Rossignol, 1901 : Aide déménageur employé à l’époque du terme dans les moments de presse.
Acrobate
Amant de cœur
Delvau, 1864 : Greluchon, maquereau, homme qui, s’il ne se fait pas entretenir par une femme galante, consent cependant à la baiser quand il sait parfaitement qu’elle est baisée par d’autres que lui : c’est, pour ainsi dire, un domestique qui monte le cheval de son maître. Il y a cette différence entre l’amant simple et l’amant dit de cœur que le premier est un fouteur qui souvent se ruine pour sa maîtresse, et que le second est un fouteur pour lequel sa maîtresse se ruine quelquefois — quand il la fout bien. Aussi devrait-on appeler ce dernier l’amant de cul, le cœur n’ayant absolument rien voir là-dedans.
Larchey, 1865 : Les femmes galantes nomment ainsi celui qui ne les paie pas ou celui qui les paie moins que les autres. La Physiologie de l’Amant de cœur a été faite par Marc Constantin en 1842. Au dernier siècle, on disait indifféremment Ami de cœur ou greluchon. Ce dernier n’était pas ce qu’on appelle un souteneur. Le greluchon ou ami de cœur n’était et n’est encore qu’un amant en sous-ordre auquel il coûtait parfois beaucoup pour entretenir avec une beauté à la mode de mystérieuses amours.
La demoiselle Sophie Arnould, de l’Opéra, n’a personne. Le seul Lacroix, son friseur, très-aisé dans son état, est devenu l’ami de cœur et le monsieur.
(Rapports des inspecteurs de Sartines)
Ces deux mots avaient de l’avenir. Monsieur est toujours bien porté dans la langue de notre monde galant. Ami de cœur a détrôné le greluchon ; son seul rival porte aujourd’hui le non d’Arthur.
Delvau, 1866 : s. m. Jeune monsieur qui aime une jeune dame aimée de plusieurs autres messieurs, et qui, le sachant, ne s’en fâche pas, — trouvant au contraire très glorieux d’avoir pour rien ce que ses rivaux achètent très cher. C’est une variété du Greluchon au XVIIIe siècle. On disait autrefois : Ami de cœur.
La Rue, 1894 : L’homme aimé pour lui-même, par opposition à l’homme aimé pour son argent.
Arme à gauche (passer l’)
Larchey, 1865 : Mourir, militairement parlant. Aux enterrements, le soldat passe l’arme sous le bras gauche.
Toute la famille a passé l’arme à gauche.
(Lacroix, 1832)
Il a reçu une volée que le diable en a pris les armes : Il a reçu une volée mortelle, telle que le diable aurait pu emporter son âme. — arme est souvent pris pour âme au moyen âge.
Rigaud, 1881 : Mourir, — dans le jargon des troupiers.
Merlin, 1888 : Mourir.
Barbise
Virmaître, 1894 : Apprenti souteneur. Il en existe qui n’ont pas quinze ans et qui macrotent déjà les petites bouquetières, quelquefois leurs sœurs (Argot des souteneurs). N.
France, 1907 : Apprenti souteneur.
Il en existe qui n’ont pas quinze ans et qui macrotent déjà les petites boutiquières, quelquefois leurs sœurs.
(Ch. Virmaître)
Bidard
Fustier, 1889 : Heureux, veinard. Être bidard, avoir de la chance, réussir dans ce que l’on entreprend.
Virmaître, 1894 : Heureux, veinard. C’est un nommé Bidard qui gagna un gros lot à une loterie quelconque. On en fit une chanson qui courut les rues : Le père Bidard, la mère Bidard, etc. Depuis ce temps, les chançards sont des Bidards (Argot du peuple). N.
Hayard, 1907 : Heureux, chançard.
France, 1907 : Chançard, riche, d’une vieille chanson populaire sur la chance d’un certain Bidard qui gagna le gros lot. Par contre, on dit nib bidard, qui n’a pas de chance. (Grison)
À nous gloire et fortune !
Massacrons les bidards,
Et faisons la Commune
Des lettres et des arts.
(Aristide Bruant)
Chafrioler
Larchey, 1865 : Se complaire.
L’atmosphère de plaisirs où il se chafriolait.
(Balzac)
M. Paul Lacroix affirme que ce verbe a été inventé par Balzac en ses Contes drolatiques.
Chandelle (tenir la)
Larchey, 1865 : Être placé dans une fausse position, favoriser le bonheur d’autrui sans y prendre part.
Embrassez-vous, caressez-vous, trémoussez vous, moi je tiendrai la chandelle.
(J. Lacroix)
Une chanson imprimée chez Daniel, à Paris, en 1793, — Cadet Roussel républicain, — fournit cet exemple plus ancien :
Cadet Roussel a trois d’moiselles
Qui n’sont ni bell’s ni pucelles,
Et la maman tient la chandelle.
France, 1907 : Se prêter à de honteuses complaisances, favoriser d’illicites amours. Se retirer pour laisser en tête à tête sa femme ou sa fille avec son amant. Les gens qui tiennent la chandelle sont plus communs qu’on ne le pense.
À son destin j’abandonne la belle
Et me voilà. Des esprits comme nous
Ne sont pas faits pour tenir la chandelle.
(Parny)
Chenu
d’Hautel, 1808 : Au propre, blanc de vieillesse ; on s’en sert au figuré pour exprimer le haut degré de bonté d’une chose quelconque.
Ce vin est chenu. Pour, est bon, exquis, excellent.
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Bon, excellent, admirable.
Larchey, 1865 : Bon, exquis. — Le Dictionnaire de Leroux (1718) l’emploie dans ce sens : Voilà du vin chenu. Selon d’Hautel (1808), chenu, signifiant au propre blanc de vieillesse (Roquefort), est appliqué au vin que la vieillesse améliore, et par extension à toute chose de première qualité.
Goujeon, une prise de tabac. — Oui-da, t’nez en v’là qu’est ben chenu.
(Vadé, 1755)
As-tu fréquenté les marchandes de modes ? c’est là du chenu !
(P. Lacroix, 1832)
Delvau, 1866 : adj. Bon, exquis, parfait, — dans l’argot des ouvriers.
La Rue, 1894 : Bon, beau. Chenu reluit : bonjour. Chenue sorgue, bonsoir. Chenument, très bien.
France, 1907 : Excellent ; une chose vieille blanchie par l’âge. Chenu pivois, un vin excellent ; chenu reluit, bonjour ; chenu sorgue, bonsoir. Argot des voleurs. Antithèse de chenoc.
Je lui jaspine en bigorne :
« Qu’as-tu donc à morfiller ?
— J’ai du chenu pivois sans lance
Et du larton savonné. »
(Vidocq)
anon., 1907 : Bon.
Crâne
d’Hautel, 1808 : Tapageur, mauvaise tête, vaurien, qui ne cherche que dispute et querelle.
Mettre son chapeau en crâne. C’est-à-dire, sens-devant-derrière, à la façon des tapageurs et des mauvais sujets ; à la sacrée mon ame.
Larchey, 1865 : Beau.
C’est ça qui donne une crâne idée de l’homme !
(Gavarni)
Larchey, 1865 : Bon.
Quand j’étais sur la route de Valenciennes, c’est là que j’en avais du crâne du tabac !
(H. Monnier)
Vient de l’ancien terme : mettre son chapeau en crâne. C’était le mettre sens devant derrière, à la façon des tapageurs qui prétendaient faire partout la loi sous le premier Empire. V. d’Hautel.
Larchey, 1865 : Hardi.
Est-il crâne cet enragé-là !
(P. Lacroix, 1832)
Delvau, 1866 : adj. Superlatif de Beau, de Fort, d’Éminent, de Bon. Avoir un crâne talent. Avoir beaucoup de talent.
Delvau, 1866 : s. m. Homme audacieux, — dans l’argot du peuple. Faire son crâne. Faire le fanfaron.
France, 1907 : Beau, hardi, fort. Homme crâne, homme audacieux. Un crâne talent, un grand talent. Faire son crâne, faire le fanfaron.
Et le capitaine Marius Courtebaisse ne s’en portait pas plus mal, avait l’air crâne et heureux, se livrait à son innocente manie avec le calme d’un philosophe qui a beaucoup vu, beaucoup retenu, et trouve qu’après tout rien ne vaut de belles lèvres rouges et charnues et une croupe de femme éblouissante, rose et blanche aux fraicheurs de marbre, et une petite vigne où, à pointe d’aube, l’on ramasse des escargots, l’on cueille des grappes tout humides de rosée et une maison où nul importun ne vous gêne, où l’on mange sur du linge qui fleure la bonne lessive, ou l’on dort dans de beaux draps, souvent avec, à côté de soi, une passagère maîtresse qu’on ne reverra plus le lendemain…
N’est-ce pas là le bonheur — le vrai bonheur qui ne laisse pas de désillusions et de nostalgiques regrets ?
