud, 1881 : Homme méthodique concentré en lui-même.

Virmaître, 1894 : Homme guindé, raide, froid, dont l’aspect vous glace. Homme qui, en parlant, laisse tomber ses mots avec une lenteur monotone. Se dit de tout homme à l’aspect peu sympathique (Argot du peuple).

Pisse-au-lit

France, 1907 : Petite fille, personne jeune, ignorante et timide.

… Elle haussa l’épaule, lui demandant s’il la prenait pour une pisse-au-lit. D’ailleurs, elle savait bien que tous les hommes étaient des salauds.

(Camille Lemonnier, Happe-Chair)

Pisse-froid

d’Hautel, 1808 : Mot injurieux et satirique, qui se dit d’un homme flegmatique, sombre et sournois, sans vigueur du tempérament.

Delvau, 1864 : Bande-à-l’aise.

Où diable Valère a-t-il raccroché ce pisse-froid-là ?

Comte de Caylus.

Delvau, 1866 : s. m. Homme lymphatique, tranquille qui ne se livre pas volontiers, — dans l’argot du peuple, ennemi des flegmatiques.

France, 1907 : Individu qui manque d’ardeur, de chaleur dans ses opinions, un pusillanime. S’emploie dans le Centre dans le sens de méticuleux. On dit aussi pisse-froid dans la canicule et pisse-verglas.

La question n’est pas de travailler tant d’heures, de toucher tant… mais plutôt de ne pas être exploités ! C’est ce qu’ont tout à fait perdu de vue les pisse-froids : ils ne parlent plus de faire rendre gorge aux capitalos, c’est passé de mode.

(Almanach du Père Peinard, 1894)

Y a pas à tortiller, si on veut que le populo gobe les idées révolutionnaires, les gas d’attaque doivent s’aligner de façon pour que leurs manières de vivre soient en concordance avec leurs opinions.
Et c’est pourquoi les anarchos ne doivent pas suivre l’exemple de ce triste socialo pisse-froid qui, à l’atelier, est un infect contre-coup et qui, dans la rue, parle d’émancipation.

(Le Père Peinard)

Pisse-huile

Rigaud, 1881 : Lampiste, — dans le jargon du collège. (L. Larchey)

France, 1907 : Allumeur de lampes ; argot des écoliers.

Pisse-trois-gouttes

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui s’arrête à tous les rambuteaux. On dit parfois : Pisse-trois-gouttes dans quatre pots de chambre, pour désigner un homme qui produit moins de besogne qu’on ne doit raisonnablement en attendre de lui.

France, 1907 : Personne atteinte de rétention d’urine ; lambin, retardataire.

France, 1907 : Littérateur peu productif ; le contraire du pisseur de copie.

Pisse-verglas

France, 1907 : Voir Pisse-froid.

Pisse-vinette

Rossignol, 1901 : Cocons, asticots morts.

Pissenlits (arroser les)

Rigaud, 1881 : Uriner en plein champ.

France, 1907 : Uriner en plein air ; expression populaire.

Embusqué derrière la haie, il la surprit en train d’arroser les pissenlits.
— Oh ! s’exclama-t-il, le bel arrosoir !
Elle n’acheva pas et s’enfuit sans secouer ses jupes.

(Les Joyeusetés du régiment)

Pissenlits par la racine (manger des)

La Rue, 1894 : Être mort.

Pissenlits par la racine (manger les)

Rigaud, 1881 : Être mort.

France, 1907 : Être mort et enterré.

J’achevais une délicieuse salade de pissenlits.
Après m’avoir serré la main, la larme à l’œil, telle fut sa première parole, à ce gracieux vieillard :
— Allons, je suis content ! (Montrant les pissenlits) je vois avec plaisir que vous ne les mangez pas encore par la racine.

(Léon Rossignol, Lettres d’un Mauvais Jeune homme à sa Nini)

Pisser

d’Hautel, 1808 : Pisser des os. Accoucher ; mettre au monde un enfant.

Pisser (envoyer)

Delvau, 1866 : Congédier brutalement un ennuyeux. On dit aussi Envoyer chier.

Pisser à l’anglaise

Delvau, 1866 : v. n. Disparaître sournoisement au moment décisif.

Virmaître, 1894 : S’en aller subrepticement sans payer son écot. Pisser à l’anglaise : quitter un salon sans saluer les maîtres de la maison pour ne pas jeter le trouble dans la réunion… ou parce que l’on s’embête à quarante francs par tête (Argot du peuple).

France, 1907 : S’esquiver sans payer. Ne pas confondre avec filer à l’anglaise, qui signifie quitter une compagnie sans prendre congé (Voir Filer). L’individu qui pisse à l’anglaise fait semblant de se rendre au water-closet, et de là s’esquive sans payer sa consommation ou son écot.

Pisser au cul

Rigaud, 1881 : Mépriser profondément ; faire autant de cas de quelqu’un que d’une pissotière, le traiter comme une pissotière.

Pisser au cul de quelqu’un

Delvau, 1866 : v. a. Le mépriser. — dans l’argot des voyous.

Pisser comme les poules

Virmaître, 1894 : Aller au cabinet. Pour qualifier un individu très niais, on dit :
— Il a une gueule à mener les poules pisser (Argot du peuple).

Pisser contre le soleil

Delvau, 1866 : v. n. Faire des efforts inutiles, se tourmenter vainement. On connaît l’enfance de Gargantua, lequel « mangeoit sa fouace sans pain, crachoit au bassin, petoit de gresse, pissoit contre le soleil, » etc.

France, 1907 : Faire d’inutiles efforts ; vieille expression qu’on trouve dans Rabelais :

Gargantua… petoit de gresse, pissoit contre le soleil.

Pisser dans un violon

France, 1907 : Perdre son temps ; se donner du mal pour n’arriver à rien.

— Tu as beau faire l’œil en coulisse, roucouler et manger tous les soirs la botte, elle se fiche de ta fiole… C’est comme si tu pissais dans un violon.

(Les Joyeusetés du régiment)

Pisser de l’œil

Virmaître, 1894 : Pleurer.
— Depuis que mon homme a foutu le camp, je pisse de l’œil comme une fontaine Wallace (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Voir Chiquer.

Pisser de la copie

France, 1907 : Voir Pisseur de copie.

Pisser des côtelettes

France, 1907 : Enfanter. On dit aussi pisser des os.

Pisser des lames de canif, pisser des clous de sabot

Rigaud, 1881 : Souffrir en urinant, par suite d’une maladie de la vessie, par suite d’une maladie vénérienne.

Pisser des lames de rasoir

France, 1907 : Être dans un moment difficile et pénible ; être importuné. « Fichez-moi la paix ! Vous me faites pisser des lames de rasoir ! »

Pisser des lames de rasoir en travers

Virmaître, 1894 : Celui qui est dans ce cas-là n’est pas heureux. L’image est juste pour indiquer les douleurs cuisantes qu’éprouvent les pauvres diables qui ont reçu un coup de pied de Vénus. Pour témoigner à une personne qu’elle vous impatiente, on lui dit : Vous me faites pisser des lames de rasoir en travers (Argot du peuple).

Pisser des lames de rasoir en travers (faire)

Delvau, 1866 : Ennuyer extrêmement quelqu’un, — dans l’argot des faubouriens, qui n’ont pas d’expression plus énergique pour rendre l’agacement que leur causent certaines importunités. On dit aussi Faire chier des baïonnettes.

Rigaud, 1881 : Ennuyer quelqu’un au dernier point ; le faire moralement souffrir à force de l’ennuyer.

Pisser des os

Delvau, 1864 : Accoucher, mettre au monde une pauvre petite créature qui s’en repentira un jour.

Ils lui feront enfler la panse,
Et, comme à moi, pisser des os.

(Cabinet satyrique.)

Delvau, 1866 : v. a. Accoucher, — dans l’argot du peuple. On dit aussi d’une femme qui met au monde un enfant qu’Elle pisse sa côtelette.

Pisser des yeux

Rossignol, 1901 : Pleurer.

