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Abatage

d’Hautel, 1808 : Avoir de l’abatage. Locution figurée et populaire, qui signifie être d’une haute stature ; être fort, vigoureux, taillé en Hercule.
En terme de police, ce mot signifie l’action de tuer les chiens errans ; c’est aussi un terme reçu parmi les acheteurs de bois vif.

Rigaud, 1881 : Action d’abattre son jeu sur la table, en annonçant son point, — dans le jargon des joueurs de baccarat. Il y a abatage, toutes les fois qu’un joueur a d’emblée le point de neuf ou de huit. — Bel abatage, fréquence de coups de neuf et de huit. — Il y a abatage sur toute la ligne, lorsque le banquier et les deux tableaux abattent simultanément leurs jeux.

Les abatages se succédaient entre ses mains, drus comme grêle.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Rigaud, 1881 : Développement du bras, haute stature d’un joueur de billard. C’est un avantage qui lui permet de caramboler avec facilité et de se livrer, en été, à des effets de biceps.

Rigaud, 1881 : Forte réprimande. Écoper un abatage, recevoir une forte réprimande, — dans le jargon des ouvriers.

Le lendemain, tout le monde sur le tas. Avant de commencer, j’ai écopé mon abatage.

(Le Sublime)

Rigaud, 1881 : Ouvrage vivement exécuté. — Graisse d’abatage, ardeur à l’ouvrage.

Hayard, 1907 : Réprimande, de patron à ouvrier.

France, 1907 : Abattre son jeu au baccara, argot des joueurs.

Ainsi qu’un bon comptable, il laissa passer les premiers coups sans risquer aucun enjeu ; il attendait sa main. Quand les cartes lui vinrent, il poussa trois louis, et abattit huit ; mais, en consultant son point, ses mains tremblaient de plus en plus, et de la sueur lui coulait des cheveux sur les tempes. Il fit ce qu’on appelle paroli, et, toujours plus convulsif, abattit neuf.

(Maurice Montégut)

L’autre soir, au cercle. Le banquier perdait beaucoup. Un ponte qui venait de passer quatre fois prend les cartes pour le cinquième coup, et tombe sur le tapis, foudroyé par une attaque d’apoplexie.
Le banquier (très tranquillement). — Allons bon ! encore un abatage !

On appelle aussi abatage un ouvrage rapidement exécuté, d’après l’expression bien connue : abattre de la besogne.

Apoplexie de templier

Delvau, 1866 : s. f. Coup de sang provoqué par une ingestion exagérée de liquide, capiteux. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Transport au cerveau par suite d’excès alcooliques. — Les templiers n’étaient pas précisément renommés pour leur sobriété. On a dit, pendant longtemps, boire comme un templier.

France, 1907 : Coup de sang provoqué par des excès de boisson et de mangeaille, suivant le proverbe : Boire comme un templier.

Article (porté sur l’)

Rigaud, 1881 : De complexion amoureuse. Mot à mot : porté sur l’article femme, dont le Parisien fait une si grande consommation.

Avorton

d’Hautel, 1808 : Nom injurieux et de mépris que l’on donne à un homme de petite stature et de foible complexion.

Virmaître, 1894 : Être difforme, petit adversaire (Argot du peuple).

Bout

d’Hautel, 1808 : S’il en avoit autant sur le bout de la langue. Se dit par reproche à un homme sans pitié pour le mal d’autrui, d’un égoïste qui se permet des railleries, de sottes plaisanteries sur les maux qui affligent ses semblables.
Tu n’es pas au bout. Se dit à quelqu’un qui perd courage aux premiers obstacles qui se rencontrent dans une entreprise.
Être au bout de son rôdet. Ne savoir plus que dire, avoir épuisé toute sa science, toutes ses ressources.
Il manque à tout bout de champ. Pour dire à tout heure, à chaque minute.
Avoir quelque chose au bout de la langue. Ne pouvoir se souvenir de quelque chose à point nommé.
On y touche du bout du doigt. Manière exagérée de dire qu’on est très-proche d’un lieu.
C’est tout le bout du monde, s’il en aura assez. Pour c’est douteux, incertain ; c’est tout au plus, etc.
Un bout d’homme ; un petit bout d’homme. Terme de raillerie, pour dire un homme d’une petite stature, d’une très-foible complexion.
Au bout du compte. Pour, après tout ; tout considéré.
Savoir quelque chose sur le bout de son doigt. C’est-à-dire, en être bien pénétré, le savoir par cœur.
Tenir le bon bout. Avoir par-devers soi la chose principale ; avoir en sa possession l’argent, qui fait le fond essentiel de toute affaire.
Il ne l’aura que par le bon bout. C’est-à-dire, après avoir bien plaidé, bien contesté.
Brûler la chandelle par les deux bouts. Manger son fonds avec son revenu ; être d’une grande prodigalité.
Une économie de bouts de chandelle. Parcimonie, avarice, épargne qui n’est d’aucune utilité.
Le bout de la rue fait le coin. Facétie.
Au bout de l’aune faut le drap. Voyez Drap.

Delvau, 1864 : Le membre viril, qui ressemble à un bout de quelque chose — de bien agréable pour la femme.

Le pauvre monsieur Cabout,
Dont le bout
Est toujours petit et mince.

(Tallemant des Réaux)

Fustier, 1889 : Congé, renvoi.

La Rue, 1894 : Congé. Renvoi.

France, 1907 : Renvoi. Flanquer son bout à quelqu’un, le renvoyer. Bout coupé, cigare dont les extrémités sont coupées. Se dit aussi pour Juif. Bout de cigare, de cul, d’homme, de femme, personne de petite taille. Avoir son bout de bois, être gris.

Chaud de la pince

Delvau, 1864 : Homme ardent aux plaisirs vénériens ; bon fouteur.

C’était un chaud de la pince
Qui peuplait dans chaque province
L’hospice des enfants trouvés.

(Louis Festeau)

Delvau, 1866 : s. m. Homme de complexion amoureuse.

Rigaud, 1881 : Luxurieux. On disait jadis : chaud de reins.

Où les centaures saouz, au bourg Atracien
Voulurent, chauds de reins, faire nopces de chien.

(Régnier, satire X)

Virmaître, 1894 : Hommes pour qui toutes les femmes sont bonnes. On dit d’un homme chaud :
— Chien enragé mord partout (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Individu pour qui n’importe quelle femme est bonne.

Chauffeur

Larchey, 1865 : Courtisan.

C’est l’officier, le chauffeur de la petite.

(Id.)

Larchey, 1865 : Homme d’entrain.

C’était un bon enfant… un vrai chauffeur !

(H. Monnier)

Delvau, 1866 : s. et adj. Hâbleur, blagueur.

Delvau, 1866 : s. m. Homme de complexion amoureuse. Se dit aussi de tout homme qui amène la gaieté avec lui.

France, 1907 : Coureur de femmes. Hâbleur ou encore gai compagnon.

Cotillon

d’Hautel, 1808 : Aimer le cotillon. Avoir l’humeur amoureuse et galante ; courir les grisettes.

Delvau, 1866 : s. m. Fille ou femme, — dans l’argot du peuple. Aimer le cotillon. Être de complexion amoureuse. Faire danser le cotillon. Battre sa femme.

Fumer sa pipe

Delvau, 1866 : Se dit, — dans l’argot des infirmiers, — « d’un symptôme qui se présente quelquefois dans les apoplexies : le malade, dont un côté de la face est paralysé, a ce côté gonflé passivement à chaque expiration ; mouvement qui a quelque ressemblance avec celui d’un fumeur. »

Gâchis

d’Hautel, 1808 : Plusieurs choses brouillées ensemble ; saleté, vilenies répandues dans quelqu’endroit ; perplexité, embarras.
Le voilà dans un beau gâchis. Se dit d’un homme qui s’est mis dans un grand embarras, ou dans un état honteux.

Delvau, 1866 : s. m. Embarras politique ou financier. Il y aura du gâchis. On fera des barricades, on se battra.

France, 1907 : Désordre.

Heure

d’Hautel, 1808 : De plus bonne heure. Solécisme très-familier parmi les personnes sans éducation, pour dire de meilleure heure.
Des heures d’horloge.
On appelle ainsi les heures qui paroissent longues et ennuyeuses, telles sont celles où l’on est dans l’attente et la perplexité.
Sur les une heure. Locution vicieuse très-usitée parmi le peuple, pour vers une heure, ou à une heure. On dit bien sur les deux, trois ou quatre heures, mais on ne peut jamais dire sur les une heure.
Chercher midi à quatorze heures.
Prendre des détours dans une affaire ; chercher une chose où elle ne peut exister.

France, 1907 : Louis ; argot des filles du boulevard.

— Ouf ! fit-elle, je suis fatiguée ! et ça m’embête d’aller cette nuit à la Taverne américaine ! Pourtant, il le faut ! J’y suis attendue dans un cabinet par un vieux singe qui m’ennuie, mais qui a toujours cinq heures à ma disposition.

(Édouard Ducret, Paris canaille)

Hommelette

d’Hautel, 1808 : Diminutif d’homme ; terme de mépris ; que l’on applique à un homme de petite taille, de foible complexion ; sans force, sans caractère, sans énergie.

Larchey, 1865 : « Homme sans force et sans énergie. » — 1808, d’Hautel. — Jeu de mots.

Delvau, 1866 : s. f. Homme qui n’a rien des qualités et des vices de l’homme, — dans l’argot du peuple, ami « des lurons ».

France, 1907 : Homme sans consistance ou sans énergie ; le contraire du luron.

Lourd

d’Hautel, 1808 : Lourd comme un plomb. Se dit d’un homme épais, grossier, ignorant et très-ennuyeux.
Il n’est pas lourd. Se dit en plaisantant d’un homme de petite complexion, qui fait le fanfaron, le faux brave.

Mâcher

d’Hautel, 1808 : Une santé de papier mâché. Complexion foible, mauvais état de santé.
Mâcher de haut. Manger sans appétit ; pignocher.
Mâcher à vide. Soupirer après une succession ; n’avoir ni pain ni pâte.
Il ne sait que mâcher. Se dit d’un homme qui ne fait rien qui vaille, excepté à table.
De l’ouvrage tout mâché. Pour dire tout préparé, tout disposé.
Il faut lui mâcher les morceaux. C’est-à-dire, lui faire le plus difficile de la besogne.

Maigrelet

d’Hautel, 1808 : Diminutif de Maigre. De fort petite complexion.

Marcher

d’Hautel, 1808 : Marcher comme un basque. Être habile et leste à la marche.
Il ne faut pas lui marcher sur le pied. Se dit d’un homme très-susceptible, qu’on n’offense pas impunément, et qu’il faut prendre garde de choquer.
Je ne sais sur quelle herbe il a marché. Se dit d’une personne qui est dans son jour de mauvaise humeur.
Marcher sur des épines, sur des précipices, sur des œufs. Être dans la perplexité, dans l’inquiétude.

Delvau, 1866 : v. n. Être de la même opinion ; consentir, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Approuver, être du même avis, — dans le jargon des typographes. — Je marche avec lui, je l’approuve.

Boutmy, 1883 : v. intr. Être de l’avis de quelqu’un. Je marche, j’approuve.

La Rue, 1894 : Consentir, être d’accord. Quant une offre convient, on marche, c’est-à-dire on accepte. Dans le cas contraire on ne marche pas. Marcher avec quelqu’un, faire une affaire avec quelqu’un ou être en communauté d’idées avec lui.

Rossignol, 1901 : Croire une chose invraisemblable ou un mensonge, c’est marcher.

France, 1907 : Être de l’avis de quelqu’un, approuver ; argot des typographes.

Mauviette

d’Hautel, 1808 : C’est une véritable mauviette. Se dit d’une femme de foible complexion ; d’un homme qui fait la poule mouillée, qui ne peut supporter ni travail ni fatigue.

Delvau, 1866 : s. et adj. Enfant, et même grande personne d’un tempérament délicat, d’une apparence chétive.

Delvau, 1866 : s. f. Décoration à la boutonnière, — dans l’argot des faubouriens. Ils disent aussi Trompe-l’œil.

Rigaud, 1881 : Croix d’honneur ; bijou honorifique.

France, 1907 : Brochette de décorations.

Nez tourné à la friandise

Delvau, 1866 : s. m. Nez retroussé, révélateur d’une complexion amoureuse, — dans l’argot des bourgeois qui préfèrent Roxelane à la Vénus de Médicis.

France, 1907 : Nez retroussé. Cette sorte de nez révèle, suivant les physionomistes, une complexion amoureuse. « La belle Roxelane avait le nez tourné à la friandise. »

Poing

d’Hautel, 1808 : Il a la tête plus grosse que le poing. Manière de ridiculiser un malade imaginaire, un homme qui dans un état de santé parfaite fait le souffrant, la momie, le languissant.
Il ne vaut pas un coup de poing. Se dit par mépris d’un homme de foible complexion, qu’on a de la peine à élever, et qui, malgré sa foiblesse, fait le hargneux, le taquin.

Quarteron

d’Hautel, 1808 : Il ne pèse pas un quarteron. Se dit par ironie et par mépris d’un homme de foible complexion, qui fait le fanfaron, le méchant.
Il n’y en a pas trois douzaines au quarteron. Se dit malignement d’une personne dont on veut diminuer le mérite ; et d’une chose qu’on ménage, que l’on conserve avec un soin minutieux.

France, 1907 : Mesure parisienne qui vaut le quart d’un cent, surtout employée pour les noix. On en donne vingt-six au quarteron.

Rave

d’Hautel, 1808 : Gros comme une rave. Pour dire d’une très-petite stature, d’une très-foible, complexion.
Faites-en des choux des raves. Pour disposez-en à votre volonté.

Sabler

d’Hautel, 1808 : Sabler un verre de vin. Pour dire, boire avec avidité ; avaler à grands traits.

Vidocq, 1837 : v. — Ce terme n’est employé que par les assassins du midi de la France, qui ont l’habitude de remplir de sable une peau d’anguille avec laquelle ils assomment les voyageurs. Ce moyen les dispense de porter des armes capables de les compromettre ; sitôt le crime commis, la peau est détachée, le sable répandu, et tout disparaît ; ils frappent aussi de cet instrument, les traîtres, s’il s’en trouve parmi eux. Les voleurs bordelais se sont long-temps servi de la peau d’anguille remplie de sable, avec laquelle ils ont assommé plusieurs agens de police.

Delvau, 1866 : v. a. Tuer avec une peau remplie de sable, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Tuer, étourdir au moyen d’une peau d’anguille remplie de sable ; procédé employé, paraît-il, du temps de Vidocq. Aujourd’hui MM. les voleurs aveuglent quelquefois leurs victimes en les sablant au tabac, avant de les dépouiller.

La Rue, 1894 : Assommer avec une peau d’anguille remplie de sable.

Virmaître, 1894 : Il est des voleurs qui se servent d’un os de mouton, arme dangereuse, pour estourbir le pante. Cela laisse des traces très faciles à constater. Un autre moyen a été imaginé. On remplit de sable fin, ou de grès pulvérisé, un sac en peau, et on assomme le client avec. Quand on le relève, on le déclare mort d’une congestion ou d’une attaque d’apoplexie (Argot des voleurs).

France, 1907 : Assommer avec une peau pleine de sable.

Sexe

Delvau, 1866 : s. m. Les femmes en général, — dans l’argot du peuple, qui, sans tomber à leurs pieds, comme le recommande M. Legouvé, sait qu’il leur doit une mère, la seule créature digne de ses respects. Ami du sexe. Homme de complexion amoureuse.

Tendeur

Virmaître, 1894 : Homme qui est toujours prêt à satisfaire une femme gourmande et passionnée (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Voir rippeur.

France, 1907 : Homme de complexion amoureuse. Vieux tendeur, vieux débauché. Argot populaire.

Très tendeur, il se payait d’autor les plus girondes ouvrières…, et fallait pas qu’une lui résistât, — sinon, du balai !
Ce n’était pas qu’un coq, c’était aussi un cochon : un jour, il appela dans son bureau une ouvrière et, se débraillant, lui mit le marché en main.

(Père Peinard)

Pour les vieux tendeurs qu’assomme
Une ronfle à grippart,
On s’camoufle en p’tit jeune homme,
En tant’ figne-à-part,
Quand l’pant’ a l’doigt dans la miche,
S’i’n’ casque pas gros,
Gare au bataillon d’la guiche !
C’est nous qu’est les dos.

(J. Richepin, La Chanson des gueux)

Vie

d’Hautel, 1808 : Il n’a pas pour deux liards de vie. Signifie, il est d’une très foible complexion ; il est continuellement malade, valétudinaire, cacochyme.
Faire une belle vie ; une vie d’enragé. Criarder, quereller continuellement ; vivre ensemble comme chien et chat.
Vie de cochon, courte et bonne. C’est-à-dire vie débauchée et crapuleuse, dont on abrège les momens par ses dérèglemens.
Une vie de Bohême. Vie de misérable ; de bandit, de réprouvé.
Il me fait enrager ma vie. Pour, il me contrarie, m’impatiente, m’excède.
Cacher sa vie. Avoir une conduite secrète et mystérieuse.
Faire la petite vie. Se livrer au libertinage, à la débauche.
Être de grande vie. Pour être d’une grande dépense ; vivre dans le luxe et l’éclat.
Faire vie qui dure. Mener joyeuse vie, ne pas penser aux maux à venir.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique