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Action fréquente (l’)

Delvau, 1864 : La fouterie, qui est la chose que l’on fait le plus souvent quand on est jeune, vigoureux et bien membré.

Il concède indulgence plénière à tous les religieux de l’ordre de nature, de corps véreux que la débilité de l’âge ou l’action fréquente causera.

(Mililot)

Bastringue

d’Hautel, 1808 : Nom donné primitivement à une contredanse qui a été long-temps on vogue à Paris ; ce mot a reçu depuis une grande extension : le peuple, à qui il a plu, s’en est emparé, et l’a appliqué à des choses de nature différente.
Un bastringue signifie tantôt un bal mal composé ; tantôt un mauvais joueur de violon ; puis une maison en désordre ; un mauvais lieu.
Un bastringue est aussi une petite mesure qui équivaut à peu-près à ce que les buveurs appeloient autrefois un canon, dont la capacite répondoit à celle d’un verre moyen.
Boire un bastringue signifie donc vulgairement, boire un verre de vin.

Ansiaume, 1821 : Lime fine.

N’oublie pas la bastringue pour faucher les balançons.

Vidocq, 1837 : s. m. — Étui de fer-blanc, d’ivoire, d’argent, et quelquefois même d’or, de quatre pouces de long sur environ douze lignes de diamètre, qui peut contenir des pièces de vingt francs, un passe-port, des scies et une monture, que les voleurs cachent dans l’anus. La facilité qu’ils trouvaient à dérober cet étui à tous les yeux, et la promptitude avec laquelle ils coupaient les plus forts barreaux et se débarrassaient de leurs chaînes, a long-temps fait croire qu’ils connaissaient une herbe ayant la propriété de couper le fer ; l’herbe n’était autre chose qu’un ressort de montre dentelé, et parfaitement trempé.

Halbert, 1849 : Scie pour scier le fer.

Larchey, 1865 : Étui conique en fer d’environ quatre pouces de long sur douze lignes de diamètre, contenant un passe-port, de l’argent, des ressorts de montres assez dentelés pour scier un barreau de fer, un passe-port, de l’argent, etc. — Vidocq — Les malfaiteurs, sur le point d’être pris, cachent dans leur anus cette sorte de nécessaire d’armes, mais il doit être introduit par le gros bout. Faute de cette précaution, il remonte dans les intestins et finit par causer la mort. Un prisonnier périt il y a quelques années de cette manière, et les journaux ont retenti du nombre prodigieux d’objets découverts dans son bastringue, après l’autopsie.

Delvau, 1866 : s. m. Bruit, vacarme, — comme on en fait dans les cabarets et dans les bals des barrières.

Delvau, 1866 : s. m. Guinguette de barrière, où le populaire va boire et danser les dimanches et les lundis.

Delvau, 1866 : s. m. Scie à scier les fers, — dans l’argot des prisons, où l’on joue volontiers du violon sur les barreaux.

Rigaud, 1881 : Lime, scie. — Étui dans lequel les récidivistes serrent les outils nécessaires à leur évasion, tels que lime, scie, ressort de montre. De là l’habitude qu’on a dans les prisons, lors de la visite, au moment de l’arrivée du prévenu ou du condamné, de le faire complètement déshabiller et de lui administrer une forte claque sur le ventre, dans le but de s’assurer s’il a un bastringue sous lui.

Rigaud, 1881 : Vacarme. — Faire du bastringue.

La Rue, 1894 : Lime, scie, outils d’évasion renfermés dans un étui. Guinguette et bal de barrière.

Virmaître, 1894 : Bal de bas étage où se donne rendez-vous la canaille du quartier dans lequel il est situé. Bastringue, faire du bruit, du tapage. Quand l’homme rentre au logis, un peu humecté et qu’il casse la vaisselle, la ménagère, furieuse, lui dit :
— T’as pas bientôt fini ton bastringue, sale chameau ? (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Bal de bas étage.

Rossignol, 1901 : Étui en ivoire ou en argent que les voleurs tiennent constamment caché dans leurs intestins et qui peut contenir jusqu’a 800 francs en or ; ainsi, lors qu’ils se trouvent arrêtés, ils ne sont jamais sans argent. Il y a des bastringues qui contiennent tournevis, scies et monture. Avec une scie semblable, votre serviteur a scié un barreau de la grosseur de ceux des prisons en trente-six heures. Cet étui est bien connu dans les prisons centrales, mais il est difficile de le trouver, le voleur le retire le soir de sa cachette pour le remettre le matin où il reste toute la journée. Il y a une chanson sur les prisons centrales où il est dit :

Un surveillant vous fait regarder à terre En vous disant : Baissez-vous à moitié ; Il vous palpe et regarde le derrière, Dans la maison, c’est l’usage de fouiller.

Hayard, 1907 : Bal de bas étage.

France, 1907 : Bal de barrière.

Mademoiselle, voulez-vous danser ?
V’là le bastringue.
V’là le bastringue !
Mademoiselle, voulez-vous danser ?
Le bastringue va commencer.

(Vieille chanson)

On appelle aussi bastringue, dans l’argot des prisons, une scie à scier le fer ; c’est également un étui conique, d’environ quatre pouces de long sur douze lignes de diamètre, qui sert à renfermer cette scie et d’autres objets utiles aux prisonniers.

Les malfaiteurs arrêtés cachent dans leur anus cette sorte de nécessaire d’armes, qui doit être introduit par le gros bout. Faute de cette précaution, il remonte dans les intestins et finit par causer la mort. Un détenu périt, il y a quelques années, de cette manière, et les journaux ont retenti du nombre prodigieux d’objets découverts dans son bastringue, après l’autopsie.

(Lorédan Larchey.)

Bate (être de la)

France, 1907 : Être heureux. Mener en bate, causer pour détourner l’attention. On dit aussi : Mener en bateau, badiner ou escroquer.

Bateau (monter un)

Rigaud, 1881 : Faire une mauvaise plaisanterie, chercher à tromper, — dans le jargon des voyous ; formule empruntée aux saltimbanques. C’est une déformation de l’ancien batte, battage qui veut dire en argot menterie. La variante mener en bateau est plus particulièrement usitée chez les voleurs dans un sens analogue, c’est-à-dire donner le change, chercher à égarer la justice en lui faisant prendre une fausse piste.

La Rue, 1894 : Faire une mauvaise plaisanterie, chercher à tromper. Mener en bateau, faire des promesses, causer pour détourner l’attention.

France, 1907 : Tromper.

Si rien n’est prêt, c’est votre faute,
Bel amiral qui parlez tant !
Vous avez compté sans votre hôte,
C’est un détail très important ;
Votre confiance est falotte,
Un peu plus d’actes ! moins de mots !
Vous laissez tomber notre flotte,
Mais vous nous montez des bateaux !

(Gringoire)

Bavette

d’Hautel, 1808 : Causerie, bavarderie, commérage.
Tailler des bavettes. Jaser, babiller, caqueter à qui mieux mieux, comme le font les femmes entre elles ; et notamment ces sortes de commères qui passent des jours entiers à médire du tiers et du quart et auxquelles on donne à juste titre le nom de Tailleuse de bavettes.

Bien

d’Hautel, 1808 : Vous serez le bien venu et le mal reçu. Antithèse par laquelle on fait entendre à quelqu’un que sa visite ne sera pas agréable.
Cet homme sent son bien. Pour dire qu’il a les manières nobles, qu’il a reçu une bonne éducation, qu’il est bien né.
En tout bien et tout honneur. C’est-à-dire comme il convient, suivant les règles de la bienséance ; à bonne intention ; à bonne fin.

Larchey, 1865 : D’apparence distinguée.

Elle aime à causer, surtout avec les messieurs bien.

(Privat d’Anglemont)

Être bien : Être gris. Éprouver le bien-être factice causé par un commencement d’ivresse.
Bien mis : Fashionable.

Ohé ! ce bien mis, il vient faire sa tête, parce qu’il a du linge en dessous.

(E. Sue)

Delvau, 1866 : adj. et s. Distingué, — dans l’argot des petites dames.

Delvau, 1866 : s. m. Mari ou femme, — dans l’argot du peuple, qui a tout dit quand il a dit Mon bien. C’est plus énergique que ma moitié.

Blague

Larchey, 1865 : Causerie. — On dit : J’ai fait quatre heures de blague avec un tel.
Blague : Verve ; faconde railleuse.

Quelle admirable connaissance ont les gens de choix des limites où doivent s’arrêter la raillerie et ce monde de choses françaises désigné sous le mot soldatesque de blague.

(Balzac)

Blague : Plaisanterie.

Je te trouve du talent, là sans blague !

(De Goncourt)

Pas de bêtises, mon vieux, blague dans le coin !

(Monselet)

Pousser une blague : Conter une histoire faite à plaisir.

Bien vite, j’pousse une blague, histoire de rigoler.

(F. Georges, Chansons)

Ne faire que des blagues : Faire des œuvres de peu de valeur.
L’étymologie du mot est incertaine. d’Hautel (1808) admet les mots blaguer et blagueur avec le triple sens de railler, mentir, tenir des discours dénués de sens commun. — Cet exemple, des plus anciens que nous ayions trouvés, ne prend blague qu’en mauvaise part. On en trouverait peut-être la racine dans le mot blaque qui désignait, du temps de ménage, les hommes de mauvaise foi (V. son dictionnaire). — M. Littré, qui relègue blague et blaguer parmi les termes du plus bas langage, donne une étymologie gaëlique beaucoup plus ancienne blagh souffler, se vanter.

Delvau, 1866 : s. f. Gasconnade essentiellement parisienne, — dans l’argot de tout le monde.
Les étymologistes se sont lancés tous avec ardeur à la poursuite de ce chastre, — MM. Marty-Laveaux, Albert Monnier, etc., — et tous sont rentrés bredouille. Pourquoi remonter jusqu’à Ménage ? Un gamin s’est avisé un jour de la ressemblance qu’il y avait entre certaines paroles sonores, entre certaines promesses hyperboliques, et les vessies gonflées de vent, et la blague fut ! Avoir de la blague. Causer avec verve, avec esprit, comme Alexandre Dumas, Méry ou Nadar. Avoir la blague du métier. Faire valoir ce qu’on sait ; parler avec habileté de ce qu’on fait. Ne faire que des blagues. Gaspiller son talent d’écrivain dans les petits journaux, sans songer à écrire le livre qui doit rester. Pousser une blague. Raconter d’une façon plus ou moins amusante une chose qui n’est pas arrivée.

Rigaud, 1881 : Mensonge, bavardage, plaisanterie, verve.

Ils (les malthusiens) demandent ce que c’est que la morale. La morale est-elle une science ? Est-elle une étude ? Est-elle une blague ?

(L. Veuillot, Les Odeurs de Paris)

M. F. Michel fait venir blague de l’allemand balg, vessie à tabac, avec transposition de l’avant-dernière lettre. M. Nisard soutient que le mot descend de bragar, braguar, qui servait à désigner soit une personne richement habillée, soit un objet de luxe. Quant à M. Littré, il le fait remonter à une origine gaélique ; d’après lui, blague vient de blagh, souffler, se vanter. Quoi qu’il en soit, le mot a été employé d’abord et propagé par les militaires, vers les premières années du siècle, dans le sens de gasconnade, raillerie, mensonge (V. Dict. de d’Hautel, 1806, Cadet Gassicourt, 1809, Stendhal, 1817). Sans remonter aussi loin, il ne faut voir dans le mot blague qu’un pendant que nos soldats ont donné au mot carotte.

France, 1907 : À un grand nombre de significations ; d’abord, mensonge, hâblerie. « Blague à part, causons comme de bons camarades que nous sommes. »

— Non, ma chérie, le bonheur n’est pas une blague, comme tu le dis, mais les gens sont idiots avec leur manière de concevoir la vie. Être heureux, qu’est-ce que cela évoque à l’esprit ? Une sensation pareille qui dure des années après des années ! Vois combien c’est inepte… L’existence est faite d’une quantité de secondes toutes différentes et qu’il s’agit de remplir les unes après les autres, comme des petits tubes en verre. Si tu mets dans tes petits tubes de jolis liquides colorés et parfumés, tu auras une suite exquise de sensations délicates qui te conduiront sans fatigue à la fin des choses… On veut toujours juger la vie humaine par grands blocs, c’est de là que vient tout le mal… Amuse la seconde que tu tiens, fais-la charmante, ne songe pas qu’il en est d’autres… Voilà comment on est heureux… le reste est de la blague.

(J. Ricard, Cristal fêlé)

Blague signifie ensuite plaisanterie, raillerie.

Le spectacle est d’autant plus curieux qu’on est les uns sur les autres et que la promiscuité y est presque forcée.
Le garçon du restaurant y blague le client qu’il servait tout à l’heure avec respect ; les souteneurs y débattent leurs petites affaires avec leurs douces moitiés au nez et à la barbe de ceux qui viennent de payer ces filles.
C’est la tour de Babel de la débauche nocturne.

(Édouard Ducret, Paris-Canaille)

C’est à l’héroïque blague, à l’irrespect du peuple de Paris, que Rochefort dut son succès. La Lanterne d’Henri Rochefort est une œuvre collective. C’est l’étincelle d’un courant. Ce courant lui était fourni par la pile immense, surchargée des mécontentements publics.

(Paul Buquet, Le Parti ouvrier)

Blague, faconde, verve, habileté oratoire.

Un homme d’esprit et de bonnes manières, le comte de Maussion, a donné au mot blague une signification que l’usage a consacrée : l’art de se présenter sous un jour favorable, de se faire valoir, et d’exploiter pour cela les hommes et les choses.

(Luchet)

Blague, causerie.

Blaguer

d’Hautel, 1808 : Mentir, hâbler, gasconner ; railler, se mocquer, se jouer de quelqu’un ; tenir des propos ridicules, des discours dénués de sens commun.

Clémens, 1840 : Mentir.

Larchey, 1865 : Causer.

Nous venons blaguer.

(Balzac)

Blaguer : Posséder cette verve familière, pittoresque et railleuse qui est l’humour des conversations parisiennes.

Enfin elle blague aujourd’hui, elle qui ne connaissait rien de rien, pas même ce mot-là !

(Balzac)

Blaguer : Plaisanter.

Ne blaguons plus.

(Balzac)

Un homme blagué : un homme raille, berné.
Blagueur : Menteur.

En 1813, deux femmes, Pauline la Vache et Louise la Blagueuse, enlevèrent 50 000 fr.

(Vidocq)

Les marchands sont encore de fameux blagueurs.

(Ricard)

Blagueur : Loustic.

Il ne pouvait y avoir circonstance si grave qui empêchât ce blagueur fini de se livrer à sa verve.

(L. Desnoyer)

Delvau, 1866 : v. n. Mentir d’une agréable manière, ou tout simplement parler. Blaguer quelqu’un. Se moquer de lui.

Rigaud, 1881 : Mentir, railler, parler beaucoup.

France, 1907 : Parler, raillerie, plaisanter, mentir.

Bleu (être)

Rigaud, 1881 : Éprouver une grande surprise. — Elle est bleue celle-là ! cette nouvelle est difficile à croire. — Faire des bleus, pincer de manière à laisser la signature des doigts sur la chair. — Passer au bleu, avoir perdu un objet, se consoler d’une perte. — En faire voir des bleues, causer des contrariétés. — Colère bleue, violente colère.

Boniment (faire du)

Rossignol, 1901 : Beaucoup causer pour obtenir ce qu’on désire. Celui qui fait la cour à une femme fait du boniment pour la posséder. Un commerçant fait du boniment à une voisine pour l’avoir comme cliente. Un saltimbanque fait du boniment pour attirer le public dans sa baraque.

Bouffeter

Delvau, 1866 : v. n. Causer, bavarder. Argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Bavarder. — Bouffeteur, bavard, bouffeteuse, bavarde.

La Rue, 1894 : Bavarder.

France, 1907 : Causer, argot populaire, c’est-à-dire faire aller les joues.

Brouillard (être dans le)

Larchey, 1865 : Être absorbé par l’ivresse.
Chasser le brouillard : Boire un verre d’eau-de-vie dont la chaleur combat, dit-on, les mauvais effets de l’humidité. — On dit tuer le ver par un motif analogue ; — l’alcool pris à jeun passe pour causer de vives contrariétés aux helminthes et aux ascarides vermiculaires. — Ces deux termes peuvent être considérés comme une allusion ironique aux prétextes hygiéniques des buveurs d’alcool.

France, 1907 : Être gris, commencer à y voir trouble. Chasser le brouillard, boire un verre d’eau-de-vie ; faire du brouillard, fumer.

Il n’était pas de semaine que quelques-uns ne se fissent prendre et ne payassent chèrement le court plaisir qu’ils avaient goûté à faire du brouillard.

(Alphonse Humbert, Mon bagne)

Caquetage

d’Hautel, 1808 : Causerie, commérage, bavardage, propos nuisibles et indiscrets. Se prend toujours en mauvaise part.

Causer

d’Hautel, 1808 : Assez causé. Pour, n’en dites pas davantage, silence, chut, motus.

Delvau, 1864 : Faire l’amour. C’est par antiphrase, sans doute, puisqu’on ne parle guère lorsqu’on baise : on a trop à faire pour cela.

Asseyons-nous sur ce canapé, mon ami, et… causons.

(Lemercier de Neuville)

Il dit à Baron que, quoiqu’il fatiguât beaucoup à la comédie, il aimerait mieux être obligé d’y danser tous les jours, que d’être seulement une heure à causer avec la maréchale.

(La France galante)

France, 1907 : Faire l’amour, dans l’argot des bourgeoises, qui n’osent salir leurs lèvres du gros mot baiser. « Mon mari m’a causé ce matin. »

Une femme qui aime, et qui veut être aimée toujours, doit tenir l’homme par le cerveau, par le cœur, par les sens — et par le bec !
Les ménages n’en iraient que mieux ; la patrie n’en irait pas plus mal.
Ou est toujours à nous parler de la dépopulation de la France : eh bien ! les provinces où on peuple le plus sont celles où on mange le mieux…
Quiconque mange bien au logis, y reste ; quiconque y reste, y… cause.
Méditez cela, mes belles, et soignez le menu des maris !

(Jacqueline, Gil Blas)

Causette

Delvau, 1866 : s. f. Causerie familière, à deux, dans l’argot du peuple, qui a eu l’honneur de prêter ce mot à George Sand. Faire la causette. Causer tout bas.

France, 1907 : Causerie lumière, généralement en tête à tête. Faire la causette à un tendron.

Causotter

Delvau, 1866 : v. n. Se livrer à une causerie intime entre trois ou quatre personnes.

France, 1907 : Bavarder familièrement en un petit cercle. « De petits groupes de vieilles causottaient sur le pas des portes. »

Chaud (être)

Rigaud, 1881 : Se tenir sur ses gardes.

Rossignol, 1901 : Malin. Ce mot me rappelle un beau nègre, nomme Barca, qui était soldat aux zouaves de la garde. Étant en faction dans l’intérieur des Tuileries, l’Empereur passa près de lui et lui causa. Barca ne répondit pas, et Napoléon III demanda à l’officier de Service si ce nègre ne comprenait pas le français. Lorsque Barca fut relevé de faction, on lui demanda pourquoi il n’avait pas répondu à l’empereur.

Lui chaud, dit Barca, mais moi je brûle ; le Kibir voulait me faire parler étant de faction pour me f… iche dedans.

Il est vrai que la consigne interdit aux sentinelles de causer. J’ai rencontré en Kabylie, en 1871, lors de l’insurrection, Barca qui regrettait les madames la France et la barrière Zobi : barrière de l’École, ainsi nommée par les Arabes ayant tenu garnison à Paris, en raison d’un grand nombre de maisons à grand numéro qui y existaient avant 1870.

France, 1907 : Avoir l’œil au guet, se tenir sur ses gardes.

Chien

d’Hautel, 1808 : Il est grand comme un chien assis. Se dit par exagération et en plaisantant, d’un bambin, d’un marmouzet, d’un homme très-petit de taille, qui a la prétention de vouloir paroitre grand.
C’est un chien dont il faut se méfier. Manière incivile de dire qu’un homme est fin, subtil et rusé.
Cela n’est pas si chien. Pour cela n’est pas si mauvais ; se dit de toute chose friande et qui flatte le goût.
Faire le chien couchant. Flatter, carresser bassement quelqu’un, se soumettre à tous ses caprices, à toutes ses volontés.
Qui aime Bertrand, aime son chien. Voyez Aimer.
Chien hargneux a toujours l’oreille arrachée. Signifie qu’un homme querelleur s’attire sans cesse de mauvais traitemens.
Tu n’es pas chien. Expression basse et ignoble qui se dit à un égoïste, à un homme injuste, qui blesse les intérêts d’autrui pour satisfaire les siens propres.
C’est un mauvais chien. Grossièreté qui équivaut à c’est un méchant homme.
C’est un vrai chien de port. Pour c’est un rustre, un grossier personnage, comme le sont ordinairement les gens qui travaillent sur les ports.
Il m’a reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Métaphore qui sert à exprimer le mauvais accueil que l’on a reçu de quelqu’un qu’on alloit visiter, consulter ou solliciter. On dit aussi d’un homme indiscret et importun qui vient dans une société sans y avoir été invité, qu’Il vient comme un chien dans un jeu de quilles.
Il mourroit plutôt un bon chien de berger.
Se dit méchamment et injurieusement d’une personne dont on désiroit la mort, et qui est revenue de quelque maladie dangereuse.
Un bon os ne tombe jamais d’un bon chien. Signifie qu’un bon mari a rarement une bonne femme, et une bonne femme un bon mari ; et par extension, que la fortune, le bonheur, ne favori sent jamais ceux qui méritent d’être heureux.
Il fait comme les grands chiens, il veut pisser contre les murs. Locution basse et figurée, qui signifie qu’un homme se couvre de ridicule, en prenant des tons au-dessus de sa fortune et de sa condition, et généralement en entreprenant des choses qui surpassent ses moyens et ses forces.
On dit des gens vicieux, et qui ne peuvent se corriger, qu’Ils sont comme les chiens, qu’ils retournent à leurs vomissemens.
Être comme un chien à l’attache.
Être retenu par un travail obligatoire et continuel.
Les coups de bâton sont pour les chiens. Réponse que l’on fait ordinairement à ceux qui vous menacent du bâton.
Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il est enragé. Signifie que lorsqu’on veut se débarrasser de quelqu’un, on lui cherche toute sorte de querelle.
On dit d’un écervelé, d’un homme qui court d’une manière extravagante, qu’Il court comme un chien fou.
Un bon chien n’aboie point faux.
Signifie qu’un homme habile ne fait jamais de fausses démarches.
Il est fou comme un jeune chien. Comparaison peu honnête, pour dire que quelqu’un est d’une humeur très-folâtre.
Un chien regarde bien un évêque, je peux bien regarder une bête comme toi. Répartie brusque et injurieuse que l’on fait à un homme vain et glorieux qui se fâche de la liberté que l’on prend, de le regarder, de le fixer.
Il ne faut pas se moquer des chiens, qu’on ne soit hors du village. Pour, il ne faut pas choquer quelqu’un dans un lieu où il peut nous nuire.
Jeter un os à la gueule d’un chien, pour le faire taire. Faire un présent à quelqu’un pour l’empêcher de divulguer les secrets d’une affaire.
On dit d’un homme avide qui défend bien ses intérêts dans une affaire, qu’Il n’en jette pas sa part aux chiens.
Chien en vie vaut mieux que lion mort.
Pour, il vaut mieux vivre en lâche que mourir en brave. Voy. Lion.
Abandonner quelqu’un comme un pauvre chien. Le laisser dans la misère, ne point le secourir.
Il est comme le chien du jardinier, il ne mange point de choux, et ne veut pas que les autres en mangent. Se dit d’un égoïste, d’un homme envieux des moindres succès.
Mener une vie de chien. Vivre dans la débauche et le libertinage ; dans une dissipation honteuse.
Chien noyé. Terme bas et injurieux que les femmes de la Halle appliquent à un homme, dans un débordement de colère.
Il n’est chasse que de vieux chiens. Signifie que pour les conseils, il faut avoir recours aux vieillards, qui ont reçu les leçons de l’expérience.
Rompre les chiens. Interrompre une conversation dont les suites pourroient être fâcheuses.
Entre chien et loup. Pour dire, à la brune, entre le jour et la nuit.
Tandis que le chien pisse, le loup s’enfuit. C’est-à-dire que l’occasion échappe, si l’on n’est habile à en profiter.
Droit comme la jambe d’un chien. Se dit par dérision d’une jambe, torse et mal faite.
Las comme un chien. Pour dire, très-fatigué. Comparaison dont l’ellipse est un peu forte ; car on ne sait pourquoi le chien dont on parle doit être fatigué, rien n’annonçant qu’il ait pris de mouvement.
Il vit comme un chien. Se dit par mépris d’un homme qui ne remplit aucun des devoirs de sa religion.
Vous pouvez entrer, nos chiens sont liés. Se dit pour encourager des gens timides.
Il est comme le chien de Jean de Nivelle, il s’enfuit quand on l’appelle. Voy. Appeler.
Si vous n’avez pas d’autre sifflet, votre chien est perdu. Se dit à ceux qui se sont fourrés dans une mauvaise affaire, et qui emploient des moyens inefficaces pour s’en retirer.
Ils s’aiment comme chiens et chats. Se dit d’un ménage où l’homme et la femme sont continuellement en querelle.
C’est St.-Roch et son chien. Se dit par raillerie de deux personnes qui vivent dans une grande familiarité ; qui sont inséparables.
C’est un chien au grand collier. Se dit d’une personne qui a de grandes prérogatives dans une maison ; qui y fait la pluie et le beau temps.
Faire un train de chien. Gronder, crier, s’emporter contre quelqu’un.
Un bruit de chien ; une querelle de chien. Un bruit qui dégénère en vacarme ; une querelle qui prend une mauvaise fin.
C’est un bon chien, s’il vouloit mordre. Se dit d’un homme dont les apparences sont favorables, mais trompeuses.
On appelle vulgairement l’eau-de-vie du sacré chien tout pur.

Halbert, 1849 : Secrétaire.

Larchey, 1865 : « Le chef est chien ou bon enfant. Le chien est dur, exigeant, tracassier, méticulier. » — Balzac.

Larchey, 1865 : Avare. — Horace (I. II, sat. 2) emploie le mot canis pour signifier avare.

Chien : Égoïste, homme injuste, qui blesse les intérêts d’autrui.

(d’Hautel, 1808)

N’être pas chien en affaires : Aller grandement, sans chicane.

Larchey, 1865 : Compagnon.

Tu passeras renard ou aspirant, après ça tu deviendras chien ou compagnon.

(Biéville)

Larchey, 1865 : Mot d’amitié. V. Chat.

Delvau, 1866 : s. et adj. Tracassier, méticuleux, avare, exigeant, — dans l’argot du peuple, qui se plaît à calomnier « l’ami de l’homme ». C’est l’expression anglaise : Dog-bolt. Vieux chien. Vieux farceur, — sly dog, disent nos voisins.

Delvau, 1866 : s. m. Caprice de cœur, — dans l’argot des petites dames. Avoir un chien pour un homme. Être folle de lui.

Delvau, 1866 : s. m. Compagnon, — dans l’argot des ouvriers affiliés au Compagnonnage.

Delvau, 1866 : s. m. Entrain, verve, originalité, — dans l’argot des gens de lettres et des artistes ; bagou, impertinence, désinvolture immorale, — dans l’argot des petites dames.

Rigaud, 1881 : Avare.

Dis donc, petite sœur ; il est rien chien ton m’sieur : y m’ prend un cigare et du feu et y m’ donne que deux ronds.

(A. Tauzin, Croquis parisiens)

Rigaud, 1881 : Compagnon du devoir, en terme de compagnonnage.

Rigaud, 1881 : Homme dur, exigeant ; s’emploie principalement en parlant d’un supérieur, — dans le jargon des employés. — Sévère, — dans le jargon des collégiens.

Notre pion est diablement chien.

(Albanès, Mystères du collège, 1845)

Rigaud, 1881 : Lettre tombée sous la forme. — dans le jargon des typographes.

Boutmy, 1883 : s. m. Lettre tombée d’une forme ou qui se trouve sur le marbre au moment où l’on y dépose un châssis. Le chien fait lever le texte quand on desserre, en sorte qu’il est impossible de taquer sans écraser le caractère.

La Rue, 1894 : Galbe, élégance, mordant, chic. Eau-de-vie.

France, 1907 : Ce mot à nombre de significations. Il signifie avare, et cet argot a des lettres de noblesse, car il remonte à Horace : « Il est un homme qui porte et qui mérite le surnom de chien, dit-il, c’est Avidiénus ; des olives, vieilles de cinq ans, et des cornouilles sauvages composent son repas. Il attend que son vin soit tourné pour le verser eu libations ; l’odeur de l’huile qu’il emploie vous causerait un insurmontable dégoût… »
Chien veut dire aussi tracassier, méticuleux, exigeant. Il s’emploie au féminin :

Pour comble, Mlle la doctoresse était chiche de congés, chienne en diable, n’osait jamais accorder plus de deux jours à la fois, plus chienne que tous les docteurs qui avaient passé par l’administration : un truc de cette chipie pour se faire bien venir en haut lieu sûremment !

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Avoir du chien, c’est avoir de l’originalité, du cachet. Avoir un chien, c’est avoir un caprice pour un homme. Faire du chien, faire un ouvrage payé d’avance ; argot des ouvriers. Faire le chien, suivre Madame avec un panier. Piquer un chien, dormir pendant la journée.

Coconner

France, 1907 : « De cocon on a fait le mot coconner, qui veut dire aller causer familièrement, en camarade, avec quelqu’un. On cite des professeurs, des capitaines, des généraux même qui aiment à coconner avec les élèves. »

(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)

Combustion

d’Hautel, 1808 : Mettre tout en combustion. Manière exagérée qui signifie donner l’alarme ; mettre tout le monde en l’air ; causer un grand tumulte, un grand désordre dans un lieu, y mettre tout sens-dessus-dessous.

Corne

d’Hautel, 1808 : Elle baiseroit une chèvre entre deux cornes. Manière exagérée de dire qu’une personne est d’une maigreur extrême ; que sa santé est dans un dépérissement affreux.
Entendre corne. Entendre de travers ; se méprendre sur ce que l’on vous adresse.
Faire les cornes à quelqu’un. Faire le signe d’une corne avec les deux doigts de la main, à dessein de se moquer de quelqu’un, de lui causer du dépit.
Montrer les cornes. Montrer de la résistance ; se mettre en état de défense.
Porter des cornes. Avoir pour femme une infidèle, qui se fait un jeu.de, violer les lois sacrées de l’hymen.
Dur comme, de la corne. Se dit d’une viande qui n’est pas assez mortifiée, qui est dure et coriace.
Il n’a pas besoin d’un coup de corne pour avoir de l’appétit. Manière plaisante d’exprimer qu’un homme mange avidement, et avec un grand appétit.
On dit d’un homme mordant et satirique qui a choqué quelqu’un, qu’Il lui a donné un coup de corne.
On prend les hommes par les paroles, et les bêtes par les cornes.
Se dit à ceux qui commettent quelqu’indiscrétion.
Il est aussi étonné que si les cornes lui venoient à la tête. Pour exprimer l’étonnement et la surprise qu’un homme manifeste en apprenant une nouvelle.

Larchey, 1865 : Puanteur. — Corner : Puer (Vidocq). — Vient peut-être de cor : cœur, qui a fait au moyen âge coreux : répugnant, écœurant. V. Roquefort.

France, 1907 : Estomac ; petit pain appelé croissant.

Coton

d’Hautel, 1808 : Il jette un beau coton. Manière ironique de dire qu’un homme n’a ni crédit ni réputation, qu’il ne fait que végéter.
On dit aussi d’un homme ruiné par la débauche, ou qui a fait quelque méchante action qui l’ont rendu odieux et méprisable, qu’il jette un beau coton.

Halbert, 1849 : Dommage.

Delvau, 1866 : s. m. Coups échangés, — dans l’argot des faubouriens, dont la main dégaine volontiers. Il y a eu ou il y aura du coton. On s’est battu ou l’on se battra.

Delvau, 1866 : s. m. Douceur, — dans le même argot [du peuple]. Élever un enfant dans du coton. Le gâter de caresses.

Delvau, 1866 : s. m. Travail pénible, difficulté, souci, — dans le même argot [des faubouriens]. Il y a du coton. On aura de la peine à se tirer d’affaire.

Rigaud, 1881 : Rixe. — Besogne difficile. — Donner du coton, donner du mal à faire, en parlant d’un ouvrage.

La Rue, 1894 : Rixe, dommage. Travail pénible, long.

France, 1907 : Coups, bataille. Il va y avoir du coton, on va se battre.

France, 1907 : Peine, travail, fatigue. Avoir du coton, avoir fort à faire, travailler dur. Donner du coton à quelqu’un, lui causer des ennuis. Filer un mauvais coton, être en péril au moral ou au physique.

Cracher

d’Hautel, 1808 : On lui en crachera. Manière basse et triviale qui équivaut à, on lui en donnera ; il n’a qu’à compter là-dessus.
Quand on crache en l’air, cela retombe sur le nez. Signifie que lorsqu’on se porte à quelqu’excès, ou que l’on commet des étourderies, on en est tôt ou tard la victime.
On dit d’une personne que l’on méprise, et contre laquelle on est irrité : qu’on lui cracheroit au nez, si l’on ne se retenoit.
Faire cracher quelqu’un.
Le forcer à payer une chose qu’il ne doit pas ; lui soutirer de l’argent.
On dit aussi dans le même sens : Faire cracher quelqu’un au bassin.
Cracher du grec et du latin.
Faire à chaque instant, et sans nécessité, des citations dans ces deux langues.
C’est son père tout craché ; c’est son portrait tout craché. Pour dire, c’est absolument la ressemblance de son père ; c’est son portrait véritable.
Cracher des injures. Pour débiter, vomir des propos injurieux et grossiers.

Vidocq, 1837 : v. a. — Parler.

Larchey, 1865 : Décharger. — Le canon crache la mitraille.

Larchey, 1865 : Parler (Vidocq). — Mot à mot : cracher des paroles.

Delvau, 1866 : v. n. Parler, — dans l’argot des ouvriers.

Rigaud, 1881 : Faire des aveux en justice.

La Rue, 1894 : Avouer en justice. Parler.

France, 1907 : Parler. Avouer en justice. Faire cracher, faire causer. Se dit aussi d’un canon qui crache.

Dégoiser

d’Hautel, 1808 : Babiller, bavarder avec feu ; caqueter comme un perroquet.
Il a l’air dégoisé ; c’est-à-dire, fin et mâdré.
On dit aussi d’une fille hardie, qui semble en savoir plus qu’il ne convient, qu’elle a l’air dégoisée.
Faire dégoiser quelqu’un.
Le faire jaser, lui tirer les vers du nez.

Rossignol, 1901 : Parler, causer, dire.

As-tu bientôt fini de dégoiser sur tout le monde. — Je le sais, on me la dégoisé.

Discutailler

France, 1907 : Discuter mollement.

C’en était un, en effet, mais un bon : un type qui n’a qu’un tort, c’est d’en trop pincer pour Guesde, Vaillant, et toute la légumerie. Que voulez-vous, on n’est pas parfait ! Quoique ça, on peut causer avec lui, d’autant plus facilement qu’il n’a pas pour deux liards d’ambition. Illico, il s’affale sur une chaise et on continue à discutailler.

(Père Peinard)

Drap

d’Hautel, 1808 : La lisière est pire que le drap. Se dit familièrement pour faire entendre que les habitans des frontières d’une province auxquels on attribue certains défauts, sont pires que ceux de l’intérieur de la province même.
Mettre quelqu’un dans de beaux draps. Le mettre dans l’embarras ; lui causer de la peine ; lui jouer de mauvais tours.
Les plus riches ainsi que les plus pauvres n’emportent qu’un seul drap en mourant. Maxime dont les humains ne peuvent se pénétrer.
On dit d’un homme qui veut tout envahir, qu’Il veut avoir le drap et l’argent.
Tailler en plein drap.
Agir d’après ses propres volontés ; tailler et rogner librement dans une affaire.

France, 1907 : Apocope de drapeau, dans l’argot des polytechniciens.

Faire des petits pains

Rigaud, 1881 : Courtiser avec attouchements, genre Tartuffe. — Qu’est-ce que tu faisais avec la bonne du capiston, tu faisais des petits pains ? — Probable.

Virmaître, 1894 : Faire des manières. Prendre des airs mystérieux pour causer avec quelqu’un, lui dire des riens et avoir l’air de lui parler de choses intéressantes. Faire la cour à une femme c’est faire des petits pains (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Faire la cour à quelqu’un, c’est lui faire des petits pains.

France, 1907 : Paire des mamours, flatter. On dit aussi dans le même sens : faire du plat ou du boniment.

Gadzart

France, 1907 : Élève des arts et métiers ; abréviation de gas-des-arts.

Nous étions une soixantaine d’élèves, jeunes et vieux, résidant au Creusot ; nous convoquâmes les camarades des villes et des départements voisins, et, au jour dit, nous festoyâmes joyeusement au nombre de quatre-vingts, ni hommes ni femmes, comme dit l’Auvergnat, tous gadzarts.

Déjà du vieux Creusot la grande cheminée
Des gaz et des vapeurs vers le soir s’éclairait ;
La cloche avait sonné la fin de la journée,
Et chacun au logis pour souper accourait…
Déjà se dispersait la foule industrieuse,
Contente d’aller reposer,
Quand près de l’escalier, sur la terre boueuse,
Un groupe se mit à causer.
C’étaient de bons soldats, soldats de l’industrie,
Aux visages loyaux, pleins de cordialité,
Ils se réunissaient pour boire à la Patrie,
À la science, aux arts, à la Fraternité,
Et quelque temps après, au bruit d’une rasade
D’un vieux vin velouté,
Un soldat se leva pour chanter sa ballade,
En disant : Chers Gadzarts, écoutez !

(R. Roos)

Gaffeur, gaffeuse

France, 1907 : Maladroit qui commet des impairs ou dit des grossièretés sans s’en douter.

Paloignon est invité à dîner. À un moment du repas, le maître de la maison regarde à droite et à gauche, paraissant impatienté.
— Vous cherchez quelque chose ? demande Paloignon d’un ton aimable.
— Oui, je cherche les cornichons.
— Ah ! c’est cela… aussi je voyais bien que vous n’étiez pas dans votre assiette.

Nous sommes, en histoire du moins, très épris de vérité aujourd’hui ; et c’est une tendance caractéristique de notre époque que de tâcher de rétablir les choses telles qu’elles furent exactement. Le pauvre Latude lui-même n’a pas échappé à ce souci de débarrasser de la part de roman les physionomies légendaires. Il reste un être fort pitoyable, dont les âmes sensibles peuvent toujours déplorer les malheurs. Mais le terrible Gascon qui était en lui apparait aussi, à la lumière des recherches, et semble un peu, s’il est permis d’employer cette expression très contemporaine, un entêté gaffeur qui fut, on peut l’avancer, son pire ennemi.

(Paul Ginisty, Causerie littéraire)

Galopin

d’Hautel, 1808 : Nom que l’on donne aux enfans qui courrent les rues, aux petits polissons ; sobriquet injurieux quand il s’attribue à un homme, et qui équivaut à manant ; individu qui n’a aucune recommandation personnelle.
Un galopin de cuisine. Un marmiton, un tourneur de broche ; celui qui exerce les plus bas emplois dans une cuisine.

Delvau, 1866 : s. m. Apprenti, — dans l’argot des ouvriers. Mauvais sujet, — dans l’argot des bourgeois. Impertinent, — dans l’argot des petites dames.

Rigaud, 1881 : Apprenti, terme d’amitié dont se servent les ouvriers pour stimuler le zèle de l’apprenti.

Fustier, 1889 : Petit verre de bière.

France, 1907 : Petit verre de bière que l’on sert aux gens qui viennent dans un café, on un café chantant, non pour consommer, mais four simplement s’asseoir, écouter ou causer avec un camarade. Le galopin se paie aussi cher que le bock ordinaire. Chez Bruant, on sert à l’usage du patron maints galopins. Galopin est aussi une petite mesure de vin, environ un demi-setier.

France, 1907 : Polisson, apprenti. Primitivement c’est le petit garçon qui fait des commissions, qui galope. On donnait autrefois le nom de galopin aux chirurgiens sous-aides-majors des régiments. S’emploie au féminin pour désigner une fillette vive, éveillée et pas bégueule.

Voilà de singuliers arguments à donner, et vous n’y pensez pas, méchante galopine ! Un pied de nez vous me faites ? Et vos lèvres de cerises me tendent une moue à baiser. Pour que je vous pardonne, n’est-ce pas ? Eh bien ! soit, mignonne, car la morale que je vous prêchais, elle m’est odieuse. Et vous seule avez raison, coureuse d’aventures, amoureuse des hasards, immortelle et délicieuse petite Brin-de-Mai !

(Jean Richepin)

Greluchon

d’Hautel, 1808 : Terme de mépris ; nom que l’on donne à un homme qui se laisse entretenir par une femme qui a plusieurs amans.

Delvau, 1864 : Homme qui tient le milieu entre l’amant de cœur et le monsieur, entre celui qui paie et celui qui est payé.

Delvau, 1866 : s. m. Amant de cœur, — dans l’argot des gens de lettres qui ont lu le Colporteur de Chevrier, et connaissent un peu les mœurs parisiennes du XVIIIe siècle.

Rigaud, 1881 : Jeune niais, oisif ne s’occupant que de toilette et de plaisirs (1855).

Ces créatures attirent nécessairement une nuée de jeunes lions, de greluchons aimables, etc.

(Paris-Faublas)

Autrefois greluchon avait le sens de souteneur, jeune souteneur.

France, 1907 : Amant de cœur d’une fille publique ou d’une femme entretenue par un autre. De grelu, pauvre. Les femmes invoquaient jadis un saint Greluchon pour devenir fécondes, et lui brûlaient des cierges.
On dit à tort guerluchon.

Mon aimable moitié m’aimoit très tendrement,
Et me garda deux mois la foi fidèlement,
Ensuite, me planta fort proprement des cornes :
Sitôt que je le sçus, ma fureur fut sans bornes,
Je voulus la tuer, elle et son greluchon ;
Il n’étoit plus, ma foi, de charmante Michon.

(Nicolas R. de Grandval, Le Vice puni)

D’une résurrection de plaisir, elle titilla des paupières, la lèvre moins sèche, la langue, hors des dents, retroussée. Mais, à la fois, tant de subtile expérience n’était pas sans lui causer quelque alarme ; il fallait qu’il lui parût bien homme du monde, pour qu’elle ne le soupçonnât point greluchon.

(Catulle Mendès, Gog)

Je ne sommes pas de ces grisettes
Qu’avont quantité d’amourettes,
Ni de ces donzelles à bichons
Qui soutenont des greluchons !

(Vadé, Le Déjeuner de la Râpée)

Là, chaque soir, accourent tout guillerets les Lovelaces de la garnison et les greluchons des casernes, moustache cirée, cœur en croc, képi sur l’oreille, jasmin dans le mouchoir, poing sur la hanche et l’œil en coulisse.

(Hector France, L’Homme qui tue)

Gueule d’empeigne

Delvau, 1866 : s. f. Homme qui a une voix de stentor ou qui mange très chaud ou très épicé. Avoir une gueule d’empeigne. Avoir le palais assuré contre l’irritation que causerait à tout autre l’absorption de certains liquides frelatés. On dit aussi Avoir la gueule ferrée.

Virmaître, 1894 : Palais habitué aux liqueurs fortes. L. L. Dans tous les ateliers de de France, gueule d’empeigne signifie bavard intarissable qui a le verbe haut, qui gueule constamment. C’est un sobriquet généralement donné aux Parisiens qui font partie du compagnonnage (Argot du peuple). K.

Rossignol, 1901 : Celui qui parle beaucoup et qui a la repartie facile a une gueule d’empeigne. On dit aussi de celui qui mange sa soupe bouillante ou qui avale des liqueurs fortes sans sourciller, qu’il a une gueule d’empeigne.

France, 1907 : Palais cuirassé contre les plus forts alcools ou les plus chaudes épices. On dit aussi gueule ferrée, le contraire de gueule fine. On appelle aussi de ce nom un hâbleur, un bavard. Les voyous parisiens sont reconnaissables dans les régiments à leur gueule d’empeigne.

— Eh bien ! attends qu’on soye rentrés : je te montrerai, moi, si je suis saoul… (Un sou tombe.) Merci bien de votre bonne charité. Merci beaucoup, Messieurs et dames… (Bas) Avec ma main sur la figure… (Haut) pour nous et pour nos petits enfants… (Bas) et mon soulier dans le derrière. — Do, mi, sol ! Do, mi, sol… Deuxième couplet… (Bas) Gueule d’empeigne !… Figure de porc frais !…

(Georges Courteline)

Jaboter

d’Hautel, 1808 : Caqueter ; parler à tort et à travers ; ne dire que des choses frivoles et inutiles.

Larchey, 1865 : Causer.

Asseyez-vous donc un peu… nous jaboterons.

(Ricard)

On trouve jaboter avec ce sens dans Roquefort.

Delvau, 1866 : v. n. Parler, bavarder. L’expression se trouve dans Restif de la Bretonne :

Lise était sotte,
Maintenant elle jabotte ;
Voyez comme l’esprit
Dans un jeune cœur s’introduit.

Rossignol, 1901 : Causer, parler.

France, 1907 : Bavarder.

Lise était sotte,
Maintenant elle jabotte.

(Restif de la Bretonne)

Le babillage politique de Léonide Leblanc, ses prétentions d’Égérie attestaient assurément plus de bonne volonté que d’information. Son esprit s’honora, du moins, par quelques curiosités intellectuelles. Elle déclarait un jour à un des plus spirituels rédacteurs en chef parisiens « Téléphonez-moi vers 5 heures, tous les jours : nous jaboterons politique… »

(Francis Chevassu)

Sous la brise fraîche,
Filant comme flèche,
Des bateaux de pêche
Passent au lointain ;
Les baigneurs barbotent,
Les vagues clapotent,
Les dames jabotent,
C’est l’heure du bain.

(L. Xanrof)

Jactage, jacquetage

France, 1907 : Bavardage, causerie.

— Me voilà, Père Peinard, tu sais, la conversation d’il y a huit jours… Si on continuait la bavette commencée ?
C’était mon trimardeur qui rappliquait. Comme il tirait à lui un tabouret pour y poser ses fesses :
— Viens donc, que j’y fais, la mère Peinard a tellement foutu de sel dans le frichti que je n’en peux pas ouvrir le bec. Viens, nous licherons une chopotte.… Rien de tel, d’ailleurs, qu’un coup de picolo pour rafraîchir les idées.
Pour lors, on va s’installer chez le bistrot et, une fois bien calés sur la banquette, nous commençons le jacquetage.

(Le Père Peinard)

Jacter, jaspiner

anon., 1907 : Causer.

Jaspiner

d’Hautel, 1808 : Jaser, bavarder, etc. Ce verbe du vieux langage est encore en usage parmi le peuple.
Jaspiner bigorne. En terme d’argot, signifie, entendre et parler le langage des filous, des voleurs.

anon., 1827 : Parler.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Parler, bavarder.

Vidocq, 1837 : v. a. — Parler. Terme des voleurs parisiens.

Clémens, 1840 : Parler, dire.

M.D., 1844 : Causer.

un détenu, 1846 : Parler sur quelqu’un, bavarder.

Halbert, 1849 : Parler, raconter.

Larchey, 1865 : Parler, causer. — Diminutif de Jaser.

Ils jaspinaient argot encore mieux que français.

(Grandval, 1723)

Alle voulut jaspiner avec moi.

(Vadé, 1788)

Je lui jaspine en bigorne : « N’as tu rien a morfiller ? »

(Vidocq)

Delvau, 1866 : v. a. et n. Parler, bavarder. Jaspiner bigorne. Entendre et parler l’argot. V. Bigorne. En wallon, Jaspiner c’est gazouiller, faire un petit bruit doux et agréable comme les oiseaux.

La Rue, 1894 : Parler.

Virmaître, 1894 : Signe convenu d’aboyer sur la voie publique pendant que des complices dévalisent les poches des badauds (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Parler, causer.

Hayard, 1907 : Parler.

France, 1907 : Parler, bavarder.

Pas plus tard que la semaine dernière, jaspinant à propos de la journée de huit heures, je disais : Il ne tient qu’aux prolos de réduire la durée de la journée de travail, — qu’ils le veuillent et ça sera fait.

(Le Père Peinard)

Mon fils se faisois grand : dès sa quinzième année
Il fit voir qu’il avoit l’âme noble et bien née ;
Il jaspinoit argot encor mieux que François,
Il voloit joliment, et tuoit quelquesfois ;
Peut-être il me sied mal de tenir ce langage,
Mais à la vérité je dois ce témoignage.

(Nicolas R. de Grandval, Le Vice puni)

Jadis, pour être avocat, il ne suffisait point de savoir parler — jaspiner, disaient des clients. Pas plus que, pour être juge, il me suffisait de siéger. De ce que l’un incarnait la justice, de ce que l’autre représentait le droit, il leur était demandé de conformer un peu leur personne à leur mission, leur vie privée à leur vie publique — et le décorum n’était point que le manteau de Japhet, dissimulant les turpitudes humaines.

(Séverine)

Longchamp

Larchey, 1865 : « D’autres font une excursion au longchamp, cour oblongue, bordée d’une file de cabinets dont nous laissons deviner la destination. Comme c’est le seul endroit où pendant les heures d’étude, les élèves de l’École polytechnique puissent aller humer l’air, filer, causer, chercher des distractions, le lonchamp a acquis une grande importance. »

(La Bédollière)

Delvau, 1866 : s. m. Procession plus ou moins considérable de gens, — dans l’argot du peuple, qui consacre ainsi le souvenir d’une mode dont on ne parlera plus dans quelques années.

Delvau, 1866 : s. m. Promenade favorite, — dans l’argot des Polytechniciens. C’est une cour oblongue, bordée d’une file de cabinets dont nous laissons deviner la destination, et où les élèves viennent fumer et causer pendant les heures d’étude.

Rigaud, 1881 : Cour réservée aux latrines de l’École Polytechnique.

Mirliton

Delvau, 1864 : Un des nombreux synonymes des mots : vit, pine et con, — très usité dans les chansons et les poésies légères.

Je ne connais sur la terre
Que deux séduisants objets :
Ce vin qui remplit mon verre
Et d’un tendron jeune et frais.
L’étroit mirliton, etc.
Le cynique Diogène
Blâmait toujours le plaisir,
Et lui-même, dans Athènes,
Il empoignait pour jouir
Son vieux mirliton, etc.

(J. Cabassol)

Vos mirlitons, Mesdames, à présent,
Sont grands trois fois plus qu’ils ne devraient être.

(Grècourt)

Mais où placer un Amphion
Qui n’a qu’un petit mirliton ?

(Chanson anonyme moderne)

Delvau, 1866 : s. f. La voix humaine, — dans l’argot des faubouriens. Jouer du mirliton. Parler, causer.

Rigaud, 1881 : Voix. — Jouer du mirliton, parler.

France, 1907 : Ce n’est pas la trompette du plaisir, c’en est l’instrument, ce que Rabelais appelait Maistre Jehan Chouart ou Maistre Jehan Jeudi. Jouer du mirliton, sacrifier à Vénus, ou, suivant Maître Alcofribas, frotter son lard.

Ce soir, ma ménagère
Trouvant que j’rentrais tard,
J’lui dis : Écout’, ma chère,
J’apport’ pour le moutard
Un joli p’tit mirlitire,
Un charmant p’tit mirliton.
Là-d’sus, se mettant à rire,
Ma femm’, qui change de ton,
Veut jouer du mirlitire,
Veut jouer du mirliton,
Veut jouer du mir, du li, du ton,
Du mirliton !

(Le Mirliton)

Mirliton s’employait aussi autrefois pour la nature de la femme :

Auprès de toi, ma mignonne,
Mon cœur est comme l’aimant,
Et mon aiguille friponne
Cherche le pôle charmant
De ton mirliton.

(Le Nouveau Tarquin, 1731)

Mistoufle

Delvau, 1866 : s. f. Farce ; méchanceté ; trahison, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Mauvais procédé, taquinerie, méchanceté. — Coup de mistoufle, combinaison, coup en dessous, coquinerie.

La Rue, 1894 : Farce. Misère.

Rossignol, 1901 : Causer des ennuis à quelqu’un ou le taquiner est lui faire des mistoufles.

Hayard, 1907 : Misère.

Mistoufles

Virmaître, 1894 : Faire des misères, causer des désagréments à quelqu’un (Argot du peuple).

France, 1907 : Désagréments, ennuis.

Les médecins de nos jours, avec leurs théories parasitiques, ne voient plus que microbes partout, que microbes acharnés à nous faire des mistoufles, comme on dit à Montmartre.

(Armand Silvestre)

Le deuxième me fit des « pouffes »,
Le troisièm’ me fit tatouer,
L’quatrièm’ me fit des mistoufles
Et le cinquièm’ me fit suer,
Le sixième fit des manières,
L’septièm’ me fit du boniment,
Le huitièm’ me fit des misères,
Le neuvièm’ me fit un enfant.

(René D’Esse)

Employé au singulier, mistoufle signifie misère.

Et fichtre, c’est très légitime que l’appétit vienne enfin au populo : il a un ventre, c’est pour l’emplir ! Il a parfaitement raison de vouloir jouir de l’existence et de n’en plus pincer pour confire dans la mistoufle.

(Le Père Peinard)

Oursier

Hayard, 1907 : Qui aime à causer souvent.

Papotage

Delvau, 1866 : s. m. Causerie familière ; bavardage d’enfants ou d’amoureux. Argot des gens de lettres.

France, 1907 : Bavardage ; bruit de vaines paroles.

La voici près de lui, assise, d’une cuisse, au bord du petit lit de fer qui plie un peu, sous son poids. Et ce sont des confidences d’amoureux ; des papotages puérils, le trop-plein qui déborde, des câlineries et des tendresses, tandis qu’au dehors la pluie redouble.

(Georges Courteline)

Payse

Delvau, 1864 : Qualité que se donnent devant leurs maîtres les bonnes et les cuisinières, pour avoir le loisir de causer de — et de piner avec — son pays, qui est ordinairement un troupier français.

Mais, ne t’ai-je pas dit, Chauvin,
Que je n’ puis plus boire de vin ?
Combien de fois faut-il que je te l’dise ;
Je m’ai pas assez méfié d’la pays…
Pas assez méfié d’ la payse.

(Allard)

Delvau, 1866 : s. f. Maîtresse, — dans l’argot des soldats, qui sont volontiers du même pays que la bonne d’enfants qu’ils courtisent.

Pet

d’Hautel, 1808 : Fier comme un pet. Pour dire, hautain, orgueilleux ; qui affecte l’air méprisant et dédaigneux.
Pet en l’air. On appeloit ainsi à Paris, il y a quelques années, une espèce de casaquin que portoient les femmes.
Pet de nonne. Espèce de pâtisserie soufflée.
Un pet à vingt ongles. Manière burles désigner l’enfant dont une fille est accouchée.
On tireroit plutôt un pet d’un âne mort. Se dit d’un homme avare et dur à la desserre.

Clémens, 1840 : Manquer un vol.

Delvau, 1866 : s. m. Embarras, manières. Faire le pet. Faire l’insolent ; s’impatienter, gronder. Il n’y a pas de pet. Il n’y a rien à faire là dedans ; ou : Il n’y a pas de mal, de danger.

Delvau, 1866 : s. m. Incongruité sonore, jadis honorée des Romains sous le nom de Deus Crepitus, ou dieu frère de Stercutius, le dieu merderet. Glorieux comme un pet. Extrêmement vaniteux. Lâcher quelqu’un comme un pet. L’abandonner, le quitter précipitamment.

Virmaître, 1894 : Signal convenu pour prévenir ses complices qu’il y a du danger.
— Pet, pet, v’là les pestailles.
On dit également :
— Au bastringue du Pou Volant, il y aura du pet ce soir (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Danger.

Sauvons-nous, il y a du pet.

France, 1907 : Bruit, tapage, plainte en justice. Faire du pet, causer du bruit, du scandale ; faire le pet, manquer son coup. Il y a du pet, les choses tournent mal ; les voleurs, les escarpes, les souteneurs, pour prévenir d’un danger, crient : Pet ! pet ! comme des collégiens disent : Vesse ! vesse !

— Dis donc, Paul, il parait qu’il y a du pet, ce soir ?
— Je te crois ! Et les maqués du passage ont écopé… Y a Julot qui a voulu défendre sa femme ; on l’a fourré dedans… Un coup de rébellion… Tu sais, avec ses six jugements, il est foutu de passer l’eau. Les gonzesses des Princes osent plus sortir… J’ai été les prévenir.
— Et ma sœur ?’Tas pas vu ma sœur ?

(Oscar Méténier)

Il n’y a pas de pet, tout est tranquille. Cette expression signifie également : C’est bien certain, il n’y a pas d’erreur.

La foi est-elle morte, bon dieu ? ou la putain d’Église va-t-elle se ravigotter, entassant dans son giron les bons bougres en foultitude ?
Y’a pas de pet ! la foi est morte ; le paysan ne croit plus aux balourdises du prêtre, il n’y croit plus et n’y croira jamais !

(Le Père Peinard)

Glorieux comme un pet, vaniteux à l’excès ; lâcher quelqu’un comme un pet, l’abandonner brusquement.

Pétard

Vidocq, 1837 : s. m. — Haricot.

Clémens, 1840 : Éveil, se faire de la bile.

un détenu, 1846 : Un sou.

Delvau, 1866 : s. m. Bruit, esclandre.

N’bats pas l’quart,
Crains l’pétard,
J’suis Bertrand l’pochard !

dit une chanson populaire.

Delvau, 1866 : s. m. Derrière de l’homme ou de la femme. Se dit aussi pour Coup de pied appliqué au derrière.

Rigaud, 1881 : Derrière. — Haricot. Le haricot est tantôt un musicien, tantôt un pétard, tantôt exécutant, tantôt musique. Allusion compréhensible, même pour les enfants.

Fustier, 1889 : Argot des artistes et des gens de lettres. Succès bruyant.

Pourquoi ce qui n’avait pas réussi jusqu’alors, a-t-il été, cette fois, un événement de librairie ? ce qu’on appelle, en argot artistique, un pétard.

(Gazette des Tribunaux, 1882. )

Fustier, 1889 : Sou.

À droite, un comptoir en étain
Qu’on astique chaque matin.
C’est la qu’on verse
Le rhum, les cognacs et les marcs
À qui veut mettre trois pétards
Dans le commerce.

(Gaulois, 1882)

La Rue, 1894 : Un sou. Soumet. Haricot. Postérieur. Bagarre.

Virmaître, 1894 : Le derrière.
— Crois-tu qu’elle est bien en viande ? Quel riche pétard ! On en mangerait une tranche.
L’allusion se devine ; souvent il tire des feux d’artifice (Argot du peuple). N.

Virmaître, 1894 : Sou. C’est une corruption du mot patard, expression employée par François Villon. En Suisse, il y a des siècles, patard était une monnaie divisionnaire ; en terme de mépris, on disait : un patard de vache (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Le derrière.

Rossignol, 1901 : Sou.

Rossignol, 1901 : Tapage, bruit.

Avez-vous fini de faire du pétard, on n’entend que vous.

France, 1907 : Bruit, tapage.

Comment, v’là d’jà ménuit qui sonne !
Ej’ croyais pas qu’l’était si tard,
C’est vrai qu’on rencont’ pus personne
Et qu’on n’entend pus grand pétard.
Vrai, si j’étais propriétaire,
J’irais ben m’coucher un moment…
Mais je n’suis mêm’ pas locataire…

(Aristide Bruant)

Faire du pétard, faire du bruit, récriminer, protester vigoureusement, causer du désordre.

Autrefois, elle était fantasque,
Capricieuse, et f’sait du pétard,
Ne r’gardant pas à faire un’ frasque,
Encor moins à faire un cornard.
Mais maintenant on peut sur elle
Se reposer de tout souci,
Comme un pigeon dessous une aile…

(Henri Bachmann, La Femme mûre)

Faire un pétard est, en terme littéraire et artistique, produire une œuvre sensationnelle, qui heurte les idées courantes, choque les préjugés bourgeois, et l’on ne se doute pas du nombre de bourgeois que contient le monde artistique et littéraire. En littérature, Nana, d’Émile Zola, fut un pétard ; en peinture, la Salomée de Henri Regnault en fut un également.

Si je fais du théâtre, ce sera pour être joué, et, tout en le faisant comme je comprends qu’il doit être, — l’image de la vie. Je ne casserai aucune vitre, ne lancerai aucun pétard.

(Émile Zola)

France, 1907 : Le derrière, maître Luc, ce que l’intellectuel Armand Silvestre admire le plus chez la femme.

Le timbré s’est fait une théorie bien à lui sur les différents types de femmes. Il prétend qu’il faut être, et il est, lui, gourmand avec les brunes, gourmet avec les blondes, glouton avec les rousses, et goinfre avec les châtaines bien capitonnées, aux tétons fermes et abondants, aux croupes plantureuses et charnues, car l’adjudant apprécie la quantité au même titre que la qualité.
— J’aurais dû rentrer dans l’artillerie ou le génie, dit-il quelquefois, car j’adore les pétards, moi !

(Le Régiment)

Je les ai vus égayant
La foules ivre d’allégresse :
Chacun d’eux, certe, est bruyant
Étincelant, flamboyant,
Mais, je le confesse,
Rentré chez moi sur le tard,
Je me suis dit à moi-même :
« Ces pétards, nom d’un pétard !
Ne valent pas le pétard
De celle que j’aime ! »

(Gil Blas)

France, 1907 : Pièce d’un sou ; corruption du vieux français patard.

— J’aimerais mieux encore turbiner d’achar du matois à la sorgue pour affurer cinquante pétards par luisant que de goupiner.

(Mémoires de Vidocq)

À droite un comptoir en étain
Qu’on astique chaque matin :
C’est là qu’on verse
Les rhums, les cognacs et les marcs
À qui veut mettre trois pétards
Dans le commerce.

(Chanson du Père Lunette)

France, 1907 : Soufflet. Ça claque.

Pétarder

France, 1907 : Faire du bruit, crier, protester, causer du scandale.

C’est nous qui somm’s les gardes
Municipaux,
Droits comm’ des hallebardes
Sur nos chevaux,
Si le peuple pétarde,
Nous montrons aux badauds
Que c’est pas des manchots
Les gard’s municipaux !

(Blédort)

Piau

d’Hautel, 1808 : Mot du jargon typographique qui signifie mensonge, bourde, conte fait à plaisir.
Conter sa piau. Causer au lieu de travailler.

anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 : Lit.

Delvau, 1866 : s. f. Mensonge, histoire, blague, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Lit. Pincer le piau, garder, prendre le lit.

Notre auteur a été si fourlour qu’il s’est vu contraint de pincer le piau.

(La Caricature, journal, dessin de Traviès)

Rigaud, 1881 : Plaisanterie, charge d’atelier. — Mensonge, — dans le jargon des typographes.

Boutmy, 1883 : s. f. Conte, plaisanterie incroyable, menterie. Conter une piau, c’est mentir, faire un conte invraisemblable. Nous ne connaissons pas l’origine de cette locution.

La Rue, 1894 : Lit. Mensonge. Plaisanterie, blague. Piausser, se coucher.

Virmaître, 1894 : Cette expression est employée dans les ateliers de composition en réponse à une question indiscrète ou ridicule. Piau, c’est tout dire. Quand on ne veut pas répondre, on se contente de dire :
— Il est derrière le poêle chez Cosson. C’est tout.
Si l’insistance est trop grande, on dit :
— Va donc chier dans le cassetin aux apostrophes.
Cette dernière expression est également employée quand un camarade devient riche :
— Il a chié dans le cassetin aux apostrophes.
En ce cas, elle ne sert pas souvent, car nos camarades, les typos, nous ressemblent, le travail ne les enrichit guère (Argot d’imprimerie). N.

France, 1907 : Vantardise, mensonge, conte invraisemblable ; argot des typographes.

Plume

d’Hautel, 1808 : Il y a laissé ses plumes. Se dit d’un homme à qui il a coûté beaucoup d’argent pour se tirer d’une affaire.
La belle plume fait le bel oiseau. Pour dire que la parure et les ornemens font ressortir la figure.

Larchey, 1865 : Pince à effraction. V. Caroubleur. — Plume de Beauce : Paille. — On sait combien la Beauce est riche en céréales. On appelle Chartres la ville des pailleux.

Quelle poésie ! la paille est la plume de Beauce.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. f. Monseigneur, — dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Pelle-racloir dont se servent les maçons pour mêler la chaux, — dans le jargon des maçons.

Rigaud, 1881 : Pince à effraction. — C’est avec cette plume que les voleurs signent leurs noms sur les portes.

La Rue, 1894 : Pince-monseigneur. Cheveu.

France, 1907 : Le mot, dans son sens érotique, est précédé du verbe tailler. Nous nous abstiendrons d’en donner la signification aux innocents.

Je coulerais des jours parfaits
Si j’avais écrit un volume
Aux mendésiaques effets
Sur l’art de tailler une plume.

(Paul Paillette, Tablettes d’un lézard)

France, 1907 : Lit ; argot des voleurs.

— Je ne te tromperai jamais, je te le jure !… Mais, embrasse-moi !… répéta avec une insistance câline la jeune femme tout à fait domptée.
— Allons !… mais finissons les magnes et tirons-nous d’ici !… Nous serons plus chouettes au plume pour causer…

(Edmond Lepelletier)

France, 1907 : Pince-monseigneur ; argot des voleurs.

Pompette (être)

France, 1907 : Être dans un état de gaieté occasionné par un commencement d’ivresse ; argot populaire. Cette expression vient du vieux mot pompette, pompon, à cause du nez rouge des buveurs. On trouve dans les Adages françoises du XVIe siècle : « Beau nez à pompette » pour ivrogne.

Il évite dans les familles
Habituell’ment d’en causer,
Surtout devant les jeunes filles :
Ça pourrait les faire jaser.
Mais un soir qu’il était pompette,
Dans un dîner des plus rupins,
Il les a mis’s sur une assiette…

(Répertoire de Gavrochinette)

Les expressions synonymes sont : avoir son plumet, sa cocarde, son casque, une culotte, son jeune homme, son pompon, son poteau, sa cuite, sa pointe, son allumette, sa pistache, son loquet, un grain, un coup de bouteille, de sirop, de soleil, de gaz, de feu, son compte, son plein, sa pente ; être en train, bien lancé, éméché, ému, en ribote, dans les vignes, les brindezingues, les brouillards, la paroisse de Saint-Jean-le-Rond, en patrouille, parti, allumé, pavois, bu, paf, raide comme la justice, poivre, casquette, dans un état voisin, etc., etc.

Potasser

Delvau, 1866 : v. n. S’impatienter, bouillir de colère ou d’ennui, — dans le même argot [des faubouriens].

Delvau, 1866 : v. n. Travailler beaucoup, — dans l’argot des Saint-Cyriens et des lycéens.

Rigaud, 1881 : Préparer, étudier. Potasser sa colle, préparer son examen.

Rigaud, 1881 : Travailler avec assiduité.

La Rue, 1894 : S’impatienter. Travailler, étudier.

Rossignol, 1901 : Causer. Faire des potins, des cancans.

France, 1907 : Bavarder.

C’est pas qu’j’y défend’ qu’a jacasse,
Alle a eun’ langue… alle a besoin
D’s’en servir… J’veux ben qu’a potasse
Ed’temps en temps… ed’loin en loin…

(Aristide Bruant)

France, 1907 : Travailler ; argot des écoles militaires. Dans la devise des Brutions, il entre la formule chimique S+KO (soufre et potasse).

Étendus voluptueusement sur leur couchette, ils placent leur cahier sur leur tête, s’endorment du sommeil du juste et se réveillent en affirmant qu’ils ont potassé leur cours d’une façon remarquable.

(Théo-Critt, Nos farces à Saumur)

Le cahier sur lequel on travaille est appelé le potasse.

Un homme d’esprit a pu dire, presque sans exagération, que la moitié de la France est occupée à faire passer des examens à l’autre. Nous marchons vers cet avenir peu folâtre : le concours à jet continu et à tous les degrés de l’échelle. Un jour, il faudra subir des épreuves écrites et orales pour obtenir un emploi de cantonnier, et l’on verra de vieux fonctionnaires — car il n’y aura plus bientôt en France que des fonctionnaires — potasser encore sous leurs cheveux gris les matières d’un programme.

(François Coppée)

Puer au nez

Delvau, 1866 : v. n. Déplaire, ennuyer, — dans l’argot du peuple, qui dit cela à propos des choses et des gens qui souvent puent le moins.

Rigaud, 1881 : Être insupportable ; causer une profonde antipathie.

Quarail

France, 1907 : On appelait ainsi, à Metz, une réunion de femmes assises l’après-midi ou le soir devant la porte pour causer ou pour travailler. En d’autres localités, on dit quareuil.

Sancerre (pistolets de)

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants de cette ville et dont l’origine fort honorable remonte au siège qu’en fit Le maréchal de La Chastre en 1573, siège qui dura neuf mois et livra la ville à une horrible famine.

Les assiégés, dit Fleury de Bellingen, se défendirent avec beaucoup de valeur. Cent cinquante vignerons, entre autres, causèrent avec leurs frondes un tel désordre dans le camp des catholiques, que ceux-ci les nommèrent les pistolets de Sancerre, comme si les pierres que jetoient ces paysans eussent produit le même effet que les balles de pistolet. Ce nom est demeuré jusqu’à présent, et est encore aujourd’hui commun dans tout le voisinage de Sancerre.

Serpentement

France, 1907 : Manière d’agir tortueuse, caressante, féline. Néologisme.

Sainte-Beuve était charmant dans la causerie ; il avait des amis de toutes sortes pour sa bonté, pour son esprit, pour ses mots de sentiment, pour ses mots cruels, pour ses amitiés, pour ses trahisons ; mais il eut beau dire et beau faire, il eut beau rechercher le coin des femmes, il eut beau leur prouver qu’il était familier à toutes les fémineries, à tous les serpentements, à toutes les ondulations ; il eut beau être, tout à tour, attendri et moqueur, il eut beau prendre des mines de Werther et des airs de Lovelace, rien n’y fit.

(Arsène Houssaye, Souvenirs de jeunesse)

Tapis

Ansiaume, 1821 : Cabaret.

Je n’irai plus à ce tapis, car la raille y va.

Vidocq, 1837 : s. m. — Auberge, hôtel garni, cabaret.

Halbert, 1849 : Café.

Delvau, 1866 : s. m. Cabaret, auberge, hôtel, — dans l’argot des voleurs, qui se servent là d’un vieux mot de la langue romane, tapinet (lieu secret), dont on a fait tapinois. Ils disent aussi Tapis franc, c’est-à dire Cabaret d’affranchis. Tapis de grives. Cantine de caserne. Tapis de malades. Cantine de prison. Tapis de refaite. Table d’hôte.

Delvau, 1866 : s. m. Conversation, causerie, — dans l’argot des bourgeois. Être sur le tapis. Être l’objet d’une causerie, le sujet d’une conversation. Amuser le tapis. Distraire d’une préoccupation sérieuse par une causerie agréable.

Rigaud, 1881 : Auberge, cabaret. — Tapis vert, table de jeu. — Tapis de grives, cantine militaire. Tapis de dégelés, la Morgue. Tapis de refaite, table d’hôte. Tapis bleu, le ciel.

La Rue, 1894 : Cabaret. Tapissier, cabaretier.

Hayard, 1907 : Débit où se réunissent les malfaiteurs.

France, 1907 : Auberge, cabaret, hôtel garni. Tapis franc, cabaret de voleurs. Tapis de grives, cantine. Tapis de malades, cantine de prison. Tapis de dégelés, la Morgue. Tapis de refaite, restaurant. Tapis vient du vieux français tapinet, retraite, lieu caché où l’on se tapit. Amuser le tapis, amuser la société, la compagnie.

Tétons (casses à)

France, 1907 : Pour composer facilement, il faut éviter de trop emplir sa casse ; certains compositeurs se plaisent à faire ce qu’on appelle en argot d’atelier des casses à tétons, c’est-à-dire de petits monticules de lettres dépassant les parois des cassetins en hauteur. En agissant ainsi, on s’expose, en composant, à faire dégringoler le trop-plein d’un cassetin dans un cassetin inférieur, ce qui fait que souvent dans les casses trop bondées, les lettres, lorsqu’on arrive en composant à fond de cale, sont tellement mélangées, qu’on est obligé, pour ainsi dire, de les regarder une à une et de perdre un temps considérable à relire ses lignes si on ne veut pas avoir une composition constellée de coquilles.

(V. Breton, Causerie typographique)

Tintoin

d’Hautel, 1808 : Donner du tintoin à quelqu’un. Lui causer du tourment, de l’embarras, du souci, de l’inquiétude ; lui donner du fil à retordre.

Tref, treffe

France, 1907 : Tabac. Déformation de trèfle.

Puis… mal fringué… fauché… sans treffe,
J’os’rais seul’ment pas y causer ;
Donc un béguin, c’est comm’ des nèfes,
Quant au lapin… c’est tout posé !

(Jehan Rictus, Les Soliloques du Pauvre)

Vendre sous le manteau

France, 1907 : Vendre en cachette, à l’insu de da police. Cette expression s’emploie pour les livres ou les dessins défendus ou obscènes. L’éditeur vend sous le manteau.

J’allais lui demander certain livre nouveau,
Qu’on dit bon, car il s’est vendu sous le manteau.

C’est parfois la fortune d’un livre d’être vendu sous le manteau ; l’éditeur, sinon l’auteur, y trouve toujours son compte, et, comme dit La Bruyère : « Un ouvrage satirique qui est donné en feuilles sous le manteau aux conditions d’être vendu de même, s’il est médiocre passe pour merveilleux. »
On emploie aussi l’expression dire quelque chose sons le manteau de la cheminée pour parler confidentiellement et en cachette ; allusion aux vastes cheminées d’autrefois, sous le manteau desquelles, c’est-à-dire sous la partie qui fait saillie dans la chambre, on pouvait se mettre à deux et même à plusieurs pour causer confidentiellement.

Vie (faire la)

Delvau, 1866 : S’amuser plus que la morale et la santé ne le permettent ; se débaucher, les femmes avec les hommes, les hommes avec les femmes.

France, 1907 : Se livrer à la débauche, chanter en action Vive le vin, l’amour et le tabac !

Elles causèrent, elles parlèrent de Suzanne… mise dans un atelier de couture, et qui, au bout de six mois, s’était envolée, pour faire la vie… Faire La vie, c’étaient des orgies de sirop de groseille et d’eau de Seltz, au milieu d’une débandade d’hommes, des douzaines vous passant à la file sur le corps, dans des arrière-boutiques de marchande de vin.
— Oui, ma chère, c’est comme ça !

(Émile Zola, La Terre)


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique