Virmaître, 1894 : Faire une besogne inutile, marcher sans avancer. A. D. On nomme écureuil les ouvriers qui tournent la roue chez les petits tourneurs en bois ; c’est au contraire un métier extrêmement fatiguant. Autrefois les écureuils se réunissaient au carré Saint Martin ; c’était un ramassis de toute la fripouille parisienne ; depuis que la machine à vapeur s’est vulgarisée ils ont presque disparu. On les nomme aussi chiens de cloutier. C’est une allusion au pauvre animal qui tourne la roue toute la journée pour actionner les soufflets de forge, allusion également à l’écureuil qui tourne sans cesse dans sa cage (Argot du peuple). N.
Écureuil (faire l’)
Escrache
Vidocq, 1837 : s. m. — Passe-port.
Larchey, 1865 : Papiers. — Diminutif d’escrit.
Le curieux a servi ma bille, mais j’ai balancé mes escraches.
(Vidocq)
Escrache tarte : Faux passeport.
Rigaud, 1881 : Papiers ; passe-port. — Escrache tarte, escrache à l’estorgue, faux passe-port. — Escracher, exhiber son passe-port ; montrer ses papiers.
La Rue, 1894 : Papiers, passe-port. Escracher, montrer son passe-port. Signifie aussi injurier, se chamailler et regarder.
Virmaître, 1894 : Passeport, papier. L. L. Escrache veut dire voleur ; c’est le synonyme d’escarpe et de fripouille (Argot du peuple) N.
Rossignol, 1901 : Réprimande.
France, 1907 : Papiers, passeport. Escrache-tarte, faux passeport.
Feuille de chou
Larchey, 1865 : Guêtre militaire, mauvais journal, titre non valable.
Delvau, 1866 : s. f. Guêtre de cuir, — dans l’argot des troupiers.
Delvau, 1866 : s. f. Journal littéraire sans autorité, — dans l’argot des gens de lettres. On dit aussi Carré de papier.
Rigaud, 1881 : Guêtre, — dans le jargon des troupiers.
Rigaud, 1881 : Méchant petit journal, journal sans importance.
Rigaud, 1881 : Oreille, — dans l’argot des rôdeurs de barrière. — Je l’ai pris par ses feuilles de chou et je l’ai sonné.
Rigaud, 1881 : Surnom donné au marin, par les soldats des autres armes. Allusion aux grands cols des marins.
Boutmy, 1883 : s. f. Petit journal de peu d’importance.
Virmaître, 1894 : Mauvais journal qui ne se vend qu’au poids (Argot d’imprimerie).
Rossignol, 1901 : Journal de petit format. On dit aussi, de celui qui a de grandes oreilles, qu’il a des feuilles de choux.
France, 1907 : Guêtre militaire.
France, 1907 : Journal sans valeur et sans autorité, rédigé par des écrivains sans talent. Par extension, tout journal.
Il faut donc que le journaliste qui prétend donner à sa production hâtive et spontanée la pérennité du livre ait une forme. C’est le style qui fera de sa feuille de chou une lame d’airain. Il lui est indispensable par conséquent d’être doué exceptionnellement ou de réviser avec un soin scrupuleux son premier jet, quant aux négligences, aux répétitions, aux incorrections qui ont pu lui échapper ou qu’on laisse passer, dans le journalisme courant.
(Edmond Lepelletier, Chronique des Livres)
Il y a aussi des fripouilles qui l’écrivent dans des feuilles de chou pourries du boulevard extérieur, ou qui le hurlent dans les réunions publiques où quelques douzaines de pitoyables drôles ont pris la douce habitude de m’appeler assassin.
(A. Maujan, Germinal)
Bien des individus se décernent pompeusement le titre d’auteur, parce qu’ils ont écrit quelques lignes dans quelque méchante feuille de chou.
(Décembre-Alonnier, Typographes et gens de lettres)
Flippe
La Rue, 1894 / France, 1907 : Fripouille.
Fracassé
Rigaud, 1881 : Vêtu d’un paletot, — dans le même jargon.
La Rue, 1894 : Habillé d’un paletot (d’un frac).
Virmaître, 1894 : Être vêtu d’un habit, d’un frac. C’est un mauvais calembour.
— J’en ai du frac assez.
Il me rappelle la célèbre scie d’atelier sur le mot Afrique :
— J’ai de la fricassée, du fracandeau, de la fripouille, de la friture, etc., etc. (Argot des ateliers).
France, 1907 : Vêtu d’un frac.
Fripouillard, fripouille
France, 1907 : Canaille, vaurien, individu cynique et grossier, fainéant et propre à rien ; du vieux mot fripaille, dérivé de friperie.
Contre le goss’ levant la patte,
La levrett’, — cett’ chienn’ de salon ! —
Avec un’ morgu’ d’aristocrate
Lui compiss’ tout son pantalon.
Le gamin sent l’pipi qui l’mouille,
I’ s’retourne, i’ fait du potin…
Mais de la levrett’ le larbin
Le trait’ de p’tit gouape et d’fripouille !
… Comme tous les fripouillards de son espèce, ce ministre payait ses dettes avec des morceaux de ruban…
(Rochefort)
Fripouille
Vidocq, 1837 : s. m. — Misérable.
Delvau, 1866 : s. f. Homme malhonnête et même canaille. On dit aussi Frapouille.
Rigaud, 1881 : Vaurien. — C’est de la fripouille, se dit d’un objet sans valeur. — Dérivé de fripe, friperie.
Virmaître, 1894 : Rien de bon. Dans le peuple, quand on a dit d’un homme c’est une fripouille, c’est tout dire. Fripouille est certainement une corruption de friperie, donc on avait fait fripaille (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Voir fripe.
Hayard, 1907 : Canaille.
Nettoyer
d’Hautel, 1808 : Nettoyer un homme sans vergette. Le rosser, le battre avec un bâton ; le maltraiter, l’étriller d’importance.
M.D., 1844 : Donner une roulée.
un détenu, 1846 : Voler de fond en comble, dévaliser quelqu’un.
Halbert, 1849 : Voler ou achever quelqu’un.
Larchey, 1865 : Ruiner, voler. V. Lavage.
Delvau, 1866 : v. a. Voler ; ruiner, gagner au jeu ; dépenser ; battre, et même tuer, — dans l’argot des faubouriens. Se faire nettoyer. Perdre au jeu ; se laisser voler, battre ou tuer.
Rigaud, 1881 : Battre, renverser à coups de poing. Prendre de force la place de quelqu’un, le chasser d’un endroit. — Ruiner. Nettoyer un établissement, faire faire faillite à son propriétaire. Nettoyer la monnaie, manger l’argent de la paye, — dans le jargon des ouvriers. — Nettoyer les plats, ne rien laisser dans les plats. — Nettoyer ses écuries, se curer le nez.
La Rue, 1894 : Voler. Ruiner. Gagner au jeu. Dépenser. Battre. Tuer.
France, 1907 : Dépenser, dissiper.
— De la jolie fripouille, les ouvriers ! Toujours en noce… se fichant de l’ouvrage, vous lâchant au beau milieu d’une commande, reparaissant quand leur monnaie est nettoyée.
(Émile Zola, L’Assommoir)
France, 1907 : Vider, rendre net. Nettoyer une poche, voler tout ce qu’elle contient ; nettoyer un plat, manger entièrement ce qui y était servi. Faire plat net.
Os
d’Hautel, 1808 : Il est rongé jusqu’aux os. Se dit d’un homme rempli de vermines, ou qui a quelque maladie honteuse et secrète qui le mine.
Donner un os à ronger à quelqu’un. Lui susciter une mauvaise querelle ; ou l’embarrasser dans une mauvaise affaire ; l’amuser, détourner son attention.
Les os sont pour les absens. Voyez absent.
Elle n’a que la peau sur les os. Se dit d’une personne fort maigre.
Il ne fera pas de vieux os. Pour, son existence ne sera pas longue, il mourra bientôt.
Jeter un os à la gueule de quelqu’un. Voyez chien.
Il n’y a pas de viande sans os. Dicton des bouchers de Paris, quand leurs pratiques se plaignent du trop grand poids des os qu’ils donnent, et qui signifie qu’il faut que tout passe ensemble.
Larchey, 1865 : « Dans la langue populaire parisienne, on appelle os le numéraire. » — Mornand. — « Il faut cependant que je lui donne de l’os. » — Lynol. — Pourquoi ne dirait-on pas au figuré, de l’os, comme on dit du nerf, pour désigner aussi l’argent ?
Delvau, 1866 : s. m. Argent, or, monnaie, — dans l’argot des faubouriens. Avoir l’os. Être riche.
La Rue, 1894 : Argent, monnaie. Avoir de l’os ou avoir l’os signifie aussi courage, énergie, force, moelle.
Virmaître, 1894 : Argent, or ou monnaie.
— J’ai de l’os à moelle dans ma poche (plusieurs pièces de cent sous) (Argot du peuple).
France, 1907 : Argent. Ce terme vient évidemment des maisons de jeu où la mise des joueurs est représentée par des jetons en os. « Je n’ai plus d’os », c’est-à-dire je n’ai plus de jetons, et par conséquent d’argent.
— Y ne manque pas d’aplomb, ce vieux, de vouloir essayer d’enjôler les filles : plus de cheveux, plus de dents, une sale trombine… Si encore il avait de l’os !
(René de Nancy)
L’soir on rencontr’ plus d’un’ fripouille
Extra muros
Qui vous assomme et vous dépouille
De votr’ pauvre os…
C’est pas la pein’ d’app’ler du monde
D’vos cris plaintifs :
Y a qu’l’écho qui nous réponde
Sur Les fortifs.
(Victor Meusy)
Pioupioutesque
France, 1907 : Qui appartient au pioupiou.
— Ah ! ne pleurniche pas, toi ! Les pauvres petits pauvres ! Ah ! ils sont chouettes, les pauvres petits pauvres ! Voulez-vous savoir mon avis sur les victimes de l’Humanité Terrestre ? Eh bien, ils me dégoûtent encore plus que les riches !… Quoi ! voilà des milliers et des milliers de robustes prolétaires qui, depuis des siècles, se laissent exploiter docilement par une minorité de fripouilles féodales, capitalistes ou pioupioutesques !
(Alphonse Allais)
Plantes
France, 1907 : Pieds ; argot populaire.
— Eh bien, vous êtes de la jolie fripouille, cria-t-il, j’ai usé mes plantes pendant trois heures sur la route, même qu’un gendarme m’a demandé mes papiers.
(Émile Zola, L’Assommoir)
Tas (mettre sur le)
France, 1907 : Lancer dans la prostitution.
Nous deux fripouilles allumées par cette chair fraîche se communiquent avec des moues ignobles leurs préférences et, motivant leurs choix, supputent mentalement les gros gains qu’ils réaliseraient en dressant ces petits anges et les mettant sur le tas.
(Jean Lorrain)
Véreux
d’Hautel, 1808 : Un cas véreux. Pour dire une mauvaise affaire.
On dit aussi d’une personne suspecte, d’une mauvaise créance, qu’elle est véreuse.
Rigaud, 1881 : Individu sous la surveillance de la haute police, — dans le jargon des voleurs.
France, 1907 : Fripon ; homme dont la probité laisse à désirer. Agence véreuse, agence de filous, de tripoteurs.
… Un de ces financiers qu’on appelle « habiles » quand leurs affaires vont bien, « véreux » quand elles périclitent, et « fripouilles » quand ils ont sauté.
(Henry Fouquier)
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