Pisser dessus

Fustier, 1889 : Pisser sur quelqu’un. Le mépriser, n’en pas faire cas.

J’en demande pardon à M. le maire et à mes collègues du conseil : Je les couvre de mon mépris et je leur pisse dessus.

(Moniteur universel, 1883.)

Pisser droit

Delvau, 1864 : Bander roide et dru.

Bande ta pine et débande ta lyre :
L’important, au lit, est de pisser droit.

(Parnasse satyrique.)

Pisser du vinaigre

France, 1907 : Être sévère dans le service ; argot populaire.

Pisser les poules (mener)

Rigaud, 1881 : Donner, en riant, un mauvais prétexte pour s’en aller, pour quitter l’ouvrage. — Être occupé à ne rien faire, ne pas vouloir dire où l’on va.

France, 1907 : Quitter son travail sous un fallacieux prétexte.

Pisser ou chier (envoyer)

Larchey, 1865 : Renvoyer au loin. — Ce terme injurieux ; remonte à une haute antiquité. — Au mot Pissare, Du Cange cite une lettre de rémission de 1465, où, entre autres injures et grandes parolles reprochées au délinquant, on rapporte qu’il envoya pisser son adversaire. V. Foirer.

Pisser sa côtelette

Larchey, 1865 : Accoucher, mettre au monde un enfant. — d’Hautel (1808) emploie dans le même sens pisser des os.

Rigaud, 1881 : Accoucher.

Pisser une cotelette

Virmaître, 1894 : Accoucher. On dit aussi :
— Elle pisse des os.
Pisser une côtelette
est une allusion à la légende biblique d’Adam et Eve (Argot du peuple).

Pisser une côtelette, pondre

Hayard, 1907 : Accoucher.

Pisseraide

France, 1907 : Petit robinet d’eau à forte pression, placé dans le corridor des salles d’études de l’École polytechnique.

Pisseur de copie

France, 1907 : Écrivain doué d’une déplorable facilité qui inonde la presse de ses élucubrations. Ce que Jules Vallès appelait être atteint de diarrhée littéraire. Certains bas-bleus sont de terribles pisseuses de copie.

Aristote, cet infatigable pisseur de copie qui écrivit de omni re scibili plus d’ouvrages que Sarcey n’a fait de chroniques…

(Grosclaude, Le Journal)

Le mal qui atteint Alexis Bouvier, cet énergique producteur auquel le populaire doit tant d’heures de distraction et de plaisir, quelle réponse aux propos dédaigneux de tous les oisifs de lettres, de tous ceux qui sont vidés sans avoir jamais été emplis ! Ils nous appellent des pisseurs de copie ; vous vous trompez, ô fiers constipés, ce que nous pissons, c’est de la cervelle.

(E. Lepelletier)

Pisseuse

d’Hautel, 1808 : Une pisseuse. Sobriquet injurieux que les polissons donnent aux femmes, et notamment aux petites filles.

Delvau, 1864 : La femme.

De la chatouillarde amourette,
Soudain en la quête on te jette,
Tant qu’on revienne tout tari
Par ces pisseuses de Paris.

Jodelle.

À chaqu’ pisseus’ qu’il rencontrait,
Le petit bandit répétait…

(Chanson anonyme moderne.)

Delvau, 1866 : s. f. Petite fille.

Rigaud, 1881 : Petite fille. Femme. — La voisine a accouché. — Qu’est-ce qu’elle a fait ? — Une pisseuse.

France, 1907 : Petite fille ; fillette.

Les femmes dévergondées me dégoûtent… Évidemment, il y a des cas exceptionnels… L’on se sent quelquefois le besoin de certains raffinements, on a envie de caresses savantes, dont les femmes expérimentées seules, les spécialistes ont le secret… Mais comme plat du jour, plat réconfortant qui vous rajeunit et vous fait voir la vie tout en rose, il n’y a encore rien de tel qu’une simple pisseuse de seize ans…

(Victor Joze, Les Sœurs Vachette)

Pisseux

France, 1907 : Qui a la couleur, l’apparence de l’urine.

C’était un quidam d’assez fichue apparence ; accoutré d’un long pardessus d’été d’une couleur indéfinissable, d’un pantalon dont le bas tombait en franges boueuses sur des souliers éculés, coiffé d’un feutre pisseux aux bords rabattus.

(L.-V. Meusien, Le Masque de chair)

Pissin de cheval

Rigaud, 1881 : Mauvaise bière chaude.

Pissoir

France, 1907 : Nom vulgaire des vespasiennes.

Juste au-dessous du chef d’orchestre, bien en vue de tous les consommateurs, un énorme écriteau blanc portait cette inscription en lettres noires : « Le pissoir est au fond du jardin. » Or, on vient en famille à la brasserie du Lion ; il y a, dans l’assemblée, beaucoup de femmes, de jeunes filles. Mais cette grossièreté ne choque personne. La naïveté tudesque est parfois bien répugnante.

(François Coppée)

Pissote

Delvau, 1866 : s. f. Endroit où l’on conjugue le verbe Meiere. Le petit café situé vis-à-vis le théâtre du Palais-Royal n’est pas désigné autrement par les artistes.

France, 1907 : Urine, vespasienne. Faire une pissote, uriner.

Pissoter

d’Hautel, 1808 : Uriner ; pisser fréquemment.

Delvau, 1866 : v. n. Avoir une incontinence d’urine.

France, 1907 : Lambiner, tergiverser, demeurer longtemps à une besogne que l’on reprend pour la quitter et la reprendre comme les personnes atteintes d’une incontinence d’urine qui s’arrêtent à toutes les pissotières sans parvenir à évacuer le trop-plein de leur vessie.

Pissotière

d’Hautel, 1808 : Vessie urinale. Au figuré, terme de mépris, pour dire un jet d’eau, ou une fontaine qui jette peu d’eau.

Pissottière

France, 1907 : Urinoir

France, 1907 : Petite fontaine, petit jet d’eau des jardins de la banlieue.

Pist

France, 1907 : Lampiste ou garçon de service ; argot du Borda.

Pistache

Rigaud, 1881 : Légère ivresse. Pincer sa pistache, être légèrement ivre. Pourquoi pistache ? — Est-ce que l’ivrogne de la première heure arborerait les tons verts de la pistache ?

La Rue, 1894 : Ivresse.

Rossignol, 1901 : Celui qui est gai d’avoir un peu bu a sa pistache.

France, 1907 : Saoulerie. Prendre une pistache, s’enivrer.

— Sûr et certain, belle dame, attendu qu’il est rentré ce matin à 8 heures, nanti d’une pistache qui n’était pas ordinaire… Il faisait tant de bouzin que j’ai pénétré dans sa chambre, qui était contiguë à mes appartements particuliers, et il s’est enfin endormi sur sa descente de lit où je l’ai pieusement laissé…

(Simon Boubée)

Pour les trois quarts des ouvriers, un enterrement est, ni plus ni moins, une occasion de prendre un jour de congé, de faire une ballade, et de se flanquer une légère pistache. « On est mieux là qu’en face », dit l’enseigne du mastroquet qui a eu le bon nez de s’installer devant le cimetière ; et chacun de répondre : Allons-y.

Pistache (prendre une)

Merlin, 1888 : Se griser. — On dit aussi, suivant le degré de l’ivresse : prendre une biture, une muffée, une cuite.

Pister

Fustier, 1889 : Suivre les voyageurs à la piste lors de leur arrivée dans une ville et leur offrir un hôtel qu’on leur vante.

France, 1907 : Suivre la piste. Pourquoi ce mot n’est-il pas français ? Pourquoi a-t-on dépister et pas pister ? Demandez aux académiciens.

Nous nous trouvions une belle floppée, hier soir, à la gare Saint-Lazare. Les roussins étaient sur les dents, ne sachant comment dénicher dans la foule les bons fieux qu’on leur avait donné à pister.

(Émile Pouget, La Sociale)

Pisteur

Rigaud, 1881 : Homme qui suit les femmes à la piste. Il ne faut pas confondre le pisteur avec le suiveur. Le suiveur est un fantaisiste qui opère à l’aventure. Il emboîte le pas à toutes les femmes qui lui plaisent, ou, mieux, à toutes les jolies jambes. Parmi cent autres, il reconnaîtra un mollet qu’il aura déjà ! chassé. Il va, vient, s’arrête, tourne, retourne, marche devant, derrière, croise, coupe l’objet de sa poursuite, qu’il perd souvent au détour d’une rue. Plus méthodique, le pisteur surveille d’un trottoir à l’autre son gibier. Il suit à une distance respectueuse, pose devant les magasins, sous les fenêtres, se cache derrière une porte, retient le numéro de la maison, fait sentinelle et ne donne de la voix que lorsqu’il est sur du succès. Le pisteur est, ou un tout jeune homme timide, plein d’illusions, ou un homme mûr, plein d’expérience. — Le pisteur d’omnibus est un désœuvré qui suit les femmes en omnibus, leur fait du pied, du genou, du coude, risque un bout de conversation, et n’a d’autre sérieuse occupation que celle de se faire voiturer de la Bastille à la Madeleine et vice versa. Cet amateur du beau sexe est ordinairement un quinquagénaire dont le ventre a, depuis longtemps, tourné au majestueux. Il offre à tout hasard aux ouvrières le classique mobilier en acajou ; les plus entreprenants vont jusqu’au palissandre. Les paroles s’envolent, et acajou et palissandre restent… chez le marchand de meubles. Peut-être est-ce un pisteur qui a trouvé le proverbe : « Promettre et tenir font deux ».

France, 1907 : Admirateur du beau sexe dont la principale occupation est de suivre les femmes.

Il ne faut pas confondre le pisteur avec le suiveur. Le suiveur est un Fantarsiete que opérée à l’aventure, Îl emboite Le pus à toutes les fem mes qui lui plaisent, ou, niëux, à tontes les jolies jainbes, Far mi Cent autres, il reconnaîtra

France, 1907 : En terme de turf, le pisteur est un individu décoré d’une pancarte jaune qui s’élance vers la portière de toute voiture s’arrêtant à 1a porte du pesage. Il prend le numéro de la voiture si l’on accepte ses offres, et, montant sur le siège du cocher, place le véhicule à un endroit déterminé. C’est lui qui est chargé de retrouver et de faire revenir la voiture quand le client sort des courses. Ces pisteurs appartiennent à une corporation.

France, 1907 : Guy Tomel, dans le Bas du pavé parisien, donne l’explication de pisteur ou bagotier :

— Vous avez certainement trop d’instruction pour ne pas savoir ce que c’est qu’un bagotier ou un pisteur, comme disent les agents de police. C’est un pauvre diable qui court derrière les voitures des gares, afin d’aider les voyageurs à monter leurs bagages à domicile. Je veux que vous en ayez pour vos cent sous, et je vais vous détailler le métier.
Nous sommes environ 2.000 bagotiers à Paris, toute une corporation, mais il n’y en a guère que 500 qui s’exercent d’un bout de l’année à l’autre. Le restant de l’effectif est constitué par des ouvriers réduits au chômage, principalement des maçons sans travail.

Pistole

d’Hautel, 1808 : Il est cousu de pistoles. Se dit pour exagérer la fortune de quelqu’un.
Pistole de gueux. Liard ; jeton.

Delvau, 1866 : s. f. Cellule à part, — dans l’argot des prisons, où l’on n’obtient cette faveur que moyennant argent. Être à la pistole. Avoir une chambre à part.

Virmaître, 1894 : Pièce de dix francs dans l’argot des maquignons et des bouchers. La pistole, dans les prisons, est une chambre à part où les détenus, par faveur et moyennant une redevance quotidienne, jouissent de quelques douceurs. Sous la Révolution, pour être à la pistole, à la Conciergerie, les prisonniers payaient pour un lit 27 livres 12 sous le premier mois, et 25 livres 10 sous les mois suivants. Sous la Terreur, les prisonniers payaient 15 livres par nuit. Chaque lit rapportait 22 000 livres par mois. Alboize et A. Maquet qui me donnent ces chiffres dans leur Histoire des prisons de l’Europe, ajoutent que la Conciergerie était le premier hôtel garni de Paris. Les détenus qui sont à la pistole s’appellent des pistoliers (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Pièce de dix francs.

France, 1907 : Pièce de dix francs ; c’est l’ancienne pièces de dix livres tournois. Le mot est encore employé en province.
En terme de prison : être à la pistole, c’est avoir une cellule à part où l’on est nourri à ses frais. Le prisonnier traité de la sorte est appelé pistolier.

Pistole (grande)

Rigaud, 1881 : Pièce de dix francs. — Petite pistole, pièce de dix sous, — dans le jargon des maquignons et des chiffonniers.

Pistole de gueux

France, 1907 : Un liard.

Pistole volante

France, 1907 : Pistole qui revient à celui qui la dépense. Les riches ont la pistole volante.

Pistoles (dortoir aux)

France, 1907 : Coffre-fort, tiroir où l’on range son argent ; argot des voleurs.

Le soir vient ; nous partons, nous crochetons la porte,
Et puis nous employons limes sourdes, marteaux,
Crochets pour enfoncer commodes et bureaux ;
Nous rencontrons enfin le dortoir aux pistoles,
Et retournons chez nous souper comme dix drôles.

(Nicolas R. de Grandval, Cartouche)

Pistolet

d’Hautel, 1808 : Si ses yeux étoient pistolets, ils me tueroient. Se dit d’un homme qui manifeste sa colère, en lançant des regards irrités, foudroyans sur quelqu’un.
Il s’en est allé après avoir tiré son coup de pistolet. Se dit lorsque quelqu’un s’est retiré d’une conversation, d’une dispute, après avoir lâché une apostrophe vive et piquante.

Delvau, 1864 : Le vit.

Une fille de village
M’a prins en affection ;
Je luy donnay mon pistolet
Qu’elle a mis comme relique
Dans le tronc de sa boutique.

(Chansons folastres.)

Larchey, 1865 : Demi-bouteille de champagne. Double allusion au petit calibre de la fiole et à l’explosion de son contenu. — C’est aussi un homme singulier.

On rit avec toi et tu te fâches… En voilà un drôle de pistolet !

Gavarni.

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui ne fait rien comme personne. On dit aussi Drôle de pistolet.

Delvau, 1866 : s. m. Demi-bouteille de Champagne.

Rigaud, 1881 : Demi-bouteille de vin de Champagne.

La Rue, 1894 : Demi-bouteille de Champagne. Homme singulier.

France, 1907 : Demi-bouteille de vin de Champagne.

France, 1907 : Individu quelconque. Le mot est employé en mauvaise part. « Un drôle de pistolet ! » — « Qui m’a fichu un pistolet pareil ? »

Pistolet (drôle de)

Rigaud, 1881 : Original.

Pistolet (ous qu’est mon) ?

France, 1907 : Expression faubourienne d’indignation moqueuse.

— Faites donc attention, jeune homme ! Vous allez chiffonner ma robe… c’est du soixante francs le mètre, ça, mon petit ! — Soixante francs le mètre ! que j’lui dis, ous qu’est mon pistolet ? Je ne donnerais pas cent sous de l’enveloppe avec la poupée qu’est dedans.

(Baumaine et Blondelet, Locutions vicieuses)

Pistolet à 4 nœuds

Merlin, 1888 : Le fouet du tringlot.

Pistolet à la saindhomme

Fustier, 1889 : Petit crochet avec lequel le mégottier exerce son industrie.

La Rue, 1894 : Crochet du ramasseur de mégots.

Pistolet à la saint-homme

France, 1907 : « Petit crochet à l’aide duquel le mégottier exerce son industrie. »

(Gustave Forestier)

Pistolette

France, 1907 : Pièce de dix sous.

Pistolier

France, 1907 : Prisonnier à la pistole. Voir ce mot.

Le régime alimentaire est le même pour les locataires des cellules que pour les hôtes de la salle commune. Mais le cantinier passe une fois par jour faisant ses offres de service. On peut se procurer ainsi de la charcuterie, du chocolat, du tabac et des portions au prix de 60 centimes. Un perruquier s’offre à barbifier et à tondre les pistoliers, nom des locataires des cellules. Certains détenus, condamnés pour diverses causes à des peines n’excédant pas un an, remplissent par tolérance, sous le nom d’auxiliaires, des services domestiques. Ils peuvent être utilisés par les pistoliers pour balayer leur cellule, faire leur lit et autres menus ouvrages. Ces auxiliaires sont vêtus de la casaque et du pantalon de couleur grise, qui est la livrée des établissements pénitentiaires.
Chaque adoucissement au régime se paie. Il faut aussi de l’argent en prison. Là, comme partout dans cette terrible société, la devise désespérante est : « Malheur aux pauvres ! »

(Edmond Lepelletier)

Piston

Larchey, 1865 : Importun. — On connaît l’agaçante régularité du coup de piston. — On use du verbe pistonner. — Piston : Préparateur du cours de physique.

Delvau, 1866 : s. m. Préparateur du cours de physique, — dans l’argot des lycéens.

Delvau, 1866 : s. m. Interne ou externe qu’affectionne, que protège le médecin en chef d’un hôpital. Argot des étudiants en médecine.

Delvau, 1866 : adj. et s. Remuant, tracassier, ennuyeux, — dans l’argot des aspirants de marine.

Rigaud, 1881 : Préparateur d’un cours de physique.

Rigaud, 1881 : Interne protégé par le médecin en chef d’un hôpital.

Rigaud, 1881 : Importun. — Pistonner, ennuyer.

Merlin, 1888 : Voyez Capiston.

La Rue, 1894 : Puissante protection. Homme protégé. Pistonner, protéger.

France, 1907 : Candidat à l’École centrale.

France, 1907 : Préparateur à un cours de physique ou de chimie ; argot des étudiants.

Piston (coup de)

France, 1907 : Démarche, sollicitation en faveur d’un protégé qui agit sur le dispensateur de l’avancement comme un piston de pompe pour lui en extraire le jet du favoritisme. Combien ne doivent leur fortune rapide qu’à des coups de piston !

Par égard pour des coups de piston, on donne de l’avancement avec autant de justice qu’il y en aurait à payer au négligent qui redoit à sa masse le décompte qui revient au soldat économe et soigneux. C’est encore pis. Le décompte n’est qu’une affaire du moment ; tandis qu’en frustrant un homme des galons qu’il a gagnés, on lui rend odieuse une carrière qu’il a commencée peut-être avec répugnance, et dont il a su vaincre les ennuis et les dégoûts.

(A. Longuet, Méditations de caserne)

De piston, on a fait pistonner.

Pistonner

Delvau, 1866 : v. a. Ennuyer, tracasser, tourmenter.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Diriger, protéger, aider.

France, 1907 : Aider, favoriser quelqu’un, le faire valoir. « Pistonner, dit Léon Daudet, dans l’argot morticole signifie pousser ses élèves aux examens, en dépit de toute justice. » Ce n’est pas seulement aux examens de médecine, c’est partout, dans toutes les carrières, les administrations, l’armée et la magistrature que l’on pistonne et que des incapables passent sur le dos de méritants. Il en fut toujours ainsi, et rien n’indique, la chose étant très humaine, que cet abus aura une fin.

Le marchand de vin sera toujours ménagé tant qu’il restera le grand électeur, tant qu’à son comptoir, au moment des élections, des crédits lui seront ouverts à l’aile des fonds secrets pour faire boire à pleins verres les citoyens sans argent, disposés à voter pour les candidats patronnés et pistonnés par ce courtier en révolution, qui se charge d’apporter l’unique solution du problème social : la réforme de la société… en la supprimant en détail par l’abus et la fraude.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Pour remplacer Mme Wasly, le service du personnel fit choix d’une fraîche et sémillante veuve, une Juive, nommée Mme Forbach, qui passait pour une des commises les plus hautement protégées, les plus fortement pistonnées de toute l’administration.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique