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Estomac

d’Hautel, 1808 : Il a un estomac d’autruche, il digéreroit le fer. Se dit d’un gourmand à qui rien ne peut faire mal ; et d’un homme qui a l’estomac bien constitué.

Delvau, 1866 : s. m. La gorge de la femme, — dans l’argot du peuple, qui parle comme écrivait Marot :

Quant je voy Barbe en habit bien luisant,
Qui l’estomac blanc et poli desœuvre.

Rigaud, 1881 : Courage, intrépidité, — dans l’argot des joueurs.

Avoir de l’estomac au jeu, c’est poursuivre la veine sans se déconcerter, sans broncher, dans la bonne ou la mauvaise fortune.

(Les Joueuses, 1868)

Peu de joueurs étaient aussi crânes, avaient un pareil estomac !

(Vast-Ricouard, le Tripot, 1880)

Beau joueur, Grandjean, et quel estomac !

(Figaro du 5 mars 1880)

On dit d’un joueur très intrépide qu’il a un estomac d’enfer.

La Rue, 1894 : Courage, audace au jeu.

France, 1907 : Aplomb, audace, sang-froid, effronterie. On dit d’un beau joueur : « Il a de l’estomac. » Se dit aussi d’un politicien roublard et sans vergogne.

Le langage populaire désigne deux sortes d’intrépidité par deux locutions spéciales ; et cette phrase : « Il n’a pas froid aux yeux », ne signifie pas précisément la même chose que : « Il a un rude toupet. » Or nous sommes tellement démoralisés que nous en arrivons à ne plus sentir cette nuance. Combien de fois, devant un coquin qui se carre dans sa mauvaise réputation et porte beau sous l’infamie, n’avez-vous pas entendu dire : « Il est crâne, il a de l’estomac… »

(François Coppée)

Je ne suis certes pas pessimiste, et j’aime la bataille par tempérament, mais j’avoue que le métier de député, accepté d’une certaine manière, est un métier abominablement écœurant.
Il exige, pour quelques-uns, une réelle maîtrise dans la canaillerie familière et dans la roublardise. Il faut de l’estomac, comme on dit, pour bien tenir l’emploi.

(A. Maujan)

Avoir de l’estomac se dit aussi pour avoir une grosse fortune, offrir de sérieuses garanties dans les affaires. « Vous pouvez aller en toute confiance, le patron a de l’estomac. »

Être à

Rigaud, 1881 : Indique une disposition d’esprit ou de caractère quelconque. C’est ainsi qu’on dit : Être à la cascade, pour être d’humeur joviale ; être à l’enterrement, pour être d’un caractère triste ; être à la roublardise, pour avoir la réputation d’un homme rusé, etc., etc.

Roublard

Vidocq, 1837 : s. m. — Laid, défectueux.

Delvau, 1864 : Libertin qui connaît toutes les ruses féminines et qui, des deux rôles que les hommes jouent avec les filles, celui de miché et celui de maquereau, celui de jobard et celui d’écornifleur, préfèrerait encore le dernier au premier.

Ça me rappellera, à moi, vieux roublard, le temps où je l’avais encore, où j’étais si godiche avec le sexe.

(Lemercier de Neuville)

Larchey, 1865 : Richard. — Mot à mot : homme à roubles. — S’il faut en croire le Figaro du 27 novembre 1858, on appelle aussi roublart un chevalier d’industrie extorquant des directeurs de jeux une somme qui lui permette de regagner son pays, après une perte dont il exagère la valeur.

Delvau, 1866 : adj. et s. Rusé, adroit, qui a vécu, qui a de l’expérience, — dans l’argot des faubouriens. Si ce mot vient de quelque part, c’est du XVe siècle et de ribleux, qui signifiait Homme de mauvaise vie, vagabond, coureur d’aventures.

Delvau, 1866 : adj. Laid, défectueux, pauvre, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Laid, défectueux. — Blasé, malin. — Agent de police, — dans le jargon des voleurs. — Riche, c’est-à-dire homme aux roubles, — dans le jargon des demoiselles de Mabille.

La Rue, 1894 : Laid, défectueux. Rusé, malin. Riche, heureux. Agent de police.

Virmaître, 1894 : Les voleurs disent d’un homme affreusement laid qu’il est un roublard. A. D. Ce n’est pas le vrai sens aujourd’hui. Roublard veut dire malin, fin comme un renard. Un homme qui sait habilement se tirer d’un mauvais pas est un roublard. Roublard : homme qui cache soigneusement sa pensée, qui est pétri de roublardise (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Rusé, malin et sans scrupule.

France, 1907 : Heureux, richard, individu qui a de l’argent, des roubles. Argot populaire.

C’était un vieux roublard, un antique marlou,
Jadis on l’avait vu, denté blanc comme un loup,
Vivre pendant trente ans de marmite en marmite ;
Plus d’un des jeunes dos et des plus verts l’imite.

(Jean Richepin, La Chanson des gueux)

France, 1907 : Malin, rusé, fourbe.

… Nous assistons à une lutte homérique inégale : celle de l’honnête homme contre le gredin, du bonnard contre le roublard, et il est facile de prévoir que si l’on n’y met ordre, si l’on ne réagit énergiquement contre ce flot envahissant qui met la gangrène partout… l’argent des honnêtes gens passera dans les poches des filous… Ce qui déjà est aux trois quarts fait.

(Hogier-Grison, Les Hommes de proie)

Roublards comme cinq cents diables, ils se jettent partout, semant la division entre les bons bougres, cimentant au contraire l’union des jean-foutres.
Loups avec les loups, ils hurlent ou lèchent selon les milieux et les circonstances, se grimant en républicains, en socialistes, essayant de faire dévier la révolution.

(Le Père Peinard)

Le mot est aussi employé au féminin.

Ces vieilles roublardes, soldats chevronnés du bataillon qui se rend et ne meurt pas, sont les plus dangereuses des créatures. Elles connaissent l’homme dans tous les coins les plus secrets de son être et de son cœur et mettent au service du mal une expérience que n’a pas la jeunesse.

(Colombine, Gil Blas)

Roublardise

Rigaud, 1881 : Malice, coquinerie, astuce. — Pour la roublardise, elle n’a pas sa pareille.

France, 1907 : Même sens que roublarderie.

On couchait à l’Orphelinat Clipot pour ne pas coucher sous les ponts ou dans les carrières, et, aussi, on y allait comme on serait allé dans un mauvais lieu où ça ne coûterait rien. Espèce de maison de joie, en effet, car sous le papillonnage de l’abbé, qui, plein de roublardise pourtant, poussait sa personnelle indifférence de la luxure jusqu’à en ignorer la possibilité, peut-être même jusqu’à la tolérer, négligeable ordure, la vie s’installa par couples en le charitable et immonde refuge ; les voyous conquéraient les vrais enfants à leurs saletés souvent professionnelles ; il y avait, derrière les arbres, ou sous l’estrade du hangar, ou dans le cabinet particulier devenu chapelle, des cris tout à coup de gosses à qui l’on faisait mal. Dans le dortoir, ce fut une chose accoutumée qu’un seul lit suffisait a deux orphelins.

(Catulle Mendès, Gog)

Sucer les pissenlits par la racine

France, 1907 : Être enterré.

Il y a beau temps que le fameux Machiavel suce des pissenlits par la racine. Mais, l’animal n’est pas mort tout entier ! Il a laissé un cochon d’héritage que les gouvernants italiens se transmettent précieusement et dont ils usent avec un sacré culot : sa roublardise crapuleuse et ses manigances scélérates, grâce auxquelles ils ont, jusqu’ici, réussi à écorcher le malheureux populo italien.

(Le Père Peinard, 1898)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique