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Aller à Niort

un détenu, 1846 : Ne rien dire, se taire, garder le silence.

Delvau, 1866 : v. a. Nier, — dans l’argot des voleurs, qui semblent avoir lu les Contes d’Eutrapel.

Virmaître, 1894 : Nier. Recommandation qu’ont soin de faire les voleurs à leurs complices quand ils vont à l’instruction. Ils se souviennent du mot du boucher Avinain qui, la tête sous le couteau, cria : N’avouez jamais (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Faire l’ignorant.

Un voleur qui ne veut rien avouer, s’il fait l’ignorant ou semblant de ne pas comprendre ce qu’on lui dit, va à Niort.

Hayard, 1907 : Nier, ignorer.

France, 1907 : Nier. Suivre le dernier avis d’Avinain : « N’avouez jamais. » Cette expression vient des contes d’Eutrapel et n’est guère plus employée que par les voleurs. On trouve dans Vidocq : « S’il va à Niort, il faut lui riffauder les paturons » (S’il nie il faut lui brûler les pieds).

Bonir

Vidocq, 1837 : v. a. — Dire, assurer.

Clémens, 1840 : Dire.

un détenu, 1846 : Dire, parler.

Delvau, 1866 : v. a. Dire, parler, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : v. n. Se taire, — dans l’argot des marbriers de cimetière.

Rigaud, 1881 : Parler, raconter, affirmer, avertir avec emphase, chercher à persuader. — Bonir au ratichon, se confesser. — N’en bonir pas une, garder le silence ; mot à mot : ne pas prononcer une parole, — dans le jargon des voyous.

Rigaud, 1881 : Se taire, — dans l’argot des marbriers de cimetière. (A. Delvau)

La Rue, 1894 : Parler, raconter. Signifie aussi se taire.

Hayard, 1907 : Parler.

Museler

Fustier, 1889 : Imposer silence. — Se museler, se taire.

France, 1907 : Fermer la bouche, dans l’argot des polytechniciens, manière d’obliger un camarade à garder le silence : « On lui dit, par exemple : « Musèle-toi, mon cher, tu viens de perdre une belle occasion de te taire ! » À l’inverse, démuseler c’est retrouver la parole après qu’on est longtemps resté muselé… Museler une porte, c’est la fermer ; museler un rosto, c’est l’éteindre ; museler un casert, c’est le barricader de manière à empêcher une invasion des anciens. Museler est encore synonyme de fermer, cacher. On musèle un bouquin en l’enfermant avec soin. »

(Albert Lévy et G. Pinet)

Poser sa chique

Larchey, 1865 : Garder le silence. — V. Chique.

Le roi règne sans gouverner. Si le nôtre un jour s’en écarte, Qu’il aille interroger la Charte ! Elle lui répondra d’abord : Pos’ta chique et fais l’mort.

(Paris chantant, Jules Leroy)

Rossignol, 1901 : Se taire, s’abstenir.

France, 1907 : Se taire.

J’entendrais parler d’République,
Généraux, miniss’s, sénateurs,
Députés… enfin toute la clique
D’ceuss’ qui nous promett’nt el’ bonheur,
Et sous prétesqu’ qu’i’s sont nos maîtres,
Faudrait tair’ ma gueul’ devant eux ;
Faudrait que j’pos’ ma chiqu’ ; peut-être
Qu’i’s prenn’nt le peupl’ pour un mmerdeux !

Sub rosa

France, 1907 : Sous la rose, En secret. Cette expresse est fort ancienne et fort usitée en différents pays. Elle vient de la coutume qu’avaient les Grecs et les Romains de se couronner de fleurs dans les festins et de garder le silence absolu sur ce qui s’était dit ou fait sub rosa, pendant les agapes. Sage discrétion que n’imitèrent pas les frères de Goncourt qui, dans leur manie de petits papiers et de documents prétendus humains, consignèrent au sortir de banquets littéraires un tas de propos lâchés sous l’influence des boissons et l’entrainement de discussions libres. C’était, dit l’Intermédiaire des chercheurs et curieux (20 décembre 1848), au point de vue littéraire, une véritable trahison ; les très aimables et spirituels convives réunis chez Brébant se laissaient précisément aller au charme de la libre parole, parce que celle-ci, ils le croyaient du moins, devait ne jamais dépasser le seuil. Renan, qui était des convives, et non des moins spirituels et paradoxaux, assurément, prit assez mal la publication de ces comptes rendus sommaires, et sortant pour une fois de son calme souriant, rappela un peu vivement au survivant des deux frères, que l’on ne devait jamais répéter ni surtout écrire, encore moins imprimer, ce qui est ainsi dit sub rosa.

Tabac (passer au)

Rigaud, 1881 : Maltraiter, brutaliser, bourrer de coups, — dans le jargon de la police.

Quand je suis arrivé au service de sûreté, j’ai demandé aux anciens la cause des cris que poussaient des prisonniers, et ils m’ont répondu : Ce sont des individus qu’on ligote fortement en leur demandant s’ils veulent casser du sucre. On appelle cela passer au tabac.

(La Lanterne, compte-rendu du procès de la Lanterne, déposition de M. Cousin, inspect. de police, 23 janv. 1879)

M. Tard, inspecteur de police, déclare qu’en décembre 1876, il a vu amener un jeune homme de dix-huit à vingt ans qui refusait de donner son nom ; on lui a lié les mains si fortement que le sang a coulé, et comme il persistait à garder le silence, on l’a menacé de chauffer une barre de fer et de la lui passer sous la plante des pieds.

(Idem, idem)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique