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Batterie

Vidocq, 1837 : s. m. ab. — Mensonge, patelinage.

Larchey, 1865 : Mensonge (Vidocq). — Allusion aux batteries d’artillerie dont le jeu est souvent caché. On dit de même usuellement démasquer ses batteries — Un faiseur de batteries s’appelle un batteur. Battre : Contrefaire, mot à mot : faire une batterie. — Ce verbe a un peu le même sens dans l’expression actuelle : battre froid. Battre job, battre comtois : Faire le niais (Vidocq). — V. Job, comtois. — Battre morasse : Crier à l’aide, mot à mot : crier à la mort, à l’assassin. — Battre a un autre sens dans Battre son quart (V. Quart), et Battre sa flème : Ne rien faire. — Il a ironiquement le sens actif.

Delvau, 1866 : s. f. Coups échangés, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Batture.

Delvau, 1866 : s. f. Menterie, — dans le même argot [des faubouriens]. Batterie douce. Plaisanterie aimable.

France, 1907 : Mensonge, même sens que battage : du vieux mot baster, tromper. Batterie de cuisine, les dents, la langue, le palais, le gosier, enfin tout l’attirail qui sert à déguster les mets.

Battre morasse

Bras-de-Fer, 1829 : Crier au secours.

Vidocq, 1837 : v. a. — Crier au voleur.

Delvau, 1866 : v. n. Crier au voleur, pour empêcher le volé d’en faire autant. Argot des prisons.

Malheureux (être)

Virmaître, 1894 : C’est l’état de pauvreté, en français. En typographie, cette expression a une autre signification. Dans une équipe, chacun, à tour de rôle, a son tour de malheureux, la liste en est affichée dans l’atelier de composition. Les malheureux restent après les autres pour corriger, faire les morasses et serrer les formes (Argot d’imprimerie). N.

Malheureux (tour de)

Boutmy, 1883 : Expression récemment introduite dans les journaux et qui est synonyme de Morassier. (V. Morasse et Morassier.)

France, 1907 : Se dit des ouvriers typographes qui restent après les autres pour corriger la morasse ou épreuve faite à la brosse d’une page de journal avant le serrage définitif de la forme. Voir Morasse et Morasser.

Masse

d’Hautel, 1808 : C’est une grosse masse. Se dit par mépris d’une femme toute ronde, sans grace ni tournure.

Delvau, 1866 : s. f. Grande quantité de gens ou de choses, — dans l’argot du peuple. En masse. En grand nombre, en grande quantité.

La Rue, 1894 : Travail. Masser, travailler dur.

France, 1907 : Produit du travail d’un condamné qu’on lui remet à sa sortie de prison.

Avec les quelques louis de sa masse, il s’acheta des vêtements convenables, — pas de luxe inutile, des habits qui passent sans qu’on les voie, — partit pour l’Allemagne, se trouva, quatre jours après le levé d’écrou, aux environs d’Ober-Ursel, attendit le soir dans une auberge de la route.

(Catulle Mendès, La Vie et la Mort d’un clown)

France, 1907 : Somme placée par un joueur sur le tapis.

Quatre coups, masse en avant, il gagna, et fit sauter la banque qui, d’ailleurs, n’était pas considérable. Sans plus attendre, il se leva, empocha son gain et prit la porte : mais, sur son passage, il eut le temps d’entendre Philippe Marnier, le banquier décavé, qui murmurait rageusement : « Il est cocu, cet oiseau-là ! »

(Maurice Montégut)

Croupier, au lieu d’bourrer ta pipe,
Si le banquier est un bon type,
Bourre le trou, ta valade aussi,
Surtout sans fair’ bonnir un cri…
Si ton voisin battait morasse,
Plaque-lui deux sigs dans sa masse,
S’y r’naude envoie-le lascailler,
Cesse d’bourrer pour… étouffer.

(Hogier-Grison, Pigeons et Vautours)

France, 1907 : Somme versée autrefois au compte du soldat. Avoir la masse complète, posséder une bourse bien garnie ; expression militaire.

Morasse

Delvau, 1866 : s. f. Dernière épreuve d’un journal, — dans l’argot des typographes, qui savent mieux que personne être moracii, c’est-à-dire en retard, morari.

Rigaud, 1881 : Épreuve d’une page entière de journal tirée à la brosse sur la forme. — Il y a la une, la deux, la trois et la quatre. Vient de : moratio, retard, attente, en latin, parce qu’on attend avec impatience la morasse pour quitter le journal, ou encore parce que la morasse se fait souvent attendre.

Boutmy, 1883 : s. f. Épreuve faite à la brosse d’une page de journal avant le serrage définitif de la forme. Se dit aussi des ouvriers qui restent pour corriger cette épreuve et qui attendent pour partir que le journal soit prêt à être mis sous presse, et aussi du temps pendant lequel ils attendent. Morasse vient d’un mot latin : mora, retard.

La Rue, 1894 : Inquiétude, danger, remords. Battre morasse, crier à l’assassin.

France, 1907 : Ennui, tourments. Avoir la morasse ; être dans la morasse.

France, 1907 : Épreuve d’imprimerie tirée avant l’arrangement final de la mise en pages ; de morari, être en retard.

Morasse (battre)

Larchey, 1865 : Crier à l’assassin. V. Battre.

France, 1907 : Crier à l’assassin.

Morasse, morace, moresque

Rigaud, 1881 : Danger ; ennui. — Battre morace, crier à l’assassin, crier au voleur.

Morassier

Boutmy, 1883 : s. m. Celui qui fait partie de la morasse.

France, 1907 : Ouvrier typographe qui fait le tirage de la dernière épreuve avant la mise sous presse.

Moresque

Vidocq, 1837 : s. m. — Danger.

(Le Jargon, ou Langage de l’Argot moderne)

France, 1907 : Danger, peur ; corruption de morasse.

— Oh ! c’est que nous avons eu la moresque d’une fière force : je sais bien que quand je m’ai senti les verts au dos, le treffe me faisait trente et un.
Les « verts » étaient les fantassins de la garde de Paris, dont uniforme était vert.

(Marc Mario et Louis Launay)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique