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Boulangisme

France, 1907 : État d’esprit qui, à un moment donne, fut celui de la grande majorité des Parisiens et d’une partie de la France, et qui démontre suffisamment l’écœurement d’une nation en face des tripotages, des malversations, du népotisme du gouvernement opportuniste.
Voici une définition très exacte du boulangisme cueillie dans le Gaulois et signée Arthur Meyer :

Le boulangisme, substantif masculin singulier. Aspiration vague et mystique d’une nation vers un idéal démocratique, autoritaire, émancipateur ; état d’âme d’un pays qui, à la suite de déceptions diverses, que lui ont fait éprouver les partis classiques dans lesquels il avait foi jusque-là, cherche, en dehors des voies normales, autre chose sans savoir quoi, ni comment, et rallie à la recherche de l’inconnu tous les mécontents, tous les déshérités et tous les vaincus.

Écoutons d’autres cloches.

On sait qu’en beaucoup d’endroits, on vit, au début de cette agitation, quelques radicaux et quelques socialistes, trompés par la phraséologie pompeuse des lieutenants du boulangisme, se faire les alliés du parti césarien naissant. La plupart sont heureusement revenus de leur erreur. Ils comprirent à temps qu’on voulait leur faire jouer le rôle de dupes.

(Le Parti ouvrier)

Le boulangisme fut un mouvement démocratique, populaire, socialiste même, qui s’incarna dans un soldat jeune, brave, actif et patriote. Il trouva ses solides assises dans le peuple, dans les grands faubourgs ouvriers… Malheureusement pour le général, on lui montra cette chimère : la possibilité de triompher plus vite en prenant des alliés à droite.

(Mermeix)

Détrousser

d’Hautel, 1808 : Escroquer, voler, dépouiller.
Détrousser les passans sur les grands chemins. Les dévaliser.
Aller chez quelqu’un, robe détroussée. Y aller en grande parure, en pompeuse cérémonie.

Épater

d’Hautel, 1808 : S’épater. Tomber à plat ventre.
Il s’est épaté dans le ruisseau. Pour, il s’est laissé choir, le pied lui a manqué, il est tombé dans le ruisseau.

Larchey, 1865 : Stupéfier, émerveiller.

Il nous regarda d’une façon triomphante, et il dit à ses admirateurs : Je les ai épatés, les bourgeois. — Il avait raison : nous étions émerveillés.

(Privat d’Anglemont)

Elle porte toujours des robes d’une coupe épatante.

(Les Étudiants, 1860)

Delvau, 1866 : v. a. Étonner, émerveiller, par des actions extravagantes ou par des paroles pompeuses. Épater quelqu’un. L’intimider. Signifie aussi : Le remettre à sa puce.

Rigaud, 1881 : Étonner profondément. La prétention des artistes en 1830 était d’épater les bourgeois.

La Rue, 1894 : Étonner profondément.

Rossignol, 1901 : Réprimander, intimider, étonner.

Je vais l’épater, parce qu’il n’a pas suivi mes ordres. — Il était tellement épaté, qu’il n’a pas su quoi me répondre. — Il était épaté que je sache telle chose.

Hayard, 1907 : Prendre des grands airs, remplir d’étonnement.

France, 1907 : Étonner, surprendre ; du vieux bourguignon espanter, dérivé lui-même du roman espaventar.

— Puisque je vous dis qu’on m’a fait toutes les saletés ! Ils m’ont laissé partir comme un chien après quatorze ans de service, sans même me dire : « Adieu, cochon. » Et vous vous épatez qu’on devienne républicain quand on voit des dégoûtations pareilles !

(Hector France, Marie Queue-de-Vache)

Quand, regagnant après minuit
Mes pénates — un peu lointaines —
Quelque bon rôdeur me poursuit
Et, sans se servir de mitaines,
Me prouve sa dextérité,
Si ledit agent de police,
À mes cris, dans l’ombre se glisse,
J’en suis rarement épaté.

(Blédort)

Es

Vidocq, 1837 : s. m. — L’Escroc, proprement dit, est une des nombreuses variétés de la grande famille des chevaliers d’industrie, Faiseurs et autres. Son nom même devrait être donné à ces derniers ; car, quelle que soit la manière dont ils procèdent ; le seul nom qui convienne à leurs exploits est celui d’escroquerie. Au reste, la catégorie des Escrocs est la plus nombreuse de toutes. Ce serait une entreprise difficile, pour ne pas dire, impossible, que d’énumérer les diverses manières de commettre le délit prévu par l’article 405 du Code Pénal ; les débats révèlent tous les jours de nouvelles ruses aux bénévoles habitués des tribunaux correctionnels. Mais les plus coupables ne sont pas ceux que frappe le glaive de Thémis ; aussi je ne les cite que pour mémoire ; je veux seulement m’occuper des grands hommes. La prison n’est pas faite pour ces derniers, ils se moquent des juges, et ne craignent pas le procureur du roi ; tous leurs actes cependant sont de véritables escroqueries. Quel nom, en effet, donner à ces directeurs de compagnie en commandite et par actions, dont la caisse, semblable à celle de Robert Macaire, est toujours ouverte pour recevoir les fonds des nouveaux actionnaires, et toujours fermée lorsqu’il s’agit de payer les dividendes échus ? Quel nom donner à ces fondateurs de journaux à bon marché, politiques, littéraires, ou des connaissances inutiles, qui promettent au public ce qu’ils ne pourront jamais donner, si ce n’est celui d’Escroc ? Nommera-t-on autrement la plupart des directeurs d’agences d’affaires, de mariages, déplacement ou d’enterrement ? oui, d’enterrement, il ne faut pas que cela vous étonne.
Je viens de dire que la qualification d’Escroc devait être donnée à ces divers individus ; il me reste maintenant à justifier cette allégation. Cela ne sera pas difficile.
Vous voulez, pour des raisons à vous connues, vendre ou louer, soit votre maison des champs, soit votre maison de ville ; vous avez, par la voie des Petites-Affiches, fait connaître vos intentions au public, et vous attendez qu’il se présente un acquéreur ou un locataire. Vous attendez vainement. Mais, s’il ne se présente ni acquéreur ni locataire, tous les matins votre portier vous remet une liasse de circulaires par lesquelles Messieurs tels ou tels vous annoncent qu’ils ont lu ce que vous avez fait insérer dans les Petites-Affiches, qu’ils croient avoir sous la main ce qui vous convient, et qu’ils terminent en vous priant de passer chez eux le plus tôt qu’il vous sera possible.
Vous vous déterminez enfin à voir un de ces officieux entremetteurs, et vous vous rendez chez lui. L’aspect de son domicile vous prévient d’abord en sa faveur. Avant d’être introduit dans son cabinet, on vous a fait traverser des bureaux dans lesquels vous avez remarqué plusieurs jeunes gens qui paraissaient très-occupés, et vous avez attendu quelques instans dans un salon élégamment meublé ; dans le cabinet de l’agent d’affaires, vous avez remarqué des gravures avant la lettre, des bronzes de Ravrio, des tapis ; aussi vous l’avez chargé de vendre ou de louer votre propriété, et vous lui avez remis sans hésiter un instant la somme plus ou moins forte qu’il vous a demandée, et qui est, à ce qu’il dit, destinée à le couvrir des premiers frais qu’il faudra qu’il fasse. Il vous a remis en échange de votre argent une quittance ainsi conçue :
« Monsieur *** a chargé Monsieur ***, agent d’affaires à Paris, de vendre ou de louer sa propriété, sise à ***, moyennant une somme de *** pour % du prix de la vente ou location, si elle est faite par les soins du sieur *** ; dans le cas contraire, il ne lui sera alloué qu’une somme de ***, pour l’indemniser de ses frais de démarches, publications et autres, dont il a déjà reçu la moitié ; l’autre moitié ne sera exigible que lorsque la propriété du sieur *** sera louée ou vendue. Fait double, etc., etc. »
Comme il est facile de le voir, l’adroit agent d’affaires a reçu votre argent et ne s’est engagé à rien, et vous ne pouvez plus vendre ou louer votre propriété sans devenir son débiteur. Un individu, nommé G…, qui demeure rue Neuve-Saint-Eustache, exerce à Paris, depuis plusieurs années, le métier dont je viens de dévoiler les ruses. Il a bien en quelques petits démêlés avec dame Justice, mais il en est toujours sorti avec les honneurs de la guerre, et il n’y a pas long-temps que, voulant vendre une de mes propriétés, il m’a adressé une de ses circulaires, en m’invitant à lui accorder le confiance dont il était digne.
L’agent d’affaires qui s’occupe de la vente des propriétés de ville et de campagne, fonds de commerce, etc., etc., n’est qu’un petit garçon comparativement à celui qui s’occupe de mariages. Le créateur de cette industrie nouvelle, feu M. Villiaume, aurait marié, je veux bien le croire, le doge de Venise avec la mer Adriatique, mais ses successeurs, quoique disent les pompeuses annonces qui couvrent la quatrième page des grands et petits journaux, ne font luire nulle part le flambeau de l’hyménée, ce qui ne les empêche pas de faire payer très-cher à ceux qui viennent les trouver alléchés par l’espoir d’épouser une jeune fille ou une jeune veuve dotée de quelques centaines de mille francs, le stérile honneur de figurer sur leurs cartons.
Ceux des individus dont je viens de parler, qui ne dépensent pas follement ou ne jouent pas l’argent qu’ils escroquent ainsi, acquièrent en peu de temps une brillante fortune, achettent des propriétés, deviennent capitaines de la milice citoyenne, chevaliers de la Légion-d’Honneur, électeurs, jurés, et condamnent impitoyablement tous ceux qui comparaissent devant eux. (Voir Suce-larbin.).
Les Escrocs auvergnats se sont à eux-mêmes donné le nom de Briseurs. Les Briseurs donc, puisqu’il faut les appeler par leur nom ; se donnent tous la qualité de marchands ambulans. Ils n’ont point de domicile fixe. Ils font passer à leur femme, qui réside en Auvergne, le fruit de leurs rapines, et celle-ci achette des biens que, dans tous les cas, les Briseurs conservent ; car, il faut remarquer qu’ils sont presque tous mariés sous le régime dotal, ou séparés de biens.
Lorsque les Briseurs : ont jeté leur dévolu sur un marchand, le plus intelligent, ou plutôt le plus hardi d’entr’eux, s’y présente, choisit les marchandises qui lui conviennent, achette et paie. Quelques jours après, il adresse au marchand son frère ou son cousin, qui se conduit de même. Cela fait, le premier revient, achette encore, paie une partie comptant, et, pour le surplus, laisse un petit billet à trois ou quatre mois de date. Mais quinze ou vingt jours sont à peine écoulés, qu’on le voit revenir, il demande si l’on a encore le billet, le reprend et ne demande qu’un léger escompte qu’on s’empresse de lui accorder.
Ce manège dure quelques mois, et si les Briseurs jugent le marchand bon, ils ne se lassent pas de le nourrir, ils lui amènent des parens, des amis, les crédits se montent, et, tout-à-coup vient la débâcle, et l’on apprend alors, mais trop tard, que l’on a été trompé.
Tous les membres d’une famille de l’Auvergne sont quelquefois Briseurs. Je puis, pour ma part, en citer sept ou huit qui portent le même nom.
Il faut remarquer que la brisure est héréditaire dans plusieurs familles de l’Auvergne. La bonne opinion que l’on a de ces enfans des montagnes facilite leurs escroqueries. Ces hommes paraissent doués d’une épaisseur et d’une bonhomie qui commande la confiance, aussi ils trouvent toujours des négocians qui se laissent prendre dans leurs filets ; cela prouve, si je ne me trompe, que personne n’est plus propre qu’une bête à tromper un homme d’esprit : ce dernier se laisse prendre plus facilement que tout autre ; car il compte sur sa supériorité et ne peut croire qu’un homme auquel il n’accorde que peu ou point de considération ait l’intention et le pouvoir de mettre sa perspicacité en défaut.
Les marchandises escroquées par les Briseurs sont, pour la plupart, achetées par des receleurs ad hoc, à 40 ou 50 pour % de perte. Au moment où j’écris, il existe à Paris plusieurs magasins garnis de marchandises brisées.
Les Briseurs changent entre eux de passeport, ce qui permet à celui qui est arrêté de prendre le nom de Pierre, lorsqu’il se nomme François, et que c’est François que l’on cherche.

Larchey, 1865 : Escroc (Vidocq). — Abréviation.

Delvau, 1866 : s. m. Apocope d’Escroc, — dans l’argot des voyous, qui se plaisent à lutter de concision et d’inintelligibilité avec les voleurs. Ils disent aussi Croc, par aphérèse.

Rigaud, 1881 : Escroc, — dans l’ancien argot ; le mot sert aujourd’hui à désigner un tricheur, vulgo grec.

France, 1907 : Abréviation d’escroc.

Faire la souris

Delvau, 1866 : v. n. Enlever délicatement et sans bruit son argent à un homme au moment où il doit y penser le moins, — dans l’argot des petites dames qui ne craignent pas d’ajouter le vol au vice.

Rigaud, 1881 : Dévaliser un client dans le feu de la conversation, — dans le jargon des filles.

Virmaître, 1894 : Fille qui vole son client pendant qu’il dort (Argot des filles). Albert Glatigny a dit à ce sujet :

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont comme des souris.
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.

France, 1907 : Voler adroitement.Le voyant tout feu tout flamme et bien en point, elle s’assit sur ses genoux, et tandis qu’un de ses bras lui enserrait le cou, de sa main restée libre elle faisait la souris et lui vidait rapidement le gousset.

(Les Propos du Commandeur)

Feuille de chou

Larchey, 1865 : Guêtre militaire, mauvais journal, titre non valable.

Delvau, 1866 : s. f. Guêtre de cuir, — dans l’argot des troupiers.

Delvau, 1866 : s. f. Journal littéraire sans autorité, — dans l’argot des gens de lettres. On dit aussi Carré de papier.

Rigaud, 1881 : Guêtre, — dans le jargon des troupiers.

Rigaud, 1881 : Méchant petit journal, journal sans importance.

Rigaud, 1881 : Oreille, — dans l’argot des rôdeurs de barrière. — Je l’ai pris par ses feuilles de chou et je l’ai sonné.

Rigaud, 1881 : Surnom donné au marin, par les soldats des autres armes. Allusion aux grands cols des marins.

Boutmy, 1883 : s. f. Petit journal de peu d’importance.

Virmaître, 1894 : Mauvais journal qui ne se vend qu’au poids (Argot d’imprimerie).

Rossignol, 1901 : Journal de petit format. On dit aussi, de celui qui a de grandes oreilles, qu’il a des feuilles de choux.

France, 1907 : Guêtre militaire.

France, 1907 : Journal sans valeur et sans autorité, rédigé par des écrivains sans talent. Par extension, tout journal.

Il faut donc que le journaliste qui prétend donner à sa production hâtive et spontanée la pérennité du livre ait une forme. C’est le style qui fera de sa feuille de chou une lame d’airain. Il lui est indispensable par conséquent d’être doué exceptionnellement ou de réviser avec un soin scrupuleux son premier jet, quant aux négligences, aux répétitions, aux incorrections qui ont pu lui échapper ou qu’on laisse passer, dans le journalisme courant.

(Edmond Lepelletier, Chronique des Livres)

Il y a aussi des fripouilles qui l’écrivent dans des feuilles de chou pourries du boulevard extérieur, ou qui le hurlent dans les réunions publiques où quelques douzaines de pitoyables drôles ont pris la douce habitude de m’appeler assassin.

(A. Maujan, Germinal)

Bien des individus se décernent pompeusement le titre d’auteur, parce qu’ils ont écrit quelques lignes dans quelque méchante feuille de chou.

(Décembre-Alonnier, Typographes et gens de lettres)

Fourgat

Vidocq, 1837 : s. m. — Marchand, receleur en boutique, en magasin, ou seulement en chambre, chez lequel les voleurs déposent et vendent les objets volés. Ils entrent par une porte, reçoivent le prix des objets qu’ils ont apportés, et sortent par une autre. Plusieurs négocians de Paris, en apparence très-recommandables, sont connus pour acheter habituellement aux voleurs ; mais, comme il n’a pas encore été possible de les prendre, personne ne s’est avisé de leur dire que le métier qu’ils faisaient n’était pas des plus honnêtes. Comme on le pense bien, les marchandises achetées par les Fourgats ne conservent pas long-temps leur physionomie primitive ; les bijoux d’or ou d’argent sont immédiatement fondus, le chef d’une pièce de drap est enlevé ou détruit ; certains Fourgats savent, en moins de vingt-quatre heures, dénaturer assez un équipage entier, voiture, harnais, chevaux même, pour qu’il soit impossible à celui auquel il appartenait primitivement de le reconnaître. Un bruit populaire, dont je ne garantis pas l’exactitude, accusait autrefois certain joaillier, maintenant retiré du commerce, d’avoir en permanence dans ses ateliers, des creusets dans lesquels il y avait toujours des matières en fusion, où toutes les pièces de métal dont l’origine pouvait paraître suspecte, étaient mises aussitôt qu’elles étaient achetées. Les Fourgats choisissent ordinairement leur domicile dans une rue où il est difficile d’ établir une surveillance. Ils sont bons voisins, complaisans, serviables, afin de se concilier la bienveillance de tout le monde.
La destinée de l’homme qui travaille sans capitaux, quel que soit d’ailleurs le métier qu’il exerce, est d’être continuellement exploité par ceux qui possèdent. Les voleurs subissent la loi commune, ils volent tout le monde, mais, à leur tour, ils sont volés par les Fourgats, qui ne craignent pas de leur payer 100 francs ce qui vaut quatre fois autant. Aussi les Fourgats habiles font-ils en peu de temps une très-grande fortune ; et si, durant le cours de leur carrière, il ne leur est pas arrivé quelques mésaventures, leur fille épouse un notaire ou un avoué qui a besoin d’argent pour payer sa charge ; et tandis que ceux aux dépens desquels ils se sont enrichis pourrissent dans les prisons et dans les bagues, les Fourgats, pour la plupart, vieillissent et meurent au milieu des aisances de la vie, et une pompeuse épitaphe apprend à ceux qui passent devant leur tombe, qu’ils fouillent la cendre d’un honnête et excellent homme.
Il faut établir une distinction entre les Fourgats et les marchands qui achètent aux Faiseurs. Ces derniers, quelle que soit la profession qu’ils exercent, s’arrangent de tout ce qu’on leur présente. Ainsi, un apothicaire achète des sabots, un savetier des lunettes et des longues vues, etc., etc.

Delvau, 1866 : s. m. Receleur, — dans le même argot [des voleurs].

Virmaître, 1894 : Receleur qui achète les objets volés (Argot des voleurs). V. Meunier.

Rossignol, 1901 : Recéleur.

Navarin

Delvau, 1866 : s. m. Navet, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : s. m. Ragoût de mouton, de pommes de terre et de navets, — dans l’argot des restaurants du boulevard. C’est un nom nouveau donné à un mets connu depuis longtemps.

Rigaud, 1881 : Navet. — Ragoût de mouton aux pommes. C’est le vulgaire haricot de mouton appelé pompeusement « navarin » par les restaurateurs des boulevards.

Fustier, 1889 : « L’étalier connaît les clients, leur mesure les égards et vend aux pauvres le navarin, c’est-à-dire les rognures, les balayures de l’étal, à raison de dix sous la livre. »

(L’Esclave Ivre, no 3)

France, 1907 : Navet ; argot des voleurs.

France, 1907 : Ragoût de mouton où il entre des navets.

Pallasser

Boutmy, 1883 : v. intr. Faire des phrases, discourir avec emphase.

France, 1907 : Parler avec emphase, débiter pompeusement des lieux communs, comme la plupart des orateurs de réunions publiques ; corruption de parlasser.

Papillotage

d’Hautel, 1808 : Faux brillant ; paroles pompeuses, mais dénuées de sens.

Rata

Vidocq, 1837 : s. f. — Fricassée.

Larchey, 1865 : Abréviation de ratatouille.

Pour le rata : faites bouillir de l’eau, prenez des pommes de terre, jetez le légume choisi dans la bassine, ajoutez 3 kilogr. de lard par cent hommes, remuez et servez.

(La Bédollière)

Delvau, 1866 : s. m. Ragoût de pommes de terre et de lard, — dans l’argot des troupiers.

Rigaud, 1881 : C’est le ragoût servi aux troupiers les jeudis et les dimanches ; pour ratatouille, mauvais ragoût. Rata aux pommes, ragoût aux pommes de terre que les restaurateurs des grands boulevards appellent pompeusement : « Un navarin », et qu’ils font payer en conséquence.

Merlin, 1888 : Ragoût composé de toute espèce de viande et légumes.

France, 1907 : Ragoût que l’on sert journellement aux soldats et qu’on ne donnait autrefois à leurs devanciers qu’aux grandes occasions, ou au plus le dimanche. Ce n’est pas, comme on pourrait le croire, l’apocope de ratatouille. Rata vient du grec ratos, ragoût fait de lait de chèvre, de miel et d’andouilles, et c’est de ce dernier mot combiné avec rata qu’on a fait ratatouille.

Homère raconte que les grognards de son temps veillaient à ce que leurs troupiers fussent toujours suffisamment repus. Aussi un festin suivait-il immédiatement un combat. Ajax tournait la broche gigantesque d’Agamemnon. Diomède, après avoir bouchonné ses chevaux, préludait à l’enfoncement complet des Troyens en confectionnant, dans une lèchefrite d’or, ce brouet noir appelé ratos, dont les Grecs étaient si friands, et Achille lui-même, le tendre et vaillant Achille, ne dédaignait pas de mettre la main à la pâte sous la tente de la sensible Briséis.

(Émile Marco de Saint-Hilaire)

Retapeuse

Delvau, 1864 : Putain. — Femme ou fille qui fait la retape ; — qui raccroche.

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont comme des souris :
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.

(A. Glatigny)

Rigaud, 1881 : Fille qui fait la retape.

France, 1907 : Prostituée qui racole les passants. qui fait la retape.

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont comme des souris,
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.

(Albert Glatigny)

Singe

d’Hautel, 1808 : Payer en monnoie de singe, en gambades. Se moquer de celui à qui l’on doit, au lieu de le satisfaire. Ce proverbe vient de ce qu’autre fois les bateleurs qui montroient des singes, étoient obligés, pour tout péage, à l’entrée des villes, de faire danser leurs singes. ACAD.
Singe. C’est le nom que les imprimeurs à la presse donnent aux compositeurs qui ne font pour ainsi dire que copier le manuscrit, et pour se venger de ces derniers, qui les appellent ours.
C’est un vrai singe.
Se dit d’un homme qui imite avec trop d’affectation les gestes d’un autre homme.
Adroit comme un singe. Se dit d’un homme agile et industrieux.
Malin comme un singe. Se dit d’un enfant fort espiègle, très-avisé.

Halbert, 1849 : Chef d’atelier, le patron.

Larchey, 1865 : « En revanche, les ours ont nommé les compositeurs des singes à cause du continuel exercice qu’ils font pour attraper les lettres dans les cinquante-deux petites cases où elles sont contenues. » — Balzac.
Monnaie de singe : Grimace. V. Roupie.

Il la payait, comme dit le peuple en son langage énergique, en monnaie de singe.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. m. Ouvrier compositeur, — dans l’argot des imprimeurs.

Delvau, 1866 : s. m. Patron, — dans l’argot des charpentiers, qui, les jours de paye, exigent de lui une autre monnaie que celle de son nom.

Rigaud, 1881 : Apprenti typographe.

Rigaud, 1881 : Patron. Nom donné primitivement par les peintres en bâtiment aux bourgeois qui les employaient, et, par extension, par tous les ouvriers à leurs patrons. Aujourd’hui ce sobriquet est trop connu pour qu’il soit employé en présence du patron ou’ du contre-maître. Dans la plupart des ateliers on choisit un sobriquet qui rappelle soit les mœurs, soit les habitudes, soit une infirmité du patron.

Boutmy, 1883 : s. m. Ouvrier typographe. Ce mot, qui n’est plus guère usité aujourd’hui et qui a été remplacé par l’appellation de typo, vient des mouvements que fait le typographe en travaillant, mouvements comparables à ceux du singe. Une opinion moins accréditée, et que nous rapportons ici sous toutes réserves, attribue cette désignation à la callosité que les compositeurs portent souvent à la partie inférieure et extérieure de la main droite. Cette callosité est due au frottement réitéré de la corde dont ils se servent pour lier leurs paquets.

Les noms d’ours et de singe n’existent que depuis qu’on a fait la première édition de « l’Encyclopédie », et c’est Richelet qui a donné le nom d’ours aux imprimeurs, parce que, étant un jour dans l’imprimerie à examiner sur le banc de la presse les feuilles que l’on tirait, et s’étant approché de trop près de l’imprimeur qui tenait le barreau, ce dernier, en le tirant, attrape l’auteur qui était derrière lui et le renvoie, par une secousse violente et inattendue, à quelques pas de lui. De là, il a plu à l’auteur d’appeler les imprimeurs à la presse des ours, et aux imprimeurs à la presse d’appeler les compositeurs des singes.

(Momoro)

Autrefois MM. les typographes se qualifiaient pompeusement eux-mêmes du titre d’hommes de lettres, et MM. les imprimeurs de celui d’hommes du barreau.

Virmaître, 1894 : Patron. Presque tous les corps de métiers, à l’exception des chapeliers, nomment leur patron un singe. Singe, ouvrier compositeur. Ce n’est pourtant pas dans un atelier de typographie qu’il faut chercher des grimaces (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 / Hayard, 1907 : Patron.

France, 1907 : Dessin d’imitation ; argot des polytechniciens.

Le singe imite tout ce qu’il voit faire, de là le mot singe employé pour désigner le dessin d’imitation… Les uns dessinent d’après les estampes, d’autres le paysage, d’autres des chevaux ; une section occupe un petit amphithéâtre réservé à la bosse ou à l’étude du modèle vivant. Ces différents genres de dessin sont ce qu’on appelle le singe mort, le jodot, les zèbres et le singe vivant.

(Albert Lévy et G. Pinet)

France, 1907 : Patron, directeur, chef, maître quelconque. Ce sobriquet est général, il est passé des ouvriers, des domestiques, aux employés de magasins et de bureaux.

France, 1907 : Petite fille ou femme laide, chétive, disgracieuse.

— Conment ! ce petit laideron que j’ai accueillie par charité, cette horreur que je suis forcé de voir chaque jour à ma table, qui a déjà apporté chez moi une maladie contagieuse… cette petite guenon, amenant le vice chez nous, est la cause de la mort de ce pauvre garçon… L’imbécile ! un singe comme ça !

(A. Bouvier, La Grêlée)

France, 1907 : Sobriquet donné autrefois aux ouvriers typographes à cause des gestes saccadés qu’ils font en levant la lettre. Ce mot a été remplacé par celui de typo.

France, 1907 : Viande de conserve ; argot militaire.

Comme de coutume au régiment le 14 juillet on nous a fait faire ripaille. Les grands chefs avaient ordonné à nos sacrés capitaines de bien nourrir leurs hommes.
Ah ! ils nous ont bien nourris !
Un de ces gradés n’a rien trouvé de mieux que de nous faire bouffer du singe.
Tu dois penser que ça ne doit pas être fameusement ragoûtant. Il s’en faut ! C’est de la bidoche qui a au moins cinq ans de magasin et qui, peut-être, est en conserves depuis six ou huit ans…, sinon plus !

(Le Père Peinard)

anon., 1907 : Patron.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique