Fustier, 1889 : Argot de cercle. Voler ou tricher au jeu. (V. Revers.)
Adjuger une banque à un opérateur
Banquiste
Halbert, 1849 : Opérateur.
Delvau, 1866 : s. m. Charlatan ; chevalier d’industrie ; faiseur. Argot du peuple.
Rigaud, 1881 : Saltimbanque. Tout individu dont le commerce n’est établi qu’en vue de faire des dupes est un banquiste. Le grand rendez-vous des banquistes est à la Bourse.
La Rue, 1894 : Saltimbanque. Escroc. Compère, complice.
Virmaître, 1894 : Charlatan. Tous ceux qui fardent la vérité sont des banquistes, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent. Tous les banquistes ne sont pas sur des tréteaux (Argot du peuple).
France, 1907 : Charlatan, faiseur, chevalier d’industrie.
Les scandales qui se succèdent dans les assemblées municipales, montrent la légèreté de certains choix populaires. Les suffrages sont escamotés par des banquistes, promettant au peuple plus de beurre que de pain et qui ne songent qu’à faire de leur mandat un instrument d’industries obliques et de spéculations inavouables.
(Henry Bauër, La Ville et le Théâtre)
Cabot, cabotin
Rigaud, 1881 : Acteur sans talent et sans dignité. D’après M. Ed. Fournier, Cabotin était le nom d’un célèbre opérateur nomade, qui, en même temps que tous les gens de son métier, était, tout ensemble, imprésario et charlatan, vendait des drogues et jouait des farces. (Chanson de Gauthier-Garguille, préface.)
Étalage (vol à l’)
Rigaud, 1881 : Il faut être deux pour opérer et choisir le moment où un marchand est seul dans sa boutique. L’un des voleurs s’empare de quelques objets à l’étalage et se sauve ; après quoi le compère entre, prévient le marchand et lui désigne un paisible promeneur. Tandis que le boutiquier court après le promeneur, le compère, à son tour, fait son choix et se sauve. Ce genre de vol a reçu encore le nom de vol à la carambole, c’est-à-dire vol au carambolage.
France, 1907 : Dans Paris voleur, Pierre Delcourt en donne ainsi l’explication :
Vol banal, dans toute l’acception du mot, le développant que très peu les facultés intellectuelles de l’opérateur, ne demandant même pas de l’habileté, n’exigeant que peu d’audace. Il suffit au « désœuvré » stationné devant l’étalage d’un magasin, de profiter d’une distraction du marchand ou de son commis, d’abaisser la main, au hasard, sur un objet quelconque et de l’enlever ; cela se fait aisément, à Paris, où les étalages sont à la portée des doigts, s’offrent irrésistiblement à la cupidité du voleur sans cesse mis à l’aise par le défaut de surveillance des propriétaires ou des gardiens de la marchandise.
Nonne, nonneur
Rigaud, 1881 : Compère qui assiste le voleur à la tire, soit en bousculant l’individu bon à voler, soit en recevant l’objet volé.
La Rue, 1894 : Compère du voleur à la tire.
France, 1907 : Complice d’un pick-pocket. La nonne mâle ou femelle s’approche de la victime choisie dans une foule et la presse tant qu’elle peut. Pendant ce temps, le pick-pocket opère et passe rapidement le produit du vol à un troisième larron appelé coqueur, de sorte que si le volé accuse ceux qui le pressaient, on ne puisse rien trouver sur eux.
Les voleurs ont appelé main celui qui prend les porte-monnaie. Les aides s’appellent nonnes ; ce sont les élèves, les coassociés, les factotums, les complices. Ils doivent, pendant l’exécution, et cela est capital, se placer entre la main et la foule. C’est une garantie de sécurité. Ils ont pour mission, d’abord, de faire le guet pour reconnaitre les agents, puis de disposer la victime choisie pour la plus grande commodité de la main, soit en la poussant plus ou moins fort, soit en attirant son attention du côté opposé à l’opérateur… S’il est découvert, les nonnes viennent à son secours et cherchent à le dégager avant l’arrivée de la police…
Si la main est saisie par un agent inexpérimenté, elle fait valoir son innocence, et comme les pièces à conviction sont parties avec les nonnes, cela le désoriente. Il craint une erreur qui peut le compromettre, le faire punir ou révoquer.
(G. Macé, Un Joli Monde)
Opérateur
Rigaud, 1881 : Bourreau.
France, 1907 : Bourreau ; argot des voleurs.
France, 1907 : Charlatan, dentiste ambulant, marchand d’orviétan.
Sauter
d’Hautel, 1808 : Faire sauter les miettes. Manger avec un grand appétit, avec avidité, mettre les morceaux doubles.
Reculer pour mieux sauter. Temporiser, éviter momentanément un malheur qu’on ne peut fuir, et dont tôt ou tard on doit être victime.
Cela le fera sauter au plancher, le fera sauter comme un crapaud. Pour exprimer le mécontentement que quelqu’un manifestera, en apprenant une nouvelle.
Faire sauter quelqu’un. Pour dire le supplanter, lui ravir son emploi, ou le bénéfice qu’il attendoit ; son salaire.
anon., 1827 : v. a. Voler.
anon., 1827 : v. n. Puer.
Bras-de-Fer, 1829 : v. a. Voler.
Bras-de-Fer, 1829 : v. n. Puer.
Vidocq, 1837 : v. a. — Cacher à ses camarades une partie du vol qui vient d’être commis. Lorsque les voleurs se disposent à commettre un vol d’une certaine importance, ceux d’entre eux qui doivent rester en gafe, c’est-à-dire veiller, afin que ceux qui opèrent ne soient pas inquiétés, doivent craindre que ceux qui entolent (qui entrent), ne gardent pour eux la plus grande partie des objets précieux ; aussi ils se fouillent mutuellement après la consommation du vol, quelquefois cependant des billets de banque, des pierres précieuses, cachés dans le collet d’un habit ou dans quelqu’autre lieu secret, échappent aux plus minutieuses recherches ; c’est ce que les voleurs appellent faire le Saut.
Un vol, indiqué par la femme de chambre, devait être commis dans une maison sise place des Italiens. ; les voleurs convinrent entre eux que pour que l’esgard ne fût pas fait, les vêtemens de tous les opérateurs seraient brûlés aussitôt après la consommation du vol, ce qui fut exécuté ; cependant un individu nommé Dubois, ancien marinier, esgara vingt billets de 1,000 francs, en les cachant dans sa queue.
On a vu souvent des Tireurs voler une montre d’or et ne passer au Coqueur qu’une montre de crisocal.
Halbert, 1849 : v. a. Voler.
Halbert, 1849 : v. n. Puer.
Larchey, 1865 : Cacher un produit de vol à ses complices. — Sauter à la capahut : Assassiner un complice pour enlever sa part (Vidocq). V. Capahuter, Pas.
Sauterelle : Puce (id.). — Ses sauts sont connus.
Delvau, 1866 : v. n. Cacher le produit d’un vol à ses complices, — dans l’argot des prisons. Sauter à la capahut. Assassiner un complice pour lui enlever son fade.
Rigaud, 1881 : Sentir mauvais.
France, 1907 : Coïter.
France, 1907 : Sentir mauvais, augmentatif de danser.
Tirer
d’Hautel, 1808 : Tirer la latte, la ligousse. Pour dire se battre à coup de sabre ou avec une arme quelconque.
Faire tirer bouteille Aller au cabaret, se faire apporter une bouteille de vin.
Tirer sa révérence. Se retirer d’un lieu.
On dit dans le même sens, rengaîner son compliment.
Tirer au mur. Expression basse et triviale, qui signifie être obligé de se passer d’une chose sur laquelle on faisoit fonds, comme lorsqu’on a été oublié dans une distribution.
Tirer son pied. Marcher avec peine, être fatigué.
Tirer le poil. Pour dire, faire financer quelqu’un, lui excroquer de l’argent.
Cette comparaison est tirée aux cheveux. Pour dire n’est pas naturelle, est forcée.
Être à couteau tiré avec quelqu’un. Pour, être continuellement en querelle, avoir de l’animosité contre lui.
Delvau, 1864 : Baiser une femme.
Et dans les bois, je savait la tirer.
(É. Debraux)
Aimes tu mieux en gamine
Tirer le coup du macaron ?
(Saunière)
Montrez à ma mère
Tout votre savoir,
Elle va vous faire
Tirer dans le noir.
(Les Archers de l’amour.)
À ce prix-là, dans toute la boutique
De faire un choix j’eus la permission,
Et je montai pour tirer une chique…
(Chanson anonyme moderne)
— Je vais tirer mon coup, ma crampe, ou bien ma chiqué,
Dit un futur Gerbier.
(L. Protat)
Réclamant aux vieillards libidineux ses gants,
Et tirant tous les jours des coups extravagants.
(A. Glatigny)
J’ vois que vous y prenez goût.
Mais je n’ tir’ jamais qu’un coup.
(F. De Calonne)
Delvau, 1866 : v. a. Peindre, spécialement le portrait, — dans l’argot du peuple.
Rigaud, 1881 : Avoir peu de temps à rester au régiment. Mot à mot : tirer à la fin du service militaire.
Rigaud, 1881 : Subir une condamnation. — Combien que tu tires ? par abréviation pour : combien tires-tu de longes ?
Rigaud, 1881 : Tirer à la conscription, — dans le jargon du peuple.
Rigaud, 1881 : Tirer une carte ou demander une carte au jeu de baccarat.
Rigaud, 1881 : Voler à la tire.
Boutmy, 1883 : v. intr. Mettre sous presse, imprimer. Ce mot, en ce sens, vient sans doute de l’opération nécessitée par l’impression au moyen des presses manuelles, opération dans laquelle l’imprimeur tire, en effet, le barreau.
Hayard, 1907 : Faire, (se) partir.
France, 1907 : Faire.
M. Lucien Descaves, qui a tiré cinq ans, comme on dit, a souffert de la vie de caserne jusqu’au plus intime de lui-même et il a exhalé, dans un livre douloureux, grave à la manière noire, ses colères, ses rancunes et ses rancœurs longtemps comprimées.
(Georges Forgues, La Nation)
À tirer, à faire. Temps à tirer, temps à faire.
Les images guerrières, chromolithographies ou souvenirs des derniers Salons, habillaient ses évocations de leurs réminiscences signées de Neuville, signées Detaille. Toutefois il s’en voulait, se jugeait bête. Qu’est-ce que cela lui faisait ? Il allait s’emballer, pas vrai, trouver ça empoignant ? Oh ! l’imbécile !… Et ses cinq ans à tirer ?… Cinq ans !
(Paul Bonnetain, Le nommé Perreux)
Se tirer, se passer, s’accomplir.
Ainsi, douc’ment le congé se tire ;
Il passe ensuit’ sergent-major,
Son successeur, pas b’soin d’le dire,
Ratiboisera plus encor.
(Griolet)
France, 1907 : Photographier ; argot populaire.
Le festin s’fit chez l’pèr’ Latrouilles,
Un restaurant des mieux notés ;
On a mangé vingt-cinq andouilles,
Autant d’andouill’s que d’invités.
Après l’repas, le photographe
Nous tire en groupe… Ah ! quel tableau !
À sa vue on s’tord, on s’esclaffe ;
Ah ! Minc’ que’c’était rigolo !
(Jeanne Bloch)
Se faire tirer, se faire photographier. Les ouvriers et les campagnards emploient cette expression pour toute espèce de portraits.
Jean-Yves portait an cou, avec son scapulaire, un portrait de Maria. C’était une de ces photographies larges comme deux ongles que des opérateurs forains exécutent à la minute sur des petites plaques de métal. Maria s’était fait tirer le jour du Pardon.
(Hugues le Roux)
Tireur
Ansiaume, 1821 : Filoux.
Il y a là deux tireurs qui nous entravent, décarrons de rif.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Filou.
Vidocq, 1837 : Le vol à la Tire est très-ancien, et a été exercé par de très-nobles personnages, c’est sans doute pour cela que les Tireurs se regardent comme faisant partie de l’aristocratie des voleurs et membres de la Haute Pègre, qualité que personne au reste ne cherche à leur refuser.
Le Pont-Neuf était autrefois le rendez-vous des Tireurs de laine ou manteaux, et des coupeurs de bourse, qu’à cette époque les habitans de Paris portaient suspendue à la ceinture de cuir qui entourait leur corps. Ces messieurs, qui alors étaient nommés Mions de Boulles, ont compté dans leurs rangs le frère du roi Louis XIII, Gaston d’Orléans ; le poète Villon, le chevalier de Rieux ; le comte de Rochefort ; le comte d’Harcourt, et plusieurs gentishommes des premières familles de la cour ; ils exerçaient leur industrie à la face du soleil, et sous les yeux du guet qui ne pouvait rien y faire. C’était le bon temps ! Mais maintenant les grands seigneurs qui peuvent puiser à leur aise dans la caisse des fonds secrets, ce qui est moins chanceux et surtout plus productif que de voler quelques manteaux rapés ou quelques bourses étiques, ont laissé le métier aux manans ; et, à l’heure qu’il est, grâce à l’agent Gody, ces derniers sont très-souvent envoyés en prison par leurs compagnons d’autrefois.
Les Tireurs sont toujours bien vêtus, quoique par nécessité ils ne portent jamais ni cannes ni gants à la main droite ; ils cherchent à imiter les manières et le langage des hommes de bonne compagnie, ce à quoi quelques-uns d’entre eux réussissent parfaitement. Les Tireurs, lorsqu’ils travaillent, sont trois ou quelquefois même quatre ensemble ; ils fréquentent les bals, concerts, spectacles, enfin tous les lieux où ils espèrent rencontrer la foule. Aux spectacles, leur poste de prédilection est le bureau des cannes et des parapluies, parce qu’au moment de la sortie il y a toujours là grande affluence ; ils ont des relations avec presque tous les escamoteurs et chanteurs des rues qui participent aux bénéfices de la Tire.
Rien n’est plus facile que de reconnaître un Tireur, il ne peut rester en place, il va et vient, il laisse aller ses mains de manière cependant à ce qu’elles frappent sur les poches ou le gousset dont il veut connaître approximativement le contenu. S’il suppose qu’il vaille la peine d’être volé, deux compères que le Tireur nomme ses Nonnes ou Nonneurs, se mettent chacun à leur poste, c’est-à-dire près de la personne qui doit être dévalisée. Ils la poussent, la serrent, jusqu’à ce que l’opérateur ait achevé son entreprise. L’objet volé passe entre les mains d’un troisième affidé, le Coqueur, qui s’éloigne le plus vite possible, mais, cependant sans affectation.
Il y a parmi les Tireurs des prestidigitateurs assez habiles pour en remontrer au célèbre Bosco, et les grands hommes de la corporation sont doués d’un sang-froid vraiment admirable. Qu’à ce sujet l’on me permette de rapporter une anecdote bien ancienne, bien connue, mais qui, cependant, est ici à sa véritable place.
Toute la cour de Louis XIV était assemblée dans la chapelle du château de Versailles ; la messe venait d’être achevée, et le grand roi, en se levant, aperçut un seigneur qui tirait de la poche de celui qui était placé devant lui une tabatière d’or enrichie de diamans. Ce seigneur, qui avait aperçu les regards du roi attachés sur lui, lui adressa, accompagné d’un sourire, un signe de la main pour l’engager à se taire. Le roi, qui crut qu’il s’agissait seulement d’une plaisanterie, lui répondit par une inclination de tête qui pouvait se traduire ainsi : Bon ! Bon ! Quelques instans après, celui qui avait été volé se plaignit ; on chercha l’autre seigneur, mais ce fut en vain. « Eh ! bon Dieu, dit enfin le roi, c’est moi qui ai de servi de compère au voleur. »
Il y avait entre les Tireurs du moyen-âge beaucoup plus d’union qu’entre ceux de notre époque. Ils avaient, pour n’être point exposés à se trouver en trop grand nombre dans les lieux où ils devaient opérer, imaginé un singulier expédient. Le premier arrivé mettait dans une cachette convenue, un dé qu’il posait sur le numéro un, le second posait le dé sur le numéro deux, et ainsi de suite jusqu’à ce que le nombre fût complet. Bussi Rabutin, qui rapporte ce fait dans ses Mémoires secrets, ajoute que plusieurs fois il lui arriva de retourner le dé qui était sur le numéro un, pour le mettre sur le numéro six, ce qui, dit-il, empêcha que beaucoup de personnes fussent volées.
Méfiez-vous, lecteurs, de ces individus qui, lorsque tout le monde sort de l’église ou du spectacle, cherchent à y entrer ; tordez le gousset de votre montre, n’ayez jamais de bourse, une bourse est le meuble le plus inutile qu’il soit possible d’imaginer, on peut perdre sa bourse et par contre tout ce qu’elle contient ; si, au contraire, vos poches sont bonnes vous ne perdrez rien, et dans tous les cas la chute d’une pièce de monnaie peut vous avertir du danger que courent ses compagnes. Ne mettez rien dans les poches de votre gilet, que votre tabatière, que votre portefeuille soient dans une poche fermée par un bouton, que votre foulard soit dans votre chapeau, et marchez sans craindre les Tireurs.
Clémens, 1840 : Voleur de bourse.
Larchey, 1865 : Voleur à la tire, dont la spécialité est de tirer, dans la foule, ce que contiennent les poches des voisins.
Delvau, 1866 : s. m. Pick-pocket.
Rigaud, 1881 : Voleur à la tire.
La Rue, 1894 : Voleur à la tire, pick-pocket.
France, 1907 : Voleur à la tire.
Vol au vent
Vidocq, 1837 : s. f. — Plume.
France, 1907 : Variété pittoresque de vol qui l’on trouvera décrite par E. Frébault dans les lignes suivantes : « L’opérateur choisit son sujet parmi les passants qui n’ont pas leur chapeau bien assujetti sur la tête. Il s’élance alors vers lui, le heurte, reçoit son couvre-chef entre les mains et le lui rend avec un gracieux sourire. Pendant que le monsieur se confond en remerciements, l’escroc lui fait son porte-monnaie avec une adresse exquise. »
Argot classique, le livre • Telegram