France, 1907 : Taquiner.
Aguigner
Barguigner
d’Hautel, 1808 : Chipoter, tracasser, marchander ; avoir de la peine à se déterminer ; hésiter sur la conclusion d’une affaire.
Barguigneur
d’Hautel, 1808 : Qui hésite, qui n’est pas sûr de son fait ; tracassier, chicaneur.
Bicler
Virmaître, 1894 : Pour cligner de l’œil. Bicler est une très vieille expression (Argot des voleurs) V. Guigne à gauche.
France, 1907 : Cligner de l’œil.
Brème
un détenu, 1846 : Carte de police. Exemple : Une menesse en brême ; femme sujette à la police.
Larchey, 1865 : Carte (Vidocq). — Allusion au poisson de ce nom qui est blanc, plat et court. — Maquiller la brème : Gagner en trichant aux cartes. — Un bremmier est un fabricant de cartes. — Brème de pacquelins : Carte géographique. Mot à mot : carte de pays.
Rigaud, 1881 : Carte à jouer. — Allusion à la brème, poisson très plat. — Maquiller les brèmes, jouer aux cartes, — dans le jargon des tricheurs. — Tiranger la brème, tirer les cartes. Tirangeur de brèmes, tirangeuse de brèmes, tireur, tireuse de cartes.
Rigaud, 1881 : Permis de prostitution. C’est la carte délivrée par la préfecture de police aux filles soumises.
Elles la portent le plus souvent dans leurs bas, afin d’éviter d’en révéler l’existence, si elles n’y sont pas absolument forcées.
(Flévy d’Urville, Les Ordures de Paris)
France, 1907 : Carte que la police délivre aux filles publiques lorsqu’elle les a enregistrées.
Et dans ce cas, pauvres trognons,
C’est la brème que nous gagnons ;
C’est la consigne !
En décarrant, si nous geignons,
D’Alphonse nous avons des gnons
Pour cette guigne.
(Blédort)
— Eh bien ! je vais attendre d’avoir l’âge, puis je demanderai une brème, comme ma sœur, pour être tranquille… Ensuite j’irai travailler avec elle et je gagnerai de l’argent pour pouvoir aider p’pa et maman… quand ils seront vieux.
(Oscar Méténier)
Cas
d’Hautel, 1808 : Mettre des si et des cas dans une affaire. Signifie, hésiter, tâtonner, barguigner ; être dans l’incertitude ; ne savoir à quoi se décider.
Tous vilains cas sont reniables. Parce qu’il est de la foiblesse humaine de nier les fautes que l’on a commises.
On dit faire son cas. Pour se décharger le ventre ; faire ses nécessités.
Delvau, 1864 : Le membre viril aussi bien que la nature de la femme.
Un capucin, malade de luxure,
Montroit son cas, de virus infecté…
(Piron)
Je croyois que Marthe dût être
Bien parfaite en tout ce qu’elle a ;
Mais, à ce que je puis connoître,
Je me trompe bien à cela,
Car, bien parfaite, elle n’est pas
Toujours en besogne à son cas.
(Berthelot)
Qui a froid aux pieds, la roupie au nez, et le cas mol, s’il demande à le faire, est un fol.
(Moyen de parvenir)
Mon cas, fier de mainte conquête.
En Espagnol portoit la tete.
(Régnier)
Il avoit sa femme couchée près de lui, et qui lui tenoit son cas à pleine main.
(Brantôme)
Les tétons mignons de la belle,
Et son petit cas, qui tant vaut.
(Marot)
Le cas d’une fille est fait de chair de ciron, il démange toujours ; et celui des femmes est de terre de marais, on y enfonce jusqu’au ventre.
(Brantôme)
La servante avait la réputation d’avoir le plus grand cas qui fût dans le pays.
(D’Ouville)
Delvau, 1866 : s. m. La lie du corps humain, les fèces humaines, dont la chute (casus) est plus ou moins bruyante. Faire son cas, Alvum deponere. Montrer son cas. Se découvrir de manière à blesser la décence.
France, 1907 : Le derrière, où ce qui en sort. Montrer son cas, faire son cas.
Et parce qu’un ivrogne a posé là son cas,
Pourquoi, mèr’ Badoureau, faire autant de fracas !
Cela pourra servir d’enseigne à votre porte
Il a l’odeur du cuir ; il est vrai qu’elle est forte.
(Vieux quatrain)
Les écrivains du XVIe siècle appellent cas ce que Diderot a plus tard appelé bijou. Au chapitre LXIV du Moyen de parvenir, l’auteur s’adresse aux femmes qui se font un revenu de leur cas. « Je vous dis que vous mesnagiez bien vos métairies naturelles. »
Chienlit
Delvau, 1866 : s. m. Homme vêtu ridiculement, grotesquement, — dans l’argot du peuple, qui n’a pas été chercher midi à quatorze heures pour forger ce mot, que M. Charles Nisard suppose, pour les besoins de sa cause (Paradoxes philologiques), venir de si loin.
Remonter jusqu’au XVe siècle pour trouver — dans chéaulz, enfants, et lice, chienne — une étymologie que tous les petits polissons portent imprimée en capitales de onze sur le bas de leur chemise, c’est avoir une furieuse démangeaison de voyager et de faire voyager ses lecteurs, sans se soucier de leur fatigue. Le verbe cacare — en français — date du XIIIe siècle, et le mot qui en est naturellement sorti, celui qui nous occupe, n’a commencé à apparaître dans la littérature que vers le milieu du XVIIIe siècle ; mais il existait tout formé du jour où le verbe lui-même l’avait été, et l’on peut dire qu’il est né tout d’une pièce. Il est regrettable que M. Charles Nisard ait fait une si précieuse et si inutile dépense d’ingéniosité à ce propos ; mais aussi, son point de départ était par trop faux : « La manière de prononcer ce mot, chez les gamins de Paris, est chiaulit. Les gamins ont raison. » M. Nisard a tort, qu’il me permette de le lui dire : les gamins de Paris ont toujours prononcé chit-en-lit. Cette première hypothèse prouvée erronée, le reste s’écroule. Il est vrai que les morceaux en sont bons.
France, 1907 : Personnage ridicule et grotesque.
Être inintelligent, ce n’est qu’une guigne ; mais en faire parade, exhiber sa disgrâce, prétendre s’en faire une arme et un titre à dominer les autres !… Voilà qui est insoutenable et prête a rire ! Voilà qui ameute, contre les chienlits du parlementarisme, tout ce que la France a de graine de bon sens : sa jeunesse, ses artistes, ses plébéiens, et jusqu’aux gamins de ses rues, pépiant et gouaillant, les mains en entonnoir autour du bec, l’œil émerillonné, « reconduisant » les ministres.
(Séverine)
Chipoter
d’Hautel, 1808 : Lanterner, barguigner, faire quelque chose contre son gré, manger de mauvais cœur et sans appétit.
Delvau, 1866 : v. n. Faire des façons ; s’arrêter à des riens. Ce mot appartient à la langue romane. Signifie aussi : Manger du bout des dents.
Fustier, 1889 : Être regardant, liarder.
Il doit également ne jamais chipoter sur le prix des consommations.
(Frondeur, 1880)
Virmaître, 1894 : Marchander. Chipoter dans son assiette avant de manger (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Bavarder, cancaner.
France, 1907 : Manger du bout des dents.
Cette fille, aux goûts de perruche, croquant des radis et des pralines, chipotant la viande et vidant des pots de confiture, avait des comptes de cinq mille francs par mois rien que pour la table. C’était, à l’office, un gaspillage effréné, un coulage féroce qui éventrait les barriques de vin, qui roulait des notes enflées pur trois ou quatre vols successifs.
(Émile Zola, Nana)
France, 1907 : Rogner, rapiner.
La baronne ne parlait que de cinquante louis, de champagne frappé, de faisans truffés, elle n’allait qu’aux premières, dans sa loge ou dans celle de l’Empereur, tandis que Mlle Balandard chipotait un sou à sa bonne sur une botte de navets ; elle ne buvait que du cidre, n’aimait que l’oie aux marrons, parce qu’avec la graisse on pouvait faire la soupe toute une semaine : elle n’allait jamais au spectacle qu’avec les billets de faveur que lui donnait uns ouvreuse de ses amies.
(Ch. Virmaître, Paris oublié)
Cul de poule (bouche en)
France, 1907 : Bouche arrondie, rapetissée comme la font les gens qui essayent de se montrer aimables. Voyez deux ennemies qui s’abordent et s’accablent de gracieusetés, toutes deux font la bouche en cul de poule. La dévote, en parlant à M. l’abbé, et M. l’abbé, qui la guigne, font aussi le cul de poule.
Et tous feront pareillement, mille dieux ! du plus gros matador au plus petit larbin, c’est à qui fera sa bouche en cul de poule, disant le contraire de ce qu’il pense.
(Almanach du Père Peinard, 1894)
Décramponner (se)
France, 1907 : Se débarrasser d’une femme ou d’une maîtresse, enfin de toute personne gênante, dite crampon.
— Pourquoi ai-je quitté Paris ? Pour me décramponner tout à fait de cet imbécile qui, panné, décavé, commençait à me porter la guigne.
(Jean Richepin)
Emballer
Larchey, 1865 : Arrêter, écrouer.
Tu vas nous suivre à la Préfecture. Je t’emballe.
(Chenu)
On dit d’un cheval emporté qu’il emballe son cavalier, sans doute parce que celui-ci est réduit au rôle passif d’un simple ballot.
Delvau, 1866 : v. a. Arrêter, — dans l’argot des voleurs et des filles.
Delvau, 1866 : v. n. Se dit, — dans l’argot des maquignons, — d’un cheval qui prend le mors aux dents, sans se soucier des voyageurs qu’il traîne après lui. S’emballer, se dit dans le même sens d’un homme qui s’emporte.
Rigaud, 1881 : Mettre en prison. — Emballez-moi ce particulier.
Rigaud, 1881 : Terminer promptement. — L’ouvrage est emballé.
La Rue, 1894 : Conduire en prison. Donner un coup de poing. S’éprendre passionnément. Emballement, entraînement subit, emportement.
France, 1907 : Arrêter, emmener en prison.
— Dis donc, toi, si c’est comme ça que tu fais ta tournée !… Sais-tu où je l’ai trouvé, ton Delphin ?
— Où ça ?
— Sur ma fille… Je vas écrire au préfet, pour qu’il te casse, père de cochon, cochon toi-même.
Du coup, Bécu se fâcha.
— Ta fille, je ne vois que ses jambes en l’air… Ah ! elle a débauché Delphin ? Du tonnerre de Dieu si je ne la fais pas emballer par les gendarmes.
— Essaye donc, brigand !
(Émile Zola, La Terre)
C’est que le coup d’État les atteignit, eux ! À l’abri des représailles dont se décime toute effervescence populaire, se moquant comme d’une guigne qu’on ait mitraillé les faubourgs en Juin ; ayant approuvé, sinon commandé la canonnade ; ne se rendant même pas compte — les imbéciles ! — que la dictature en était la résultante (les ouvriers les regardant narquoisement emballer pour Mazas) ils sentirent, pour la première fois, la poigne du gendarme s’abattre à leur collet.
(Séverine, Le Journal)
France, 1907 : Donner un coup de poing.
Embéguiner
d’Hautel, 1808 : Se couvrir la tête de quelque chose ; s’enticher de quelqu’un ; et non embéguigner, comme on prononce communément.
Esbigner (s’)
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Se sauver. Esbignez-vous, les marsoins ! contrebandiers, sauvez-vous !
Halbert, 1849 : S’enfuir, s’en aller.
Larchey, 1865 : S’enfuir.
Et l’amant qui s’sent morveux, Voyant qu’on crie à la garde, S’esbigne en disant : Si j’tarde, Nous la gobons tous les deux.
(Désaugiers)
Delvau, 1866 : v. réfl. S’en aller, s’enfuir, — dans l’argot des faubouriens, à qui Désaugiers a emprunté cette expression.
Rigaud, 1881 : Se sauver. Celui qui s’esbigne, se sauve pour ne pas rendre un service, ou pour ne pas être reconnu.
La Rue, 1894 : Partir, s’esquiver. Voler.
Virmaître, 1894 : Se sauver. Dans les faubourgs, quand un voyou sait qu’il va recevoir une maîtresse correction, il s’esbigne (Argot du peuple).
Hayard, 1907 : Se sauver.
France, 1907 : Se sauver, s’esquiver, s’enfuir.
La raclée devait être divisée en douze leçons. Après la troisième, je pris la poudre d’escampette.
Elles devenaient de plus en plus chaudes chaque fois, et commençant à me demander ce que pourrait bien être la douzième, je jugeai préférable de m’esbigner avant l’échéance.
(Hector France, Chez les Indiens)
Plus tard, la chance s’ensuivant,
S’il ne se fait pas prendre avant
Ou ne s’esbigne,
Notre homme, par un coup savant,
Nous supprime le plus souvent…
Comble de guigne !
(Blédort)
Faire four
France, 1907 : Échouer dans une entreprise ; éprouver un insuccès. Cette expression vient de l’habitude qu’avaient autrefois les comédiens de certains théâtres de refuser de jouer quand la recette ne couvrait pas les frais. Ils renvoyaient les spectateurs et éteignaient les lumières, faisaient four, disaient-ils, c’est-à-dire rendaient la salle noire comme un four. Cette locution date du milieu du XVIIe siècle. Un acteur qui vent avertir un de ses camarades qu’il joue mal, ou va se faire siffler, dit : Monsieur Dufour ou le vicomte Dufour est dans la salle.
À force d’être roulé par les camaraderies, les camarillas, les partis pris de dénigrement ou de louange, le public a fini par en avoir assez, et s’est habitué à juger seul. Constatez donc, rien qu’en ces trois dernières années, les bévues des jugeurs de théâtre. Tel four de première est devenu un colossal succès, tel triomphe de compte rendu a échoué piteusement au bout d’une semaine.
(Séverine)
Le hasard, qui est beaucoup plus spirituel que la plupart des hommes (et il n’a pas grand’-peine pour cela), a voulu que la comédie de Nîmes fût représentée le même jour que le Tartarin sur les Alpes au théâtre de la Gaité. Les deux pièces ont, parait-il, fait four.
(Henry Maret, Le Radical)
— Tu as donc fait four ?
— Ne m’en parle pas, j’ai la guigne.
— Four complet ?
(Marc Mario et Louis Launay)
Fée
Halbert, 1849 : Amour, maîtresse.
Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse, — dans l’argot des ouvriers, qui ne savent pas dire si vrai en disant si poétiquement.
Rigaud, 1881 : Jeune fille, demoiselle, — dans le jargon des voleurs. — Ma fée, ma fille.
La Rue, 1894 : Jeune fille. Amour. Féesant, amoureux.
France, 1907 : Jeune fille, maîtresse. Se dit aussi pour vieille femme ridicule, médisante, méchante, souvenir des contes de fées, où une vieille arrivait à un moment fatal détruire les dons qu’avait apportés une fée bienfaisante, au berceau de l’enfant. « Oh ! la vieille fée, elle porte la guigne ! »
Fleur de guigne
France, 1907 : Sorte de poire sans peau.
Gosse
Clémens, 1840 / un détenu, 1846 : Enfant.
Delvau, 1866 : s. f. Bourde, menterie, attrape, — dans l’argot des écoliers et du peuple. Voilà encore un mot fort intéressant, à propos duquel la verve des étymologistes eût pu se donner carrière. On ne sait pas d’où il vient, et, dans le doute, on le fait descendre du verbe français se gausser, venu lui-même du verbe latin gaudere. On aurait pu le faire descendre de moins haut, me semble-t-il. Outre que Noël Du Fail a écrit gosseur et gosseuse, ce qui signifie bien quelque chose, jamais les Parisiens, inventeurs du mot, n’ont prononcé gausse. C’est une onomatopée purement et simplement, — le bruit d’une gousse ou d’une cosse.
Conter des gosses. Mentir. Monter une gosse. Faire une arce.
Delvau, 1866 : s. m. Apprenti, — dans l’argot des typographes. Ils disent aussi Attrape-science et Môme.
Delvau, 1866 : s. m. Enfant, petit garçon, — dans l’argot du peuple.
Rigaud, 1881 : Enfant, — dans le jargon du peuple, qui dit tantôt le gosse, tantôt la gosse, selon le sexe. — Dans le jargon des voyous, une gosse, une gosseline, c’est une fillette de quinze à seize ans ; sert encore à désigner une amante. Il est à remarquer que mion de gonesse signifiait, autrefois, petit jeune homme. (V. Oudin, Cur. franc.) Gosse pourrait bien être un diminutif de mion de gonesse.
Rigaud, 1881 : Mensonge, plaisanterie, mauvaise farce.
Boutmy, 1883 : s. m. Gamin. Dans l’imprimerie, les gosses sont les apprentis ou les receveurs.
La Rue, 1894 : Femme. Enfant. Mensonge.
France, 1907 : Enfant, et par amplification, adolescent ou fillette.
Le ménage était déjà chargé d’un gosse de dix-huit mois et la victime trouvait que c’était assez de cette sale graine qui lui suçait le sang et lui disputait la pâture. Quand elle se vit de nouveau enceinte, avec 125 francs par mois pour nourrir la maisonnée, elle se dit qu’expulser ce fœtus incapable de souffrir n’était pas un crime, mais une délivrence ; qu’arracher de sa chair cette superfétation encombrante était un droit aussi légitime, aussi imprescriptible que le suicide, puisqu’elle ne violentait que son corps et courait seule les risques.
(Marie Huot, L’Endehors)
Dans le peuple, en général — je parle surtout d’autrefois — le souvenir du temps de régiment, dépouillé de ses amertumes, éveille un regain de bonhomie et de belle humeur. On était jeune ; on n’avait que soi à penser, ni femmes, ni gosses ; on se sentait bâti à chaux et à sable… et l’on s’imaginait que ça durerait toujours !
(Séverine)
On est gosse ; on n’a pas quinze ans,
On croit ses charmes séduisants
Et l’on s’aligne :
On lance des coups d’œil luisants
Et des sourires suffisants,
Le bec en guigne.
(Blédort)
— Oui, monte, monte.
— Pas chez elle ! chez moi.
— Non, cher moi.
— J’suis la plus gosse.
— J’suis la plus cochonne.
— J’me fends de deux louis.
— Moi aussi…
(Jean Richepin)
Goton
France, 1907 : Abréviation de Margoton ; fille vulgaires, malpropre et de mœurs relâchées.
— Je ne vois qu’une chose, c’est qu’un garçon qui court les bastringues et les gotons ne risque que ses deux oreilles, tandis qu’une fille, en voulant agir comme lui, s’expose à en rapporter quatre au logis, d’oreilles.
(Albert Cim, Demoiselles à marier)
Les deux brutes se collètent et se culbutent dans le sable. Leurs muscles craquent !
Maintenant, le maigre est dessous. Le gros, pour décrocher la victoire, allonge la patte entre les cuisses de l’adversaire : il guigne les parties sexuelles… Veine ! S’il réussissait, ce serait le triomphe certain !
Et tous les pleins-de-truffe et les gotons, de jubiler au spectacle sinistre. Ça leur donne des émotions pas ordinaires… Une castration est opération rare et savoureuse.
(La Sociale)
On écrit quelquefois, mais à tort, gothon.
Or, partout, j’ai vu que les verres,
Tout larges qu’ils sont, ont un fond,
Que le sourire des chimères
Voile un ricanement profond ;
Que la plus belle des Lisettes
Finit par tourner en gothon ;
Qu’on se dégrise des grisettes
Comme on se blase du flacon.
(Alfred Delvau, Le Fumier d’Ennius)
Pleins de pudeur, nous constatons
Qu’au théâtre quelques gothons
Montrent leurs cuiss’s et leurs tétons.
(Catulle Mendès, Le Journal)
Goupiner à la dure
France, 1907 : Tuer.
— Ce n’est pas de la blague, mais j’ai une rude guigne.
— Heureusement, me voilà.
— Si je ne t’avais pas vu, j’allais demander la place de bedeau à Montreuil.
— Tu aurais manqué de tenue.
— Tu crois ?
— J’en suis sûr.
Le Parisien jeta un coup d’œil navré sur ses vêtements en loques.
— Tu as peut-être raison, dit-il.
— Veux-tu travailler ? s’écria Vidocq.
— Je ne demande que cela.
— Ce que je vais te proposer est dur.
— Tant pis.
— Te sens d’attaque ?
— Est-ce qu’il faudra goupiner à la dure ?
(Marc Mario et Louis Launay)
Guigne
Delvau, 1866 : s. f. Mauvaise chance, — dans l’argot des cochers qui ne veulent pas dire guignon. Porter la guigne. Porter malheur.
Rigaud, 1881 : Guignon. — Guignasse, guignon énorme. — Guignolant, guignolante, désespérant, désespérante.
Rossignol, 1901 : Avoir la guigne est ne pas avoir de réussite. Il est né sous une mauvaise étoile, il a une guigne insensée : tout ce qu’il entreprend ne lui réussit pas.
France, 1907 : Mauvaise chance.
Elle surprit mon regard sur sa robe : — Vous regardez mes frusques ? Ah ! c’est la guigne, voyez-vous, et la guigne ça rend timide ; alors, telle que vous me voyez, je bois pour me donner de l’aplomb.
(Alphonse Allais)
— Allons, mes enfants, il ne faut pas se faire de bile… Ça ne sert à rien d’abord, et puis ça vous flanque la guigne pour l’avenir… Moi le premier, est-ce que vous croyez que je n’ai pas eu mes moments difficiles ?… On les surmonte, parbleu ! et un jour vient où l’on a l’assiette au beurre à son tour…
(Paul Alexis)
On regrette de n’avoir pas
Consommé ce premier repas,
Le cœur plus digne.
Et de notre fleur au trépas
Alphonse s’offre les appas…
Voilà la guigne.
Ils vous disent : « Faisons joujou,
Je te mettrai dans l’acajou… »
On se résigne.
Et bien souvent le sapajou
En est quitte pour un bijou…
Et vient la guigne.
(Blédort)
Guigne à gauche
Delvau, 1866 : s. m. Homme qui louche, — dans l’argot des faubouriens.
La Rue, 1894 : Borgne.
Virmaître, 1894 : Se dit d’une personne qui louche. Dans le peuple, on dit de celui qui est affligé d’une semblable infirmité, qu’il trempe la soupe et renverse les légumes dans les cendres, ou bien qu’il regarde en Bourgogne si la Champagne brûle (Argot du peuple). N.
Rossignol, 1901 : Celui qui louche.
France, 1907 : Louche.
On l’appelait guigne à gauche, à cause d’un œil qui n’était pas sur le même alignement que le voisin ; mais qu’importait cet œil ? Ce n’était pas lui, mais ses appâts rondelets et fermes que le brisquart ne cessait de reluquer ; il en louchait.
(Les Joyeusetés du régiment)
Guigner
Delvau, 1866 : v. a. Viser, convoiter, attendre, — dans l’argot du peuple.
Rossignol, 1901 : Regarder.
France, 1907 : Regarder, lorgner.
Et ce corps — qu’on croit précieux –
D’un déhanchement gracieux
Du col au figne,
On veut le rendre vicieux
En passant près des vieux messieurs,
Pour qu’on nous guigne.
(Blédort)
Guigner aux mouches
France, 1907 : Ne rien faire, baguenauder, regarder sans objet de droite et de gauche.
Guigner les vits
Delvau, 1864 : Porter souvent des regards à l’endroit du pantalon où se trahit le mieux le sexe de l’homme et par lequel on sait ainsi ce qu’il pense — des femmes présentes.
J’ai des cheveux roux comme des carottes,
Des yeux de faunesse, émerillonés,
Qui guignent les vits au fond des culottes
Et des pantalons les mieux boutonnés.
(Anonyme)
Guignes
Delvau, 1864 : Les testicules — à cause de leur forme.
Ma cousine… empoigne-le bien fort… Tu sais si bien frotter, frotte-moi de l’autre main mes guignes.
Guignon
d’Hautel, 1808 : Avoir du guignon. Pour, être malheureux, n’avoir de succès en rien.
Jouer de guignon. Jouer de malheur ; perdre tout son argent au jeu.
Delvau, 1866 : s. m. Pseudonyme moderne du vieux Fatum. Avoir du guignon. Jouer de malheur, ne réussir à rien de ce qu’on entreprend.
France, 1907 : Mauvaise chance ; de guigner. C’est, comme dit le Dr Grégoire, la tête de Turc des impuissants et des fruits secs.
Tout a l’heure j’errais tristement dans la rue,
Car je pense, parfois, que naître est un guignon,
Et, levant vers le ciel mon visage grognon,
Je t’aperçus, gargouille à la face bourrue,
Qui me tirais la langue en haut de ton pignon !
(George Bois, Cœur au vent)
Lance
d’Hautel, 1808 : Baisser sa lance. Rabattre de ses prétentions ; devenir humble et souple, de haut et fier que l’on étoit.
Être à beau pied sans lance. Être démonté, désarmé ; n’avoir plus d’équipages.
Ansiaume, 1821 : Eau.
J’ai bu son picton et rempli sa rouillarde de lance.
anon., 1827 / Raban et Saint-Hilaire, 1829 / Bras-de-Fer, 1829 : Eau.
Vidocq, 1837 : s. f. — Eau.
Clémens, 1840 : Eau, larme.
un détenu, 1846 : Eau pour boire.
Larchey, 1865 : Eau (Vidocq). — Pour désigner l’eau, on a fait allusion à son extrême fluidité ; on a dit la chose qui se lance. Dans Roquefort, on trouve lancière : endroit par où s’écoule l’eau surabondante d’un moulin. V. Mourir, Trembler.
Delvau, 1866 : s. f. Balai, — dans le même argot [des faubouriens].
Delvau, 1866 : s. f. Pluie, — dans l’argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot à l’argot des voleurs. À qui qu’il appartienne, il fait image.
Rigaud, 1881 : Eau. — Balai. Lancier du préfet, balayeur, cantonnier.
Merlin, 1888 : Pluie. — Il tombe des lances, il pleut. Expression empruntée à l’argot parisien.
La Rue, 1894 : Eau. Pluie. Balai. Lanciers du préfet, Balayeurs.
Virmaître, 1894 : Eau, pluie.
— Il tombe de la lance à ne pas mettre un chien dehors.
Le peuple a emprunté ce mot à l’argot des voleurs.
Rossignol, 1901 : Eau.
Hayard, 1907 : Eau, pluie.
France, 1907 : Balai, à cause de son long manche.
France, 1907 : Eau.
— Je l’ai porté placidement sous la fontaine de la Maubert et je lui ai fait couler un petit filet de lance sur la tête, histoire de lui rafraîchir la coloquinte, en lui disant : Tiens, bois un coup de ça, pour te remettre ; mais, au lieu de boire, il a demandé du vin. Regardez-le gesticuler en montrant le poing à la fontaine.
(G. Macé, Un Joli Monde)
Le richard, qui bourre d’avoine ses canassons quand ils ont quelques kilomètres de plus à faire, se fout comme d’une guigne que ses nègres tirent la langue et s’ingurgitent la lance bourbeuses des mares.
(Le Père Peinard)
Voici comment ils croûtent : le matin, ils bouffent un quignon et sirotent une infusion de chicorée ; à 1 heure, ils s’empiffrent de patates ; le soir, ils s’enfilent de la soupe et graissent leur pain d’un bout de lard gros comme une noisette. Si les pauvres gas ne sont pas trops à la côte, ils s’appuient une fricassée de pommes de terre dans une sauce au saindoux et à l’oignon.
Pour boisson, de la lance qui a passé sur l’infusion de chicorée dénommée café. Très rarement de la bière ou du cidre.
(Le Père Peinard)
Pivois sans lance, vin sans eau.
France, 1907 : Le pénis. Ce mot n’est plus guère employé dans ce sens.
France, 1907 : Pluie.
Profitant de l’expérience acquise par son aîné, le débutant aurait trouvé tout de suite, à la Villette ou à la Chapelle, une jeune personne qui lui aurait fait connaître les ivresses de l’amour, tout en lui permettant de passer des jours tissés de la plus douce fainéantise. Et le soir, au fond de l’assommoir, à l’abri des averses il aurait joué des « champoreaux » et des saladiers de vin chaud au zanzibar, pendant que l’innocente enfant aurait turbiné sous la lance.
(Laerte, Le Radical)
France, 1907 : Urine.
À été aussi ordonné que les argotiers toutime qui bieront demander la tune, soit aux lourdes ou dans les entiffes, ne se départiront qu’ils n’aient été refusés neuf mois, sous peine d’être bouillis en bran, et plongés en lance jusqu’au cou.
(Règlements des états généraux du Grande-Coëre)
Moricaud
d’Hautel, 1808 : Un moricaud, une moricaude. Se dit en plaisantant de ceux qui ont la peau brune ; et notamment des femmes. On appelle aussi de ce nom une espèce de guigne noire.
Vidocq, 1837 : s. m. — Broc.
Larchey, 1865 : Broc (Vidocq). — Allusion à la couleur noire que lui donne le vin.
Delvau, 1866 : s. et adj. Nègre, mulâtre, — dans l’argot des faubouriens. Moricaude. Négresse.
Delvau, 1866 : s. m. Charbon, — dans le même argot. Signifie aussi Broc de marchand de vin, — qu’un long usage a noirci.
Rigaud, 1881 : Broc de vin, broc en bois pour le vin.
Rigaud, 1881 : Charbon, — dans l’ancien argot.
La Rue, 1894 : Broc de vin. Charbon. Nègre.
France, 1907 : Broc de vin.
France, 1907 : Charbon.
France, 1907 : Nègre, mulâtre.
Neuf de campagne
Fustier, 1889 : Argot de joueurs. Procédé peu délicat employé par le ponte vis-à-vis du banquier et que dévoile ainsi M. Carle des Perrières dans son livre : Paris qui triche. (V. Minerve.)
Dans sa poche il (le ponte) a son neuf tout prêt ; valet de pique, neuf de cœur ; rien n’est plus simple. Lorsque la main arrive à son tour, le neuf de campagne est extrait de sa poche pour passer dans sa main gauche ; le banquier donne les cartes ; le ponte s’en empare comme c’est son droit et sous prétexte d’empêcher ses voisins de voir son point, parce que, dit-il, cela lui porte la guigne, il fait disparaître les deux cartes qu’on vient de lui donner dans ses deux mains rapprochées ; il substitue son valet de pique et son neuf de cœur aux deux cartes qu’il a reçues et abat sur le tapis un magnifique neuf de campagne…
France, 1907 : Neuf de carte que dissimule un grec pour le jouer an moment opportun.
Après douze neufs de campagne
Prudemment fais donc charlemagne.
(Hogier-Grison, Maximes des tricheurs)
France, 1907 : Paysan nouvellement arrivé à la ville.
Œil qui dit merde à l’autre
Rigaud, 1881 : Œil affecté de strabisme.
Virmaître, 1894 : Deux yeux qui ne vivent pas en bonne intelligence, qui se regardent en chiens de faïence (Argot du peuple). V. Guigne à gauche.
Patelin
Fustier, 1889 : Compatriote.
En qualité de patelins, nous avions été assez bien accueillis…
(Humbert, Mon bagne)
Signifie aussi pays, lieu de naissance, — dans l’argot militaire.
La Rue, 1894 : Compatriote. Le pays natal V. Pacquelin.
Virmaître, 1894 : Pays. Corruption du vieux mot pasquelin, qui signifiait la même chose (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 / Hayard, 1907 : Pays.
France, 1907 : Pays, villages même sens que paquelin dont il est la déformation.
Y a à Amiens une floppée de fistons qui ont pris une riche habitude ; tous les dimanches ils s’en vont en balade dans les environs, choisissant les patelins où y a une fête, puis, une fois là, ils guignent le cabaret ou le café qui leur semble le plus vaste, s’y rendent et, sans faire de magnes, ils poussent des chansons anarchotes, débitent des monologues.
C’est de la bonne propagande et les idées s’infiltrent en douceur.
(Le Père Peinard)
Il en a pour vingt ans d’Nouvelle ;
On en r’vient pas de c’pat’lin-là,
Mais l’on part avec sa donzelle,
C’est tout c’qu’i’ faut pour vivr’ là-bas.
Plaquer le boulot
France, 1907 : Abandonner le travail ; quitter l’atelier.
Pour ça, l’autre matin, les ouvriers d’un grand bagne ont plaqué le boulot. Illico, d’un bout de l’Angleterre à l’autre, les patrons ont fichu sur le pavé le quart de leurs ouvriers. Sans barguigner, du tac au tac, les mécaniciens ont alors proclamé la grève générale.
(Le Père Peinard)
Ratiboiseur de landau à baleines
Virmaître, 1894 : Voleur de parapluies. On les nomme aussi des ratiboiseurs à l’échange. Le voleur entre dans un grand café, il a un mauvais parapluie à la main, il le place au porte-parapluie, au milieu des autres. Il s’assied à côté pour guigner de l’œil le plus beau, il paye sa consommation, se lève sans affectation en emportant le parapluie sur qui il a jeté son dévolu. Si l’on s’aperçoit de l’échange, il s’excuse de s’être trompé, puis s’en va tranquillement. Il est rare que ce vol ne réussisse pas (Argot du peuple). N.
S’en foutre comme d’une guigne
Virmaître, 1894 : Se moquer de tout. On dit également : Je m’en moque comme de ma première chemise. C’est une nouvelle secte créée par les indifférents : les j’men foutistes (Argot du peuple). N.
Tapeur
France, 1907 : Emprunteur.
Il va, il revient, il arpente le trottoir. Il a la guigne aujourd’hui… Celui-ci couperait peut-être dans le pont ? mais quoi ! Il a déjà casqué hier… Il désespère, car il entend partir derrière lui, de toutes les tables, ce mot cruel : Attention ! Voilà le tapeur.
(Jean Richepin)
Trigaud
d’Hautel, 1808 : Chicanier, chipotier, barguigneur, qui ne va pas droit au but ; fourbe, coquin, fripon.
Utilité
Delvau, 1866 : s. f. Acteur qui joue tout ce qui se présente, les premiers rôles comme les comparses. Argot des coulisses.
France, 1907 : Acteur employé à toute espèce de rôles secondaires.
J’ai accepté les utilités à Montparnasse. J’ai figuré aux Bouffes-du-Nord. Moi qui dictais mes avis aux souverains, j’ai descendu, un à un, les dégrés d’une échelle tenue par la guigne. Et les années passaient, les années dures, les années tristes, les années où les rhumatismes poussent et où les canines tombent sans que la faim s’apaise…
(Jules Claretie, Brichanteau, comédien)
Valtreusier
Vidocq, 1837 : s. m. — Voleur de portemanteau, valise et malle.
Les étrangers qui arrivent à Paris par la malle-poste, les diligences ou toutes autres voitures publiques, ne sauraient trop se méfier de ces individus qui ne manqueront pas de venir leur faire des offres de services à leur descente de la voiture, car il est rare qu’il n’y ait parmi eux quelques Valtreusiers. Les Valtreusiers, comme les commissionnaires dont ils ont emprunté le costume, se chargent de porter à l’hôtel les mailles et bagages du voyageur qui a bien voulu les charger de ce soin. Pour se mettre à l’abri de leurs atteintes, il ne faut pas perdre de vue un seul instant celui que l’on a chargé de ses bagages, surtout au détour des rues, et s’il survient un embarras de voitures. Les Valtreusiers connaissent toutes les sinuosités, tous les passages de Paris, aussi ils savent disparaître comme l’éclair.
Si l’on ne veut pas être volé par les Valtreusiers, il ne faut se servir que des commissionnaires spécialement attachés à l’administration des voitures que l’on vient de quitter, ou, ce qui vaut mieux encore, prendre un fiacre.
Delvau, 1866 : s. m. Voleur de valises.
Rigaud, 1881 : Voleur de malles.
Virmaître, 1894 : Voleur de valise. Ce vol est pratiqué sur une grande échelle dans les salles d’attente des gares de chemins de fer. Il est des plus simples : Le valtreusier a une valise à la main qui paraît gonflée ; pour compléter son apparence de voyageur, il porte une couverture de voyage. Il se promène ayant l’air indifférent, mais en réalité il guigne un voyageur assis à côté d’une valise respectable. Sans affectation, il s’assied à ses côtés et engage la conversation. Au moment de prendre un billet, le voyageur se dirige vers le guichet et laisse sa valise à la garde de son compagnon ; aussitôt celui-ci se lève, change de valise et s’en va tranquillement. Neuf fois sur dix, le volé ne s’aperçoit de la substitution qu’à son arrivée à destination : la valise ne contient en fait de linge que des cailloux (Argot des voleurs).
France, 1907 : Voleur de valises.
Veine
d’Hautel, 1808 : Il n’a pas de sang dans les veines. Pour dire, il est dénué de courage, de fierté.
Il n’a veine qui y tende. Pour dire, il ne démontre aucune inclination, aucun penchant, aucun goût pour cela.
Larchey, 1865 : Heureuse chance.
Une chose qui invite surtout les grisettes à descendre dans la rue, ce sont les histoires de veines étonnantes que leur narrent les vieilles femmes.
(Les Pieds qui r’muent, 1864)
Delvau, 1866 : s. f. Chance heureuse, bonheur imprévu, — dans l’argot du peuple.
France, 1907 : Chance, réussite constante.
Bon sang d’bon sang ! vrai ! J’ai pas d’veine,
Y a pas dir’, j’écope toujours,
C’est bien rare si dans une semaine
J’suis pas au clou pendant sept jours,
Faut qu’j’aie un’ sacré bon Dieu d’guigne,
À propos d’rien, à chaque instant
C’est des corvées, c’est d’la consigne,
Y a pas, c’est moi que j’trinque tout l’temps.
(Th. Aillaud)
Vendre des guignes
France, 1907 : Loucher ; jeu de mot sur guigner.
Vendre ses guignes
Delvau, 1866 : v. a. Loucher, guigner de l’œil.
Veuve Chapelle (la)
Rigaud, 1881 : La dame de pique, — dans le jargon des joueurs de baccarat, ainsi baptisée du nom d’un joueur. D’après une superstition de joueurs de baccarat, la dame de pique est connue pour porter la guigne.
France, 1907 : Dame de pique au baccarat.
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