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Absinthe (faire son)

Delvau, 1866 : Verser de l’eau sur l’absinthe, afin de la précipiter et de développer en elle cette odeur qui crise tant de cerveaux aujourd’hui.
Signifie aussi Cracher en parlant. On a dit à propos d’un homme de lettres connu par son bavardage et ses postillons : « X… demande son absinthe, on la lui apporte, il parle art ou politique pendant un quart d’heure, — et son absinthe est faite. »

Rigaud, 1881 : Pour les profanes, c’est verser au hasard de l’eau dans un verre contenant un ou deux doigts de liqueur d’absinthe ; pour les fidèles, c’est la laisser tomber de haut, doucement, avec conviction, tantôt au milieu, tantôt près des bords du verre. Ils appellent cela « battre l’absinthe. » C’est insulter un buveur d’absinthe que de lui offrir de « faire son absinthe. » Presque tous les dilettanti de la liqueur verte la boivent debout. Est-ce par respect, est-ce par suite d’une habitude contractée devant le comptoir du marchand de vin ?

Compas

d’Hautel, 1808 : Il a le compas dans l’œil. Pour, il voit très-juste ; il a le coup-d’œil fort exact ; se dit quelquefois par raillerie, pour exprimer que quel qu’un s’est trompé grossièrement.

Delvau, 1866 : s. m. Les jambes, — dans l’argot des ouvriers. Ouvrir le compas. Marcher. Allonger le compas. Précipiter sa marche.

Rossignol, 1901 : Jambes.

Avec un compas comme tu en as un, il est difficile de te suivre.

Celui qui est adroit à le compas dans l’œil.

France, 1907 : Les jambes. Ouvrir ou fermer le compas, marcher ou s’arrêter. Allonger le compas, activer la marche.

— Que diable ont donc tous ces muscadins-là ? s’écria-t-il d’une voix sonore. Nos conscrits ferment le compas au lieu de l’ouvrir, je crois !

(Balzac, Les Chouans)

Faire un rigolo

Virmaître, 1894 : Vol identique à celui que l’on nomme l’embrassade. L’homme volé n’a guère envie de rigoler et ne trouve pas rigolo le vol dont il est victime (Argot des voleurs).

France, 1907 : Se précipiter sur un inconnu sous le prétexte de l’embrasser en le prenant pour un parent ou un ami, et lui voler en même temps sa montre ou son porte-monnaie. Le volé, tout ahuri de l’accolade, fait, en effet, un visage rigolo.

Faire un trou

Larchey, 1865 : Prendre un verre d’eau-de-vie au milieu du repas, pour précipiter la digestion, faire un trou destiné à l’ingestion de nouveaux aliments.

France, 1907 : Boire un verre d’eau-de-vie, au milieu d’un copieux repas, pour faciliter la digestion, ce qui s’appelle le trou du Normand. On dit aussi : faire un tassement.

Foncer

d’Hautel, 1808 : Il est foncé. Pour dire, il a beaucoup d’argent, il est fortune ; il peut faire face à cette entreprise.

Bras-de-Fer, 1829 / M.D., 1844 : Donner.

Larchey, 1865 : Se précipiter. — Abrév. d’enfoncer.

Trois coquins de railles sur mesigue ont foncé.

(Vidocq)

Foncer, foncer à l’appointement : Payer. — Foncer : Donner. V. Dardant. — Foncer un babillard : Adresser une pétition. V. Babillard.

Delvau, 1866 : v. n. Courir, s’abattre, se précipiter, — dans l’argot des écoliers.

Delvau, 1866 : v. n. Donner de l’argent, fournir des fonds.

S’il plaist, s’il est beau, il suffit.
S’il est prodigue de ses biens,
Que pour le plaisir et déduit
Il fonce et qu’il n’espargne rien.

trouve-t-on dans G. Coquillard, poète du XVe siècle. Les bourgeois disent, eux : Foncer à l’appointement.

Rigaud, 1881 : Payer, compter. On disait autrefois pour exprimer la même idée : Foncer à l’appointement.

C’est une coutume fort établie à Paris, où la plupart des femmes coquettes font foncer leurs maris vieux et goutteux à l’appointement, pour entretenir de jeunes godelureaux qui leur repassent le bufle.

(Le Roux, Dict. comique, 1750.)

La Rue, 1894 : Payer. Donner.

France, 1907 : Courir, se précipiter, secouer.

Et si tezig tient à sa boule,
Fonce ta largue et qu’elle aboule…

(Jean Richepin)

France, 1907 : Donner de l’argent, payer. Foncer à l’appointement est une vieille expression signifiant fournir aux dépenses de quelqu’un, subvenir à ses besoins, à son entretien. « C’est une coutume fort établie à Paris, dit Pierre J. Leroux, où la plupart des femmes coquettes font foncer leurs maris vieux et goutteux à l’appointement, pour entretenir de jeunes godelureaux qui leur repassent le buffle ; une maîtresse en fait souvent autant de son amant, qui quelquefois achète de petites faveurs fort cher. Aimez-vous une personne de quelque rang qu’elle puisse être, si vous ne foncez à l’appointement pour acheter des robes à la mode ou des bijoux, votre maîtresse vous casse net comme un verre. »
Je crois qu’il en est encore aujourd’hui comme au temps dont parle le bon Leroux.

Marier Justine

Delvau, 1866 : Précipiter un dénouement, arriver vite au but, — dans l’argot des coulisses. Cette expression date de la première représentation d’un vaudeville des Variétés, Thibaut et Justine, joué sous la direction de Brunet. La pièce gaie en commençant, avait, vers la fin, des longueurs. Le public s’impatiente, il est sur le point de siffler. L’auteur ne mariait Justine qu’à la dernière scène, encore bien éloignée. « Il faut marier Justine tout de suite », s’écria le régisseur, pour sauver la pièce. Et l’on cria des coulisses aux acteurs en scène : « Mariez Justine tout de suite ! » Et l’on maria Justine, et la pièce fut sauvée, — et l’argot théâtral s’enrichit d’une expression.

Pharos

anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 : Gouverneur d’une ville.

Vidocq, 1837 : s. m. — Gouverneur de ville ou de province.

(Le Jargon, ou Langage de l’Argot moderne)

Halbert, 1849 : Gouverneur d’une ville.

Rigaud, 1881 : Gouvernement. — Ministre. — Préfet et, en général, tous les hauts fonctionnaires ! de l’État, qui, en grand uniforme, sont éblouissants comme des phares, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Chef ; argot des voleurs.

L’ancien abbé éleva sa lumière à hauteur de son visage, et, éclatant de rire :
— Allons, taffeurs, ne renaudez pas ! fit-il ; me prenez-vous pour un raille ou le rabouin ?
Alors, tout à coup, ce fut une explosion de cris, d’exclamations de joie et de surprise :
— Le grand pharos !
— Le grand meck !
— Le grand dab !
Et les yeux étincelants, la figure enluminée par une douce émotion, agitant leurs bonnets, aspirant à lui serrer la main, tous se précipitèrent, l’entourèrent, le pressèrent, l’acclamèrent.

(Edmond Ladoucette, Le Petit Caporal)

Plaquer (se)

Rigaud, 1881 : Se jeter, se précipiter. — Se plaquer dans la limonade, se jeter à l’eau.

France, 1907 : Se mettre.

Vous comprenez la rigolade
Vous, la p’tit’ mèr’ ; vrai, qué potin !
C’est donc marioll’, c’est donc rupin
De s’plaquer dans la limonade ?
Pourquoi ? Peut-êt pour un salaud,
Pour un prop’ à rien, pour un pante ?
Malheur ! Tiens, vous prenez du vente.
Ah ! bon, chaleur ! J’comprends l’tableau !

(André Gill, La Muse à Bibi)

Sainte Touche

France, 1907 : Le jour des appointements, de la paye, des gages, Argot populaire.

À toutes les fins de mois régulièrement, tous les jours de Sainte Touche, on apercevait, à la sortie du bureau, Mme Varney, embusquée au tournant de la rue, ou devant la façade du Crédit, ou même jusque sous la voûte de la grand’-porte, et prête, comme une tigresse à l’affût de sa proie, à se précipiter sur sa fille, l’entraîner bien vite à l’écart et lui explorer les poches.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

C’est Saint’ Touche, ô brave ouevrier,
Viv’ment approche, on va t’payer :
— Y a pas gras, — L’gringale, l’loyer,
L’épicière… I’s’tape l’fruitier !
Et pour aller chez l’cordonnier,
Les pauv’ loupiots pourront s’fouiller.

(Paul Paillette, Tablettes d’un lézard)

Soufflet (le vol au)

Virmaître, 1894 : Ce genre de vol est très original, il est à la portée de tous et ne demande ni instrument ni apprentissage. Il s’agit simplement d’entrer dans un magasin au moment où une femme tire son portemonnaie de sa poche pour solder une emplète, de se précipiter en lui flanquant un soufflet à en voir trente-six chandelles, en lui disant à voix haute :
— Ah ! coquine, voilà où passe l’argent du ménage.
Pendant que la femme revient de sa surprise, le faux mari est loin (Argot des voleurs).


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique