Rigaud, 1881 : Aller aux lieux d’aisance. Allusion irrévérencieuse à saint Bernard, représenté ordinairement avec des tablettes à la main. Parti du séminaires le mot s’est répandu dans le monde de la bourgeoisie. Par altération, les personnes du sexe faible disent volontiers : « Aller voir madame Bernard, aller voir comment se porte madame Bernard. »
Bernard (aller voir)
Demi-vertu
Delvau, 1864 : Femme qui n’est pas encore fille.
Et ces d’mi-vertus à panache,
Tendres à cent écus par mois.
(É. Debraux)
Delvau, 1866 : s. f. Demoiselle qui est devenue dame de son propre chef, sans passer par l’église ni par la mairie : la chrysalide d’une fille.
Rigaud, 1881 : Personne du sexe faible dont la vertu a subi, une fois au moins, le feu des enchères de l’amour.
France, 1907 : Fille qui a vu le loup.
Envoyer dinguer
France, 1907 : Éconduire brutalement quelqu’un.
À ses gardiens, il dit encore : « Dommage qu’elle m’ait roulé ! Elle m’a fait suriner sa bonne femme ; puis, après, elle m’a envoyé dinguer ! Ça, c’est dégoûtant ! » Il n’ajoute pas : « Oh ! les femmes ! » mais on devine qu’il le pense ; et il est impossible d’appartenir au sexe faible sans lui savoir gré de cette réserve délicate.
(Séverine)
Gorge noire
France, 1907 : Rubiette à queue rouge.
France, 1907 : Sobriquet que les protestants du Midi donnent aux catholiques qui leur ripostent par celui de parpaillot.
Du poing, il menaçait Renée qu’il aurait broyée avec volupté ; mais, en son orgueil de petit bout d’homme déjà dédaigneux du sexe faible, il se contint dignement, et se borna à laisser tomber de ses lèvres ironiques cette insulte cinglante :
— Espèce de gorge noire !
Elle eut un bond de chatte furieuse. Et les poings sur la hanche, très crâne avec son petit air de mère Angot, elle lui cria, la voix étranglée par la colère :
— Parpaillot !… Affreux parpaillot !
(Jean Dalvy, Protestante)
Licher
anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 : Boire.
Larchey, 1865 : Aimer les bons plats, faire débauche. — Jadis, on disait licharder.
Je liche chez le mannezingue, motus !
(Paillet)
Buvons plutôt bouteille. En lichant, nous ne penserons pas à toutes ces bagatelles.
(Chanson poissarde, 1772)
Larchey, 1865 : Boire. — V. Béquiller.
Puis il liche tout’la bouteille. Rien n’est sacré pour un sapeur.
(Houssot)
Delvau, 1866 : v. a. et n. Manger et boire à s’en lècher les lèvres.
France, 1907 : Boire.
Il a liché toute la bouteille,
Rien n’est sacré pour un sapeur.
(Répertoire de Thérésa)
En Normandie, les hommes accompagnent leurs sœurs ou leurs femmes jusqu’au seuil du saint lieu, puis ils se distribuent dans les joyeux petits bouchons des alentours, où l’on fait si bien la partie en lichant un coup de cidre ou de marc jusqu’à l’heure où la cloche sonore annonce aux « sexe fort » qu’il faut aller rechercher les « sexe faible. »
(Marc Anfossi)
France, 1907 : Lécher, embrasser.
Et tous les poissons lubriques, comme anguilles, congres, lamproies, ainsi nommés vulgairement parce qu’ils lichent les pierres.
(Prosper Colonius)
Tu resteras pour licher mes blessures ;
Mon pauvre chien, ne me quitte jamais.
(Vieille complainte)
Je ne connais rien de plus agréable que de passer une semaine ou deux sans apercevoir un journal ; c’est ce qui vient de m’arriver, et je m’en fiche encore les paupières ; mais toute médaille a un revers : j’ai fini par m’apercevoir, à la longue, que ce n’était pas le moyen de se tenir au courant de l’actualité.
(Grosclaude)
France, 1907 : Manger.
Je te bénis, ô mon poète,
Car c’est son rêve, à ta Nini,
D’aller licher chez Tortoni.
(Léon Rossignol)
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