Rigaud, 1881 : Ressentir les premiers effets de l’ivresse ; une des nombreuses métaphores pour désigner la manière d’être d’un homme soûl. À des degrés divers, on dit : Avoir sa cocarde, avoir son plumet, être dans les vignes, dans les brindezingues, avoir son compte, son affaire, sa pointe, un coup de soleil, un coup de jus, un coup de sirop, être tout chose, éméché, parti, lancé, paf, pochard, soûlot, soulard, gavé, poivre, poivrot, raide comme balle, raide comme la justice. Voici, d’après M. Denis Poulot (le Sublime), les marches de l’échelle alcoolique, dans l’argot des ouvriers mécaniciens : 1o Attraper une allumette ronde : il est tout chose ; 2o Avoir son allumette-de marchand de vin : il est bavard et expansif ; 3o Prendre son allumette de campagne, ce bois de chanvre soufré des deux bouts : il envoie des postillons et donne la chanson bachique ; 4o Il a son poteau kilométrique : son aiguille est affolée, mais il retrouvera son chemin ; 5o Enfin le poteau télégraphique, le pinacle : soulographie complète, les roues patinent, pas moyen de démarrer ; le bourdonnement occasionné par le vent dans les faïences est cause du choix.
Allumette ronde (attraper une)
Avoir sa pointe, son grain
La Rue, 1894 : Premier degré de l’ivresse. Les autres degrés sont : Être monté, en train, poussé, tancé, en patrouille, attendri, gai, éméché, teinté, allumé, pavois, poivre, pompette. Avoir le net piqué, son plumet, sa cocarde. Être raide, dans les vignes, dans les brouillards, dans les brindezingues, chargé, gavé, plein, complet, rond, pochard, bu. Avoir sa culotte, son casque, son sac, sa cuite, son compte, saoul comme trente-six mille hommes, etc.
Brindezingue
Delvau, 1866 : s. m. Étui en fer-blanc, d’un diamètre peu considérable et de douze à quinze centimètres de longueur, dans lequel les voleurs renferment une lame d’acier purifié, taillée en scie, et à trois compartiments, qui leur sert à couper les plus forts barreaux de prison. Comment arrivent-ils à soustraire cet instrument de délivrance aux investigations les plus minutieuses des geôliers ? C’est ce qu’il faut demander à M. le docteur Ambroise Tardieu, qui a fait une étude spéciale des maladies de la gaîne naturelle de cet étui.
La Rue, 1894 : Ivre.
France, 1907 : « Étui en fer-blanc, d’un diamètre peu considérable et de douze à quinze centimètres de longueur, dans lequel les voleurs renferment une lame d’acier purifié taillée en scie, et à trois compartiments, qui leur sert à couper les plus forts barreaux de prison. » (Alfred Delvau.)
Le brindezingue se dissimule ordinairement dans l’anus.
Brindezingue (chez le)
anon., 1907 : Chez le marchand de vin.
Brindezingue (être)
anon., 1907 : Être ivre.
Brindezingues
d’Hautel, 1808 : Être dans les brindezingues. Signifie avoir une pointe de vin, être en gaieté ; être à demi gris.
Brindezingues (être dans les, se mettre dans les)
Rigaud, 1881 : Être, se mettre en état d’ivresse.
Brindezingues (être dans les)
Larchey, 1865 : Être ivre. Mot à mot : avoir trop bu à la santé des autres.
Tiens, toi, t’es déjà dans les brindezingues.
(Vadé, 1756)
Du vieux mot brinde : toast.
Ces grands hommes firent tant de brindes à vostre santé et à la nostre, qu’ils en pissèrent chacun plus de dix fois.
(Lettre curieuse envoyée au cardinal Mazarin par ses nièces. — Paris, 1651)
Delvau, 1866 : Être complètement ivre. Argot des faubouriens.
France, 1907 : Être ivre ; du vieux mot français brinde, qu’on a remplacé, à tort, par son synonyme anglais toast.
Mettre en brindezingue (se)
Virmaître, 1894 : Faire la noce. Être dans les brindezingues : être pochard (Argot du peuple). N.
Mettre en bringue
Delvau, 1866 : v. n. Mettre en morceaux, briser.
Virmaître, 1894 : Mettre en morceaux, briser. A. D. Bringue, signifie femme maigre, l’expression est donc fausse. Mettre en bringue, est synonyme de brindezingue (Argot du peuple). N.
France, 1907 : Briser.
Pompette (être)
France, 1907 : Être dans un état de gaieté occasionné par un commencement d’ivresse ; argot populaire. Cette expression vient du vieux mot pompette, pompon, à cause du nez rouge des buveurs. On trouve dans les Adages françoises du XVIe siècle : « Beau nez à pompette » pour ivrogne.
Il évite dans les familles
Habituell’ment d’en causer,
Surtout devant les jeunes filles :
Ça pourrait les faire jaser.
Mais un soir qu’il était pompette,
Dans un dîner des plus rupins,
Il les a mis’s sur une assiette…
(Répertoire de Gavrochinette)
Les expressions synonymes sont : avoir son plumet, sa cocarde, son casque, une culotte, son jeune homme, son pompon, son poteau, sa cuite, sa pointe, son allumette, sa pistache, son loquet, un grain, un coup de bouteille, de sirop, de soleil, de gaz, de feu, son compte, son plein, sa pente ; être en train, bien lancé, éméché, ému, en ribote, dans les vignes, les brindezingues, les brouillards, la paroisse de Saint-Jean-le-Rond, en patrouille, parti, allumé, pavois, bu, paf, raide comme la justice, poivre, casquette, dans un état voisin, etc., etc.
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