AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Y

Y

France, 1907 : Signe dont les merciers se servaient autrefois comme enseigne. On le voit encore en province sur les carreaux de nombre de boutiques de mercerie. Cette enseigne que l’on peut comparer à cette autre, au Cygne de la Croix, de certaines auberges de villages dévots, ou à l’Épi scié des marchands de denrées coloniales, est un jeu de mot qui remonte au XVIIe siècle où les grègues ou culottes à la grecque furent à la mode. Ces hauts-de-chausses se fixaient à la taille par un ruban appelé lie-grègues, et tous les merciers, qui naturellement vendaient les lie-grègues, prirent en manière de calembour l’Y comme enseigne.

Y a pas plan

France, 1907 : Il n’y a pas moyen ; expression populaire.

I’s ont tous des gueul’ à la flan ;
C’est des croisés qui sont pas d’race.
Vrai !… C’est pas eux qu’est des chiens d’chasse !
Mais pour leur mett’, y a pas de plan.

(Aristide Bruant.)

Y a rien de fait

France, 1907 : Expression populaire signifiant : Je n’ai rien promis, engagement nul.

— Non, mon petit vieux, si tu crois que, parce que tu m’as payé à souper et rincé le bec avec ton champagne, je vais t’autoriser à me peloter de la sorte, tu te fourres le doigt dans l’œil. Y a rien de fait !

(Les Propos du Commandeur.)

À l’heur’ de la révolution
Dans mes vein’ coul’rait du salpêtre !
Y a rien de fait… Mitraillez-vous,
J’m’en fous !

(Paul Paillette.)

Y aller

France, 1907 : Donner, payer.

M. Henri Becque reçoit un jour la visite d’une vieille dame d’allure très respectable qui vient recourir à sa charité pour faire rééditer les œuvres de son mari, un confrère quelconque décédé.
L’auteur se laisse toucher et y va de son obole.
La vieille dame alors remercie et demande, en se levant, de ce ton goguenard qui trahit l’aventurière faisant les maisons charitables :
— Est-ce que vous avez pas par hasard quèque vieux savant dans la maison ?

Y aller de son voyage

Virmaître, 1894 : Quand quelqu’un vous raconte une histoire à dormir debout et que l’on l’écoute attentivement, on y va de son voyage. Y aller de son voyage est pris, dans le peuple, dans un sens tout différend :
— … Ma femme y va encore de son voyage (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Croire une chose qui n’est pas vraie, c’est y aller de son voyage.

Y avoir passé

Delvau, 1866 : Se dit — dans l’argot du peuple — d’une jeune fille qui n’est plus digne de porter à son corsage le bouquet de fleurs d’oranger emblématique.

Y passer

France, 1907 : Subir l’homme ; être possédée charnellement.

Sa main m’étouffa. Je me débattis. De tout son poids étendu sur mon corps, il m’étouffait. Les veines grossirent et bleuirent à son front rouge. La barbe égratigna mes joues. Ses doigts de brute, étreignant ma bouche, m’enlevait le souffle et la voix. De l’autre poing, il déchirait, il lacérait… Tout mon effort bientôt ne visa plus qu’à me délivrer de l’étranglement ; et mes deux mains s’agriffèrent à celle qui me bâillonnait.
Répéterai-je, ici, les mots d’amour qu’il prononça ? Les voici : « Ah ! non !… tu m’as fait assez droguer… tu y passeras, je te dis ! »
S’étant acharné, il vainquit.

(Paul Adam, Le Journal.)

Y tombera du boudin grillé

Virmaître, 1894 : Vieille formule qui veut dire c’est impossible. Elle est due à Achille, un acteur du petit Lazzari. Un acteur du théâtre des Folies-Dramatiques se vantait d’avoir un talent énorme.
— Quand il dégottera Frederick Lemaître, dit Achille, y tombera du boudin grillé.
C’est-à-dire jamais (Argot du peuple). N.

Y-a-t-il du levage ?

Larchey, 1865 : Y-a-t-il moyen de faire un levage.

Yachting

France, 1907 : Régates, sports nautiques ; anglicisme.

Le yachting est l’expression suprême du sport, celle qui ouvre le plus vaste champ à la valeur physique et morale de l’être humain, à l’affirmation de son individualité propre, de son courage, de son énergie, de toutes les qualités qui font l’homme véritablement digne de ce nom.

(Philippe Daryl.)

Yachtsman, yachtswoman

France, 1907 : Homme, femme qui s’adonne au yachting ; anglicisme.

Yankee

Delvau, 1866 : adj. et s. Américain vu par ses mauvais côtés. Dans la bouche d’un Anglais c’est un terme de mépris.

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants des États-Unis d’Amérique. C’est une corruption du mot english (anglais) par les Peaux-Rouges qui prononçaient yanghees.

Un jeune romancier, qui a passé l’hiver à Nice et a vécu dans l’intimité de cette société exotique, m’a conté ses impressions au sortir d’un dîner chez de jeunes Américaines appartenant au meilleur monde. Comme il arrive fréquemment dans ces familles yankees où les liens de parenté sont presque nuls, ni le père ni la mère n’assistaient à ce dîner. Les jeunes misses se sentant tout à fait at home et s’imaginant sans doute qu’un Français — homme de lettres par-dessus le marché — doit être dégagé de tout préjugé et avoir toutes les indulgences, s’étaient ingéniées à prendre des allures viriles et causaient avec une audace de langage absolument déconcertante. « Jamais, me disait mon ami, dans un souper au cabaret avec des camarades, ou dans les ateliers où les peintres et modèles s’entretiennent librement, je n’ai entendu traiter la scabreuse question des relations entre homme et femme avec un débraillé plus complet, une crudité plus brutale. La plus âgée de ces jeunes filles avait vingt-cinq ans ; toutes parlaient de l’amour avec une franchise dont j’étais le seul à être embarrassé. »

(André Theuriet.)

Yankee Doodle

France, 1907 : Air national des États-Unis, littéralement Yankee niais. Rien de plus niais, en effet, que cette vieille chanson digne de prendre place dans les chants dont se servent les nourrices pour endormir leurs poupons. Les Yankees en ont fait cependant leur chant de guerre et marchent au combat aux accents de cet hymne que les soldats anglais, au temps de Charles Ier, chantaient pour humilier les révolutionnaires marchant sous les ordres de Cromwell. On célèbre dans cette chanson les aventures d’une sorte de Jocrisse, Yankee Doodle. Le poème débute ainsi ;

Yankee Doodle came to town,
Riding on a pony,
Stuck a feather in his cap
And said t’was macaroni.

Traduction : Yankee Doodle se rend en ville, monté sur un poney, il pique une plume à son chapeau, et dit que c’est du macaroni.
Au couplet suivant Yankee Doodle tue un porc et constate que cet animal tenait à la vie. D’autres couplets suivent tout aussi bizarres au point de vue littéraire et national.
Ajoutons qu’en parlant de macaroni, Yankee Doodle ne veut pas dire qu’il a orné son chapeau d’un bout de ces tubes de pâte si appréciés des sujets du roi Humbert. Le mot « macaroni » ainsi employé est une expression d’argot qui signifie élégant, chic, dernier cri.

Yasut

France, 1907 : Couché.

Yaubet

France, 1907 : Même sens que jaubet.

Yearling

France, 1907 : Poulain d’un an ; argot des gens de courses. Anglicisme.

Yeoman

France, 1907 : Cavalier, milicien anglais, littéralement, gentilhomme fermier, prenant rang au-dessus de la gentry.

Yeomanry

France, 1907 : Cavalerie de volontaires anglais, composée de fermiers et de petits propriétaires fonciers montés et équipés à leurs frais.
Chaque comté à sa yeomanry. Elle a cette particularité qu’elle peut, en cas d’émeute, être appelée pour prêter main-forte au pouvoir civil, tandis que la troupe ne peut l’être que sur un vote du parlement.

Yeps !

France, 1907 : Alerte ! Attention ! Exclamation par laquelle les élèves des arts et métiers préviennent de l’arrivée d’un professeur ou d’un surveillant ; synonyme et sans doute déformation de vesse.

Nous allions exécuter ce commandement quand soudain retentit un singulier mot, venant de je ne sais où : yeps !… yeps !… À ce mot le petit qui commandait et tous ses camarades se sauvèrent à toutes jambes…

(R. Roos.)

Yete-barre

France, 1907 : Sorte de jeu des Pyrénées où l’on s’exerce à lancer une barre de fer.

Yeux

d’Hautel, 1808 : Il a les yeux percés avec une vrille. Se dit d’un homme qui a les yeux extrêmement petits, et très-renfoncés. Voyez œil.
Yeux tournés à la friandise. Pour dire des yeux fripons, enclins à la luxure.
Deux yeux valent mieux qu’un. Signifie qu’une chose est mieux soignée, quand elle est examinée par plusieurs personnes.
Avoir les yeux pochés au beurre noir, en compote. Voyez Beurre.
Il a plus grands yeux que grand ventre. Voyez Panse.
Se manger le blanc des yeux. Se quereller, se dire des injures, s’emporter l’un contre l’autre, se chamailler continuellement.
Faire les yeux doux, faire les yeux en coulisse. Voyez Coulisse.
Il a la mort dans les yeux. Se dit d’une personne qui est excessivement malade, qui est tombée en langueur.
Cela lui crève les yeux. Se dit d’une chose visible qu’une personne ne peut trouver quelque recherche qu’elle fasse.
Jeter de la poudre aux yeux. Voyez Poudre.

Yeux au beurre noir

Delvau, 1866 : s. m. pl. Yeux pochés par suite d’une chute ou d’une rixe, — dans l’argot des faubouriens.

Yeux blancs (faire les)

Delvau, 1864 : Se pâmer sous l’influence de la jouissance vénérique.

La grisette, qui commence à faire ses yeux blancs…

H. Monnier.

Yeux comme des tasses (ouvrir des)

Rigaud, 1881 : Ouvrir de grands yeux étonnés.

Yeux culottés

Rigaud, 1881 : Yeux cernés. Chez une femme cela ne tire pas à conséquence ; chez une jeune fille ce décor répond à la situation que Sapho a traduite par le célèbre : « Et moi, je couche seule. »

Yeux d’Argus

France, 1907 : Yeux qui voient tout, auxquels rien n’échappe. Argus est un personnage de la mythologie grecque qui possédait cent yeux dont cinquante étaient toujours ouverts, tandis que le sommeil fermait les cinquante autres. Mercure parvint à lui couper la tête, et Junon répandit ses yeux sur la queue du paon, l’oiseau qui lui est consacré, et où l’on peut les admirer encore. Ce n’est pas plus bête que la légende de l’âne qui porte tracée sur le dos la croix du Christ. Mieulx voyant que Argus, dit un vieux dicton.

Yeux de carpe

France, 1907 : Yeux pâmés, yeux vides de pensée, comme on en voit sur les images de saints ou de saintes fondus dans l’amour divin.

J’avais vu à Paris des peintures italiennes fort agréables : mais je crois que le signor Bussofanti a fait la gageure de réunir toutes les horreurs inspirées aux peintres ultramontains par le fanatisme religieux le plus féroce. Ce ne sont que supplices raffinés et épouvantables ; saints mis sur le gril, crucifiés la tête en bas, écorchés vifs, hachés comme chair à pâté, brûlés à petit feu ou tirés à quatre chevaux ; ce ne sont que solitaires maigres comme des coucous et roulant devant des têtes de mort leurs gros yeux de carpes pâmées ; ce ne sont que nonnains en prières, moinillons en convulsions, Père Éternel à grande barbe blanche et Saint-Esprit prêts à se mettre à la casserole. Pouah !… il me tardait de sortir de cette galerie, tant tout cela me causait d’horreur…

(Simon Boubée, La Jeunesse de Tartufe.)

Yeux de carpe (faire des)

Delvau, 1864 : Montrer le blanc des yeux, se pâmer dans l’acte copulatif.

Yeux de cochon

Rigaud, 1881 : Petits yeux clignotants. — Yeux en boules de loto, gros yeux à fleur de tête ; ou, encore, yeux de bœuf, les yeux dont Homère a gratifié Junon.

Yeux de lapin blanc (avoir des)

Delvau, 1866 : Rouges, avec des cils blancs.

Yeux de lynx (avoir des)

France, 1907 : Avoir de bons yeux à cause de la vue extraordinaire attribuée au lynx, dont le nom vient de λύγξ, lumière. Le lynx, espèce de chat, possède, comme tous les animaux de la race féline, une vue très perçante et les naturalistes de l’antiquité, qui n’y regardaient pas de si près, avaient accrédité la fable que le lynx jouissait de la faculté de voir à travers les murailles.

Lynx envers nos pareils et taupe envers nous,

dit La Fontaine.
On a donné une autre explication de cette expression proverbiale :
Lorsque Jason partit à la conquête de la Toison d’or, il avait parmi ses compagnons un nommée Lyncée, fils d’Apharée, doué d’une vue telle qu’il apercevait les écueils dans la mer et prévenait le pilote ; et jusque dans les profondeurs de la terre découvrait les trésors enfouis. Il est probable que ce Lyncée était un habile marin qui, ayant navigué dans le Pont-Euxin, en connaissait les côtes et savait à certains indices reconnaître les terrains aurifères.
Suivant les anciens, l’urine du lynx avait la propriété de se changer en pierre précieuse : le lapis lyncurius.

Yeux en trou de vrille, petits 22

Rigaud, 1881 : Yeux bien bêtes, sans expression. On dit encore, dans le même sens : yeux en trou de pipe. Cette dernière expression présente une variante, grâce au changement d’une seule lettre, variante que je ne puis citer. Et il y a des gens qui gémissent sur la pauvreté de notre langue ! Ce sont eux qui sont pauvres… d’imagination.

Yeux sur le plat

Delvau, 1866 : s. m. pl. Se dit des yeux blancs que font certaines femmes grimacières, et qui ressemblent assez, en effet, à deux œufs dont on ne verrait que l’albumine.

Virmaître, 1894 : Quand un individu fait des yeux blancs, que la prunelle remonte dans l’orbite, on dit : il fait des yeux sur le plat. C’est un jeu de mots fort juste (Argot du peuple).

Yit

Rossignol, 1901 : Juif.

Ylang-ylang

France, 1907 : Parfum japonais ; néologisme.

Arômes de patchoulis
Affadis,
Vieux relents de fleurs fânées,
Brises grasses qui se sont
Tout le long
Des pavés gluants trainées,
Âme des ylangs-ylangs
Moisissants
Sur la peau de beautés blettes,
Souffles ardents de tuyaux,
De murs chauds,
Beurres de vieilles galettes,
Sueurs des lointains couloirs,
Des trottoirs,
Fadeurs de gargote rance,
Tous ces bouquets combinés,
À nos nez
Allongés Paris les lance.

(Pontaillac, Le Journal.)

Youdi

France, 1907 : Juif. Corruption de l’hébreu Jehudhith. On dit aussi yeule, youpin, youtre.

Il était connu dans le monde des bureaux de rédaction comme… roublard finot, intrigant, un peu ficelle, mais joyeux compagnon et aimable youpin.

(Hector France, L’Outrage.)

Youm

France, 1907 : Anglais, et, par extension, cours d’anglais ; argot du Borda.

Youmande

France, 1907 : Angleterre ; argot du Borda.

Youpin

Virmaître, 1894 : Juif. Cette expression depuis peu remplace dans le peuple celle de youtre. C’est le superlatif du mépris :
— Tu n’es qu’un sale youpin (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Jeune israélite.

Hayard, 1907 : Juif.

Youtre

Delvau, 1866 : s. m. Israélite, — dans l’argot des faubouriens, qui prononcent presque bien, sans s’en douter, le mot allemand Jude. Jardin des youtres. Cimetière juif, — par antiphrase sans doute, car il y a plus de pierres que de verdure.

Rigaud, 1881 : Juif.

Virmaître, 1894 : Juif. Dans le peuple on ne dit pas youtre, mais youte. Vient du mot allemand jude (Argot du peuple). V. Baptisé au sécateur. N.

Rossignol, 1901 : Juif.

Hayard, 1907 : Même sens que youpin.

France, 1907 : Juif ; argot populaire.

Dupes et dupeurs, volés et voleurs, goinfres et avalés, exploités et exploiteurs, heureux et malheureux, jouisseurs et affamés : voilà le monde. L’humanité est mauvaise. Pourquoi, alors, serais-je meilleur que les autres ? Demain, si un confrère — quelque petit juif — apprend que je puis gagner mille francs en écrivant une étude dans une revue sur un sujet que je possède bien, ce petit youtre essaiera de m’empêcher de gagner cette somme et il réussira, car il ne demandera que deux cent francs, ou rien du tout encore, au directeur de la revue ; maintenant, peu importe qu’il traite mal le sujet.

(Félicien Champsaur, Le Mandarin.)

Youtre, youdi

La Rue, 1894 : Juif.

Youtrerie

Rigaud, 1881 : Réunion de juifs. — Avarice ; usure.

Rossignol, 1901 : Synagogue.

France, 1907 : Ladrerie ; acte de juif.

Youtrerie (la)

Virmaître, 1894 : La Synagogue quand tous les juifs y sont réunis. Youtrerie est synonyme de ladrerie, d’avarice, d’âpreté. Ce mot peint bien les estimables rogneurs de pièces de six liards (Argot du peuple).

Youyou

France, 1907 : Petite embarcation très légère ; terme de marine venu du chinois.

Un you-you en bois d’acajou glissait lentement sur le fleuve. Et dans la frêle barque coquette, j’apercevais deux corps de femme, merveilleux, splendides. Les dames étaient nues, royalement nues… nues comme des nymphes et aussi belles.

(Bouquenais, Fin-de-Siècle.)

Ys

France, 1907 : Huis, porte. Vieux français.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique