Delvau, 1866 : v. a. Recevoir un coup destiné à un autre ; paver pour ceux qui ont oublié leur bourse, argot des faubouriens.
On dit aussi Attraper le haricot ou la fève, — sans doute par allusion au haricot ou à la fève qui se trouve dans le gâteau des rois, et qui met celui à qui elle échoit dans la nécessité de payer sa royauté.
Attraper l’ognon
Braiser
Delvau, 1866 : v. n. Payer, dépenser de la braise. On dit aussi Braisiller.
France, 1907 : Paver.
Crochets
France, 1907 : Dents. Se rincer les crochets, boire ; se faire rincer des crochets, se faire paver à boire.
Empaves
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Draps de lit.
Virmaître, 1894 : Drap de lit.
— Je vais m’empaver dans mon pieu (Argot des voleurs). N.
Pas un rotin (n’avoir)
France, 1907 : D’après un document signé Dubourguier dans l’Écho du Public, l’origine de cette expression viendrait du temps où l’on introduisit en France, pour en faire des cannes, les tiges de rotin ou rotang. Ces cannes solides et peu coûteuses firent fureur. Tout le monde voulait avoir son rotin, et il fallait être bien pauvre pour ne pas se le paver ; d’où l’on a pu dire pour désigner une personne dans la misère : « Elle ne peut même pas avoir son rotin », et, par corruption : « Elle n’a pas un rotin. »
Point d’agent, point de Suisse
France, 1907 : Sans argent on n’a rien. Cette expression remonte aux guerres du Milanais, à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe, où les mercenaires suisses engagés au service de la France s’y retirèrent plusieurs fois faute de solde. « Payez-vous sur l’ennemi », leur disait-on ; en d’autres termes : « Pillez » ; ce que faisaient, du reste, les autres troupes mercenaires ; mais les Suisses répondaient : « Nous ne sommes pas des brigands, mais des soldats. » Les Suisses ont longtemps servi la France. Étant pauvres et leur pays n’offrant que peu de ressources, il se faisaient soldats. Un jour, en présence du colonel du régiment des gardes suisses, Louvois dit à Louis XIV qu’avec l’or et l’argent que les Suisses avaient reçu des rois de France, on pourrait paver une chaussée de Paris à Bâle : « :Cela peut être vrai, répliqua le colonel, mais si l’on pouvait recueillir tout le sang que les soldats de ma nation ont versé pour le service de la France, on pourrait en faire un canal pour aller de Bâle à Paris. »
Devenus vieux et impropres au service, on leur donnait des places de gardiens ou de concierges, d’où l’appellation de suisse appliquée aux portiers des grands hôtels, et au bedeau, armé de la hallebarde et accoutré d’un uniforme militaire, qui orne les cérémonies de l’Église.
Les filles, jouant sur cette expression, disent : « Point d’argent, point de cuisses. »
Quartier (pas de)
France, 1907 : Tuez tout, n’épargnez pas l’ennemi ! Dans Les Origines de quelques coutumes anciennes et plusieurs façons de parler triviales, livre paru à Caen en 1672 l’auteur, de Brieux, dit que cette expression vient de la coutume des Hollandais et des Espagnols de faire payer la rançon d’un officier ou d’un soldat prisonnier d’un quartier de sa solde. Refuser ce quartier, c’était condamner l’adversaire à mort. Littré pense que l’origine ci-dessus n’est pas vraisemblable parce que les intermédiaires manquent, mais il faut se rappeler que les gentilshommes et les officiers se faisaient un point d’honneur d’obéir aux lois de la guerre et eussent été déshonorés s’ils avaient refusé, après quartier, de paver leur rançon ; donner quartier, selon lui, serait recevoir à son logis, à sûreté.
Quæ sunt Cesaris Cesari
France, 1907 : « À César ce qui est à César. » Allusion à la réponse que fit Jésus aux Hérodiens, qui lui demandait s’il fallait paver le tribut.
Retaper le domino (se faire)
Fustier, 1889 : Se faire arranger la denture. On dit aussi Se faire repaver la rue du bec.
Rue du bec
France, 1907 : La denture. Se faire repaver la rue du bec, se faire arranger les dents. On dit aussi : se faire retaper le domino.
Verte
Delvau, 1866 : s. f. Verre d’absinthe, — dans l’argot des absintheurs. Heure où la verte règne dans la nature. Cinq heures du soir.
Rigaud, 1881 : Absinthe. Allusion à la couleur de l’absinthe. Un verre de verte.
La Rue, 1894 : Absinthe. Gonorrhée.
France, 1907 : Absinthe.
Mais la « marmite » a beau « turbiner », la galette manque quelquefois.
Il faut bien se créer d’autres ressources pour faire honneur à ses affaires et se paver sa verte quand on a soif : justement des camarades parlent d’un coup à faire, un pante à dévaliser. Ce sont des anciens, qui n’ont encore que vingt ans et déjà cinq ou six condamnations en correctionnelle.
(Berty, La Nation)
La charmante Fleur-de-Pêché
Dont le front rêveur est penché
Sur une verte,
De ses charmes dus au pastel
Tient sur le boulevard Michel
Boutique ouverte.
(Chanson du Père Lunette)
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