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Boubouille

Rigaud, 1881 : Cuisine sans prétention. La véritable boubouille se fait sur un fourneau en terre, placé, le plus souvent, sur le carré de l’escalier. C’est le dernier mot delà cuisine du pauvre et de la pauvre cuisine.

France, 1907 : Cuisine faite sur un fourneau portatif ; corruption de pot-bouille.

Mic-mac

Delvau, 1866 : s. m. Fourberie, tromperie cachée, intrigue, — dans l’argot du peuple.

Fustier, 1889 : Difficulté, complication, chose inintelligible.

C’est un mic-mac où personne ne comprend rien.

(Zola, Pot-Bouille)

France, 1907 : Intrigue, tripotage, menées suspectes : de l’allemand mischmasch, même sens.

La politiqu’, viande creuse,
Bouillie aux chats, affreux mic-mac,
Ne rend pas la mâchoire heureuse
Et ne met rien dans l’estomac,
Ta poule au pot, brave Henri quatre,
On l’attend toujours sous l’ormeau :
Notre fin de siècle marâtre
Ne nous offre que du chameau !

(Émile Second)

Pot-bouille

Delvau, 1866 : s. f. Cuisine, — ou plutôt chose cuisinée. Argot des ouvriers. Au figuré, Faire sa petite pot-bouille. Arranger ses petites affaires dans l’intérêt de son propre bien-être.

Rigaud, 1881 : Cuisine sans prétention.

France, 1907 : Ménage, tripotage intime.

Ces élus hasardeux n’ont ni bonté, ni humanité, ni générosité, ni clémence. Ils sont impitoyables, lâches et cupides ; ils ignorent le pardon, eux qui ont tant besoin à être pardonnés. Ils refusent l’amnistie et maintiennent en exil, aux prisons, ceux qui troublèrent leur pot-bouille ; ils mènent une politique d’expédients, d’un machiavélisme de Gribouille, sans prévoyance, sans courage et sans honnêteté. Ils agitent imperturbablement, comme une amulette de banquiste, le mot de patrie et vous voyez par les friponneries et les désordres de l’amirauté rendues publiques, quel cas ils font de la défense maritime.

(Le Journal)

Vierge (demi-)

France, 1907 : Jeune personne à qui rien de l’amour n’est étranger, excepté le ça de la complaisante petite bourgeoise de Pot-bouille.

Le journalisme est, bien plus que le roman, le grand lanceur des néologismes. Si Alphonse Daudet a fait la fortune du vocable estradiers (pour ne citer que celui-là) qui rend bien l’idée de politiciens pérorant sur une estrade ; si, en une satire retentissante, son fils Léon a fait adopter le sobriquet cruel de morticoles appliqué aux médecins ; si un livre de M. Marcel Prévost a doté la langue de l’appellation demi-vierges ; si dix ou vingt autres mots ont de même leur date de naissance inscrite sur la couverture de quelque volume très lu, c’est par centaines que se chiffrent les locutions nouvelles nées des fantaisies de la chronique.

(Pontarmé)

Un autre, avant Marcel Prévost, employa cette expression ou du moins son synonyme.

C’était un amant évincé de la Clairon, Gérard de la Bataille, qui écrivit contre la célèbre actrice un libelle ayant pour titre : « Frétillon, ou Mémoires de Mlle Cronel » — 1740 — dans lequel nous relevons cette phrase : « Je n’étais pas moins malgré cela proposée comme exemple à mes compagnes : Une actrice est une demi-vestale quand elle n’a qu’un adorateur. »

Citons maintenant l’auteur de ce néologisme.

Chacun a reconnu l’existence de la demi-vierge. La demi-vierge existe dans le monde aristocratique comme dans celui de la haute bourgeoisie, qui, d’ailleurs, fréquente à peu près les mêmes salons, comme aussi dans celui des fonctionnaires ; elle existe en province comme à Paris. À ceux qui contestent la vérité de mes observations, je dirai que j’ai longtemps vécu en province, et que j’ai vu de très près le monde des fonctionnaires et de la haute bourgeoisie.
La demi-vierge, en effet, devient chaque jour plus nombreuse, parce qu’elle est du genre contagieux : telles sont contagieuses les mauvaises habitudes chez les collégiens. Il suffit d’une demi-vierge pour contaminer toute une ville. La demi-vierge gagne du terrain absolument comme le phylloxera apparaissant dans un vignoble a vite fait de tout détruire en peu de temps.

(Marcel Prévost)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique