d’Hautel, 1808 : Comme dit ç’tautre. Cette manière de parler est toujours suivie d’une maxime sentencieuse, dont on ne nomme pas l’auteur. Car, comme dit ç’tautre : Quand on crache en l’air cela retombe sur le nez, etc.
À d’autres. Pour dire, on ne m’en fait pas accroire : cherchez vos dupes ailleurs.
Autre chose est de dire, et autre chose est.de le faire. C’est-à-dire qu’il est plus, facile de parler que d’agir.
Il en a fait bien d’autres. Pour dire que quelqu’un a fait des siennes ; qu’il a fait plus d’une fredaine dans sa vie.
Autre
Bambocher
d’Hautel, 1808 : Faire des fredaines ; se laisser aller à tous les débordemens d’une folle jeunesse ; tenir des propos plaisans et railleurs.
Il ne faut pas bambocher. Pour il ne faut pas plaisanter, badiner ; c’est une chose sérieuse.
Cascade
Delvau, 1866 : s. f. Plaisanterie ; manque de parole, — chute de promesse.
Rigaud, 1881 : Bouffonnerie. — Fredaine.
France, 1907 : Légèreté, manque de parole, défauts particuliers aux Parisiens.
Cascades
d’Hautel, 1808 : Faire ses cascades. Faire des fredaines ; mener une vie irrégulière et libertine, faire des siennes.
Larchey, 1865 : Vicissitudes, folies.
Sur la terre j’ai fait mes cascades.
(Robert Macaire, chanson, 1836)
Delvau, 1866 : s. f. pl. Fantaisies bouffonnes, inégalités grotesques, improvisations fantasques, — dans l’argot des coulisses.
France, 1907 : Farces, folies de femmes légères, et aussi les fantaisies que se permettent certains acteurs en scène.
Ce galant monarque dont les cascades amoureuses auraient rendu jaloux Lovelace lui-même, tout en cultivant le terrain d’autrui, m’avait pas trop négligé celui de sa femme, car, à son lit de mort, il était entouré d’une demi-douzaine de grands-ducs, tous plus solides les uns que les autres.
(Serge Nossoff, La Russie galante)
M. Prudhomme marie son fils.
Naturellement, toute la noce va faire le traditionnel tour du lac.
Arrivé à la cascade, le beau-père rassemble solennellement tous les invités autour de lui, et, s’adressant à sa bru, lui dit en lui montrant le rocher :
— Vous voyez lien cette cascade, madame… Tâchez de n’en jamais connaître, ni commettre d’autres.
Cent
d’Hautel, 1808 : Le numéro 100. Facétie pour dire les privés, les lieux d’aisance, parce qu’on a coutume de numéroter ainsi ces sortes de cabinets dans les auberges.
Faire les cent coups. Faire des fredaines impardonnables ; se porter à toutes sortes d’extravagances et d’excès ; mener une vie crapuleuse et débauchée ; blesser en un mot toutes les lois de la pudeur, de la bienséance et de l’honnêteté.
Coup
d’Hautel, 1808 : Se battre à coup de savatte. C’est-à dire, à coups de pieds, comme le font les crocheteurs et les porteurs d’eau.
Faire les cent coups. Donner dans de grands écarts, faire des fredaines impardonnables, se porter à toutes sortes d’extravagances, mener une vie crapuleuse et débauchée ; blesser, en un mot, les règles de la pudeur, de la bienséance et de l’honnêteté.
Il a été le plus fort, il a porté les coups. Se dit en plaisantant de quelqu’un qui, n’ayant pas été le plus fort dans une batterie, a supporté tous les coups.
On dit plaisamment d’un homme économe dans les petites choses et dépensier dans les grandes, qu’Il fait d’une allumette deux coups, et d’une bouteille un coup.
Il ne faut qu’un coup pour tuer un loup. Signifie qu’il ne faut qu’un coup de hasard pour abattre l’homme le plus puissant et le plus favorisé de la fortune.
Faire un mauvais coup. Commettre quelque méchante action, quelqu’action criminelle.
Un coup de maître. Affaire conduite avec adresse, habileté.
Faire d’une pierre deux coups. Faire deux affaires en en traitant une.
Faire un mauvais coup. Ne pas réussir ou échouer dans une entreprise.
Un coup de Jarnac. Coup détourné et perfide qui se dirige contre une personne à qui l’on veut du mal.
Caire un coup de sa tête. Pour dire un coup décisif ; ne prendre conseil que de sa propre volonté.
Coup de main. On appelle ainsi un travail de peu de durée, comme lorsqu’on se fait aider par des étrangers dans un moment de presse.
Un coup de désespoir. Action causée par le chagrin, la douleur, la peine.
Avoir un coup de hache. Pour, être timbré ; avoir la tête exaltée.
Les plus grands coups sont portés. Pour dire, le plus fort est fait, le plus grand danger est passé.
Il n’y a qu’un coup de pied jusque-là. Pour dire qu’il n’y a pas loin. On se sert aussi de cette locution ironiquement, et pour se plaindre de l’éloignement d’un lieu où l’on a affaire.
Se donner un coup de peigne. Au propre, se coiffer, se retapper. Au figuré, se battre, se prendre aux cheveux.
C’est un coup d’épée dans l’eau. Pour, c’est un effort infructueux, un travail inutile.
Frapper les grands coups dans une affaire. Mettre tout en œuvre pour la faire réussir.
Discret comme un coup de canon. Homme étourdi et indiscret qui ne peut rien garder de ce qu’on lui confie.
Il fait ses coups à la sourdine. Se dit d’un fourbe, d’un hypocrite, d’un homme dont les actions sont traitres et cachées.
Delvau, 1864 : L’acte vénérien, qui est, en effet, un choc — agréable pour celle qui le reçoit comme pour celui qui le donne.
L’autre jour un amant disait
À sa maîtresse à basse voix,
Que chaque coup qu’il lui faisait
Lui coûtait deux écus ou trois.
(Cl. Marot)
Tu voudrais avoir pour un coup
Dix écus ; Jeanne, c’est beaucoup.
(Et. Tabourot)
Pour l’avoir fait deux coups en moins de demi-heure,
C’est assez travailler pour un homme de cour.
(Cabinet satyrique)
Il faut toujours se faire payer avant le coup.
(Tabarin)
L’homme philosophal que cherche, sans le trouver, la femme, est celui qui ferait réellement les cent coups.
(J. Le Vallois)
Rigaud, 1881 : Manœuvre faite dans le but de tromper. On dit : il m’a fait le coup, il m’a trompé ; c’est le coup du suicide, c’est un faux suicide annoncé pour attendrir la dupe. (L. Larchey)
La Rue, 1894 : Vol. Manœuvre dans le but de tromper. Ne pas en f…iche un coup, ne pas travailler.
Virmaître, 1894 : Procédé secret et particulier (Argot des voleurs).
Désargenter
France, 1907 : Être sans argent.
Quand on est désargenté, on se la brosse, et l’on ne va pas se taper un souper à l’œil.
(Mémoires de Vidocq)
J’avais donc, en courant de fredaine en fredaine,
Ruiné mes parents, qui sont morts à la peine,
Et c’est bien fait pour eux, ils m’avaient trop gâté,
Enfin, lorsque je fus par trop désargenté,
— Hélas ! j’avais vendu mes dernières dépouilles
Pour une autre boisson que celle des grenouilles ! –
Voulant continuer mon état de rentier,
Car je l’aimais, je fis plus d’un sale métier.
(Barrillot, La Mascarade humaine)
Escapade
d’Hautel, 1808 : Pour fredaines, écarts, tours de jeunesse.
Il fait souvent quelqu’escapade. Pour, il n’a pas une conduite bien régulière.
Faire
d’Hautel, 1808 : Pour tromper, duper, attraper, friponner ; filouter, voler.
Je suis fait. Pour dire attrapé, on m’a trompé.
Faire de l’eau. Pour dire uriner, pisser. Hors de ce cas, c’est un terme de marine qui signifie relâcher en quelqu’endroit pour faire provision d’eau.
Faire de nécessité vertu. Se conformer sans rien dire aux circonstances.
Faire et défaire, c’est toujours travailler. Se dit par ironie à celui qui a mal fait un ouvrage quelconque, et qu’on oblige à le recommencer.
Quand on fait ce qu’on peut, on fait ce qu’on doit. Signifie qu’il faut savoir gré à celui qui marque du zèle et de l’ardeur dans une affaire, lors même qu’elle vient à ne pas réussir.
Paris ne s’est pas fait en un jour. Signifie qu’il faut du temps à un petit établissement pour devenir considérable ; qu’il faut commencer par de petites affaires avant que d’en faire de grandes.
Allez vous faire faire. Pour allez au diable ; allez vous promener, vous m’impatientez. Ce mot couvre un jurement très-grossier.
Le bon oiseau se fait de lui-même. Signifie qu’un bon sujet fait son sort par lui-même.
Faire et dire sont deux. Signifie qu’il est différent de faire les choses en paroles et de les exécuter.
Il n’en fait qu’à sa tête. Se dit d’un homme entier, opiniâtre, qui se dirige absolument d’après sa volonté.
Qui fait le plus fait le moins. Pour dire qu’un homme qui s’adonne à faire de grandes choses, peut sans contredit exécuter les plus petites.
Faire ses orges. S’enrichir aux dépens des autres s’en donner à bride abattue.
Faire le diable à quatre. Signifie faire des siennes, faire des fredaines ; un bruit qui dégénère en tintamare.
Faire les yeux doux. Regarder avec des yeux tendres et passionnés.
Faire son paquet. S’en aller ; sortir précipitamment d’une maison où l’on étoit engagé.
Faire la vie. Mener une vie honteuse et débauchée.
Il en fait métier et marchandise. Se dit en mauvaise part, pour c’est son habitude ; il n’est pas autrement.
Faire la sauce, et plus communément donner une sauce, etc. Signifie faire de vifs reproches à quelqu’un.
Faire d’une mouche un éléphant. Exagérer un malheur ; faire un grand mystère de peu de chose.
L’occasion fait le larron. C’est-à-dire, que l’occasion suffit souvent pour égarer un honnête homme.
Ce qui est fait n’est pas à faire. Signifie que quand on peut faire une chose sur-le-champ, il ne faut pas la remettre au lendemain.
Allez vous faire paître. Pour allez vous promener.
Les première et seconde personnes du pluriel du présent de l’indicatif de ce verbe sont altérées dans le langage du peuple. À la première personne il dit, par une espèce de syncope, nous fons, au lieu de nous faisons ; et à la seconde, vous faisez, au lieu de vous faites.
Larchey, 1865 : Faire la place, commercialement parlant.
De tous les points de Paris, une fille de joie accourait faire son Palais-Royal.
(Balzac)
Je suis heureux d’avoir pris ce jour-ci pour faire la vallée de l’Oise.
(Id.)
Larchey, 1865 : Nouer une intrigue galante.
Est-ce qu’un homme qui a la main large peut prétendre à faire des femmes ?
(Ed. Lemoine)
Dans une bouche féminine, le mot faire indique de plus une arrière-pensée de lucre. C’est l’amour uni au commerce.
Et toi, ma petite, où donc as-tu volé les boutons de diamant que tu as aux oreilles ? As-tu fait un prince indien ?
(Balzac)
Tu as donc fait ton journaliste ? répondit Florine. — Non, ma chère, je l’aime, répliqua Coralie.
(id.)
Larchey, 1865 : Risquer au jeu.
Nous faisions l’absinthe au piquet à trois.
(Noriac)
Faire dans la quincaillerie, l’épicerie, la banque, etc. ; Faire des affaires dans la quincaillerie, etc.
Larchey, 1865 : Voler.
Nous sommes arrivés à faire les montres avec la plus grande facilité.
(Bertall)
Son fils qui fait le foulard à ses moments perdus.
(Commerson)
Delvau, 1866 : s. m. Façon d’écrire ou de peindre, — dans l’argot des gens de lettres et des artistes.
Delvau, 1866 : v. a. Dépecer un animal, — dans l’argot des bouchers, qui font un veau, comme les vaudevillistes un ours.
Delvau, 1866 : v. a. Visiter tel quartier commerçant, telle ville commerçante, pour y offrir des marchandises, — dans l’argot des commis voyageurs et des petits marchands.
Delvau, 1866 : v. a. Voler, et même Tuer, — dans l’argot des prisons. Faire le foulard. Voler des mouchoirs de poche. Faire des poivrots ou des gavés. Voler des gens ivres. Faire une maison entière. En assassiner tous les habitants sans exception et y voler tout ce qui s’y trouve.
Delvau, 1866 : v. n. Cacare, — dans l’argot à moitié chaste des bourgeois. Faire dans ses bas. Se conduire en enfant, ou comme un vieillard en enfance ; ne plus savoir ce qu’on fait.
Delvau, 1866 : v. n. Jouer, — dans l’argot des bohèmes. Faire son absinthe. Jouer son absinthe contre quelqu’un, afin de la boire sans la payer. On fait de même son dîner, son café, le billard, et le reste.
Delvau, 1866 : v. n. Travailler, être ceci ou cela, — dans l’argot des bourgeois. Faire dans l’épicerie. Être épicier. Faire dans la banque. Travailler chez un banquier.
Rigaud, 1881 : Dérober. — Faire le mouchoir, faire la montre. L’expression date de loin. M. Ch. Nisard l’a relevée dans Apulée.
Vous êtes de ces discrets voleurs, bons pour les filouteries domestiques, qui se glissent dans les taudis des vieilles femmes pour faire quelque méchante loque. (Scutariam facitis)
Rigaud, 1881 : Distribuer les cartes, — dans le jargon des joueurs de whist. — Jouer des consommations, soit aux cartes, soit au billard. Faire le café en vingt points, — dans le jargon des piliers de café.
Rigaud, 1881 : Exploiter, duper. — Faire faire, trahir. Il m’a fait faire, — dans le jargon des voleurs.
Rigaud, 1881 : Faire le commerce de ; être employé dans une branche quelconque du commerce. — Faire les huiles, les cafés, les cotons. Mot à mot : faire le commerce des huiles, des cotons, etc.
Rigaud, 1881 : Guillotiner, — dans le langage de l’exécuteur des hautes-œuvres.
M. Roch (le bourreau de Paris) se sert d’une expression très pittoresque pour définir son opération. Les criminels qu’il exécute, il les fait.
(Imbert.)
Rigaud, 1881 : Parcourir un quartier au point de vue de la clientèle, — dans l’argot des filles. Elles font le Boulevard, le Bois, les Champs-Élysées, comme les placières font la place.
Rigaud, 1881 : Séduire.
La puissante étreinte de la misère qui mordait au sang Valérie, le jour où, selon l’expression de Marneffe, elle avait fait Hulot.
(Balzac, La Cousine Bette)
L’artiste qui, la veille, avait voulu faire madame Marneffe.
(Idem)
Faire une femme, c’est mot à mot : faire la conquête d’une femme.
Le temps de faire deux bébés que nous ramènerons souper ; j’ai le sac.
(Jean Rousseau, Paris-Dansant)
Quand une femme dit qu’elle a fait un homme, cela veut dire qu’elle fonde des espérances pécuniaires sur celui qu’elle a séduit, qu’elle a fait une affaire avec un homme. — Les bals publics sont des lieux où les femmes vont faire des hommes, mot à mot : le commerce des hommes.
Rigaud, 1881 : Tuer, — dans le jargon des bouchers : faire un bœuf, tuer un bœuf et le dépecer.
Rigaud, 1881 : Vaincre, terrasser, — dans l’argot des lutteurs.
Il ajouta qu’en se glorifiant d’avoir fait le Crâne-des-Crânes, certains saltimbanques en avaient menti.
(Cladel, Ompdrailles, Le Tombeau des lutteurs.)
Fustier, 1889 : Arrêter. Argot des voleurs. Être fait, être arrêté.
Le lendemain matin, il questionne la Lie-de-Vin… puis il part. Dans l’après-midi il était fait.
(Gil Blas, juin, 1886.)
La Rue, 1894 : Exploiter, duper. Arrêter. Jouer. Trahir. Séduire : faire une femme, faire un homme. Raccrocher. Dérober. Tuer. Vaincre, terrasser. Guillotiner.
Virmaître, 1894 : Les bouchers font un animal à l’abattoir. Faire : tuer, voler. Faire quelqu’un : le lever. Faire : synonyme de fabriquer (Argot du peuple et des voleurs).
France, 1907 : Exploiter.
Elles faisaient les bains de mer et les villes d’eaux, émigrant suivant la saison, comme les bohémiens, comme les hirondelles, des falaises grises de la Manche qu’un gazon plat encapuchonne aux côtes méditerranéennes où la blancheur luit dans l’azur.
(Paul Arène)
France, 1907 : Voler.
Deux filous causent de la future Exposition :
— C’est une bonne affaire pour nous… Ça fournit des occupations…
— Qu’est-ce que tu y faisais en 1869 ?
— Les montres.
(Le Journal)
Il lançait de vastes affaires sur le marché, comme la Caisse d’Algérie, et il ne dédaignait pas de vulgaires filouteries. Ses opérations se trouvèrent ainsi embrasser tous les cercles de la vie de Paris. Il ne dédaignait aucun coup à tenter. Il faisait le million aux riches gogos et le porte-monnaie aux passants.
(Edmond Lepelletier)
Un monsieur, très pressé, court dans la rue.
Un quidam le rejoint, lui frappe sur l’épaule et lui demande impérieusement :
— Où allez-vous ?
— Qu’est-ce que ça peut vous faire ? répond le monsieur furieux.
— Ça me fait beaucoup… on vient de me voler !
— Et vous m’accusez ?
— Oui.
— C’est trop fort !
— N’essayez pas de m’en imposer.
— Mais fouillez-moi, espèce de crétin !
Le quidam fouille le monsieur, et se retire en présentant de plates excuses.
Quand Le monsieur se fouille à son tour, il s’aperçoit qu’on lui a fait sa montre et son porte-monnaie.
(Gil Blas)
À la correctionnelle :
— Alors, dit familièrement le président au prévenu, vous vous vantez de faire la montre aves une remarquable dextérité ?
— Aussi bien que personne ici !
Puis il ajoute courtoisement :
— Soit dit sans vous offenser.
Farce
d’Hautel, 1808 : Être le dindon d’une farce. Être dupé dans une affaire, en supporter toutes les charges sans en avoir eu les bénéfices.
Faire ses farces. Se divertir, faire ses fredaines, s’amuser aux dépens de quelqu’un.
Voilà encore de ses farces. Pour voilà un tour de sa façon.
Tirez le rideau, la farce est jouée. Pour dire que le tour que l’on vouloit jouer a réussi ; qu’une affaire est terminée.
On dit aussi d’une personne qui trouve à redire à tout ; d’une chose ridicule ou plaisante : Il est farce celui-là. C’est farce.
Larchey, 1865 : Comique.
C’est farce ! Mais vous faites de moi ce que vous voulez.
(E. Sue)
Delvau, 1866 : adj. Amusant, grotesque, — dans l’argot du peuple. Chose farce. Chose amusante. Homme farce. Homme grotesque. Être farce. Avoir le caractère joyeux ; être ridicule.
Delvau, 1866 : s. f. Plaisanterie en paroles ou en action, — dans l’argot du peuple, qui a été souvent la victime de farces sérieuses de la part de farceurs sinistres.
France, 1907 : Comique, amusant, grotesque. Être farce, être comique. Pour deux sous on en verra la farce, on peut se procurer cet objet ou ce plaisir pour dix centimes. Une farce de fumiste, une plaisanterie brutale ou de mauvais goût. Voir Fumiste.
Faire des farces. Se dit d’une personne qui s’amuse, d’une fille qui jette son bonnet par-dessus les moulins où d’une femme qui trompe son mari.
Fredaine
Delvau, 1866 : s. f. Intrigue amoureuse, — dans l’argot des bourgeois. Faire ses fredaines. Aimer « le cotillon ».
Fumiste
Larchey, 1865 : Trompeur, mystificateur, homme qui fait fumer les gens.
Rigaud, 1881 : Mauvais plaisant. — Farce de fumiste, plaisanterie de mauvais goût.
Rigaud, 1881 : Tout individu qui ne porte pas un uniforme, — dans l’argot des polytechniciens. — Être en fumiste, être habillé en civil, avoir endossé des habits de ville.
La Rue, 1894 : Mauvais plaisant. Fumisterie, mauvaise plaisanterie.
Virmaître, 1894 : Farceur, mystificateur, qui cherche toutes les occasions possibles de faire des blagues. Les plus grands fumistes des temps passés furent Romieu et Sapeck. Ils sont remplacés par Lemice-Terrieux. À propos de Sapeck dont la réputation est encore grande au quartier latin ; la fameuse farce des bougies coupées ne lui appartient pas, elle fut faite quarante ans avant lui. On la raconte dans une brochure intitulée : Les mystères de la Tour de Nesles (Paris 1835). (Argot du peuple). N.
Hayard, 1907 : Farceur, mystificateur.
France, 1907 : Bourgeois, civil, synonyme de pékin, dans l’argot polytechnicien, à cause de l’horrible chapeau noir, dit tuyau de poêle, dont tout le monde continue à porter.
Les jours de sortie, quand on a envie de commettre quelque fredaine, on va se mettre en fumiste, se fumister, comme on dit, c’est-à-dire revêtir une tenue bourgeoise…
(L’Argot de l’X)
France, 1907 : Farceur, mystificateur, mauvais plaisant. Farce de fumiste, plaisanterie désagréable.
D’après les Mémoires de M. Claude, cette locution : farce de fumiste, viendrait de la manière d’opérer d’une bande de voleurs, fumistes de profession. Ils s’introduisaient par les cheminées pour dévaliser les appartements déserts et en faire sortir les objets les plus précieux par les toits.
Paul Arène a trouvé une autre explication :
Je crois, dit-il, tenir celle de fumiste que Sarcey, chercheur s’il en fut, chercha vainement néanmoins. Non, maître Sarcey, si l’on dit populairement plaisanterie de fumiste, ce n’est pas à cause de la célèbre note : — « M’être transporté avec un apprenti dans la salle à manger du sieur X…, 2 fr., — Avoir essayé d’empêcher la cheminée de fumer, 3 fr. — N’avoir pas réussi, 5 fr. »
D’abord une note à payer, qu’elle se rattache ou non à la fumisterie, ne saurait en aucun cas être considérée comme plaisante.
Et puis, si dans l’espèce il s’agissait de note, la sagesse des nations pourrait tout aussi bien, et peut-être plus justement dire : plaisanterie de pharmacien, de propriétaire ou de tailleur.
L’origine de l’expression est plus simple. Certain fumiste qui se trouvait au bord d’un toit, occupé à coiffer une cheminée d’un de ces énormes casques de tôle qui n’empêchent jamais les cheminées de fumer, mais possèdent par contre le double avantage de coûter très cher et de grincer abominablement quand le vent souffle, s’imagina, voyant un bourgeois passer dans la rue, de se laisser tomber sur lui de tout son poids en manière de plaisanterie. Il le fit, et la plaisanterie fut trouvée bonne, car ils moururent tous les deux. De là, plaisanterie de fumiste.
(Gil Blas)
Si non vero, non bene trovato !
Les fumistes sont généralement des gens qui ne se soucient guère de compliquer leur plaisir de quelque idée morale. Ce sont des hommes sceptiques toujours, spirituels parfois, qui se préoccupent peu de réformer la société. La gravité quasi pontifiante derrière laquelle ils dissimulent leurs projets de mystificateurs, a pu faire croire à certains qu’ils s’abusent sur le sérieux de leur fonction.
(Francis Chevassu)
— Vous devez être joliment étonné de me revoir, au ministère de l’intérieur, femmes de ministre ! Celui qui m’aurait prédit ça quand nous faisions notre partie an Procope, je l’aurais traité de fumiste de la plus belle eau. Et pourtant ça y est. Je n’en suis pas fâchée. Je m’amuse ! Ah ! que c’est drôle d’être ministre ! C’est vrai, je vous jure. Voir des tas de gens qui vous font des salamalecs et qui me demandent des faveurs quand je leur ai peut-être demandé un bock dans le temps !
(Edgar Monteil, Le Monde officiel)
Gambade
d’Hautel, 1808 : Faire des gambades d’oreillers. Pour bailler fréquemment, ce qui dénote l’envie de dormir.
Faire ses gambades. Danser follement ; faire des singeries, des fredaines.
Gentillesse
d’Hautel, 1808 : C’est une de ses gentillesses. Se dit en mauvaise part, pour c’est une de ses fredaines, un de ses tours.
Mal pensants (journaux)
France, 1907 : Feuilles publiques qui ne pensent pas comme vous. Les cléricaux emploient surtout cette expression pour les journaux républicains, quand ceux-ci racontent quelque fredaine des membres du clergé.
Les journaux mal pensants ne manquent jamais de relater ces esclandres. Aussi, pour que la quantité ne puisse en être connue, l’archevêque a autorisé les prêtres du diocèse à ne pas porter la soutane.
Mascarade
d’Hautel, 1808 : Pour farce, fredaine, tours de jeunesse.
Miévreté
d’Hautel, 1808 : Fredaines, malignité.
Pain bénit
France, 1907 : Punition méritée.
— En a-t-il fait des fredaines ! En a-t-il trompé de pauvres filles ! Maintenant le voilà cocu… C’est pain bénit !
(Les Propos du Commandeur)
Parapluie
La Rue, 1894 : Mari.
France, 1907 : Niais. Il sert à couvrir les fredaines de son épouse en vertu de cet axiome : « Le pavillon couvre la marchandise. »
Pasquinade
d’Hautel, 1808 : Farce, raillerie ; mauvaise plaisanterie ; fredaines, écarts de jeunesse.
Pente
d’Hautel, 1808 : Pour, fredaine, farce, tour de jeunesse.
Se donner des pentes. Prendre des airs, des tons au-dessus de sa condition ; dépenser plus que les moyens ne le permettent ; se choyer, se dorlotter.
Halbert, 1849 : Poire.
France, 1907 : Poire ; argot des voleurs. La poire, par son poids, pend plus que tout autre fruit sur l’arbre.
Rabacheur
d’Hautel, 1808 : Un vieux rabacheur. Mauvais auteur, celui qui répète inutilement les mêmes choses ; on donne fort communément ce nom à un vieillard qui a l’humeur grondeuse, qui sermone ou réprimande les jeunes gens sur leurs fredaines.
On dit dans le même sens Rabacheuse, en parlant d’une femme.
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