(Mora, Gil Blas)
Défriser
d’Hautel, 1808 : Ça te défrise. Locution burlesque qui équivaut à cela te chiffone, te contrarie ; se dit à quelqu’un qui trouvé à redire à ce que l’on dit, ou qui jette un regard envieux sur le bonheur d’autrui.
Larchey, 1865 : Désappointer.
Ce qui nous défrise, c’est que je suis retenu.
(P. Lacroix)
Delvau, 1866 : v. a. Désappointer, contrarier quelqu’un, — dans l’argot du peuple.
France, 1907 : Désappointer.
Doublure
d’Hautel, 1808 : On dit, en terme de théâtre, d’un acteur, qui prend momentanément le rôle d’un autre, que c’est sa doublure.
Fin contre fin n’est pas bon à faire doublure. C’est-à-dire que les gens rusés se trompent difficilement entr’eux.
Delvau, 1866 : s. f. Acteur secondaire, chargé de remplacer, de doubler son chef d’emploi malade ou absent. Argot des coulisses.
France, 1907 : Acteur chargé d’en remplacer un autre en cas d’absence ou de maladie. Les principaux rôles ont presque tous leur doublure.
La femme de chambre est généralement plus indulgente : elle imite et ne parodie pas, c’est une doublure, si vous voulez, qui copie servilement, mais avec conscience, les jeunes premières et les grandes coquettes. Elle grasseye, il est vrai, comme le chef d’emploi, marche de même, affectionne les mêmes gestes, les mêmes expressions, les mêmes airs de tête. Comme madame, elle à ses jours d’abattement…
(Auguste de Lacroix, La Femme de chambre)
Fouiner
d’Hautel, 1808 : S’échapper, se glisser, s’esquiver.
Ce verbe, fort usité parmi le peuple, doit sans doute son origine à la fouine, espèce de grosse belette. Il exprime, comme on voit, l’action d’une personne qui se retire à dessein, qui s’esquive à bas bruit d’un lieu où elle étoit retenue ; ainsi que le pratique la fouine pour surprendre les oiseaux dans la chasse qu’elle leur fait.
Larchey, 1865 : S’échapper. — Mot de la langue romane. V. Roquefort.
S’il est pressé, qué qui l’empêche de fouiner ?
(Vadé, 1755)
Allons, il faut fouiner, la queue entre les jambes.
(P. Lacroix, 1832)
Delvau, 1866 : v. n. S’occuper de ce qui ne vous regarde pas, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi S’enfuir.
Rigaud, 1881 : Avoir peur ; décamper. — Espionner.
France, 1907 : S’esquiver, s’en aller, fuir, se dérober comme la fouine.
— Dépêche-toi, — Que je me dépêche !
S’il est si pressé, qu’est-ce qui l’empêche
De fouiner ?…
(Vadé)
France, 1907 : S’occuper de ce qui ne vous regarde pas ; fourrer son nez où l’on n’a que faire.
À force de fouiner, il apprit que je me permettais de recevoir des journaux et en déduisit que ce ne pouvait être que moi l’auteur de tout ce pétard.
(La Sociale)
Foutaises
d’Hautel, 1808 : Des foutaises. Pour dire des choses de peu d’importance ; des bagatelles ; des bibus des riens.
On dit moins incivilement des fichaises.
Des foutaises en manière d’ange. Pour dire des gaudrioles ; des ornemens frivoles ; de petits enjolivemens.
Larchey, 1865 : « Bagatelles de peu d’importance. On dit moins incivilement fichaise. » — 1808, d’Hautel. pour le verbe d’où dérive ce substantif, voir également ficher, dont il est en tout le synonyme. — quelques exemples suffiront à prouver que son usage est général. Il signifie tour à tour perdre « Et bien, dit-elle, soit !… ce qui est fait est fait, il n’y a point de remède, qui est outu est outu. (Quelques docteurs disent qu’elle adjoucta une F). » — Contes d’Eutrapel (seizième siècle). — « Certes on peut dire que tout est foutu pour eux (les mazarins), puisque dans le festin des princes, le libérateur et les délivrez ont beu, disant : À la santé du Roy et foutre du Mazarin ! » — Les Trois Masques de bouc, ou la Savonette, 1651. se moquer Une des brochures les plus violentes de la révolution de 1789 porte pour titre : Et je m’en fouts. — « Ils ne s’en foutront plus les coquins. » — Hébert, 1793. — « Je me fouts de la guillotine. » — P. Lacroix, 1832. frapper « Nos Parisiens portent moustaches ; Ils te foutront sur la … »
Rigaud, 1881 : Niaiseries, propos en l’air, objets sans valeur.
Guenon (attraper la)
France, 1907 : « Dans mon Lauraguais, avoir grainé, être parti, en tenir une, prendre la cigale, acrocher la peau, tout cela veut dire attraper la guenon, — il faut lire : ivrogner — parce que, je le pense ainsi, un homme ivre fait des grimaces comme une affreuse singesse. Les jours de grande fête, de noce et chaque dimanche et chaque lundi, que de guenons se sont prises, au pays des moulins à vent, des cassolets, et du petit vin facile à boire ! »
(B. de Porto-Nobo, L’Alouette)
Homme du dessous, du dessus
France, 1907 : Terme de gymnasiarque.
Presque toutes ces amours socratiques de gymnasiarques sont donc sentimentales et chastes. — Vous y trouvez d’abord cet élément de tous les amours : la protection du plus faible par le plus fort. Il y a en effet, dans tout couple d’acrobates, un mâle et une femelle, le héros fort, le porteur, en argot l’homme du dessous, celui qui soutient le poids de tout l’exercice, celui auquel l’homme du dessus confie sa vie. Celui-là est le plus jeune, le plus souple, le plus gracieux.
(Hugues Le Roux)
Lacromuche
Rigaud, 1881 : Souteneur de filles. C’est le mot macro « maquereau » par substitution de L à M et dotation de la désinence argotique muche. Dans l’argot des bals de la barrière du Trône, la plupart très poissonneux, lacromuche sert à désigner un « garçon », un « jeune homme » quelconque.
France, 1907 : Souteneur ; anagramme de macrau avec la finale uche.
Macrotage
Rigaud, 1881 : Métier du souteneur.
Macrotage, maquereautage
France, 1907 : Situation d’un individu qui vit aux frais d’une femme. Singulière anomalie, le voyou de barrière qui vit aux frais de sa marmite est considéré comme le dernier des hommes, et l’homme de salon qui vit aux frais de sa femme est salué avec tontes les marques de la plus haute considération.
Macroter
Rigaud, 1881 : Faire le métier de souteneur. Macroter une affaire, être l’intermédiaire dans une affaire louche, malpropre, comme un prêt usuraire, une combinaison financière à l’adresse des gogos.
France, 1907 : Vivre aux dépens d’une femme.
Macrotin
Delvau, 1864 : Apprenti maquereau ; voyou qui se fait la main avec les petites gourgandines dont il vide les poches sans le moindre scrupule, en attendant qu’il puisse exercer sur une plus grande échelle, avec de plus grandes allés.
Oui, c’est un métier commode
Et qui devient à la mode :
Mao, macrotin…
Vive le macrotin !
(L. de Neuville)
Rigaud, 1881 : Apprenti souteneur ; souteneur surnuméraire.
Virmaître, 1894 : Petit maquereau d’occasion qui glane par-ci par-là quelques sous, en attendant qu’il soit assez fort pour avoir une marmite à lui seul. Le petit macrotin commence généralement à être raton et pégriot (Argot des souteneurs). N.
Hayard, 1907 : Jeune souteneur.
France, 1907 : Jeune maquereau, ou simplement maquereau.
L’homme. — Chameau !… Vieille dégoutation !… Et le plus chouette, c’est que c’est elle qui est saoule, justement !
La femme. — Moi ?… Eh ben ! t’en as une santé !
L’homme. — Tu parles s’y faut qu’jen aye une, pour rester de là, collé depuis près de trente berges avec une vieille peau pareille !…
La femme. humiliée, — Vieux macrotin !
L’homme — Comment qu’t’as dit ?
La femme. — Vieux macrotin !
L’homme. — Répète un peu !… Je te refile un marron par le blair, tu verras si c’est d’l’eau d’savon.
La femme. — Vieux macrotin !…
(Georges Courteline)
Mancheur
Rigaud, 1881 : « L’espèce de truqueur dit mancheur s’introduit, sous divers prétextes, chez les gens riches ou qu’il sait généreux, et tâche de les intéresser à ses malheurs réels ou imaginaires. » (Paris-Vivant, Le Truqueur, 1858)
Rigaud, 1881 : « On appelle mancheurs ceux (les saltimbanques) qui n’ont ni baraque, ni tente en toile, mais simplement la permission, de par le préfet ou le maire, de se tordre les membres, de se casser les reins comme ils l’entendent, dans les carrefours, sur les places, au coin des rues ! Pour bureau de recette, ils ont une soucoupe cassée, un vieux plat d’étain. » (J. Vallès)
France, 1907 : Acrobate de rue, ainsi nommé parce qu’il fait la quête ou manche.
Maquereautage
Delvau, 1866 : s. m. Exploitation de la femme qui exploite elle-même les hommes ; maquignonnage. On prononce Macrotage.
Maquereauter
Delvau, 1866 : v. a. et n. Vivre aux dépens des femmes oui ne vivant elles-mêmes qu’aux dépens des hommes. On prononce Macroter. Maquereauter une affaire. Intriguer pour la faire réussir.
France, 1907 : Fréquenter les prostituées, vivre à leurs dépens.
Ce qu’il y a d’enquiquinant, c’est que les grosses légumes, pour couper la chique à notre esprit de révolte, ont entrepris de nous avachir en nous infusant leurs vices. Ils ont manœuvré pour nous donner l’envie de louper, de feignasser, de vivre à rien foutre, en maquereautant ou putassant — afin de nous rendre incapables d’agir.
(Le Père Peinard)
Maquereautin
Delvau, 1866 : s. m. Apprenti débauché, jeune maquereau. On prononce Macrotin.
Rossignol, 1901 : Souteneur qui n’est pas dans l’opulence.
France, 1907 : Jeune souteneur, petit maquereau. On dit aussi macrotin.
C’est un maquereautin rigouillard en rupture de barrières, qui a pris du ventre à fréquenter des légumeux et pas autre chose, mal embouché avec ça : « p;Des façons avec mézigue, qu’il fait à Carnot, en lui tapant sur son ventre factice, ouh là là ! Et ta sœur, est-ce qu’elle fait la planche ?… Pas de magnes, eh ! n’ailles pas te gober, parce que t’es le mec des mecs… »
(Le Père Peinard)
Mouche
d’Hautel, 1808 : Faire d’une mouche un éléphant. Faire du bruit pour rien, faire passer quelque chose de néant pour une merveille.
Faire querelle sur un pied de mouche. Intenter un procès pour une bagatelle, pour la moindre des choses.
Il est bien tendre aux mouches. Signifie, il est sensible aux moindres incommodités, il se choque de peu de chose.
Dru comme mouche. Pour dire, tout un coup, tout à-la-fois.
Il ne faut qu’une mouche pour l’amuser. Se dit d’une personne oiseuse, d’un domestique musard.
Prendre la mouche. Se piquer, se choquer, être d’une grande susceptibilité.
Fine mouche. On appelle ainsi une personne artificieuse, fine, et rusée.
Quelle mouche vous pique ? Pour, qui a pu vous offenser, vous irriter, vous mettre en colère ?
Sentir des mouches, Se dit d’une femme enceinte que les premières atteintes du mal d’enfant tourmentent.
Halbert, 1849 : Vilain.
Larchey, 1865 : « Mouche, pour ceux qui ne comprendraient pas le langage parisien, signifie mauvais. » — Troubat. — Un volume intitulé les Mystères des théâtres, par un vieux comparse, publié en 1844, donne mouche dans le même sens. V. Toc.
Delvau, 1866 : adj. des deux g. Mauvais, laid, désagréable, embêtant comme une mouche, — dans l’argot des faubouriens.
Delvau, 1866 : s. f. Agent de police, — en général et en particulier.
Delvau, 1866 : s. f. Mousseline, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Agent de police.
Fustier, 1889 : On désigne ainsi à Paris les bateaux à vapeur qui font sur la Seine un service de transport à l’usage des voyageurs.
Malgré… les chiens et les chevaux qu’on baigne… les bateaux qu’on décharge, les mouches qui passent en fouettant l’eau de leurs ailes et en la troublant de leur fumée, la Seine largement engraissée par les détritus de la grande ville abonde en poissons.
(Bernadille)
On désigne aussi ces bateaux sous le nom d’hirondelles.
La Rue, 1894 : Mousseline. Mauvais. Laid.
Virmaître, 1894 : Laid, bête, ridicule.
— Elle est rien mouche, la môme à Poil-aux-pattes (Argot du peuple).
France, 1907 : Mauvais, vilain. Abréviation de mouchique.
France, 1907 : Petite rondelle de taffetas noir que les femmes se collaient autrefois sur le visage et même ailleurs pour rehausser la blancheur de leur teint. Voici, à titre de curiosité, le langage des mouches à l’usage des coquettes : « La femme passionnée ou qui veut paraître telle place sa mouche au coin de l’œil ; celle qui vise à la majesté la colle au milieu du front ; l’énjouée, sur le bord de la fossette formée par la joue quand on rit ; la galante, au milieu de la joue ; la sentimentale, au coin de la bouche ; la gaillarde, sur le nez ; la coquette, sur les lèvres : la discrète, au-dessous de la lèvre inférieure, vers le menton. »
France, 1907 : Petite touffe de poils sous la lèvre inférieure.
France, 1907 : Police, policier.
On a été chercher lien loin l’origine de mouche et mouchard, jusqu’à l’attribuer à un certain Mouchy qui remplissait le métier d’agent secret du cardinal de Lorraine, tandis qu’ils viennent tout simplement de l’insupportable insecte dont nous avons tous eu à souffrir. C’est, dit avec raison Charles Nisard, son impudence et son importunité qui ont fait appeler mouchards les curieux, les effrontés qui se fourrent partout, mettent le nez dans tout, et qui, sans s’arrêter à l’épiderme, vont droit aux nerfs de leur victime et la tuent moralement. D’où naturellement ces noms furent donnés à la police les mots mouche, moucher (espion, espionner) sont, observe Ch. Ferrand, très anciens dans notre langue. Le peuple en a fait mouchard, moucharder, par la simple raison que la terminaison ard implique chez nous un sens défavorable, comme on le voit par les mots bavard, vantard, cafard, soudard, pleurard, pendard, communard, etc.
— Oui, oui, il est de la mouche, gare aux coups de casserole.
(Félix Remo, La Tombeuse)
Il vit un espion qui le regardait faire ;
Il fuit ; l’autre le suit de carfour en carfour.
Ils arrivent enfin proche un certain détour ;
Alors, se retournant, l’impatient Cartouche
De la bonne façon rosse la pauvre mouche,
Et, rempli de colère, il l’étrille à souhait.
(Nicolas de Grandval, Le Vice puni, 1726)
France, 1907 : Sobriquet donné vers 1840 aux jeunes femmes que les maîtresses de table d’hôte hébergeaient gratis pour attirer les clients mâles.
Un trait caractéristique de la table d’hôte, c’est la présence d’une ou deux jolies femmes (selon l’importance de l’établissement) qui s’affranchissent régulièrement chaque jour des prosaïques tribulations du quart d’heure de Rabelais. Ces dames sont placées au centre de la table : elles ne doivent pas avoir plus de vingt-cinq ans, être à peu près jolies, mais surtout excessivement aimables. On ne tient pas précisément à la couleur des cheveux, cependant on préfère les brunes : c’est plus piquant et d’un effet plus sûr et plus général. À ces conditions, ces dames sont traitées avec toutes sortes d’égards, exposées à toutes sortes d’hommages, et dînent tous les jours pour l’amour de Dieu et du prochain. Ces parasites femelles, qu’on désigne généralement sous le nom de mouches (soit à cause de la légèreté de leur allure, soit plutôt par analogie avec le rôle qu’elles jouent dans cette circonstance), ne se trouvent néanmoins que dans les tables d’hôte du premier et du dernier degré.
(Auguste de Lacroix)
Pas de chahut
France, 1907 : Fantaisie où l’acrobatie joue le principal rôle, Voir Chahut.
Quelques femmes chantaient et riaient en esquissant un pas de chahut sur la chaussée sous l’œil impassible d’un gardien de la paix qui, le képi sur les yeux et les mains ballantes, demeurait droit comme un bec de gaz et ne daignait rien voir.
(Edmond Lepelletier)
Pierreuse
d’Hautel, 1808 : Prostituée, vile courtisane, raccrocheuse dans le plus bas degré. Ce sobriquet a été donné à ces femmes parce qu’elles font ordinairement leur honteux commerce dans les lieux où l’on bâtit, et où il y a un grand nombre de pierres.
Vidocq, 1837 : s. f. — Fille publique du dernier étage. Ces malheureuses exercent leur triste métier dans les bâtimens en construction. On les nomme aussi Filles de terrain (Voir l’ouvrage de Parent Duchatelet, de la Prostitution dans Paris). Elles sont toutes voleuses.
Larchey, 1865 : « Prostituée qui, même dans sa sphère de turpitudes, est tombée au plus bas degré de l’abjection… elle cherche toujours les ténèbres… Derrière des monceaux de démolition, des tas de pierres, des restes d’édifices en ruines, elle traque l’homme que le hasard amène. » — F. Béraud. — V. d’Hautel, 1808.
Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui, dit F. Béraud, même dans sa sphère de turpitudes, est tombée au plus bas degré de l’abjection. Son nom lui vient de ce qu’elle exerce dans les lieux déserts, derrière des monceaux de démolition, etc.
Rigaud, 1881 : Misérable prostituée qui rôdaille autour des maisons en construction, aux abords des terrains vagues, sans feu ni lieu, et n’a pour alcôve qu’un amas de graviers. — La pierreuse est souvent doublée d’un macrotin qui se tient à distance et surgit à l’improviste, lorsque le moment de dévaliser le client paraît propice.
La Rue, 1894 : Prostituée errante.
Virmaître, 1894 : Fille publique qui bat son quart dans les terrains vagues, où il se trouve plus de cailloux que d’herbe (Argot des souteneurs).
Hayard, 1907 : Fille publique.
France, 1907 : On donne ce nom à un genre particulier de femmes qui ont vieilli dans l’exercice de la prostitution du plus bas étage, qui sont trop paresseuses pour chercher du travail, et trop repoussantes pour être accueillies nulle part. Le jour, on ne les voit pas : elles sortent la nuit et vont roder dans les endroits retirés. Ces filles sont rarement affectées de syphilis ; mais cela tient à ce qu’elles ne s’exposent jamais à la contracter.
(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)
Les pierreuses n’ont d’autre domicile que les chantiers de maisons en démolition on en construction ; exercent la prostitution à la belle étoile, sous les ponts, sur les berges, aux remparts et dans les fossés des fortifications, quelquefois même dans les allées des maisons sans concierge.
(G. Macé, Un Joli Monde)
Combien de belles l’ont maudit !
Séduisant la brune et la blonde,
Pierreuses et femmes du monde,
Chez toutes il avait crédit…
(Paul Daubry)
Pince (tenir à la)
Rigaud, 1881 : Exercice acrobatique qui consiste à tenir le sommet du crâne de son partner entre les cinq doigts, — dans le jargon des saltimbanques.
Poisson
d’Hautel, 1808 : Il avaleroit la mer et les poissons. Se dit d’un homme affamé qui mange avec beaucoup d’appétit, d’avidité ; d’un goulu.
La sauce vaut mieux que le poisson. Pour dire que l’accessoire vaut mieux que le principal.
Il ne sait à quelle sauce manger le poisson. Se dit par raillerie d’une personne qui a reçu un affront, une injure, et qui hésite sur ce qu’il doit faire.
Un poisson d’avril. Attrape que l’on fait à quel qu’un le premier de ce mois.
anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 : Souteneur.
Clémens, 1840 : Qui vit aux dépens d’une femme.
Halbert, 1849 : Souteneur, Amant d’une fille publique.
Delvau, 1864 : Maquereau, souteneur de filles.
Camille Fontallard, des poissons le monarque.
(Dumoulin)
Le perruquier jeune et actif est lui-même un poisson. Depuis un siècle, on l’appelle merlan ; mais quelquefois, souvent même, il cumule, — et ces dames ont des merlans — maquereaux.
Larchey, 1865 : « Jeune, beau, fort, le poisson ou barbillon est à la fois le défenseur et le valet des filles d’amour qui font le trottoir, » — Canler. — V. Mac, Paillasson.
Larchey, 1865 : Verre. — Du vieux mot poçon : tasse, coupe. V. Roquefort. — V. Camphre.
J’n’ suis pas trop pompette, Viens, je régale d’un poisson.
(Les Amours de Jeannette, ch., 1813)
Delvau, 1866 : s. m. Entremetteur, souteneur, maquereau.
Delvau, 1866 : s. m. Grand verre d’eau-de-vie, la moitié d’un demi-setier, — dans l’argot du peuple. Vieux mot certainement dérivé de pochon, petit pot, dont on a fait peu à peu poichon, posson, puis poisson.
Rigaud, 1881 : Mesure de vin, cinquième du litre. Il y a le grand et le petit poisson.
Rigaud, 1881 : Souteneur. Il nage dans les eaux de la prostitution.
La Rue, 1894 : Grand verre d’eau-de-vie. Souteneur.
France, 1907 : Mesure d’un demi-setier ; du vieux français poçon, tasse, dit Lorédan Larchey, mais plutôt parce que le contenu glisse dans le gosier comme un poisson dans l’eau.
Tous les matins, quand je m’lève,
J’ai l’cœur sans sus d’sous ;
J’l’envoie chercher cont’ la Grève
Un poisson d’quat sous.
Il rest’ trois quarts d’heure en route,
Et puis en r’montant,
I’m’lich’ la moitié d’ma goutte !
Qué cochon d’enfant !
(Les Plaintes de la portière)
France, 1907 : Souteneur ; argot populaire. Cette expression est déjà vieille, car d’après le Dictionnaire de Trévoux, on appelait déjà ainsi dans la seconde moitié du XVIIIe siècle les individus se livrant à cette dégradante industrie ; mais on y ajoutait le mot avril. On lit, en effet, à l’article avril à la date de 1771 : « On appelle poisson d’avril un poisson qu’on nomme autrement maquereau, et, parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là poissons d’avril. »
Les synonymes sont fort nombreux, ce qui prouve quelle place ce monde interlope occupe dans la société moderne. Bornons-nous à citer : Alphonse, Baigne-dans-le-beurre, barbise, barbe, barbillon, barbeau, bibi, benoit, brochet, bouffeur de blanc, casquette à trois ponts, chevalier du bidet, chevalier de la guiche, chiqueur de blanc, costel, cravate verte, dauphin, dos, dos d’azur, écaillé, fish (anglicisme), foulard rouge, guiche, goujon, gentilhomme sous-marin, gonce à écailles, lacromuche, marlou, mac, macque, macquet, macrottin, maquereau, maquignon à bidoche, marloupatte, marloupin, marlousier, marquant, mec, mec de la guiche, meg en viande chaude, monsieur à nageoires, à rouflaquettes, patenté, porte-nageoires, roi de la mer, rouflaquette, roule-en-cul, soixante-six, un qui va aux épinards, valet de cœur, visqueux, etc.
Léon Gambetta, peu flatté,
Nous apparait, décapité,
Dans sa sonnette,
Observant d’un œil polisson
Un autre groupe où le poisson
Porte casquette.
(Chanson du Père Lunette)
Posticheur
Rossignol, 1901 : Un camelot qui s’arrête sur la voie publique et qui fait son boniment pour attirer le public autour de lui, afin de vendre sa camelote, fait la postiche. On prononce aussi postige.
France, 1907 : Débiteur de boniments sur la voie publique.
Les acrobates forains, les posticheurs surtout, n’ont pas d’admirateur plus passionné que moi. J’ai pour eux les mêmes yeux qu’étant enfant.
(Thomas Grimm, Petit Journal)
Tulipe orageuse
Larchey, 1865 : Cancan.
Tous quatre frétillant des tulipes de plus en plus orageuses.
(E. Sue)
Allusion aux jupes plus ou moins ballotées des cancaneuses.
Delvau, 1866 : s. f. Variété de cancan ou de chahut.
France, 1907 : Sorte de danse excentrique, variété de chahut.
Ses occupations consistaient surtout à étudier la belle nature en la personne de filles de brasserie aux formes opulentes, et à se livrer, à la célèbre Closerie des Lilas, à des exercices acrobatiques, en dansant la Tulipe orageuse.
(Hector France)
Voyeur
France, 1907 : On appelle ainsi dans les maisons de tolérance les personnes qui, moyennant rétribution, viennent assister, sans être vues, aux scènes intimes qui se passent dans ces établissements. Des ouvertures habilement ménagées dans les cloisons permettent Aux amateurs de ces genres de spectacle, et ils sont nombreux, de s’ébaudir sans que les acteurs en scène se doutent de leur présence.
Le noble marié s’empressa de reprendre la fête interrompue par la débine. Seulement, il ne voulait pas la faire seul. Il offrit à son épouse de l’accompagner. Celle-ci accepta, deux jours à après le mariage. Il la conduisit dans une arène d’amour, où, sous les yeux du couple voyeur les acrobates de l’endroit se livrèrent à cette surprenante et voluptueuse gymnastique. La chaste comtesse parut, dit-elle, un peu étonnée mais le maire lui avait dit, en la mariant, que la femme doit suivre son mari.
(Ed. Lepelletier, Écho de Paris)
Le voyage de noces, qui constituait naguère encore une des plus inévitables formalités du mariage, est aujourd’hui complètement tombé en désuétude ; c’est, je crois, depuis que les wagons de chemins de fer sont munis de petits carreaux triangulaires, évidemment créés pour donner satisfaction aux coupables instincts des vieillards répugnants que leurs tendances contemplatives font appeler des voyeurs.
(Gil Blas)
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