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Bonneteau

Rigaud, 1881 : Toute espèce de jeux de cartes tenus dans les foires, où le public est naturellement dupe. L’antique jeu de bonneteau consiste à faire deviner une carte parmi trois que manie avec une maladresse affectée le bonneteur. On ne devine jamais, grâce à une substitution.

La Rue, 1894 : Jeu de cartes où le public est toujours dupe.

Virmaître, 1894 : Jeu des trois cartes. Ce jeu ou plutôt ce vol s’exécute à Auteuil, Saint-Ouen et dans les wagons de chemin de fer. M. Marcel Schwob, pour arriver à expliquer l’expression de bonneteur dit qu’il faut passer par des intermédiaires : bonnet. bonneteur, lingerie. Bonnet, dans les ateliers, signifie se réunir plusieurs pour former une coterie, résister au patron ou aux autres camarades. Les bonneteurs sont généralement trois pour opérer : le bonneleur qui tient le jeu, l’engayeur qui ponte pour allécher les naïfs, le nonneur qui est en gaffe pour avertir si la rousse dévale. Ce trio forme donc bien un bonnet, et bonneteur en dérive tout naturellement, et il n’est nullement question de lingerie. Bonnet et bonneteur sont deux expressions en circulation depuis plus de cinquante ans ; Vidocq en parle dans ses Voleurs (Argot du peuple).

France, 1907 : Sorte de jeu de cartes dont se servent certains filous pour attraper les naïfs. En voici une description minutieuse dans un arrêt du tribunal de Compiègne.

Le jeu des trois cartes, dit de bonneteau, qui consiste en un pari sur la place occupée par telle ou telle des cartes que le banquier a montrées à découvert et que les joueurs croient pouvoir suivre et désigner à coup sûr, constitue une escroquerie lorsque, par un tour de main pratiqué avec dextérité, le banquier est parvenu à substituer aux deux autres une carte de couleur différente sur laquelle il avait fixé l’attention des compères, et à déjouer ainsi l’attention de celui qui a parié avec lui.
En opérant ainsi, il modifie à sa volonté les conditions de l’aléa qui forme l’essence du jeu, et s’assure à l’avance un gain illicite.

Jouer sur une borne ou sur une petite tablette, le nom est bonneteau. En wagon, on appelle ce même jeu consolation, car c’est généralement en revenant des courses que les bonneteurs cherchent la victime parmi les perdants.

Consolation

Larchey, 1865 : Eau-de-vie. — Ce mot dit avec une éloquence navrante ce que le pauvre cherche souvent dans un petit verre ; — L’oubli momentané de ses maux, et souvent de sa faim.

Bon, il entre dans le débit de consolation.

(E. Sue)

Delvau, 1866 : s. f. eau-de-vie, — dans l’argot du peuple, qui se console à peu de frais. Débit de consolation. Liquoriste, cabaret.

Rigaud, 1881 : Débit de liqueurs. — L’eau-de-vie est la consolation des ivrognes.

Fustier, 1889 : Jeu de hasard à l’usage des filous.

Au lieu du rendez-vous, on jouait la consolation, partie qui consiste à diviser un tapis vert en cases, au moyen de lignes tracées à la craie, à numéroter chaque compartiment depuis un jusqu’au chiffre maximum que peuvent produire un certain nombre de dés et à payer enfin à chaque individu le montant de la mise qui se trouve dans la case que désigne la somme des points amenés par le coup de dés.

(La Loi, 1882)

La Rue, 1894 : Partie de cartes ou de dés proposée par les bonneteurs en wagon.

Virmaître, 1894 : Jeu qui se joue dans les wagons de chemins de fer au retour des courses. Les bonneteurs offrent la consolation aux joueurs malheureux, qui ont celle de se voir encore dépouillés (Argot des camelots).

Rossignol, 1901 : C’est un jeu de hasard que l’on appelait dans le temps la parfaite égalité, et, comme disait le teneur, « un petit jeu franc et loyal qui ne craint ni la rousse ni le municipal, c’est le petit jeu de la bobinette ; celui qui a peur de perdre, faut pas qu’il y mette. » Le mot consolation date de 1876 ; l’auteur est un nomme Loustelet, marchand de bijoux en chambre, qui importa ce jeu aux courses. Il se jouait en chemin de fer, à l’aller et au retour des courses, puis on s’arrêtait chez un marchand de vin pour y continuer la partie. Lorsque les joueurs étaient décavés, Loustelet faisait tirer gratuitement un bijou entre les perdants, ce qui était la consolation. Voyant que son métier prospérait, Loustelet avait pris plusieurs commis qui tenaient ce jeu séparément et pour lui ; mais ce petit truc fut vite connu et les chemins de fer infestés de teneurs de consolation. À cette époque c’était le petit jeu franc et loyal, les dés à jouer étaient dans un cornet ; depuis, ils se mettent dans une boîte en bois où il y a un avantage pour le teneur et toujours escroquerie (la boîte est arnaquée).

France, 1907 : Eau-de-vie.

France, 1907 : Jeu de filous qui se joue dans les wagons, au retour des courses, appelé ainsi pour soi-disant consoler ceux qui ont perdu. Il se joue avec trois dés et un tableau divisé en six cases. Quelques marchands de vins du voisinage de la gare Saint-Lazare sont connus pour offrir leur bar aux consolateurs.

Après le tirage du gros lot, on a recommencé la partie pour les vice-présidents ; c’est ce que, dans je monde des bonneteurs, on appelle le jeu de la consolation.

(Grosclaude, Gil Blas)

Consolation (s’en offrir une)

Virmaître, 1894 : Aller boire un coup et même plusieurs chez le marchand de vin pour faire passer un chagrin réel ou imaginaire. Un assommoir de Belleville avait pris cette enseigne ; les buveurs se consolaient en s’empoisonnant (Argot du peuple).

Console

France, 1907 : Abréviation de consolation. Jeu de bonneteurs.

Consolette

France, 1907 : Abréviation de consolation.

Mais la cueillette est meilleure dans les trains de banlieue où les bonneteurs offrent aux victimes du turf la petite partie dite la consolette. Cette escroquerie a été expliquée cent fois, ce qui n’empêche pas les naïfs de s’y laisser perpétuellement prendre. On connaît la combinaison. Étant données trois coquilles de noix dont l’une recouvre un pois, où trois cartes dont l’une est gagnante, le bonneteur mélange avec une feinte gaucherie coquilles ou cartes, et offre à mises égales de deviner la bonne. Un spectateur essaye et réussit à tout coup. C’est un compère, un comte, en argot professionnel. Encouragés par ce résultat, d’autres voyageurs parient et perdent. Ce sont les pantes.

(Guy Tomel, Le Bas du Pavé parisien)

Débiner

d’Hautel, 1808 : Décroître, aller en décadence, perdre sa fortune, son emploi, ses ressources, se laisser aller en guenilles.
Il est tout débiné. Pour dire, il a un habit tout déguenillé ; il est dans la pénurie, dans le besoin.

anon., 1827 : Parler contre.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Parler contre un confrère, le dénoncer.

Bras-de-Fer, 1829 : Parler contre.

Vidocq, 1837 : v. a. — Médire, calomnier.

M.D., 1844 : Mépriser.

un détenu, 1846 : Parler mal d’autrui.

Larchey, 1865 : Médire.

On le débine, on le nie, on veut le tuer.

(A. Scholl)

Delvau, 1866 : v. a. Médire, — et même calomnier. En wallon, on dit : Dibiner, pour être mal à l’aise, en langueur. Se débiner. S’injurier mutuellement.

Rigaud, 1881 : Dire du mal. — Déprécier. Mot à mot : mettre quelqu’un ou quelque chose dans la débine, l’appauvrir moralement.

Boutmy, 1883 : v. Dénigrer, dire du mal de quelqu’un. N’est pas particulier au langage typographique.

Virmaître, 1894 : Dire du mal de quelqu’un.
— Nous l’avons tellement débiné qu’il n’a pu réussir (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Dire du mal de quelqu’un c’est le débiner.

Hayard, 1907 : Critiquer, (se), partir.

France, 1907 : Décrier, médire ; le plus grand plaisir des femmes, après celui de tromper leur amant ou leur mari, et la consolation des ratés.

— Je puis, deux heures d’affilée, débiner les camarades au café. Mais, dès que j’essaie de travailler, je sens que je vais mourir, je meurs, je m’éteins.

(Émile Goudeau, Le Journal)

— C’est comme ça, madame ! Par dépit ! Par jalousie ! Et elle nous débine toutes auprès de vous, et vous la croyez, vous la soutenez.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

anon., 1907 : Dire du mal de quelqu’un.

Douleur (étrangler la)

La Rue, 1894 : Boire un verre d’eau-de-vie.

France, 1907 : Boire un verre d’eau-de-vie. La consolation est, en effet, au fond du verre.

Faire la console ou consolation

France, 1907 : Voir Consolation.

Fiche de consolation

Larchey, 1865 : Dédommagement. — Terme de whist.

Delvau, 1866 : s. f. Compensation, dédommagement.

France, 1907 : Compensation.

Gandin

Delvau, 1864 : Imbécile bien mis qui paie les filles pour qu’elles se moquent de lui avec leurs amants de cœur. Il reste une consolation aux gandins qui grappillent dans les vignes amoureuses après ces maraudeurs de la première heure, c’est de se dire :

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse !

(A. Delvau)

Nous soupions au sortir du bal. Quelques gandins,
Portant des favoris découpés en jardin,
Faisaient assaut d’esprit avec des femmes rousses.

(Th. De Banville)

Larchey, 1865 : Dandy ridicule. Du nom d’un personnage de vaudeville.

L’œillet rouge à la boutonnière, Les cheveux soigneusement ramenés sur les tempes comme deux gâteaux de pommade, le faux-col, les entournures, le regard, les favoris, le menton, les bottes ; tout en lui indiquait le parfait gandin, tout, jusqu’à son mouchoir fortement imprégné d’essence d’idiotisme.

(Figaro, 1858)

Delvau, 1866 : s. m. Amorce, paroles fallaces, — dans l’argot des marchandes du Temple. Monter un gandin. Raccrocher une pratique, forcer un passant à entrer pour acheter.

Delvau, 1866 : s. m. Coup monté ou à monter, — dans l’argot des voleurs. Hisser un gandin à quelqu’un. Tromper.

Delvau, 1866 : s. m. Oisif riche qui passe son temps à se ruiner pour des drôlesses, — et qui n’y passe pas beaucoup de temps, ces demoiselles ayant un appétit d’enfer. Le mot n’a qu’une dizaine d’années. Je ne sais plus qui l’a créé. Peut-être est-il né tout seul, par allusion aux gants luxueux que ces messieurs donnent à ces demoiselles, ou au boulevard de Gand (des Italiens) sur lequel ils promènent leur oisiveté. On a dit gant-jaune précédemment.

Rigaud, 1881 : Dandy dégénéré. Homme à la mise recherchée, prétentieuse et ridicule. D’où vient-il ? Est-ce de gant ? Est-ce de l’ancien boulevard de Gand ? Est-ce du nom d’un des personnages — Paul Gandin — des Parisiens de la Décadence, de Th. Barrière ? Est-ce de gandin, attrape-nigaud, en retournant la signification : nigaud attrapé ? Est-ce de dandy, avec changement du D en G, addition d’un N et réintégration de l’Y en I ? Je ne sais. — Le gandin s’éteignit en 1867, en laissant sa succession au petit-crevé qui creva en 1873, en léguant son héritage au gommeux, qui le léguera à un autre, et ainsi de suite jusqu’à la consommation des siècles.

Rigaud, 1881 : Duperie, attrape-nigaud. Hisser un gandin à un gonse, tromper un individu. — Monter un gandin, — dans le jargon des revendeurs du Temple, signifie chauffer l’article, harceler le client pour lui faire acheter quelque chose.

Rigaud, 1881 : Fort, — dans le jargon des barrières. Il est rien gandin.

Fustier, 1889 : Honnête, convenable, gentil. Argot du peuple.

Autrefois on avait deux sous de remise par douzaine. À présent, on les prend (des pièces de cuivre) chez Touchin. Il ne donne rien, ce muffle-là. Vrai ! c’est pas gandin !

(Fournière, Sans métier)

La Rue, 1894 : Duperie. Coup monté. Riche oisif.

France, 1907 : Riche oisif, jeune fainéant dont le père a travaillé sa vie durant pour qu’il passe la sienne à ne rien faire, parasite social. C’est le successeur et l’imitateur des lions du temps de Louis-Philippe, qui succédèrent eux-mêmes aux dandys et aux fashionables de la Restauration, aux beaux de l’empire, engendrés par les incroyables et les muscadins du Directoire, fils des petits maîtres de la fin du règne de Louis XV, descendants des talons rouges et des roués de la Régence, neveux des marquis de Louis XIV. Le nom de gandin parait pour la première fois en 1854 dans une pièce de Théodore Barrière, Les Parisiens, porté par un élégant ridicule, mais il ne se répandit guère dans le publie avant 1858. Gandin vient-il du boulevard de Gand, devenu le boulevard des Italiens et qui était la promenade habituelle des jeunes et riches oisifs, ou, suivant quelques étymologistes, du patois beauceron gandin, dont les éleveurs de la Beauce désignent le jeune mouton ? La bêtise, la simplicité, la passivité du mouton adolescent qui suit pas à pas celui qui le précède, et les instincts moutonniers, l’épaisse imbécillité de ces jeunes abrutis qui se copient tous en habits, en langage et en gestes offrent quelque créance à la seconde version. Cependant le public parisien ignore le patois de la Beauce, gandin adolescent mouton est inconnu sur le boulevard, et pour cette raison nous nous en rapporterons à la première.

Cigare aux dents, lorgnon dans l’œil,
Chaussé par Fabre, habillé par Chevreuil,
Un de ces élégants dont l’esprit reste en friche,
Nommés gandins hier, cocodès aujourd’hui,
Et qui nonchalamment promènent leur ennui
Depuis la Maison d’Or jusques au Café Riche…

(J.-B. de Mirambeaux)

Adieu, gandins infects, drôlesses éhontées, vous tous, abrutis qui, depuis ma majorité, n’avez cessé de jeter un froid dans mon existence. Je vous lâche !

C’était à l’Ambigu, la jeune X… des Folies Dramatiques se pavanait dans une avant-scène en compagnie de plusieurs crétins, tous gandins, et plus bêtes les uns que les autres, par conséquent.

(Léon Rossignol, Lettres d’un Mauvais jeune homme à sa Nini)

On l’emploie adjectivement dans le sens de beau, élégant.

— Il est pourtant gandin, mon panier, insiste le gitane avec le plus pur accent du faubourg Antoine ; étrennez-moi, Monsieur, ça vaut une thune et à deux balles je vous le laisse.

(Jean Lorrain)

Lapin (manger un)

Boutmy, 1883 : v. Aller à l’enterrement d’un camarade. Cette locution vient sans doute de ce que, à l’issue de la cérémonie funèbre, les assistants se réunissaient autrefois dans quelque restaurant avoisinant le cimetière et, en guise de repas des funérailles, mangeaient un lapin plus ou moins authentique. Cette coutume tend à disparaître ; aujourd’hui, le lapin est remplacé par un morceau de fromage ou de la charcuterie et quelques litres de vin. Nous avons connu un compositeur philosophe, le meilleur garçon du monde, qui, avec raison, se croyait atteint d’une maladie dont la terminaison lui paraissait devoir être fatale et prochaine. Or, une chose surtout le chiffonnait : c’était la pensée attristante qu’il n’assisterait pas au repas de ses funérailles ; en un mot, qu’il ne mangerait pas son propre lapin. Aussi, à l’automne d’antan, par un beau dimanche lendemain de banque, lui et ses amis s’envolèrent vers le bas Meudon et s’abattirent dans une guinguette au bord de l’eau. On fit fête à la friture, au lapin et au vin bleu. Le repas, assaisonné de sortes et de bonne humeur, fut très gai, et le moins gai de tous ne fut pas le futur macchabée. N’est-ce pas gentil ça ? C’est jeudi. Il est midi ; une trentaine de personnes attendent à la porte de l’Hôtel-Dieu que l’heure de la visite aux parents ou aux amis malades ait sonné. Pénétrons avec l’une d’elles, un typographe, « dans l’asile de la souffrance ». Après avoir traversé une cour étroite, gravi un large escalier, respiré ces odeurs douceâtres et écœurantes qu’on ne trouve que dans les hôpitaux, nous entrons dans la salle Saint-Jean, et nous nous arrêtons au lit no 35. Là gît un homme encore jeune, la figure hâve, les traits amaigris, râlant déjà. Dans quelques heures, la mort va le saisir ; c’est le faux noyé dont il a été question à l’article attrape-science. Au bruit que fait le visiteur en s’approchant de son lit, le moribond tourne la tête, ébauche un sourire et presse légèrement la main qui cherche la sienne. Aux paroles de consolation et d’espoir que murmure son ami, il répond en hochant la tête : « N-i-ni, c’est fini, mon vieux. Le docteur a dit que je ne passerais pas la journée. Ça m’ennuie… Je tâcherai d’aller jusqu’à demain soir… parce que les amis auraient ainsi samedi et dimanche pour boulotter mon lapin. » Cela ne vaut-il pas le « Plaudite ! » de l’empereur Auguste, ou le « Baissez le rideau la farce est jouée ! » de notre vieux Rabelais ?

France, 1907 : Aller à l’enterrement d’un camarade ; argot des ouvriers. Cette locution vient de l’habitude qu’avaient autrefois les ouvriers, en revenant de l’enterrement d’un camarade d’atelier, de se réunir dans un des cabarets avoisinant le cimetière et d’y manger une gibelotte. Le lapin est généralement remplacé maintenant par un morceau de charcuterie.

Au bruit que fait le visiteur en s’approchant de son lit, le moribond tourne la tête, ébauche un sourire et presse légèrement la main qui cherche la sienne. Aux paroles de consolation et d’espoir que murmure son ami, il répond en hochant la tête : « N-i-ni, c’est fini, mon vieux. Le docteur a dit que je ne passerais pas la journée… Ça m’ennuie… Je tâcherai d’aller jusqu’à demain soir vendredi, parce que les amis auraient ainsi samedi et dimanche pour boulotter un lapin. »

(Eugène Boutmy, Argot des typographes)

Mathurins

Ansiaume, 1821 : Dez à jouer.

Je suis le plus vieux, les mathurins sont à moi.

Vidocq, 1837 : s. m. — Dés à jouer.

Halbert, 1849 : Dés à jouer.

Delvau, 1866 : s. m. pl. Dés à jouer, — dans l’argot des voleurs. Mathurins plats. Dominos.

La Rue, 1894 : Dés à jouer. Dominos. Matelots.

Virmaître, 1894 : Dés pipés qui servent aux camelots pour voler au 7, au passe-dix et à la consolation (Argot des camelots).

Hayard, 1907 : Dés pipés.

France, 1907 : Dés pipés ; argot des voleurs. Mathurins plats, dominos ; argot populaire.

Ces objets, dit Francisque Michel, doivent leur nom d’argot à leur ressemblance avec le costume des trinitaires, vulgairement appelés mathurins, qui chez nous portaient une soutane de serge blanche, sur laquelle, quand ils sortaient, ils jetaient un manteau noir.

Patachon (vie de)

France, 1907 : Vie déréglée, agitée, mouvementée comme celle d’un conducteur de patache.

Elle avait constamment ses regards tournés vers le ciel comme si elle y cherchait la place où elle serait un jour assis et employait ses journées non en aumônes et en bonnes œuvres, mais à courir les sacristies. Dans toutes, elle y connaissait quelque prêtre, jeune ou vieux, jeune surtout à qui elle demandant des avis, des consolations, des conseils. Et dans cette quiétude de l’église, ce silence des heures ou l’autel est désert, elle trouvait une paix, un bien-être réel après sa vie de patachon.

(Hector France)

Rabibochage

Delvau, 1866 : s. m. Boni, dédommagement, consolation, — dans l’argot des enfants, qui font entre eux ce que M. Bénazet fait pour les décavés de Bade : à celui qui a perdu toutes ses billes à la Moquette ils en rendent une douzaine pour qu’il puisse en aller gagner d’autres — à d’autres.

Rigaud, 1881 : Réconciliation, — dans le jargon des enfants.

France, 1907 : Raccommodement, réconciliation de peu de durée.

Ratière

France, 1907 : Jeu de hasard où le tenancier gagne toujours. Il se compose d’une boîte en bois, percée d’une ouverture et de sept billes, trois rouges, trois noires et une blanche. Un petit carton où sont trois chevaux correspond.

— Écoute voir, c’est Panpan qui nous montre une ratière de son invention pour duper les retours de course qui jouent la consolation en chemin de fer.

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

Sauge (donner un bouquet de)

France, 1907 : On donnait jadis un bouquet de sauge à l’amoureux qui avait perdu l’occasion d’épouser sa maîtresse, parce que la sauge à la vertu de cicatriser les plaies. Dans les provinces de l’Est, donner un bouquet de sauge à un amoureux, c’était lui signifier un refus. L’usage du bouquet a cessé, mais l’expression est restée. Voir Romarin.
Au lieu de bouquait, on donnait, en manière de consolation ou de raillerie, un chapeau de sauge.

Le comte de Sault, de la Provence, est destiné à épouser Mlle de Scepeaux ; se désiste de cette alliance par ordre du roi. La jeunesse de la cour lui offre un chapeau de sauge.

(Mémoires de Vieilleville, cités par La Maison Forte, — Intermédiaire)

Verre de consolation

France, 1907 : Verre d’eau-de-vie.

Ce n’est pas le labeur qui envoie aux cabanons des fous les gens du peuple : cest l’alcool. Ôtez l’alcool, le verre de consolation — lugubre et atrocement mensonger — à l’ouvrier, il reste robuste et puissant, malgré la tâche quotidienne. L’alcool des êtres intelligents, c’est l’ambition impatiente et qui se grise de rêves malsains, s’enfonce aussi dans un alcoolisme spécial.

(Jules Claretie)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique