France, 1907 : Mener un grand train de maison.
Au XIVe siècle, la chaussure d’un prince n’avait pas moins de deux pieds et demi de long, celle d’un baron deux pieds ; un chevalier n’avait droit qu’à un pied et demi et le soulier du bourgeois était réduit à un pied, c’est-à-dire à peu près la forme du sien. Les grands seigneurs, princes et barons et même les chevaliers étaient obligés, pour pouvoir marcher, de relever la pointe de leur chaussure au moyen d’une chaînette attachée au genou. Le soulier allait ainsi se rétrécissant peu à peu, bourré de foin dans la partie du soulier que le pied ne remplissait pas, ce qui sans doute a donné naissance à cet autre dicton : « avoir du foin dans ses bottes ». Ces chaussures étaient appelées à la poulaine, soit parce qu’elles se dressaient comme le cou d’une poule, soit parce qu’elles offraient quelque analogie avec la partie antérieure d’un vaisseau, nommé poulaine. C’est de cette ridicule coutume que vient l’expression être sur un grand pied dans le monde. Cette mode grotesque, comme la plupart des modes, vient, dit-on, d’une excroissance fort laide que le comte d’Anjou, Geoffroy Plantagenet, avait sur l’un de ses pieds, et c’est pour la dissimuler qu’il imagina les souliers à la poulaine. Comme c’était un grand seigneur, tout le monde eut à cœur de l’imiter.