Delvau, 1866 : Être sur la pente de l’ivresse, soit parce qu’on a bu plus que de raison, soit parce au on a trop regardé une jolie fille. Même argot [des faubouriens].
Allumé (être)
Antony
Larchey, 1865 : « En 1831, après les succès d’Antony, les salons parisiens furent tout à coup inondés de jeunes hommes pâles et blêmes, aux longs cheveux noirs, à la charpente osseuse, aux sourcils épais, à la parole caverneuse, à la physionomie hagarde et désolée… de bonnes âmes, s’inquiétant de leur air quasi cadavéreux, leur posaient cette question bourgeoisement affectueuse : « Qu’avez-vous donc ? » À quoi ils répondaient en passant la main sur leur front : « J’ai la fièvre. » — Ces jeunes hommes étaient des Antonys. »
(Ed. Lemoine)
Delvau, 1866 : s. m. Un nom d’homme qui est devenu un type, celui des faux poitrinaires et des poètes incompris.
Arpenter
d’Hautel, 1808 : Se hâter ; marcher avec une grande vitesse ; ce que l’on appelle figurément, courir la poste.
Arpenter (le trimar, la cambrouse)
Clémens, 1840 : Courir (la campagne, le grand chemin).
Arpenter le terrain
Clémens, 1840 : Courir vite.
Arpenteur
d’Hautel, 1808 : Pour dire un habile piéton ; un homme qui marche à pas de géant ; qui va comme un Basque.
Arpète
Rigaud, 1881 : Apprenti, — dans le jargon des ouvriers. Par altération d’arpente. L’apprenti, en effet, est toujours par monts et par chemins. Il arpente l’atelier et les rues, à ses moments perdus, quand on ne l’emploie pas à des travaux qui le voueront plus tard à l’orthopédiste et au fabricant de bandages.
La Rue, 1894 / Hayard, 1907 : Apprenti.
France, 1907 : Apprenti.
Elle n’était pas tendre pour les arpètes, ni pour personne, du reste. Ses lèvres pincées ne s’ouvraient qu’aux mauvaises paroles.
(Jacques Constant, L’Arpète)
Asphalte (polir l’)
France, 1907 : Flâner, arpenter les boulevards.
Avoir un arlequin dans la soupente
Delvau, 1864 : C’est-à-dire, dans le ventre. Être enceinte d’on ne sait qui, — de plusieurs amants, — de toutes les couleurs.
Battre la semelle
Delvau, 1866 : v. a. Vagabonder, — dans l’argot du peuple, qui a peut-être lu l’Aventurier Buscon.
Rigaud, 1881 : Courir le monde.
Je pris une ferme résolution de m’en aller battre la semelle.
(Buscon)
Les ouvriers cordonniers se sont, les premiers, servis de cette expression, pour dire aller travailler de ville en ville. (V. Saint-Crépin.)
Virmaître, 1894 : Arpenter le trottoir, faire les cent pas en attendant quelqu’un (Argot du peuple).
Virmaître, 1894 : Dans les grands froids les troupiers battent la semelle pour se réchauffer les pieds, soit qu’ils, frappent sur le sol, soit qu’ils frappent en cadence semelles contre semelles (Argot des troupiers).
Virmaître, 1894 : Se dit d’une femme sans homme qui, à l’instar de certain photographe, opère elle même. Elle bat la semelle mais ne frappe pas aussi fort que le cordonnier sur son pavé (Argot du peuple). N.
Brûlé (être)
Delvau, 1866 : Être déjoué par la police, dans l’argot des voleurs.
Delvau, 1866 : N’inspirer plus aucune confiance dans les endroits où l’on était bien reçu, où l’on avait crédit sur sa mine. Argot des bohèmes et des escrocs.
France, 1907 : N’inspirer plus de confiance dans les endroits où l’on était bien reçu ; avoir perdu tout crédit. « Il est brûlé chez ses fournisseurs. » Un politicien brûlé est un homme qui a perdu toute influence ; un auteur ou un acteur brûlé est celui qui a perdu la faveur du public. Se dit aussi pour être démasqué, mis à jour.
Voyez-vous cet inspecteur obligé de rester dix heures en surveillance dans une rue de la Villette ou des Batignolles et ayant pour toutes ses dépenses trente-cinq centimes dans sa poche, juste deux sous de plus que le Juif errant ! il lui faut arpenter le pavé de long en large comme une sentinelle. Au bout d’une heure, tout le quartier l’a remarqué et se le montre. Comme on dit, en termes du métier, « il est brûlé ».
(Hogier-Grison, La Police)
Caquetoire
France, 1907 : Siège où les femmes caquettent à leur aise. Vieux mot.
Je fais souliers de toute formes,
Arpenter bois et planter bornes,
Et si fay rubans et lassets ;
Je fay caquetoires, placets.
(Anciennes poésies françaises)
Carrefour des écrasés
Rigaud, 1881 : Carrefour formé par le boulevard Montmartre, la rue Montmartre et la rue du Faubourg-Montmartre. C’est un des endroits de Paris les plus dangereux pour les piétons, à cause de la quantité de voitures qui s’y croisent et de la pente du boulevard Montmartre qui ne permet pas aux cochers d’arrêter leurs chevaux à temps. Le nombre des personne écrasées, chaque année, en cet endroit, lui a valu la lugubre dénomination de « Carrefour des écrasés. »
Casquette (être)
Delvau, 1866 : v. n. Être sur la pente d’une forte ivresse, avoir son casque.
France, 1907 : Être ivre.
T’en souviens-tu, j’avais une jaquette
Qui nous servait, en hiver, d’édredon ?
Dans ce temps-là, j’étais souvent casquette,
Et tu m’app’lais ton chéri, ton trognon.
Dans ce temps-là, t’avais, simple grisette,
Moins de velours sur un corps plus dodu…
(Léon Rossignol)
Se dit aussi de quelqu’un qui a les manières communes et brutales.
Castoriser
France, 1907 : Se marier, s’endormir dans les délices d’une bonne garnison ou dans une sinécure d’un port maritime.
Quelle est l’origine de cette expression ? serait-ce un goût prononcé pour la truelle assez commun à l’officier de cette classe, où doit-on plutôt la considérer comme une antiphrase, puisque le marin qui castorise cesse d’appartenir au genre amphibie ? Quelques penseurs assurent y trouver une allusion au mariage, qui, d’après eux, a des rapports essentiels avec les établissements des industrieux architectes du lac Ontario… Les liens conjugaux trainent mollement l’officier sur une pente douce au bas de laquelle il embrasse la profession de navigateur in partibus.
(G. de la Landelle, Les Gens de mer)
Charpenter
d’Hautel, 1808 : Pour couper, tailler à tort et à travers et maladroitement ; il signifie aussi frapper, battre, tomber à bras raccourci sur le dos de quelqu’un.
Un ouvrage charpenté. Pour dire fait à la grosse, sans soin, sans aucun goût.
France, 1907 : Écrire le scenario d’un roman ou d’une pièce.
Charpenter le bourrichon
France, 1907 : Se monter la tête, prendre feu, s’exciter, s’emballer.
Charpenter le bourrichon (se)
Delvau, 1866 : v. réfl. S’enflammer à propos de n’importe qui ou de n’importe quoi, — dans l’argot des ouvriers.
Charpentier
Larchey, 1865 : Auteur dramatique dont le talent consiste à bien tracer la charpente c’est-à-dire le plan d’une pièce.
As-tu vu la pièce d’hier ? — Oui, c’est assez gentil. — Est-ce bien charpenté ? — Peuh ! couci-couci.
(De la Fizelière)
Il n’est pas si facile de se montrer un habile charpentier.
(Second)
Delvau, 1866 : s. m. Celui qui agence une pièce, qui en fait la carcasse, — dans l’argot des dramaturges, qui se considèrent, avec quelque raison, comme des ouvriers de bâtiment.
France, 1907 : Homme qui écrit le scenario d’une pièce, qui fait le canevas d’un roman.
Clou
d’Hautel, 1808 : Gras comme un cent de clou. Phrase hyperbolique, pour dire maigre, étique, décharné.
Cela ne tient ni à fer ni à clou. Pour est dans un très-mauvais état ; se dit aussi d’un ornement d’une chose mobile qu’on peut emporter en changeant de logis.
Un clou chasse l’autre. Voy. Chasser.
River le clou à quelqu’un. C’est répondre d’une manière fermé et sèche à des paroles choquantes.
Compter les clous d’une porte. Se dit figurément, pour s’ennuyer d’attendre à une porte y planter le piquet.
On dit d’une chose en très bon état, qu’il n’y manque pas un clou.
Je n’en donnerois pas un clou à soufflet. Se dit d’une chose pour laquelle on n’a aucune estime.
On dit d’un écervelé, d’un homme extravagant, qu’il faut un clou à son armet.
Delvau, 1864 : Le membre viril, avec lequel on fixe la femme sur le dos.
Larchey, 1865 : Mont-de-Piété. — Mot à mot : prison d’objets engagés.
Il avait mis le linge en gage ; on ne disait pas encore au clou.
(Luchet)
Larchey, 1865 : Prison. On ne peut pas en bouger plus que si on y était cloué.
Je vous colle au clou pour vingt-quatre heures.
(Noriac)
Delvau, 1866 : s. m. La salle de police, — dans l’argot des soldats, qui s’y font souvent accrocher par l’adjudant. Coller au clou. Mettre un soldat à la salle de police.
Delvau, 1866 : s. m. Le mont-de-piété, — où l’on va souvent accrocher ses habits ou ses bijoux quand on a un besoin immédiat d’argent. Coller au clou. Engager sa montre ou ses vêtements cher un commissionnaire au mont-de-piété. Grand clou. Le Mont-de-piété de la rue des Blancs-Manteaux, dont tous les autres monts-de-piété ne sont que des succursales.
Delvau, 1866 : s. m. Prison, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Baïonnette, — dans le jargon des soldats.
Rigaud, 1881 : Mont-de-Piété. — Mot emprunté par le peuple au jargon du régiment où clou signifie prison. Le Mont-de-Piété est la prison aux hardes. — Hospice des Enfants-Trouvés.
Rigaud, 1881 : Objet détérioré ou de peu de valeur, — dans le jargon des marchands de bric-à-brac. Pousser des clous, mettre des enchères sur des objets sans valeur.
Rigaud, 1881 : Ouvrier qui travaille mal.
Rigaud, 1881 : Prison, — dans le jargon des troupiers.
Vous y êtes pour deux jours de clou.
(Randon, Croquis militaires)
Rigaud, 1881 : Scène à effet, scène capitale, scène où les auteurs comptent accrocher le succès, — dans le jargon du théâtre.
Je lui ai donné la réplique et nous avons répété sa grande scène du deux !… c’est le clou de la pièce.
(Figaro du 6 juillet 1878)
Merlin, 1888 : Salle de police, prison. — Coller au clou, mettre en prison.
La Rue, 1894 : Prison. Mont-de-piété. Mauvais ouvrier. Mauvais outil. Baïonnette. Objet détérioré. Scène à effet au théâtre.
Virmaître, 1894 : Le mont-de-piété. On va, les jours de dèche, y accrocher ses habits. On dit aussi : aller chez ma tante, mon oncle en aura soin. On dit également : au plan (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Un individu bon à rien est un clou. Une mauvaise montre est un clou.
France, 1907 : Baïonnette.
France, 1907 : Mauvais outil, mauvais ouvrier. « Cela ne vaut pas un clou. » « Tu n’es qu’un clou, un rien qui vaille. »
France, 1907 : Mont-de-piété.
France, 1907 : Partie saillante d’une pièce, d’un livre, d’une représentation.
Un jeune auteur dramatique explique à un de ses amis le scenario d’une comédie future :
— Ce n’est pas mauvais, dit l’ami, mais pourquoi as-tu fait dérouler l’action dans un mont-de-piété ?
— Mais, mon cher, tout bonnement parce que le mont-de-piété sera le clou de ma pièce.
Aujourd’hui, au théâtre, il y a souvent plus de clous que de « charpente ». Le contraire nous semblerait préférable.
(Dr Grégoire, Turlutaines)
M. Hector Pessard vient de publier la première série de ses petits papiers dans la Revue bleue. Le clou de cette intéressante communication est l’histoire de la fondation du Courrier de Paris par M. Clément Duvernois. Le rôle joué par cette feuille éphémère et les rédacteurs qui y ont été attachés, ainsi que le talent de l’auteur, expliquent l’accueil fait à ce récit.
(Gil Blas)
Le livre est un petit bijou,
J’ai note des pages exquises,
Dont une un véritable clou.
(Jacques Redelsperger)
France, 1907 : Prison : on y est, en effet, cloué.
Nos chefs sont remplis d’malice ;
Pour un’ faute, un rien du tout,
V’lan ! à la sall de police !
— Y en a qui nomment ça le Clou ! —
…
Dès qu’il s’agit d’une corvée,
Vite, dans la cour mal pavée,
On fait appeler à l’instant
Le caporal et le sergent.
Et souvent, comme récompense
(Ça se voit plus qu’on ne le pense),
On flanque au clou, si ça va mal,
Le sergent et le caporal.
(Chanson de caserne)
Couper à…
France, 1907 : Éviter une chose ; couper à la corvée.
La seule manière d’échapper à ce terrible examen eût été de couper à la manœuvre et d’être exempt de cheval : mais comment ? Le médecin-major Mouillac était inaccessible aux carottes, et les connaissait toutes dans les coins.
(Pompon, Gil Blas)
Alors, la chambrée s’étire, et, sous les charpentes, c’est un va-et-vient de frileuses guiboles, sous les liquettes fendues. Les zouaves, qui la veille fanfaronnaient pour couper aux marches, ont lancé polochons et couvertures, et ils s’habillent en braillant…
(Georges d’Esparbès)
Crapaud serpenteux
France, 1907 : Fusée à spirales.
Cris de merluche
Delvau, 1866 : s. m. pl. Cris épouvantables, — comme ceux que poussait Mélusine, la pauvre belle serpente dont Jean d’Arras nous a conservé la touchante histoire. On dit aussi Crier comme une merlusine.
Rigaud, 1881 : Cris formidables poussés dans le but d’ameuter le monde ; cris comme en font entendre les femmes corrigées à tour de bras par leurs maris.
Dalle en pente
Rigaud, 1881 : Solide appétit. Mot à mot : gosier en pente.
Que ceux qui ont un vaste estomac, de gros boyaux, la dalle en pente, engloutissent des platées énormes et vident des brocs, rien de plus juste.
(La Petite Lune, janvier 1879)
La variante est : Gargouenne en vente.
Décarcassé
Rigaud, 1881 : Sans charpente, sans solidité, en parlant d’une pièce dramatique. (L. Larchey)
France, 1907 : Mal agencé. Se dit d’une pièce ou d’un ouvrage qui manque de charpente, ou d’une personne mal bâtie et de tournure ridicule.
Une vieille décarcassée, sexagénaire en deuil, à l’œil dur, à la mine sinistre, va de table en table jeter ses louis sur des numéros qu’elle nomme d’une voix stridente, semblant les évoquer de quelque chaudron où ont bouilli des tas de petits enfants…
(Hector France, Monaco)
Dessert
d’Hautel, 1808 : Entre Pâques et la Pentecôte, le dessert n’est qu’une croûte. Signifie qu’à cette époque, la saison n’offre aucun fruit.
Le peuple a coutume de dire : Entre Pâques et la Pentecôte, le dessert n’est qu’une crotte.
Émécher (s’)
Delvau, 1866 : v. réfl. Se griser, être sur la pente de l’ivresse, — dans l’argot des faubouriens.
France, 1907 : Se griser.
Épatant
Delvau, 1866 : adj. Étonnant, extraordinaire.
Rigaud, 1881 : Étonnant. Chic épatant. — Chance épatante. — Nouvelle épatante. — Binette épatante.
Virmaître, 1894 : M. Jean Rigaud, dans son Dictionnaire d’argot moderne (1881) dit à ce propos du mot épater :
— Épater, épate et leurs dérivés viennent du mot épenter, qui signifiait au XVIIIe siècle intimider.
Il y a quelques années, M. Francisque Sarcey écrivait que le vocable appartenait à Edmond About, qu’il avait été dit par Pradeau dans le Savetier et le Financier, pièce représentée en 1877 aux Bouffes Parisiens ; le savant écrivain ajoutait que huit jours après, le « Tout-Paris » répétait ce mot.
Cette expression, n’en déplaise au maître critique et à M. Jean Rigaud, n’appartient ni au XVIIe siècle ni à Edmond About, elle a cinquante quatre ans seulement d’existence. Elle a pris naissance au Café Saint-Louis, rue Saint-Louis, au Marais (aujourd’hui rue de Turenne).
Des ouvriers ciseleurs sur bronze jouaient au billard une partie de doublé. À la la suite d’un bloc fumant, Catelin, une contrebasse du Petit Lazzari, qui avait parié pour un des joueurs et qui perdait par ce coup, se leva furieux, et d’un brusque mouvement fit tomber son verre sur la table de marbre. Le verre se décolla net.
— Tiens, dit Catelin, mon verre est épaté — le verre n’avait plus de pied.
À chaque coup, les joueurs répétaient à l’adversaire : tu es épaté et, quand la partie se termina par un coup merveilleux, un des joueurs dit au vainqueur : — Si nous sommes épatés, tu es épatant.
Catelin, sans le savoir, se servait du mot épaté qui est en usage depuis des siècles dans les verreries, parmi les ouvriers verriers. Ils disent d’un verre sans pied, mis à la refonte pour ce motif, il est épaté.
Épaté signifie étonnement (Argot de tout le monde). N.
France, 1907 : Étonnant, surprenant, extraordinaire.
Solange ne se donna pourtant pas tout de suite, imposa à Camille une sorte de stage, pas très long d’ailleurs. Quatre soirs de suite la trouvant épatante, pressentant qu’elle était vierge, mais sans s’arrêter à ce « détail », il vint l’attendre à la sortie de l’atelier l’accompagna jusqu’au boulevard Barbès. Puis, après une interruption de deux jours, sans dire gare — interruption qui avança singulièrement ses affaires — il obtint tout, un samedi soir. Solange ne rentra qu’à trois heures du matin.
(Paul Alexis)
Nom de Dieu ! j’suis pas à mon aise,
C’est épatant… j’sais pas c’que j’ai,
Avec ça j’ai la gueul’ mauvaise…
C’est pourtant pas c’que j’ai mangé.
(Aristide Bruant)
Pour être élus, nos r’présentants
Vous font des programm’s épatants
Toute l’année ça se r’nouvelle.
Cette pilule perpétuelle,
Ah ! ah ! ah ! mes chers enfants,
Ils vous la serviront longtemps !
(Henry Naulus)
Épate
Delvau, 1866 : s. f. Apocope d’Épatage. Faire de l’épate. Faire des embarras, en conter, en imposer aux simples.
Rigaud, 1881 : Embarras, manières. — Faire son épate, ses épates, des épates, se donner des airs importants. Les mots épater, épates et leurs dérivés viennent de épenter, qui, au XVIIIe siècle, avait le sens de : intimider. L’épateur cherche à intimider son public en l’étonnant.
France, 1907 : Abréviation d’épatage. Faire de l’épate, faire des embarras, vouloir éblouir, imposer. C’est le propre des sots de faire de l’épate.
Anna Welty et son goujat d’entreteneur, le citoyen Monistrac, reçoivent, font de l’épate : le gros Monistrac, marchand de vins de Bordeaux, paiera un souper, une orgie à l’ami qui passe, mais ensuite il refusera cent sous au cher convive, et il y a beaucoup d’individus de sa religion, à Paris.
(Dubut de Laforest, L’Homme de joie)
Et sans vouloir faire d’épates,
Je proclame ici Paule Minck
La meilleure des candidates…
(Beausapin)
Épenté
France, 1907 : Timide, poltron ; même origine qu’épaté.
Si nous étions épentés, tu nous ferais quasiment peur, enfant de chœur de Marseille.
(Les Spiritueux Rébus, 1839)
Faire flanelle
Rossignol, 1901 : Rester des heures dans un débit, devant la même consommation, c’est faire flanelle.
France, 1907 : Aller dans une maison de filles sans consommer la marchandise. Jeu de mot sur flâner.
La maquerelle a généralement en réserve, dans une pièce retirée, deux ou trois gros bouledogues aux crocs puissants pour imposer, au besoin, aux clients par trop tapageurs ou à ceux qui, ayant passé un quart d’heure à faire flanelle, c’est-à-dire à flâner dans les salons sans consommer ni monter avec une femme, refusent de s’en aller et s’entêtent à ne pas vouloir faire marcher le commerce de la maison.
(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)
L’expression s’emploie au figuré pour aller au hasard, errer dans les rues.
Un coin d’chambe, eun’ soupente, eun’ niche,
Eun’ machine oùs qu’on est chez soi,
Ousque quand i’ pleut, on s’en fiche,
Ousqu’on a chaud quand i’ fait froid ;
Quand j’étais p’tit ej’ me rappelle
Que c’était comm’ ça chez moman…
Aujord’hui, forcé d’faire flanelle…
V’là porquoi que j’cherche un log’ment.
(Aristide Bruant)
Ferme
d’Hautel, 1808 : Il est ferme au poste. Voyez Poste.
Soutenir une chose fort et ferme. La soutenir avec hardiesse et assurance.
Delvau, 1866 : s. f. Décor de fond, dans la composition duquel entre une charpente légère qui permet d’y établir des portes praticables. Argot des machinistes.
Rigaud, 1881 : Décor de fond, avec portes, — en terme de théâtre.
France, 1907 : « Décor de fond, dans la composition duquel entre une charpente légère qui permet d’y établir des portes praticables. Argot des machinistes. »
(Alfred Delvau)
France, 1907 : Jeu de bourse ; boursicotiérisme.
Le marché ferme engage à la fois le vendeur et l’acheteur, ses échéances ne dépassent pas deux mois, sa négociation se fait comme celle au comptant.
(Lorédan Larchey)
Général pavé
Virmaître, 1894 : Les filles publiques qui arpentent les rues du malin au soir à la recherche de clients sont entretenues par ce général, qui est souvent bien dur pour elles. L’allusion est claire (Argot du peuple). N.
Gril
d’Hautel, 1808 : Être sur le gril. Pour dire être sur les épines, dans une grande anxiété ; souffrir du corps et de l’esprit.
Delvau, 1866 : s. m. Charpente légère et à jour qui s’étend au-dessus de la scène et où s’accrochent les frises. Argot des coulisses.
Rigaud, 1881 : Premier plancher général au-dessus de la scène, après les corridors du cintre. Son nom vient de ce qu’il est fait effectivement comme un gril. (A. Bouchard)
Gueule
d’Hautel, 1808 : Pour bouche.
Il feroit tout pour la gueule. Se dit d’un homme qui aime excessivement la bonne chère.
Se prendre de gueule. S’injurier, se quereller à la manière des gens du port, des poissardes.
Avoir la gueule morte. Être confondu, ne savoir plus que dire.
Il n’a que de la gueule. Pour, c’est un hâbleur qui ne fait que parler, qui n’en vient jamais au fait quand il s’agit de se battre.
Mots de gueule. Pour, paroles impures, mots sales et injurieux.
La gueule du juge en pétera. Pour dire qu’une affaire amènera un procès considérable.
Il est venu la gueule enfarinée. Voyez Enfariner.
Gueule fraîche. Parasite, grand mangeur, toujours disposé à faire bombance.
Il a toujours la gueule ouverte. Se dit d’un bavard, d’un parleur éternel.
Gueule ferrée ; fort en gueule. Homme qui n’a que des injures dans la bouche.
Larchey, 1865 : Bouche.
Il faudrait avoir une gueule de fer-blanc pour prononcer ce mot.
(P. Borel, 1833)
Gueule fine : Palais délicat.
Un régime diététique tellement en horreur avec sa gueule fine.
(Balzac)
Fort en gueule : Insulteur. — Sur sa gueule : Friand.
L’on est beaucoup sur sa gueule.
(Ricard)
Faire sa gueule : Faire le dédaigneux. — Casser, crever la gueule : Frapper à la tête.
Tu me fais aller, je te vas crever la gueule.
(Alph. Karr)
Gueuler : Crier.
Leurs femmes laborieuses, De vieux chapeaux fières crieuses, En gueulant arpentent Paris.
(Vadé, 1788)
Delvau, 1866 : s. f. Appétit énorme. Être porté sur sa gueule. Aimer les bons repas et les plantureuses ripailles. Donner un bon coup de gueule. Manger avec appétit.
Delvau, 1866 : s. f. Bouche. Bonne gueule. Bouche fraîche, saine, garnie de toutes ses dents.
Delvau, 1866 : s. f. Visage. Bonne gueule. Visage sympathique. Casser la gueule à quelqu’un. Lui donner des coups de poing en pleine figure. Gueule en pantoufle. Visage emmitouflé.
Rigaud, 1881 : Bouche. — Fine gueule, gourmet. — Porté sur la gueule, amateur de bonne chère. — Fort, forte en gueule, celui, celle qui crie des injures. — Gueule de travers, mauvais visage, mine allongée. — Gueule de raie, visage affreux. — Gueule d’empeigne, palais habitué aux liqueurs fortes et aux mets épicés ; laideur repoussante, bouche de travers, dans le jargon des dames de la halle au XVIIIe siècle, qui, pour donner plus de brio à l’image, ajoutaient : garnie de clous de girofle enchâssés dans du pain d’épice. — Gueule de bois, ivresse. — Roulement de la gueule, signal du repas, — dans le jargon du troupier. — Taire sa gueule, se taire. — Faire sa gueule, être de mauvaise humeur, bouder. Se chiquer la gueule, se battre à coups de poing sur le visage. — Crever la gueule à quelqu’un, lui mettre le visage en sang. — La gueule lui en pète, il a la bouche en feu pour avoir mangé trop épicé.
France, 1907 : Bouche.
— Dites-moi, papa, quand je saurai le latin, quel état ne donnerez-vous ? — Fais-toi cuisinier, mon ami : la gueule va toujours. — Mais, s’il y avait encore une révolution ? — Qu’importe !… Fais-toi cuisinier : nous avons vu passer les rois, les princes, les seigneurs, les magistrats, les financiers, mais les gueules sont restées : il n’y a que cela d’impérissable.
(Hoffman)
Dans le quartier Mouffetard :
Monsieur fait une scène horrible à Madame, qui finit par lui dire :
— Veux-tu taire ton bec ?
Alors l’héritier présomptif, qui a jusque-là écouté en silence :
— C’est bien vilain, maman, de dire : ton bec en parlant de la gueule de papa.
Et Grenipille fait souche
De petits Grenipillons.
Adieu les beaux papillons
Qui voltigeaient sur sa bouche
Dont nous nous émerveillions !
Elle aura gueule farouche,
La peau rude en durillons,
Sous les yeux de noirs sillons,
Pauvre mère qui s’accouche
Toute seule en ses haillons,
Ah ! guenilles, guenillons !
Et Grenipille fait souche
De petits Grenipillons.
(Jean Richepin)
— Ainsi, j’ai une vraie princesse pour cliente la fille d’un roi : elle vient chez moi deux fois la semaine, une personne bien distinguée, bien intelligente : malheureusement elle se saoule la gueule, et puis elle a de mauvaises habitudes. Elle faisait l’amour avec un ours, comme je vous le dis, Monsieur, avec un ours tout brun, tout velu : j’avais une peur de c’t’animal ! Je lui avais dit : Ça finira mal, un beau jour il vous mordra ! Ça n’a pas manqué et pas plus tard qu’hier… C’était à prévoir… quand elle se mettait nue, il faisait hou, hou, hou ; de l’antichambre on l’entendait, ça faisait froid.
(Jean Lorrain, Le Journal)
France, 1907 : Visage.
— Contemple encore là, sur le trottoir, devant l’entrée du tribunal civil, je crois, ces bêtes de justice, ces bas clercs d’avoués ou d’hommes d’affaires marrons, les chiens de procédure qui rapportent le papier timbré chez le maître. Hein ! leur trouves-tu assez des gueules de loups-cerviers, des mines de fouines ou des allures de chacals ?
— Ils me dégoûtent trop. Passons de l’autre côté pour ne pas les frôler.
(Félicien Champsaur)
Tas d’inach’vés, tas d’avortons
Fabriqués avec des viand’s veules.
Vos mèr’ avaient donc pas d’tétons
Qu’a’s ont pas pu vous fair’ des gueules ?
(Aristide Bruant)
Pendant qu’sur le bitume
La môm’ fait son turbin,
Chaqu’ gigolo l’allume
Chez le troquet du coin,
Quand elle rentre seule,
N’ayant pas d’monacos,
Ils lui défonc’nt la… gueule,
Les petits gigolos !
(Léo Lelièvre)
— Ah ! sa chiquerie avec Kaoudja a été épatante, c’était à propos d’un môme ! J’y étais et c’est la Goulue qui a écopé… Elle était par-dessous et Kaoudja voulait lui couper le nez avec ses dents. La Goulue criait :
— Ma pauvre gueule ! ma pauvre gueule !
(Oscar Méténier)
Guinglet
France, 1907 : Petit vin, produit d’un clos de ce nom.
Charles Virmaître, dans Paris oublié, fait remonter à ce mot l’origine du mot guinguette.
La chaussée Ménilmontant, qui conduit sur le plateau de Charonne, de temps immémorial était fréquentée par une foule de Parisiens qui ne reculaient pas à gravir sa pente rapide pour se rendre aux guinguettes, si nombreuses sur la hauteur. On y buvait un petit vin, produit des vignes dépendant du clos Guinguet ; c’est ce qui donna le nom de guinguettes aux endroits où on le débitait. Aujourd’hui encore, par corruption, dans le faubourg, on dit : Allons boire un verre de guinglet.
Dans le nombre infini de ces réduits charmans,
Lieux où finit la ville et commencent les champs,
Il est une guinguette au bord d’une onde pure,
Où l’art a joint ses soins à ceux de la nature,
Là, tous les environs embellis d’arbres verts
Offrent contre le chaud mille berceaux couverts.
(Nicolas R. de Grandval, Le Vice puni)
Lancé
Larchey, 1865 : Gris.
Patara, au moins aussi lancé que le cheval, tapait sur la bête à tour de bras.
(Phys. du Matelot, 1843)
Larchey, 1865 : Rapide projection de la jambe.
Paul a un coup de pied si vainqueur et Rigolette un si voluptueux saut de carpe ! Les admirateurs s’intéressaient à cet assaut de lancés vigoureux.
(1847, Vitu)
Delvau, 1866 : adj. Sur la pente de l’ivresse, — dans l’argot des bourgeois.
Delvau, 1866 : s. m. Effet de jambes, dans l’argot des bastringueuses.
Rigaud, 1881 : Légèrement pris de vin.
France, 1907 : Effet de jambes ; argot des bastringues.
À elle le pompon pour les lancés chics ! La jupe troussée jusqu’aux hanches, elle étalait la blancheur de son pantalon aux yeux du cipal ahuri.
(Les Joyeusetés du régiment)
Langue de la Pentecôte
France, 1907 : Langue de femme, c’est-à-dire langue de feu. Allusion au jour de la Pentecôte où, d’après les Écritures, le Saint-Esprit descendit en langues de feu sur les disciples de Jésus-Christ et leur communiqua ainsi le don des langues pour les mettre en état d’aller prêcher l’Évangile chez tous les peuples de la terre.
La glose — dit à ce sujet M. Quitard — nous avertit qu’il ne faut pas conclure de ce proverbe que tout ce que disent les femmes soit parole d’évangile, car les langues envoyées par l’Esprit saint ne descendirent pas sur elles, et celles qu’elles ont n’en sont que des contrefaçons faites par l’esprit malin. L’abbé Guillon disait, en usant d’une expression tirée d’un proverbe fort connu : « L’enfer est pavé de langues de femmes. »
Les dictons sur la langue des femmes sont fort nombreux ; citons-en quelques-uns :
— La langue des femmes est leur épée, et elles ne la laissent pas rouiller.
— La langue des femmes ne se tait pas, même lorsqu’elle est coupée.
— À femme trépassée, il faut tuer la langue en particulier.
— La rage du babil est-elle donc si forte
Qu’elle doive survivre en une langue morte ?
— Les femmes portent l’épée dans la bouche, c’est pourquoi il faut frapper sur la gaine. (Ce proverbe brutal nous vient des Allemands.)
— Les femmes sont faites de langue comme les renards de queue.
— Coup mortel git en langue de femme.
— Il se peut que sans langue une femme caquette,
Mais non qu’en ayant une elle reste muette.
Lynchage
France, 1907 : Action de lyncher, c’est-à-dire d’exécuter sommairement sans attendre l’arrêt de la justice. Voir Loi de lynch.
Une scène de lynchage, qui rappelle les supplices carthaginois, s’est passée à Ecchio (Texas). Une négresse, accusée du meurtre d’un enfant blanc, a été enfermée dans un tonneau dans lequel on avait préalablement enfoncé des clous et qu’on a laissé rouler sur une pente. Le corps déchiqueté de la victime a été ensuite pendu à un arbre et criblé de balles.
Autant qu’on a pu s’en assurer, la malheureuse était innocente du crime qu’on lui amputait.
Et cela se passait en 1893 ! Braves Yankees !
Monôme des X
France, 1907 : Monôme des candidats à l’École polytechnique.
Quand les compositions écrites sont terminées, les taupins, candidats des lycées et des écoles préparatoires, se réunissent sur la place du Panthéon. Ils s’organisent en longue file indienne… et partent processionnellement sous la conduite du premier taupin de France, le premier de ceux qui ont échoué l’année précédente. Ce gigantesque mille-pattes va, vient, serpente, frappant le sol en cadence, lançant dans les airs des chansons du caractère le plus profane ; il ne rappelle que de bien loin, dans ses tours et ses détours, le jeu auquel les Grecs se plaisaient à donner une forme orchestrique. Il se dirige d’abord vers la cour du Collège de France… puis il descend le boulevard au milieu de la foule ahurie, interceptant la circulation, suit les quais jusqu’au terre-plein du Pont-Neuf, et après une ronde échevelée autour de la statue de Henri IV, se rend chez la « mère Moreau », le fameux débit de prunes et de chinois.
(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)
Qui gên’ la circulation,
Bouscul’ la population,
S’fait fich’ au bloc comme un seul homme ?
C’est le monôme !
Qui va de l’autre côté d’l’eau
Prendre un’ prun’ chez la mèr’ Moreau,
S’évanouit comme un fantôme ?
C’est le monôme !
Le lend’main, qui qu’a mal aux ch’veux,
Qui s’plaint d’avoir la tête en feux,
Et pendant l’cours pique un p’tit somme ?
C’est le monôme !
(Xanrof)
Nemo repente fuit turpissimus
France, 1907 : « Personne ne devient tout à coup infâme. » Dicton latin tiré d’une satire de Juvénal et que Racine a traduit par ce vers dans Phèdre :
Quelque crime toujours précède les grands crimes.
Niais
d’Hautel, 1808 : Il n’est pas niais. Pour, il ne s’endort pas sur ses intérêts. Se dit de quelqu’un qui fait des offres, des propositions ridicules, pour avoir quelque chose de prix.
Un niais de Sologne. Homme subtil, fin et rusé, qui se trompe toujours à son profit.
Delvau, 1866 : s. m. Voleur qui a des scrupules ; prisonnier qui a des remords de sa faute ou de son crime.
La Rue, 1894 : Moi. Voleur qui se repent.
France, 1907 : Malfaiteur qui se repent, ou qui éprouve des remords ; dans l’argot de ses pareils qui ne se repentent pas.
Nourrir
Larchey, 1865 : Préparer de longue main.
Ce garçon qui devait avoir nourri ce poupon (complotté ce crime) pendant un mois.
(Balzac)
Rigaud, 1881 : Combiner. — Nourrir un poupon, combiner un vol, le charpenter comme un dramaturge une pièce de théâtre.
Fustier, 1889 : En argot de Bourse, « nourrir des titres c’est les conserver de liquidation en liquidation en les taisant reporter. On paye les différences, les reports, les courtages, on nourrit. À force de nourrir, on arrive même quelquefois à en mourir de faim. — X… nourrit deux cents Lombards depuis le mois de juin et Y… cinq mille Italiens — il ne faut pas prendre l’expression au pied de la lettre ». (Don Quichotte, 1884)
La Rue, 1894 : Combiner. Nourrir un poupon, un môme, préparer un vol.
Ordon
France, 1907 : Terme de métallurgie. Ensemble des pièces de charpente qui soutient les marteaux dans les forges de bois.
Orpheline de Lacenaire
Rigaud, 1881 : Prostituée qui arpente le boulevard, dans le jargon des gens de lettres.
France, 1907 : Nom donné autrefois aux prostituées du boulevard, à l’époque du procès de ce célèbre assassin qui, comme Pranzini, fut fort aimé du beau sexe.
Paies (c’est tout ce que tu) ?
Rigaud, 1881 : Tu n’as pas quelque chose de plus agréable à dire ? — Et puis, après ça ? — Expression dont abusent les voyous quand on leur fait de la morale à gosier sec.
Prenez garde, mon fils ! la pente du vice est glissante ; tel qui commence par une peccadille peut finir sur l’échafaud ! — C’est tout ce que tu paies ?
(Randon)
Panamitard
France, 1907 : Panamiste.
Un de nos collaborateurs racontait de quelle façon, en Chine, on puni les concussionnaires. Le châtiment infligé aux panamitards de l’Empire du Milieu est bien fait pour dégoûter à jamais ces tripoteurs de toute compromission véreuse.
Cent bons coups de trique sous la plante des pieds, il n’y a encore rien de tel pour rendre délicats les plus éhontés coquins.
La pente du vice est rapide, disent les moralistes, et les chutes sont fréquentes ; d’accord ! Mais lorsqu’on songe qu’au bas de ladite pente se tient un grand Kalmouk armé d’un imposant bambou bien sec et bien solide, on regarde à deux fois avant de se lasser choir.
(Mot d’Ordre)
Et tous les panamitards de l’aquarium de battre les nageoires en signe d’approbation aux paroles du grand dispensateur des fonds secrets.
(La Révolte)
Panthe (pousser sa)
Rigaud, 1881 : Abréviation de pousser sa panthère, c’est-à-dire se promener d’un côté, de l’autre, dans l’atelier ; courir une bordée de marchand de vin en marchand de vin. La variante est : Faire sa panthère ; par allusion à la panthère du Jardin-des-Plantes qui n’a d’autre occupation que d’arpenter sa cage.
Pâques
d’Hautel, 1808 : Il est en train comme un lundi de pâques. Se dit de quelqu’un qui est distrait dans son travail ; qui n’a pas envie de travailler ; qui est enclin à la débauche.
À pâques on s’en passe, à la pentecôte quoi qu’il en coûte. Cela s’entend des habits d’été qui ne sont nécessaires qu’en ce temps-là.
Parti, parti pour la gloire
Rigaud, 1881 : Mis en gaité par le vin. Excité par les charmes d’une femme, sur la pente des folies amoureuses.
Pelé
d’Hautel, 1808 : Qui n’a point de cheveux. Il y avoit trois pelés et un tondu. Se dit par dérision d’une compagnie peu nombreuse, d’une cérémonie, d’une fête où il n’y avoit presque personne.
C’est un pelé qui se moque d’un tondu. Se dit d’un homme qui a les mêmes défauts que celui dont il veut se moquer.
Delvau, 1866 : s. m. Sentier battu.
Rigaud, 1881 : Grande route. Elle est aussi chauve qu’une demi-douzaine d’Académiciens.
La Rue, 1894 : Grand chemin, route.
France, 1907 : Route, sentier. « Arpenter le pelé. » Argot des voleurs.
Pente
d’Hautel, 1808 : Pour, fredaine, farce, tour de jeunesse.
Se donner des pentes. Prendre des airs, des tons au-dessus de sa condition ; dépenser plus que les moyens ne le permettent ; se choyer, se dorlotter.
Halbert, 1849 : Poire.
France, 1907 : Poire ; argot des voleurs. La poire, par son poids, pend plus que tout autre fruit sur l’arbre.
Pente (avoir une)
Larchey, 1865 : Être ivre à trébucher sur un terrain plat comme si on rencontrait une pente brusque.
Delvau, 1866 : v. a. Être gris ou commencer à se griser, — dans l’argot des faubouriens.
France, 1907 : Être ivre ; argot populaire.
Piler le bitume
France, 1907 : Se dit d’une fille publique qui arpente le trottoir à la recherche d’un client.
Pompette (être)
France, 1907 : Être dans un état de gaieté occasionné par un commencement d’ivresse ; argot populaire. Cette expression vient du vieux mot pompette, pompon, à cause du nez rouge des buveurs. On trouve dans les Adages françoises du XVIe siècle : « Beau nez à pompette » pour ivrogne.
Il évite dans les familles
Habituell’ment d’en causer,
Surtout devant les jeunes filles :
Ça pourrait les faire jaser.
Mais un soir qu’il était pompette,
Dans un dîner des plus rupins,
Il les a mis’s sur une assiette…
(Répertoire de Gavrochinette)
Les expressions synonymes sont : avoir son plumet, sa cocarde, son casque, une culotte, son jeune homme, son pompon, son poteau, sa cuite, sa pointe, son allumette, sa pistache, son loquet, un grain, un coup de bouteille, de sirop, de soleil, de gaz, de feu, son compte, son plein, sa pente ; être en train, bien lancé, éméché, ému, en ribote, dans les vignes, les brindezingues, les brouillards, la paroisse de Saint-Jean-le-Rond, en patrouille, parti, allumé, pavois, bu, paf, raide comme la justice, poivre, casquette, dans un état voisin, etc., etc.
Quinze joies du mariage (les)
France, 1907 : Expression employée ironiquement pour désigner les déceptions, les contrariétés inhérentes à l’état conjugal. Un livre attribué à l’auteur du Petit Jehan de Saintré, Antoine la Sale, paru vers le milieu du XVe siècle, a sans doute donné naissance à cette antiphrase. Il y est dit dans la préface : « Celles quinze joyes de mariage sont les plus graves malheuretés qui soient sur terre, auxquelles nulles autres peines, sans incision de membres, ne sont pareilles à continuer. »
Ma mère, qu’est-ce que se marier ?
— Ma fille, c’est filer, enfanter et pleurer.
(Dicton provençal)
Les dictons français de même genre sont nombreux. Citons-en quelques-uns :
Le jour où l’on se marie est le lendemain du bon temps.
Qui se marie fait bien et qui ne se marie pas fait mieux.
Qu’on se marie ou non, l’on a toujours à s’en repentir.
Qui se marie se met la corde au cou.
Qui se marie s’achemine à faire pénitence.
Nul ne se marie qui ne s’en repente.
Un bon mariage se fait d’un mari sourd et d’une femme aveugle.
Mariage et pénitence ne font qu’un.
En mariage trompe qui peut.
Mariage, tombeau de l’amour.
Le mariage est un enfer où le sacrement nous mène sans péché mortel.
Mariage et pendaison vont au gré de la destinée.
Mariage et malheur tout en un jour.
Aujourd’hui marié, demain marri.
Homme marié, oiseau en cage.
Le mariage est comme le figuier de Bagnolet, dont les premières figues sont bonnes, mais les autres ne valent rien.
Tous ces dictons émanent évidemment de gens mal mariés ou de cocus.
Raidillon
France, 1907 : Mamelon à pentes raides ; petite côte très escarpée.
Le raidillon grimpé, nous débouchions sur un large plateau qui allait un peu en pente, pour remonter jusqu’au sommet d’une colline couronnée de bois et de jardins.
(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)
Rameaux (faire Pâques avant)
France, 1907 : Ne pas attendre la célébration officielle pour se livrer à l’accomplissement de l’œuvre permise
En mariage seulement.
On dit aussi d’une jeune fille qui s’est mise dans ce cas : Elle a vu la Pentecôte avant Pâques.
Robert Macaire
Larchey, 1865 : Variété du cancan. — Allusion à la danse de Robert Macaire au premier acte de l’Auberge des Adrets. — V. Macaire.
Magistrats et docteurs commencent leur carrière, En se faisant danseurs De la Robert Macaire.
(1841, Phys. de la Chaumière)
France, 1907 : Escroc, tripoteur d’affaires véreuses, monteur de coups ; allusion an célèbre type de l’Auberge des Adrets.
Qu’ont fait pour leur bienfaiteur les Robert Macaire qui doivent et partie à Rochefort d’avoir réalisé le plus invraisemblable roman qu’on ait vu dans la bohème ? Ils ont envoyé Rochefort à Nouméa d’abord, puis ils l’ont forcé de se réfugier à Londres ; maintenant, ils s’apprêtent à le faire juger en effigie par des magistrats auprès desquels Delesvaux et Devienne étaient de petits saints…
Voyez-vous, cependant, le coup de théâtre d’ici, si tout à coup on venait dire à ces coquins installés dans tous les palais nationaux, chamarrés des ordres nationaux, gavés des fonds nationaux :
« Vous avez rêvé, mes enfants, un soir que vous vous êtes endormis ayant trop pinté à la Brasserie Serpente… Rochefort a accepté les avances de Morny ; il a été nommé directeur des Beaux-Arts, il a vécu heureux et tranquille sans procès, sans duels et sans injures… L’Empire n’a pas été affolé ; il n’a pas déclaré stupidement la guerre… Vous n’avez jamais été ministres… Vous ne vous êtes pas enrichis par les pots-de-vin : vous avez rien touché dans le Panama… Vous êtes toujours les besogneux et les galapiats d’autrefois. »
France, 1907 : Sorte de cancan fort en vogue dans Les bals publics appelé ainsi à cause d’une danse excentrique à laquelle se livre au premier acte le héros de l’Auberge des Adrets.
Messieurs les étudiants
S’en vont à la barrière
Pour y danser l’cancan
Et la Robert Macaire,
Le jour,
Le jour,
La nuit comme le jour.
(Vieille chanson du Quartier Latin)
Ruban de queue
Delvau, 1866 : s. m. Long chemin, route qui n’en finit pas.
La Rue, 1894 : La route qui serpente dans la campagne. Elle semble un long ruban.
France, 1907 : Chemin d’une longueur fastidieuse. Cette locution est empruntée à l’ancienne mode de coiffure de nos aïeux.
Ce chemin est un ruban de queue un peu long.
(Alfred de Vigny, Servitude et grandeur militaires)
Se dit aussi pour la grand’route.
Serpentement
France, 1907 : Manière d’agir tortueuse, caressante, féline. Néologisme.
Sainte-Beuve était charmant dans la causerie ; il avait des amis de toutes sortes pour sa bonté, pour son esprit, pour ses mots de sentiment, pour ses mots cruels, pour ses amitiés, pour ses trahisons ; mais il eut beau dire et beau faire, il eut beau rechercher le coin des femmes, il eut beau leur prouver qu’il était familier à toutes les fémineries, à tous les serpentements, à toutes les ondulations ; il eut beau être, tout à tour, attendri et moqueur, il eut beau prendre des mines de Werther et des airs de Lovelace, rien n’y fit.
(Arsène Houssaye, Souvenirs de jeunesse)
Soulographie
Vidocq, 1837 : s. f. — Ivrognerie.
Delvau, 1866 : s. m. Ivrognerie dégoûtante.
Rigaud, 1881 : Ivrognerie constitutionnelle.
France, 1907 : Ivresse.
S’agit-il, par exemple, de suivre tous les degrés de la soulographie, remarquez la progression parfaite indiquée par les quarante-six termes qui suivent, dont nous avons justifié l’existence par de nombreux exemples. Sans rentrer l’un dans l’autre, ils ont leur signification propre. — Chacun indique, dans l’état, une nuance.
Au début, nous rencontrons les neuf verbes : être bien, avoir sa pointe, avoir un grain, être monté, en train, poussé, parti, lancé, en patrouille.
Un peu plus loin, nous voyons l’homme légèrement ému ; — il sera tout à l’heure attendri, il verra en dedans, et se tiendra des conversations mystérieuses. Cet autre est éméché ; il aura certainement demain mal aux cheveux.
Pour dépeindre les tons empourprés par lesquels va passer cette trogne de Silène, vous n’avez que la liberté du choix entre : teinté, allumé, pavois, poivre, pompette, ayant son coup de soleil, ayant son coup de sirop, son coup de bouteille, son plumet, sa cocarde, se piquant ou se rougissant le nez.
De la figure passons à la marche. — L’homme ivre a quatre genres de port qui sont également bien saisis. Ou il est raide comme la justice et lasse trop voir par son attitude forcée combien il lui en coûte de commander à la matière ;
Ou il a sa pente (ce qui arrive souvent quand on est dans les vignes), et il marche comme si le terrain lui manquait ;
Ou il festonne, brodant de zigzags capricieux la ligne droite de son chemin ;
Ou il est dans les brouillards… tâtonnant en plein soleil, comme s’il était perdu dans la brume.
Attendons dix minutes encore ; laissons notre sujet descendre au plus bas, et vous pourrez dires indifféremment : Il est chargé, gavé, plein, complet, pion, rond comme une balle, mouillé, humecté, bu, pochard, casquette, il a sa culotte, son casque, son toquet, son sac, sa cuite, son affaire, son compte, il est soûl comme trente mille hommes, il en a jusqu’à la troisième capucine. — Ce n’est plus un homme, c’est un canon chargé jusqu’à la bouche.
(Lorédan Larchey)
Soupente
Delvau, 1866 : s. f. Le ventre, — dans l’argot des faubouriens. Le mot a été recueilli par Traviès.
Rigaud, 1881 : Ventre. — Je t’vas défoncer la soupente à coups de sorlots à diamants.
La Rue, 1894 : Le ventre. Vieille femme sale.
France, 1907 : Ventre. Jeu de mot sur soupe.
France, 1907 : Vieille femme malpropre, vieille prostituée.
Soupente (vieille)
Rigaud, 1881 : Vieille femme laide et malpropre.
La buraliste t’a appelée vieille soupente ?
(Tam-Tam, 16 mai 1880)
Suspente
France, 1907 : Soupente ; patois des canuts.
Et quand, le soir,
Un sommeil noir
S’en vient fermer l’agnolet d’ma paupière,
Quand pour jouir d’un doux repos
Tout doucement je m’étends sur le dos,
Moi qui couche sur la suspente,
Ah ! je voudrais pendant La nuit,
Pour dégringoler sur ton lit,
Voir tomber la charpente.
(Le Canut amoureux)
Tapeur
France, 1907 : Emprunteur.
Il va, il revient, il arpente le trottoir. Il a la guigne aujourd’hui… Celui-ci couperait peut-être dans le pont ? mais quoi ! Il a déjà casqué hier… Il désespère, car il entend partir derrière lui, de toutes les tables, ce mot cruel : Attention ! Voilà le tapeur.
(Jean Richepin)
Train (en)
Rigaud, 1881 : Sur la pente de l’ivresse. Mis en train par la gaieté bachique.
Trèfle
Larchey, 1865 : Anus. — Corruption de trou. — V. Trèpe. — Vise au trèfle : Apothicaire (Vidocq).
Larchey, 1865 : Tabac. — Allusion à la couleur brune de ce fourrage, quand il est sec.
Delvau, 1866 : s. m. Le podex, — dans l’argot des faubouriens. Vise-au-trèfle. Apothicaire.
Rigaud, 1881 : Derrière.
Merlin, 1888 : Tabac.
Fustier, 1889 : Argent monnayé. Argot des gavroches.
Virmaître, 1894 : Tabac (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Tabac.
France, 1907 : Anus.
France, 1907 : Argent. Les nécromants, astrologues et sorciers du moyen âge attribuaient au trèfle de merveilleuses propriétés, entre autres, celle d’annoncer de l’argent. De là à signifier l’argent lui-même, la pente était facile. Cette propriété était surtout celle du trèfle à quatre feuilles : « Celui ou celle qui trouve le trèfle à quatre feuilles, disent les Évangiles des Quenouilles, s’il le garde en révérence, sachiez, pour aussi vray que Évangile, qu’il sera eureux et riche toute sa vie. »
France, 1907 : Tabac.
Qu’on le traitât de grand mac, feignant comme un prêtre, il en riait ; mais qu’on s’amusât à lui fourrer, ainsi qu’on le fit, des paquets de cheveux dans son trèfle, des poignées de roncés dans son pieu de goémon et des cervelas d’étron dans sa soupe, ah ! zut, alors !
(Jean Richepin)
anon., 1907 : Tabac.
Trimancher
anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 / Halbert, 1849 : Cheminer, marcher.
Rigaud, 1881 : Marcher, courir par la ville. Variante de trimer. (L. Larchey)
Virmaître, 1894 : Marcher. Même signification que trimarder (Argot du peuple).
France, 1907 : Marcher, cheminer, arpenter la route ; argot des vagabonds.
Trimardeur
Fustier, 1889 : Voleur de grand chemin. (V. Delvau : Trimar.)
Rossignol, 1901 : Celui qui voyage sur les routes. Celui qui travaille beaucoup est aussi un trimardeur.
France, 1907 : Nomade, vagabond, individu qui marche sur les routes, qui arpente le trimard. Argot populaire.
À côté du premier anarchiste qui est un théoricien pur (Satan), nous voyons apparaître le premier magistrat bourgeois. Le créateur punit sans pitié sa créature pour une pomme volée ! Il condamne l’homme au labeur sans espoir — les travaux forcés à perpétuité, — la femme à l’esclavage, à l’enfantement dans la douleur. Il les chasse, il les exproprie, il requiert la force armée pour les expulser. Regardez Adam fuyant par le monde, nu, sans défense, terrifié sous le glaive flamboyant de l’archange, c’est le premier trimardeur. Il porte l’anarchie en lui à travers l’humanité.
(Flor O’Squarr, Les Coulisses de l’anarchie)
Je sais bien que d’être empereur
Ou seulement roi de Hollande
Ça rapporte plus qu’d’être trimardeur
Ou que d’faire de la contrebande,
Mais c’est égal, j’crois que les pauvres vieux
N’sont plus tout à fait à leur aise
Et que d’puis le p’tit père Louis XVI
C’est un métier qu’est rien dangereux.
(J.-B. Clément)
Tripot
d’Hautel, 1808 : Terme de mépris ; maison de débauche ; académie de jeu.
Battre un homme dans son tripot. Le surpasser, lui en revendre dans les choses qu’il sait le mieux, dans les détails de sa profession.
Halbert, 1849 : Garde de police.
Rigaud, 1881 : Garde municipal. Dérivé, de tripotée.
La Rue, 1894 : Garde municipal. Maison de jeu de dernier ordre.
France, 1907 : Garde municipal ; argot des voleurs.
France, 1907 : Lieu de réunion d’escrocs, de gens mal famés, de tripoteurs.
Le tripot parlementaire dégringole aux extrêmes limites de la déconsidération et du ridicule ; ses conducteurs, ses défenseurs attitrés, ses ministres, au lieu de le retenir sur la pente des chutes, l’y poussent plus avant. La société française est aujourd’hui divisée en deux parties. D’un côté, la nation ; — de l’autre, un millier d’hommes qui prétendent être ses directeurs et ses maîtres. Ils ne se recommandent au pouvoir ni par le prestige du talent, ni par l’intégrité de leur existence ; ils s’y sont juchés sur la lassitude et l’indifférence des électeurs.
Veuve (la)
Delvau, 1866 : La guillotine, — dans l’argot des voleurs qui se marient quelquefois avec elle sans le vouloir. Épouser la veuve. Être guillotiné.
Rigaud, 1881 : Guillotine, — dans l’argot classique des voleurs. — Épouser la veuve, être guillotiné. — Crosser chez la veuve, monter sur l’échafaud.
Virmaître, 1894 : La guillotine (Argot des voleurs).
Rossignol, 1901 : Guillotine. Le guillotiné épouse la veuve.
Hayard, 1907 : La guillotine.
France, 1907 : Commandant en Second de l’École navale ; argot du Borda.
France, 1907 : La guillotine.
Voici encore une tête de tombée, et rien n’est changé pour cela ! La Veuve n’est plus, de loin, qu’un épouvantail à moineaux ; de près, qu’un piédestal, une tribune, un calvaire !
En vérité, je vous le dis, le remède est usé, le remède est infructueux ! Si l’on essayait d’autre chose ; d’un état social plus humain, plus juste ; de concessions à la faim des pauvres ; d’une répartition moins arbitraire des biens — de ce que Jésus le subversif, Jésus le supplicié, appelait simplement l’amour du prochain…
(Séverine)
La Veuve est là, qui guette mon cou lisse…
Par ses cousins je suis déjà saisi,
De froid moins que par la frousse transi,
Je tremble en face la rouge charpente…
Attention ! les aminches, voici
Qu’on va faucher la tête à Mort-au-Pante.
(Tibon, Ballade du Raccourci)
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