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Bon motif

Larchey, 1865 : « Vous ne savez pas ce que c’est que le bon motif ? — Ah ! vous voulez dire un mariage ? — Précisément. » — Aycard.

Delvau, 1866 : s. m. Mariage, — dans l’argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Mariage, — dans le jargon des bourgeois. Faire la cour pour le bon motif, viser au mariage.

Ce ne peut pas être pour le bon motif.

(E. Augier, Les Fourchambault, 1878)

France, 1907 : Mariage. Courtiser pour le bon motif, expression populaire et bourgeoise, comme si les unions libres étaient nécessairement pour un mauvais motif.

— Tu sais, ma fille, pas de ça ! Ton nom n’est pas effacé des registres, et du jour où je te pince avec Casimir, tu pourras faire ton paquet pour chez la mère Lefèvre.
Mademoiselle Juliette se le tint pour dit, et, douée d’un esprit pratique, elle arrêta le gendarme au troisième baiser, en lui demandant si c’était pour le bon motif, et, sur sa réponse affirmative, on alla jusqu’au dernier mot de la conversation intime.
— Bon motif ? s’écria Fumeron, excellent ; pas de meilleur !

(Hector France, Marie Queue-de-Vache)

Ça (pas)

Rigaud, 1881 : Rien, pas le sou. — La locution se souligne en faisant claquer l’ongle du pouce sur une des dents de devant. — C’est un peu ça ! c’est très bien. — Comme c’est ça ! comme c’est vrai, comme c’est naturel ! — Pas de ça ! pas de plaisanteries, ne nous émancipons pas ! — dans le jargon des Lucrèces de boutique.

Carton (homme de)

France, 1907 : Homme sans valeur ou sans argent, sur lequel on ne peut compter.

Alice — Crois-tu qu’il ait des monacos ?
Maria — Oui, il a l’air cossu.
Alice — Il n’est pas de carton, enfin.

(Ces dames du Casino)

Soldat de carton, mauvais soldat.

Chaloupe (faire la)

Rigaud, 1881 : Exécuter un pas de cancan à l’aide d’un tangage furieux du train de derrière.

Vous faites la chaloupe, et c’est une variété du cancan.

(Physiologie du Carnaval, 1842)

Goulée

d’Hautel, 1808 : Ce qui peut tenir dans la bouche ; grosse bouchée.
Ce plat ne lui feroit qu’une goulée. Se dit d’un homme qui mange de très-gros morceaux à la fois.

Delvau, 1866 : s. f. Bouchée de viande ou cuillerée de soupe.

France, 1907 : Bouchée.

— Pas de ça, hein ? dit-elle… Mais comme elle tournait la tête vers lui, riant de la chatouille que cette bouche vorace lui glissait sur la peau, il sauta à ses joues, lui mangea la pourpre chaude de ses lèvres d’une goulée.

(Camille Lemonnier, Happe-Chair)

Lisette ! (pas de ça !)

France, 1907 : Non, il ne faut pas le faire ; je m’y oppose. Cette expression est déjà ancienne et se trouve, suivant Lorédan Larchey, dans une brochure, L’Âne promeneur, publié en 1786.

Nisco

M.D., 1844 : Non.

France, 1907 : Non ; du vieux français nis, pas un ; en allemand, nicht.

Elle allait, il est vrai, lui faire visite presque chaque soir, lorsqu’il était de séjour à Paris, et cet auguste personnage daignait alors lui octroyer assez fréquemment la permission de passer la nuit sous son toit, l’admettre aux honneurs de sa couche ; mais, de vie commune, de collage, nisco ! pas de ça, Lisette.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Et tu m’abandonnes pour cette Limousine, pour cette paysanne, pour ce paquet ?…
— Je t’aime toujours.
— Oui, tu aimes mon chic, ma distinction, la manière dont je porte la toilette, mais Francisquine, mais la femme ? Nisco !…

(Dubut de Laforest, Angela Bouchaud)

Panne

d’Hautel, 1808 : Il a deux doigts de panne. Se dit en plaisantant d’un homme qui est extrêmement gras.

Larchey, 1865 : Misère.

Il est dans la panne et la maladie.

(Ricard)

Delvau, 1866 : s. f. Misère, gène momentanée, — dans l’argot des bohèmes et des ouvriers, qui savent mieux que personne combien il est dur de manquer de pain.

Delvau, 1866 : s. f. Rôle de deux lignes, — dans l’argot des comédiens qui ont plus de vanité que de talent, et pour qui un petit rôle est un pauvre rôle. Se dit aussi d’un Rôle qui, quoique assez long, ne fait pas suffisamment valoir le talent d’un acteur ou la beauté d’une actrice.

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui n’a pas un sou vaillant, — dans l’argot des filles, qui n’aiment pas ces garçons-là.

Rigaud, 1881 : Grande misère ; ruine complète.

Ce fut alors, madame Alcide, que commença votre grande panne.

(Ed. et J. de Goncourt)

Ils sont tournés comme Henri IV sur le Pont-Neuf et m’font l’effet de n’son-ger qu’à faire la noce, au risque d’être dans la panne et de se brosser le ventre après.

(É. de La Bédollière, Les Industriels)

En terme de théâtre, bout de rôle.

Plus de rôles à jambes, et une panne de dix lignes dans ta nouvelle féerie !… Ah ! Ernest, vous ne m’aimez plus.

(J. Pelcoq, Petit journal amusant)

Il faut vous dire que tous mes camarades, étant jaloux de moi, s’arrangeaient de manière à avoir les bons rôles, tandis que moi, on me donnait les pannes… les bouche-trous !…

(P. de Kock, Le Sentier aux prunes)

En terme d’atelier, mauvais tableau.

Qu’est-ce que c’est que cette panne ? C’est assez mal léché ! merci.

(J. Noriac, Têtes d’artistes)

La Rue, 1894 : Gêne, misère. Bout de rôle au théâtre.

France, 1907 : Actrice, où plutôt cabotine à qui l’on ne confie que des bouts de rôle, que des pannes. Georges Ben a fait sur elles une chanson dont voici quelques vers :

Dans les coulisses, d’un pas lent,
Ell’s se promen’nt en somnolant,
Les pannes,
Ou bien ell’s dorm’nt ou bien encore
Ell’s regard’nt poser les décors,
Les pannes.
Ell’s attend’nt, en croquant l’marmot,
L’occasion de placer leur mot,
Les pannes.

France, 1907 : Fanon du bœuf.

France, 1907 : Mauvais tableau vendu bien au delà de sa valeur ; argot des brocanteurs.

Le brocanteur avait groupé un ramassis d’objets tarés, invendables… — Vous m’entendez, vieux, pas de carottes, pas de pannes ! La dame s’y connaît.

(Alphonse Daudet, Les Rois en exil)

France, 1907 : Pauvreté. « Tomber dans la panne. » Du vieux français panne, haillon.

Quand il n’y a plus de son, les ânes se battent, n’est-ce pas ? Lantier flairait la panne ; ça l’exaspérait de sentir la maison déjà mangée.

(Émile Zola, L’Assommoir)

France, 1907 : Rôle insignifiant ; argot théâtral.

Une panne ? Je n’ai jamais très bien compris le sens de ce mot-là. J’ai toujours cru — suis-je assez sot ! — qu’au théâtre il y avait de petits artistes et non pas de petits rôles.
Je me souviens d’un acteur, dont le nom m’échappe en ce moment, qui n’avait que quelques lignes à dire dans la Mort du duc d’Enghien, de M. Hennique. Il eut, en dépit de cette panne, un triomphe le soir de la première représentation.

(Pierre Wolff)

France, 1907 : Situation difficile, comme celle d’un navire qui ne peut plus avancer. Argot des marins. « Être en panne, rester en panne. »

— Amen ! répondit le matelot, mais sans vouloir vous fâcher, la mère, m’est avis que les saints, les anges et le bon Dieu nous laissent joliment en panne depuis quelque temps.

(Jean Richepin, La Glu)

Pas de ça, Lisette !

Larchey, 1865 : Formule négative due sans doute à la vogue de cette chanson connue : Non ! non ! vous n’êtes plus Lisette, etc.

Un jeune drôle fait la cour à ma nièce… pas de ça, Lisette !

(Ricard)

Delvau, 1866 : Formule de refus ou de négation, — dans l’argot du peuple, qui connaît son Béranger.

France, 1907 : Formule de négation ou de refus.

Elle les connaissait maintenant, les hommes. Tous des égoïstes et des trahisseurs. Encore un amant, pour qu’il vous plante là, quand il en aura assez, n’est-ce pas ? Et peut-être avec un second bébé. Pas de ça, Lisette !… D’ailleurs, elle ne pensait plus à la bagatelle. Fini, l’amour. La maternité l’avait calmée, assagie.

(François Coppée, Le Coupable)

Passé singe

France, 1907 : Fin matois, rusé, qui ne se laisse pas prendre ; argot populaire.

— Pas de ça, Lisette ! casquez d’abord. Je vous connais, vous êtes marlou, mais je suis passé singe.

(Mémoires de Vidocq)

Plat du jour

Rigaud, 1881 : « Il n’est pas de cabaret où il ne se confectionne chaque jour ce que le restaurateur appelle dans son argot un plat du jour, c’est-à-dire un plat humain, possible, semblable à la nourriture que les hommes mariés trouvent chez eux ; un plat, enfin, que l’on peut manger sans en mourir. » (Th. de Banville, La Cuisinière poétique)

Virmaître, 1894 : Femme nouvelle servie aux habitués des maisons de rendez-vous avant qu’elle ne serve au public (Argot des filles). N.

France, 1907 : Nouvelle arrivée dans une maison de tolérance que la matrone offre aux clients habituels, aux gros bonnets de la localité avant de l’exposer au salon ; argot des filles.

Taper

d’Hautel, 1808 : Taper de l’œil. Pour dire, se laisser aller au sommeil ; dormir profondément.
Taper. Pour, répliquer ; riposter avec vivacité.
Voilà un mot bien tapé, une réponse bien tapée. Pour dire, bien appliquée ; une riposte vive et piquante.
Taper. Pour, battre, talocher, cogner ; châtier quelqu’un.

un détenu, 1846 : Fermer, frapper. Taper le chasse : fermer l’œil, c’est-à dire dormir.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Permolere uxorem, quamlibet aliam, — dans l’argot des typographes.

Delvau, 1866 : v. a. Demander de l’argent, — dans l’argot des ouvriers. Taper son patron de vingt francs. Lui demander une avance d’un louis.

Delvau, 1866 : v. a. Frapper, battre.

Delvau, 1866 : v. n. Prendre sans choisir, — dans l’argot des faubouriens. Taper dans le tas. Prendre au hasard dans une collection de choses ou de femmes. Taper sur les vivres. Se jeter avec avidité sur les plats d’une table ; manger gloutonnement. Taper sur le liquide. S’empresser de boire.

Rigaud, 1881 : Emprunter. Pour certaines gens, une demande d’argent à laquelle ils ne peuvent se soustraire équivaut à un coup qui les frappe… d’épouvante ; de là taper.

Il songea un instant à taper Théophile, mais il était déjà son débiteur de dix louis.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Rigaud, 1881 : Étourdir, porter au cerveau. — Le vin tape sur la coloquinte.

Rigaud, 1881 : Séduire à première vue une femme. — Elle est tapée, elle en tient. C’est une abréviation de taper dans l’œil, mais applicable seulement a une femme.

La Rue, 1894 : Séduire. Étourdir. Emprunter.

Virmaître, 1894 : Taper quelqu’un, lui emprunter de l’argent. On lui refuse en lui disant également :
— Tu peux te taper.
Synonyme de : Tu peux te fouiller (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Emprunter.

Je n’ai pas d’argent, je vais taper mon ami pour qu’il m’en prête.

France, 1907 : Emprunter, généralement pour ne pas rendre ; argot populaire.

Le clergé catholique est passé maître dans l’art et dans la pratique de la mendicité. Il n’y a pas de cabotin, pas de charlatan qui sache aussi habilement que lui, soutirer pour la faire passer dans sa propre escarcelle, la bonne « galette » de ses contemporains.
Depuis vingt ans, les marchands d’oremus de la butte Montmartre ont trouvé le moyen de se faire donner par les « gogos » de l’Église romaine un nombre respectable de millions pour la construction de l’innommable bâtisse qu’ils ont consacrée au culte du sacré viscère de Jésus.
Chaque jour ce sont de nouvelles souscriptions que les frocards séculiers ou réguliers font circuler, dans toute la France, sous les prétextes les moins justifiés. Et il faut croire que le nombre des naïfs, qui se laissent taper par ces quémandeurs, est considérable, puisque leurs appels sont généralement couronnés de succès et que jamais on n’a élevé plus de chapelles et d’églises catholiques que depuis une quinzaine d’années.

(La Lanterne)

France, 1907 : Enivrer. On dit généralement taper sur la boule : « Ce vin gris qui se laisse boire comme du petit-lait, tape joliment sur la boule. »

Touche de piano

France, 1907 : Dent longue et jaune et, par extension, dent.

— Attention au mouvement… Ne craignez pas de casser vos touches de piano sur les côtelettes des patates.

(Dubois de Gennes)

Vivre aux crochets de quelqu’un

France, 1907 : Vivre à son compte, à ses dépens. Se faire héberger, se faire entretenir.

— Vous n’avez jamais travaillé sérieusement. Vous aviez une sœur danseuse à la Porte-Saint-Martin, morte il y an environ trois mois dans de tragiques circonstances.
— Me parlez pas de ça, mon magistrat, vous me feriez verser toutes les larmes de mon corps.
— Vous vivier à ses crochets.
— C’était par esprit de famille.

(Simon Boubée, Le Testament d’un martyr)

— Si tu savais comme c’est un homme léger ! Il ne va voir ses électeurs que six mois après leur mort. On le dit à qui veut l’entendre dans le quinzième arrondissement, où on ne le connait pour ainsi dire pas. Il est bon pour faire la noce et vivre à tes crochets.

(Edgar Monteil, Le Monde officiel)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique