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R

Ra-fla

Larchey, 1865 : Notes rudimentaires de la batterie du tambour.

Le tambour-major bat la mesure des ra et des fla.

M. Saint-Hilaire.

Rabachage

d’Hautel, 1808 : Répétition continuelle de que l’on a dit ; sermon, réprimande que l’on fait à quelqu’un qui tombe souvent dans la même faute.

Rabâchage

Delvau, 1866 : s. m. Bavardage, — dans l’argot du peuple. Redites inutiles, vieux clichés, — dans l’argot des gens de lettres.

Rabacher

d’Hautel, 1808 : Revenir souvent sur le même sujet ; gronder, grommeler, marmoner, faire perpétuellement les mêmes réprimandes à quelqu’un.

Rabâcher

Delvau, 1866 : v. n. Ne pas savoir ce qu’on dit ; se répéter, comme font d’ordinaire les vieillards.

Rabacheur

d’Hautel, 1808 : Un vieux rabacheur. Mauvais auteur, celui qui répète inutilement les mêmes choses ; on donne fort communément ce nom à un vieillard qui a l’humeur grondeuse, qui sermone ou réprimande les jeunes gens sur leurs fredaines.
On dit dans le même sens Rabacheuse, en parlant d’une femme.

Rabâcheur

Delvau, 1866 : s. m. Bavard, homme qui dit toujours la même chose, qui raconte toujours la même histoire ; mauvais écrivain.

Rabaisser

d’Hautel, 1808 : Rabaisser le caquet à quelqu’un. Humilier sa vanité, son orgueil ; le confondre, le réduire au silence.

Rabat

France, 1907 : Manteau ; vieux français. C’est aussi le nom qu’on donnait autrefois aux prêtres séculiers. À la suite de la bataille de Crevelt (1758) perdue par le comte de Clermont, abbé de Saint-Germain-des-Prés, l’épigramme suivante courut dans Paris :

Moitié plumet, moitié rabat,
Aussi propre à l’un comme à l’autre,
Clermont se bat comme un apôtre,
Il sert son Dieu comme il se bat.

Rabat-joie

d’Hautel, 1808 : Accident, évènement fâcheux qui vient troubler la joie, le divertissement, les plaisirs.
Un père rabat-joie. Un grondeur, un homme sévère, rébarbatif ; jaloux de la joie et du plaisir des autres.

Delvau, 1866 : s. m. Homme mélancolique ou grondeur, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Père Rabat-joie.

Rabateux de sorgue

France, 1907 : Voleur de nuit ; argot des voleurs.

Rabateux, doubleur de sorgue

Rigaud, 1881 : Voleur de nuit, à l’époque où les voleurs de nuit formaient une catégorie. Aujourd’hui, ils volent de nuit et de jour, quand ils peuvent.

Rabatteur

France, 1907 : Individu qui attire les dupes dans des tripots ou qui procure des filles aux hommes et vice versa.

Dupeurs et dupés, pigeons et rabatteurs, grecs, escrocs et souteneurs de filles s’y rencontraient toutes les nuits, et, si l’un d’eux manquait un soir à l’appel, c’est qu’il était à Mazas !

(Louis Davyl, 13, rue Magloire)

Rabatteur à la sorgue

France, 1907 : Voleur qui opère la nuit.

Rabatteur de pantes

France, 1907 : Agent du service de sûreté.

Rabatteurs

Virmaître, 1894 : Individus qui font le métier de rabattre les filles pour les hommes et les hommes pour les filles. On peut lire la monographie curieuse de cette catégorie d’individus dans Trottoirs et Lupanars (Argot des souteneurs). N.

Rabatteurs à la sorgue

Virmaître, 1894 : Voleurs qui opèrent la nuit. C’est un redoublement de syllabe ; ils ne rabattent pas, ils s’abattent sur les maisons à dévaliser. Les rabatteurs sont les complices qui nourrissent le poupard (Argot des voleurs).

Rabatteuse

Rigaud, 1881 : Entremetteuse. Elle va à la chasse pour le compte de la débauche et rabat le gibier humain.

Fustier, 1889 : Petite voiture qui va chercher des voyageurs dans les communes avoisinant Paris.

France, 1907 : Entremetteuse.

France, 1907 : Coche qui fait le service entre certaines localités de la banlieue.

Rabattre

d’Hautel, 1808 : Il faut en rabattre la moitié, et disputer sur le reste. Se dit d’un mémoire exagéré, ou d’un marché dont le prix est onéreux.
J’en rabats de moitié sur son compte. Pour, il a perdu une partie de l’estime que j’avois pour lui.

Clémens, 1840 : Retourner, descendre.

France, 1907 : Retourner ; argot des voleurs.

— C’est égal, t’as beau en coquer, tu rabattras au pré.

(Mémoires de Vidocq)

Rabattre à Loustot

Clémens, 1840 : Revenir.

Rabattre au pieu

Clémens, 1840 : Aller se coucher.

Rabêtir

d’Hautel, 1808 : Devenir de jour en jour plus stupide, plus sot, plus bête.

Rabiage

Halbert, 1849 : Rente.

Delvau, 1866 : s. m. Rente, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Rente.

Virmaître, 1894 : En avoir, c’est posséder des rentes (Argot des voleurs).

France, 1907 : Rente revenus, profits ; argot des voleurs.

Rabiages

Hayard, 1907 : Rentes.

Rabiau

Delvau, 1866 : s. m. Temps qui reste à faire, — dans l’argot des troupiers. On dit aussi Surcroît de punition.

Delvau, 1866 : s. m. Résidu ; reste de portion, — dans l’argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot à l’argot des marins. On dit aussi Rabiautage.

Delvau, 1866 : s. m. Malade qui, dans certains hôpitaux, rend certains services à ses camarades de salle, comme de faire leurs lits, de brosser leurs effets, etc. On lui donne quelquefois de l’argent et, le plus souvent, des restes de soupe.

Rigaud, 1881 : Convalescent qui se plaît à donner ses soins à des camarades d’hôpital, comme M. Jourdain donnait des étoiles à ses amis.

Merlin, 1888 : Voyez fourbi (1re acception). — Rabiau signifie également le temps que peut être encore retenu sous les drapeaux le militaire dont l’heure de la libération est venue.

Fustier, 1889 : Bénéfice.

Les pourboires cachés ;… les rabiaus sur le fourrage…

(Huysmans, Sœurs Vatard)

La Rue, 1894 : Convalescent qui rend des services à ses camarades d’hôpital. Résidu, reste de portion. Prolongation du service militaire. Supplément, excédent. Les petits bénéfices.

France, 1907 : Voir Rabiot.

Rabiau, rabiot

Rigaud, 1881 : Résidu, restes de vin ou de soupe, — dans le jargon des troupiers. — Prolongation de service militaire ; durée d’une condamnation dans une compagnie de discipline. — Faire du rabiau. Ce mot, qui, aujourd’hui, s’applique à tout ce qui comporte l’idée de « supplément, excédant », a servi primitivement à désigner la distribution du second quart de café faite aux soldats, distribution de faveur.

Rabiauter

Delvau, 1866 : v. n. Boire ce qui reste dans le bidon. Je ne sais pas d’où vient rabiau, mais rabiauter vient certainement de rebibere (boire de nouveau).

Rigaud, 1881 : Manger et boire les restes des autres, — dans le jargon des troupiers.

France, 1907 : Faire du rabiau.

France, 1907 : Manger et boire des restes.

Rabibochage

Delvau, 1866 : s. m. Boni, dédommagement, consolation, — dans l’argot des enfants, qui font entre eux ce que M. Bénazet fait pour les décavés de Bade : à celui qui a perdu toutes ses billes à la Moquette ils en rendent une douzaine pour qu’il puisse en aller gagner d’autres — à d’autres.

Rigaud, 1881 : Réconciliation, — dans le jargon des enfants.

France, 1907 : Raccommodement, réconciliation de peu de durée.

Rabibocher

Larchey, 1865 : Raccommoder. V. Collant.

N’en parlons plus ! Il faut que je me rabiboche avec vous.

E. Sue.

Delvau, 1866 : v. a. Réconcilier des gens fâchés, — dans l’argot des bourgeois. Se rabibocher. Se réconcilier.

Rigaud, 1881 : Réparer. — Se rabibôcher, se réconcilier entre enfants.

La Rue, 1894 : Réparer. Réconcilier.

Virmaître, 1894 : Quand un ménage est en désaccord et qu’un raccommodage a lieu, il est rabiboché. Le rabibochage n’est le plus souvent qu’un replâtrage. Quand les enfants jouent aux billes, ceux qui ont perdu disent au gagnant :
— Veux-tu nous rabibocher ?
C’est-à-dire nous rendre quelques billes (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Faire la paix avec un ami lorsqu’on est fâché, c’est se rabibocher.

Hayard, 1907 : Se remettre en camaraderie après avoir été fâché.

France, 1907 : Rajuster à la hâte, raccommoder vite et sans beaucoup de soin. Provincialisme.

Rabibocher (se)

France, 1907 : Se réconcilier.

Les moindres bisbilles maintenant finissaient par des attrapages où l’on se jetait la débine de la maison à la tête, et c’était le diable pour se rabibocher avant d’aller pioncer chacun dans son dodo.

(É. Zola, L’Assommoir)

Rabiot

Larchey, 1865 : Temps pendant lequel le soldat peut être forcé de rester à son corps après sa libération. Il y eut plus d’un rabiot en Crimée. — Restant de soupe laissée au fond de la gamelle (De Vauvineux).

Virmaître, 1894 : Faire plus de temps qu’il n’a été convenu. Au régiment, un homme puni fait autant de jours de présence en plus qu’il a eu de jours de punition. Avoir du rabiot : avoir du bon, toucher un reliquat sur lequel on ne comptait pas (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Faire plus de temps de travail que l’on ne doit. Le militaire qui a été condamné par un conseil de guerre fait du rabiot, parce que le temps de sa condamnation ne compte pas sur le congé. Celui qui a droit à son congé, et qui est retenu sous les drapeaux pendant une guerre, fait du rabiot, — telle la classe 1847 qui, pendant la guerre de Crimée, a fait près de neuf années au lieu de sept ; de même la classe 1863 qui a été libérée en 1871. Rabiot veut aussi dire : surplus. Lorsque, dans un partage, chacun a eu son compte, ce qui reste est du rabiot qui est encore à partager.

Hayard, 1907 : Temps en plus, en prison ou au régiment.

France, 1907 : « Il y en a de deux sortes, dit le Petit Pioupiou : Le rabiot que fait le fourrier Coudepousse sur la distribution du vin, et celui que les amis du cuisinier font sur le tata, ne sont nullement du même genre que le rabiot que fait un réserviste qui reste au corps après la libération de ses camarades. » Le rabiot est donc un reste, un excédent et, dans certains cas, un profit illicite. Faire du rabiot, c’est donc prélever indûment une part sur les vivres ou la boisson des hommes de troupe, ou rester au corps plus que le temps réglementaire. On écrit aussi rabio.

— C’que c’est que c’paquet-là ?
— Mon colonel, c’est… du sel.
— Du sel… tant que ça de sel ! C’que vous foutez d’tant d’sel ?
— Mon colonel, c’est que… c’est un peu de rabio.
— Rabio ! C’ment ça, rabio ? Pour lors vous avez volé tout c’sel-là aux hommes ! S’cronhnieugnieu !… Allons, foutez-moi tout ça dans la soupe !

(Ch. Leroy, Guibollard et Ramollot)

France, 1907 : Économe ; argot du Borda. Un économe est toujours censé faire du rabiot. On est monorabiot ou birabiot suivant qu’on a un ou deux galons. C’est aussi le nom donné à l’élève chargé d’aller vérifier les vivres qui entrent à bord.

France, 1907 : Convalescent employé par les infirmiers à quelques menus services dans les salles d’hôpital.

Rabioter

France, 1907 : Faire des profits illicites.

C’est surtout en amour, faut l’dire,
Qu’il rabotte et fait du fourbi…
Il vous a — la belle en délire –
Un coup de pouce réussi.

(Griolet)

Rabioter (se faire)

France, 1907 : Se laisser prendre en faute ; argot du Borda.

Râble

d’Hautel, 1808 : Il a le râble épais. Se dit par railleries en parlant d’un homme vigoureux et robuste ; d’un butor, d’un grossier personnage.

France, 1907 : Dos. Se mettre sur le râble, se mettre sur le dos, endosser, prendre la responsabilité d’une chose. Se mettre quelqu’un sur de râble, se faire un ennemi.

Ça ne faisait pas la balle de Bonaparte. Le grand bandit, voulant serrer fortement la vis au populo, rétablit tout ce qu’il put de l’ancien régime. Turellement, les ratichons furent remis en place et, comme leur garce de religion ne pouvait pas faire bon ménage avec les décades, le calendrier esclave nous fut à nouveau collé sur le râble.

(Almanach du Père Peinard, 1894)

Râblé

Delvau, 1866 : adj. Homme solide des épaules et des reins, — dans l’argot du peuple.

Rable (se mettre sur le)

La Rue, 1894 : Prendre toute la responsabilité.

Rablure

France, 1907 : Flatterie ; argot du Borda. Quand on flatte, on courbe le râble, le dos.

Rablurer

France, 1907 : Flatter ; argot du Borda.

Rablureur

France, 1907 : Flatteur ; argot du Borda.

Rabobiner

France, 1907 : Raccommoder, c’est-à-dire reprendre la bobine de fil.

Raboin

Larchey, 1865 : Diable (Vidocq). V. Abadis.

France, 1907 : Le diable. Voir Rabouin.

En v’là un de bigoteur qui a le taffetas d’aller englier où le raboin le retournera pour le faire riffauder.

(Mémoires de Vidocq)

Rabonnir

d’Hautel, 1808 : Que le bon dieu te rabonnisse. Se dit par plaisanterie à un enfant espiègle et malin.
Rabonnir. Ne se dit que des choses ; et jamais des personnes.

Rabot

d’Hautel, 1808 : Instrument qui sert à applanir le bois ; c’est aussi un sobriquet que l’on donne à un garçon menuisier.

Raboté

Virmaître, 1894 : Synonyme de nettoyé, plus rien. On dit aussi d’une femme mince :
— Elle a été rabotée (Argot du peuple).

Rabotée

France, 1907 : Femme mince et maigre, qui semble avoir été passée au rabot ; argot faubourien.

Raboter

d’Hautel, 1808 : Cet ouvrage est joliment raboté. Se dit par ironie d’un ouvrage fait à la hâte, grossièrement et sans aucun soin.

Boutmy, 1883 : v. a. Chiper, en général.

Rossignol, 1901 : Voler.

France, 1907 : Coïter. Allusion au va-et-vient du rabot.

— Oh ! que nenni, je ne suis pas si bête ; vous me croirez si vous voulez, c’est la première fois…
— Voyons, voyons, il y a bien dans vos parages quelque joli compagnon qui cherche à vous faire tourner la tête de son côté.
— Oui, il y a un menuisier, mais je vous jure qu’il ne m’a pas encore rabotée. D’ailleurs, cela se voit bien.

(Arsène Houssaye)

France, 1907 : Dépouiller, voler ; argot populaire ; chiper dans celui des typographes.

France, 1907 : Faire.

Nous venions de raboter une série de contre de quarts qui m’avait démantibulé l’épaule, et j’étais allé m’asseoir sur le divan pour fumer une cigarette.

(Hugues Le Roux)

Raboter le sifflet (se)

Delvau, 1866 : Boire un verre d’eau-de-vie ou de vin.

Virmaître, 1894 : Boire un verre d’eau-de-vie qui gratte si fort le gosier qu’il semble en emporter des lambeaux. L’eau-de-vie, qui joue le rôle du fer du rabot, enlève des copeaux dans le sifflet du buveur (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Boire ; argot populaire.

Raboter, rabioter

La Rue, 1894 : Voler, filouter. Faire du rabiau.

Raboteux

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Voleur de nuit.

Raboteux ou doubleux de sorgne

anon., 1827 : Larron de nuit.

Raboteux ou doubleux de sorgue

Bras-de-Fer, 1829 : Larron de nuit.

Halbert, 1849 : Voleur de nuit.

Rabougri

d’Hautel, 1808 : Un petit rabougri. Dénomination méprisante que l’on donne à un homme de petite taille, laid et de mauvaise tournure.

Rabouillère

Delvau, 1866 : s. f. Maison de triste apparence, comme il y en a tant encore dans le faubourg Marceau, nids à rats et à punaises, trous à lapins plutôt que demeures humaines.

Rabouin

Delvau, 1866 : s. m. Le Diable, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Le diable.

La Rue, 1894 : Le diable.

Virmaître, 1894 : Le diable (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Le diable.

France, 1907 : Le diable ; argot des voleurs. D’après F. Michel, ce mot viendrait de l’espagnol rabo, queue, le diable étant représenté avec cet appendice. « Je ne serais pas étonné, dit-il, que le nom de rabbin ne fût l’origine de la croyance qui régnait parmi le peuple, au moyen âge, que les Israélites naissaient avec une queue. »

Il lansquine à éteindre le riffe du rabouin.

(V. Hugo)

Rabouin (le)

Hayard, 1907 : Le diable.

Rabouins

Rossignol, 1901 : Bohémiens.

Rabouiseur

France, 1907 : Savetier ; tailleur en vieux. On dit aussi rebouisseur.

C’est que les rabouiseurs sont de vrais artistes et qu’avec un simple grattage ils remettent à neuf une vieille semelle qui a trempé dans l’eau trois jours ; — que, pour les coutures blanchies, il y a des liquides régénérateurs, — et qu’aux endroits chauves d’un habit usé, le chardon ramène la laine des parties voisines.

(Charles Reboux, Les Ficelles de Paris)

Rabouler

Delvau, 1866 : v. n. Revenir, abouler de nouveau, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Retourner, rentrer, revenir.

France, 1907 : Revenir ; abouler de nouveau. Argot faubourien.

Rabouter

un détenu, 1846 : Revenir en prison ou autre part ; se livrer à quelque chose.

Rabouter, ravaler

La Rue, 1894 : Revenir.

Rabrouer

d’Hautel, 1808 : Brusquer, brutaliser, parler rudement à quelqu’un, le maltraiter en parole.

Delvau, 1866 : v. a. Gronder, brutaliser, parler rudement, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Rembarrer.

Raca

France, 1907 : Synonyme de merde. Mot syriaque exprimant une grossière injure et que l’on trouve dans l’Évangile. De raca l’on a fait racaille.

L’étudiant est devenu aristocrate, mais de cette vilaine aristocratie du parvenu, c’est-à-dire la morgue et l’insolence unies ensemble, la fusion de l’égoïsme et de la sottise, le mariage incestueux des petites idées et des petites vanités…
Cette classe de jeunes homes qui ont jeté par-dessus les moulins le peu qui restait encore de principes incontestés, de traditions religieusement conservées, ont arboré un drapeau honteux qu’ils suivent la tête haute, comme s’il y avait lieu d’en être fier. Ils ont commencé par se compter, par passer en revue leur armée ; puis ils ont dit : « Toi, combien as-tu ? — Tant. – Il t’est permis d’être des nôtres ! » — « Toi, que possèdes-tu ? — Tant. — Arrière !… Raca ! »

(Eugène Vermersch, Le Latium moderne)

Racaille

d’Hautel, 1808 : Terme injurieux qui signifie populace, crapule, lie du peuple ; en un mot, tout ce qui est vil, bas et méprisable.

Delvau, 1866 : s. f. Individu ou Collection d’individus crapuleux, — populi fex. C’est le tag-rag des Anglais.

Rigaud, 1881 : Canaille. C’est un dérivé du « raca » biblique. Tu ne diras pas à ton frère « raca », recommande la Bible.

Virmaître, 1894 : Moins que rien. Terme suprême de mépris plus fort que crapule ; résidu de tout ce qu’il y a de plus abject.
— Tu n’es qu’une sale racaille (Argot du peuple).

Racccroc

France, 1907 : Voir Rebond.

Raccord

Delvau, 1866 : s. m. Répétition partielle d’une pièce, — dans l’argot des coulisses.

France, 1907 : Changement fait à une pièce après une ou plusieurs représentations.

Raccord (faire le)

Rossignol, 1901 : Les peintres en bâtiments cassent la croûte à 3 heures : c’est faire un raccord. Toutes les fois qu’ils vont prendre un verre, c’est toujours, pour eux, un raccord.

Raccorder

France, 1907 : Aviser, prévenir, rappeler ; argot des voleurs.

Raccourci

Delvau, 1866 : s. m. Chemin de traverse, — dans l’argot des paysans des environs de Paris.

Rossignol, 1901 : Guillotine. Les exécutés sont des raccourcis.

France, 1907 : Chemin de traverse. C’est aussi le nom que l’on donne aux écoles de Saint-Cyr et Polytechnique, qui mènent à l’épaulette par le chemin le plus court. M. Paul Brousse demande la suppression du raccourci.

Raccourcir

d’Hautel, 1808 : Mot révolutionnaire, qui signifie trancher la tête à quelqu’un, lui faire subir le supplice de la guillotine.

Larchey, 1865 : Guillotiner — La perte de la tête raccourcit. Mot de création républicaine ainsi que les synonymes ci-joints :

La louve autrichienne va être à la fin raccourcie… — Jusqu’à ce qu’ils aient tous craché dans le son… — Pour faire mettre promptement la tête à la fenêtre à la louve autrichienne… — Ses bons avis à la Convention pour qu’elle fasse promptement jouer le général Moustache à la main-chaude… — Qu’il fasse promptement passer sous le rasoir national le traître Bailly.

1793 Hébert.

Le rasoir national est le fatal couperet. — cracher dans le sac montre la tête coupée sautant avec un jet de sang dans le sac de son. Mettre la tête à la fenêtre et jouer à la main-chaude font allusion à l’attitude du supplicié. — La fenêtre, c’est la lunette où passe la tête du supplicié qui à genoux, mains liées derrière le dos, attend le cou comme à la main-chaude.

Delvau, 1866 : v. a. Guillotiner, — dans l’argot des voleurs. On disait autrefois Raccourcir d’un pied, ce qui est une longueur de tête. On dit aussi Rogner.

Rigaud, 1881 : Guillotiner. Le mot date de la première République française, époque où l’on vit la guillotine s’élever à la hauteur d’une institution. — Dans un rapport adressé au Directoire par le conventionnel Dumont de la Sarthe, on lit :

J’ai fait lier, incarcérer le partisan de Louis le raccourci.

La Rue, 1894 : Guillotiner.

Virmaître, 1894 : Se dit d’un condamné à mort à qui on coupe la tête. Il est en effet raccourci d’autant. Le mot est vieux ; il date de Martinville. Il était devant le tribunal révolutionnaire. Fouquier-Tinville lui dit :
— Citoyen de Martinville, qu’as-lu à répondre,
— Je ne suis pas ici pour qu’on m’allonge, mais pour qu’on me raccourcisse (Argot des voleurs).

France, 1907 : Guillotiner ; argot populaire.

Entre pensionnaires de la Grande Roquette :
— Qu’est-ce qui ressemble le plus à la guillotine ?
— C’est une hache.
— Pas du tout. C’est les jours d’hiver, parce qu’ils raccourcissent.

On dit aussi : raccourcir d’un pied du côté de la tête, faucher, rogner, cracher dans le sac, mettre la tête à la fenêtre, passer sous le rasoir national.

Raccourcisseur

France, 1907 : Bourreau.

Raccroc

d’Hautel, 1808 : Un coup de raccroc. Coup de hasard par lequel on répare au jeu un coup manqué précédemment, et qui souvent rétablit l’équilibre de la partie.

Raccrochage

France, 1907 : Chasse à l’homme.

Raccrocher

d’Hautel, 1808 : Raccrocher quelqu’un. L’arrêter en passant, l’accoster librement ; il ne se dit, guères que des prostituées qui arrêtent les passans dans les rues.
Se raccrocher aux branches. Regagner en tout ou en partie les avantages que l’on avoit perdus.

Delvau, 1864 : Arrêter un homme sur le trottoir, la nuit, et l’inviter à monter pour baiser et jouir.

J’ai été un an à l’hôpital. Une autre que moi, en sortant de là, aurait raccroché.

Rétif de la Bretonne.

Delvau, 1866 : v. a. Se promener sur le trottoir en robe décolletée et en bas bien tirés, — dans l’argot du peuple.

La Rue, 1894 : Appeler les hommes dans la rue, dans l’argot des filles.

France, 1907 : Arrêter les hommes pour les convier à fêter Vénus.

La prostituée qui raccroche sur les bancs, la femme adultère où la concubine qui trompent soit le mari, soit l’amant, et la courtisane de haute marque qui descend de cheval à l’avenue des Poteaux, se fait trainer au Bois dans son équipage ou assiste à toutes les premières dans l’avant-scène de gauche, toutes ces créatures sont du même monde, du même acabit et finiront toutes par puer le même relent.

(Louis Davyl)

Raccrocher à la flan

Virmaître, 1894 : Fille qui n’a pas de poste fixe ; elle part de chez elle à l’aventure. Elle raccroche à la flan, au hasard (Argot des souteneurs).

Raccrocheur

France, 1907 : Pédéraste qui, à l’instar de la raccrocheuse cherche et attire les individus adonnés à la sodomie.

J’ai vu, je ne sais plus où, qu’au témoignage d’un ex-préfet de police, le nombre des sodomistes, à Paris seulement, n’était pas inférieur à cent mille. La prostitution masculine tend de jour en jour à rivaliser l’autre ; c’est un fait établi par des rapports secrets, officiels. Les raccrocheurs, à mesure qu’augmente leur nombre, deviennent, d’ailleurs, plus audacieux ; ils disputent presque ouvertement la place, dans certains quartiers, aux filles du trottoir et des jardins publics ; maquillés, au reste, comme des filles, du noir aux yeux comme elles et, comme elles, faisant valoir, par une façon rythmée de se balancer en marchant, des… croupes que plus d’une pourrait leur envier.

(Léopold Lacourt, Gil Blas)

Raccrocheuse

d’Hautel, 1808 : Nom outrageant que l’on donne aux femmes et aux filles de mauvaise vie.

Delvau, 1866 : s. f. Fille de mauvaises mœurs.

France, 1907 : Prostituée qui racole les hommes sur la voie publique.

Sur la terrasse du café Riche, les garçons rentraient hâtivement les tables et les chaises et fermaient les becs de gaz de la devanture. Trois petites filles regardaient de près cette besogne et, lorsqu’un garçon de café passait à leur côté, l’une ou l’autre lui lançait une plaisanterie sur un ton provocant.
— Voulez-vous bien vous sauver ! cria le gérant, en accourant sur elles, la serviette levée. Si ce n’est pas une honte que la police tolère ces choses-là : voici de petites raccrocheuses dont la plus âgée n’a pas quatorze ans !

(Henry Bauer)

Ci-dessous git un impudique fou,
À tel excès ententé de la gueuse,
Qu’il prit la Mort pour une raccrocheuse,
Lorsqu’elle vint pour lui tordre le cou.

(Cabinet Satyrique)

Raccrocheuse à la flan

France, 1907 : Fille qui raccroche à l’aventure, sans endroit fixe.

Race

d’Hautel, 1808 : Méchante race ; race de Caïn. Se dit par plaisanterie, en parlant à de petits enfans espiègles et malins, qui font les diables.
Les bons chiens chassent de race. Pour dire, que les enfans ont les mœurs et les inclinations, de leurs pères.

Racé (être)

France, 1907 : Avoir de la distinction.

— Est-elle joli ?
— Oh ! elle n’est pas laide. Mais ça n’est pas racé, tu comprends, et, au point de vue de la ligne, ça ne compte pas.

(Marni)

Anna. — Sans compter que c’est chic d’être la maîtresse d’un prince héritier.
Adrien. — En effet, c’est assez flatteur. Il est beau garçon ?
Anna. — Pas racé, des mains ignobles…

(Marni)

Race-horse

France, 1907 : Cheval de race ; anglicisme, terme de turf.
Les race-horses étant une gloire nationale et la pureté du sang étant la première qualité chez eux, les Anglais ont apporté une très grande attention dans le peuplement de leurs haras.

Rachet

France, 1907 : Poltron.

J’ai peur le soir des cris d’l’orfraie,
J’crains aussi le chant du cochet,
La mort m’effraie,
Je n’suis pourtant pas un rachet.

(Alfred Marquiset, Rasrures et Ramandous)

Rachevage

Rigaud, 1881 : Individu dépravé ; celui qui fait une besogne malpropre ; celui qui fait, dit ou écrit des obscénités.

La Rue, 1894 : Individu de mœurs innommables. On dit aussi chevalier de la rosette, encloué, enfigneur.

France, 1907 : Pédéraste. Homme sale et méprisable.

Rachevage (faire son)

Rigaud, 1881 : Ramasser les résidus de l’anderlique, c’est-à-dire ce qui n’a pas pu passer par la pompe à soufflet, lorsqu’on vide une fosse d’aisances, — dans le langage des vidangeurs. (Le Sublime.)

Racine

d’Hautel, 1808 : Il y prendra racine. Se dit par raillerie d’un homme ennuyeux et importun, qui fait des visites d’une longueur excessive.

Racine de buis

La Rue, 1894 : Dent jaune ou gâtée Individu au visage contrefait.

Virmaître, 1894 : Dents. Ainsi nommées lorsqu’elles sont sales et noires. Vesinier, membre de la Commune en 1871, fut surnommé par Henri Rochefort : racine de buis, par allusion à la racine de cet arbuste qui est noueuse avec des protubérances qui ressemblent à des verrues difformes. Racine de buis caractérise la tête des individus qui ressemblent à cette racine (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Bossu, personne contrefaite. Dent longue et jaune.

Racines de buis

Delvau, 1866 : s. f. pl. Dents jaunes, avariées, esgrignées, — comme celles que Bilboquet arracha jadis devant « Monsieur et madame le maire de Meaux ».

Rigaud, 1881 : Dents blondes et déchaussées, les cousines germaines des clous de girofle.

Racing-coat

France, 1907 : Costume pour les courses ; anglicisme.

Nos tailleurs se disent sur leurs enseignes les tailleurs du high life ; ils confectionnent d’affreuses redingotes (riding-coat) dont les Anglais nous fournirent le modèle et ont fait adopter les formes plus récentes du smoking-jacket et du racing-coat.

(Pontarmé, Le Petit Parisien)

Raclée

Larchey, 1865 : Rossée. C’est plus qu’une frottée.

Ça lui procura de leur part quelques belles raclées.

L. Desnoyer.

Delvau, 1866 : s. f. Coups donnés ou reçus, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Correction, volée de coups.

Or, le 5 novembre 1757, le Bon Dieu avait favorisé sa chère armée prussienne, précisément parce qu’elle était commandée par un affreux voltairien, appelé Frédéric II, qui ne croyait pas en lui. Nous avions, nous, pour chef, un bon croyant, plein de croisades sur son blason et prince de Soubise… Enfin, nous reçûmes la raclée, quoi ! parce que c’était notre tour de la recevoir.

(Émile Bergerat)

Racler

d’Hautel, 1808 : Racler le boyau. Jouer mal du violon, ou de tout autre instrument à corde.
On dit d’un vin âpre et dur, qu’Il racle le gosier.

Delvau, 1866 : v. a. Prendre ; perdre. On dit aussi Rafler.

Rigaud, 1881 : Respirer.

Nous plaçons la vieille sous des fagots. — Elle racle encore, fit ma maîtresse.

(Gazette des Tribunaux, du 27 septembre 1877.)

La Rue, 1894 : Prendre. Perdre. Respirer.

France, 1907 : Respirer bruyamment. « Tortille la vis au pante, il racle encore. »

France, 1907 : Prendre. Racler le pognon, prendre l’argent. Argot des voyous.

Racler du fromage

Rigaud, 1881 : Jouer du violon. Râcleur de fromage, racleur de boyaux, mauvais joueur de violon.

Racler le boyau

Delvau, 1866 : v. a. Jouer du violon, — dans l’argot des musiciens.

France, 1907 : Jouer du violon ou de la basse ; argot populaire.

Racler les côtelettes

France, 1907 : Ennuyer, importuner.

On aurait juré que mes parents et ceux de Fernand s’étaient donné le mot pour nous raser de leurs jérémiades bourgeoises. À les entendre, on ne pouvait s’embrasser un peu qu’après avoir poussé le verrou de sûreté. Heureusement que, Fernand et moi, nous ne sommes pas des types à nous laisser racler les côtelettes longtemps et impunément.
— Racler les côtelettes ?
— Oui, raser… quoi !

(Alphonse Allais)

Racler un phlegme

France, 1907 : Cracher une mucosité épaisse.

— Et ta femme ?
Magapour ne broncha pas ; il racla un phlegme, l’écrasa sous sa botte et, sans se troubler, répondit :
— Ma femme ? va bien, merci.

(Camille Lemonnier)

Raclette

Larchey, 1865 : Ronde de police. — Elle racle les gens sans aveu sur son passage. V. Balai.

Delvau, 1866 : s. f. Agent de la police secrète, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Agent de police. Ramoneur. Violon.

Virmaître, 1894 : Agent de police de la Sûreté ou sergent de ville. Allusion à la raclette du ramoneur qui enlève la suie des cheminées. Les agents raclent les malfaiteurs qui sont la suie de la société (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Balai de ramoneur.

France, 1907 : Violon.

France, 1907 : La police ; agent de police ; argot les voleurs. Allusion à la raclette du ramoneur. « Les agents, dit Virmaître, raclent les malfaiteurs qui sont la suie de la société. »

— Lorsque vous êtes entrés, un individu assis à côté de moi m’a donné un coup de coude en disant :
— Tiens, voilà la raclette.
— Non, a répondu un autre ; c’est des étrangers.
— Des étrangers ?… a repris le premier. Allons donc !… Un joli bouquet de vaches, oui !… et nous ferions bien de décamper au plus vite.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Râclette

Rigaud, 1881 : Ramoneur. — Agent de police.

Raclette (la)

Hayard, 1907 : La police.

Raclettes

Rossignol, 1901 : Agent de police.

Racleur

d’Hautel, 1808 : Terme de dénigrement ; qui se dit d’un mauvais joueur de violon.

Racleur de cordes

France, 1907 : Jouer du violon de la basse ; argot populaire.

Il y a dix mille à parier contre un qu’il ne sera qu’un misérable racleur de cordes comme moi. Savez-vous qu’il serait peut-être plus aisé de trouver un enfant propre à gouverner un royaume, à faire un grand roi, qu’un grand violon ?

(Diderot, Le Neveu de Rameau)

Racleuse de trottoir

France, 1907 : Prostituée.

La vieille était dévote, très sincèrement dévote — et ce double jeu s’observe chez les filles les plus perverses des horizontales, des racleuses de trottoir quittent la couche, le jour du Seigneur, assistent à l’office matinal, et se fourrent ensuite entre les draps, où le monsieur du louis on du lapin les reprend, sacrées.

(Dubut de Laforest, L’Homme de joie)

Raclure

France, 1907 : Vieille femme. On dit aussi trumeau et vieux meuble. Argot des voyous.

Raclure d’aubergine

France, 1907 : Le ruban académique. Allusion à la couleur.

Des hommes un peu plus âgés et portant à la boutonnière la raclure d’aubergine.

(Didier, Écho de Paris)

Racoler

Virmaître, 1894 : Fille qui racole les passants (Argot des souteneurs).

Hayard, 1907 : Raccrocher des hommes.

Racoleuse

France, 1907 : Prostituée.

Marchandes de sourires, ouvrières en chemises — ou sans — demoiselles dans les drap, pierreuses, rouleuses ou racoleuses, quel que soit le sobriquet qui les dénomme, elles sont évidemment trop nombreuses maintenant pour que leur commerce galant prospère. La concurrence fait rage.

(Alexandre Duchemin, La Nation)

Racontaine

Delvau, 1866 : s. f. Récit familier, cancan.

France, 1907 : Récit familier, cancan. Provincialisme.

Racontar

Rigaud, 1881 : Racontage. — Bavardage imprimé dans un journal.

France, 1907 : Mensonges, cancans, faux bruits. A. Delvau attribue à Aurélien Scholl la paternité de ce mot.

Les racontars les plus effrayants circulaient de nouveau, démentis dix minutes après pair le récit d’une prétendue victoire : l’armée prussienne était anéantie ; le prince Frédéric-Charles était fait prisonnier ; Bismarck avait proposé un armistice. Puis c’était le duché de Bade envahi par un corps d’armée et les Allemande pris à revers.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

Racontars

Delvau, 1866 : s. m. pl. Bruits de salons et de clubs, échos, — dans l’argot des journalistes. C’est Aurélien Scholl qui a employé le premier cette expression : je lui en laisse la responsabilité.

Racoquillé

France, 1907 : Resserré.

Radam

France, 1907 : Prière. Sans doute abréviation de ramadan, temps de prière et de jeûne chez les peuples musulmans.

Rade

un détenu, 1846 : Comptoir.

Delvau, 1866 : s. m. Apocope de Radis, — dans l’argot des voyous.

La Rue, 1894 : Tiroir. Comptoir. Boutique.

France, 1907 : Tiroir d’un comptoir. On y met l’argent, les radis. Faire le rade, voler l’argent dans un tiroir. Argot des voleurs. C’est aussi la boutique. Encasquer dans un rade, entrer dans une boutique pour y voler.

Rade ou radeau

Delvau, 1866 : s. m. Tiroir de comptoir où sont les radis, — dans l’argot des voleurs. Signifie aussi Boutique.

Virmaître, 1894 : Tiroir de comptoir où sont les radis. Signifie aussi boutique. A. D. Ce n’est ni rade ni radeau, c’est radin. Le vol au radin est célèbre ; ceux qui le pratiquent se nomment le radineur et le raton (Argot des voleurs). N.

Rade, radeau

Larchey, 1865 : Comptoir, Tiroir. — Allusion aux radis qu’on y met.

La rade est le comptoir du marchand de vin. Le radin c’est l’argent du comptoir, par abréviation le radi. On dit n’avoir pas un radi pour n’avoir pas un sou.

A. Monnier.

Rade, radeau, radin

Rigaud, 1881 : Tiroir. Comptoir de marchand, — dans le jargon des voleurs.

Radeau

France, 1907 : Tiroir ; augmentatif de rade.

Radeau de la Méduse

Delvau, 1866 : s. m. Misère extrême, — dans l’argot des bohèmes, qui souffrent parfois de la faim et de la soif autant que les naufragés célèbres peints par Géricault. Être sur le radeau de la Méduse. N’avoir pas d’argent.

Radeau de la Méduse (être sur le)

France, 1907 : Être dans une misère extrême, comme les naufragés du bâtiment rendu célèbre par le tableau le Géricault.

Radicaille

Rigaud, 1881 : Parti radical. Terme de mépris dont le superlatif est radicanaille. C’est plaisir à voir comme les hommes politiques d’opinions différentes se jettent à la tête les épithètes de vaticanaille, radicanaille, républicoquin, badingueusard, et autres aménités.

Virmaître, 1894 : Ceux qui professent des opinions radicales (Argot du peuple).

Radicaille, radicanaille, radigaleux

France, 1907 : Le parti radical.

Le cheval noir de Boulanger caracola à la revue de 14 juillet, Paulus débita quelques couplets sur « le brav’ général » et le bon populo — toujours gobeur — se laissa empaumer à nouveau.
Et toute la griserie des premiers quatorze juillet lui troubla la caboche encore un coup : « Ce que les politiciens, opportunards et radigaleux n’avaient pas fait — n’avaient même pas essayé — Boulanger le mènerait à bonne fin ! C’est lui qui ferait la grande lessive…

(Le Père Peinard)

Radicaillon

France, 1907 : Radical modéré.

Radicon

France, 1907 : Prêtre, pour ratichon. Argot des voleurs.

Radicon ou rasé

Halbert, 1849 : Prêtre.

Radicrer

Halbert, 1849 : Remoudre.

France, 1907 : Aiguiser, repasser ; argot des voleurs.

Radicreur

Halbert, 1849 : Rémouleur.

France, 1907 : Rémouleur.

Radie

Rigaud, 1881 : Radical, par apocope.

Qué que t’as donc fait, pour qu’on te foute 500 livres sur la daube ! t’as un peu emmiellé le radie.

(Le petit Badinguet.)

Radin

M.D., 1844 : Tiroir de comptoir où l’on met l’argent.

un détenu, 1846 : Argent du comptoir.

Delvau, 1866 : s. m. Gousset de montre ou de gilet, — dans l’argot des voleurs. Friser le radin. Le débarrasser de sa montre.

Rigaud, 1881 : Gousset. — Radin fleuri, gousset garni, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Gousset.

Rossignol, 1901 : Tiroir-caisse d’un comptoir, qui est aussi un rade.

France, 1907 : Gousset. Friser le radin, fouiller le gousset. C’est dans le radin qu’on met les radis.

Radin (faire un)

Halbert, 1849 : Voler un comptoir.

Radin (vol au)

France, 1907 : Vol dans un comptoir.

L’apprenti voleur est un enfant que l’on dresse, ou qui se dresse tout seul en s’exerçant à certains vols, tels que ceux de l’étalage, du poivrier, de la tire ou du radin. Ce dernier vol consiste à s’introduire, en plein jour, dans un établissement ouvert et à s’emparer d’une partie de la recette, à la faveur d’une distraction du commerçant. Il y a, dans ce genre, des enfants qui ont une habileté extraordinaire : ils arrivent au tiroir du comptoir et le vident sans être aperçus du personnel de la maison.

(G. Macé, Un Joli Monde)

Radin, radis

Larchey, 1865 : Argent monnayé. — Corruption de maravédis.

En vain je cherchai dans ma poche, Il ne m’restait plus un radis.

Hardy Chansons.

Faire un radin : Voler l’argent du comptoir. V. Fête, Demi-Aune.

Radiner

Rigaud, 1881 : Rentrer, revenir, retourner.

Le cousin Gustave qui radine de la Nouvelle-Calédo, me dit que là-bas, la veille du jour de l’an, on se marie.

(Le père Duchêne, 1879.)

Les badingredins annoncent toujours que leur gosse va radiner.

(Le Sans-Culotte, 1879.)

Radiner à la condition, rentrer à la maison. Radiner est sans doute une déformation du verbe rabziner qui, dans le patois picard, a la même signification.

Virmaître, 1894 : Revenir.
— Je radine à la piaule.
Radiner :
faire le radin, voler le tiroir-caisse d’un comptoir.
Ce tiroir est nommé radin parce qu’il renferme des radis (sous) (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Venir, revenir.

Hayard, 1907 : Revenir.

France, 1907 : Revenir, arriver. Radiner à la piole, rentrer chez soi.

V’là les fanand’s qui radinent.
Ohé ! tas d’poch’tés,
Les gonciers qui nous jardinent
I’s’ront vraiment j’tés,
Nous la r’levons rien qu’dans l’riche,
Malgré nos rideaux.
Gare au bataillon d’la guiche !
C’est nous qu’est les dos.

(J. Richepin, La Chanson des gueux)

Radingue

Rossignol, 1901 : Redingote.

Radiphone

France, 1907 : Instrument imaginé par l’Américain Bell, inventeur du téléphone, qui permettrait la transmission des sons par l’intermédiaire d’un faisceau de lumière. L’Electrical Review, de Londres, explique le fonctionnement de l’instrument en disant que les sons seraient dus aux variations de pression dans le tube placé au foyer du miroir récepteur et dans lequel l’air est, en effet, alternativement chauffé et refroidi par la vibration des rayons lumineux incidents. Le phénomène n’est pas encore bien élucidé. En tout cas, c’est une expériences de physique curieuse, qui finira peut-être par avoir des applications plus ou moins étendues.

Radis

Delvau, 1866 : s. m. Pièce de monnaie, argent quelconque, — dans l’argot des faubouriens. N’avoir pas un radis : Être tout à fait pauvre.

La Rue, 1894 : Monnaie. S’emploie dans le sens négatif : pas un radis.

Virmaître, 1894 : V. Fricadier.

Rossignol, 1901 : Sou.

France, 1907 : Sous.

À côté gnyavait eun’ cuvette…
Un tas d’ustensil’s dans les coins
Où qu’les gens chic font leur toilette
Quand i’s ont fini leurs besoins,
Comme j’m’en allais, la marchande
Me d’mand’ trois ronds. — C’est chaud, qu’j’y dis.
Mais quèqu’ vous vouliez que j’marchande ?
Et j’yai été d’mes trois radis.

(Aristide Bruant)

N’avoir pas un radis, être sans le sou.

Le radis rose, à la robe vermeille,
De moi se rit en propos très hardis :
Pour l’épouser, dit-il, faut de l’oseille ;
Mais, fait l’oseille, il n’a pas un radis.

(René Esse, Le Langage des légumes)

Radis (n’avoir plus un)

Rigaud, 1881 : N’avoir plus le sou.

Radis noir

Rigaud, 1881 : Prêtre, — dans le jargon des ouvriers.

Fustier, 1889 : Gardien de la paix.

Virmaître, 1894 : Prêtre. Allusion à la robe noire. Cette expression date du temps où l’on jouait à l’Ambigu la pièce des Mystères de Paris. Rodin, célèbre type de canaille, mangeait pour son dîner un plat de radis noir (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Curé. Tous ceux qui portent la soutane.

Hayard, 1907 : Prêtre.

France, 1907 : Pêtre.

Faut voir tous les plans que tire un sacré radis noir : il a emberlificotté du certain nombre de pauvres femmes et les réunit tous les dimanches, avec ordre d’amener leurs gosses, et la représentation commence.
D’abord, les enfants braillent des cantiques et un tas de couillonnades, ensuite un cabotin dit une messe avec une trifouillée de micmacs, puis, comme on attrape pas des mouches avec du vinaigre, on tire une tombola et les bidards gagnent des verres des bols, des assiettes.

(Le Père Peinard)

Radoterie

d’Hautel, 1808 : Répétition de ce que l’on a dit ; sermon, réprimandes continuelles que l’on fait a quelqu’un ; discours dénués de sens commun.

Radouber

France, 1907 : Raccommoder, réparer ; argot des marins.

Radouber (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Réparer sa fortune ou sa santé, — dans le langage des ouvriers qui ont servi dans l’infanterie de marine. On dit aussi : Passer au grand radoub.

France, 1907 : Manger. Mot venu de l’argot des marins.

Radouci

d’Hautel, 1808 : Des tirans radoucis. Pour dire, des bas de soie : terme d’argot.

Radoucis

France, 1907 : Bas de soie.

Radurer

Delvau, 1866 : v. a. Repasser sur la meule, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Repasser son couteau sur une meule.
— Je radure mon lingre afin que le pante soit fait d’un coup et qu’il n’ait pas le temps de cribler à la grive (Argot des voleurs).

France, 1907 : Repasser sur une meule ; argot des voleurs.

Radureur

Delvau, 1866 : s. m. Repasseur de couteaux.

France, 1907 : Rémouleur.

Raf-la

Delvau, 1866 : s. m. pl. Notes fréquemment exécutées sur le tambour.

Rafaille

un détenu, 1846 : Terre. S’enfoncer dans la rafaille : descendre en terre.

Rafalaud

France, 1907 : Banquier de tripot : il met ses clients dans la rafale.

Rafale

Delvau, 1866 : s. f. Misère, — dans l’argot du peuple, en proie aux bourrasques continuelles de la vie.

Delvau, 1866 : adj. et s. Misérable, pauvrement vêtu ou de triste mine. Ne faudrait-il pas dire plutôt affalé ? Je crois que oui. Les marins, voulant peindre le même état d’ennui, d’embarras, de misère, disent au figuré Être affalé sur la côte, — ce qui est, en somme, être à la côte.

Rigaud, 1881 : Misère. La rafale souffle dur.

La Rue, 1894 : Misère. Rafalé, misérable.

France, 1907 : Misère.

Tous les nierts qui sont venus pioncer icigo étaient dans la rafale ; c’est un vrai guignon.

(Mémoires de Vidocq)

Rafalé

Rigaud, 1881 : Pauvre, misérable, mal vêtu ; celui qui subit les coups de vent de la misère.

France, 1907 : Misérable, ruiné ; individu qui a subi les rafales de la vie. Argot populaire.

— C’est fini, je n’en veux plus de ces artistes… un tas de rafalés qui ne sont bons qu’à vous poser des lapins !

(Mémoires de Gigolette)

Rafalement

Rigaud, 1881 : Honte, humiliation ; pauvreté sans dignité.

France, 1907 : Abattement, affaissement, humiliation ; argot populaire.

Rafaler

Delvau, 1866 : v. a. Abaisser, humilier, — dans l’argot des voleurs, qui savent mieux que personne combien la misère ou des vêtements pauvres peuvent ravaler un homme.

Rigaud, 1881 : Humilier ; rendre misérable.

France, 1907 : Humilier. Se rafaler, tomber dans une misère dégradante.

Rafaler (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Devenir pauvre ; porter des vêtements usés, — dans l’argot du peuple.

Rafeau

France, 1907 : Garçon d’hôpital ; infirmier civil.

Raffale

Larchey, 1865 : Misère. — Mot expressif — Raffalé : Misérable, dépouillé par la raffale de la mauvaise fortune.

Tous les hommes sont des raffalés, des pingres.

Lynol.

Raffalé

Rossignol, 1901 : Être dans la misère.

Raffale (je suis dans la)

Virmaître, 1894 : Être au plus mal, près de mourir (Argot des voleurs).

Raffalés

Virmaître, 1894 : Être dans la misère, emporté par la raffale de la dèche (Argot des voleurs).

Raffiot

France, 1907 : Mauvais navire ; bâtiment léger.

Le steamer de transport est une de ces affreuses machines que nos marins nomment pittoresquement un raffiot. Ce néologisme imagé a le mérite de donner une idée juste de la mauvaise coque dont il s’agit.

(Ch.-P. Gachet, Excursion au Pays de l’Or)

Raffolir

d’Hautel, 1808 : Devenir de jour en jour plus fou.

Raffurer

Delvau, 1866 : v. a. Regagner, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Regagner, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Regagner.

Virmaître, 1894 : Regagner. C’est le redoublement d’affure (gagner).
— J’ai raffuré du terrain sur les pescailles qui voulaient me paumer (Argot des voleurs).

France, 1907 : Regagner ; argot des voleurs.

Raffut

Delvau, 1866 : s. m. Tapage, — dans l’argot du peuple.

Rossignol, 1901 : Faire du bruit, de l’esclandre.

France, 1907 : Bruit, criaillerie.

— Ah ! mes enfants, quelle affaire ! Figurez-vous que Gaston, qui avait dû me suivre, arrive comme un fou à la maison pour me faire une scène de jalousie. J’ai eu beau lui dire que je n’étais pas seule. Si vous aviez entendu ce raffut !

(Ivan Bouvier)

Rafiau

Larchey, 1865 : Bâtiment léger.

J’vas joliment gréer notre rafiau, tu verras.

Phys. du Matelot, 1843.

Delvau, 1866 : s. m. Domestique d’hôpital, infirmier.

Rafiler

France, 1907 : Donner.

Rafiot

Delvau, 1866 : s. m. Chose de peu d’importance ; camelotte. Cette expression est empruntée au vocabulaire des marins, qui appellent ainsi tout Bâtiment léger.

Rafistoler

Delvau, 1866 : v. a. Raccommoder.

Rigaud, 1881 : Donner une tournure présentable à un vieux vêtement de prix. On rafistole des dentelles, un châle, on rapiote une vieille culotte.

France, 1907 : Raccommoder ; argot populaire ; du vieux français afistoler, tromper, qui vient du latin fistula, flûte. Ce verbe, employé réflectivement, signifie se parer, se nettoyer, s’habiller à neuf.

Rafistoler (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’habiller à neuf, ou seulement Mettre ses habits du dimanche.

Rafistoleur

France, 1907 : Raccommodeur.

Rafle

d’Hautel, 1808 : Faire rafle de bidet. Se dit au jeu de dez, quand les trois dez amènent tous le même point.
Après rafle gnafle. C’est-à-dire, qu’il est rare de faire deux bons coups de suite.

Delvau, 1866 : s. f. Arrestation d’une bande de gens ; main basse faite sur une certaine quantité de choses. Argot du peuple.

France, 1907 : Arrestation en masse faite par la police.

La série des rafles continue. Sur toutes les berges de la Seine, à l’intérieur de Paris, partout enfin, la police opère chaque nuit des arrestations en masse. Des escouades de sergents de ville et d’agents de la sûreté passent le long des rues, s’emparent des malheureux assis sur les bancs et les traînent au poste.
Quel délit ont-ils commis ? Aucun.
Les arrestations sont faites arbitrairement, sans Mandat d’aucune espèce ; elles sont donc illégales au premier chef, et, s’il arrivait aux personnes violentées de résister par la violence, nous serions curieux de connaître l’article de loi sur lequel les argousins s’appuieraient pour justifier leurs scandaleuses provocations.

(Le Cri du Peuple)

Chaque fille prise dans une rafle et qu’on enferme à Saint-Lazare deviendrait, si la justice existait sur ces infortunées, si la police n’était pas au-dessus des lois, un témoin accablant entraînant pour le préfet de police, pour les chefs de division, pour les inspecteurs et, à leur défaut, pour les agents subalternes, la peine de la dégradation civique, aux termes de l’art. 114 du Code pénal, ainsi conçu : « Lorsqu’un fonctionnaire public, un agent ou préposé du gouvernement aura ordonné ou fait quelque acte arbitraire ou attentatoire soit à la liberté individuelle, soit aux droits civiques d’un ou plusieurs citoyens, il sera condamné à la peine de la dégradation civique. »
Or, tous les jours, des policiers commettent avec impunité de ces attentats.

(Edmond Lepelletier, Les Secrets de Paris)

France, 1907 : Prise ; main basse sur un objet ou une quantité d’objets.

Raflé

France, 1907 : Ruiné, dévalisé. Raflé au jeu, raflé au courses.

Râfle

Hayard, 1907 : Arrestation en masse.

Rafle, raffe

La Rue, 1894 : Butin.

Rafle, rafler

Virmaître, 1894 : Prendre. Quand un crime est commis et que les auteurs sont introuvables, la police organise des rafles dans les lieux suspects et dans les endroits où se réunissent les vagabonds. On nomme ces rafles un coup d’épervier, parce que l’on y prend généralement beaucoup de poissons. Quand les filles publiques deviennent par trop encombrantes, on les rafle en masse. Le croupier rafle l’argent des joueurs. Le voleur rafle l’argent des passants (Argot des souteneurs).

Rafler

Delvau, 1866 : v. a. Prendre, saisir, chiper.

France, 1907 : Prendre, voler ; du vieux français rifler, voler. Se dit aussi pour faire une rafle.

On allait jeter un grand coup de filet, ceinturer, poisser, rafler tout le gibier marécageux, grues et poissons : chasse à courre et pêche miraculeuse à coup sûr !… Lâchez tout et en avant les mœurs…

(A. Bruant, Les Bas-fonds de Paris)

Rafleur

France, 1907 : Tenancier d’un tripot.

Rafraîchir

d’Hautel, 1808 : On dit qu’Une nouvelle rafraîchit le sang, pour exprimer qu’elle tranquillise l’esprit ; qu’elle calme les inquiétudes, fait plaisir.

Rafraîchir (se faire)

Fustier, 1889 : Se faire couper les cheveux, la barbe.

L’autre soir, j’étais entré chez un coiffeur du boulevard, avec l’intention de me faire rafraîchir…

(Gil Blas, 1881.)

Rafraîchir (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se battre au sabre, — dans l’argot des troupiers. On dit aussi : Se rafraichir d’un coup de sabre.

Rafraîchir d’un coup de sabre (se)

Larchey, 1865 : Se battre. — Allusion à la sensation du froid qu’on éprouve en sentant la lame pénétrer dans les chairs.

Un officier lui demanda s’il voulait se rafraîchir d’un coup de sabre.

Ed. Lemoine.

Rigaud, 1881 : Se battre en duel au sabre, dans le jargon des troupiers.

Rafraîchir les barres (se)

Rigaud, 1881 : Boire, — dans le jargon des soldats de cavalerie qui disent encore : se rincer les barres.

France, 1907 : Boire ; terme de cavaleries ; allusion aux barres du cheval.

Ragaillardir

d’Hautel, 1808 : Rajeunir, réjouir, donner de la gaieté.

Rage

d’Hautel, 1808 : Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage. Signifie que quand on veut nuire à quelqu’un, on trouve toujours un prétexte pour s’autoriser à lui faire du mal.
Dire rage de quelqu’un. En dire tout le mal imaginable.
Aimer quelqu’un ou quelque chose à la rage. L’aimer excessivement, d’une manière extravagante.
Il faut qu’il ait la rage au corps. Se dit par humeur, et pour blâmer un homme qui s’est porté à quelqu’action insensée.

Rage de dents

Delvau, 1866 : s. f. Grosse faim, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Grand appétit, faim canine.

France, 1907 : Grande faim ; argot populaire.

Rage des pieds de derrière (faire)

France, 1907 : Mettre tout en œuvre pour réussir.

Rage du cul ou rage amoureuse

Delvau, 1864 : Envie furieuse de jouir par la fouterie ou par la masturbation.

Ombres folles, courez au but de vos désirs :
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.

Ch. Baudelaire.

C’est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée.

A. D. M. (Gamiani)

Ragonner

France, 1907 : Grogner, murmurer ; argot populaire.

Ragot

d’Hautel, 1808 : Homme qui radote, qui marmote continuellement entre ses dents ; d’une humeur grondeuse et souvent qui ne sait ce qu’il dit.
Ragot. Pour dire, de petite stature, court et gros, mal fait, mal proportionné dans sa structure.

anon., 1827 : Quart d’écu.

Bras-de-Fer, 1829 : Quart d’écu.

Halbert, 1849 : Quart d’écu.

Delvau, 1866 : s. m. Cancan, médisance, — sans doute par allusion aux grognements des sangliers de deux à trois ans, moins inoffensifs que ceux des marcassins.

Rigaud, 1881 : Conte en l’air, bavardage. — Faire du ragot, des ragots, tenir des propos de commère.

La Rue, 1894 : Cancan, bavardage.

France, 1907 : Quart d’écu.

France, 1907 : Cancans, bavardages, futilités.

C’est une des beautés du scrutin d’arrondissement de supprimer les questions d’intérêt général, au moins en dehors des grandes villes, et de ramener le programme de la démocratie à de petites questions de boutique, à des minuties et à des ragots.

(A. Maujan)

Ragoter

Delvau, 1866 : v. n. Murmurer, gronder sourdement. On dit aussi Ragonner.

Ragougnasse

Rigaud, 1881 : Mauvais ragoût, et, par extension, tout objet de très peu de valeur. C’est de la ragougnasse.

France, 1907 : Mauvais ragoût et, par extension, mauvaise chose.

Par le temps qui court, nul n’a plus — sinon avec beaucoup d’efforts — sa saine faculté de raisonnement : chacun se fait trop une opinion qui n’est que le reflet des ragougnasses imprimées dans le quotidien du matin.
Or, comme les quotidiens prennent leur mot d’ordre chez les jean-foutre de la haute et orientent leur girouette suivant les intérêts des chameaucrates, il est tout simple que le populo raisonne de travers !

(Le Père Peinard)

Ragoût

Delvau, 1866 : s. m. Soupçon, — dans l’argot des voleurs. Faire des ragoûts. Éveiller des soupçons.

Delvau, 1866 : s. m. Relief, accentuation de couleur, hardiesse de brosse, — dans l’argot des artistes.

Delvau, 1866 : s. m. Assaisonnement d’un plaisir quelconque. S’emploie souvent en mauvaise part :

J’aurois un beau teston pour juger d’une urine,
Et, me prenant au nez, loucher dans un bassin
Des ragousts qu’un malade offre à son médecin,

dit Mathurin Régnier en sa satire la Poésie toujours pauvre.

Rigaud, 1881 : Peinture vigoureuse, peinture en pleine pâte, dans le jargon des peintres.

Virmaître, 1894 : Soupçon.
— J’ai du ragoût sur sézières, il s’est mis à table sur mon orgue.
— Fais attention de ne pas faire de ragoût, le quart nous a au chasse (Argot des voleurs).

France, 1907 : Crainte, inquiétude ; argot populaire.

Ragoût (avoir du)

Delvau, 1864 : Se dit de certaines façons habiles que certaines femmes ont de se remuer sous l’homme pour le faire godiller plus amplement qu’avec d’autres.

Mais exiger des époux
Ces petits ragoûts,
Ces exercices gentils !
Les connaissent-ils ?
Non ; tout dans le sacrement,
Se fait maussadement
Et gauchement.

Collé.

Ragoût (faire du)

Rigaud, 1881 : Éveiller les soupçons.

Ne fais pas de ragoût sur ton dab.

N’éveille pas les soupçons sur ton maître.

(Balzac)

France, 1907 : Donner l’éveil à la police.

Ragoût de poitrine

Rigaud, 1881 : Seins. — Avoir du ragoût de poitrine sur l’estomac.

Virmaître, 1894 : Femme ragoûtante qui a sur la poitrine des tétons volumineux (Argot du peuple). V. Capitonnée.

France, 1907 : Seins volumineux.

— Est-ce parce que j’n’ons pas d’ragoût de poitrine sur l’estomac ? J’ons la place plus blanche que la tienne.

(Amusements à la grecque)

Ragoûtant

d’Hautel, 1808 : Il est ragoûtant ; c’est ragoûtant. Se dit souvent en mauvaise part, et par raillerie, d’un homme ou d’une chose fort malpropre, dégoûtante.

Ragoûtant, te

Delvau, 1866 : adj. Plaisant, agréable, — dans l’argot du peuple, qui emploie cette expression à propos des gens comme à propos des choses. Vieillard ragoûtant. Qui est propre, — et surtout sans infirmités. Femme ragoûtante. Qui excite l’appétit des amoureux.

Ragoûter

Delvau, 1866 : v. a. Remettre en appétit, réveiller le désir.

Raid

France, 1907 : Marche rapide de cavalerie ; anglicisme.

Raide

Delvau, 1866 : s. m. Eau-de-vie, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Rude.

Delvau, 1866 : adj. Invraisemblable, difficile à croire, — c’est-à-dire à avaler. Se dit à propos d’un Mot scabreux, d’une anecdote croustilleuse. La trouver raide. Être étonné ou offensé de quelque chose.

Delvau, 1866 : adj. Complètement gris, — parce que l’homme qui est dans cet état abject fait tous ses efforts pour que cela ne s’aperçoive pas, en se raidissant, en essayant de marcher droit et avec dignité. On dit aussi Raide comme la Justice.

Rigaud, 1881 : Eau-de-vie de qualité inférieure.

La Rue, 1894 : Eau-de-vie. Ivre. Sans argent. Difficile à croire. Faux rouleau d’or des voleurs à l’américaine.

France, 1907 : Brusquement, vivement.

— Si, dans un mois, nos bans ne sont pas publiés, je te lâche, toi, et raide !…

(Alfred Delvau, Le Fumier d’Ennius)

On dit aussi dans le même sens : raide comme balle.

Alors Clarinette écarquilla les yeux : elle n’aurait jamais cru cette souillon capable de ça : d’ailleurs, quant à elle, ça lui était bien égal : elle était sûre de Jacques. Si jamais il s’avisait de la tromper, elle le cocufierait raide comme balle.

(Camille Lemonnier, Happe-Chair)

France, 1907 : Fort, choquant. En dire, en faire de raides.

Au dessert :
Un des invités parle d’une chanson grivoise, qui fait florès au quartier Latin.
— Oh ! Chantez-nous-la, dit comtesse de Santa-Grue.
— C’est impossible ; elle est vraiment trop raide.
— Eh bien ! reprend la comtesse, dites-nous seulement les paroles !

France, 1907 : Ivre. Raide comme la justice, absolument ivre.

Ces noceurs-là étaient raides comme la justice, et tendres comme des agneaux. Le vin leur sortait par les yeux.

(É. Zola, L’Assommoir)

H’u !… nom de Dieu ! ça va pas mieux ;
C’est c’bon Dieu d’hoquet qui m’tracasse ;
Ej’ vas m’payer eun’ demi d’vieux,
Ça me r’mettra le cœur à sa place,
Eun’ demi d’vieux… c’est pas r’fus,
Dame, ej’ suis raid’ comm’ l’obélisque,
Sûr, ej’ me raidirai pas pus.
H’u ! pis j’m’en fous, moi, qu’est-c’ que j’risque ?

(Aristide Bruant)

France, 1907 : Rouleau de fausses pièces, ou rouleau d’or dont se servent les escrocs dans le vol dit à l’américaine.

France, 1907 : Eau-de-vie.

— Donne-moi un verre.
— Du raide ?
— Tiens ! crois-tu donc qu’on m’a changé en rosière ?… Du tord-boyaux et du chenu… j’ai besoin d’avoir la dalle grattée pour avoir la voix plus claire.

(Jules de Gastyne, La Pièce d’or)

France, 1907 : Sans argent ; argot des grecs.

Raide comme balle

Larchey, 1865 : Rapide comme un projectile.

Il a filé son chemin raide comme une balle.

Vidal 1833.

Delvau, 1866 : adv. Rapidement.

Rigaud, 1881 : Rapidement. Filer raide comme balle, marcher très vite.

Raide comme la justice

Rigaud, 1881 : Ivre. Celui qui est raide comme la justice a la conscience de sa position ; il marche vite, seul ordinairement, se redresse et fait tous ses efforts pour ne pas zigzaguer.

Raide, rude

Larchey, 1865 : Eau-de-vie qui gratte le gosier. On dit par analogie : C’est un peu raide, c’est d’une exigence difficile à supporter.

Comme dit le proverbe un peu de raide fait grand bien.

L. Bardas.

Raidillon

France, 1907 : Mamelon à pentes raides ; petite côte très escarpée.

Le raidillon grimpé, nous débouchions sur un large plateau qui allait un peu en pente, pour remonter jusqu’au sommet d’une colline couronnée de bois et de jardins.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

Raidir

un détenu, 1846 : Mourir.

Delvau, 1864 : Bander.

Quand, plus raide que la justice,
Nez en l’air et gros de courroux,
Il s’élance pour le service,
On croit qu’il fera les cent coups.

Eugène Vachette.

Delvau, 1866 : v. n. Mourir. On dit aussi Raidir l’ergot, ou les ergots.

Virmaître, 1894 : Mourir (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Mourir.

France, 1907 : Mourir. On dit aussi raidir les ergots.

Raidir (se)

France, 1907 : S’enivrer, se rendre raide.

Raie

d’Hautel, 1808 : Il est coiffé comme une raie bouclée. Se dit par raillerie de quelqu’un dont les cheveux sont bouclés d’une manière affectée et ridicule. Il faut rendre à chacun ce qui lui appartient, et dire que cette locution vient de Madame Angot, ou, certes, elle n’est point déplacée.

Raie (gueule de)

France, 1907 : Vilain visage.

— Tais-toi… si j’avons le derrière ouvert, ce n’est pas à toi à fourrer ton nez dedans… gueule de raie ! Tu nous craches la crème de ton discours dans le visage.

(Catéchisme poissard)

Raie du cul (la)

Delvau, 1864 : La rainure des fesses, la petite vallée qui se trouve entre ces deux montagnes — où tant de membres virils aiment à descendre.

Pour ne trouver la raie nette de la dame avec qui l’on s’ébat, on y gagne bonne vérole.

Brantôme.

Trois mignons de la cour se tuèrent jaloux
Pour le bien prétendu d’une raie publique.

Théophile.

Raiguisé

Virmaître, 1894 : Avoir tout perdu. Mot à mot : il est réguisé, il va mourir (Argot du peuple).

Raiguisé (être)

France, 1907 : Avoir tout perdu ; argot populaire.

Raiguiser

France, 1907 : Tromper, dépouiller.

Rail (la)

Rossignol, 1901 : La police.

Raille

anon., 1827 : Mouchard.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Mouchard.

Bras-de-Fer, 1829 : Mouchard.

Halbert, 1849 : Mouchard.

Delvau, 1864 : Agent de police, redouté des filles qui font le trottoir.

Cela nous avertit qu’il flâne en ce quartier
Un raille dont il faut d’abord se méfier.

L. Protat.

Larchey, 1865 : Police, agent de police. — Du mot égrailler : racler. Le raille vous engraille, comme la raclette vous racle. — V. Cigogne.

La raille maron te servira pour un deuxième gerbement.

(Vidocq)

Delvau, 1866 : s. m. Mouchard.

Delvau, 1866 : s. f. Les agents de police en général, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Police, agent de police. — Espion ; de rascal, rascalion, coquin, en anglais.

La Rue, 1894 : Agent de police.

Virmaître, 1894 : Cette expression est ancienne, elle se trouve dans les Mystères de Paris (Argot des voleurs). V. Arnaque.

France, 1907 : Agent de police, mouchard. La raille, la police. Daron de la raille, préfet de police ; mot dérivé de raillon, sorte de javelot dont les anciens archers étaient armés. On lit dans le Grand Testament de François Villon (XVe siècle) :

Ci-gist et dort en ce sollier
Qu’Amour occist de son raillon,
Un pouvre perit escolier
Jadis nommé François Villon.

Vidocq emploie souvent le mot raille :

Ils parlaient aussi des railles. À propos de railles, vous n’êtes pas sans avoir entendu parler d’un fameux coquin qui s’est fait cuisinier.

Railleur

d’Hautel, 1808 : Les railleurs sont souvent raillés. C’est-à-dire, que l’on se venge quelquefois amèrement des gens qui aiment à persiffler les autres.

Railleux

France, 1907 : Même sens que raille.

Raire

d’Hautel, 1808 : Vieux mot qui signifie raser, faire la barbe.
Ne se soucier ni des rais ni des tondus. Ne se mettre en peine de qui que ce soit.

Raisin (huile de)

France, 1907 : Vin.

Auguste, un peintre en bâtiment,
Qui travaillait en face,
Entre, et nous dit comm’ ça : « M’z’enfants,
J’ai l’gosier qui s’encrasse,
Faut y mettr’ de l’huil’ de raisin…

(H.-P. Denneville)

Raisin friot

France, 1907 : Sang-froid.

— Attention, les enfants, et préparons-nous à fabriquer le moscobos (voler le riche), car il nous faut à tous du raisin friot et ne as flancher sur le tas.

(Ed. Lepelletier)

Raisin, raisiné

France, 1907 : Sang. Pompe à raisiné, cœur.

— Dis donc, va un peu voir ce qui se passe. Dis-leur de ne pas sortir les couteaux, surtout… J’veux pas que le raisiné coule dans la cambuse.

(Michel Morphy, Le Vampire)

Raisiné

d’Hautel, 1808 : Faire du raisiné. Locution burlesque et triviale, pour dire, saigner du nez.
On lui a fait sortir le raisiné. Pour dire, que l’on a frappé quelqu’un au visage ; qu’on l’a fait saigner du nez.

M.D., 1844 : Du sang.

Larchey, 1865 : Sang. — Allusion de couleur. — V. Daviole.

Tu es sans raisiné dans les vermichels.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. m. Sang, — dans le même argot [du peuple].

Rigaud, 1881 : Sang, — dans le jargon des voleurs. — Faire du raisiné, avoir un saignement de nez. — Faire couler le sang.

La Rue, 1894 : Sang.

Virmaître, 1894 : Sang.
— J’ai lingré le gonce, il a répandu son raisiné sur le trimard (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Sang.

Hayard, 1907 : Sang.

anon., 1907 : Sang.

Raisiné (du)

Halbert, 1849 : Du sang.

Raisiné (faire du)

Delvau, 1866 : v. a. Saigner du nez, — dans l’argot du peuple, qui n’a pas emprunté cette expression aux voleurs.

Raisiné, raisin

Rigaud, 1881 : Sang ; forme nouvelle de raisiné, qui n’était lui-même qu’une allusion de couleur entre le sang et le vin, raisiné, jus du raisin. — Il a de la raisiné à sa pelure, il a du sang sur son habit. — Faudra travailler au surin. — Merci, j’aime pas le raisin.

Raisinet

Bras-de-Fer, 1829 : Sang.

Raisins secs

France, 1907 : Sobriquet donné autrefois aux capucins et aux franciscains, qui formaient avec les récollets, les minimes et les moines déchaux, les quatre ordres mendiants. Les récollets étaient les figues sèches, les minimes, les amandes avariées, et les déchaussés, les noisettes vides.

Raison

d’Hautel, 1808 : Il ne faut pas faire trente-six raisons pour cela. Se dit à quelqu’un qui fait des objections à tout ce qu’on lui commande, pour lui marquer que ses répliques ne conviennent pas.
La bête à raison. Façon de parler satirique, pour dire, qu’on approuve le sentiment d’une personne, pour laquelle d’ailleurs on n’a aucune considération.
Comme de raison. Pour, comme il est raisonnable, comme il est juste qu’on fasse.
N’avoir ni rime ni raison. Extravaguer dans ses raisonnemens.
C’est la raison que chacun sait, maître en sa maison. Dicton populaire, qui signifie que chacun doit être maître chez soi.

Raison de tablier

France, 1907 : Faute à réparer après avoir mis une fille à mal ; la raison est majeure, car il arrive un moment où le tablier ne peut plus dissimuler la faute. Vieille expression.

… Les mariages entre commis et commises étaient une rareté. D’ordinaire, quand cet événement se produisait, c’est qu’il y avait une raison de tablier, comme disaient nos pères.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Raisonner

d’Hautel, 1808 : Raisonner pantouffle ; Raisonner comme un cheval de carosse. Pour dire, en dépit du sens commun, tout de travers.

Rajouter

Delvau, 1866 : v. a. Ajouter, — dans l’argot des bourgeois, qui parlent souvent le français des réalistes, émaillé de pléonasmes.

Râler

Rigaud, 1881 : Tromper, mentir, — dans le jargon des marchands juifs.

La Rue, 1894 : Tromper.

France, 1907 : Tromper.

anon., 1907 : Se plaindre.

Râleur

Larchey, 1865 : Les bouquinistes de Paris appellent ainsi ceux qui ont l’habitude de lire à leurs étalages sans rien acheter.

Delvau, 1866 : s. m. Faux amateur de livres qui bouscule les boîtes sans rien acheter. Argot des bouquinistes.

La Rue, 1894 : Menteur. Celui qui marchande trop avant d’acheter.

France, 1907 : Individu qui marchande et discute pendant une heure pour gagner un sou ou ne rien acheter.

Râleur, râleuse

Rigaud, 1881 : Menteur, menteuse ; trompeur, trompeuse, — dans le jargon des marchands juifs.

Rigaud, 1881 : Celui, celle qui marchande sans rien acheter, ou qui achète après avoir longtemps marchandé et obtenu une forte diminution.

Râleuse

Delvau, 1866 : s. f. Courtière, femme chargée d’arrêter les passants pour leur proposer de la marchandise. Argot des marchandes du Temple.

Delvau, 1866 : s. et adj. Femme qui marchande tout sans rien acheter, — dans l’argot des boutiquiers.

Rigaud, 1881 : Femme du Temple chargée d’attirer le client dans un magasin. C’est un diminutif de racoleuse.

La Rue, 1894 : Femme du Temple qui entraîne le client dans la boutique.

France, 1907 : Marchande du Temple qui raccroche les passants pour leur vendre des nippes. Se dit aussi des femmes qui marchandent pendant longtemps et s’en vont sans rien acheter.

Raleuses

Larchey, 1865 : « Les raleuses sont des racoleuses ou courtières lâchées par les marchands (du Temple) sur le gonze pour le forcer à acheter. » — Mornand.

Râleux

France, 1907 : Avare rapiat.

Rallié

France, 1907 : Personne nouvellement ralliée à la république.

Les ralliés lâchent allègrement le vieux shako de la monarchie et se coiffent du bonnet phrygien, qu’ils portent incliné sur l’oreille pour mieux accuser la crânerie de leurs nouvelles convictions.

(A. Maujan)

Rallonge

Hayard, 1907 : Couteau.

Rallye-paper

France, 1907 : Course au papier ; anglicisme. Un cavalier part quinze ou vingt minutes avant les autres, jetant de distance en distance des poignées de menus papiers pour que l’on suive ses traces. Ce genre de sport se fait aussi bien à pied qu’à cheval.

Le matin da rallye, le capitaine Lambert, suivi de deux servants à cheval, se mit en route au petit jour. Le tracé était hérissé de difficultés et il tenait à s’assurer que les obstacles artificiels qu’il avait fait préparer étaient bien en place.
À 9 heures, une fanfare sonnait le rassemblement et toute la chasse s’enfonçait sous bois et s’élançait sur la piste parsemée de petits papiers.

(Oscar Méténier)

Rama

Larchey, 1865 : « Des riens constituent chez certaines classes parisiennes un esprit drolatique dans lequel la bêtise entre comme un élément principal et dont le mérite consiste particulièrement dans le geste et la prononciation. Cette espèce d’argot varie continuellement. La plaisanterie qui en est le principe n’a jamais un mois d’existence. Un procès en cour d’assises, une chanson des rues, les farces d’un acteur, tout sert à entretenir ce jeu d’esprit. La récente invention du Diorama qui portait l’illusion de l’optique à un plus haut degré que dans les panoramas avait amené dans quelques ateliers de peinture la plaisanterie de parler en rama. » — Balzac. — « Eh bien ! monsieur Poiret, dit l’employé, comment va cette petite santérama ? » — Id.

Delvau, 1866 : s. m. Grelot que les artistes trouvaient drôle, vers 1838, d’attacher à tous leurs mots, pour parodier les Dioramas, les Panoramas et autres Géoramas alors en vogue. C’était leur javanais. Parler en rama. Ajouter rama à toutes les phrases.

Rigaud, 1881 : Syllabes placées à la fin d’un mot pour lui donner un cachet bizarre. (V. Le père Goriot de Balzac.) Le café devient le caférama, la viande, la viandorama, le bœuf, le bœuforama. Remplacé, depuis, par les désinences, plus euphoniques, mar, muche et mince.

La Rue, 1894 : Syllabe que l’on ajoute après certains mots pour les rendre bizarres, ex : caférama (café).

France, 1907 : Chaîne. Mettre au rama, enchaîner.

Le soir après la soupe, on nous mit au rama.

(A. Humbert, Mon Bagne)

Rama (parler en)

France, 1907 : Ajouter rama à chaque mot, puérile habitude des artistes vers 1840, continuée plus tard pour le parler dit javanais.

Ramacher

d’Hautel, 1808 : Répéter continuellement la même chose, radotter, gronder, gromeler, faire de fréquens sermons, des réprimandes à n’en plus finir.

Ramage

d’Hautel, 1808 : Gronde, réprimande, grognement, murmure, mécontentement ; l’action de marmoter entre ses dents.
Il m’a fait un beau ramage. Pour, il m’a vivement réprimandé, grondé.
Auras-tu bientôt fini ce ramage ? Pour cesseras-tu de marmoter, de murmurer, de grogner ?

Ramamichage

Rigaud, 1881 : Réconciliation entre enfants. — Ramamicher, favoriser une réconciliation. Se ramamicher, se réconcilier.

Ramamichage, ramichage

France, 1907 : Réconciliation ; argot populaire.

Ramamicher

La Rue, 1894 : Réconcilier.

Ramamicher (se)

France, 1907 : Se réconcilier.

Ramard

France, 1907 : Travail assidu ; argot de l’École navale.

France, 1907 : Fromage quelconque ; argot de l’École navale

Ramas

Rossignol, 1901 : Dortoir du bagne.

Ramassage

France, 1907 : Acte de ramasser et de rassembler les cartes ; argot des joueurs.

C’est au moment du ramassage
Qu’il faut faire son cuisinage.

(Hogier-Grison, Maximes des tricheurs)

Ramassé

France, 1907 : Condamné, arrêté ; argot des voleurs.

Ramasse-crottin

France, 1907 : Sobriquet que les fantassins donnent aux cavaliers.

Ramassée

France, 1907 : Prostitués de bas étage, exposée à être constamment ramassée, arrêtée.

Ramasser

d’Hautel, 1808 : Ramasse ton bonnet. Se dit par plaisanterie à quelqu’un qui s’est laissé tomber, ou satiriquement à une personne que l’on remet à sa place en lui adressant quelques paroles piquantes.
S’il tombe sous sa main, il se promet de le ramasser d’une belle manière. Pour, il sera mal venu, bien maltraité.
Cela ne vaut pas le ramasser. Se dit de quelque chose de peu de valeur, et dont on ne fait nul cas.
Que le diable te ramasse. Voy. Diable.

Larchey, 1865 : Arrêter.

Ce qu’elles craignent par dessus tout, c’est d’être ramassées sous le cruel prétexte de vagabondage.

M. Waldor.

Delvau, 1866 : v. a. Arrêter ; conduire en prison, — dans l’argot des faubouriens. Se faire ramasser. Se faire arrêter.

Rigaud, 1881 : Arrêter sur la voie publique ; appréhender au corps. Se faire ramasser, se faire arrêter sur la voie publique, dans un bal public. Se dit principalement en parlant des ivrognes et des tapageurs.

La Rue, 1894 : Arrêter. Faire des reproches.

Virmaître, 1894 : Se faire ramasser, c’est se faire arrêter. Quand un individu tient un langage imprudent ou qu’il dit des bêtises, il se fait ramasser (rappeler à l’ordre). Dans le peuple, on dit :
— Nous l’avons relevé du péché de paresse.
On dit également à une femme qui vous embête :
— Allons, ramasse tes cliques et les claques et fous le camp (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Recevoir des reproches ou réprimandes.

France, 1907 : Rabrouer, gronder. Prendre. Ramasser un bidon, s’évanouir, s’échapper. Ramasser des épingles ou des marrons, se livrer à la pédérastie passive. Ramasser une pelle, tomber. Ramasser une veste, échouer. Se faire ramasser, se faire arrêter ou se faire rappeler à l’ordre.

Quoi ? Vrai ! vous allez m’ramasser ?
Ah ! c’est muf ! Mais quoi qu’on y gagne ?
J’m’en vas vous empêcher d’pioncer,
J’ronfle comme un’ toupi’ d’Allemagne.

(J. Richepin, La Chanson des gueux)

Ramasser (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se relever lorsqu’on est tombé.

Rigaud, 1881 : Conclure, résumer, — dans le jargon du peuple. — Ramasse-toi, voilà une heure que tu bafouilles.

Ramasser de la boîte

France, 1907 : Attraper de la prison ; argot militaire.

— J’ai mon truc à matriculer pour ce soir ; si c’est pas fait, j’ramasserai de la boîte.

(Georges Courteline)

Ramasser des épingles, des marrons

La Rue, 1894 : Avoir des mœurs innommables. On dit aussi : En être.

Ramasser des fourreaux de baïonnette

France, 1907 : Arriver après la bataille.

Ramasser ses outils

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des ouvriers.

France, 1907 : Mourir.

Ramasser un bidon

Rigaud, 1881 : Se sauver et, principalement, s’évader, — dans le jargon des voleurs ; synonyme de se mettre une gamelle.

Ramasser un bouchon

Merlin, 1888 : Tomber de cheval. — On dit aussi : prendre mesure d’une schabraque.

Ramasser une bûche

Rossignol, 1901 : Tomber.

Ramasser une pelle

Fustier, 1889 : Tomber. Jargon des voyous.

M… alors… ; j’ramasse une pelle… C’est c’cul-là qui m’a poussé.

(R. Ponchon.)

La Rue, 1894 : Tomber.

Virmaître, 1894 : Être certain de réussir une affaire et la rater. Faire la cour six mois à une femme au bout desquels elle vous envoie promener. Ramasser une pelle, se dit de tout ce qui manque (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Quand on ne réussit pas, on ramasse une pelle.

Hayard, 1907 : Tomber.

Ramassés (Beni)

France, 1907 : Littéralement, enfants ramassés. Élisée Reclus donne de ce nom l’explication suivante :

Telle ou telle des mille ou onze cents tribus qu’on énumère en Algérie se compose d’éléments distincts par la race ; il en est de même des groupements inférieurs, douar, dachera, ferka, arch : ils peuvent différer les uns des autres par la composition dans un même kbaïla ou ligue fédérale. Mainte peuplade n’est qu’une agglomération confuse de familles de toute couleur et de toute origine, venues de toutes les parties de la contrée ; suivant l’expression française, ce sont des Beni Ramassés. Chaque ville a des tribus de ce genre dans ses faubourgs.

Ramasseur d’isolés

France, 1907 : On appelle ainsi, dans le monde des joueurs, un escroc qui, à une table de roulette ou de trente et quarante, guette les joueurs distraits, pour s’emparer de leur gain. On dit dans le même sens : étouffeur d’orphelins.

Ramasseur de mégots

Virmaître, 1894 : Ramasseur de bouts de cigares et de débris de cigarettes. Ces mégots sont séchés, triés, hachés, puis vendus par paquets aux ouvriers. La bourse aux mégots se tient place Maubert, au pied de la statue d’Étienne Dolet (Argot du peuple).

Ramasseux

France, 1907 : Celui qui ramasse. Ramasseux de mégots, individu qui gagne sa vie en ramassant des bouts de cigares, de cigarettes.

Le ramasseux entra dans des détails. Quand il avait « recueilli », son premier soin était de couper le bout brûlé du cigare et la « tétine » sur une rondelle de bois ; puis, il « dévrillotait » son londrès, il l’épluchait, « comme des petits pois ». Quand ce tabac était tout à fait sec, il fallait encore « le friser » ; pour cela, le bonhomme le roulait doucement dans ses doigts jusqu’à ce qu’il reprit l’aspect de la « nouveauté. »

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

Ramastic (vol à la)

France, 1907 : Il consiste à faire semblant de ramasser un bijou faux ou un objet sans valeur et à l’offrir à un passant qui le paye le double ou le triple de ce qu’il vaut.

Ramastiquer

Delvau, 1866 : v. a. Ramasser, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Ramasser.

La Rue, 1894 : Ramasser.

Rossignol, 1901 : Ramasser.

France, 1907 : Ramasser ; argot des voleurs.

Ramastiqueur

Larchey, 1865 : Filou ramassant à terre des bijoux faux perdus par un compère et les cédant à un passant moyennant une prime qui dépasse leur valeur réelle.

Delvau, 1866 : s. m. Variété de filous décrite par Vidocq.

Rigaud, 1881 : Filou qui vend à une dupe, comme étant de l’or, un bijou en imitation, soi-disant trouvé sur la voie publique.

Virmaître, 1894 : Désigne le genre de vol qui consiste à ramasser à terre un bijou faux qu’un compère a préalablement laissé tomber (Argot des voleurs). V. Trouceurs.

Rossignol, 1901 : Celui qui commet l’escroquerie au ramastique qui consiste à ramasser ou faire semblant de ramasser, devant une bonne tête, un écrin contenant une chaîne, dite Jeannette, avec une petite croix imitation or, d’une valeur de soixante-cinq centimes. Le ramastiqueur dit : « Part à deux », et ouvre l’écrin, en évalue la soi-disant trouvaille à une dizaine de francs ; la bonne tête donne 5 francs, et c’est un bénéfice de 4 fr. 35 pour le ramastiqueur. Ce genre d’escroquerie se fait à la campagne, mais à Paris, il y a une autre façon qui se pratique aux abords des gares : le ramastiqueur remarque un frais débarqué, bon à faire, il le suit, et à un moment donné, il ramasse, de façon à être aperçu, un écrin, puis il s’adresse au frais débarqué et lui dit : part à deux ; l’écrin contient une bague en or, ornée d’un brillant ; on la fait évaluer chez le plus proche bijoutier qui l’estime 80 francs ; il est rare que le voyageur ne donne pas 40 francs pour un bijou estimé 80. Mais le ramastiqueur avait un autre écrin semblable, contenant une bague exactement la même que celle que l’on a fait estimer, elle est en doublé et ornée d’un simili d’une valeur de 1 fr. 50 ; il la remet au voyageur en échange de 40 francs.

France, 1907 : Voleur à la ramastic. Se dit aussi des mendiants qui vont chanter ou mendier dans les cours et ramassent les sous jetés des fenêtres. « Les arcassineurs sont les mendiants à domicile ; les ramastiqueurs, les mendiants de cours qui ramassent des sous. Les tendeurs de demi-aune, les mendiants des rues.

(Mémoires de M. Claude)

Ramastiqueur d’orphelins

Rigaud, 1881 : Négociant qui ramasse les bouts de cigarettes, les bouts de cigares.

Rambiner

Rigaud, 1881 : Raccommoder, ressemeler.

Tout le monde sait que son père rambinait les croknaux.

(Tam-Tam, du 2 juin 1878.)

France, 1907 : Raccommoder, spécialement en parlant de vieux souliers.

Tout le monde sait que son père rambinait les croknaux.

(Le Tam-Tam)

Rambuteau

Larchey, 1865 : Guérite-urinoir — Du préfet qui en a doté la voie publique.

Delvau, 1866 : s. m. Colonne ad usum lotii des promeneurs, établie le long de nos boulevards sous l’édilité du comte de Rambuteau.

Rigaud, 1881 : Urinoir public en forme de minaret. Gracieuse attention de l’ancien préfet de la Seine, M. de Rambuteau, qui a attaché son nom à ces utiles guérites à dôme, aujourd’hui, en partie, remplacées par les cuirassés.

France, 1907 : Urinoir public, du nom du préfet de la Seine qui en décréta l’installation.

Rame

Halbert, 1849 : Plume.

Delvau, 1866 : s. f. Plume, — dans l’argot des voleurs.

France, 1907 : Plume d’oiseau. Allusion aux rames qui font nager le canot et qui ont un peu la forme de plumes.

Rameaux (faire Pâques avant)

France, 1907 : Ne pas attendre la célébration officielle pour se livrer à l’accomplissement de l’œuvre permise

En mariage seulement.

On dit aussi d’une jeune fille qui s’est mise dans ce cas : Elle a vu la Pentecôte avant Pâques.

Ramenage

France, 1907 : Action de ramener ses cheveux sur le crâne dénudé.

Ramender

d’Hautel, 1808 : Pour dire baisser, diminuer le prix d’une chose,

Ramène

Rossignol, 1901 : Ramener, est, pour la fille publique, trouver des clients, avec qui elle va dans l’hôtel où elle a l’habitude de ramener.

Ramener

Rigaud, 1881 : Garnir tant bien que mal le sommet du crâne avec quelques rares mèches de cheveux empruntées à la nuque. C’est ce qu’Alphonse Karr appelle :

En emprunter un qui vaut dix.

Rossignol, 1901 : Se dit de celui qui est dénudé, qui laisse pousser ses cheveux longs sur les côtés de la tête, pour les ramener au sommet.

France, 1907 : Rassembler les cheveux des côtés de la tête pour dissimuler la calvitie.

Oui ! J’les ramèn’ : quoi ! C’est mon chic !
Tout chacun fait c’qu’i’ veut d’ses tiffes,
Pis, je m’en fous ben de c’que l’public
— Un tas d’gonss’ qui vaut pas trois giffes —
Peut dir’ d’ma façon de m’peigner,
Si sus les temp’s je m’coll’ des guiches,
C’est par magnère d’témoigner
Qu’en vrai barbiz’ j’aime pas les riches.

(E. Blédort)

France, 1907 : Terme d’équitation. Faire baisser la tête et le nez à un cheval qui les tient trop en avant, qui n’encapuchonnne pas.

Rameneur

Delvau, 1866 : s. m. Homme affligé de calvitie, qui essaye de la dissimuler en ramenant habilement ses derniers cheveux sur le devant de sa tête — et « empruntant ainsi un qui vaut dix ».

Rigaud, 1881 : Vieux beau qui ramène sur le sommet de sa tête, sur les tempes, deux ou trois mèches de cheveux qui s’égarent sur sa nuque.

La Rue, 1894 : Vieux beau qui ramène la mèche de cheveux qui lui reste sur le sommet de la tête ou sur le front. Se dit aussi de l’homme qui recrute des joueurs pour un cercle.

Virmaître, 1894 : Homme qui n’a que quelques cheveux et les ramène en avant sur son front pour faire croire à une chevelure abondante (Argot du peuple).

France, 1907 : Chauve qui essaye de dissimuler sa calvitie en ramenant ses cheveux sur le sommet du crâne.

France, 1907 : Individu d’aspect et de mise respectables chargé de racoler des dupes pour un tripot.

Un personnel de rameneurs qui, membres réguliers du cercle, gentlemen en apparence, ont pour mission de racoler ceux qui, bien nourris à la table d’hôte, seront, une heure après, dévorés à celle du baccara.

(Hector Malot, Baccara)

Rameneuse

Delvau, 1866 : s. f. Petite dame dont la spécialité est de faire espalier à la porte des cafés du boulevard, vers l’heure de la fermeture, afin d’y nouer connaissance avec quelque galant homme.

Rigaud, 1881 : Fille, femme ou veuve qui n’aime pas rentrer seule chez elle, le soir, pour une cause quelconque.

Virmaître, 1894 : Fille publique qui ramène les hommes qu’elle raccroche à son garni.
— J’ai une chouette gosse, hier elle a ramené dix fois (Argot des souteneurs).

France, 1907 : Prostituée qui racole sur la voie publique, qui ramène les clients chez elle.

Ramer

d’Hautel, 1808 : Il s’y entend comme à ramer des pois. Pour dire que quelqu’un n’entend rien à ce qu’il a entrepris.

Ramiauler

France, 1907 : Remettre, raccommoder, faire la paix.

— Je voulons point nous ramiauler avec té.
— Ni mé itou, tâteux de pies !

(Hugues Le Roux)

Ramichage

d’Hautel, 1808 : Ce que l’on donne pour ramicher.

France, 1907 : Réconciliation. Voir Ramamichage.

Ramicher

d’Hautel, 1808 : Se ramicher. Terme d’écolier ; regagner au jeu ce que l’on y avoit perdu.
Ramicher son camarade. Lui rendre une partie de ce qu’on lui avoit gagné, pour le mettre en état de s’engager dans une nouvelle partie.

Delvau, 1866 : v. a. Réconcilier des gens fâchés — dans l’argot du peuple. Se ramicher. Se dit des amants qui se reprennent après s’être quittés.

France, 1907 : Réconcilier.

Ramicher (se)

France, 1907 : Se rattraper, se dédommager, regagner au jeu ou dans les affaires ce qu’on a perdu. Provincialisme.

Ramijoter (se)

France, 1907 : Même sens que ramicher ; argot populaire.

Ils se sont ramijotés ; et, d’après des mots de leur conversation, je répondrais bien qu’ils ont couché ensemble.

(Mémoires de Vidocq)

Ramolli

Delvau, 1866 : s. et adj. Imbécile, ou simplement Ennuyeux, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Imbécile ; hébété ; abruti. Celui dont l’intelligence est atrophiée par suite d’excès, celui dont le cerveau estramolli. Le jeu et les femmes contribuent à faire des ramollis. — Tas de ramollis !

La Rue, 1894 : Imbécile. Ramollot. Type d’officier abruti.

France, 1907 : Imbécile ; individu atteint d’un ramollissement cérébral.

Ramollot

Virmaître, 1894 : Homme ramolli, sans consistance, qui rabâche vingt fois la même chose. Le capitaine Ramollot a fait rire tout Paris. L’expression est récente (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Caricature de militaire personnifiant l’officier inintelligent, insolent et brutal. Ce type fut créé par un gendelettre, Charles Leroy, qui, chose curieuse, n’avait jamais servi.

Ramona

d’Hautel, 1808 : Pour ramoneur, celui qui ramone les cheminées. C’est sans doute pour imiter la manière des petits savoyards qui ont habitude de s’annoncer dans les rues en criant : Ramona la chemina du haut en bas.

Delvau, 1866 : s. m. Petit Savoyard, qui, aux premiers jours d’automne, s’en vient crier : haut en bas, par les rues des villes, barbouillé de suie, raclette à la ceinture et sac au dos. C’est parfois un petit Auvergnat.

Ramonage

Rigaud, 1881 : Rabâchage, murmures réitérés.

France, 1907 : Réprimande.

France, 1907 : Confession. Elle nettoie, ramone la conscience.

Ramonat

France, 1907 : Petit ramoneur ; provincialisme.

Ramoné (être)

anon., 1907 : Arrêté.

Ramoner

Delvau, 1866 : v. n. Murmurer, marmotter, parler entre ses dents, — par allusion au bruit désagréable que fait le ramona en montant et en descendant dans la cheminée qu’il nettoie.

Rigaud, 1881 : Marmotter ; rabâcher.

Rigaud, 1881 : Confesser, — dans l’argot des congréganistes ; c’est-à-dire : ramoner la conscience.

La Rue, 1894 : Murmurer, marmotter. Confesser.

France, 1907 : Marmotter, grogner.

France, 1907 : Nettoyer. Ramoner sa cheminée, se purger. Ramoner ses tuyaux, se laver les pieds. Se faire ramoner la conscience, se confesser.

France, 1907 : Coïter.

Ramoner (se faire)

Fustier, 1889 : Se confesser.

Ramoner une femme

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien avec elle, passer et repasser l’outil priapique, le ramon de l’homme, dans sa petite cheminée, non pour la débarrasser de ses impuretés, mais, en réalité, pour en mettre de nouvelles.

— Mes belles, c’est vous que je cherche
Pour vous montrer une leçon ;
Et croyez-moi, vos cheminées.
Seront promptement ramonées
Si vous éprouvez ma façon.

(Ballet des chercheurs de midi à quatorze heures.)

Ramoner, ramoner la cheminée

Rigaud, 1881 : Administrer un purgatif. — Recourir au dieu Mercure à l’état de deutochlorure pour guérir les blessures faites par Vénus.

Ramonitschel

France, 1907 : Bohémien.

Ces bohémiens, désignés sous le nom de ramonitschels, exercent des professions diverses et d’une nature essentiellement errante ; ils sont, à l’occasion, colporteurs, tireurs de bonne aventure, conducteurs d’animaux sauvages, afin de se livrer plus aisément à la mendicité. Dangereux, surtout la nuit, ils sèmeront l’incendie dans les campagnes, si cela est nécessaire à l’accomplissement de leurs vols ; mais ils ne sont pas assez courageux pour commettre un assassinat.

(G. Macé, Un Joli Monde)

On dit aussi Romanichel. Voir ce mot.

Ramor

Rigaud, 1881 : Âne, imbécile, — dans le jargon des marchands juifs.

La Rue, 1894 : Imbécile, dans l’argot des juifs.

France, 1907 : Imbécile. Cette expression est la défiguration du mot hébreu chamor, qui veut dire âne. « Le ch se prononce gutturalement, dit Tammermans ; de là la substitution de r à ch. »

Ramorder

France, 1907 : Travailler ; argot du Borda.

En entendant un bordache dire à un de ses camarades « qu’il ramorde chiade sa carlingue pour ne pas être cramé par un élitard », on ne se douterait pas que cet élève travaille ferme son cours d’architecture navale, pour ne pas être dépassé par un élève d’élite.

(Histoire de L’École navale)

Rampant

France, 1907 : Prêtre ; argot populaire. Allusion aux génuflexions devant l’autel.

Rampante

France, 1907 : Église ; argot des voleurs. Voir Petit bocson.

Rampe

Delvau, 1866 : s. f. Le cordon des lumières qui éclairent la scène, — dans l’argot des coulisses. Se dit aussi pour : Théâtre, scène, coulisses. Princesse de la rampe. Actrice. Se brûler à la rampe. Jouer pour soi, — s’approcher trop près du public, sans s’occuper des autres acteurs en scène.

Rampe (lâcher la)

Larchey, 1865 : Mourir. — Mot à mot : dégringoler l’escalier de la vie.

Ton oncle s’est laissé mourir ? — Le pauvre cher homme ! Il vient de lâcher la rampe.

Tintamarre.

France, 1907 : Mourir.

Rampe (pomme de)

France, 1907 : Tête chauve.

Rampe (princesse de la)

France, 1907 : Actrice en renom.

Rampeau

France, 1907 : Coup nul ; terme de jeu. C’est le vieux mot rappeau ou réappel déformé, c’est-à-dire le rappel des mises ou enjeux. Pour les joueurs de quilles, faire rampeau, c’est abattre le même nombre de quilles que celui qui en a le plus abattu. On écrit aussi, mais à tort, rampo.

Rampeau !

Delvau, 1866 : Coup nul, — dans l’argot des enfants, lorsqu’ils jouent aux billes ou à la balle. Les vieux joueurs de boule emploient la même expression à propos du second coup d’une partie en deux coups de boule.

Rampo

Rigaud, 1881 : Coup nul au jeu de billes, aux quilles, et, en général, à tous les jeux d’enfants.

La Rue, 1894 : Coup nul.

Ramponer

Delvau, 1866 : v. n. Boire, s’enivrer. L’expression date évidemment du fameux Ramponneau, le cabaretier de la Courtille.

France, 1907 : Boire à la guinguette. Cet archaïsme, fort usité au XVIIIe siècle, est à peu près ignoré aujourd’hui. Il mérite d’être rappelé. Ramponneau était le nom d’un cabaretier qui abreuvait la populace toujours altérée des faubourgs à raison de trois sous et demi la pinte de vin ; modération, dit Mercier, étonnante dans un cabaretier et qu’on n’avait point encore vue jusqu’alors.

Sa réputation fut aussi rapide qu’étendue. Une affluence extraordinaire rendit son cabaret trop étroit ; et l’emplacement s’élargit bientôt avec sa fortune. Je ne parlerai point ici des princes qui le visitèrent, Le sourire du peuple, a dit Marmontel, vaut mieux que la faveur des rois.
La fortune vint à la suite de la renommée ; il enrichit la langue d’un mot nouveau, et, comme c’est le peuple qui fait les langues, ce mot restera : on dit ramponer, pour dire : boire à la guinguette hors de la ville, et un peu plus qu’il ne faut

(Mercier, Tableau de Paris)

Ramser

Rigaud, 1881 : Raccrocher, — dans l’argot des filles. Pour ramasser.

Rancard

Virmaître, 1894 : Renseignements.
— J’ai besoin d’un rancard sur un tel.
— Le rancard du probloque est tout ce qu’il y a de plus mouche.
Le rancard est un terme convenu pour la correspondance des tenanciers de claquedents avec les placiers qui les alimentent de camelottes (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Veut aussi dire renseignement, endroit. Un agent de police dira :

On m’a donné un rancard où se réunissent des voleurs.

France, 1907 : Renseignements ; argot des souteneurs.

Le rancard est un terme convenu jour la correspondance des tenanciers de claquedents avec les placiers qui les alimentent de camelottes.

(Ch. Virmaître)

Rancard (donner un)

anon., 1907 : Donner un renseignement.

Rancard (mettre au)

Rossignol, 1901 : De côté. — « J’ai mis 20 francs au rancard pour payer mon terme de loyer. » — « Mon vélocipède était trop vieux, je l’ai mis au rancard. »

anon., 1907 : Mettre de côté.

Rancard (un)

anon., 1907 : Rendez-vous.

Rancard ou rancart

Virmaître, 1894 : Mettre quelque chose ou quelqu’un dont on ne veut plus au rancart, de côté. Un coup de rancart est aussi une chose imprévue, comme le fait par exemple de raccrocher une femme dans lui lieu public (Argot des souteneurs).

Rancarder

Rossignol, 1901 : Renseigner.

Hayard, 1907 : Renseigner.

Rancart

Delvau, 1866 : v. Rencart.

Fustier, 1889 : Objet de peu de valeur.

La plupart des volumes entassés dans les caisses étaient des rancarts de librairie, des rossignols sans valeur ; des romans mort-nés…

(Huysmans, À vau l’eau)

Mettre au rancart, abandonner, jeter dans un coin. C’est le synonyme de mettre au cabinet, d’Alceste.

Rancart (mettre au)

Hayard, 1907 : Jeter ce qu’on ne veut plus, un renseignement.

France, 1907 : Mettre de côté, au rebut.

Le vieux dieu stupide et méchant de la mythologie judaïque était mis au rancart avec ses cousins, frères et pères, aussi malfaisants mais moins imbéciles, des mythologies païennes.

(Hector France, L’Avenir)

Mais, ce n’est fichtre pas une raison pour rapapilloter les bons bougres avec la séquelle des marchands d’injustice : ce n’est pas parce qu’un homme — de plus dure trempe que le plus dur acier — a su se conserver chouette dans cette pourriture, qu’il faudrait foutre au rancart la haine féconde qu’ont pour les jugeurs tous les gas l’attaque.

(Le Père Peinard)

Ranchets

France, 1907 : Pièces de fer ou de bois placées de chaque côté d’un chariot pour en retenir les échelles.

Rancké

Fustier, 1889 : Pièce de deux francs.

Randève

Hayard, 1907 : Rendez-vous.

Rang

d’Hautel, 1808 : Se mettre en rang d’ognons. Se mettre tout sur une seule ligne.
Mettre une chose au rang des oublis. Ne vouloir plus y penser, et en perdre le souvenir.

Delvau, 1866 : s. m. Armature de bois qui supporte toujours les casses, et quelquefois les ouvriers typographes.

Rang d’oignons

France, 1907 : Rangée d’objets ou de personnes en ligne.

Auprès de Saint-Sulpice, un spectacle odieux,
C’est l’exhibition des marchands de bons dieux,
Je suis chrétien, d’accord, mais non pas idolâtre,
Et j’ai pris en horreur ces bonshommes de plâtre,
Peints d’un rouge canaille ou d’un bleu de coiffeur :
La Vierge au cœur saignant et le divin Sauveur,
L’archevêque mitré, le martyr et sa palme,
Ils sont là tous, en rang d’oignons, l’air bête et calme,
Fixant sur vous des yeux par l’extase arrondis,
— Si c’était comme ça, pourtant, le paradis !

(François Coppée)

Ranger

d’Hautel, 1808 : C’est un garçon rangé… des voitures. Addition maligne et facétieuse, pour faire entendre qu’un homme ne mène pas une conduite bien régulière.

Rigaud, 1881 : Mettre en pâte, par ironie.

Lorsqu’un homme de conscience laisse échapper de ses mains un compartiment de casse, un paquet de distribution ou tout autre objet, les compagnons charitables ne manquent pas de s’écrier en appuyant sur le dernier mot : Ce n’est rien, c’est la conscience qui range

(Boutmy)

Boutmy, 1883 : v. a. Mettre en pâte. Ce mot est employé ironiquement et par antiphrase. Lorsqu’un homme de conscience laisse échapper de ses mains un compartiment de casse, un paquet de distribution ou tout autre objet, les compagnons charitables ne manquent pas de s’écrier, en appuyant sur le dernier mot : Ce n’est rien ; c’est la conscience qui range !

France, 1907 : Mot employé ironiquement et par antiphrase dans l’argot typographique pour signifier mettre en pâte, c’est-à-dire laisser tomber sa composition ou un paquet de caractères.

Lorsqu’un homme de conscience (Voir ce mot) laisse échapper de ses mains un compartiment de casse, un paquet de distribution ou tout autre objet, les compagnons charitables ne manquent pas de s’écrier, en appuyant sur le dernier mot : « Ce n’est rien, c’est la conscience qui range ! »

(Eugène Boutmy)

Ranger des voitures (se)

Rigaud, 1881 : Se retirer du monde des plaisirs. On dit encore : se retirer de la circulation. Cette dernière expression signifie également se marier.

France, 1907 : S’assagir, devenir prudent après ne l’avoir pas été. Même sens qu’acheter une conduite.

C’était à coup sûr une remarquable et très intelligente gaillarde, magistralement experte en son métier de fille galante, et fine mouche d’ailleurs et toutes sortes de choses, que Mlle Gisette, dite autrefois (par les voyous, ses congénères à Belleville) la Gaufre, dite plus tard (par les carabins au quartier Latin) la Ventouse, dite plus tard encore (par ses vis-à-vis à Élysée-Montmartre) la môme Jambe-de-Laine, de son vrai nom Delphine-Esther Giset, ex-trottin, ex-modèle, ex-verseuse de brasserie, ex-étoile de chahut, ci-devant patronne d’un « Plumes et Fleurs » à un entresol de la rue de la Lune, et présentement femme entretenue dans les grands prix, au sac, rangée des voitures, au point d’en avoir une à elle.

(Jean Richepin, Flamboche)

Rangraisser, rengracier

Halbert, 1849 : Se taire, renoncer.

Rangs

Boutmy, 1883 : s. m. pl. Tréteaux sur lesquels les casses sont placées. Un rang est disposé pour deux compositeurs.

Rantequé

France, 1907 : Déformation argotique de quarante.

Rap

Rossignol, 1901 : Le dos.

Rapapillotage, rapapiotage

France, 1907 : Réconciliation.

Souvent elles aimeront moins l’amant que l’amour, et, sachant par expérience que les rapapillotages ne valent pas mieux qu’un dîner réchauffé, elles se garderont bien, si elles sont lâchées par le second amant, de retourner au premier amant ; elles on prendront un troisième tout neuf, quitte à… passer la main à un quatrième, si le troisième ne fait pas l’affaire. C’est surtout pour la Parisienne qu’il est juste de dire que, s’il y a des femmes n’ayant pas d’amant, il n’y en a pas qui n’en ait eu qu’un.

(Colombine, Gil-Blas)

Rapapilloter

Virmaître, 1894 : Un ménage désuni se rapapillotte. Mot à mot : se raccommode. La chanson populaire dit : Je me rapapillote Avec Charlotte. (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Réconcilier.

Bougrement d’eau a coulé sous les ponts depuis que les républicains français, pour détourner les prolos de la Sociale, bouffaient du calotin à chaque repas et faisaient un battage des cinq cents diables avec l’anticléricalisme.
Oui, foutre, nous sommes loin de l’apostrophe de Gambetta à Romans : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » de la laïcisation à outrance, de l’article 7, du simulacre d’expulsion des jésuites qui, chassés par la porte, rentraient subito par la fenêtre, et de toutes les autres couillonnades gambettistes et ferrystes.
Aujourd’hui, ces beaux merles, curés et républicains à la flan, sont cul et chemise. La républicanaille qui a pris du ventre à exploiter jusqu’à la gauche le populo, et lui voyant — par-ci, par-là — des velléités de rouspétance, s’est rapapillotée avec les sacs à charbon qui, aucun bon bougre ne l’ignore, sont les maîtres abrutisseurs.

(Le Père Peinard, 1897)

Rapapilloteur

France, 1907 : Réconciliateur.

Rapapiotage

Rigaud, 1881 : Réconciliation. — Rapapioter, réconcilier. Rapapioteur, rapapioteuse, celui, celle, par l’entremise de qui s’est faite une réconciliation.

Rapapioter

France, 1907 : Réconcilier.

Les autoritaires veulent conserver ce qui existe et tenir le populo sous leur coupe. Ils varient bougrement de couleur des uns aux autres : des fois même, ils se chamaillent, — mais, en fin de compte ils se rapapiotent sur le dos des prolos.

(Almanach du Père Peinard, 1894)

Rapapioteur

France, 1907 : Réconciliateur.

Rapatriage

d’Hautel, 1808 : Réconciliation, oubli mutuel des erreurs et des torts.

Rapatrier

d’Hautel, 1808 : Raccommoder deux personnes brouillées.
Se rapatrier. Faire la paix, se réconcilier avec, quelqu’un, convenir réciproquement d’oublier ses torts.

Rapatrier (se)

Delvau, 1866 : Se réconcilier, — dans l’argot du peuple.

Rapatu

Halbert, 1849 : Morpion.

Rapatu, rapattu

France, 1907 : Pou ; argot des voleurs.

Rape

La Rue, 1894 : Dos.

Virmaître, 1894 : Le dos. Rape, avare.
— Il est dur comme la rape du menuisier.
C’est de rape qu’on a fait rapiat pour désigner les auvergnats, qui, comme on le sait n’attachent pas leur chien avec des saucisses (Argot des voleurs et du peuple). N.

Râpe

d’Hautel, 1808 : Donner de la râpe douce. Pour dire flatter, cajoler, caresser.

Delvau, 1866 : s. f. Le dos, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Dos et, principalement, dos de bossu, dos bombé en forme de râpe.

Rossignol, 1901 : Avare.

Il n’offre jamais rien, c’est une râpe.

Hayard, 1907 : Dos (le vrai mot est râble).

France, 1907 : Avare. Diminutif de rapiat. « Quelle sale râpe que ce vieillard ! »

France, 1907 : Dos. Il râpe les endroits où il s’appuie.

Râpé

d’Hautel, 1808 : Un habit râpé. Pour dire usé jusqu’à la trame, à profit.

France, 1907 : Pauvre dont la misère s’étale sur les vêtements. Râpé comme la Hollande, allusion au fromage de ce nom, que l’on râpe en place de gruyère ou de parmesan.

France, 1907 : Piquette, boisson obtenue en jetant de l’eau sur des fruits ou du marc de raisin.

Râpé (un)

Merlin, 1888 : Un officier sans fortune.

Râpé comme la Hollande

Rigaud, 1881 : Très minable. Allusion au fromage de Hollande râpé.

Rape d’orient

La Rue, 1894 : Diamant.

Râpe d’orient

France, 1907 : Diamant.

Râpée

France, 1907 : Coït.

Raper

La Rue, 1894 : Chanter mal.

Virmaître, 1894 : Chanter. Vieille expression de goguette pour qualifier un chanteur qui écorchait les oreilles de ses auditeurs. Mot à mot : il rapait sa chanson (Argot du peuple). N.

Râper

Rigaud, 1881 : Chanter. (L. Larchey) Et, principalement, chanter d’une manière monotone, ou chanter une chanson idiote, une chanson qui rappelle le bruit de la râpe.

France, 1907 : Chanter d’une voix rude et gutturale, écorcher les oreilles de ses auditeurs.

Rapere in jus

France, 1907 : Citer en justice. Locution latine.

Rapetasser

d’Hautel, 1808 : Des souliers rapetassés ; des habits rapetassés. Pour dire, raccommodés grossièrement.

Rapiat

Larchey, 1865 : Auvergnat, avide, avare. — D’Hautel (1808) fait venir ce mot de Rapiamus. — V. Flanelle.

Delvau, 1866 : s. m. Auvergnat, Savoyard. Même argot [des voleurs].

Delvau, 1866 : s. et adj. Cupide, avare, un peu voleur même, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Rapace. Le rapiat n’est pas précisément un voleur. Il aime l’argent, il ne néglige aucune occasion d’en gagner. Pour lui, il n’y a pas de petits profits. À la rapacité, il joint ordinairement l’avarice ; c’est alors le plus beau spécimen du genre, le superlatif de rat.

La Rue, 1894 : Rapace. Avare.

Rapiau

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Fouille, recherche. Faire le rapiau, chercher des objets volés.

Rapide (le)

Rigaud, 1881 : Train rapide sur les grandes lignes de chemins de fer. Le rapide marche un peu plus vite que l’express, sans plus d’accidents que les trains de banlieue.

Rapière

d’Hautel, 1808 : Épée de bretteur ; vieille et longue épée.

Rapin

Larchey, 1865 : « Ce joyeux élève en peinture qu’en style d’atelier on appelle un rapin. » — Balzac.

Delvau, 1866 : s. m. Mauvais peintre, — dans l’argot des bourgeois.

Rapiole

La Rue, 1894 : Fille publique.

Rapiot

Delvau, 1866 : s. m. Pièce mise à un habit ou à un soulier, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Rapiécetage, ravaudage.

La Rue, 1894 : Rapiécetage. Fouille des condamnés.

Rapioter

Larchey, 1865 : Rapiécer.

Monsieur, faites donc rapioter les trous de votre habit.

Mornand.

Delvau, 1866 : v. a. Rapiécer.

Delvau, 1866 : v. a. Fouiller, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Repriser, rapiécer, raccommoder, — dans le jargon des marchands fripiers et des savetiers.

Rigaud, 1881 : Fouiller un condamné, — dans le jargon des voleurs. Autrefois le mot s’appliquait à la visite pratiquée sur les condamnés en partance pour Toulon, Brest et Rochefort. — Le grand rapiot, c’était la visite préliminaire qu’on pratiquait sur les condamnés qui, à leur sortie de Bicêtre, étaient dirigés sur les bagnes.

Virmaître, 1894 : Fouiller dans les poches de quelqu’un. Ce devrait être dépioter puisque l’on le fouille dans l’intention de le dévaliser. Cette expression est néanmoins employée par les voleurs. Les ouvriers tailleurs sont plus logiques. Pour rapiécer (mettre une pièce), ils disent rapioter (Argot des voleurs et des tailleurs).

Rapioteur

La Rue, 1894 : Ravaudeur. Rapioter, ravauder.

Rapioteur, rapioteuse

Rigaud, 1881 : Raccommodeur, raccommodeuse de vieilles hardes.

Georges Cadoudal, avant son arrestation, avait trouvé asile chez une jeune rapioteuse du Temple.

(F. Mornand, La Vie de Paris.)

Rapiquer

Delvau, 1866 : v. n. Revenir quelque part, retourner à quelque chose. Argot des faubouriens. On dit aussi et mieux Rappliquer.

Rapliquer

M.D., 1844 : Venir souvent.

M.D., 1844 : Arriver.

Rapointi

Rigaud, 1881 : Maladroit. — Souffre-plaisir des émigrés de Gomorrhe, — dans le jargon des ouvriers du fer ; par réminiscence des déchets de fer nommés rapointis de ferraille.

La Rue, 1894 : Homme sans valeur ou de mœurs innommables.

Rappeler

d’Hautel, 1808 : Il ne rappelle pas son buveur. Se dit du vin qui n’est pas potable ; qui ne vaut rien ; et, par extension, d’une personne dont la figure n’a rien d’engageant, rien d’aimable.
On dit aussi, dans un sens affirmatif et opposé, Il rappelle son buveur, etc.
Se rappeler. Ce verbe veut toujours un régime direct ; c’est donc une faute que de dire, comme le font beaucoup de gens, vous rappelez-vous de cette histoire ? oui, je m’en rappelle. Vous rappelez vous cette histoire, dites, je me la rappelle.

Rappiller (se)

La Rue, 1894 : Se sauver.

Rappliquer

Clémens, 1840 : Revenir.

Larchey, 1865 : Revenir (V. Flacul), Répliquer (V. Suage).

Rigaud, 1881 : Retourner, revenir, rentrer. Rappliquer à la taule, rentrer à la maison.

Merlin, 1888 : Arriver, revenir. — On rapplique à la caserne, à l’exercice, à la soupe, etc.

La Rue, 1894 : Retourner, revenir.

Virmaître, 1894 : Revenir.
— Depuis huit jornes que je suis en bordée, je rapplique à la piaule, mince de suif à la clé (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Venir, aller, se rendre.

Hayard, 1907 : Revenir.

Rappointis

Virmaître, 1894 : Morceau de fer pointu, forgé par un apprenti. On appelle ainsi les chétifs (Argot du peuple). V. Avorton. N.

Hayard, 1907 : Vieux outils.

Rapporteur

Delvau, 1866 : s. m. Élève qui dénonce ses camarades au maître. Argot des écoliers.

Raquer

Rossignol, 1901 : Payer. « Quel est celui de nous qui va raquer la dépense ? » Celui qui a été condamné a raqué.

Hayard, 1907 : Payer.

anon., 1907 : Payer.

Raquette

d’Hautel, 1808 : Un casseur de raquettes. Un fanfaron, un fat, qui fait le brave et le vigoureux.
On appelle aussi une épaule de mouton, une raquette.

Rareté

d’Hautel, 1808 : Pour la rareté du fait. C’est-à-dire, pour la singularité de la chose.

Rarissime

d’Hautel, 1808 : Pour dire, extrêmement rare.

Rasé

Clémens, 1840 : Curé, prêtre.

Rase-pet

Hayard, 1907 : Veste.

Raser

Larchey, 1865 : Railler. Jadis on disait faire la barbe.

Pour aviser au moyen de faire la barbe à la municipalité de Paris.

1793, Hébert.

On a commencé à dire des blagueurs. Aujourd’hui, on dit des raseurs.

Gazette de Paris.

Delvau, 1866 : v. a. Ennuyer, être importun, — comme le sont ordinairement les barbiers, gens qui se croient obligés, pour distraire leurs pratiques sur la sellette, de leur raconter des fariboles, des cancans, des anas aussi vieux que Mathusalem. Argot du peuple et des gens de lettres. On disait il y a cent ans : Faire la barbe.

Rigaud, 1881 : Ennuyer. — Railler. — Ruiner.

Elle s’est essayée sur le sieur Hulot qu’elle a plumé net, oh ! plumé, ce qui s’appelle rasé.

(Balzac, La Cousine Bette.)

Rigaud, 1881 : Enlever à ses camarades une vente, faire une vente au préjudice d’un camarade, — dans le jargon des commis de la nouveauté. C’est une variante moderne de faire la barbe.

Rigaud, 1881 : Blaguer, conter des bourdes, — dans l’argot des marins.

La Rue, 1894 : Ennuyer, importuner. Railler.

Rossignol, 1901 : Ennuyer quelqu’un en lui causant, c’est le raser ; on dit aussi barber.

Raseur

Larchey, 1865 : « Le raseur est l’individu qui croit vous intéresser infiniment par le récit des choses les plus ennuyeuses dont sa mémoire est ornée. — Une fois qu’il tient votre bras, le raseur ne vous quitte plus. » — A. Scholl, 1853.

Rigaud, 1881 : Commis en nouveautés qui procède comme il est indiqué ci-dessus.

Virmaître, 1894 : Être ennuyeux, qui vous raconte des riens pendant des heures entières (Argot du boulevard). V. Crampon.

Rossignol, 1901 : Voir raser.

Hayard, 1907 : Bavard ennuyeux.

Raseur, rasoir

Rigaud, 1881 : Bavard, importun, ennuyeux personnage qui vous tanne, qui produit sur les nerfs l’effet que produit sur la peau un rasoir ébréché.

La Rue, 1894 : Personnage ennuyeux, importun.

Raseuse

Rigaud, 1881 : La femelle du raseur. — Femme qui importune ses anciens amants par des demandes incessantes d’argent.

Rasi

M.D., 1844 : Curé.

Rasibus

d’Hautel, 1808 : Pour dire, tout près, tout contre.
Le coup lui passa au rasibus du nez. Pour dire, tout près du nez.

Delvau, 1866 : prép. Tout près, tout contre, au ras, — dans l’argot du peuple.

Rasoir

d’Hautel, 1808 : Il coupe comme un rasoir. Se dit d’un instrument tranchant qui est habile à la coupe.

Delvau, 1866 : s. m. Homme ennuyeux. Rasoir anglais. Le plus ennuyeux, — les rasoirs qui viennent de Londres ayant la réputation d’être les plus coupants du monde. On dit aussi Raseur.

Rasoir !

Delvau, 1866 : Exclamation de la même famille que Des navets !

Rasoir (faire)

Rigaud, 1881 : N’avoir plus un sou.

Car tu n’as rien, ça fait rasoir.

(Riche en gueule ou le nouveau Vadê, 1824.)

Rasoir (main, banque)

Rigaud, 1881 : Main qui, à la faveur d’une interminable série de coups heureux, enlève l’argent des pontes ou celui du banquier comme un bon rasoir enlève le poil.

Les banques rasoirs, comme il les appelait, tombaient toujours entre les mêmes mains.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

Rasoir de la cigogne

Rigaud, 1881 : Guillotine. La variante est : Rasoir à Roch. M. Roch était encore en 1879 l’exécuteur des hautes œuvres.

Rasoir national

Delvau, 1866 : s. m. La guillotine, — dans l’argot des révolutionnaires de 1793. Passer sous le rasoir national. Être exécuté.

Raspail

Larchey, 1865 : Liqueur de Raspail, eau-de-vie.

Ami, prends un sou de raspail,
Pour rincer de tes dents l’émail.

La Maison du Lapin blanc, typ. Appert.

Rigaud, 1881 : Liqueur au camphre fabriquée d’après la recette de Raspail.

Rassembler (se faire)

Fustier, 1889 : Argot militaire. Se faire réprimander, punir.

Rassis

Rigaud, 1881 : Gâteau rassis, pâtisserie de la veille. Les rassis se vendent au rabais, le quart, environ, de la pâtisserie du jour ; quelquefois le même prix ; alors l’acheteur est volé.

Rassoter

d’Hautel, 1808 : Être rassoté. Pour dire, être impatienté, ennuyé, dégoûté de quelqu’un ; être rassasié de quelque chose ; en avoir par-dessus les yeux :telles sont les acceptions que le vulgaire donne habituellement à ce verbe.
Je suis rassoté de cet homme. Pour j’en suis impatienté, ennuyé.
Je suis rassoté de ce mets. Pour dire, dégoûté, rassasié.

Rastaquère

Rigaud, 1881 : Étranger et principalement Brésilien en toilette riche et de mauvais goût, — dans le jargon des boulevardiers.

Il y avait à côté d’elle un gros monsieur, à cravate voyante, avec des gants de peau de chien extravagants, et couvert de bijoux. Ses cheveux noir-bleu frisaient sous un chapeau gris qui faisait paraître encore plus basanée la figure de son possesseur. C’était un rastaquère de la plus belle eau.

(Vicomte Richard, Les Femmes des autres.)

Rastaquouère

La Rue, 1894 : Aventurier d’origine équivoque venu à Paris pour faire le plus souvent des dupes.

Rat

d’Hautel, 1808 : Pour caprice, fantaisie.
Il a autant de rats qu’un chat a de puces. Se dit d’un homme pétri de caprices et de fantaisies.
On dit d’une arme à feu, qu’Elle a un rat, quand le chien s’est abattu sans faire prendre l’amorce ; on le dit aussi d’une serrure mêlée, que l’on ne peut ouvrir qu’après avoir tourné la clef mainte et mainte fois.
Un nid à rats. Un taudis, un logement étroit, sale et obscur.
Une queue de rat. Se dit par raillerie de la queue d’un homme, ou d’un cheval, petite et peu garnie.
Il n’est pas plus haut qu’un rat. Se dit par mépris d’un homme de très-petite taille, qui se fourre partout, se mêle de toutes les affaires, et fait le fanfaron et le méchant.
Être comme rat en paille. Nager dans l’abondance ; être à bouche que veux-tu.
Prendre des rats par la queue. Filouter, couper des bourses.
Mon rat. Nom flatteur et caressant que l’on donne par amitié à un jeune homme ou à une jeune fille.

Larchey, 1865 : Caprice, fantaisie trottant comme un rat dans la cervelle. V. d’Hautel, 1808.

Larchey, 1865 : Bougeoir, bougie mince et tortillée dont le brin rappelle la queue du rat.

Je vous demanderai la permission d’allumer mon rat.

H. Monnier.

Larchey, 1865 : Avare, pauvre.

Je vous dénonce mon propriétaire qui est un rat fini.

Bertall.

Larchey, 1865 : « Petits pégriots qui se cachaient à la brune sous un comptoir afin d’ouvrir la nuit la porte du magasin à leurs collègues. Il paraît qu’on ne fermait qu’au pène les boutiques dans ce temps-là. Aujourd’hui le rat qui restera en vedette chez un marchand de vin aurait besoin de ses amis du dehors pour le délivrer. » — A. Monnier.

Larchey, 1865 : « Le rat est un des éléments de l’Opéra, car il est à la première danseuse ce que le petit clerc est au notaire… — Le rat est produit par les portiers, les pauvres, les acteurs, les danseurs. Il n’y a que la plus grande misère qui puisse conseiller à un enfant de huit ans de livrer ses pieds et ses articulations aux plus durs supplices, de rester sage jusqu’à dix-huit ans uniquement par spéculation et de se flanquer d’une horrible vieille comme vous mettez du fumier autour d’une jolie fleur… — Un rat à onze ans est déjà vieux. Dans deux ans elle peut valoir 60 000 francs, être rien ou tout, un nom célèbre ou une vulgaire courtisane. »

Roqueplan. 1841.

Larchey, 1865 : « Cette expression s’applique à tout retardataire de l’École polytechnique. Quiconque après son examen de sortie est exclu par son rang des ponts et chaussées est rat de ponts ; le rat de soupe est celui qui arrive trop tard à table. »

La Bédollière.

Delvau, 1866 : s. m. Retardataire, — dans l’argot des Polytechniciens. Rat de ponts. Celui qui, après son examen de sortie, est exclu par son rang des Ponts-et-Chaussées. Rat de soupe. Celui qui arrive trop tard au réfectoire.

Delvau, 1866 : s. m. Petite fille de sept à quatorze ans, élève de la danse qui est à la première danseuse ce que le saute-ruisseau est au notaire, et qui devient bien plus facilement célèbre comme courtisane que comme rivale de Fanny Essler. Le mot date de la Restauration, quoique quelques personnes — mal informées — lui aient donné, comme date, 1842, et comme père, Nestor Roqueplan.

Delvau, 1866 : s. m. Petit voleur qui entre dans une boutique un peu avant sa fermeture, se cache sous le comptoir en attendant que les maîtres du logis soient couchés, et, lorsqu’il est assuré de l’impunité, ouvre la porte à ses complices du dehors. On dit aussi Raton. Courir le rat. Voler la nuit dans une auberge ou dans un hôtel garni.

Delvau, 1866 : s. m. Caprice, — dans l’argot du peuple, qui dit cela aussi bien à propos des serrures qui ne vont pas que des gens qui font mauvaise mine. Autrefois, Avoir des rats c’était « avoir l’esprit folâtre, bouffon, étourdi, escarbillard, farceur et polisson ».

Delvau, 1866 : s. m. Bougie cordelée et repliée de façon à tenir dans la poche. On l’appelle aussi, rat de cave.

Delvau, 1866 : s. et adj. Avare ; homme intéressé.

Rigaud, 1881 : Retardataire, par apocope, — dans le jargon de l’École Polytechnique. On est rat, lorsqu’on a raté (manqué) l’heure de la rentrée.

Rigaud, 1881 : Avare. Parce qu’à l’exemple du rongeur de ce nom il rogne tout ce qu’il peut.

Rigaud, 1881 : Apprentie danseuse à l’Opéra.

Le vrai rat, en leur langage, est une petite fille de sept à quatorze ans, élève de la danse, qui porte des souliers usés par les autres, des châles déteints, des chapeaux couleur de suie, se chauffe à la fumée des quinquets, a du pain dans ses poches et demande dix sous pour acheter des bonbons.

(N. Roqueplan.)

La Rue, 1894 : Avare. Petit voleur. Retardataire. Apprentie danseuse à l’Opéra.

Rat (courir le)

Rigaud, 1881 : Voler la nuit, dans les maisons meublées, dans les hôtels garnis.

Virmaître, 1894 : Voler la nuit. Allusion au chat qui ne sort que la nuit pour chasser le rat, excepté qu’ici il faut retourner le fait, c’est le rat qui chasse le chat — le passant (Argot des voleurs). N.

Rat de cave

Delvau, 1866 : s. m. Employé de la régie, — dans l’argot des marchands de vin V. Rat.

Rat de palais

Virmaître, 1894 : Clerc d’huissier qui attend les malheureux avant l’audience des référés pour accrocher une pièce de cent sous. Hommes d’affaires véreux qui passent leur existence dans la salle des Pas-Perdus à la recherche d’un imbécile. Rat de palais, en un mot tous les rongeurs qui rongent les plaideurs (Argot du peuple). N.

Rat de prison

Halbert, 1849 : Avocat.

Larchey, 1865 : Avocat. — Allusion aux visites qu’il rend aux prisonniers.

Delvau, 1866 : s. m. Avocat, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Avocat.

La Rue, 1894 : Avocat.

Virmaître, 1894 : Avocat. Allusion à ce que ces messieurs grignottent à belles dents l’argent, des prisonniers qui ont besoin de leurs services. Sangsue serait plus juste que rat (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Avocat.

Rat, raton

Rigaud, 1881 : Petit voleur, voleur de petite taille, enfant dressé au vol. C’est le rapin du voleur. L’exiguïté de sa taille le rend très utile dans certaines expéditions. Elle lui permet de se faufiler par les toits de cheminées, et de frayer la route aux filous de toutes les tailles.

Rata

Larchey, 1865 : Abréviation de ratatouille.

Pour le rata : faites bouillir de l’eau, prenez des pommes de terre, jetez le légume choisi dans la bassine, ajoutez 3 kilogr. de lard par cent hommes, remuez et servez.

La Bédollière.

Delvau, 1866 : s. m. Ragoût de pommes de terre et de lard, — dans l’argot des troupiers.

Rigaud, 1881 : C’est le ragoût servi aux troupiers les jeudis et les dimanches ; pour ratatouille, mauvais ragoût. Rata aux pommes, ragoût aux pommes de terre que les restaurateurs des grands boulevards appellent pompeusement : « Un navarin », et qu’ils font payer en conséquence.

Merlin, 1888 : Ragoût composé de toute espèce de viande et légumes.

Ratafia de grenouilles

Rigaud, 1881 : Eau, — dans le jargon des ivrognes.

Ratafiat de grenouille

Delvau, 1866 : s. m. L’eau, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Anisette de barbillon et Bourgogne de cheval.

Ratapiaule

Rigaud, 1881 : Raclée.

Evidemment la perspective d’une ratapiaule vous fera ch…anceler dans vos calintes.

(L’art de se conduire dans la société des pauvres bougres.)

Ratapoil

Delvau, 1866 : s. et adj. Partisan quand même du 1er Empire et admirateur aveugle de l’empereur Napoléon.

Rigaud, 1881 : Type du vieux soldat du premier Empire. — Vieux soldat qui a conservé le culte des Napoléon et perdu, le plus souvent, au moins un membre.

Ratatiné

d’Hautel, 1808 : Une mine ratatinée. Pour dire, un visage ridé, fané, comme l’est ordinairement celui d’un vieillard.

Ratatouille

Delvau, 1866 : s. f. Mauvais ragoût, plat manqué.

Delvau, 1866 : s. f. Coups donnés ou reçus.

Rossignol, 1901 : Se battre est se flanquer une ratatouille.

Rossignol, 1901 : Mets mal préparé.

Ratatouille (en recevoir une)

Virmaître, 1894 : Être battu.
— Je vais te foutre une ratatouille, numéro un.
On dit également :
— Je vais te tremper une soupe (Argot du peuple). N.

Ratatout

Rigaud, 1881 : Atout redoublé. Jouer cœur atout, et ratatout.

Rate

d’Hautel, 1808 : Prends garde de te fouler la rate. Se dit par raillerie à un fainéant, à un homme nonchalant et paresseux, qui fait tout avec une extrême lenteur.
S’épanouir la rate. Se réjouir ; se donner du bon temps ; rire à gorge déployée.
Vous avez bon foie, Dieu vous sauve la rate. Se dit par raillerie à ceux qui tiennent des discours ridicules et peu vraisemblables.

Raté

Virmaître, 1894 : Manquer une affaire, rater un coup… de fusil, un examen. D’un homme petit, on dit : il est raté. En littérature, en musique, en peinture, une œuvre est ratée lorsqu’elle est incomplète. Un homme qui donnait de belles espérances et qui n’arrive à rien est un raté. En un mot, raté se dit de tout ce qui n’est pas bien (Argot du peuple).

Rateau

Rigaud, 1881 : Agent de police, — dans le jargon des camelots.

Virmaître, 1894 : Agents de police. Ils ratissent les voleurs (Argot des voleurs).

France, 1907 : Gendarme, agent de police ; ils ratissent les voleurs.

France, 1907 : Prostituée ; elle ratisse les poches des clients. Argot faubourien.

France, 1907 : Prêtre. Abréviation de ratichon. Voir ce mot.

Crevons d’coups de marteaux
La Sorbonne aux rateaux.

(Chanson des Casquettes noires)

Râteau

Fustier, 1889 : Gendarme, agent, dans l’argot des malfaiteurs.

Le terme est nouveau ; veuillez ne pas l’oublier et remarquer toute la justesse de l’expression. L’agent de police en effet nous ratisse et nous englaise dans la piaule.

(A. Belot : Le Roi des Grecs).

Faut suriner les pantres
À coups d’couteaux dans le ventre
Et crever d’coups d’marteaux
La cervelle aux râteaux.

(Chanson, 1884)

La Rue, 1894 : Gendarme. Agent. Prêtre.

Rossignol, 1901 : Agent de police.

Sauvons-nous, v’là les râteaux.

Râteaux parce qu’ils râtissent, (prennent). Un peigne est aussi un râteau.

Rateau (faire son, faire du)

Rigaud, 1881 : Faire, comme punition, un service supplémentaire à l’expiration des vingt-huit jours que, chaque année, les réservistes doivent à l’État, — dans le jargon des soldats de la réserve. C’est la variante de faire du rabiau.

Ratelée

d’Hautel, 1808 : Dire sa ratelée. Dire à son tour librement et franchement tout ce qu’on sait, tout ce qu’on pense de quelqu’un ou de quelque chose.

France, 1907 : Récit, conte, bavardage. Vieux français.

Petits et grands remplis de joye,
Portèrent leur nez hors de Troie
Et visitèrent les quartiers
Dont ils se pensaient héritiers.
On s’entr’apprend, on s’entremontre :
Ici se fit un tel rencontre,
Et là se fit un tel combat,
Chacun bien du païs y bat,
Chacun y dit sa ratelée.

(Scarron, Virgile travesti)

Ratelier

d’Hautel, 1808 : Manger à plus d’un ratelier. Tirer du profit de plusieurs emplois.
Mettre le ratelier trop haut à quelqu’un. Lui rendre une chose si difficile, qu’il ne puisse y réussir qu’avec beaucoup de peine.

Rater

d’Hautel, 1808 : Pour dire échapper l’occasion, manquer son coup, ne pouvoir venir à bout de quelque chose. On le dit aussi en parlant d’une arme à feu dont l’amorce n’a pas pris.

Delvau, 1866 : v. a. Échouer dans une entreprise, manquer une affaire, — amoureuse ou autre. Argot du peuple. Rater une femme. Ne pouvoir réussir à s’en faire aimer après l’avoir couchée en joue.

Hayard, 1907 : Manquer une affaire.

France, 1907 : Manquer. Rater une affaire, une bonne occasion, une fête.

Voilà la fête que l’on rate,
Bourgeois, dis-moi si cela vaut
L’ennui de se fouler la rate ?
C’est usé, bête et pas nouveau.
Aussi, je me suis bien promis
De fuir le temple et ses prêtresses ;
N’avons-nous pas de bons amis
Dont les femmes sont nos maîtresses ?

(Jacques Rédelsperger)

Rater une femme, rester impuissant près d’elle. Rater l’avortement, accoucher en dépit des drogues et des pratiques criminelles.

Alors des parents en détresse
Au préfet content, gémissants,
Qu’un vieux monsieur fit sa maîtresse
De Nana qui n’a pas quinze ans,
On crie au feu, c’est la coutume,
Quand déjà la flamme est partout ;
L’enfant écuma le bitume,
Quand on s’aperçut tout à coup
De sa démarche irrégulière
Et de son ventre ballonnant :
Elle avait suivi la filière.
Sa mère dit : « c’est étonnant ! »
Mais l’enfant, que rien n’intimide,
Expliqua que, tout simplement :
« Il vous reste l’infanticide,
Si l’on rate l’avortement. »

(Pontsevrez)

Rater une femme

Delvau, 1864 : Ne pouvoir bander assez raide au moment suprême où la femme, pamée et déjà délirante dans l’attente de la félicité promise, ouvre les cuisses et ferme les yeux.

Non, mais tout de bon, je vous rate… Vous n’êtes puisqu’une comtesse ratée.

La Popelinière.

Je rate, hélas ! également,
Le poisson, ma belle et ma muse.

Béranger.

Delvau, 1864 : La baiser, en égoïste, et sans la faire jouir.

Quand je la baise, ma femme
S’obstine à ne pas bouger…
Comment faut-il de cela,
Punir cette ingrate-là ?
— Rate-la !

Aug. Gilles.

Rateur

Delvau, 1864 : Homme qui a plus grands yeux que grosse pine et qui reste en affront devant la femme qui l’attend, cuisses ouvertes, fesses frémissantes.

Quand il fait le séducteur,
Sur mon honneur ! ça me vexe :
Car à l’endroit du beau sexe
Il n’est pas à d’mi rateur.

Jules Poincloud.

Ratiboisé

Rigaud, 1881 : Ruiné.

J’ai fait faillite comme un vrai commerçant ; ratiboisé, ma chère.

(Huysmans, Marthe)

Virmaître, 1894 : Plus le sou.
— Je n’ai plus le sou, je n’ai plus de crédit et pas envie de bien faire, je suis ratiboisé (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Décavé, sans le sou.

France, 1907 : Ruiné.

— J’ai fait faillite comme un vrai commerçant ; ratiboisé, ma chère.

(Huysmans)

Ratiboiser

Rossignol, 1901 : Prendre, voler.

France, 1907 : Prendre.

C’est épatant c’qu’il ratiboise
Avec un chic particulier,
Et sans qu’on puiss’ lui chercher noise,
Car il est à l’œil, le fourrier.

(Griolet)

Y a pas de bon bougre qui, baguenaudant sur les boulevards, n’ait une fois ou l’autre reluqué des prolos en train d’opérer la transplantation des arbres en les collant sur un chariot spécial.
C’est un turbin cotonneux et bougrement dangereux, — aussi est-il moins payé que le préfet de la Seine.
Il y a quelque temps, des prolos employés à ce boulot recevaient vingt sous d’indemnité. C’était fichtre pas volé ! Eh bien, les grosses légumes viennent de ratiboiser ces vingt ronds.
Dam’, faut faire des économies, — sur le dos des petits !

(Père Peinard)

Ratiboiseur de cabot

Virmaître, 1894 : Voleur de chiens. C’est une industrie toute spéciale, elle est florissante au printemps quand les chiennes sont amoureuses. Les chiens une fois volés, sont tondus, maquillés pour les rendre méconnaissables, puis expédiés en Angleterre à une association affiliée aux voleurs parisiens. Ce vol est des plus simples, il faut être deux pour l’accomplir. Pendant que l’un fait la cour à la bonne qui promène Tom ou Mirza, le complice profite de son inattention, il enlève le cabot (Argot des voleurs). N.

Ratiboiseur de landau à baleines

Virmaître, 1894 : Voleur de parapluies. On les nomme aussi des ratiboiseurs à l’échange. Le voleur entre dans un grand café, il a un mauvais parapluie à la main, il le place au porte-parapluie, au milieu des autres. Il s’assied à côté pour guigner de l’œil le plus beau, il paye sa consommation, se lève sans affectation en emportant le parapluie sur qui il a jeté son dévolu. Si l’on s’aperçoit de l’échange, il s’excuse de s’être trompé, puis s’en va tranquillement. Il est rare que ce vol ne réussisse pas (Argot du peuple). N.

Ratiche

Rigaud, 1881 : Église, — dans le jargon des voleurs. — Blaireau de ratiche, goupillon. — Calot à blaireau, donneur d’eau bénite ; calot est pour calotin.

La Rue, 1894 : Église.

France, 1907 : Église. Blaireau de ratiche, goupillon.

Ratichon

anon., 1827 : Abbé, prêtre.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Prêtre.

Bras-de-Fer, 1829 : Abbé, prêtre.

Clémens, 1840 : Aumônier.

M.D., 1844 : Prêtre.

un détenu, 1846 : Prêtre, curé.

Halbert, 1849 : Peigne.

Delvau, 1866 : s. m. Peigne, — dans l’argot des faubouriens.

Delvau, 1866 : s. m. Abbé, prêtre, — dans l’argot des voyous et des voleurs. Serpillière de ratichon. Soutane de prêtre. On dit aussi Rasé ou Rasi.

Rigaud, 1881 : Peigne. Le peigne a la forme d’un râteau, et c’est en effet le râteau de ce gazon qu’on nomme la chevelure.

La Rue, 1894 : Peigne. Prêtre.

Virmaître, 1894 : Curé. Ratichon est un mot ancien. On le trouve dans Olivier Chéreau à propos des Arche-Suppots chargés de réformer le langage, mais là, il n’est pas pris dans le sens de prêtre (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Curé.

Hayard, 1907 : Prêtre.

France, 1907 : Prêtre. Serpillière de ratichon, soutane.

Chez nous, si un prêtre à qui nous aurions refusé d’acheter des parts du Paradis s’amusait à nous excommunier, nous nous en tiendrions les côtes. À Madrid, où le catholicisme est plus fort que la loi et où le lieutenant de gendarmerie Portas tenait un crucifix d’une main, tandis que de l’autre il brûlait, avec un tisonnier rougi au feu, les chairs des prisonniers de Montjuich, le ministre des finances espagnoles — une sinécure — est bien obligé de prendre ou tout au moins d’avoir l’air de prendre au sérieux l’anathème que lui adresse l’impudent ratichon.

(Rochefort)

France, 1907 : Peigne. Ratichon, en ce sens, a la signification de petit rateau.

anon., 1907 : Curé.

Ratichon, rasé, raze, razi

Larchey, 1865 : Prêtre. — Mot à mot : ratissé, rasé. — Allusion à sa tonsure et à sa figure rosée. V. Momir.

Ratichonné

Halbert, 1849 : Peigné.

Ratichonner

Delvau, 1866 : v. a. Peigner.

Rigaud, 1881 : Peigner.

France, 1907 : Peigner.

France, 1907 : Voler les troncs dans les églises.

Ratichonnesque

France, 1907 : Qui tient de l’église, du prêtre.

En plus, c’était les Rogations, la traditionnelle chienlit ratichonnesque à travers la cambrousse, pour la prétendue bénédiction de la récolte et des bicoques ; une réminiscence pure des dimes du « bon vieux temps » que le cul-terreux a tant dans le nez.

(Le Père Peinard)

Ratichonnière

Delvau, 1866 : s. f. Église.

Rigaud, 1881 : Communauté religieuse.

France, 1907 : Séminaire, couvent, monastère, église.

Il sortait comme moi de la grande ratichonnière, comme disent les faubouriens, et pas plus que moi n’avait à se louer des hauts mandarins de Saint Sulpice.

(Les Confessions de l’abbé Ledru)

Ratier

d’Hautel, 1808 : Pour dire fantasque, bizarre, capricieux. On dit aussi ratière au féminin.

France, 1907 : Ouvrier tailleur qui travaille chez lui la nuit.

Ratière

France, 1907 : Jeu de hasard où le tenancier gagne toujours. Il se compose d’une boîte en bois, percée d’une ouverture et de sept billes, trois rouges, trois noires et une blanche. Un petit carton où sont trois chevaux correspond.

— Écoute voir, c’est Panpan qui nous montre une ratière de son invention pour duper les retours de course qui jouent la consolation en chemin de fer.

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

Ration de la ramée

Halbert, 1849 : Nourriture de la prison.

France, 1907 : Nourriture de prison.

Ratisse

d’Hautel, 1808 : Pour dire gamme, correction, volée de coups de bâton.
On lui a donné une bonne ratisse ; il a reçu une fameuse ratisse. Se dit d’une personne qui a été fortement réprimandée ; corrigée ; maltraitée.

Ratissé

Rigaud, 1881 : Joueur qui a perdu son argent au jeu. Celui dont la poche a été ratissée par le râteau du croupier. Être ratissé jusqu’au dernier sou. La variante est : Ratiboisé.

Fustier, 1889 : Gandin, fashionable. Ç’a été le nom à la mode en 1885 pour désigner le continuateur du poisseux, du genreux.

Les jeunes ratissés (le terme est nouveau pour dire gommeux ou petit crevé), les ratissés ont couru et courent encore, comme un seul homme, lorgner, applaudir, rappeler La Goulue et Grille d’Égout… Pourquoi les ratissés ? Est-ce parce que le jeu, le baccarat, les petits-chevaux des bords de la mer ou les steeple-chases leur vident à la fois la bourse et la cervelle et les ratissent comme le râteau du croupier ? Est-ce au contraire parce que le coiffeur sue sang et eau à les épiler, les coiffer, les brosser et leur ratisse les favoris, la moustache et la chevelure (quand ils en ont), comme le jardinier ratisse les allées d’un jardin bien entretenu ?
Je n’en sais rien ; le fait est que les petits crevés sont devenus les ratissés.
Le ratissé a son féminin : la ratissée. Et je m’imagine qu’aussi bien que le croupier, la ratissée ratisse le ratissé. Le nouveau nom doit venir de là.

(Illustration, octobre 1885.)

Ratisser

d’Hautel, 1808 : Recevoir une ratisse.
Il a été joliment ratissé. Se dit d’un homme qui, engagé dans une batterie, et n’étant pas le plus fort, en a reçu tous les coups.
Se ratisser la couenne. Pour se raser le visage, se faire la barbe.
Je t’en ratisse. Pour dire, ce n’est pas pour toi, tu n’en auras pas ; cette locution équivaut à je t’en ponds, je t’en casse, etc.

Delvau, 1866 : v. a. Prendre, chiper, — dans l’argot des faubouriens. Se faire ratisser. Se laisser duper, ou voler, ou gagner au jeu.

Rigaud, 1881 : Gagner tout l’argent de quelqu’un au jeu, le dépouiller, le laisser sans un sou.

Madame Zéphyrin qui les ratissait chaque fois.

(Vast-Ricouard, Le Tripot)

La Rue, 1894 : Prendre, chiper. Gagner tout l’argent au jeu. Évincer.

Virmaître, 1894 : Voler, retourner la poche d’un individu, le ratisser avec autant de soin que le jardinier en met à ratisser ses allées (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Prendre, voler.

France, 1907 : Prendre, rafler. Se faire ratisser, perdre son argent. Je t’en ratisse, je me moque de toi, tu n’en auras pas. Allusion à l’usage de passer un morceau de bois sur la surface d’une mesure de grains pour enlever tout ce qui dépasse, ce qui s’appelle ratisser. Lorsque la mesure est vide, c’est une dérision de passer le morceau de bois. Les Romains disaient : abstergere mensuram vacuam, racler la mesure vide. Et ils passaient par moquerie l’index d’une main sur l’index de l’autre.

Ratisser (en)

Delvau, 1866 : v. a. Se moquer de quelqu’un, — dans l’argot du peuple. On n’emploie guère ce verbe qu’à la première et à la troisième personne de l’indicatif présent.

Ratisser la terrasse

France, 1907 : Coiffer, peigner.

Ratisser le bas des reins avec une brique

Virmaître, 1894 : Ce n’est guère récréatif, c’est pourtant ce que l’on dit aux personnes qui s’ennuient.
— Ah ! comme je m’ennuie.
— Ratissez-vous le bas des reins avec une brique.
Ou bien encore :
— Râclez-vous les os des jambes avec un tesson de bouteille (Argot du peuple).

Ratisseuse de colabres

France, 1907 : Guillotine.

Ratisseuse de colabres (la)

Rigaud, 1881 : La guillotine. Mot à mot : celle qui ratisse les cous.

Raton

d’Hautel, 1808 : Diminutif de rat. Nom flatteur et caressant que l’on donne à un petit enfant.

Delvau, 1866 : s. m. Petit voleur.

Virmaître, 1894 : Apprenti voleur qui s’introduit par l’imposte dans une boutique et se cache dans un coin. Quand tout bruit a cessé, il ouvre la porte à son complice (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Celui qui commet le vol au radin.

France, 1907 : Jeune voleur ; argot des voleurs. Voir Rat.

Rats (avoir des)

Rigaud, 1881 : Être de mauvaise humeur, — dans le jargon du peuple.

Rattrapage

Delvau, 1866 : s. m. Fin de la copie donnée à un typographe. Il est tenu de composer (on dit rattraper) jusqu’au nom de son camarade écrit sur la copie suivante.

Rigaud, 1881 : Compensation.

Rattraper

d’Hautel, 1808 : Bien fin qui m’y rattrapera. Pour, je ne risquerai plus de pareille chose, je ne m’exposerai plus à de semblables aventures.

Ravage

Delvau, 1866 : s. m. Débris métalliques volés.

France, 1907 : Ferraille ; argot des voleurs.

Ravager

Rigaud, 1881 : Voler du linge dans un lavoir public.

France, 1907 : Voler le linge dans les lavoirs publics ; argot des voleurs.

France, 1907 : Recueillir les épaves d’une rivière.

Ravageur

Delvau, 1866 : s. m. Dragueur à la main, qui exploite les bords de la Seine au-dessous de Paris avec l’espérance d’y faire des trouvailles heureuses. Les ruisseaux de Paris avaient aussi, il y a une vingtaine d’années, leurs ravageurs, pauvres diables à l’affût de toutes les ferrailles que charriait la pluie.

Rigaud, 1881 : Voleur de linge dans un lavoir public, sur les bateaux-lavoirs.

Rigaud, 1881 : Ramasseur d’épaves rejetées par la Seine. Autrefois, lorsque les rues de Paris n’avaient qu’un seul ruisseau au milieu, les ravageurs y exerçaient leur industrie, principalement les jours de pluie.

La Rue, 1894 : Voleur de linge dans un lavoir. Ramasseur des épaves de la Seine.

Virmaître, 1894 : Individu qui, aux bords de la Seine, recherche les débris de ferrailles et d’os. Autrefois les ravageurs formaient une puissante corporation ; ils opéraient dans les ruisseaux qui coulaient au milieu des rues de Paris (Argot du peuple).

France, 1907 : Voleur de linge dans les lavoirs. Se dit aussi des individus qui explorent les bords de la rivière, dans l’espoir d’y trouver quelque objet dont ils puissent tirer profit.

France, 1907 : Pêcheur dans la rade ; argot du Borda.

Ravageurs

Larchey, 1865 : « Ils travaillent un instant après la pluie. Alors l’eau a charrié dans les rigoles ménagées par le pavé tous les morceaux de clous et de ferraille qu’elle a pu emporter en passant… La besogne faite, ils vendent un sou la livre leur misérable butin. »

Berthaud, 1846.

La police a fait cesser cette exploitation. — Les Mystères de Paris montrent cette industrie s’exerçant en grand sur les ports de la Seine :

S’avançant dans l’eau aussi loin qu’il peut aller, le ravageur puise à l’aide d’une longue drague le sable de rivière sous la vase, puis il le lave comme un minerai et en retire une grande quantité de parcelles métalliques.

E. Sue.

Ravalement

d’Hautel, 1808 : Pour dire bassesse, état vil et sordide.

Ravaler

d’Hautel, 1808 : Avilir, abaisser.
Ravaler ses paroles. Être sur le point de dire quelque chose, et s’en abstenir par une considération subite.

Ravaudage

d’Hautel, 1808 : Ouvrage bousillé, fait grossièrement, sans soin, à la hâte.

France, 1907 : Amour partagé entre plusieurs filles ou femmes. Faire du ravaudage, faire la cour à plusieurs filles à la fois.

Ravaudage (faire du)

Rigaud, 1881 : Courtiser toutes les femmes indistinctement, courir de l’une à l’autre, dans l’espoir d’en trouver une de sensible. (Jargon des bals publics.)

Ravauder

d’Hautel, 1808 : Rapetasser, raccommoder de mauvaises hardes.
Ravauder. Pour dire, paresser, fainéantiser, niaiser, il signifie aussi gronder, réprimander quelqu’un, le maltraiter en paroles.

Delvau, 1866 : v. n. Être lent à faire quelque chose ; s’amuser au lieu de travailler.

Delvau, 1866 : v. a. Raccommoder du linge, des vêtements, — dans l’argot du peuple.

Ravauderie

d’Hautel, 1808 : Rodomontades ; discours frivoles, pleins de niaiseries et de superfluités.

Rave

d’Hautel, 1808 : Gros comme une rave. Pour dire d’une très-petite stature, d’une très-foible, complexion.
Faites-en des choux des raves. Pour disposez-en à votre volonté.

Raverta

Rigaud, 1881 : Domestique, — dans le jargon des marchands juifs. Il ne faut pas dabérer devant les ravertas, il ne faut rien dire devant les domestiques.

France, 1907 : Domestique ; argot des juifs.

Ravescot

France, 1907 : Coït ; vieux mot.

Ravignole

Delvau, 1866 : s. f. Récidive, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Récidive.

La Rue, 1894 : Récidive.

Virmaître, 1894 : Récidiviste. Ce doit être une corruption de revignole. Gnole veut dire imbécile, de revient on a fait revi on y a soudé gnole, de là l’expression. Mot à mot :
— Tu reviens imbécile (Argot des voleurs).

France, 1907 : Récicive, recidiviste ; argot des voleurs. Ce serait, d’après Virmaître, une corruption de revignole, abréviation de revenir gnole, c’est-à-dire imbécile. Imbécile qui se fait prendre.

Ravignolé

Larchey, 1865 : Récidive.

Je n’ai pas coqué mon centre de taffe du ravignolé ; ainsi si vouzailles brodez à mezigue, il faut balancer la lazagne au centre de Jean-Louis Laurant, au castuc de Canelle (Caen).

Ravignolet (se payer un)

Virmaître, 1894 : V. Bataille des jésuites.

France, 1907 : Se masturber.

Ravigote (à la)

Delvau, 1866 : adv. D’une façon piquante. Argot du peuple.

Ravigoter

d’Hautel, 1808 : Pour réconforter, redonner de la vigueur, de la force à quelqu’un qui étoit foible et détaillant.

Delvau, 1866 : v. a. Soulager ; refaire, remettre en bon état ; réjouir.

Ravigoter un homme

Delvau, 1864 : Faire tant, des doigts et de la langue, qu’il parvient à bander.

D’un tour de main ell’ ravigote
Le plus p’tit, le plus maigre jeu.

E. Debraux.

Ravine

Fustier, 1889 : Plaie. Cicatrice.

Est-elle bête de suivre un homme qui la bat ! C’est moi qui le ficherais en plan ! Et elles-mêmes arrivaient avec un pochon ou des ravines sur le visage…

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

France, 1907 : Blessure ; argot populaire.

Raviser

d’Hautel, 1808 : Se raviser. Changer d’avis, revenir à ce qu’on avoit d’abord dédaigné, ou de ce que l’on avoit promis ; se dédire.
Il s’est ravisé en mangeant sa soupe. Pour il s’est dédit de ce qu’il avoit promis.

Rayer

d’Hautel, 1808 : Rayez cela de vos papiers. Pour dire, ne comptez pas sur cette affaire, sur cet avantage.

Rayon

d’Hautel, 1808 : Le rayon visuel. Pour dire, les yeux, la vue.

Rayon de miel

Delvau, 1866 : s. m. Dentelle, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Dentelle, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Dentelle.

France, 1907 : Dentelle ; argot des voleurs. Allusion aux jours de la dentelle comparés aux cellules de la ruche.

Rayon sur l’œil

Rigaud, 1881 : Marque sur l’œil d’un maître coup de poing. C’est le rayon des trente-six chandelles.

France, 1907 : Coup de poing ; argot faubourien.

Raze

France, 1907 : Prêtre ; argot des voleurs.

Raze pour l’af

Rigaud, 1881 : Acteur, dans le même jargon ; c’est-à-dire rasé pour faire rire.

France, 1907 : Acteur.

Raze pour l’aff

La Rue, 1894 : Acteur (raseur ou rasé pour la vie).

Raze, ratichon

Rigaud, 1881 : Prêtre. C’est-à-dire rasé, ratissé. Le visage du prêtre est rasé, — dans le jargon des voleurs.

Razer

France, 1907 : Vieux mot des guerres d’Afrique ; de l’arabe razzia, enlever, prendre de force.

Il ne faut jamais avoir eu cent francs de dettes au café de la garnison ou chez la mère Lustucru, la cantinière, pour ne pas comprendre combien ce mot razer sonne agréablement à l’oreille. Une razzia ! c’est-à-dire des troupeaux, des armes, des burnous, des kaïks, des tapis, des tentes, vendus à la criée ; sans compter les petits fourbis, les bracelets d’argent, les anneaux de jambes les et ceux d’oreilles, que l’on ramasse par-ci par-là dans le tas des dames, et que l’on met dans sa poche sans rien dire. Autant de pris sur l’ennemi ; et vous savez le proverbe :
« Tout ce qui tombe dans le fossé est pour le soldat. »

(Hector France, L’homme qui tue)

Razi

Halbert, 1849 : Curé.

Razzia

Larchey, 1865 : Rafle rasant tout sur son passage. — Le mot date de notre guerre d’Afrique. En France au quinzième siècle on disait dans le même sens reize.

Il exerçait de véritables razzias à l’endroit des tasses de chocolat.

A. Second.

Delvau, 1866 : s. f. Rafle, — dans l’argot du peuple, retour d’Afrique.

Merlin, 1888 : Prise de guerre, pillage ; — de l’arabe.

Réabouler

France, 1907 : Rendre.

Réac

Larchey, 1865 : Réactionnaire. — Date de 1848.

Il s’agira seulement d’applaudir nos orateurs — et d’aplatir les réacs.

Chenu.

Delvau, 1866 : adj. et s. Bourgeois, réactionnaire, — dans l’argot des faubouriens. Le mot date de 1848.

Rigaud, 1881 : Réactionnaire. Le réactionnaire de 1848 est devenu le conservateur de 1876.

France, 1907 : Réactionnaire ; argot populaire.

Est-il besoin d’ajouter que les trois rivaux firent une énorme dépense d’impression, de papier et de colle de pâte, et que les affiches de chacun d’eux furent immédiatement souillées par le parti adverse des inscriptions les plus outrageuses ? Ainsi, sur le boniment du docteur Dumuffle, ou put lire : « À bas les voleurs ! » et, sur la profession de foi de M. des Muffliers : « Mort au réac ! » Quant au programme du jeune Mufflet, partout il fut sabré au fusain d’une citation — oh ! très courte, un seul mot, — empruntée aux œuvres complètes du général Cambronne.

(François Coppée)

J’suis réac, en politique,
Mais mon magot s’arrondit
Et… grâce à la République…
Jamais rien n’me réussit.

(Victor Meusy, Chansons d’hier et d’aujourd’hui)

Réaffurer

France, 1907 : Regagner ; argot des voleur.

Réaliste

Larchey, 1865 : Artiste ou romancier s’appliquant à reproduire dans toute leur vérité les scènes de la vie réelle sans rien idéaliser. Bien qu’employé à la fin du dix-huitième siècle par Rétif, le mot est nouveau mais l’école est de haute antiquité.

Rebabillarder

France, 1907 : Récrire, faire une nouvelle babillarde. Voir ce mot.

Rébarbatif

d’Hautel, 1808 : Rude, rebutant. On dit fort communément et par corruption rébarbaratif.

Rebatir

France, 1907 : Tuer ; argot des escarpes.

Rebâtir

anon., 1827 : Tuer.

Bras-de-Fer, 1829 : Tuer.

Halbert, 1849 : Tuer.

Larchey, 1865 : Tuer. — Équivoque. — Pour rebâtir il faut démolir. V. ce mot.

Si tu consens à nous laisser rebâtir le ratichon et sa larbine nous irons pioncer dans le sabri du rupin de ton villois, à cinquante paturons de la chique de la daronne du mec des mecs.

(Vidocq)

Delvau, 1866 : v. a. Tuer, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Tuer, — dans l’ancien argot des voleurs. Par altération de rabatir, pour rabattre, verbe que les matois ont disloqué comme la plupart des mots de leur langue.

La Rue, 1894 : Tuer.

Rebattre

d’Hautel, 1808 : J’en suis rebattu. Pour je suis las d’en entendre parler ; j’en suis ennuyé.

Rébéca

d’Hautel, 1808 : Une petite Rébéca. Petite fille récalcitrante et indocile, qui répond continuellement à tout ce qu’on lui dit.

Rébecca

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme qui ne répond qu’avec aigreur aux observations qu’on lui fait, — qui se rébèque en un mot. Argot des bourgeois. On dit aussi Mademoiselle Rébecca (Rien de la Bible.)

Rigaud, 1881 : Répondeuse, — dans le jargon du peuple. — Voyez un feu cette Rébecca, si elle taira son bec ! Dérivé de rebéquer.

France, 1907 : Prude. Faire sa Rébecca, faire sa prude, sa Sophie. Jeu de mot sur bec ; les Rébecca bibliques n’avaient rien de commun avec les prudes modernes et ne faisaient guère mine de se rebèquer devant le mâle.

Rebecca (faire sa)

La Rue, 1894 : Faire la revêche.

Rebecquat

France, 1907 : Insolence, résistance ; argot des voleurs.

Rebecquetage

France, 1907 : Voir Rebectage.

Rebectage

Rigaud, 1881 : Cour de Cassation. C’est pour le voleur une médecine qui peut atténuer l’effet du jugement.

La Rue, 1894 : Médecine. Recours en cassation. Accord, coïncidence.

France, 1907 : Réconciliation.

France, 1907 : Recours en cassation. Cavaler au rebectage. se pourvoir en cassation. Carré de rebectage, cour de cassation. Argot des escarpes.

France, 1907 : Médicament.

Rébectage

Rigaud, 1881 : Médecine, — dans le jargon des voleurs.

Rebecter

France, 1907 : Se pourvoir en cassation.

Rebecter (se)

Rigaud, 1881 : Se réconcilier, — dans le jargon des voleurs. — Rebecteur, Médecin.

Rigaud, 1881 : Améliorer sa position. Reprendre des forces, — dans le jargon du peuple.

La Rue, 1894 : Se réconforter, améliorer sa position. Se réconcilier.

France, 1907 : Se réconcilier ; se réconforter.

Rebecteur

France, 1907 : Médecin.

Rebecton

France, 1907 : Recours en appel.

Si le gerbier pose une longe,
Du rebecton fuis la rallonge.

(Hogier-Grison)

Rebéquer

Delvau, 1866 : v. n. Répéter, — dans l’argot des faubouriens.

Rébéquer

d’Hautel, 1808 : Répondre insolemment à ses supérieurs.
Se rébéquer. Faire le mutin, avoir de la roideur dans le caractère.

Rebéquer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se révolter, répondre avec fierté, avec colère, — dans l’argot du peuple, à qui Saint-Simon et Diderot ont fait l’honneur d’emprunter ce verbe expressif.

France, 1907 : Se défendre, se révolter.

— Il faut la surveiller de prés ! Il n’est que temps !
Aline de se rebéquer aussitôt et de belle façon :
— Mais je n’ai pas besoin d’être accompagnée ! Ça ne se fait pas ! Vous voulez donc me rendre ridicule aux yeux de mes collègues, de toute l’administration ?…

(Albert Cim, Demoiselles à marier

Rebéqueter

France, 1907 : Répéter, ruminer ; argot populaire.

Rebiffe

Rigaud, 1881 : Révolte. — Trimar de la rebiffe, route de la Révolte ; un des endroits les plus dangereux de Paris.

France, 1907 : Révolte, résistance, colère. Faire de la rebiffe, opposer de la résistance. À la rebiffe ! À la rescousse !

Rebiffe (il y a de la)

Virmaître, 1894 : Revenir à la charge, retomber sur un adversaire plus fort que soi. Se rebiffer contre une autorité quelconque (Argot du peuple).

Rebiffe au truc

Rigaud, 1881 : Récidive. — Rebiffer au truc, être en état de récidive.

Rebiffer

d’Hautel, 1808 : Se rebiffer. Regimber, faire le rétif ; répondre avec fierté, insolemment aux personnes à qui l’on doit du respect ; résister avec opiniâtreté à leurs ordres.

un détenu, 1846 : Faire une chose deux fois, ou bisser.

Rigaud, 1881 : Recommencer, — dans le jargon du peuple. — Tais-toi, t’as ton compte… ou je rebiffe. C’est un mot emprunté à l’argot des classes dangereuses.

Boutmy, 1883 : v. intr. Recommencer.

La Rue, 1894 : Recommencer. Regimber. Se révolter.

Rossignol, 1901 : Recommencer, de r’bif à la r’bif.

Tu ne vas pas r’biffer à me pincer, si tu r’biffes, prends garde à toi !

Hayard, 1907 : Recommencer, (se) se défendre.

France, 1907 : Recommencer, répéter. On dit aussi rebiffer au truc.

Elle rapporte an nouveau rafraîchissement d’absinthe au chanteur : « Tiens, mon petit, rebiffe au truc, c’est moi qui verse. »

(Louise Michel)

Rebiffer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se présenter avec avantage, — dans l’argot des troupiers, tous plus ou moins cocardiers.

Delvau, 1866 : v. réfl. Regimber, protester plus ou moins énergiquement, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Affecter des airs hautains, redresser la tête avec affectation.

Merlin, 1888 : Répondre, se raidir, s’emporter.

France, 1907 : Se défendre, se révolter, regimber ; argot populaire.

— On a des remords… Voyons… est-on honnête au moins ?
À ce mot-là, tu penses si Sylvie s’est rebiffée, elle qui se laisserait crever de faim plutôt que de dégringoler le dernier des pantes.
— J’ai jamais été arrêtée, qu’elle lui dit, et regardez si je suis consciencieuse !
Et elle lui tend la brême toute poinçonnée. Jamais elle n’avait manqué une visite ! Ah ! ça, ça l’a touché, le vieux.

(Oscar Méténier, Le Mirliton)

Rebigner

France, 1907 : Chasser, repousser.

Rebomber le torse (se)

France, 1907 : Retrouver son énergie perdue, en prenant des stimulants.

Rebondir (envoyer)

France, 1907 : Congédier, envoyer promener : allusion à une balle élastique qu’on jette.

Rebonnetage

Delvau, 1866 : s. f. Réconciliation, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Réconciliation.

La Rue, 1894 : Réconciliation. Flatterie.

France, 1907 : Réconciliation, flatterie ; argot populaire.

Rebonneter

Delvau, 1866 : v. a. Aduler, flatter, — dans l’argot des voleurs. Rebonneter pour l’af. Flatter ironiquement.

Rigaud, 1881 : Flatter, courtiser.

Virmaître, 1894 : Amadouer un individu pour le fourrer dans une affaire. Cacher ses griffes sous un gant de velours, faire le patelin pour mieux tromper.
— As-tu rebonneté le pante pour l’aff ?
— Oui, il est bon !
Rebonneter
dans le peuple veut dire raccommoder (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Voir rabibocher.

France, 1907 : Flatter, se réconcilier. Rebonneter pour l’af, faire d’ironiques éloges ; l’af est en ce sens une abréviation de la frime. Argot des voleurs.

Rebonneter (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Devenir meilleur, — dans l’argot des faubouriens, qui emploient ce verbe à propos des choses et des gens.

Rebonneter pour l’af

Rigaud, 1881 : Mystifier quelqu’un en le flattant.

Rebonneteur

Delvau, 1866 : s. m. Confesseur, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Confesseur.

La Rue, 1894 : Confesseur.

Virmaître, 1894 : Le confesseur. Il rebonnète le pécheur avec Dieu. Mot à mot ; il le réconcilie dans la planche à lavement (Argot des voleurs).

France, 1907 : Confident ; confesseur. Argot des voleurs.

— Si ce que dit le rebonneteur n’est pas de la blague, un jour nous nous retrouverons là-bas.

(Mémoires de Vidocq)

Rebonnir

France, 1907 : Redire ; argot des voleurs.

Reboucler

France, 1907 : Emprisonner de nouveau.

Rebouis

Delvau, 1866 : adj. Mort, refroidi, — dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Cadavre, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Cadavre.

France, 1907 : Cadavre ; argot des malfaiteurs.

Rebouiser

d’Hautel, 1808 : Pour dire, regarder quelqu’un depuis la tête jusqu’aux pieds ; l’examiner d’une manière affectée, et dans de mauvais desseins.

Clémens, 1840 : Regarder. Voir.

Delvau, 1866 : v. a. Tuer, — dans le même argot [des voleurs]. A signifié autrefois, dans le langage des honnêtes gens : Déniaiser quelqu’un ; jouer un tour, faire une fourberie.

Delvau, 1866 : v. a. Réparer, ravauder. Argot du peuple.

Delvau, 1866 : v. a. Remarquer, distinguer, — dans l’argot des faubouriens. Le verbe est désormais consacré pour eux par la chanson de l’Assommoir (O lepida cantio !) où l’on dit :

Faut pas blaguer, le treppe est batte ;
Dans c’taudion i’ s’ trouv’ des rupins.
Si queuq’s gonziers train’nt la savate,
J’en ai r’bouisé qu’ont d’s escarpins.

Rigaud, 1881 : Tuer. — Regarder, remarquer. — Raccommoder, repriser, ressemeler. — Au XVIIIe siècle, le mot avait le sens de filouter, déniaiser quelqu’un ; c’est ainsi qu’il est expliqué dans le dictionnaire comique de Leroux.

La Rue, 1894 : Tuer. Regarder. Remarquer. Réparer. Ravauder.

France, 1907 : Tuer.

France, 1907 : Regarder, remarquer ; argot des voleurs.

Faut pas blaguer, le treppe est batte :
Dans c’taudion i’s’trouv’ des rupins.
Si queuq’s gonziers train’nt la savate,
J’en ai r’bouisé qu’ont d’s’escarpins.

(Chanson de l’Assommoir)

France, 1907 : Raccommoder, réparer ; argot populaire. Voir Rebossir.

Rebouiser du corridor

Virmaître, 1894 : Sentir affreusement mauvais de la bouche.
— Ce cochon-là pue tellement qu’il fait tourner le bouillon (Argot du peuple).

France, 1907 : Avoir mauvaise haleine ; argot faubourien.

Rébouiser une ménesse

Clémens, 1840 : Regarder une dame.

Rebouiseur

Delvau, 1866 : s. m. Savetier, — dans l’argot des revendeurs.

France, 1907 : Raccommodeur.

Rebours

d’Hautel, 1808 : Le contre-sens d’une chose.
À rebours. Les personnes sans éducation disent habituellement à la rebours.

Delvau, 1866 : s. m. Déménagement clandestin, — dans l’argot des voyous. (V. Vidocq, p. 55.)

Rigaud, 1881 : Déménagement furtif. Mot à mot : déménagement à rebours.

La Rue, 1894 : Déménagement furtif.

France, 1907 : Déménagement clandestin.

Un individu, inconnu du concierge de la maison, se charge sur le dos la malle que l’on veut emporter et descend l’escalier à rebours, en faisant beaucoup de bruit. Le concierge l’interpelle et, croyant qu’il monte, lui demande où il va : « Chez M. A… » répond l’homme. Naturellement A… est inconnu comme locataire. « Ce n’est pas ici ! » L’individu fait demi-tour et s’en avec la malle.

(Georges Delesalle)

Rebours, rebourse

d’Hautel, 1808 : Pour dire, acariâtre, revêche ; d’une humeur intraitable.

Rebourser

France, 1907 : Déménager furtivement.

Rebouter

d’Hautel, 1808 : Pour dire, se délasser, se reposer de ses fatigues ; se remettre, se refaire.

Delvau, 1866 : v. a. Remettre un membre, réduire une fracture. Argot du peuple.

France, 1907 : Raccommoder, d’où, par extension, remettre un membre, une fracture.

Rebouteur

Delvau, 1866 : s. m. Chirurgien sans diplôme.

Rebouteux

France, 1907 : Raccommodeur ; s’applique à celui qui répare les ustensiles et remet les membres en place. Il arrive maintes fois que le rebouteux se montre plus habile que le médecin.

Nous sommes très bêtes, mes pauvres amies, étant presque toutes, à un égal degré, très méfiantes et très crédules. Les femmes du monde, là-dessus, sont tout à fait semblables aux paysannes, qui ne croient pas aux docteurs, mais qui écoutent le rebouteux.

(Colombine, Écho de Paris)

Rebrousse-poil (à)

Virmaître, 1894 : Prendre les choses de travers, à l’envers, du côté où ça n’est pas vrai. Ne pas savoir prendre les gens par leur côté faible Mot à mot : les prendre à rebrousse-poil (Argot du peuple).

France, 1907 : De travers, à l’envers ; argot populaire.

Rebucher

France, 1907 : Envoyer.

Rebuffade

d’Hautel, 1808 : Mauvais accueil ; et non rebiffade, comme on le dit fréquemment.

Rebutter

Virmaître, 1894 : Ne plus vouloir. Synonyme de refouler et de renifler. On rebutte sur un ouvrage qui déplaît ou qui dure trop longtemps (Argot du peuple).

Récalcitrant

Virmaître, 1894 : Coffre-fort. Les voleurs éprouvent souvent de la résistance à l’ouvrir ; de là l’expression (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Coffre-fort ; argot des voleurs.

Récalcitrer

d’Hautel, 1808 : Regimber, résister ; avoir l’humeur rétive et insubordonnée.

Recalé, retoqué

La Rue, 1894 : Refusé à un examen.

Recaler

Delvau, 1866 : v. a. Rectifier, corriger. Argot des artistes.

France, 1907 : Refuser. « J’ai été recalé à mon examen. »

Dire qu’il fut d’abord recalé à l’École normale, c’est ne rien dire ! Il y fut recalé dans un ouragan d’éclats de rire, et des élèves et des maîtres.

(Émile Bergerat)

France, 1907 : Réconforter.

— La boisson donne du cœur et vous recale un homme… Encore une goutte de marc, s’il vous plaît, patron…

(Ed. Lepelletier)

Recaler (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’habiller à neuf, ou reprendre des forces quand on a été malade, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Refaire sa fortune, améliorer sa position.

La Rue, 1894 : Améliorer sa position.

France, 1907 : Se refaire une position ; se remettre d’aplomb.

Recalure, recarelure

France, 1907 : Repas, bombance ; argot populaire.

Recarrelure

Rigaud, 1881 : Repas. Brantôme s’est servi de l’expression de « carreler le ventre » pour manger.

Recarrer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Faire le paon, le suffisant.

France, 1907 : Prendre un air important ; se redresser.

Receleur

d’Hautel, 1808 : S’il n’y avoit point de receleurs, il n’y auroit point de voleurs. Proverbe d’une grande vérité.

Récent (avoir l’air)

Fustier, 1889 : Marcher droit, avoir l’air de pouvoir se tenir sur ses jambes, quand on a trop fêté Bacchus.

Allons Ringuet, faut être sérieux ; v’là qu’ t’approche de ta turne ; faut qu’ t’aies l’air récent.

(Monde plaisant, 1880.)

Recevoir l’assaut

Delvau, 1864 : Être baisée par un homme — qui monte sur le ventre, la pine en avant, avec la furia d’un zouave montant sur le Mamelon Vert.

Dis-lui qu’à la chute du jour, elle s’apprête à recevoir les assauts de l’empereur d’Orient.

La Popelinière.

Recevoir la pelle au cul

Delvau, 1866 : v. a. Être renvoyé de quelque part ou d’un emploi.

Mon rival, j’en suis convaincu,
Va recevoir la pelle an cul !

dit une chanson du temps de l’Empire.

Recevoir son décompte

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des troupiers.

Recevoir un savon ou en donner un

Virmaître, 1894 : Gronder quelqu’un, être grondé.
— Quand un ouvrage est mal fait, on reçoit un savon.
— Attends un peu mon neveu, je vais te savonner la tête (Argot du peuple).

Rechanger (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Changer de linge ou d’habit ; quitter les vêtements de travail pour mettre les vêtements du dimanche. Argot des ouvriers.

Rechasser

Virmaître, 1894 : Regarder quelqu’un ou quelque chose.
— As-tu vu ce coup de chasse ?
Les filles rechassent les passants pour les allumer. Cela se nomme : distribuer son prospectus (Argot des filles).

Rechâsser

Rossignol, 1901 : Regarder.

Hayard, 1907 : Regarder.

Rechasser, repérer

La Rue, 1894 : Regarder. Remarquer. Apercevoir.

Réchauffante

d’Hautel, 1808 : Terme trivial et burlesque, pour dire, une perruque.

un détenu, 1846 : Perruque.

Delvau, 1866 : s. f. Perruque, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Perruque.

La Rue, 1894 : Perruque.

Virmaître, 1894 : Perruque. Elle tient chaud à la tête et ceux qui en portent ne craignent pas de se prendre aux cheveux. Un coiffeur de la rue de Bondy avait pris celle enseigne :

D’Absalon pendu par la nuque,
Passants, contemplez la douleur !
S’il avait porté perruque.
Il eût évité ce malheur. (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Perruque.

Rossignol, 1901 : Capote de militaire.

Hayard, 1907 : Perruque.

Réchauffante (la)

Merlin, 1888 : La capote.

Réchauffé

Delvau, 1866 : s. m. Chose tardive, résolution intempestive, bonne inspiration venue après coup. Argot du peuple. Signifie aussi : Vieux vaudeville, vieille plaisanterie, etc.

Rechauffé (c’est du)

Virmaître, 1894 : Quand un individu fait un discours émaillé de lieux communs, ou raconte une histoire à dormir debout, c’est du réchauffé. Allusion aux mets réchauffés qui ne valent plus rien. On dit également :
— Lâche-nous avec tes boniments ; c’est de la vingtième resucée (Argot du peuple).

Réchauffer

Larchey, 1865 : Ennuyer (Vidocq). — On trouve une analogie dans l’acception de bassinoire. — C’est du réchauffé : Cela ne vaut plus rien.

Delvau, 1866 : v. a. Ennuyer, — dans l’argot des voleurs.

Réchauffer (se)

M.D., 1844 : S’apercevoir.

Réche

La Rue, 1894 : Sou.

Rèche

Virmaître, 1894 : Sou
— Pas un rèche dans mes profondes ; je ne suis pas réchard.
Rèche
veut aussi dire : femme qui a un caractère cassant.
— Elle est tellement mauvaise que l’on ne peut pas la toucher avec des pincettes (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Bout de cigarette fumé. Rèche veut aussi dire sou.

Je suis sans le sou, je n’ai pas un rèche.

Hayard, 1907 : Sou.

Rêche

Delvau, 1866 : s. m. Sou, — dans l’argot des faubouriens, qui trouvent le billon rude.

Rêche, rotin

Rigaud, 1881 : Pièce d’un sou, monnaie de cuivre. Les variantes sont : Pélo, pépette.

Rechigner

d’Hautel, 1808 : Regimber ; avoir de l’aversion pour quelque chose, y répugner ; le faire avec humeur ; grogner, gronder, murmurer entre ses dents.
Un visage rechigné. Pour dire, un air dur, revêche ; une figure rebutante et refrognée.

Rechu

Delvau, 1866 : adj. et s. Homme désagréable, grincheur, — dans l’argot du peuple.

Réclame

d’Hautel, 1808 : Au propre, le premier mot d’une feuille que l’on met au bas de la dernière page de la feuille précédente, pour servir d’indication ; au figuré, et en terme bachico-thypographique, comme le dit Momoro, ce qui reste à boire d’une bouteille presque vide, et que l’on répartit le plus également possible dans chaque verre des buveurs.

Delvau, 1866 : s. f. Éloge pompeux et ridicule que les journaux décernent — moyennant cinq francs la ligne — à toute œuvre ou à tout médicament qui est le moins digne d’être loué.

Rigaud, 1881 : Ce qui reste d’une bouteille après que chacun a eu sa part, — dans le jargon des typographes. (Boutmy.) Par allusion à ce qu’on appelait autrefois la réclame, c’est-à-dire un mot ou un demi-mot imprimé à la dernière page de chaque feuillet, dans les anciens livres, pour indiquer le commencement de la page suivante.

Boutmy, 1883 : s. f. Mot qui se mettait autrefois à la fin d’une feuille, dans la ligne de pied, et qui se répétait au commencement de la feuille suivante. Vérifier la réclame, c’est s’assurer que la fin d’une feuille concorde bien avec le commencement de celle qui suit immédiatement. Au figuré, ce qui reste dans une bouteille après que chacun a eu sa part : Ne t’en va pas, il y a la réclame, c’est-à-dire : il en reste encore un peu pour chacun de nous.

Reclamer ses gants

Delvau, 1864 : Demander au monsieur qu’on a raccroché sur le trottoir un supplément au prix convenu pour aller au bonheur.

Elle ne sera pas une fille ordinaire,
Réclamant aux vieillards libidineux ses gants,
Et tirant tous les jours des coups extravagants.

A. Glatigny.

Recogner

d’Hautel, 1808 : Brusquer, rebuter, repousser.

Recoin

d’Hautel, 1808 : Les recoins du cœur. Pour dire, ce qu’il y a de plus secret, de plus caché dans le cœur humain.
On dit, dans le bon style, les replis du cœur, etc.
Il connoît tous les coins et les recoins de cette maison. Pour, il en connoît parfaitement les êtres.

Recollardé

Rigaud, 1881 : Repris, arrêté de nouveau.

Recoller

Rigaud, 1881 : Relever de maladie.

Recoller (se)

Rigaud, 1881 : Se réconcilier entre amant et maîtresse, se remettre ensemble, signer un nouveau bagne.

Recommencer

Delvau, 1864 : Tirer un second, puis un troisième puis un quatrième coup, selon que la femme en vaut la peine ou que l’homme a du sperme dans sa bouteille, — l’amour étant, comme on sait, un grand recommenceur.

La grisette serre avec énergie l’étudiant contre sa poitrine, en soupirant et en tressaillant des dentiers frissons de la jouissance ; pour un peu elle recommencerait.

Henry Monnier.

Récompenser en peinture

Larchey, 1865 : Payer de belles promesses.

Henri IV ayant envoyé d’Aubigné en plusieurs provinces, ne lui donna pour récompense que son portrait. D’Aubigné y ajouta ce quatrain : — Ce prince est d’étrange nature. Je ne sais qui diable l’a fait ! Il récompense en peinture Ceux qui le servent en effet.

Reconduire

Delvau, 1866 : v. a. Siffler, — dans l’argot des coulisses.

Rigaud, 1881 : Siffler, en terme de théâtre.

La Rue, 1894 : Siffler (au théâtre). On dit aussi appeler Azor.

Reconduire (se faire)

Rigaud, 1881 : Être sifflé, être attrapé en scène, — dans le jargon des coulisses. Allusion à la conduite de Grenoble des compagnons du Devoir.

Reconduire quelqu’un

Delvau, 1866 : Le renvoyer à coups de pied ou à coups de poing, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Faire la conduite.

Reconnaissance

Boutmy, 1883 : s. f. V. Réglette.

Reconnaissancier

Rigaud, 1881 : Terme du Mont-de-Piété. Employé chargé de délivrer les reconnaissances.

Reconnobler

Larchey, 1865 : Reconnaître (id.). V. Parrain.

Rossignol, 1901 : Reconnaître.

Reconoblé

M.D., 1844 : Reconnu.

Reconobrer

Bras-de-Fer, 1829 : Reconnaître.

Delvau, 1866 : v. a. Reconnaître, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Reconnaître, — dans l’ancien argot.

La Rue, 1894 : Reconnaître.

Virmaître, 1894 : Reconnaître. Quelques uns écrivent conobrer. Ce n’est pas exact. Conobrer veut dire connaître et non reconnaître (Argot des voleurs).

Recoquer

anon., 1827 : Rendre.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Rendre, restituer.

Halbert, 1849 : Rendre.

La Rue, 1894 : Revenir à la santé. Rendre.

Recoquer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’habiller à neuf ; reprendre de nouvelles forces, revenir à la santé. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Reprendre des forces ; se rétablir à la suite d’une maladie ; mettre des vêtements neufs.

Recoquiller

d’Hautel, 1808 : Recoquiller les bords d’un chapeau. Pour dire, les retrousser, les rouler.

Recordé

Halbert, 1849 : Tué.

Recorder

d’Hautel, 1808 : Recorder ses violons. Pour dire, se disposer, s’apprêter à rire, à danser, à se divertir.
Le peuple dit habituellement, raccorder.

Halbert, 1849 : Tuer.

Delvau, 1866 : v. a. Prévenir quelqu’un de ce oui doit lui arriver, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Faire la leçon à quelqu’un, lui donner des instructions. Mot à mot : le mettre d’accord. — Être recordé, être convenu d’une chose.

La Rue, 1894 : Prévenir quelqu’un, lui donner des instructions. Tuer. Signifie aussi réconcilier. Se recorder, comploter.

Virmaître, 1894 : Réconcilier. L. L. Recorder veut dire prévenir, remonter le moral à un désespéré ; lui apprendre ce qu’il doit faire (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Prévenir. Il a été recordé qu’il était recherché par la police.

Hayard, 1907 : Prévenir.

Recourir à l’émétique

Rigaud, 1881 : Escroquer de l’argent à un tiers au moyen d’un billet à ordre souscrit au nom d’un compère. — Un fils recourt à l’émétique pour soutirer de l’argent à son père en faisant un billet à un fournisseur de connivence. — Les souteneurs emploient le même procédé envers leurs maîtresses.

Virmaître, 1894 : Escompter de faux billets (Argot du peuple).

Recouvrer

d’Hautel, 1808 : Rentrer en possession de ce qu’on avoit perdu. Ce verbe est continuellement confondu avec le verbe recouvrir (couvrir de nouveau) ; et l’on dit d’une personne à qui l’on est par venu à rendre l’usage de la vue, de l’ouïe ou de la parole, qu’elle avoit perdue, qu’Elle a recouvert la vue, l’ouïe, etc., au lieu de recouvré.

Recroqueviller

d’Hautel, 1808 : Il n’y a point de si petit ennemi qui ne se recroqueville quand on marche dessus. Signifie, il n’y a point de si petit ennemi qui ne songe à se défendre quand on l’attaque.

Recta

d’Hautel, 1808 : Mots pris du latin, pour dire ponctuellement ; avec une grande exactitude.

Delvau, 1866 : adv. Net, sans rien laisser ni devoir, — dans l’argot du peuple. Payer recta. Payer jusqu’au dernier sou. C’est l’adverbe latin détourné de son sens.

Recuit

Rigaud, 1881 : Ruiné de nouveau.

Reculade

d’Hautel, 1808 : Faire une reculade. Revenir sur ses pas, reculer quand on s’est trop avancé : ne pas se comporter en homme d’honneur dans une affaire délicate.

Reculée

d’Hautel, 1808 : Un feu de reculée. Un feu très vif, très-ardent, qui oblige à reculer.

Reculer

d’Hautel, 1808 : Reculer pour mieux sauter. Différer de faire une chose à laquelle on sera contraint tôt ou tard ; retarder l’exécution d’une affaire pour la poursuivre après avec plus de vigueur.

Récurer (se faire)

Delvau, 1864 : Prendre des médicaments, mercuriels, ou autres, pour guérir des véroles gagnées au doux jeu d’amour.

Voyez, là-bas, le sémillant Mercure
Et ses fuseaux qui’tricotent gratis,
Représentant le dieu qui nous récure
Et la maison Giraudeau père et fils.

Gustave Nadaud.

Récurer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se purger. Se faire récurer. Se faire traiter à l’hôpital du Midi.

Rigaud, 1881 : Se purger. — On dit encore récurer la casserole, nettoyer le fusil.

Redam

Rigaud, 1881 : Grâce. — Abréviation de rédemption.

La Rue, 1894 : Grâce au condamné.

Rédam

Delvau, 1866 : s. f. Grâce, — dans l’argot des voleurs, qui cependant ne croient pas à leur rédemption.

Virmaître, 1894 : Grâce. Comme le dit A. Delvau, redam ne peut venir de rédemption. C’est une corruption de retam. Allusion à la casserole qui est neuve lorsqu’elle est étamée. Dans le peuple on dit rétamé pour étamé : le voleur gracié est rétamé, il est remis à neuf (Argot des voleurs). N.

Hayard, 1907 : Grâce de condamné.

Redin, réduit

Rigaud, 1881 : Bourse.

Redingote anglaise

Delvau, 1864 : Préservatif contre la vérole, (V. Capote, Ruban.)

Redingue

Virmaître, 1894 : Abréviation de redingote (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Redingote.

Redoublement de fièvre

Bras-de-Fer, 1829 : Révélation d’un nouveau fait à charge.

Delvau, 1866 : s. m. Révélation d’un nouveau fait à charge, dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Nouvelle charge, accusation nouvelle contre l’accusé, — dans l’ancien argot.

Virmaître, 1894 : Fièvre, révélation. Quand un voleur a été dénoncé, il a la fièvre. Une nouvelle révélation à sa charge lui occasionne un redoublement de fièvre (Argot des voleurs).

Redouiller

d’Hautel, 1808 : Se redouiller. Riposter à des propos injurieux ou répondre vigoureusement à des voies de fait ; en venir aux mains.

Rigaud, 1881 : Rembarrer, frapper, maltraiter.

Y veut se r’lever, mais j’ le r’douille à coups de passif dans les merlins.

(Le Parfait catéchisme poissard.)

Redresse

Delvau, 1866 : s. f. Institution toute parisienne, composée de bohèmes qui ne veulent pas demander au travail les moyens d’existence qu’il ne leur refuserait pas, et préfèrent s’adresser pour cela au Hasard, ce dieu des paresseux et des fripons. Chevalier de la Redresse. Industriel qui carotte le vivre et le couvert à tout gobe-mouches disposé à écouter ses histoires.

Rigaud, 1881 : Ruse. Être à la redresse, être rusé, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Ruse. Malice. À la redresse, malin.

Redresse (à la)

Hayard, 1907 : Au courant.

Redresse (être à la)

Virmaître, 1894 : — Il est à la redresse le mec, pas moyen de lui monter le verre en fleur ; il la connaît, c’est lui qui a inventé les queues de billard cintrées pour faire les effets dans les coins. Être à la redresse, rusé, malin. On dit aussi : être à la hauteur (Argot du peuple).

Redresser

d’Hautel, 1808 : Pour dire corriger, châtier, mortifier quelqu’un ; le remettre dans le droit chemin ; il signifie aussi filouter, dérober, tromper avec finesse.

Redresseur

d’Hautel, 1808 : Fripon, escroc, filou ; homme fin et rusé, auquel il faut soigneusement éviter d’avoir affaire ; on dit aussi d’un rigoriste, d’un homme qui exerce une sévère critique sur les fautes d’autrui ; c’est un redresseur de torts.

Réduire

d’Hautel, 1808 : Réduire quelqu’un au petit pied. Pour dire, le rendre pauvre, misérable ; le mettre dans un état fort au-dessous de celui où il étoit.

Réduit (le)

Delvau, 1864 : La nature de la femme, où le membre viril a tant de plaisir à se réfugier les jours d’ennui, à s’abriter les jours d’orage. Réduit, déduit ; déduit, réduit.

Déjà de sa grandeur les doigts saints et bénis
Visitaient de l’amour les plus secrets réduits.

Grécourt.

Mais D*** avec sa main,
Sa lèvre de carmin,
Sait trouver ton réduit
Où rarement l’homme impur s’introduit.

J. Duflot.

Refaire

d’Hautel, 1808 : Se refaire. Pour dire rétablir sa santé, reprendre des forces de la vigueur ; regagner une partie de ce que l’on avoit perdu au jeu.
À une femme et à une vieille maison, il y a toujours à refaire.

Larchey, 1865 : Tromper. V. Faire.

Dindonné, ce que nous appelons refait au même.

(Balzac)

Delvau, 1866 : v. a. Tromper, duper, et même voler, — dans l’argot des faubouriens.

La Rue, 1894 : Tromper, duper. Se refaire, manger.

Refaire (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Reprendre des forces, recouvrer la santé, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi : Regagner au jeu après s’y être ruiné.

Refaire au même

La Rue, 1894 : Jouer quelqu’un qui vous a précédemment joué.

Refaire de sorgue (se)

Halbert, 1849 : Souper.

Delvau, 1864 : Se remettre d’une nuit d’orgie : — bien dormir, ou bien déjeuner.

Tout dix, au tapis-franc nous étions réunis,
Chez le père Vit-Dur, ogre de mes amis,
Zig qui ne mange pas ses pratiques sur l’orgue ;
Nous étions venus là nous refaire de sorgue.

L. Protat. (Serrefesse.)

Refaire, refaire au même

Rigaud, 1881 : Duper. — Être refait, être dupé, payer trop cher. On est refait quand on paye, dans un restaurant, un dîner trop cher. — On est refait quand on paye, dans un magasin, un objet au-dessus de sa valeur. Les étrangers sont souvent refaits.

Refaire, se refaire le torse

Rigaud, 1881 : Manger, se réconforter.

C’est ça qui vous refait le torse un peu proprement.

(X. de Montépin.)

Refait au même (être)

Delvau, 1866 : Être joué par quelqu’un à qui l’on avait précédemment joué quelque méchant tour.

Refait sans donjon

Rigaud, 1881 : Repris en état de vagabondage.

Refaite

Delvau, 1866 : s. f. Repas, — dans l’argot des voleurs. Refaite du mattois. Déjeuner. Refaite de jorne. Dîner. Refaite de sorgue. Souper. Refaite de coni. Extrême-onction, ou, plus cyniquement, la nourriture que prend le condamné à mort avant son exécution.

Rigaud, 1881 : Repas, réfection. — Refaite du matois, déjeuner ; refaite de jorne, dîner ; refaite de sorgue, souper ; refaite du séchoir, collation prise en sortant du cimetière.

La Rue, 1894 : Repas. Refaite de matois, déjeuner. Refaite de sorgue, dîner.

Refaiter

Larchey, 1865 : Prendre un repas. — Vieux mot. — V. Pavillonner. — Refaite du matois : Repas du matin — Refaite de coni : Viatique, repas de mourant.

Delvau, 1866 : v. n. Manger.

Réfec

Fustier, 1889 : Réfectoire. Argot de Polytechnique.

Refend

d’Hautel, 1808 : Bois de refend, mur de refend. Bois qui a été scié de long ; et non bois de refente, mur de refente, comme on le dit vicieusement.

Reffoler

Halbert, 1849 : Voler par surprise.

Refilé (aller au)

La Rue, 1894 : Vomir. Payer. Ne pas aller au refilé, nier.

Refiler

Clémens, 1840 : Remettre, rendre, donner.

un détenu, 1846 : Faire passer de main en main.

Halbert, 1849 : Donner le vol à un compère ou suivre quelqu’un.

Larchey, 1865 : Donner un vol nourri, suivre.

Delvau, 1866 : v. a. Suivre, rechercher, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : v. a. Rendre, restituer, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Perdre au jeu l’argent du bénéfice. — Avoir gagné 20 louis et les refiler. — Reperdre ce qu’on avait gagné au jeu.

Rigaud, 1881 : Passer, mettre en circulation.

Je n’ai refilé que cinq roues de derrière.

(X. de Montépin, Le Fiacre no 13)

Rigaud, 1881 : Chercher ; suivre, — dans l’argot des voleurs. (A. Delvau)

La Rue, 1894 : Rendre. Restituer. Suivre. Rechercher. Donner. Céder. Passer. Reprendre. Refiler sa contremarque, mourir.

Virmaître, 1894 : Veut dire : donne-moi. Le souteneur dit à sa marmite :
— Refile-moi le pognon.
Refiler
quelqu’un : c’est le suivre ou le rechercher.
— J’ai eu beau le refiler, c’est comme si j’avais cherché une aiguille dans une botte de foin (Argot des voleurs). N.

Rossignol, 1901 : Rendre, donner. — « Refile ce que tu me dois. » — « Refile-moi une cigarette. »

Hayard, 1907 : Donner.

Refiler la camelote

M.D., 1844 : Passer aux associés ce que l’on vient de voler.

Refiler sous le tube (s’en)

Rigaud, 1881 : Priser.

Refiler, repasser

Rigaud, 1881 : Céder le canevas d’un vol.

Refondante

Rigaud, 1881 : Allumette.

Refondre

d’Hautel, 1808 : Vous ne le refondrez pas. Pour, il faut supporter cet homme tel qu’il est, puisqu’on ne peut le corriger.

Refouler

Delvau, 1866 : v. n. Hésiter, renoncer à faire une chose, — dans l’argot des ouvriers. Refouler au travail. Fêter la Saint-Lundi.

Rigaud, 1881 : Se refuser à. — Abandonner un ouvrage. — Refouler au travail, chômer.

La Rue, 1894 : Hésiter. Reculer.

Réfractaire

Delvau, 1866 : s. m. Bohème, homme de talent qui regimbe à suivre les modes morales de son temps. L’expression n’est pas de Jules Vallès, — comme on serait excusable de le croire, d’après l’intéressant ouvrage qui porte ce mot pour titre, attendu que voilà une quinzaine d’années qu’on appelle Camp des réfractaires un petit café borgne de la rue Vavin, hanté par des rapins littéraires et artistiques. De même, le garni situé à quelques pas de là est appelé par ses hôtes l’Hôtel des refractaire, les chambres ressemblant, paraît-il, à des casemates.

Refrogné

d’Hautel, 1808 : Un visage refrogné. Pour dire bizarre, triste, mécontent, dépité, inquiet, chagrin.

Refrogner

d’Hautel, 1808 : Se refrogner. Froncer le sourcil, se rider le front comme lorsqu’on éprouve un mécontentement, un chagrin intérieur.

Refroidi

Halbert, 1849 : Mort.

Delvau, 1866 : s. m. Noyé, pendu ; cadavre, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Mort. — Assassiné.

La Rue, 1894 : Mort. Assassiné.

Rossignol, 1901 : Être mort.

Refroidir

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Tuer.

Bras-de-Fer, 1829 : Tuer.

Larchey, 1865 : Tuer. — On dit glacé par la mort. — V. Suage.

Delvau, 1866 : v. a. Tuer.

Rigaud, 1881 : Tuer.

Virmaître, 1894 : Tuer un individu. Refroidi : Allusion au cadavre qui, aussitôt la mort, devient froid comme le marbre (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Tuer quelqu’un.

Hayard, 1907 : Tuer.

Refuges

Virmaître, 1894 : Les croyants disent au pécheur : réfugiez-vous dans le sein de Dieu. C’est un refuge qui est bougrement haut. Les giverneurs préfèrent de beaucoup les refuges municipaux et d’autres, inconnus de la masse des Parisiens : rue Galande, rue Julien-le-Pauvre, rue St-Denis et rue St-Séverin, où l’on couche pour quatre sous, sur un banc, avec une soupe par dessus le marché. Ces refuges ont pour enseigne : Crémerie. Je ne conseille pas aux lecteurs de s’y aventurer, s’ils ne veulent pas être saignés (Argot du peuple). N.

Refus

d’Hautel, 1808 : Cela n’est pas de refus. Pour dire, j’accepte volontiers l’offre que vous me faites.

Refuser

d’Hautel, 1808 : Qui refuse, muse. Pour dire que l’on se repent souvent d’avoir refusé ce que l’on vous offroit.

Regaillardir

d’Hautel, 1808 : Pour réjouir, divertir, rendre enjoué, mettre en bonne humeur.

Régalade

d’Hautel, 1808 : Boire à la régalade. C’est-à dire, la tête renversée en arrière, et en versant la boisson dans la bouche.
Régalade. S’entend aussi d’un repas sensuel, ou d’une partie de plaisir quelconque.
On dit dans un sens opposé, quand on a réprimandé quelqu’un, ou qu’on l’a châtié rigoureusement, qu’on lui a donné une bonne régalade.

Delvau, 1866 : s. f. Petite ripaille, — dans l’argot du peuple. À la régalade. Boire en renversant la tête en arrière et en élevant la bouteille de façon que les lèvres ne touchent pas celle-ci.

Régaler

d’Hautel, 1808 : Régaler quelqu’un. Au figuré, le maltraiter ; lui donner une volée de coups de bâton.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Donner à dîner, payer à boire.

Régaler la veuve

Rigaud, 1881 : Dresser la guillotine.

Régaler ses amis

Rigaud, 1881 : Se purger.

Régaler son cochon

Rigaud, 1881 : S’offrir à soi-même une consommation, se payer un bon dîner.

Régaler son suisse

Delvau, 1866 : v. a. C’est, quand on joue à deux, à un jeu quelconque, une consommation, ne perdre ni gagner, être chacun pour son écot.

Rigaud, 1881 : Ne perdre ni ne gagner une consommation jouée.

Regardant

Delvau, 1866 : adj. Économe, avare, — dans l’argot des domestiques, habitués à considérer le bien de leurs maîtres comme le leur ; peu généreux, — dans l’argot des petites dames, qui veulent bien faire payer l’amour, mais ne veulent pas qu’on le marchande.

Regarder

d’Hautel, 1808 : Un chien regarde bien un évêque, il peut bien regarder une bête comme toi. Se dit injurieusement à quelqu’un qui se formalise de ce qu’on le regarde.
Il n’y regarde pas de si près. Pour dire qu’il n’est pas susceptible ; qu’il n’apporte ni soin ni exactitude dans la confection des choses qui lui sont confiées.
Si vous n’êtes pas content, regardez la porte. Se dit par menace à un employé dont on ne fait aucun cas, pour lui faire entendre que si ce qu’on lui demande ne lui convient pas, il peut se retirer.
Regarder quelqu’un sous le nez. Le considérer de très-près et d’une manière fort incivile.

Regatte

Rigaud, 1881 : Viande, pour rogaton, — dans l’argot des chiffonniers. — Regater, manger.

Régence

Larchey, 1865 : Digne des roueries galantes de la cour du régent.

C’est régence, c’est Louis XV, œil-de-bœuf ! C’est très-bien.

(Balzac)

Delvau, 1866 : adj. Galant, libertin, audacieux, — en parlant des choses et des gens. Être régence. Se donner des airs de roué. Souper régence. Souper où les femmes légères sont spécialement admises.

Regimber

d’Hautel, 1808 : Rechigner, résister à ses supérieurs ; répondre insolemment à ce que l’on commande, montrer un caractère acariâtre et insubordonné.

Régiment

d’Hautel, 1808 : Terme de mépris, pour dire une bande, un grand nombre, une multitude de personnes.
Avoir un régiment d’enfans. Pour dire un grand nombre d’enfans.
Être dans le régiment de l’arc-en-ciel. Pour dire être laquais, porter la livrée.
On dit plaisamment d’un soldat bossu, qu’il porte avec lui la masse du régiment.

Régiment des boules de Siam

Delvau, 1866 : s. m. La confrérie abjecte dont le docteur Tardieu a décrit les mœurs et les maladies dans une brochure que tout le monde a lue, — quoiqu’elle n’eût été écrite que pour un petit nombre de personnes. Argot des faubouriens.

Régiment des cocus (s’engager dans le)

Rigaud, 1881 : Se marier.

Reginglade

Delvau, 1866 : s. f. Jeu d’enfants qui consiste à chasser celui qui glisse le premier en lui tombant sur le dos les deux bras en avant.

Regingler

Delvau, 1866 : v. n. Jouer à la reginglade.

Régingler

Rossignol, 1901 : Se mettre en colère d’une observation qui vous est faite et répondre est régingler.

Registre (faire le)

Boutmy, 1883 : v. C’est, en imprimant la retiration, faire tomber exactement les pages l’une sur l’autre. Au figure, c’est verser le contenu d’une bouteille de façon que chacun ait exactement sa part.

Réglé comme un papier de musique

Delvau, 1866 : adj. Ponctuel, rangé, régulier dans ses habitudes. Argot des bourgeois. C’est le pendant de Sage comme une image.

Règle de trois

Rigaud, 1881 : La femme, le mari et l’amant réunis dans un lieu public et, principalement, au théâtre, dans la même loge.

Régler son trimestre

Virmaître, 1894 : Battre quelqu’un. Synonyme de régler son compte. Quand une marmite ne rend pas, le souteneur dit :
— Je vais lui régler son trimestre.
Pour certaines de ces malheureuses, le trimestre est tous les jours (Argot des souteneurs). N.

Règles (avoir ses)

Delvau, 1864 : Avoir ses menstrues — qui viennent très irrégulièrement à certaines femmes.

Pour ces règles que tu débines
Et traites de déjections,
Ce sont les sources purpurines
Des saintes fécondations.

Anonyme.

Réglette

Boutmy, 1883 : s. f. Petite lame de bois ou de métal, mince et plate, de la hauteur des cadrats, et qui sert à justifier les pages en longueur. Arroser la réglette. Lorsqu’un paquetier passe metteur en pages, il manquerait à tous ses devoirs s’il ne régalait son équipe ; celle-ci, à son tour, fait une reconnaissance, c’est-à-dire paye la moitié (à revenir) de ce qu’a payé le nouveau metteur.

Réglette (arroser la)

Rigaud, 1881 : Payer sa bienvenue dans un atelier de typographes. Quand un paquetier passe metteur en pages, il est aussi d’usage qu’il arrose la réglette à coups de tournées. (Jargon des typographes.)

Regon

Halbert, 1849 : Dette.

Larchey, 1865 : Dette. — Regonser : Devoir (Bailly).

Delvau, 1866 : s. m. Dette, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Dette. Regon est une corruption de regout (rancune). Quand un voleur a été donné par un nonneur, il a du regout, de la rancune, il a contracté une dette de haine qu’il lui paiera tôt ou tard (Argot des voleurs). N.

Regoncer

Delvau, 1866 : v. a. Devoir.

Regonser

Halbert, 1849 : Devoir.

Rigaud, 1881 : Suivre à la piste. Ces messes me regonsent, dit le voleur qui est filé par des agents.

La Rue, 1894 : Suivre à la piste.

Regorger

d’Hautel, 1808 : Abonder.
Faire regorger. Signifie obliger quelqu’un á rendre ce qu’il a acquis d’une manière illicite.
Regorger de santé. Jouir d’une bonne santé.
Regorger. Avoir de tout en quantité ; vomir, rendre les alimens que l’on a pris.

Regouler

d’Hautel, 1808 : Être rassasié, être soûl de quelque chose, en avoir pris immodérément ; renoncer dessus.
Regouler. Signifie aussi repousser quelqu’un de paroles, le brusquer.

Regout

Delvau, 1866 : s. m. Inquiétude, crainte, remords, — dans le même argot. Faire du regout. Être arrêté.

Virmaître, 1894 : Rancune. Avoir du regout contre quelqu’un, lui vouloir du mal. Les voleurs ont du regout contre un complice qui les a dénoncés.
— Je renquille dans Pantin sans regout ni morace.
Mot à mot : Je rentre à Paris sans colère, sans rancune et sans cri (Argot des voleurs). N.

Hayard, 1907 : Rancune.

Regout (faire du)

Larchey, 1865 : Être arrêté.

Poissons avec adresse mezières et gonzesses sans faire de regout.

(Vidocq)

Rigaud, 1881 : Éveiller les soupçons. C’est faire du ragoût avec changement d’une lettre. — Faire du bruit, se disputer.

Regout, ragoût

La Rue, 1894 : Inquiétude, crainte, remords. Faire du regout, être arrêté. Se disputer. Éveiller les soupçons.

Regrattier

d’Hautel, 1808 : Homme intéressé, lâdre, qui, sur un compte, se permet les plus petites réductions.

Regret

d’Hautel, 1808 : Il fait cela à regret, comme les chiens qu’on fouette. Pour dire à contre-cœur, de mauvaise grace, avec répugnance.
Il ne doit pas avoir regret de sa jeunesse. Pour dire, il s’est bien diverti ; il a eu de bons momens, il a bien employé son temps.

Réguisé

Rigaud, 1881 : Misérable que le manque d’argent pousse au crime. — Ruiné, maigre.

Tu ne reconnais pas Caroline ? — Toi ! Caroline ?… Cristi, madame, comme vous êtes réguisée !

(Grévin, Croquis parisiens.)

Rossignol, 1901 : Ne plus rien posséder.

Réguisé (être)

Delvau, 1866 : Être battu, ou ruiné, ou volé, ou condamné par la Faculté ou par le Jury. Argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Être misérable. — Être condamné à mort. — Être très malade. — Être trompé d’une manière indigne.

La Rue, 1894 : Battu, ruiné, évincé dans une entreprise, volé, trompé ou condamné à mort par le jury ou la Faculté.

Reguiser

un détenu, 1846 : Perdre au jeu.

Réguiser

Rigaud, 1881 : Ruiner. Réjouissance. État de maigreur chez une femme. — On dit d’une femme dont on voit les os percer, qu’elle a plus de réjouissance que de viande.

Regusou

M.D., 1844 : Un remouleur.

Rein

d’Hautel, 1808 : Il a donné un bon tour de rein à cet ouvrage. Pour dire, il l’a beaucoup avancé ; il ne reste presque plus rien à y faire.
Donner à quelqu’un un tour de rein. Lui jouer un mauvais tour ; le supplanter, lui nuire dans une affaire, qui étoit sur le point de recevoir son exécution.
Il a les reins forts. Pour dire qu’un homme est riche, qu’il est capable de supporter les frais d’une entreprise

Reine

d’Hautel, 1808 : C’est la reine d’Antioche, qui mange plus de pain que de brioche. Voyez Brioche.
C’est la reine de Niort, malheureuse en beauté. Pour dire qu’une femme est extrêmement laide.
Ma reine. Non flatteur et caressant, que l’on donne à une jeune fille.

Reines de polygone (les)

Merlin, 1888 : Femmes qui suivent les soldats en étape.

Rejaquer

anon., 1827 : Crier.

Bras-de-Fer, 1829 : Crier.

Halbert, 1849 : Crier.

Réjoui

d’Hautel, 1808 : Un gros réjoui, un réjoui bon temps. Un homme gros, gras et bien portant, qui a l’humeur agréable et enjouée, qui met tout en train.

Réjouissance

Larchey, 1865 : Os glissé par les bouchers dans la viande pesée à leurs pratiques.

Pour mieux les embêter dans le poids et la réjouissance.

Cabarets de Paris, 1821.

Delvau, 1866 : s. f. Os de bœuf arbitrairement glissés dans la viande pesée par les bouchers.

Virmaître, 1894 : Qui ne réjouit pas du tout la ménagère, lorsque le boucher lui donne plus d’os que de viande (Argot des bouchers).

Relâcher

d’Hautel, 1808 : Ce verbe parmi le peuple signifie, abandonner quelqu’un avec lequel on étoit en relation d’amitié, se brouiller avec lui, s’en séparer. Il se dit notamment d’un mari qui abandonne sa femme pour en prendre une autre ; d’un amant infidèle qui laisse à d’autre le soin de ce qui naguère faisoit l’objet de ses amours.

Relais

d’Hautel, 1808 : Être de relais. Pour dire n’être pas occupé, pas employé.
Plaisanter, baffouer, berner quelqu’un en relais. Pour dire le railler, le plaisanter chacun à son tour, le tourmenter l’un après l’autre.

Relancer

d’Hautel, 1808 : Relancer quelqu’un. Pour dire le repousser par des paroles dures, lui faire des reproches, des réprimandes sévères, le remettre à sa place lorsqu’il s’est permis quelqu’écart.

Relanceur de pleins

Fustier, 1889 : Variété de grec.

Plus nombreux encore ceux gui n’ont jamais soupçonné l’existence du relanceur de pleins.

(Henri IV, 1881.)

Reléché

d’Hautel, 1808 : Pour dire, paré, orné de colifichets, de frivolités ; on dit aussi d’une personne mal élevée, grossière, impolie, brutale ; qu’elle est bien mal reléchée.

Relent

d’Hautel, 1808 : Sentir le relent. Exhaler une mauvaise odeur, sentir le renfermé.

Relevante

Delvau, 1866 : s. f. Moutarde, — dans l’argot des voleurs.

Relever

d’Hautel, 1808 : Je l’ai joliment relevé. Pour exprimer que l’on a fait de fortes remontrances à quel qu’un qui avoit commis quelqu’indiscrétion en parlant.
Relever quelqu’un du péché de paresse. User de son autorité pour remettre quelqu’un dans son devoir.
On le relèvera bien de sentinelle. Pour dire, on prendra garde à ses actions ; on le traitera sévèrement

Delvau, 1866 : v. n. Sortir d’un état de gêne, — dans l’argot des faubouriens, à qui il coûte sans doute de dire Se relever de la misère. On dit aussi Être à la relève.

Relever (la)

Rossignol, 1901 : Gagner toucher. Celui qui gagne au, jeu la relève. Un souteneur qui reçoit beaucoup de sa marmite la relève.

Relever le chandelier

Fustier, 1889 : Argot de souteneurs. Vivre de la prostitution d’une fille.

Releveur de chandelier

Virmaître, 1894 : Quand un miché monte avec une fille, il ne lui donne pas toujours l’argent de la main à la main ; discrètement, avant de se mettre en chantier, il fait sa mise sous le chandelier ; aussitôt partis, le souteneur arrive et relève la monnaie qui est sous le chandelier (Argot des souteneurs).

Releveur de chandelier, de fumeuse

La Rue, 1894 : Souteneur.

Releveur de fumeuse

Fustier, 1889 : Souteneur.

Releveur de pesoche

Virmaître, 1894 : Garçon de banque qui la relève les 1er, 15 et 30 de chaque mois. La pesoche est le sac où il enferme la monnaie (Argot des voleurs).

Releveur de pésoche

Rigaud, 1881 : Garçon de recette.

Relicher

Rigaud, 1881 : Vider un verre ou une bouteille sans laisser une goutte de liquide au fond. Les garde-malades s’entendent très bien à ce genre de travail.

Relicher (se)

Delvau, 1866 : S’embrasser tendrement. On dit aussi Se relicher le morviau.

Relicher son morviau

Virmaître, 1894 : Voilà une image qui n’est pas propre. Dans le peuple on dit à un enfant qui ne se mouche pas et qui de son nez laisse pendre deux chandelles :
— Reliche ton morviau (Argot du peuple). N.

Religion

d’Hautel, 1808 : Cette fille veut être de la religion de Saint-Joseph. C’est-à-dire veut se marier.

Relique

d’Hautel, 1808 : Qu’elle garde ses reliques. Se dit à quelqu’un qui fait trop valoir ses faveurs, ses bonnes graces, ses services.
Je n’ai pas grande foi à ses reliques. Pour dire que l’on n’ajoute pas foi aux promesses de quel qu’un ; qu’on n’a pas une grande confiance en lui.
Elle peut en faire des reliques. Se dit par ironie de quelqu’un qui conserve avec une affectation ridicule quelque chose de peu de valeur.

Delvau, 1864 : Le membre viril, — on n’a jamais su pourquoi.

Du grand saint Nicolas,
Dans vos draps,
Prenez donc la relique.

Béranger.

Gage de ses travaux
Pendait tout sa tunique
Cette belle relique,
Chère aux tendrons dévots.

J. Cabassol.

Relui

Clémens, 1840 : Jour.

Reluire dans le ventre

Delvau, 1866 : v. n. Exciter la convoitise, ou l’envie, — dans l’argot du peuple.

Reluis (un)

M.D., 1844 : Un jour.

Reluisant

Clémens, 1840 : Soleil.

M.D., 1844 : Reverbère.

Rossignol, 1901 : Pièce d’or.

Reluit

Larchey, 1865 : Jour, œil. V. Coquer, Luisant, Chasse.

Delvau, 1866 : s. m. Œil, — dans l’argot des voleurs. Signifie aussi Jour.

Rigaud, 1881 : Jour. — Œil. Pisser des reluits, pleurer, — dans le jargon des voyous.

La Rue, 1894 : Jour. Œil.

Virmaître, 1894 : L’œil (Argot des voleurs). V. Abat-reluit.

Reluquer

Clémens, 1840 : Envisager.

Delvau, 1866 : v. a. Considérer, regarder avec attention, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi : Faire les yeux doux.

Rigaud, 1881 : Observer, espionner. — Reluqueur, curieux, espion.

La Rue, 1894 : Regarder avec attention. Espionner.

Virmaître, 1894 : Regarder.
— Qu’avez-vous donc à me reluquer comme ça, est-ce que je vous ai vendu des pois qui n’ont pas voulu cuire ?
— Reluque-moi un peu ce canard, en a-t-il une trompette (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Regarder.

As-tu fini de reluquer ma femme ?

Hayard, 1907 : Regarder.

Reluquer, rembroquer, remoucher, remouquer

Larchey, 1865 : Remarquer, examiner. V. Chasse, Temps, Moucharde, Bonne, Abadis, Béquille, Bayafe. — Rembrocage de parrains : Confrontation.

Remaquiller

Rigaud, 1881 : Refaire.

Rembarrer

d’Hautel, 1808 : Gronder, brusquer, repousser quelqu’un, lui faire de vifs reproches.

Rembasle

La Rue, 1894 : Rentier.

Rembiner

Delvau, 1866 : v. a. Rétracter une calomnie ; un débinage, — dans l’argot des voyous.

Virmaître, 1894 : Quand on a bien débiné un individu, on le rembine. Rembiner est synonyme de rebonneter (Argot du peuple).

Rembourer

d’Hautel, 1808 : Au propre, bourrer, garnir avec de la laine, de la bourré ou du crin ; au figuré, brusquer, brutaliser, maltraiter quelqu’un en paroles, lui chanter pouille.
On dit d’un fauteuil dur et incommode, d’un matelas qui n’a pas été cardé depuis long-temps, qu’il est rembourré avec des noyaux de pêches.
Se rembourrer le ventre.
Pour dire, faire un bon repas, manger à ventre déboutonné.

Rembrocable

Rigaud, 1881 : Reconnaissable.

Rembrocable (elle est)

Virmaître, 1894 : Beau visage que l’on peut regarder.
— Tu n’en perdras pas la vue ni le poil de dessus, la môme est rembrocable.
Mot à mot : tu peux la regarder, elle vaut la secousse (Argot des voleurs).

Rembrocage de parrain

Delvau, 1866 : s. m. Confrontation, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Confrontation avec un témoin.

La Rue, 1894 : Confrontation.

Rembrocant

Rigaud, 1881 : Miroir.

Rembroquage de parrain

Virmaître, 1894 : Confrontation avec le parrain fargueur (témoin à charge). Le parrain rembroque (regarde) le détenu pour voir s’il le reconnaît (Argot du peuple).

Rembroquer

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Observer.

Clémens, 1840 : Envisager, regarder.

M.D., 1844 : Regarder.

Delvau, 1866 : v. a. Reconnaître. Signifie aussi Regarder.

Rigaud, 1881 : Reconnaître. — Rembroquer le portrait d’une gonzesse, reconnaître la figure d’une femme.

La Rue, 1894 : Reconnaître. Regarder.

Virmaître, 1894 : Regarder.

Ses deux beaux chasses vous rembroquaient,
Puis à la piaule tous les gonces la refilaient.
Elle fit mince casquer les marlous,

dit la chanson du mac de Grenelle (Argot des souteneurs).

Rembroqueurs (les)

M.D., 1844 : Les témoins.

Rembroqueuse

M.D., 1844 : Une lorgnette.

Rème

Clémens, 1840 : Fromage, faire connaître un complot.

M.D., 1844 : Fromage.

Rême

anon., 1827 : Fromage.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Fromage.

Bras-de-Fer, 1829 : Fromage.

La Rue, 1894 : fromage.

Remède

d’Hautel, 1808 : Il me l’a rendu comme un remède. Pour dire avec promptitude, et exactement ; se dit d’une chose que l’on rend presque en même temps qu’on l’emprunte ; d’une politesse que l’on se hâte de rendre aussitôt qu’on en a reçu une de quelqu’un ; d’une dette que l’on a fait le matin, et que l’on paye le soir.

Remède à l’amour

Virmaître, 1894 : Femme laide à faire reculer même le plus intrépide.
— Quelle bouillotte, mon vieux, s’il n’y avait qu’elle et moi sur terre nous ne ferions pas de petits. Elle guérirait de l’amour pour la vie (Argot du peuple).

Remède d’amour

Rigaud, 1881 : Personne très laide.

Pour me guérir d’amour tes yeux sont un remède.

(Le Docteur amoureux.)

La Rue, 1894 : Visage très laid.

Remède l’amour

Delvau, 1866 : s. m. Figure grotesque ou repoussante, — dans l’argot du peuple, qui ne sait pas que Mirabeau a été adoré de Sophie.

Rémémorer

d’Hautel, 1808 : Remettre en mémoire ; (il est vieux). On dit vulgairement rémémorier.

Remercier

d’Hautel, 1808 : Il faut remercier Dieu de tout. Se dit par ironie, lorsqu’il est arrivé quelque chose de désagréable, de fâcheux.

Delvau, 1866 : v. a. Renvoyer un domestique ; donner son congé à un ouvrier, — dans l’argot des bourgeois.

Remercier son boucher

Delvau, 1866 : v. a. Mourir, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Remercier son boulanger.

Remercier son boulanger

Rigaud, 1881 : Mourir, — dans le jargon du peuple. C’est la variante de perdre le goût du pain.

Remettez donc le couvercle !

Delvau, 1866 : Disent les voyous à quelqu’un qui a l’haleine fétide, pour l’empêcher de parler davantage.

Remettre quelqu’un à sa place

Delvau, 1866 : Répliquer vertement à quelqu’un qui vous manque de respect, lui faire comprendre son impertinence. Argot des bourgeois.

Réminiqui

France, 1907 : Dernier petit verre d’eau-de-vie.

Il est du plus mauvais goût de se servir d’un pilon de volaille, comme d’un goupillon, pour donner la bénédiction à la société.
— Histoire de rire.
— Idem, il faut éviter, quand on a bu un verre de vin, de faire claquer sa langue et de dire, en clignant de l’œil, à son voisin : « Encore un que les Prussiens n’auront pas ! »
— Ce que j’en disais, c’était par patriotisme.
— Chauvinisme intempestif !… Idem, il est bon de s’abstenir, lorsque le garçon vous a versé le café, de réclamer le bain de pieds, puis le gloria, le pousse-café, la rincette, la surrincette et le réminiqui…

(Simon Boubée, Le Testament d’un martyr)

Remisage

France, 1907 : Magasin ou vaste enclos où les recéleurs mettent toutes sortes de véhicules volés.

Dans les remisages vont s’engouffrer tous les camions, voitures, carrioles volés, pendant que les chevaux s’en vont au marché et que les victimes sont déjà au fond de l’eau.

(Mémoires de M. Claude)

Remise

France, 1907 : Vieille coquette bonne à mettre au rancart, en remise.

— Quel âge, la chatte ?
— Une remise. Quarante ans tapés.

(Marni, La Haute)

Remiser

Rigaud, 1881 : Envoyer au diable. — « Je l’ai joliment remisé. » — Se faire remiser, se faire remettre à sa place, — dans le jargon des voyous.

Rigaud, 1881 : Conduire en prison.

La Rue, 1894 : Remettre quelqu’un à sa place. Conduire en prison. Reléguer.

France, 1907 : S’assagir avec l’âge. On dit aussi : remiser son fiacre. Argot populaire, mêmes sens qu’acheter une conduite ou se ranger des voitures.

France, 1907 : Éconduire, renvoyer, rabrouer ; argot populaire. On dit aussi, dans le sens de faire taire, de remettre quelqu’un à sa place : remiser son fiacre.

— Comme il a voulu faire du pétard, j’y ai salement remisé son fiacre.

(Georges Courteline)

France, 1907 : Mettre en prison ; argot populaire.

Remiser son fiacre

Delvau, 1866 : Se taire, — dans l’argot des faubouriens. Signifie aussi, par extension, Mourir.

France, 1907 : Mourir ; argot populaire.

Remiseur

France, 1907 : Recéleur ; argot des voleurs.

Remisier

Delvau, 1866 : s. m. Variété d’Agent de change : homme qui touche une remise sur les affaires qu’il procure à un agent de change.

Rigaud, 1881 : Courtier de fonds publics ; intermédiaire entre le client et un agent de change. Il a une remise sur toutes les affaires qu’il procure.

Remolade ou remoulade

d’Hautel, 1808 : Espèce de sauce piquante ; et non Rimoulade, comme on l’entend dire continuellement.

Remone (faire de la)

Rigaud, 1881 : Faire le rodomont, parler très haut et chercher à en imposer, — dans le jargon des voyous. — Ça l’air de mecs solides, faut pas faire de la remone.

France, 1907 : Faire ses embarras ; argot populaire.

Rémonencq

Delvau, 1866 : s. m. Revendeur auvergnat, chineur, — dans l’argot des gens de lettres, qui se souviennent de la Comédie humaine de Balzac.

France, 1907 : Marchand d’habits ; argot populaire, du nom d’un personnage de la Comédie humaine de Balzac.

Remonte (faire la)

Rossignol, 1901 : Les patrons de maisons de tolérance de province vont de ville en ville chercher des femmes chez leurs confrères ; c’est faire la remonte. Il existe du reste un Annuaire de toutes les maisons de France, Belgique, Portugal, Espagne, Tunisie, Algérie avec les noms et adresses des tenancières. Celui qui fait la remonte paye les dettes de la femme qu’il emmène et qui sont quelquefois de 700 à 800 francs ; ces dettes consistent en linge et vêtements vendus par la maison. Une paire de bas, de 29 sous, sera vendue 12 francs, et le tout en proportion. Il y a à ajouter à ces dettes les frais de voyage de la femme et de celui qui fait la remonte, de sorte qu’une femme ne peut sortir de ces maisons que si elle trouve un michet généreux qui règle ce qu’elle doit.

Remontée

France, 1907 : Après-midi. Provincialisme.

Remonter

d’Hautel, 1808 : Remonter sur sa bête. Regagner ce qu’on a perdu, ressaisir un avantage qu’on avoit perdu ; reprendre de l’embonpoint, de la vigueur et de la santé après une longue maladie.

Remonter le tournebroche

France, 1907 : Rappeler à l’ordre ; argot populaire.

Remonter sa grand’mère

France, 1907 : Renifler ; argot des voyous.

Remonter sa pendule

Delvau, 1866 : v. a. Battre de temps en temps sa femme, — dans l’argot des ouvriers.

La Rue, 1894 : Battre sa femme.

Virmaître, 1894 : Battre sa femme, mot à mot : la faire marcher. L. L. Remonter sa pendule se dit d’une personne qui renifle pour remonter sa morve et éviter de se moucher. Remonter le moral d’une personne désespérée (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Battre en femme ; argot des ouvriers ; à leurs veux ça la fait marcher.

Remonter sur sa bête

Delvau, 1866 : v. n. Rétablir ses affaires, sa fortune, son bonheur, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Rétablir ses affaires ; revenir à la santé. Argot populaire.

Remotis

d’Hautel, 1808 : Mettre quelque chose à remotis. Pour dire à l’écart, ne plus s’en servir, et non au remotis.

Remouchage

Rigaud, 1881 : Vengeance.

France, 1907 : Revanche.

Remouchante

M.D., 1844 : Une glace.

Remoucher

Clémens, 1840 : Reconnaître.

M.D., 1844 : Regarder.

M.D., 1844 : Faire attention.

un détenu, 1846 : Regarder en surveillant.

Delvau, 1866 : v. a. Apercevoir, remarquer, admirer, — dans l’argot des faubouriens. Les Italiens disent rimorchiare, donner des regards pour allécher.

Rigaud, 1881 : Observer. — Se venger.

La Rue, 1894 : Observer, remarquer. Reconnaître. Admirer. Se venger.

Virmaître, 1894 : Regarder.
— Remouche moi cette petite gueule-là, elle ferait relever un mort.
On dit aussi :
— Je vais te remoucher pour : te battre (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Voir reluquer.

Hayard, 1907 : Même sens — regarder.

France, 1907 : Rabrouer, gronder.

France, 1907 : Regarder, voir.

R’mouchez-moi un peu c’larbin
Sous sa fourrure ed’cosaque,
Comme i’pu’ bon l’eau d’Lubin !
I’s’gour dans son col qui craque
Comme un’areng dans sa caque.

(Jean Richepin)

Remouchicoter

Delvau, 1866 : v. n. Chercher les aventures galantes — ou des prétextes à rixe.

Remouchicoteur

France, 1907 : Chercheur d’aventures, amourettes ou querelles ; argot du peuple qui a fait le verbe remouchicoter.

Rémouleur de buffet

France, 1907 : Joueur d’orgue ; argot populaire.

Remouquer

Halbert, 1849 : Monter, regarder.

Rempardeuse

Virmaître, 1894 : Fille qui fait les soldats autour des casernes, sur les glacis ou dans les fossés des fortifications (Argot des troupiers).

France, 1907 : Prostituée qui exerce son industrie le long des fortifications, des remparts, autour des casernes.

Rempart

d’Hautel, 1808 : Une coureuse de rempart. Vile courtisane ; femme tombée dans le dernier degré d’avilissement.

Rempart (escargot de)

France, 1907 : Sobriquet donné, pendant la guerre de 1870-71, aux gardes nationaux sédentaires auxquels était confiée la garde des fortifications de Paris.

Si j’ai vu des gardes nationaux sédentaires, plaisamment dénommés escargots de rempart, sacrifier au noble jeu du bouchon, il m’a été donné, aussi, de voir le spectacle encourageant et réconfortant qu’offraient les hommes de ma génération, qui, « croyant que c’était arrivé », se faisaient spontanément inscrire sur les registres ouverts à cet effet (briser la ceinture de fer), sans se soucier de leurs femmes et de leurs jeunes enfants.

(Georges Berthomme-Kesleau, Le Vétéran)

Rempiéter

Delvau, 1866 : v. a. Mettre des talons et des bouts aux bas — dans l’argot des ménagères.

Remplir

d’Hautel, 1808 : Se remplir la paillasse. Expression basse et triviale, pour dire faire chère lie, manger avec intempérance.

Remplir le battant (se)

Delvau, 1866 : Manger, — dans l’argot des faubouriens.

France, 1907 : Manger ; argot populaire.

Remplir le sac d’une fille

France, 1907 : La rendre grosse.

Il ly défit son corset,
Mais le meilleur de l’affaire
C’est qu’après tout ce mic-mac
Mon drôle, crac !
Lui remplit son sac.

(Vadé)

Remplissage

Delvau, 1866 : s. m. Prose inutile, destinée à allonger un article, un volume, — dans l’argot des gens de lettres.

Remplumer

d’Hautel, 1808 : Se remplumer. Commencer à rétablir ses affaires, à reprendre de la vigueur et de l’embonpoint après une longue maladie qui avoit altéré la santé ; regagner ce que l’on avoit perdu au jeu.

Remplumer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Engraisser, s’enrichir, — dans l’argot des faubouriens.

France, 1907 : Reprendre des forces ou se refaire une situation.

Remporter une tape

France, 1907 : Être rabroué.

Remporter une veste

France, 1907 : Échouer, avoir un insuccès. Voir Veste.

Remue-ménage

d’Hautel, 1808 : Tintamare, trouble, désordre, querelle.
Un remue-ménage. Nom que l’on donne à un enfant vif, turbulent, bruyant et emporté.

Remue-pouce

France, 1907 : Argent ; argot des voleurs.

Remuer

d’Hautel, 1808 : Il ne remue pas plus qu’une buche. Se dit de quelqu’un qui est lourd, indolent, très paresseux, qui se meut difficilement ; on dit dans le même sens ; il ne remue pas plus qu’une bastille.
Remuer ciel et terre.
Faire agir toutes sortes de ressorts, pour faire réussir une affaire.
Il ne faut pas remuer l’ordure. Pour dire qu’il y a des choses dont la décence ne permet pas de parler.
Cousin remué de germain. Pour dire issu.
On lui remuera ses puces. Se dit à un enfant que l’on menace de corriger, de fouetter.

Rossignol, 1901 : Puer.

France, 1907 : Puer ; argot populaire.

Remuer (la)

Rossignol, 1901 : Être de la police ou la renseigner, c’est remuer la casserole.

Remuer comme un diable dans un bénitier

France, 1907 : S’agiter beaucoup, faire des contorsions. L’eau bénite ayant la propriété de brûler le diable, l’on s’imagine les contorsions de l’esprit malin, le derrière plongé dans un bénitier !

Remuer du cul ou du croupion

Delvau, 1864 : Se trémousser de plaisir sous l’homme.

Et tandis qu’elles font bien leur devoir de remuer du croupion et de pressurer la grappe soigneusement pour faire que le jus en sorte…

Mililot.

Sur son lit d’acajou,
Cette jeune ingénue
Fort gentiment remue
Du cul pour un bijou.

J. Duflot.

Enfin, à force de frotter et de remuer le cul de part et d’autre, il arrive que tous deux viennent à s’échauffer d’aise par une petite démangeaison et chatouillement qui leur vient le long des conduits.

Mililot.

Elle passa dans un bois avec un jeune compagnon dans l’espérance d’y bien remuer les fesses.

D’Ouville.

Le garçon en avertit la fille et elle le garçon : cela les oblige à frotter plus fort et à remuer plus vite les fesses.

Mililot.

Que j’étais jeune, que j’avais les reins souples et que je les pouvais remuer.

P. De Larivey.

Tous vos baisers sont contraints ;
Mais remuez donc les reins !
Que faites-vous de vos mains ?

Béranger.

Remuer la casserole

Fustier, 1889 : Faire partie de la préfecture de police. Argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Appartenir à la police.

France, 1907 : Appartenir à la police. Voir Cuisinier.

Remuer la commode

France, 1907 : Jouer du piano ou de l’orgue de Barbarie.

— En voilà un qui vous bassine à remuer la commode ses dix heures par jour !

(Rigaud)

Remueur de casseroles

France, 1907 : Agent de la police secrète, mouchard.

— Ce nouveau copain-là ne me dit rien de bon ; je crois que nous brûlons et que nous avons affaire à un remueur de casseroles.

(Mémoires de M. Claude)

Renache

France, 1907 : Police, pour renâcle.

Renaché

Delvau, 1866 : s. m. Fromage, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Fromage, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Fromage.

Virmaître, 1894 : Fromage (Argot des voleurs).

France, 1907 : Fromage ; corruption de renâclé ; il renâcle, il pue.

Renacher

Halbert, 1849 : Fromage.

Renâclant

France, 1907 : Nez.

Renacle

Fustier, 1889 : Police de sûreté.

Renâcle

France, 1907 : La police de sûreté ; argot des voleurs.

Ils nous regardèrent effrontément ; ils dirent, après avoir vidé deux verres de mêlé-cassis : Attention, la renâcle est en chasse !

(Mémoires de M. Claude)

Renacler

d’Hautel, 1808 : Faire quelque chose en rechignant, avec humeur ; trouver des obstacles, des prétextes pour ne point faire ce que l’on vous ordonne.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Crier, se mettre en colère.

Halbert, 1849 : Crier après quelqu’un.

La Rue, 1894 : Hésiter, grogner, reculer, avoir peur. Convoiter. Crier après.

Renâcler

anon., 1827 : Crier après quelqu’un.

Bras-de-Fer, 1829 : Crier après quelqu’un.

Delvau, 1864 : Renoncer à une chose, manifester de la répugnance à la faire.

Delvau, 1866 : v. n. Bouder au travail ; ne pas se sentir en disposition de faire une chose. Argot des faubouriens. Signifie aussi : Crier après quelqu’un, gronder, murmurer.

Rigaud, 1881 : Reculer, avoir peur.

Quoi de plus propre en effet à faire renâcler les poivrots ?

(La petite Lune, 1879.)

Renifler, respirer, aspirer avec convoitise, convoiter de très près. Encore un qui renâcle les pruneaux de l’épicemar.

France, 1907 : Puer.

France, 1907 : Reculer, hésiter.

— C’est-y loin où tu demeures ?
— À deux pas.
Deux pas ! ça en faisait dix mille. ça m’éloignait de mon chez moi… Je commençais de renâcler… Je lui dis :
— Pourquoi que tu vas pêcher si loin de chez toi ? Ça indispose…
Mais elle me répondit :
— Vois-tu, dans le jour je travaille… et je veux pas que, dans mon quartier on sache que je sors.

(Hugues Le Roux)

anon., 1907 : Résister.

Renâcleur

Rigaud, 1881 : Grogneur. — Poltron.

France, 1907 : Agent de police, mouchard.

— Et comme vous êtes des renâcleurs venus pour nous boucler, vous allez aussi éternuer avec la largue et ses jobards.

(Mémoires de M. Claude)

Renard

d’Hautel, 1808 : Un vieux renard. Pour dire un homme adroit, fin, rusé.
Se confesser au renard. Découvrir son secret à quelqu’un qui en tire avantage, qui en fait son profit, et qui est intéressé à empêcher l’affaire dont il s’agit.
Écorcher le renard. Pour dire vomir, rendre les alimens, ou le vin qu’on a pris immodérément.
Le renard cache sa queue. Pour dire que les gens adroits cachent leurs finesses, leurs ruses.
Le renard prêche aux poules. Se dit d’un imposteur, qui cherche à attrapper, par ses discours, des gens simples et crédules.
Le renard a pissé dessus. Se dit en parlant du raisin, que l’ardeur du soleil a rendu roux, et qui est très-mûr.

Larchey, 1865 : « Pour être compagnon, tu seras lapin ou apprenti, plus tard tu passeras renard ou aspirant. » — Biéville. — V. Chien.

Delvau, 1866 : s. m. Résultat d’une indigestion, — dans l’argot du peuple. Piquer un renard. Vomir. Du temps de Rabelais et d’Agrippa d’Aubigné, on disait Écorcher le renard. Les Anglais ont une expression analogue : to shoot the cat (décharger le chat).

Delvau, 1866 : s. m. Pourboire, — dans l’argot des marbriers de cimetière, forcés d’employer toutes les ruses de leur imagination pour en obtenir un des familles inconsolables, mais « dures à la détente ».

Delvau, 1866 : s. m. Aspirant compagnon, — dans l’argot des ouvriers.

Rigaud, 1881 : Pourboire, — dans l’argot des marbriers de cimetière. (A. Delvau) C’est le résultat prévu du pourboire.

Rigaud, 1881 : Aspirant au compagnonnage.

La Rue, 1894 : Pourboire. Vomissement. Trahison. Espion de bagne.

France, 1907 : « Livre rare et curieux déterré par un amateur dans l’étalage d’un brocanteur qui en ignorait le prix.

(Gustave Fustier)

France, 1907 : Résultat d’une absorption trop copieuse. Voir Renarder.

France, 1907 : Mouchard, espion ; argot des forçats.

Sur ce fond de boue et de sang se détache une troisième physionomie, la physionomie du forçat mouchard ou du renard.

(A. Dauvin)

France, 1907 : Postulant compagnon au temps où les ouvriers faisaient leur tour de France.

— Nous étions dix ou douze renards qui s’étaient donné le mot pour se faire initier. On avait déjà passé une nuit dans la cave de la Mère, à boire et à chanter. Eux nous avaient fait « piquer » et « battre le cordeau », pour vérifier notre savoir.

(Hugues Le Roux)

Renard (cracher un)

Hayard, 1907 : Vomir étant ivre.

Renard (faire le)

France, 1907 : Faire l’école buissonnière. Le petit garçon qui esquive l’école, se cache comme le renard. Provincialisme. On dit aussi renarder.

Renard (faire un)

Rossignol, 1901 : Vomir.

Renard (le lâcher)

Virmaître, 1894 : Dégueuler. Expression ancienne ; dans les ateliers, quand un ouvrier a trop bu, il lâche son renard ; un camarade charitable dit alors quand il est copieux : il en a une de queue. Une vieille chanson de compagnon dit :

Quand je sens que ça me gargouille,
Je lâche le renard. (Argot du peuple).

Renard (piquer un)

Larchey, 1865 : Vomir. — On a commencé par dire écorcher le renard. — Le renard est une bête si puante qu’on s’expose à vomir de dégoût en voulant l’écorcher. V. Gaz.

Et tous ces bonnes gens rendoient leurs gorges devant tout le monde, comme s’ils eussent escorché le regnard.

Rabelais.

Le voyageur Jacques Lesaige dit en faisant allusion aux effets du mal de mer :

Loué soit Dieu ! Javons bon apétit car je n’avois fait que escorchier le regnart. (1518)

Renard de liberté

France, 1907 : Postulant compagnon refusé après les épreuves d’initiation :

— Je suis renard de Liberté. Savez-vous ce que c’est ?
J’ouvris les veux très grands.
Il reprit :
— Vous n’êtes point maçon ? J’ai voulu en tâter. Compagnon du Devoir ! Ah ! c’est de belles duperies tout ça ! Faut vous dire que toutes ces façons secrètes des compagnons, leur manière de serrer la main, les mots qu’on surprend, qu’on ne comprend pas, les réunions chez les mères, vous frappent l’esprit quand on est jeune. Puis, on voit que ceux qui refusent d’entrer dans le compagnonnage ne réussissent pas à se caser. C’est beau d’avoir un métier, mais faut encore que le travail vienne. Alors on se dit : « Eh bien ! je serai des Bons-Drilles, comme les autres. » Bons-Drilles, c’est encore un mot à eux. Enfin, il y a la peur. On est un homme, on est fier, on ne veut pas que les gens pensent : « Il a reculé devant les épreuves. »

(Hugues Le Roux)

Renard, queue de renard

Rigaud, 1881 : Résultat d’une indigestion. Les queues de renard s’étalent les samedis de paye, le soir, le long de certains trottoirs. — Renarder, vomir.

Renarde

France, 1907 : Dévoiement, principalement celui des bestiaux ; patois du Centre.

Renarder

d’Hautel, 1808 : Pour dire vomir, rendre le superflu des alimens.

Larchey, 1865 : Vomir.

Je suis gris… Vous me permettrez de renarder dans le kiosque.

Balzac

On disait autrefois renauder. V. Roquefort.

Delvau, 1866 : v. n. Rendre le vin bu ou la nourriture ingérée avec excès ou dans de mauvaises dispositions d’estomac.

France, 1907 : Vomir. On dit aussi piquer un renard, écorcher de renard, dégobiller. Sur l’origine de ces expressions, Le Duchat s’exprime ainsi : « Pour retourner la peau d’un renard, il faudrait que la queue lui passât par la gueule. Or, comme les fusées que fait un ivrogne qui vomit ont quelque rapport avec la grosse et longue queue d’un renard, de là est venu qu’on a appelé renarder et écorcher le renard le vomir des ivrognes… Peut-être que, comme de vulpes nous avons fait goupil, de goupil sera venu dégobiller qui est la même chose qu’écorcher le renard. »

Renarderie

Rigaud, 1881 : Vomissement.

Après cette renarderie
Qui ne fut qu’une raillerie.

(Voyage de Brème.)

France, 1907 : Finesse de renard, tour de renard.

Renaré

Delvau, 1866 : adj. et s. Malin, homme habile.

Renaud

Delvau, 1866 : s. m. Reproche, esclandre, — dans l’argot des voleurs. Signifie aussi : Danger, péril.

Rigaud, 1881 : Reproche. — Esclandre. — Remords. — Faire du renaud, se plaindre, ameuter le monde par des cris. Renauder. Grogner, refuser. — Reprocher. — Avoir des remords.

Virmaître, 1894 : Faire des reproches à quelqu’un, c’est lui pousser un renaud.
— Y m’en a foutu un de renaud à l’instruction, y m’a dit que je crapserai d’une fièvre cérébrale soignée par Charlot (Argot des voleurs).

Renaud (être à renaud)

Hayard, 1907 : En colère.

Renaud, renauder

anon., 1907 : Se fâcher.

Renauder

d’Hautel, 1808 : Pour maugréer, rechigner, regimber, faire malgré soi et à contre cœur un ouvrage quelconque, marmoner entre ses dents ; être rassasié, renoncer sur quelque chose.

Clémens, 1840 : Se fâcher.

M.D., 1844 : Bisquer.

un détenu, 1846 : Être en colère, refuser, ne pas vouloir.

Larchey, 1865 : Renâcler (Vidocq). — Signifiait jadis vomir. V. Roquefort.

Quand elle quête, merci ! Chacun renaude ou détale.

Léonard, parodie 1863.

Delvau, 1866 : v. n. Se refuser à faire quelque chose, être de mauvaise humeur. Argot du peuple. C’est le verbe arnauder de la langue romane. Renauder signifie aussi Se plaindre.

Boutmy, 1883 : v. intr. Murmurer, grommeler d’un air de mauvaise humeur ; souvent synonyme de gourgousser.

La Rue, 1894 : Grogner. Refuser. Se fâcher. Faire des reproches.

Virmaître, 1894 : Ne pas être content. Ce mot vient du verbe arnauder. Avoir du renaud contre quelqu’un veut également dire : avoir de la rancune. Synonyme de l’expression être à feu (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Voir renaudeur.

Hayard, 1907 : Même sens — être en colère.

Renaudeur

Rigaud, 1881 : Grogneur.

Rossignol, 1901 : Celui qui est grincheux et qui bougonne constamment est un renaudeur.

Renbiner

M.D., 1844 : Remettre à neuf.

Rencard

Virmaître, 1894 : À l’écart. On met un objet au rencard quand on en a assez. La faire au rencard : lever une femme qui est seule sur un banc, dans un square, ou sur une promenade publique. Les courtiers qui lèvent les bonnes pour les placer dans les maisons de tolérance disent :
— J’ai fait la môme au rencard (Argot des souteneurs). N.

Rencart ou Rancart (au)

Delvau, 1866 : À l’écart, au rebut.

Renchéri

d’Hautel, 1808 : Faire le renchéri. Faire le précieux, le petit-maître, le fanfaron ; se prévaloir des moindres avantages ; jouer le gros seigneur.
On dit aussi d’une femme, qu’Elle fait bien sa renchérie, pour dire qu’elle se fait trop valoir ; qu’elle s’aime beaucoup ; qu’elle fait la bégueule, la dédaigneuse, la femme de qualité.

Renchoir

La Rue, 1894 : Récidiver.

Rencœur

Virmaître, 1894 : En avoir gros sur le cœur contre quelqu’un. Ne pouvoir avaler ou digérer une affaire. Synonyme de la locution très populaire :
— Je travaille à contre-cœur.
— Je n’y vais pas de bon cœur, je n’y vais pas avec courage.
Épouser un homme malgré soi, c’est avoir un rencœur (Argot du peuple).

Rencogner

d’Hautel, 1808 : Se rencogner. Se fourrer, se retirer dans un coin, à dessein de n’être pas aperçu dans une société.

Rencontre (vol à la)

Larchey, 1865 : « Variété du vol à la tire. Il est opéré par deux compères : le premier heurte un passant dont il détache la chaîne qui est aussitôt remise au second ; puis il s’éloigne en s’excusant et se laissant fouiller, si on découvre le vol. » — Canler.

Rencontrer

d’Hautel, 1808 : Deux montagnes ne se rencontrent pas, mais deux hommes se rencontrent. Cette phrase proverbiale a plusieurs acceptions ; tantôt elle signifie qu’il ne faut offenser personne, que tôt ou tard, on se retrouve ; tantôt, c’est une manière de s’excuser d’avoir une pensée semblable à celle d’une personne d’un mérite supérieur.

Rendem

Rossignol, 1901 : Commettre le vol au rendez-moi est faire le rendem ou philippe.

Rendem, rendemi

La Rue, 1894 : Vol au rendez-moi.

Rendémi, vol au rendémi

Rigaud, 1881 : Vol au rendez-moi, vol au préjudice d’un marchand qui rend la monnaie d’une pièce d’or ou d’argent.

Rendève

Delvau, 1866 : s. m. Apocope de Rendez-vous, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Rendez-vous.

Rendez-moi

Halbert, 1849 : Rendre sur une pièce de monnaie.

Rossignol, 1901 : Voir rendem.

Rendez-moi (le vol au)

Virmaître, 1894 : C’est très simple. L’un des complices jette un louis sur le comptoir ; pendant que le marchand rend la monnaie, l’autre ramasse pièce et monnaie et se sauve. Cette manière de procéder se nomme par abréviation : le rendem (Argot des voleurs).

Rendoublé

Rigaud, 1881 : Rempli, restauré par un bon dîner.

La Rue, 1894 : Plein, rempli.

Rendoublé, ée

Delvau, 1866 : adj. Plein, pleine, — dans l’argot des voleurs.

Rendoublée

Virmaître, 1894 : Signifie plusieurs choses. Dans le peuple on dit : Rendoublée de putain, pour exprimer qu’il est impossible de l’être davantage. On dit d’une femme enceinte :
— Elle est rendoublée pour doublée (Argot du peuple).

Rendre

d’Hautel, 1808 : Il m’a rendu cela comme un lavement ou un remède. Se dit par raillerie d’une personne qui rend une honnêteté aussitôt qu’elle l’a reçue ; qui débite sans grace quelques complimens ; ou qui rend ce qu’il avoit emprunté sans avoir pris le temps de s’en servir.
C’est un homme qui a bon cœur, il ne rend rien ; ou, Quant il emprunte, c’est à ne jamais rendre. Se dit d’un homme qui ne rend pas fidèlement ce qu’on lui a prêté.
Rendre les miettes. Vomir, dégobiller ; rejeter les alimens que l’on a pris avec excès.
On dit aussi dans le même sens, rendre tripes et boyaux.
C’est un prêté pour un rendu. Se dit quand on riposte habilement à quelqu’un ; qu’on lui a joué un tour qui surpasse celui qu’il vous avoit joué auparavant.
Dieu vous le rende en paradis, chaud comme braise. Se dit par ironie quand un homme fait quelque mauvais souhait à un autre.

Rendre (se)

Delvau, 1864 : Consentir à se mettre sur le dos, à ouvrir ses cuisses et à se laisser baiser par l’homme qui en sollicite depuis plus ou moins de temps l’honneur — et le plaisir.

La comtesse nous raconta dans le plus grand détail comme quoi elle s’était rendue a Préban, et tout ce qui s’était passé entre eux.

Rendre l’âme

Virmaître, 1894 : Mourir. Rendre son âme à Dieu ou au diable. On dit aussi d’un pochard qui a le renard facile :
— Il a rendu tripes et boyaux jusqu’à son âme.
Là, il n’en meurt pas, il recommence le lendemain (Argot du peuple).

Rendre sa bûche

Delvau, 1866 : v. a. livrer une pièce au patron, — dans l’argot des tailleurs. Au figuré, Mourir, — rendre son âme au Grêle d’en haut.

Rendre sa canne au ministre

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des troupiers, qui disent cela à propos des tambours-majors.

Rendre sa clef

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des bohèmes.

Rendre son cordon

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des rapins, qui disent cela à propos des concierges.

Rendre son livret

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des domestiques.

Rendre son permis de chasse

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot du peuple, qui dit cela à propos des médecins, de qui l’homme malade est le gibier naturel.

Rendre un homme heureux

Delvau, 1864 : Le faire jouir en le branlant, ou en le suçant, ou en tirant un coup avec lui.

Thémire pour me rendre heureux
Veut que de son flambeau l’Amour seul nous éclaire.

(Épigrammes.)

Oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah !
Rendez heureux ce monsieur-là,
La, la.

Béranger.

Rendre une fève pour un pois

Delvau, 1866 : v. a. Riposter à un coup de langue ou à un coup de poing par un autre coup de langue plus aigu ou par un autre coup de poing plus violent. Argot du peuple. Signifie aussi : Rendre le bien pour le mal ; agir avec générosité envers des gens qui ont montré de la parcimonie.

Rendre visite à M. Du Bois

Delvau, 1866 : Aller « où le Roi va à pied », — dans l’argot des faubouriens.

Rendu

Fustier, 1889 : « Petit ou gros, cher ou bon marché, l’objet qui déplaît au public rentre dans le grand bazar, et le caissier qui a reçu l’argent rend cet argent… Dans le sous-sol on appelle ces objets les rendus. »

(Giffard : Les grands bazars.)

Rêne (saisir la troisième)

Larchey, 1865 : S’accrocher à la crinière d’un cheval sur lequel on ne peut se maintenir.

Renfoncement

Larchey, 1865 : Forte bourrée.

On l’accabla de renfoncements, il lui fut impossible de s’expliquer.

Chenu.

Delvau, 1866 : s. m. Coup de poing.

Virmaître, 1894 : Vigoureux coup de poing appliqué sur un chapeau haut de forme. Quand les voyous se battent, le coup du renfoncement, c’est un coup de tête donné en pleine poitrine (Argot du peuple).

Renforcer

d’Hautel, 1808 : Devenir plus fort.
Renforcé sur la culasse. Pour, avoir les reins torts ; être vigoureux et trapu.
On dit habituellement, renforcir ; ce qui est un barbarisme.

Renfrusquiner

un détenu, 1846 : S’habiller des pieds à la tête.

Renfrusquiner (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’habiller à neuf avec des vêtements d’occasion, — dans l’argot des ouvriers.

Rigaud, 1881 : S’habiller.

Renfrusquiner pour la sèche

Rigaud, 1881 : Ensevelir ; mettre un corps au cercueil, — dans le jargon des voleurs.

Reng

Halbert, 1849 : Cent.

Rengaîne

Delvau, 1866 : s. f. Phrases toutes faites à l’usage des apprentis journalistes ou vaudevillistes, — telles que « l’étoile de l’honneur, la croix de ma mère, l’épée de mon père, le nom de mes aïeux », etc., etc.

Rengainer

La Rue, 1894 : Rentrer.

Rengaîner

d’Hautel, 1808 : Rengaîner son compliment. Supprimer, ou ne pas achever ce qu’on avoit envie de dire.
Rengaînez. Pour dire à quelqu’un qui a dégainé de remettre son arme dans le fourreau.

Rengainer son chiffon

Rigaud, 1881 : Se taire. Mot à mot : rentrer sa langue.

Rengainer son compliment

Virmaître, 1894 : Faire du plat à une femme, elle vous envoie à l’ours, il faut rengainer son compliment. Être en tête-à-tête avec une femme mariée pour la première fois ; au moment psychologique, le mari arrive… il faut rengainer son compliment (Argot du peuple). N.

Rengaîner son compliment

Delvau, 1866 : v. a. Se taire, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi, par extension, Mourir.

Rengainer son compliment ou son objet

Delvau, 1864 : Remettre son membre dans sa culotte ; ne pas pousser plus loin l’aventure.

J’entends quelqu’un venir…
Rengaine ton objet…

Louis Protat.

Rengainer, renquiller

Rigaud, 1881 : Rentrer. — Renquiller son compliment, ne pas achever ce qu’on avait à dire.

Rengorger

d’Hautel, 1808 : Se rengorger. Se carrer ; faire l’important ; tirer vanité de quelqu’avantage.

Rengracier

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Changer de conversation.

Clémens, 1840 : S’arrêter.

M.D., 1844 : Finis, on regarde.

un détenu, 1846 : Se taire, imposer silence.

Larchey, 1865 : Devenir honnête rentrer en grâce de la société.

Jamais tu ne rengracieras. Plutôt caner en goupinant.

(Vidocq)

Delvau, 1866 : v. n. Renoncer au métier, redevenir honnête homme, — dans l’argot des voleurs, gens peu rengraciables. Rengraciez ! Taisez-vous ! faites silence !

Rigaud, 1881 : Renoncer au vol. — Rengraciement, retour à l’honnêteté. — Rengracié, redevenu honnête.

La Rue, 1894 : Renoncer au vol, devenir honnête. S’arrêter. Signifie aussi se défier. Rengraciez ! défiez-vous.

Rengrâcier

anon., 1827 : Renoncer.

Bras-de-Fer, 1829 : Renoncer.

Reniable

d’Hautel, 1808 : Tous vilains cas sont reniables. Se dit quand quelqu’un a commis quelques fautes : considérables, et que la honte ou la crainte du châtiment fait qu’il les nie.

Reniflant

Rigaud, 1881 : Nez, — dans le jargon du peuple.

Reniflante

Rigaud, 1881 : Botte percée, chaussure hors d’usage.

La Rue, 1894 : Botte très usée.

Reniflantes

Delvau, 1866 : s. f. pl. Bottes éculées et percées, — dans l’argot des voyous.

Virmaître, 1894 : Des bottes. L’image est heureuse : quand un pauvre diable a des bottes éculées et percées, elles reniflent l’eau des ruisseaux (Argot du peuple).

Reniflard (le)

M.D., 1844 : Le nez.

Renifle (la)

Hayard, 1907 : La Sûreté.

Renifler

un détenu, 1846 : Avouer, reconnaître. Renifler quelqu’un.

Larchey, 1865 : Sentir deviner (Vidocq). V. Pante.

Larchey, 1865 : Refuser d’aller plus avant.

Si ce n’avait pas été l’heure, j’aurais reniflé.

Monselet.

Delvau, 1866 : v. n. Reculer, se refuser à faire une chose, — dans l’argot des faubouriens, qui ont eu l’occasion d’observer les chevaux peureux.

Delvau, 1866 : v. n. Faire un effet rétrograde, — dans l’argot des joueurs de billard.

Delvau, 1866 : v. a. Respirer, sentir. Signifie aussi, au figuré : Pressentir, deviner, avoir soupçon de…

Delvau, 1866 : v. a. et n. Boire. Il faudrait n’avoir pas été enfant pour ne pas se rappeler le maternel :

Renifle, Pierrot,
Y a du beurre au pot.

Rigaud, 1881 : Boire d’un trait. — Pressentir.

Fustier, 1889 : Aspirer, prendre l’eau.

La plus jeune avait… des bottines qui reniflaient l’eau.

(Goncourt : La Faustin.)

La Rue, 1894 : Boire. Reculer. Pressentir. Refuser. Moucharder.

Virmaître, 1894 : Ne rien vouloir faire.
— Tu renifles sur le truc.
Mot à mot ; rebuter (Argot des voleurs).

Renifler la poussière du ruisseau

Delvau, 1866 : v. a. Tomber dans le ruisseau, — dans l’argot des voyous.

Reniflerie

d’Hautel, 1808 : Reniflement réitéré.

Reniflette

Fustier, 1889 : La police. Argot des malfaiteurs. Le mot est joli, imagé et rend bien l’idée de l’agent qui renifle, donne du nez comme le chien en quête de gibier.

La Rue, 1894 : La police.

Renifleur

La Rue, 1894 : Agent de police. Homme de mœurs innommables.

Renifleur de camelotte à la flan

Rigaud, 1881 : Voleur s’attaquant aux marchandises en étalage, emportant le premier objet qui lui tombe sous la main. À la flan est un diminutif de « flanquette, à la bonne flanquette ».

Renifleur de camelotte à la flanc

Virmaître, 1894 : Voleur qui flâne au hasard pour dévaliser le premier étalage qui se présente à lui (Argot des voleurs).

Renifleurs

Virmaître, 1894 : Agents de la sûreté. Il faut avoir un certain nez, un certain flair, pour faire ce métier. Quand les agents arrêtent un voleur, ils le reniflent (Argot des voleurs).

Reniquer

Fustier, 1889 : Être de mauvaise humeur, rager. Argot de barrières.

La Rue, 1894 : Rager.

Renoblance

La Rue, 1894 : Reconnaissance du Mont-de-piété.

Renom

d’Hautel, 1808 : À beau se lever matin qui a le renom de dormir la grasse matinée. Pour dire que lors qu’on s’est acquis le renom de paresseux, on le perd difficilement, quelque diligence qu’on fasse.

Renommée

Rigaud, 1881 : Goguette ; cabaret où l’on chante.

Renouveler

d’Hautel, 1808 : Renouveler de jambes. Redoubler d’ardeur et d’activité dans une affaire.

Renouvellement

Fustier, 1889 : Argot de café-concert. Dans ces établissements, le prix de la place occupée donne droit à une « consommation » gratuite. Si vous désirez prendre de nouvelles consommations vous les pavez suivant le tarif des cafés ordinaires. Ce sont ces nouvelles consommations qui prennent le nom de renouvellement.

Au dedans, la salle était comble… les garçons ne savaient où donner de la tête ; les renouvellements pleuvaient. Les bocks et les flacons vides s’amoncelaient sur les comptoirs…

(Gaulois, 1882.)

Renquiller

Larchey, 1865 : Rentrer. De quille. V. Pavillonner.

Delvau, 1866 : v. n. Rentrer.

La Rue, 1894 : Rentrer. S’enrichir. Se rétablir.

Virmaître, 1894 : Rentrer.
— Je renquille à la piaule.
Renquiller veut dire aussi retourner.
— Je renquille au patelin (Argot du peuple).

Virmaître, 1894 : Faire fortune, devenir gros et gras (Argot d’imprimerie).

Hayard, 1907 : Rentrer.

Renquiller (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Réussir ; engraisser ; s’enrichir, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Se rétablir. — S’enrichir.

Renseignement

Delvau, 1866 : s. m. Verre de vin ou d’eau-de-vie, — dans l’argot des canotiers. Prendre un renseignement. S’arrêter au cabaret.

Rigaud, 1881 : Verre de vin, canon d’eau-de-vie, — dans le jargon des canotiers. — Prendre un renseignement, faire une halte au cabaret.

La Rue, 1894 : Verre de vin ou d’eau-de-vie consommé chez le marchand.

Rentier à la soupe à l’ognon

Delvau, 1866 : s. m. Ouvrier, — dans l’argot des faubouriens.

Rentifer

Rigaud, 1881 : Entrer, — dans l’argot des voleurs. C’est « entrer » par amplification argotique de « rif », désinence arbitraire, si commune chez MM. les escarpes.

Rentoiler (se)

Delvau, 1866 : Revenir à la santé quand on a été malade ; devenir riche quand on a été pauvre.

Rentré (être)

La Rue, 1894 : Être sans argent.

Rentré dans ses bois (être)

Rigaud, 1881 : Porter des sabots. Les voleurs disent d’un individu chaussé de sabots : Le client est gandin, il est rentré dans ses bois.

Rentrer

d’Hautel, 1808 : Rentrer en danse. Pour dire, reprendre le train des affaires après un long repos ; se remettre dans l’embarras après en être sorti.

Rentrer bredouille

Delvau, 1864 : Se dit d’une fille qui, descendue vers quatre heures du soir sur les boulevards pour y chasser au miché, rentre chez elle toute seule, sans avoir été suivie.

Plus j’y songe et plus je m’embrouille.
Comment, ils ont vu tes appas,
Et tu reviens ici bredouille !

Collé.

Delvau, 1866 : Rentrer sans avoir levé personne, — dans l’argot des petites dames, dont la chasse n’est pas toujours heureuse, bien que Paris soit un pays fort giboyeux.

Delvau, 1866 : Rentrer ivre-mort. Argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Rentrer ivre-mort.

Rentrer de la toile

Delvau, 1866 : v. n. Prendre du repos car suite d’infirmités ou de vieillesse, — dans l’argot des ouvriers qui ont servi dans l’infanterie de marine.

Rentrer ses pouces

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des étudiants en médecine, qui ont eu de fréquentes occasions de remarquer que lorsque la mort arrive, la main du moribond se ferme toujours de la même manière, le pouce se plaçant en dedans des autres doigts.

Renversant

Delvau, 1866 : adj. Étonnant, extraordinaire. — dans l’argot du peuple et des gandins.

Rigaud, 1881 : Étonnant, merveilleux. Mot à mot : personne, chose dont l’aspect fait tomber à la renverse ; propos, discours qui renverse d’étonnement.

Renversé

d’Hautel, 1808 : La marmite est renversée. Pour dire, que l’on n’a plus son couvert dans une maison ; que l’ordinaire ne va plus.
C’est le monde renversé. Se dit quand on voit quelque chose qui est contre l’ordre naturel et la raison.

Renverser

Delvau, 1866 : v. n. Rejeter ce qu’on a bu ou mangé avec excès ou mal à propos.

Renverser la marmite

Delvau, 1866 : v. a. Cesser de donner à dîner, — dans l’argot des bourgeois.

Renverser sa chaufferette

Virmaître, 1894 : Mourir. Synonyme d’éteindre sa braise (Argot du peuple).

Renverser sa marmite

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des ouvriers.

Virmaître, 1894 : Mourir. Renverser la marmite : ne plus tenir table ouverte, évincer les parasites. Renverser la marmite : refuser le service. Allusion aux Janissaires qui renversaient la marmite pour indiquer qu’ils se mettaient en état d’insurrection. Nous avons, c’est le progrès, la marmite à renversement des anarchistes (Argot du peuple). N.

Renverser son casque

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des faubouriens, qui disent cela à propos des saltimbanques, probablement depuis la mort du fameux marchand de crayons Mengin.

Renvoyer

d’Hautel, 1808 : On l’a renvoyé de Caïphe à Pilate. Se dit lorsque deux personnes s’entendent pour balloter quelqu’un qui sollicite auprès d’elles une grace, une faveur.
On l’a renvoyé chez son grand père. Se dit d’un importun qu’on a congédié brusquement.

Répandre

d’Hautel, 1808 : Se laisser répandre. Pour dire, tomber, s’épater ; se laisser choir ; faire une grosse perte au jeu.

Répandre (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’étaler dans le ruisseau ; tomber, soit par accident, soit parce qu’on est ivre. L’expression est âgée de plus d’un siècle. Elle signifie aussi Mourir.

Répandre sa semence

Delvau, 1864 : Décharger en baisant, ou en se branlant.

Un proverbe chinois dit qu’il ne faut pas répandre sa semence sur la mer ; il raison c’est sur les filles.

A. François.

Réparateur

d’Hautel, 1808 : Un réparateur de la chaussure humaine. Voy. Chaussure.

Réparer

Fustier, 1889 : Argot des collèges et pensions. Réparer, c’est apprendre à nouveau une leçon qui n’est pas suffisamment sue.

Repas

d’Hautel, 1808 : Un repas de cigogne. Repas dont les mets sont assaisonnés, disposés de manière qu’il n’y ait que le maître de la maison qui en puisse manger.
Faire un repas de brebis. Manger sans boire.

Repas de l’âne (faire le)

Rigaud, 1881 : Ne boire qu’à la fin du repas, — dans le jargon du peuple.

Repasse

Delvau, 1866 : s. f. Mauvais café, — dans l’argot des ouvriers. On dit aussi Cafetiau.

Repassé

Virmaître, 1894 : N’avoir plus rien. Quand un créancier tenace importune son débiteur, ce dernier par ironie lui dit :
— Vous repasserez.
C’est le créancier qui est repassé quand on ne le paye pas (Argot du peuple).

Repasser

d’Hautel, 1808 : On l’a joliment repassé. Se dit d’une personne qui s’est engagée dans une querelle, et qui y a été fort maltraitée.
On dit aussi, repasser des calottes, des darioles, pour dire, frapper quelqu’un sur la tête. Voy. ces mots.

Delvau, 1866 : v. a. Céder quelque chose à quelqu’un, donner, — dans l’argot du peuple. Repasser une taloche. Donner un soufflet.

La Rue, 1894 : Battre. Filouter. Dépouiller.

Repasser la chemise de la bourgeoise

Rigaud, 1881 : Battre sa femme, — dans le jargon du peuple.

Oh ! ce n’est rien ! Je repasse la chemise de ma femme.

(Huysmans, Marthe)

Repasser le cuir

Rigaud, 1881 : Battre ; maltraiter. Le cuir, c’est la peau.

Repasser un simple

Clémens, 1840 : Tromper, gagner, voler quelqu’un.

Repasser une femme

Delvau, 1864 : La faire jouir en la baisant avec ce fer rouge que les polissons appellent une pine — qui la roussit quelquefois.

Et notez que la moindre bagasse peut en dire autant à un grand roi ou prince, s’il l’a repassée.

Brantôme.

Son vaillant fils, fameux par sa crinière,
Un beau matin, par vertu singulière,
Vous repassa tout ce gentil bercail.

Voltaire.

Et m’vla vite en d’voir d’la repasser.

Dumoulin.

Repaumer

Delvau, 1866 : v. a. Reprendre, arrêter de nouveau.

Rigaud, 1881 : Reprendre ; rattraper.

Repaumer, repésigner

La Rue, 1894 : Reprendre. Rattraper.

Repêcher

d’Hautel, 1808 : Repêcher quelqu’un au demi cercle. Voy. Cercle.
Je le repêcherai. Se dit par menace, pour, il n’y perdra rien ; je saurai bien le retrouver.

Repérir

Rigaud, 1881 : Retrouver, — dans le jargon des voleurs. — Repérir un aminche rien d’attaque, retrouver un ami si fidèle.

Rigaud, 1881 : Guetter, observer, — dans le jargon des voyous. — Je le repère, le client.

La Rue, 1894 : Retrouver.

Repésigné

Virmaître, 1894 : Arrêté de nouveau. A. D. Pésigner veut dire ouvrir. Il faut donc prendre le mot repésigner dans le sens de voir ouvrir à nouveau la porte de la prison et non dans celui d’arrêter (Argot des voleurs).

Repésigner

Delvau, 1866 : v. a. Arrêter de nouveau, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Arrêter de nouveau.

Répéter

Delvau, 1866 : v. n. Aimer, — dans l’argot des cabotins. On dit aussi Aller à la répétition.

Répétition (aller à la)

Rigaud, 1881 : Faire un double sacrifice sur l’autel de Vénus.

Repic

d’Hautel, 1808 : Faire quelqu’un repic et capot. Le réduire à ne pouvoir répondre, à ne savoir que dire.

Repiger

Larchey, 1865 : Rattraper.

Attends toi ! si je peux te repiger un jour.

Moinaux.

Delvau, 1866 : v. a. Rattraper, retrouver, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Prendre sa revanche.

Virmaître, 1894 : Je vais te repiger au demi-cercle. On dit de quelqu’un qui a été pigé — pris une première ibis :
— Je vais te repiger une seconde (Argot du peuple).

Repiger, repincer

La Rue, 1894 : Prendre sa revanche. Rattraper.

Repionceuse

Rigaud, 1881 : Paillasse, — dans le jargon des voleurs.

Repiquer

Larchey, 1865 : Recommencer, reprendre le dessus, se tirer d’une mauvaise passe.

On repique son chaste cancan.

1846 Privat d’Anglemont.

Delvau, 1866 : v. n. Reprendre courage, se tirer d’embarras. Signifie aussi : Revenir à la charge ; retourner à une chose. Repiquer sur le rôti. En demander une nouvelle tranche.

Rigaud, 1881 : Se rendormir. C’est-à-dire piquer de nouveau son chien.

Rigaud, 1881 : Redoubler. — Repiquer sur le rôti ; renouveler une consommation. — Nous avons bu trois bocks : si nous repiquions ? — Redoubler d’ardeur à l’ouvrage après un moment de repos. — Rétablir ses affaires, recouvrer la santé.

La Rue, 1894 : Revenir à la charge. Reprendre son travail. Se rendormir. Reprendre faveur.

Virmaître, 1894 : Deux joueurs font une partie ; l’un joue pique, l’autre répond : repique. Repiquer de riffe : rappliquer d’autorité (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Recommencer.

Je t’ai défendu de faire telle chose, tâche de ne pas repiquer.

Hayard, 1907 : Recommencer.

Repiquer au truc

Virmaître, 1894 : Revenir à la charge. Avoir été chassé par la porte et rentrer par la fenêtre. Demander à crédit et se le voir refuser, le redemander à nouveau, c’est repiquer au truc (Argot du peuple). N.

Répit

d’Hautel, 1808 : Il a obtenu des lettres de répit, il vivra long-temps. Se dit par plaisanterie d’un homme qui est relevé d’une grande maladie.

Réplique

Delvau, 1866 : s. f. Les derniers mots d’une tirade, d’un couplet quelconque, — dans l’argot des coulisses. Envoyer la réplique. Prononcer ces derniers mots de façon à appeler l’attention de l’acteur qui doit reprendre le dialogue.

Répondre

d’Hautel, 1808 : Il est comme le prêtre Martin, il chante et il répond. Se dit de quelqu’un qui propose une question, et qui la résout en même-temps.
Je ťen réponds ; je vous en réponds. Manière ironique de dire qu’on n’ajoute pas foi à une chose ; qu’on n’y a aucune confiance.

Réponse des primes

Rigaud, 1881 : Opération de Bourse qui, à la liquidation, consiste à abandonner la prime ou à maintenir le marché.

Reportage

Rigaud, 1881 : Chasse aux informations. — Métier du reporter.

Reporter

Larchey, 1865 : Voir liquid.

Delvau, 1866 : s. m. Journaliste en quête de nouvelles.

Rigaud, 1881 : Journaliste qui va à la chasse aux informations, aux nouvelles. Il y a le reporter politique et le reporter mondain. (V. les Odeurs de Paris de L. Veuillot.) Le reporter est une importation américaine dont certains produits gagnent jusqu’à soixante mille francs par an.

Reporter son fusil à la mairie

Delvau, 1866 : v. a. Commencer à vieillir, — dans l’argot du peuple, qui sait qu’à cinquante ans on cesse de faire partie de la garde nationale.

Reporter son ouvrage

Delvau, 1866 : Assister, quand on est médecin, à l’enterrement d’une personne qu’on a t…, — pardon ! qu’on n’a pas pu guérir. Argot des faubouriens.

Virmaître, 1894 : Dans le peuple, quand un médecin suit le convoi d’un malade qu’il a soigné, les voyous disent :
— Tiens, le docteur qui reporte son ouvrage (Argot du peuple).

Reposante

Rigaud, 1881 : Chaise, — dans le jargon des voleurs.

Reposer

d’Hautel, 1808 : Il se repose sur ses lauriers. Se dit par raillerie d’un homme nonchalant, insouciant, oisif, paresseux ; qui, quoiqu’ayant besoin de travailler, reste la plupart du temps à ne rien faire.

Reposoir

Fustier, 1889 : Hôtel garni. Argot des voyous.

Les garnis sont le plus bel ornement de la rue. Ils ont aussi leurs noms : reposoirs ou assommoirs.

(Henri IV, 1882.)

Repoussant

Halbert, 1849 : Fusil.

Larchey, 1865 : Fusil. — Il repousse l’épaule.

Delvau, 1866 : s. m. Fusil, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Fusil ; allusion au recul.

Repousser

d’Hautel, 1808 : Repousser quelqu’un avec perte. Pour dire, lui répliquer vivement ; lui river son clou ; le réduire à ne savoir plus que dire. On dit aussi d’une personne à qui on a refusé ouvertement ce qu’elle postuloit, qu’Elle a été repoussée à la barricade.

Rossignol, 1901 : Puer, sentir mauvais.

Repousser du goulot

Fustier, 1889 : V. Delvau : Repousser du tiroir.

Virmaître, 1894 : Puer de la bouche. L’image est typique ; ceux qui sont affligés de cette infirmité repoussent en effet tous ceux qui les approchent (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Sentir mauvais de la bouche. Entre artistes de la Comédie-Française : « Dis donc, X…, vous dites toutes que je repousse du goulot à tuer les mouches à quinze pas ; en voilà une qui est sur ma glace pendant que je me maquille, elle ne bouge pas. — Oh ! oui, ma chère, ça se comprend, tu n’as sans doute pas vu que c’était une mouche à m… iel. »

Hayard, 1907 : Avoir mauvaise haleine.

Repousser du parlement

Virmaître, 1894 : V. Trouilloter de la hurlette.

Repousser du tiroir

Delvau, 1866 : v. n. Avoir l’haleine cousine germaine du lac Stymphale. Argot des faubouriens. On dit aussi Repousser du corridor.

Repousser les urines

Virmaître, 1894 : Il est, je pense, inutile d’expliquer cette expression ; sa brutalité la rend très compréhensible. Allusion au piston qui repousse la vapeur dans le cylindre (Argot des voyous). N.

Repoussoir

Rigaud, 1881 : Femme très laide dont une coquette moins laide fait sa société habituelle pour mieux faire valoir, par la comparaison, ce qui lui reste de fraîcheur et de beauté. Le rôle du repoussoir est d’accompagner sa partner au Bois, au théâtre, au bal.

La Rue, 1894 : Femme d’une beauté médiocre qu’une autre femme prend pour compagne afin de mieux faire ressortir sa propre beauté.

Reprendre

d’Hautel, 1808 : Reprendre quelqu’un en sous-œuvre. Signifie, tendre de nouveau un piège à une personne, lorsqu’on n’a pas réussi à l’attraper du premier coup.

Reprendre du poil de la bête

Delvau, 1866 : v. a. Continuer le lendemain les débauches de la veille. Argot du peuple.

Reprendre son pivot

Delvau, 1866 : v. a. Retrouver son aplomb, son sang-froid, — dans l’argot du peuple, qui se sert de cette expression depuis longtemps, car on la trouve dans les Œuvres diverses de Cyrano de Bergerac.

Reprise perdue

France, 1907 : Remise en scène d’un opéra usé ; argot théâtral.

Reprocher

d’Hautel, 1808 : Reprocher les morceaux à quelqu’un. Faire attention à ce qu’il consomme en mangeant ; manifester son regret par des remarques choquantes.
Un bienfait reproché est à demi effacé. On devroit dire tout-à-fait.

Réprouvé

d’Hautel, 1808 : Un visage de réprouvé. Pour dire un visage sinistre, sombre et mélancolique ; un air de vaurien.

Reptile

France, 1907 : Nom donné depuis la guerre de 1870-71 aux journalistes payés sur les fonds des gouvernements étrangers, pour lancer leur venin sur la France. Par extension, les journalistes indépendants donnent ce nom aux journalistes officieux.

Réputer

d’Hautel, 1808 : La bonne intention est réputée pour le fait. Pour dire que, quoiqu’on ne réussisse pas toujours dans le bien qu’on veut faire, on n’en est pas moins louable de l’avoir tenté.

Requiem

La Rue, 1894 : Table d’hôte à très bon marché.

France, 1907 : Petite pension bourgeoise ; table d’hôte à bon marché. La parcimonie et la mauvaise qualité des mets donnent aux convives une figure d’enterrement.

France, 1907 : La prière des morts. Un vieil adage du XVIe siècle dit : « Requiem gaigne l’argent et gaudeamus le dépend. » Allusion aux prêtres et aux moines qui festoient avec l’argent recueilli aux cérémonies funèbres.

Requiller

France, 1907 : Remettre d’aplomb ; replacer sur les jambes, les quilles. Argot populaire.

Requin

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Douanier.

Bras-de-Fer, 1829 : Douanier.

La Rue, 1894 : Douanier.

France, 1907 : Flibustier, fripon, usurier, huissier.

Et de deux : tu connais les marchands de ferraille de la rue de Lappe, les bandes noires qui opèrent à l’Hôtel des Ventes… tous des requins à l’affût d’un coup à faire !
Que sont-ils ?
Auvergnats !
Et fouchtra, je t’assure qu’un juif ne les roulera pas.
Tu vois donc qu’il n’est pas nécessaire d’être né à Bethléem pour savoir voler son monde.

(Le Père Peinard)

France, 1907 : Professeur civil du Borda, ainsi nommé à cause du galon à dents de scie de la casquette d’uniforme et des manches.

Requin de terre

Delvau, 1866 : s. m. Huissier, — dans l’argot des faubouriens, qui ont voulu faire allusion à la voracité de ce fonctionnaire, pour qui tout est bon, meubles et bijoux, le portrait de votre première maîtresse aussi bien que le berceau de votre dernier né. On l’appelle aussi Macaron.

La Rue, 1894 : Huissier.

Virmaître, 1894 : Huissier. Voilà un nom qui n’est pas volé. En effet, comme le requin dont on trouva dans le ventre une paire de bottes, une armoire à glace et un poêle de faïence, l’huissier dévore tout (Argot du peuple). N.

Requinquage

Fustier, 1889 : Mise, accoutrement ridicule.

Elle ne songeait pas le moins du monde à lui reprocher son requinquage qui n’avait rien à voir avec la dernière mode.

(Barot : Le fort de la halle.)

France, 1907 : Rétablissement, rénovation, remise à neuf.

Requinquer

d’Hautel, 1808 : Se requinquer ; avoir l’air requinqué. Au propre, se reniper, sortir de la misère où l’on étoit tombé ; au figuré, se panader, prendre un air pimpant et hautain, faire le fat.

La Rue, 1894 : Apercevoir.

France, 1907 : Regarder.

France, 1907 : Refaire, remettre d’aplomb, donner de l’apparence.

Alors le grand-père, qui travaillait encore malgré ses quatre-vingts ans, le menait faire de belles promenades à l’air pur et au soleil et lui gagnait de quoi acheter par-ci par-là des remèdes qui le requinquaient pour quelques semaines.

(Jean Richepin)

Se requinquer, s’habiller à neuf.

Requinquer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. S’habiller à neuf, ou seulement s’endimancher, dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Renouveler sa toilette.

Eh bien, ma bonne petite, croyez-vous qu’une femme puisse se requinquer ici ?

(Champfleury, La Mascarade de la vie parisienne)

La Rue, 1894 : S’habiller à neuf. Revenir à la santé.

Res judicata pro veritate habetur

France, 1907 : La chose jugée est tenue pour vérité ; c’est-à-dire s’incliner bénévolement devant les erreurs judiciaires. Axiome du droit romain toujours en vigueur et qui est la base de l’autorité judiciaire.

Res perit domino

France, 1907 : La chose périt pour le compte du maître. Axiome de droit romain, passé dans le droit français, indiquant que le dommage résultant de la perte d’une chose incombe à son propriétaire.

Resaute

France, 1907 : Balle. Flancher à la resaute, jouer à la balle ; argot faubourien.

Réséda

d’Hautel, 1808 : Plante odoriférante, et non résida, comme on a coutume de le dire.

Réservoir

Rigaud, 1881 : Réserviste, — dans le jargon des troupiers.

France, 1907 : Réserviste.

Les réservoirs de la haute trichent volontiers sur l’ordonnance quand ils vont faire leurs vingt-huit jours, histoire de conserver un peu de galbe et pschuttisme.

(Le Père Peinard)

Resolir

La Rue, 1894 : Revendre.

France, 1907 : Revendre ; argot des voleurs.

Résolu

d’Hautel, 1808 : Margot la résolue. Sobriquet injurieux que l’on donne à une femme hardie, sans pudeur, qui babille beaucoup, et se mêle de toutes les affaires.
Résolu comme Bartole. Se dit par plaisanterie d’un homme qui a le ton décisif et tranchant. Le peuple dit par corruption Berthaud.

Respect

d’Hautel, 1808 : Sauf votre respect ; sauf le respect de la compagnie. Se dit pour excuser des paroles sales et déshonnêtes qui blessent les règles de la bienséance.

Respecter ses fleurs

Fustier, 1889 : Garder sa virginité.

Ma sœur ne peut pas respecter ses fleurs jusqu’à la fin du monde…

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

France, 1907 : Conserver son pucelage, le défendre contre les attaques ; argot populaire.

Ma sœur ne peut pas respecter ses fleurs jusqu’à la fin du monde.

(Huysmans, Les Sœurs Vatard)

Respirante

France, 1907 : Bouche. Bâcler sa respirante, se taire. Argot des voleurs.

Ressaut

Hayard, 1907 : Voyez Renaud.

Ressaut (avoir du)

Virmaître, 1894 : Être surpris à en ressauter. Une proposition saugrenue fait ressauter d’étonnement celui à qui elle est faite. On ressaute à la pensée de faire une chose qui ne plaît pas (Argot des souteneurs). N.

Ressauter

Rossignol, 1901 : Se fâcher, se mettre en colère.

J’ai fait ressauter mon propriétaire, parce qui je ne lui ai pas payé mon loyer.

Ressembler

d’Hautel, 1808 : Ils se ressemblent comme deux gouttes-d’eau. Se dit de deux personnes dont la ressemblance est frappante.
On se ressemble de plus loin. Se dit des proches parens qui ont un air de famille.
Tous les jours se suivent, mais ils ne se ressemblent pas. Pour dire que le bonheur et le malheur ne durent pas éternellement.
Qui se ressemble s’assemble. Ce proverbe se prend toujours en mauvaise part, et ne se dit que des vauriens, qui s’associent à des gens qui ne valent pas mieux qu’eux.

Resserré

d’Hautel, 1808 : Vivre resserré. Pour dire à l’étroit, avec parcimonie, ne voir personne.

Resserrer son linge

Delvau, 1866 : v. a. Mourir, — dans l’argot des faubouriens.

France, 1907 : Mourir ; argot populaire.

Ressort

La Rue, 1894 : Poivre.

Ressort (crucifix à)

France, 1907 : Poignard ; revolver. Argot des escarpes.

— Allons, va donc raccrocher ton crucifix à ressort… tu vois bien qu’il ne nous fait pas peur. C’est des noyaux de cerises qu’il y a dedans.

(G. Darien)

Ressort (se casser le)

Merlin, 1888 : Se tuer en tombant de cheval.

Ressort de caleçon

Rossignol, 1901 : Du poivre.

Ressortir (faire)

La Rue, 1894 : Être insupportable.

Ressorts

Fustier, 1889 : Parties génitales de la femme.

France, 1907 : Parties génitales de la femme.

Ressource

d’Hautel, 1808 : Le père la ressource ; la mère la ressource. Expression flatteuse et triviale qui se dit d’une personne fertile en expédiens, à laquelle on a toujours recours dans de mauvaises affaires ; et dont les conseils, la fortune et le crédit suffisent pour vous tirer d’embarras.

Ressusciter

d’Hautel, 1808 : Ce vin, cette liqueur, ressusciteroit un mort. Pour exprimer qu’un vin, qu’une liqueur est réchauffante et cordiale.

Restant de mes écus (le)

Rigaud, 1881 : Se dit vulgairement en voyant arriver quelqu’un que l’on n’attendait pas et dont la présence n’est pas précisément agréable ; on salue de ces mots l’arrivée d’un importun : « Voilà le restant de mes écus. »

Restant de nos écus (le)

Delvau, 1866 : Se dit à propos des Gens qui surviennent quelque part quand on ne les attend pas. Argot du peuple.

Restant de souper

Virmaître, 1894 : Terme de mépris employé dans le peuple à l’égard d’une fille qui a roulé pendant vingt ans les restaurants de nuit. Restant de souper, mot à mot : tout le monde a mangé sur son cuir. On dit également pour exprimer une idée plus basse : rognures d’abattoir, c’est le suprême dégout (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Vieille prostituée qui passé sa jeunesse dans les restaurants de nuit ; expression populaire.

Restaurant à l’envers

Rigaud, 1881 : Lieux d’aisances publics.

France, 1907 : Latrines publiques. On dit aussi restaurant à rebours. Argot populaire.

Restaurant des 100 couverts

Merlin, 1888 : Cuisine de troupe.

Restaurer

d’Hautel, 1808 : Le voilà bien restauré. Pour, le voilà bien satisfait. Se dit par ironie, d’une personne à qui l’on n’accorde qu’un foible secours pour le dédommager d’une grande perte.

Reste

d’Hautel, 1808 : Il n’a pas demandé son reste. Pour dire que quelqu’un, après avoir reçu un mauvais traitement, s’est retiré promptement, s’est hâté de fuir.
Voilà le reste de nos écus. Se dit en plaisantant d’un homme qui se présente dans une compagnie sans y avoir été invité.
Il donne un sou à douze pauvres, et il demande son reste. Se dit par raillerie d’un homme avare, intéressé et sordide.

Reste (donner son)

Larchey, 1865 : Accabler, tuer quelqu’un.

Mais zeste ! Lowendal leur ficha son reste.

Vadé 1750.

Ne pas demander son reste : Rester anéanti.

Delvau, 1866 : Achever un homme en le tuant de n’importe quelle façon.

Reste (ne pas demander son)

Delvau, 1866 : C’est, quand on a été battu, fuir sans exiger d’explications — et surtout sans demander le supplément de coups de pied ou de poing auxquels on pourrait avoir droit.

Rester

d’Hautel, 1808 : Il est resté en plan. Se dit par raillerie d’un homme, ou d’un effet qu’on a laissé dans un endroit pour caution ou gage ; et souvent pour dire que l’on ne sait pas ce qu’une personne est devenue, si elle est morte ou vivante.

Rester court

Delvau, 1864 : Manquer de souffle au lit ; débander au moment même où il faudrait bander le plus raide.

Rester court
À la neuvième politesse !
Est-ce à ma cour
Qu’on vient pour me jouer ce tour ?

Collé.

Rester dans la salle d’attente à reconnaître ses vieux bagages

Rigaud, 1881 : Rentrer seule, après minuit, — dans l’argot des filles.

Rester dans son fiacre

France, 1907 : Ne pas se montrer.

Rester en figure

Delvau, 1866 : Rester coi, ne savoir que dire. Signifie aussi : Rester seul, être abandonné de ses compagnons.

France, 1907 : Rester coi.

Rester en frime

Rossignol, 1901 : Déjeuner chez un marchand de vin et n’avoir sur soi que 2 francs, lorsque la dépense est de 3 francs, est rester en frime.

Rester en panne

France, 1907 : Être immobile.

D’ailleurs, tout à fait d’attaque et bonne fille, et si sûre de son pouvoir, de l’espèce de magie suggestive qu’elle exerçait sur les mâles, et de ne jamais rester en panne, que les michés — les millionnaires et les autres — ne pesaient pas plus dans ses mains fantasques qu’une noix de muscade.

(René Maizeroy)

Rester en plan

Delvau, 1866 : v. n. Rester comme otage quelque part, lorsqu’on n’a pas d’argent pour payer sa consommation.

France, 1907 : Être laissé comme otage dans un cabaret ou une auberge, en attendant que les camarades rapportent de quoi payer les consommations.

Rester en tas

France, 1907 : Fainéanter.

Restituer

France, 1907 : Vomir. Restituer sa doublure, mourir.

Restituer sa doublure

Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des faubouriens.

Restitution

d’Hautel, 1808 : Faire restitution. Pour dire vomir, dégobiller, mettre le cœur sur le carreau.

Resucée

Delvau, 1866 : s. f. Chose qu’on a déjà goûtée, lue, entendue, ou vue plusieurs fois. On dit aussi C’est de la troisième ou de la quatrième resucée.

France, 1907 : Chose qui a déjà servi, a déjà été dite. Reste de viande, de légumes.

Résurrection (la)

Delvau, 1866 : n. de l. La prison de Saint-Lazare, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : La prison de Saint-Lazare.

La Rue, 1894 : La prison Saint-Lazare.

Virmaître, 1894 : Prison de Saint-Lazare. Allusion biblique à Lazare le ressuscité. L. L. En quoi cette prison d’où les femmes sortent plus pourries moralement qu’à leur entrée peut-elle être une résurrection ? Ce n’est une résurrection que pour celles qui sortent guéries de l’infirmerie, parce qu’elles peuvent recommencer leur commerce (Argot du peuple).

France, 1907 : La prison de Saint-Lazare, réminiscence de Lazare que Jésus ressuscita.

Retape

Larchey, 1865 : Mis proprement.

Elle est joliment retapée et requinquée le dimanche.

Vidal.

Delvau, 1866 : s. f. Raccrochage, — dans l’argot des filles et de leurs souteneurs. Aller à la retape. Raccrocher. On dit aussi Faire la retape.

La Rue, 1894 : Raccrochage sur le trottoir.

Virmaître, 1894 : On retape un vieux chapeau pour lui donner l’aspect d’un neuf. On retape une seconde fois un ami déjà tapé une première. Les filles du trottoir retapent les hommes, mais pas pour les rendre neufs, car quelquefois elles laissent des souvenirs qui ne sont pas tapés. Mot à mot : retaper, raccrocher (Argot des souteneurs).

France, 1907 : Racolement des passants, en parlant des prostituées. Faire la retape, arrêter et racoler les hommes.

J’en foutrai jamai’ eun’ secousse,
Mêm’ pas dans la rousse
Ni dans rien,
Pendant que l’soir ej’ fais ma frape,
Ma sœur fait la r’tape
Et c’est bien.

(Aristide Bruant)

France, 1907 : Guet, surveillance.

Il faut classer à part une variété d’hommes entretenus qui se livrent à une industrie qu’on nomme la retape. Ceux-là ne disparaitront pas avec la suppression de la police des mœurs ; car ils ne sont pas là pour assister les femmes dans leurs démêlés avec la prélecture, mais pour leur servir d’enseigne aux yeux du public. Ce sont ceux qui jouent le rôle d’amants en titre, d’entreteneurs opulents ou même d’oncles millionnaires ; ils servent de chaperons. Tout chamarrés de cordons et de croix, ils sont presque toujours âgés, ont souvent occupé un rôle élevé dans la société qui les a expulsés de son sein, ont conservé des manières distinguées, et sont, grâce à leurs protectrices, mis avec bon goût et recherche. Leur prétendue maîtresse ou leur soi-disant nièce est censée tromper leur surveillance jalouses ; c’est du moins ce qu’elle affirme au naïf qu’elle reçoit avec un certain mystère et à qui elle fait payer d’autant plus cher les quelques moments qu’elle lui accorde.

(Léo Taxil, La Prostitution contemporaine)

Retapé

Delvau, 1866 : adj. Vêtu proprement, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Rétabli. — Habillé de neuf.

Retape (aller à la, faire la)

Rigaud, 1881 : Aller se promener sur la voie publique, — dans le jargon des filles.

Retape (aller à la)

Rigaud, 1881 : Être en embuscade sur la voie publique, pour vol ou assassinat. — dans le jargon des voleurs.

Retape (faire la)

Hayard, 1907 : Faire le trottoir.

Retaper

d’Hautel, 1808 : Retaper de l’œil. Se rendormir, après un sommeil interrompu ; dormir de plus belle.

Rossignol, 1901 : Redemander.

j’ai tapé mon patron hier pour avoir un acompte et je vais le retaper aujourd’hui.

Retaper (se)

France, 1907 : Se remettre à neuf.

En parcourant sa maison au point de vue des changements, Zeozia trouva qu’en effet elle aurait besoin, selon l’expression dont elle se servit, d’être retapée.

(Ed. Monteil, Le Monde officiel)

Retaper le domino (se faire)

Fustier, 1889 : Se faire arranger la denture. On dit aussi Se faire repaver la rue du bec.

Retapeuse

Delvau, 1864 : Putain. — Femme ou fille qui fait la retape ; — qui raccroche.

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont somme des souris :
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.

A. Glatigny.

Rigaud, 1881 : Fille qui fait la retape.

France, 1907 : Prostituée qui racole les passants. qui fait la retape.

En robes plus ou moins pompeuses,
Elles vont comme des souris,
Ce sont les jeunes retapeuses
Qui font la gloire de Paris.

(Albert Glatigny)

Retapisser

Rossignol, 1901 : Reconnaître.

France, 1907 : Emprisonner à nouveau ; argot des voleurs.

Retappe

Clémens, 1840 : Raccrocher.

Retappe (faire sa)

Larchey, 1865 : Raccrocher.

C’est moi qui lui ai donné l’idée de faire sa retape avec un costume décent et un carton à chapeau à la main.

Cinquante mille voleurs de plus à Paris, Paris, 1830, in-8.

Vient de l’argot des voleurs qui disaient aller à la retape, pour : s’embusquer sur le grand chemin. — Mot à mot : attendre l’occasion de retaper sur les passants.

Retenir

d’Hautel, 1808 : J’en retiens part. Se dit quand quelqu’un que l’on accompagne fait une trouvaille ; pour faire entendre que l’on prétend y avoir part.

Retiens (je te)

Rigaud, 1881 : Mot à mot : je retiens ce que tu dis pour faire tout le contraire.

Rétipoler

France, 1907 : Hésiter.

Lors, à monseigneur l’évêque,
Curé de Saint-Vit-le-Vecque,
Il alla parler ainsi :
« Mariez ma mère avecque
Les trois tronches que voici. »
Et comme au vieux tire-laine
Il offrait bourse bien pleine
En serrant sa trique au poing,
L’autre dit oui d’une haleine
Et ne rétipola point.

(Jean Richepin)

Retiration

Boutmy, 1883 : s. f. Verso de la feuille à imprimer, quand on tire en blanc. Être en retiration, c’est avoir atteint la cinquantaine.

France, 1907 : Verso de la feuille à imprimer ; argot typographique.

Retiration (être en)

Delvau, 1866 : Avoir plus de quarante ans, vieillir, — dans l’argot des typographes.

Rigaud, 1881 : Avoir atteint la cinquantaine, — dans le jargon des typographes. Au propre, la retiration c’est le verso de la feuille à imprimer, quand on tire en blanc. (Boutmy.)

Virmaître, 1894 : Ouvrier typographe qui commence à vieillir et qui trouve difficilement de l’ouvrage. Le progrès n’a pas encore inventé la machine à tuer ceux qui ne peuvent plus travailler après avoir fait la fortune des patrons (Argot d’imprimerie).

France, 1907 : Avoir atteint la cinquantaine et ne plus trouver de l’ouvrage nulle part ; argot des typographes.
« Le progrès, dit Virmaître, n’a pas encore inventé la machine à tuer ceux qui ne peuvent plus travailler après avoir fait la fortune des patrons » Ça viendra !

Retiré du service (être)

Delvau, 1864 : Ne plus exercer le rude métier de fille d’amour, soit par suite de maladies, soit par suite de mariage, soit par suite de vieillesse, soit — comme sainte Marie l’Égyptienne — par honte de ce métier.

C’est si agréable, quand on s’est retirée du service… de pouvoir se dire : Ce procureur du roi si féroce, c’était mon petit Auguste ! Je le menais par le bout du nez, et il trouvait cela très doux.

A. Delvau.

Retirer

d’Hautel, 1808 : Se retirer à la Mazarine. Pour dire fuir avec précipitation ; se sauver à la hâte, par allusion à la fuite précipitée de Mazarin, lors des troubles de la minorité de Louis XIV.

Retirer (se)

Delvau, 1864 : Sortir du con de la femme qu’on baise quand on craint d’être surpris, ou de lui faire un enfant ; — ou lorsque l’on a fini de baiser, ce qui n’est plus surprenant.

Thémire. feignant le contraire,
Disait toujours : Ménage-moi ;
J’ai peur de rencontrer… ma mère…
Ah ! cher Colin, retire-toi…

G Garnier.

Ah ! tu te retires !… Pourquoi ne l’as-tu pas laissés dans moi ! je ne l’aurais pas mangée, va !

Henry Monnier.

Voulez-vous un ami prudent
Qui ménage vos craintes ;
Vite, ouvrez-moi vos… sentiments.
Je sais me retirer à temps.

(Chanson anonyme moderne.)

Retirer dans un fromage (se)

France, 1907 : Vivre tranquillement et confortablement, après une vie agitée ou misérable. Allusion au rat de la fable.

Retirer la table au moment du dessert

Rossignol, 1901 : « Comment faites-vous, voisine, pour ne pas avoir d’enfant. — C’est bien simple : mon homme n’est pas gourmand, il se retire de table au moment du dessert. »

Retirer le pain de la bouche

Delvau, 1866 : v. a. Ruiner quelqu’un, lui enlever son emploi, les moyens de gagner sa vie. Argot du peuple.

Retirette

France, 1907 : Action de retirer subrepticement son argent du jeu, quand la chance est contraire. Argot des grecs.

Retiro

France, 1907 : Endroit retiré.

Retomber

d’Hautel, 1808 : Qui crache en l’air, il lui retombe sur le nez. Signifie que les extravagances que l’on fait portent tôt ou tard préjudice.

Retoqué

France, 1907 : Refusé à un examen.

Accusé de vouloir faire reculer la société française jusqu’au plus lointain moyen âge, le pseudo-gentilhomme fut assez embarrassé pour se défendre ; car, ignorant comme une carpe, et jadis retoqué trois fois de suite au bachot, il ne possédait, sur cette époque historique, que les données les plus confuses. Le médecin reçut par la figure, à plusieurs reprises, et sans preuve aucune, les gracieuses épithètes de chéquard et de panamiste ; et le bruit circula avec persistance que l’élégant socialiste trichait ordinairement aux cartes et qu’il était d’ailleurs, depuis l’âge de la puberté, entretenu par une vieille dame.

(François Coppée)

Retoquer

Rigaud, 1881 : Refuser à un examen, en terme de collège.

Rêver qu’il passe son baccalauréat ès-lettres, et qu’il n’est pas retoqué.

(Les Balançoires de la jeunesse, 1861.)

Les variantes donnent : Recaler, remballer, requiller.

Retordre

d’Hautel, 1808 : Donner du fil à retordre à quelqu’un. C’est-à-dire, l’engager dans des affaires dont il aura peine à se démêler.

Retors

d’Hautel, 1808 : Il est retors. Pour dire il est fin, adroit et rusé ; c’est un homme dont il faut se méfier.

Retour de noces

France, 1907 : Repas rendu par les parents du marié à ceux de la mariée. Provincialisme.

Retourne

Delvau, 1866 : s. f. Atout, — dans l’argot des joueurs. Chevalier de la Retourne. Joueur passionné — jusqu’à en être grec.

Retourné (chevalier de la)

France, 1907 : Joueur : individu vivant du jeu.

Retourne (de quoi il)

Larchey, 1865 : Ce qui se produit de nouveau. Terme de jeu de cartes où la retourne de l’atout indique en effet l’apparition d’une couleur inattendue.

Voici de quoi il retourne pour le quart d’heure.

E. Texier.

Retourner

d’Hautel, 1808 : Retourner quelqu’un comme un gant. S’emparer de toutes ses volontés ; s’en rendre le maître absolu.
Retourner à ses moutons, à son vomissement. Retomber dans la même faute, suivre ses inclinations,

La Rue, 1894 : Survenir inopinément. Être question : de quoi retourne-t-il ? de quelle chose est-il question ?

Retourner (s’en)

Delvau, 1866 : Vieillir, — dans l’argot de Breda-Street.

France, 1907 : Vieillir.

Il commençait à s’en retourner, ce qui le plongeait en une noire tristesse. Adieu donc aux petites femmes, adieu à l’amour !

(Les Propos du Commandeur)

Retourner (savoir se)

Virmaître, 1894 : Se tirer d’embarras. L. L. S’en retourner, c’est vieillir. Dans le peuple, cette expression n’est pas prise dans ce sens ; ceux qui font métier de se retourner, ont pour atelier les Champs-Élysées. On les appelle plus communément des ramasseurs de marrons (Argot du peuple).

France, 1907 : Être habile, débrouillard. Savoir de quoi il retourne, être au courant d’une affaire.

Retourner la moule

Virmaître, 1894 : V. Avaler le pépin.

Retourner sa flanelle

France, 1907 : Voir Renverser son écuelle.

Retourner sa veste

Delvau, 1866 : v. a. Faire faillite, et, par extension, Mourir, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Rendre son tablier et Retourner son paletot.

Virmaître, 1894 : Changer d’opinion. Reproche fait souvent à la plupart de nos hommes politiques par le peuple qui ne connaît pas le mot de Thiers :
— Il n’y a que l’homme absurde qui ne change jamais (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Changer d’opinion.

France, 1907 : Changer d’opinion. Faire faillite. Mourir.

Retraite

d’Hautel, 1808 : Battre la retraite. Vieillir, commencer à perdre sa force, sa vigueur ; retirer une parole donnée.

Retraite (en rire jusqu’à sa)

Merlin, 1888 : En rire longtemps.

Rétréci

Rigaud, 1881 : Avare.

France, 1907 : Avare ; provincialisme.

Rétrécir (se)

Delvau, 1864 : Se laver souvent le vagin avec des astringents, afin d’en rapprocher les parois et de faire croire ainsi — aux innocents — qu’ils prennent un pucelage.

À se rétrécir elle excelle
Et joint aux airs d’une pucelle
La plus profonde instruction.

H. Raisson.

Rétro

France, 1907 : Effet à revenir ; terme de joueur de billard.

Retrousser

France, 1907 : Recevoir ; argot des escarpes.

Retrousser (se)

Delvau, 1864 : Se retourner. Se tirer de la gêne par tous les moyens possibles.

Une célèbre actrice
À fillette novice
Disait, sans croire l’offenser :
Imite-moi, Charlotte ;
De sagesse oh peut se passer :
Quand on est dans la crotte,
Il faut se retrousser.

Vandael.

Retrousseur

France, 1907 : Souteneur ; argot populaire.

Revanchard

France, 1907 : Partisan de la revanche contre l’Allemagne.

Revari

France, 1907 : Bruit, tumulte, hourvari. Tournée du maître, inspection faite avec bruit. Faire le revari, passer en revue tous les menus objets entassés dans les tiroirs, les armoires, soit pour chercher, soit pour mettre en ordre. Patois du Centre.

Rêvasser

d’Hautel, 1808 : Faire une multitude de rêves en dormant ; avoir un sommeil agité et inquiet.

Rêve

Rigaud, 1881 : Objet illusoire, individu qu’on ne voit jamais. — Le payement de certaines notes, un rêve pour bien des fournisseurs. — Dans ce pays les jolies femmes, c’est un rêve. — Dans ce restaurant, les garçons, un rêve.

Rêve (c’est un) !

Rigaud, 1881 : C’est excellent, idéal. C’est-à-dire : une chose très agréable, un individu très original, dont le souvenir nous poursuivra, dont on sera capable de rêver. — Cette femme, c’est un rêve ! — Ce pâté de grives, un rêve !

Un rêve d’homme, mis comme un prince.

(J. Fleurichamp, Queue d’oseille.)

Réveiller

d’Hautel, 1808 : Il ne faut pas réveiller le chat qui dort. C’est-à-dire, renouveler une affaire assoupie, ou parler d’un événement malheureux qui est passé.

Réveiller le chat qui dort

France, 1907 : Réveiller une méchante affaire assoupie. Se dit aussi pour exciter quelqu’un, le pousser à accomplir un acte auquel il ne songeait nullement.

C’est vainement, femmes tigresses,
Qu’écoutant vos transports jaloux,
Vous jurez de fuir les caresses
De vos amants, de vos époux,
Malgré vos serments… bien sincères,
S’ils sont trop confus de leur tort,
Le soir, vous êtes les premières
À réveiller le chat qui dort.

(Léger)

Révéleur

France, 1907 : Empreinte en cire au moyen de laquelle on fabrique les fausses clés ; argot des voleurs.

Revenant-bon

d’Hautel, 1808 : Profit, pour-boire, casuel ; ce que l’on appelle boni en terme de finances.

Revendre

d’Hautel, 1808 : En revendre à quelqu’un. Pour dire, être plus instruit, plus fin, plus avisé que lui.
Avoir de la santé, de l’esprit à revendre. Pour dire, se porter à merveille ; être fort spirituel.

Delvau, 1866 : v. a. Répéter ce qu’on a appris de quelqu’un, commettre une indiscrétion. Argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Révéler ; rapporter une conversation, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Révéler, commettre une indiscrétion.

Virmaître, 1894 : Révéler un secret confié. Commerson disait à ce sujet que les secrets c’est le contraire des fruits, que ce n’est pas ceux qu’on veut garder qu’on confie. Revendre : commettre une indiscrétion qui amène l’arrestation de quelqu’un.
— Il est revendu à la police (Argot des voleurs). N.

France, 1907 : Répéter, révéler ; argot des voleurs.

Revenez-y

d’Hautel, 1808 : C’est du revenez-y. Expression badine et triviale, pour dire que quelque chose est agréable, plait au goût ; que l’on aime à y retourner, à en faire souvent usage.

France, 1907 : Récidive ; argot des voleurs.

Revenez-y (sentir le)

France, 1907 : Se dit d’un bon plat ; il engage à y revenir. Provincialisme.

Revenir

Delvau, 1866 : v. n. Se dit — dans l’argot des bourgeois — de tout ce qui plaît, choses ou gens.

Revenir de Pontoise

Delvau, 1866 : v. n. Avoir l’air étonné, ahuri ; dire des sottises, — dans l’argot du peuple. Faire ou dire une chose comme en revenant de Pontoise. La dire ou la faire mal, gauchement, niaisement.

Revenir sur l’eau

Larchey, 1865 : Sortir d’un mauvais pas.

Le voilà qui revient sur l’eau, cet agneau adoré.

L. Reybaud.

Delvau, 1866 : v. n. Rétablir ses affaires, sortir d’un mauvais pas ; occuper de nouveau l’attention publique.

Revenons à nos moutons

France, 1907 : Revenons au sujet ; parlons de notre affaire. Dicton emprunté à la plus célèbre et à la meilleure des Farces du XVe siècle, l’Avocat Patelin, pièce attribuée au Poitevin Pierre Blanchet. C’est, dit avec raison Demogeot (Histoire de la littérature française), le chef-d’œuvre du théâtre français au moyen âge. Brueys et Palaprat l’ont remise au théâtre après trois siècles, sans atteindre à la vivacité et au naturel de l’original. L’avocat Patelin, dont le nom est passé dans la langue comme synonyme de doucereux hypocrite, ayant dérobé une pièce de drap à son voisin Guillaume, parait devant le juge comme avocat d’un berger fripon que le marchand veut faire punir. Mais celui-ci, qui reconnait en l’avocat le voleur de son drap, est tellement ahuri, qu’il entremêle d’une manière fort comique le vol du drap et celui des moutons, de sorte que le juge n’y comprend rien et s’écrie :

Il n’y a ni rime ni raison
En tout ce que vous refardez.
Qu’est ceci ? Vous entrelardez
Puis d’un, puis d’autre. Somme toute,
Par le sang-bleu ! je n’y vois goutte !
Revenons à nos moutons.

Rabelais a employé plusieurs fois cette expression.
« Retournons à nos moutons », dit Panurge.

Rêver

d’Hautel, 1808 : Rêver à la moutarde. Pour dire, faire le pensif ; prendre sans sujet un air rêveur, lorsqu’on ne pense à rien.
On dit dans le même sens, rêver à la Suisse.

Réverbère

Rigaud, 1881 : Tête, — dans le jargon des voyons.

Faudrait donc alors que je tape sur le réverbère ?

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

France, 1907 : Cerveau ; il éclaire. Allumer son réverbère, réfléchir. Être au réverbère, être sur ses gardes.

— Moi aussi je suis au réverbère et mes mirettes ne quitteront pas les tiennes…

(Mémoires de M. Claude)

Reverdir

d’Hautel, 1808 : Je l’ai planté là pour reverdir. Se dit de quelqu’un qu’on a laissé en quelque endroit et subitement sans le venir reprendre, comme on le lui avoit promis ; ou en parlant d’un mari qui a abandonné sa femme.

Révérence

d’Hautel, 1808 : Faire la révérence par terre. Pour se heurter et tomber à terre.
Sauf votre révérence. Se dit quand on parle de quelque chose dont on craint que l’idée ou l’expression ne blesse.

Révérend

d’Hautel, 1808 : Mon révérend. Manière familière d’adresser la parole à quelqu’un qui est avancé en âge.

Revers (faire un)

Fustier, 1889 : Argot de Grecs. Perdre volontairement en taillant une banque et céder la place à un compère auquel on a le soin de donner des séquences.

France, 1907 : Faire au jeu des pertes peu importantes, afin d’encourager les dupes. Les joueurs soupçonnés, pour se refaire une virginité, perdent volontairement de gros coups ; cela s’appelle également faire un revers.

Revers de la médaille

Delvau, 1866 : s. m. La partie du corps sur laquelle on tombe le plus souvent lorsqu’on a l’habitude de marcher sur les talons. C’est une expression de l’argot du peuple parisien, qui appartient également à l’argot du peuple napolitain : Il revescio de la medaglia, disent les fils de Mazaniello.

Reversis (jouer au)

France, 1907 : Vieille expression désignant l’acte charnel.

Revêtu

d’Hautel, 1808 : Un gueux revêtu. Pour dire un parvenu, un homme de basse extraction, qui, devenu riche, fait l’orgueilleux, le dédaigneux, le pédant.

Revidage

Delvau, 1866 : s. m. Opération qui consiste à se partager, entre brocanteurs, les lots achetés trop cher à l’hôtel Drouot, mais achetés par eux pour les enlever aux bourgeois.

Rigaud, 1881 : Nouvelles enchères faites entre marchands, d’un objet adjugé à l’un d’eux, à l’hôtel des ventes. Le revidage ou revision tombe sous le coup de la loi.

Virmaître, 1894 : Revision des marchandises achetées par les brocanteurs dans les ventes publiques. La revision consiste en ceci :
— Pour ne pas faire monter les enchères et acheter bon marché, un ou deux de la bande noire pousse les enchères. Les objets en vente sont, par ce système, généralement adjugés à vil prix.
La vente terminée, ils se réunissent dans le cabinet d’un marchand de vin voisin et ils procèdent au revidage, c’est-à-dire à de nouvelles enchères.
Chacun prend alors le lot de marchandises qu’il peut écouler dans sa boutique, et la différence entre le total de la vente publique et l’opération du revidage est partagée également.
Cette opération illicite est défendue, c’est pourquoi elle se pratique au grand jour (Argot des brocanteurs).

France, 1907 : Association de brocanteurs qui, dans les salles de vente, s’entendent d’une part pour empêcher les particuliers d’acheter un objet ou pour le lui faire payer bien au-dessus de sa valeur, d’autre part pour faire adjuger à l’un d’eux un objet de prix bien au-dessous de sa valeur. La vente terminée, ils procèdent au revidage ou revision, c’est-à-dire qu’ils partagent la différence en plus ou en moins.

Revidage, revision

La Rue, 1894 : Nouvelles enchères ou partage entre marchands d’objets adjugés aux enchères à l’un d’eux.

Revider

France, 1907 : Reviser.

Revider, reviser

Rigaud, 1881 : Se livrer au revidage.

Reviewer

Delvau, 1866 : s. m. Écrivain de revues, — dans l’argot des gens de lettres, qui ont emprunté cette expression à l’Angleterre.

France, 1907 : Écrivain de revue ; anglicisme.

Reviser

Virmaître, 1894 : V. Revidage.

Révision

France, 1907 : Voir Revidage.

Revoir

d’Hautel, 1808 : Adieu, jusqu’au revoir. Pour dire jusqu’à la première rencontre.

Revoir la carte

Delvau, 1866 : v. a. Rendre son déjeuner ou son dîner, — ce qui est une façon désagréable de s’assurer de ce qu’on a mangé. Argot du peuple.

France, 1907 : Vomir après un repas, « ce qui, dit Delvau, est une façon désagréable de s’assurer de ce qu’on a mangé. »

Révolution

d’Hautel, 1808 : Mettre tout en révolution. Faire beaucoup de bruit pour rien, mettre tout en rumeur pour une bagatelle.

Revolver

Virmaître, 1894 : Femme légitime. Les voleurs qui emploient cette expression estiment qu’elle suicide son mari quand elle est par trop acariâtre (Argot des voleurs). N.

Revolver à deux coups

Fustier, 1889 : Argot des voyous. Le membre viril.

France, 1907 : Le membre viril ; argot des voyous.

Revoyure ! (à la)

France, 1907 : Au revoir ! Argot faubourien. L’on dit aussi revoyance, revure.

Revoyure (à la)

Fustier, 1889 : Expression parisienne synonyme de : Au revoir.

Les opinions sont libres… Comme tu voudras… adieu… à la revoyure.

(Job : L’homme à Toinon.)

Revue (être de la)

anon., 1907 : Arriver lorsque tout est fini.

Revue de ferrure

Rigaud, 1881 : Se dit dans les régiments de cavalerie lorsqu’un cheval lève les quatre fers en l’air.

France, 1907 : Se dit, dans l’argot militaire, d’un cheval qui tombe les quatre fers en l’air.

Revue de pistolet de poche

Rigaud, 1881 : Revue mensuelle de santé dans les régiments. C’est l’heure où le major doit s’assurer si Mars n’aurait point, par hasard, besoin du ministère de Mercure.

Revue de pistolets de poche

France, 1907 : Revue sanitaire dans les corps de troupe. Le pistolet de poche est le membre viril.

Revue des gibernes

France, 1907 : Locution théâtrale et métaphorique indiquant un examen minutieux et approfondi des rondeurs féminines, la giberne des troupiers se plaçant au-dessous des reins.

Dans les féeries, on passe la revue des gibernes. On fait mettre en rang tout ce qui se présente, et ces messieurs tâtent par-ci, tâtent par-là.
— Ne te figure pas que c’est pour rire un brin. Ils exercent un vrai sacerdoce au point de vue de l’art d’abord et du bon plaisir du public, qui réclamerait son argent si on exhibait devant sa lorgnette des femmes plates comme des punaises et hissées sur une paire d’échalas.

(Clément Monterel, Guide du Bon Jeune homme)

Revuiste

France, 1907 : Faiseur de revues ; argot théâtral.

Le premier soin des revuistes — et il en existe à Paris ! — est de choisir un compère et une commère sachant tenir la scène et détailler le couplet. Il faut encore qu’ils présentent gaiement et rondement les actualités qui défilent devant les yeux du spectateur.

(Écho de Paris)

Rez de chaussée (petit)

Fustier, 1889 : « On appelle petits rez-de-chaussée les jeunes gens à la mode qui ont, en quelque coin de Paris, un rez-de-chaussée, la plupart du temps meublé avec un grand goût et où les jolies visiteuses peuvent entrer. Les petits rez-de-chaussée sont les élégants et les gommeux du moment. »

(Illustration, juillet 1887.)

Rez-de-chaussée

France, 1907 : Feuilleton, appelé ainsi parce qu’il est au bas du journal.

France, 1907 : « Nous ne verrons plus cette pauvre petite Violette courant attacher une rose à la boutonnière de ce petit rez-de-chaussée de T…, lui disant en souriant : « Ce sera la grosse maman qui paiera celle-là. Eh ! va donc, qu’est-ce que cela te fait, puisque ce n’est pas toi qui casques ! »

(Gil-Blas)

Rezzou

France, 1907 : Razzia, pillage ; mot arabe importé par les soldats d’Afrique.

Le Touareg en pince pour le rezzou.
Il préfère ça que d’aller à la Mecque !
Apprend-il le passage d’une caravane où d’un convoi, le Touareg s’embusque dans un pli de terrain et pige l’arrivée des voyageurs pour les détrousser, — c’est le rezzou !
Nom de dieu, y a pas que le Touareg qui pratique le rezcsou ! Sans sortir de France, toute l’engeance patronale s’en paie dans les grandes largeurs : qu’est l’exploitation du populo, sinon un rezzou perfectionné — plus hypocrite que le pillage pratiqué par le Touareg — et pratiqué sans danger par les richards sur les pauvres bougres ?
Eh donc, les jean-foutres de la haute sont bougrement mal venus à trouver vilain chez les autres ce qu’ils opèrent chez nous avec une férocité impitoyable.

(Le Père Peinard)

Rhabillage

France, 1907 : Graisse, huile où beurre pour la préparation des aliments. « Manger une soupe sans rhabillage », manger une soupe sans beurre.

Rhabillage (vol au)

France, 1907 : Il se pratique chez les horlogers. Le filou présente une montre en cuivre ou en argent sans valeur à rhabiller, c’est-à-dire à réparer, et pendant que l’horloger l’examine ou inscrit le nom du client, celui-ci fait main basse sur les montres ou bijoux à sa portée et s’esquive.

Rhinocéros

d’Hautel, 1808 : Un nez de rhinocéros. Un nez gros et éminent ; un nez fin, qui sent les choses de loin.

Rhume

Delvau, 1866 : s. m. Maladie sœur du Quinte-et-quatorze. On disait autrefois Rhume ecclésiastique.

Rhume de cerveau

Rossignol, 1901 : Voir nazillé.

Rhume de culotte

France, 1907 : Même sens que rhume de chat. Rabelais disait pisse-chaude : « Pasce qu’ung malheur ne vient jamais seul, lui print une pisse-chaude qui le tourmenta plus que ne penseriez. »

(Pantagruel)

Mais après, quand les jambes molles, la cervelle vide, il descend les escaliers, quelle rancœur ! Et pensant au rhume de culotte, comme disait Ricord, qui lui pend au bout du nez, comment voulez-vous qu’il ne se dise pas, en se rappelant sa mésaventure : C’est ça, l’amour !

(Jacques Nargaud, La Nation)

On disait aussi rhume ecclésiastique.

Rhume, rhume de chat

France, 1907 : Blennorrhée.

Elle s’est enrhumée !
Le gros Mond-Mond, d’un bond,
Court chez la bien-aimée,
La gronde, furibond :
« Toujours des imprudences !…
… Pris froid, hier soir, au bal !
Et, comme conséquences,
Des rhumes de cheval ! »
Alors, elle, adorable,
Répond : « Dam’ ! mon gros rat !
C’est encor préférable
À des rhumes de chat !

(Gil-Blas)

Riaulle

Halbert, 1849 : Bonne chère.

Ribambelle

d’Hautel, 1808 : Pour bande, kyrielle ; histoire à n’en plus finir.

Delvau, 1866 : s. f. Troupe nombreuse de choses ou de gens.

Ribanbelle

France, 1907 : Quantité nombreuse.

Sur ses quais, au soleil, passent par ribanbelle,
Ses filles aux seins durs sous les bouquets penchants,
Et du vieux pont, je vois dans l’or clair des couchants,
L’étable au toit de brique où, lointain, l’agneau bêle.

(Armand Silvestre)

Ribaud

d’Hautel, 1808 : Impudique, adonné à toutes les débauches.

Ribaud, ribaude

Delvau, 1864 : Homme et femme de mauvaise vie ; luxurieux et impudiques.

Je suis la grande Gargouillaude,
Garce dit souverain Gagoux,
Chaude putain, fière ribaude,
Pleine de vérole et de loups.

Le Sr de Sygognes.

France, 1907 : Homme ou femme de mauvaises mœurs. Le mot est vieux. On trouve dans les anciens fabliaux : « Mauvais ribaud, d’où reviens-tu ? » et dans Rabelais : « Votre femme sera ribaude. »

D’autres demeurent dans la tradition légendaire des complaisantes ribaudes qui faisaient, aux armées en roule, une arrière-garde de joie et de luxure, hantent durant les grandes manœuvres les bonnes petites villes paisibles, les bourgs où gitent, entre deux étapes, les régiments et les états-majors.

(Le Journal)

Ribleur

d’Hautel, 1808 : Vaurien qui court les rues la nuit, et dans de mauvais desseins.

Rigaud, 1881 : Filou. (Dict. comique.)

Non pas un tour de ribleur.

(Sarrazin.)

Il y a entre le ribleur d’autrefois et le roublard de nos jours une grande similitude. Roublard me paraît une réminiscence légèrement modifiée de ribleur.

France, 1907 : Vaurien, voleur de nuit. Vieux mot, de l’italien ribaldi.

Ribon-ribaine

d’Hautel, 1808 : Pour dire bon gré, malgré, à quelque prix que ce soit.

Ribote

Delvau, 1866 : s. f. Griserie, petite débauche. Être en ribote. Être ivre.

Ribote, ribotte

France, 1907 : Petite débauche, excès bachiques.

En entendant le four ronfler,
On s’arrêtait pour renifler.
Ô souvenir des gaies ribottes !
Combien de folles sans souci
Ont fait craquer sous leurs quenottes
Les pâtés du père Jussy !

(Alfred L. Marquiset, Rasure et Ramandous)

Être en ribotte.

Pas une seule fois en ribotte, même le lundi ; rapportant sa quinzaine intacte. Et avec cela, très délicat. Jamais un mot qui rappelât à sa femme qu’elle avait été bien folle autrefois.

(François Coppée, Le Coupable)

Riboter

Delvau, 1866 : v. n. Hanter les cabarets.

France, 1907 : S’amuser à boire ; se conduire en ribaud.

Ma maîtresse et moi, je partons
Pour riboter aux Porcherons…

(Vadé)

Riboteur

France, 1907 : Habitué de cabaret ; individu qui aime à boire, à s’amuser au lieu de travailler.

Grands riboteurs, mais patriotes
Jusque dans leurs plus grands excès,
Ils n’ont jamais pris de culottes
Qu’avec des breuvages français,
Buveurs de vins à l’âme fière,
Lancez au vent votre refrain :
Qu’il s’en aille au delà du Rhin,
Pour narguer les buveurs de bière.

(Victor Meusy)

Riboui

La Rue, 1894 : Fripier. Savetier. Soulier réparé.

Riboui, rebouiseur, ressuceur

Rigaud, 1881 : Fripier. — Ressemeleur, raccommodeur de savates. Le riboui ou ressuceur fait, avec de vieux souliers, des chaussures qu’il a la prétention d’appeler « neuves » et auxquelles on a donné le nom de dix-huit. — Au XVIIIe siècle, (1755) donner le bouis, c’était achever, perfectionner, ce qu’on appelle aujourd’hui donner le coup de fion. Le buis, qu’on prononçait bouis, était un polissoir dont se servent encore quelques savetiers pour polir les semelles. De là le surnom de ribouis donné aux vieux souliers, aux souliers restaurés, et celui de ribouiseurs et ribouis, par abréviation, aux savetiers.

Ribouis

Delvau, 1866 : s. m. Savetier, — dans l’argot des faubouriens. Francisque Michel a raison : on devrait dire Rebouis, ce mot venant de l’opération par laquelle le cordonnier communique du lustre à une semelle en donnant le bouis. Le rebouis donne un second bouis, ou second lustre, aux chaussures avariées par l’usage.

Virmaître, 1894 : Souliers. Au carreau du Temple, c’est une spécialité. Les ribouiseurs achètent toutes les vieilles chaussures ; ils ont des ouvriers qu’on nomme des passifleurs, ils les ribouisent si bien que souvent on les prend pour du neuf, pas les jours de pluie par exemple, car les malheureux qui les chaussent rentrent chez eux sans semelles (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Chaussures.

Hayard, 1907 : Souliers.

France, 1907 : Soulier réparé et, par extension, savetier.

Ribouit

Rigaud, 1881 : Œil. — Anus.

Ils se fourrent l’index dans le ribouit jusqu’à la septième phalange.

(Le Sans-culotte.)

France, 1907 : Œil. Anus.

Ribouler

France, 1907 : Regarder avec colère ou d’une façon provocante. On dit ribouler des yeux, du latin revolvare. Le mot riboule, qui, d’après Charles Nisard, viendrait de ribaude et qui était appliqué aux femmes de mauvaise vie ; s’emploie adjectivement : des yeux riboules ou reboules.

Quelque vieille aux yeulx reboulez
M’a faicte en la teste une emprainte.

(Nicolas de la Chesnaye)

Riboulet

Rossignol, 1901 : Marchand de numéros et rubans pour conscrits. Voir Faire la riboule.

Ric à rac

France, 1907 : Peu à peu. Payer ric à rac, payer petit à petit, par acomptes.

Ric à ric

d’Hautel, 1808 : Payer quelqu’un ric à ric. Pour dire avec peine, par petite portion, s’acquitter lentement de ce l’on doit.
Suivant l’académie cette adverbe signifie, rigoureusement, au pied de la lettre ; ce qui comme on voit est tout à fait opposé au sens que lui donne le peuple.

Ric-à-rac

Virmaître, 1894 : Avoir du ressaut pour payer. Payer ric-à-rac : par acomptes, prolonger la dette le plus longtemps possible (Argot du peuple).

Ric-à-ric

Delvau, 1866 : adv. Chichement, morceau par morceau, — dans l’argot du peuple. Payer ric-à-ric. Par acompte. Autrefois cela signifiait au contraire, Payer rigoureusement, jusqu’au dernier sou.

Ricaner

d’Hautel, 1808 : Rire à demi, malicieusement en dessous.

Ricaneur

d’Hautel, 1808 : Celui qui ricane, qui a le rire moqueur et sardonique ; ou qui rit sottement et sans sujet.

Ricasser

d’Hautel, 1808 : Rire bêtement, inutilement et sans motif apparent.

Richard

d’Hautel, 1808 : Un gros richard. Un artisan parvenu, un homme qui a de la fortune, et qui ne sait pas en jouir.

Riche

d’Hautel, 1808 : Il est d’une riche taille. Se dit par ironie d’un homme qui est d’une très-petite stature.
On est assez riche quand on ne doit rien. On vit du moins sans tourment et sans inquiétude.
Riche comme un Crésus. Pour dire excessivement riche.

Delvau, 1866 : adj. Bon, agréable, amusant. S’emploie ordinairement en mauvaise part et avec la négative. Ce n’est pas riche ! Ce n’est pas honnête, ce n’est pas bien.
C’est, me semble-t-il, le luculentus des Latins : hæreditas luculenta, riche succession, dit Plaute ; luculentus scriptor, excellent écrivain, dit Cicéron.

Rigaud, 1881 : Beau, de bonne qualité, — dans le jargon des marchands. Voilà un riche poulet. — Vous aurez là, la petite mère, de riches asperges.

Riche (être bien)

Fustier, 1889 : Se griser.

Riche en ivoire

Delvau, 1866 : adj. Qui a de belles dents, — dans l’argot des faubouriens. Montrer son ivoire. Montrer ses dents. Les ouvriers anglais ont la même expression : Flash his ivory.

France, 1907 : Personne qui a de belles dents ; argot populaire.

Riche en peinture

Delvau, 1866 : adj. et s. Homme glorieux, plus riche en paroles qu’en réalité. Argot du peuple. On dit de même d’un Fanfaron qu’il est brave en peinture.

Richelieu

Larchey, 1865 : Aussi roué que le galant maréchal de ce nom.

Tout le benjoin d’une galanterie à 80 degrés Richelieu.

Murger.

Delvau, 1866 : adj. Galant, magnifique, entreprenant, — dans l’argot des bourgeois, dont les grand’mères ont conservé bon souvenir du vainqueur de Mahon.

Richelieu (faire son)

France, 1907 : Courtiser les femmes. Allusion au fameux duc de Richelieu, dont la galanterie et les exploits amoureux défrayèrent les chroniques du XVIIIe siècle.

Richement

d’Hautel, 1808 : Richement bête. Pour dire d’une bêtise, d’une stupidité extrêmes.
Richement laid. D’une laideur excessive.

Delvau, 1866 : adv. Extrêmement.

France, 1907 : Beaucoup, extrêmement.

Richement laid

Larchey, 1865 : Aussi laid que possible.

Richonner

Delvau, 1866 : v. n. Rire, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Rire.
— Tu richonnes à te mordre l’œil, ce n’est pourtant pas richonnant (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Rire.

France, 1907 : Rire.

Ricochet

d’Hautel, 1808 : Fantaisie, caprice.
Il a de quoi satisfaire ses ricochets. Se dit de quelqu’un qui est fort aisé, et qui peut contenter tout ses désirs.
C’est la chanson du ricochet. Pour, c’est toujours la même chose.
Cette nouvelle est venue par ricochet. C’est-à dire par voie indirecte, par bruit public.

Ricochet (chanson du)

France, 1907 : Jeu de mot sans aucun sens consistant à ajouter à un mot un autre qui en fait la suite.

Ridé

d’Hautel, 1808 : Elle a le visage ridé comme le derrière d’un pauvre homme. Se dit d’une femme avancée en âge, qui a perdu sa fraicheur, et qui néanmoins veut encore faire la jeune fille.
On dit aussi d’une manière moins grossière et dans le même sens ; elle a le visage ridée comme une pomme cuite.

Rideau

La Rue, 1894 : Grande blouse.

France, 1907 : Longue blouse.

Nous somm’s dans c’goût-là toute eun’ troupe,
Des lapins droits comm’ des bâtons,
Avec un rideau sur la croupe,
Un grimpant et des ripatons.

(Jean Richepin)

Rideau (lever le)

France, 1907 : Paraître le premier sur la scène dans un café-chantant.

Rideau rouge

Delvau, 1866 : s. m. Cabaret, — dans l’argot du peuple, qui se rappelle toujours les maisons à boire du vieux temps, reconnaissables à leurs rideaux de percale de couleur pourpre. Les ouvriers anglais disent de même Red-lattice, parce que chez eux c’est le treillage extérieur du cabaret qui est peint en rouge.

France, 1907 : Cabaret ; allusion aux rideaux de cette couleur qui couvraient autrefois les fenêtres des cabarets borgnes, pour dissimuler ce qui se passait dans l’intérieur.

Rideaux de Perse

Delvau, 1866 : s. m. pl. Rideaux déchirés, percés de trous, — dans l’argot des bourgeois plaisantins. On dit de même Mouchoir de Perse, chemise de Perse, etc.

Ridicule

d’Hautel, 1808 : Il est d’un ridicule amer. Pout dire bizarre et contrariant, il s’oppose à tout ce qui peut plaire aux autres.

France, 1907 : Sac que les femmes portent à la main et qui fait la joie des filous. Corruption de réticule.

Rien

d’Hautel, 1808 : Il lui a donné un petit rien entre deux plats. Facétie, pour dire rien, absolument rien.
Il ne sait rien de rien. Pour, il ignore absolument cette affaire.
On ne fait rien de rien. Pour dire qu’avec rien on a de la peine à faire quelque chose.
Ce que vous dites et rien c’est la même chose. Pour dire, ce sont des paroles inutiles ; je ne vous écoute pas.
Il n’y a rien qu’il y paroisse. Se dit d’une chose que l’on avoit mise en ordre, et qui est de nouveau troublée et confuse.

Delvau, 1866 : Mot de l’argot des faubouriens, qui l’emploient comme selle à tous chevaux, pour donner plus de force et de couleur à leurs discours. Ainsi, ils disent : Il n’a rien l’air de… pour : Il a extrêmement l’air de… Il n’est rien paf, pour : Il est très gris. Ce n’est rien mauvais, pour : On ne saurait imaginer chose plus détestable, etc.
Une autre négation, sœur de celle-ci, et valant comme elle une affirmation, c’est n’être pas. Ainsi : Tu n’es pas blagueur ! signifie : « Comme tu es menteur ! »

Delvau, 1866 : s. m. Un peu, très peu, — dans l’argot du peuple. En un rien de temps. En très peu de temps. Rien de rien. Moins que rien.

Delvau, 1866 : s. m. Garde-chiourme, argousin, — dans l’argot des forçats.

Rigaud, 1881 : Très, beaucoup, extrêmement. Une des expressions les plus courantes parmi le peuple. — Être rien chic, être très élégant. — Être rien bate, être très joli. — Être rien poivre, être très soûl.

Boutmy, 1883 : synonyme de beaucoup. Il est rien bête, celui-là. Cette expression saugrenue appartient plutôt à l’argot des margeurs et des receveurs qu’à celui des compositeurs. V. Mince.

La Rue, 1894 : Garde-chiourme. Très, beaucoup, extrêmement : c’est rien beau !

France, 1907 : Beaucoup, très. « Il est rien bête. » Expression populaire.

Encore douz’ ronds, j’vâs m’payer une
Chopine su’ l’premier comptoir,
Crebleu ! Qué vent ! Quien ! V’là la lune !
Elle a rien mauvais’ min’ ce soir.

(Fulbert Mayrat)

France, 1907 : Argousin ; garde-chiourme. Voir Ruf.

Rien de nouveau sous le soleil

France, 1907 : C’est ce qu’affrmait déjà, voilà bientôt quatre cents ans, le poète Mellin de Saint-Gelais :

Di je quelque chouse nouvelle,
L’antiquité, toute en cervelle,
Me dict : je l’ai dict avant toy,
C’est une plaisante donzelle !
Que ne venoit elle aprez moy ?
Moy, je l’aurois dict avant elle.

 

Vous vous récriez que l’une des deux histoires est faite à plaisir pour parodier l’autre. Non, elles sont toutes deux également vraies. Et cela vous prouve que de roi Salomon n’avait pas tort d’assurer, trois mille ans environ avant votre naissance, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

(Louis Randal)

Rien ne tombe en gueule à goupil que dort

France, 1907 : Le mot goupil, renard, indique l’antiquité de ce dicton qui contredit cet autre : le bien vient en dormant. L’on a beau être adroit, habile, rusé comme un renard, si l’on est indolent, on m’arrive à rien de bon, et si l’on ne fait cuire les alouettes, elles ne vous tomberont pas toutes rôties « en gueule ». Aide-toi, le ciel t’aidera !

Rif

La Rue, 1894 : Feu. Riflaudante, flamme. Riffauder, incendier, brûler. Riffaudeur, chauffeur.

Rif (du)

anon., 1907 : Feu.

Rif ou rifle

Delvau, 1866 : s. m. Feu, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Feu.
— Passe-moi un peu de rif que j’allume Joséphine (Argot du peuple).

Rifauder

anon., 1827 : Brûler, cuire, chauffer.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Se chauffer, brûler, cuire.

Bras-de-Fer, 1829 : Brûler, cuire, chauffer.

M.D., 1844 : Brûler.

Halbert, 1849 : Chauffer.

Rife

anon., 1827 : Feu.

Bras-de-Fer, 1829 : Feu.

Riff

Hayard, 1907 : Feu, d’autorité.

Riffard

Bras-de-Fer, 1829 : Bourgeois.

Riffaudant

La Rue, 1894 : Cigare.

Riffaudant, riffondant

Rigaud, 1881 : Cigare. — Riffaudante, pipe, — dans le jargon des voleurs.

Riffaudante

Delvau, 1866 : s. m. Incendie.

Delvau, 1866 : s. m. Flamme.

Rigaud, 1881 : Flamme ; incendie. — Riffauder, brûler. — Riffaudeur, incendiaire.

Riffaude ton gaye

Halbert, 1849 : Chauffe ton cheval.

Riffauder

Clémens, 1840 : Incendier.

Larchey, 1865 : Brûler. V. Flacul. — Rifle : Feu flamme. — V. Coquer.

Je remouche au coin du rifle un sinve qui roupillait. J’ai sondé dans ses profondes.

(Vidocq)

Delvau, 1866 : v. a. Incendier, brûler.

Virmaître, 1894 : Brûler. Riffaudante : flamme. Une vieille chanson qui date au moins de cinquante ans, bien connue des voleurs, dit :

L’autre jour, fumant ma bayadaise,
Je rifflaudais, la fumant dans un coin.

Rifflauder voudrait donc dire sommeiller (Argot des voleurs).

Riffauder quelqu’un

Clémens, 1840 : Chauffer les pieds.

Riffaudeur

Clémens, 1840 : Chauffeur.

Delvau, 1866 : s. m. Chauffeur.

Riffaudeur à perpète

Rigaud, 1881 : Le diable.

Riffe

Clémens, 1840 : Feu.

Virmaître, 1894 : Prendre de force, d’autorité.
— Il a pris une fille de riffe.
Synonyme de violer (Argot des voleurs).

Riffe (de)

Rossignol, 1901 : D’autorité.

Il ne voulait pas partager j’ai pris ma part de riffe.

Rifflard

Delvau, 1866 : s. m. Parapluie, — dans l’argot du peuple. Ce mot date de Picard et de sa Petite Ville, comédie dans laquelle il y a un personnage nommé Rifflard, qui ne marche qu’escorté d’un parapluie.

Delvau, 1866 : n. m. Bourgeois, — dans le même argot [du peuple].

La Rue, 1894 : Bourgeois. Dupe. Parapluie. Vieux soulier.

Virmaître, 1894 : Parapluie. Le mot date de Picard et de la Petite Ville, comédie dans laquelle il y a un personnage nommé Rifflard, qui ne marche qu’escorté d’un parapluie. A. D. Au quinzième siècle, on trouve déjà ce mot employé dans des comédies ou mystères avec un sens satirique et bouffon. Rifflard, bouffard, narinard, dentard étaient des épithètes burlesques que les acteurs se renvoyaient constamment — même quand elles n’étaient pas dans leur rôle. Le personnage le plus important de la Passion, mystère d’Arnould Gresban, bachelier en théologie, qui fut joué avec un immense succès au quinzième siècle, est un berger nommé Rifflard, qui se plaint amèrement et impudemment des impôts excessifs dont le peuple était accablé. Il faudrait pouvoir citer la scène où Rifflard est amené devant un magistrat qu’il appelle Machefoin :

Comment te nomme-t-on ?
Rifflard,
Tout norry de pois et de lard.

Plus tard, le mot rifflard fut appliqué aux sergents, ainsi que nous le voyons par une charte citée par Ducange.
Picard, en appelant, dans sa comédie de la Petite Ville, un de ses personnages François Rifflard, n’a fait qu’emprunter, ce qu’ignorait sans doute Delvau, ce nom au mystère d’Arnould Gresban (Argot du peuple).

Riffle (prendre de)

Rigaud, 1881 : Prendre sans hésiter. (L. Larchey)

Riffler

Halbert, 1849 : Sévère.

Virmaître, 1894 : Veut également dire brûler. Riffler est aussi le synonyme de souffler : prendre. En ce cas, c’est une corruption de rafler (Argot du peuple).

Riflar

M.D., 1844 : Parapluie.

Riflard

Larchey, 1865 : Parapluie. — D’une pièce de Picard, la Petite Ville (1801), où l’acteur chargé du rôle de Riflard paraît armé d’un énorme parapluie.

Il pleuvait à verse ; elle était sous son riflard.

Lubize.

Rigaud, 1881 : Riche. — Bourgeois, — dans l’argot des voleurs de 1830.

Rigaud, 1881 : Parapluie. — D’après M. Lorédan Larchey, le nom serait dû à une pièce de Picard, la Petite Ville (1801), où l’acteur chargé du rôle de Riflard portait un énorme parapluie. Le nom de Riflard, dit M. Fr. Michel, approprié à divers personnages comiques, dans plusieurs mystères des XVe et XVIe siècles, était à lui seul une charge comique, et avait, à ce qu’il paraît, auprès du public d’alors, un succès des plus marqués.

Rossignol, 1901 : Parapluie. On dit aussi Jaluzot.

Riflard (compagnon du)

Rigaud, 1881 : Aide-maçon. — En terme de maçon, le riflard est la pelle dont ils se servent ; d’où le surnom de compagnon du riflard.

Riflard, rifle

Rigaud, 1881 : Feu. Coquer le rifle, incendier. La jaffle est sur le riflard, la soupe est sur le feu.

Riflardise

Rigaud, 1881 : Morgue bourgeoise, stupidité bourgeoise, bêtise prudhommesque.

La Rue, 1894 : Morgue.

Riflards

Rigaud, 1881 : Vieux souliers qui prennent l’eau autant qu’un parapluie.

Rifle

Halbert, 1849 : Feu.

La Rue, 1894 : Jeu.

Rossignol, 1901 : Feu.

Rifle (du)

M.D., 1844 : Du feu.

Riflé, rifleur

La Rue, 1894 : Sévère.

Rifler

Delvau, 1866 : v. a. Prendre, saisir, chiper, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi : Passer tout près ; effleurer.

Delvau, 1866 : v. a. et n. Brûler. — dans l’argot des voleurs. On dit aussi Riffauder.

Virmaître, 1894 : Brûler (Argot du peuple).

Rifolard

Delvau, 1866 : adj. Amusant, rigolo.

Rigaud, 1881 : Amusant ; drôle.

La Rue, 1894 : Amusant.

Rigade

Fustier, 1889 : Soulier.

Rigadin

Rigaud, 1881 : Soulier, — dans le jargon des ouvriers.

Rigodon

Rigaud, 1881 : Soulier. C’est une déformation de rigadin. Quelques linguistes de la voyoucratie disent également rigodin.

Rigodon (en pincer un)

Virmaître, 1894 : Vieux mot qui veut dire danser (Argot du peuple).

Rigodons

Virmaître, 1894 : Souliers. Dans le peuple, on dit d’un homme qui a ses souliers percés et éculés :
— Ses rigodons engueulent le pavé.
On dit également des rigadins (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Souliers.

Hayard, 1907 : Souliers.

Rigodons, riguelots, rigadins

La Rue, 1894 : Souliers.

Rigolade

un détenu, 1846 : Fête, plaisirs, jouissances.

Delvau, 1866 : s. f. Amusement, réjouissance, plaisanterie. Coup de rigolade. Chanson.

Rigaud, 1881 : Rire ; plaisir, amusement. — Enfilé à la rigolade, débauché.

La Rue, 1894 : Amusement, réjouissance. Gros rire.

Rigolade (être à la)

Fustier, 1889 : S’amuser.

Le vieux ronchonnait contre les jeunes gens qui sont trop à la rigolade, et pas à l’étude.

(Réveil du Père Duchêne, 1881.)

Rigolard

Virmaître, 1894 : Chose très amusante (Argot du peuple).

Rigolbochade

Delvau, 1866 : s. f. Drôlerie dite ou faite, écrite ou peinte, — dans l’argot des faubouriens. Ici encore se pose l’éternelle question : Quel est le premier né de l’œuf ou de la poule ? Est-ce mademoiselle Marguerite la Huguenote — plus généralement oubliée aujourd’hui sous le nom de Rigolboche — qui a donné naissance à ce substantif, ou est-ce ce substantif qu’on a décerné comme un brevet à cette aimable bastringueuse ? J’inclinerais volontiers à admettre cette dernière hypothèse. La foule se laisse parfois imposer certains noms, mais elle a pour habitude d’en inventer. Quant aux Mémoires de mademoiselle Marguerite, où elle prétend que c’est elle qui a créé le mot en question, il me suffit que ce soient des Mémoires pour que je ne leur accorde pas la moindre créance.

Rigaud, 1881 : Action de s’amuser, de rire, de danser, d’après la méthode Rigolboche, danseuse célèbre de bals publics, il y a une douzaine d’années. Elle aimait beaucoup à rigoler ; d’où son surnom.

Rigolboche

Larchey, 1865 : Amusant drôle. — Diminutif de rigollot.

C’était au Prado… La querelle allait son train… Les agents s’approchèrent… Laissez-les donc ! m’écriai-je, sans doute inspirée, c’est bien plus rigolboche ! — Le mot fut sur-le-champ acclamé. — Marguerite, me dit C., tu viens de créer un mot qui fera fortune.

1860, Mémoires de Rigolboche.

Rigaud, 1881 : Partie de plaisir, partie fine, et, en général, toute partie où l’on rigole, — dans le jargon du peuple.

On va trimbaler sa blonde, mon vieux ; nous irons lichoter un rigolboche à la place Pinel.

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

La Rue, 1894 : Très amusant, drôle.

Virmaître, 1894 : Quelque chose de supérieurement amusant, beaucoup plus fort que rigolo. Rigolboche était connue à Bullier sous le nom de Marie la Huguenote ; ce nom lui venait de ce qu’elle protestait sans cesse quand le municipal la rappelait à l’ordre ou plutôt à la décence. Elle débuta aux Délassements-Comiques en 1860 sous le nom de Rigolboche. On la nommait aussi Boboche. Ce n’est pas elle l’inventeur de ce mot ; il était connu dans les ateliers depuis 1840. On dit également, pour affirmer que l’on s’est bien amusé :
— Nous avons rudement rigolboché (Argot du peuple).

Rigolboche (être)

Delvau, 1866 : Être excentrique, amusant, drôle.

Rigolbocher

Larchey, 1865 : Cancaner à la façon de Rigolboche, danseuse dont les lignes précédentes expliquent le nom et la vogue.

Nous rigolbochons parfois à Bullier.

1860, Les Étudiants.

Delvau, 1866 : v. n. S’amuser, soit en buvant, soit en dansant.

Rigole

Delvau, 1866 : s. f. Bonne chère, — dans l’argot des voleurs.

Rigoler

d’Hautel, 1808 : Se divertir, folâtrer ; se dégourdir ; faire des folies, gambader.

Clémens, 1840 : Rire.

Larchey, 1865 : Rire, se divertir. Vieux mot. — Dès 1373, Du Cange en cite des exemples au mot Rigolamentum. — V. Hariadan, Lansquiner.

Et frère Jean de rigouller, jamais homme ne feut tant courtois ny gracieux

Rabelais.

Qu’est-ce qui chante ? je veux de quoi rigoler ! moi.

Champfleury.

Delvau, 1866 : v. n. S’amuser, se réjouir, boire, danser, rire, — dans l’argot du peuple. Un vieux mot de notre vieille langue, que beaucoup de personnes, j’en suis sûr, s’imaginent né d’hier. Un hier qui a six cents ans ! Les gens du monde croiraient parler argot en employant ce mot employé par Jean de Meung, par Rabelais, par l’auteur de la Farce de Maistre Pathelin et par d’autres écrivains qui font autorité.

Merlin, 1888 : Rire, plaisanter, s’amuser.

Rossignol, 1901 : Rire, prendre du plaisir, s’amuser.

Rigolette

Delvau, 1866 : s. f. Habituée de bals publics, amie de la danse et de la gaieté.

Virmaître, 1894 : Nom donné par Eugène Sue à un des personnages des Mystères de Paris. Ce nom est resté pour désigner une jeune fille joyeuse.
— Elle est rigolotte (Argot du peuple). N.

Rigoleur

Delvau, 1866 : adj. et s. Ami de la joie et de la bouteille.

Rigoleur, rigoleuse

Rigaud, 1881 : Celui, celle qui aime à rire, à boire et à chanter.

Rigolo

Delvau, 1866 : s. et adj. Bon enfant, homme gai. Rigolo-pain-de-seigle ou pain-de-sucre. Extrêmement amusant. On dit aussi d’une chose : C’est rigolo, pour signifier : c’est plaisant, c’est drôle.

Rigaud, 1881 : Fausse clé, pince à effraction.

Le rigolo eut bientôt cassé tout.

(La France, du 13 mars 1879.)

Rigaud, 1881 : Chose drôle. Individu amusant. — Être rien rigolo, être très amusant.

Merlin, 1888 : Nom ou adjectif. — Un homme gai, amusant ; ou bien c’est rigolo, c’est drôle, c’est amusant.

Fustier, 1889 : Revolver. Argot du peuple.

Les expulsés furieux cherchèrent à enfoncer la porte (du cabaret). Vacheron sortit armé d’un bâton pour les repousser. À ce moment, l’un des agresseurs dit à Gauthier (un inculpé) : Prends ton rigolo.

(Le Droit, avril 1886.)

La Rue, 1894 : Chose drôle. Fausse clé. Revolver. Pince d’effraction. Attaque nocturne. Naïf, bon à voler.

Virmaître, 1894 : Sinapisme de farine de moutarde. Rigolo, c’est le nom de l’inventeur. Autrement, cette appellation serait une amère ironie, car un sinapisme n’est pas plus rigolo que d’avoir un clou planté dans les fesses (Argot du peuple). N.

Virmaître, 1894 : Pince. Si elle fait rigoler quelqu’un, ce n’est certainement pas la victime du vol avec effraction. Elle est rigolo pour le voleur, car avec l’argent volé il peut se payer de la rigolade (Argot des voleurs). V. Monseigneur.

Virmaître, 1894 : Attaque nocturne. L. L. Rigolo : terme employé dans les ateliers pour qualifier un camarade qui rigole sans cesse, qui amuse les autres. Il y eut, en 1866, un mulet qui portait ce nom au Cirque Napoléon ; il fit courir tout Paris, tant il était amusant, rigolo (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Revolver. Une pince monseigneur est aussi un rigolo.

Rossignol, 1901 : Drôlerie, amusement, plaisir.

Je me suis amusé, c’était rigolo.

Rigolo, pétard

anon., 1907 : Revolver.

Rigolot, rigolette

Larchey, 1865 : Homme ou femme de gai naturel.

Rigolos et vous rigolettes, Gais enfants d’l’atelier.

A. Joly, Ch.

On dit aussi dans le même sens : Rigolot pain de sucre. — C’est rigolot : C’est amusant.

Rigouillard

Virmaître, 1894 : Chose drôle, c’est plus fort que rigolo. C’est tellement rigouillard qu’il y a de quoi s’en tamponner le coquillard, c’est à se tordre, c’est crevant (Argot du peuple). N.

Rigri

Delvau, 1866 : s. m. Ladre, méticuleux, — dans l’argot du peuple.

Rigue

Delvau, 1866 : s. f. Apocope de Rigueur, — dans l’argot des voyous.

Rimaille

d’Hautel, 1808 : Mauvaise rime, mauvais vers.

Rimailler

d’Hautel, 1808 : Faire péniblement de fort mauvais petits vers.

Rimailleur

d’Hautel, 1808 : Un mauvais poëte ; versificateur à la douzaine.
Voltaire a placé ce mot avec avantage dans les deux vers suivans :

Un rimailleur écrit, le Léthé sur ses rives,
Reçoit avec plaisir ses feuilles fugitives.

Rime

d’Hautel, 1808 : Ce discours n’a ni rime ni raison. Pour dire, est dénué de sens commun.
N’entendre ni rime ni raison. Se laisser aller à l’emportement et à la colère ; ne vouloir écouter ni conseils ni remontrances ; n’en faire qu’à sa tête.

Rincé

Virmaître, 1894 : Être rincé comme un verre à bière, n’avoir plus rien. Recevoir une rincée : être battu comme des œufs à la neige. Rincer quelqu’un : le voler jusqu’à son dernier sou (Argot du peuple). V. Raboté.

Rince-crochets

Rigaud, 1881 : Nom donné par les soldats au troisième quart de café, — octroyé dans les circonstances extraordinaires.

Rince-pintes

Rigaud, 1881 : Association sans statuts écrits, dont les assemblées générales étaient très suivies, et dont le but était l’antipode de la tempérance. Pour être un rince-pintes, il fallait boire une pinte ou deux en dix minutes. (Le Sublime.)

Rincée

d’Hautel, 1808 : Il a reçu une bonne rincée. Pour, on l’a grondé de belle manière ; il a été rossé, étrillé comme il faut.

Larchey, 1865 : « Il a reçu une bonne rincée, il a été battu, étrillé comme il faut. »

1808. d’Hautel.

Delvau, 1866 : s. f. Coups donnés ou reçus, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Correction manuelle ; — petite raclée.

Rincer

d’Hautel, 1808 : Il a été bien rincé. Pour dire, bien mouillé ; il a reçu toute la pluie.
On se sert aussi de cette locution pour dire que quelqu’un a été vivement réprimandé ; qu’il a reçu quelque mauvais traitement.

anon., 1827 : Voler.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Voler. Rincer la cambriole, voler tout ce qui se trouve dans une chambre.

Bras-de-Fer, 1829 : Dévaliser, voler.

Halbert, 1849 : Voler.

Larchey, 1865 : Dévaliser.

Des malfaiteurs crurent pouvoir rincer la caisse du juif.

(Balzac)

Larchey, 1865 : Battre.

Un général, fût-il un prince, Fond sur l’ennemi et vous le rince.

Favart, — 1750.

Tu m’as rincé, et personne ne peut se vanter de me mettre le pied sur la tête.

E. Sue.

Delvau, 1866 : v. a. Dévaliser, nettoyer, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : v. a. Battre, donner des coups. Signifie aussi Gagner quelqu’un au jeu.

Rigaud, 1881 : Dépouiller ; voler.

La Rue, 1894 : Battre. Dépouiller, voler. Ruiner.

Rossignol, 1901 : Payer à boire. —

Nous avons soif, tu devrais bien nous rincer.

Rincer (se faire)

Delvau, 1866 : Recevoir la pluie ; se laisser voler ; perdre au jeu.

Rincer (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Se purger, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi Se rincer le fusil.

Rincer l’œil (se)

Fustier, 1889 : Regarder complaisamment quelque chose ou quelqu’un.

Depuis notre arrivée, vous n’avez cessé de vous rincer l’œil de toutes ces créatures éhontées…

(Chavette.)

Rincer la dalle

Delvau, 1866 : v. a. Offrir à boire à quelqu’un, — dans l’argot des faubouriens. Se faire rincer la dalle. Accepter à boire sans offrir la réciproque. On dit aussi Rincer la dent, ou le bec, ou le fusil, ou le tube, ou la gargoine, ou la corne.

Hayard, 1907 : Boire un coup.

Rincer la dalle (se faire)

Virmaître, 1894 : Se faire régaler par un camarade.
— Je lui ai tellement rincé la dalle qu’il n’a pas une dent dans la gueule qui ne me coûte au moins vingt francs (Argot du peuple).

Rincer la dalle (se)

Rigaud, 1881 : Se rafraîchir en buvant.

Rincer la trente-deuxième (se)

Rigaud, 1881 : Boire la goutte, — dans le jargon du régiment. C’est une variante de « se rincer la dent » ; mot à mot : se rincer la trente-deuxième dent. Combien de femmes dans ce monde ne pourraient pas en faire autant ?

Rincer le gosier, le cornet, le sifflet, l’avaloir, la dalle

Larchey, 1865 : Faire boire. V. Sifflet.

S’il cajole la cantinière, elle lui rince le gosier.

Wado, Chansons.

Tu peux te rincer le cornet, ça rend toujours un homme aimable.

Cabassol.

Quand vous rincez votre avaloir, Vous êtes prié de quitter le comptoir.

La Maison du Lapin blanc, typ. Appert.

Avec ces messieurs j’bois. Oui, nous nous rinçons la dalle.

Léonard, parodie.

Rincette

Delvau, 1866 : s. f. Petit verre d’eau-de-vie pris comme supplément au gloria, — dans l’argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Petit verre de cognac pris dans la tasse où l’on a bu du café. — Surrincette, second, troisième, quatrième, etc., petit verre pris dans les mêmes conditions.

Rincleux

Fustier, 1889 : Avare. Terme d’atelier.

Rinçure

d’Hautel, 1808 : De la rinçure de verre. Pour dire, du vin trop trempé ; de l’abondance ; de la ripopée.

Riocher

d’Hautel, 1808 : Rire en sournois, à bas bruit, finement et sardoniquement.

Riole

d’Hautel, 1808 : Se mettre en riole. Pour dire se mettre en ribotte ; employer â ses plaisirs le temps consacré au travail.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Bonne chère. Se mettre en riole, faire bombance.

Delvau, 1866 : s. f. Rivière, ruisseau, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : s. f. Joie, divertissement, débauche, — dans l’argot du peuple. Être en riole. Être en train de s’amuser, être gris. Se mettre en riole. Se griser. En wallon. Être en riolle ou riotte, c’est Se quereller.

Rigaud, 1881 : Partie de plaisir. — Être en riole, se mettre en riole, faire riole, s’amuser, se mettre en gaieté, en ribote.

Virmaître, 1894 : Ruisseau ou rivière dans l’argot des voleurs. Riole se dit aussi dans le peuple de quelqu’un qui est pochard :
— Il est en riole.
Ce n’est pourtant pas dans la rivière que le vin a été puisé (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Ruisseau, rivière.

Riole (être en)

Hayard, 1907 : Être pochard.

Riolle

anon., 1827 : Bonne chère.

Bras-de-Fer, 1829 : Bonne chère.

Larchey, 1865 : Divertissement. — De rigoler.

Pitanchon, faisons riolle, Jusqu’au jugement.

Grandval, 1723.

La Rue, 1894 : Partie de plaisir, débauche. Ruisseau.

Rioter

d’Hautel, 1808 : Diminutif de rire, pour dire rire à demi, rire sous cape.

Rioteur

d’Hautel, 1808 : Homme qui rit bêtement, sans sujet, sans raison évidente.
On dit aussi Rioteuse en parlant d’une femme.

Ripa, ripeur

Rigaud, 1881 : Écumeur de la Seine. — Vagabond qui vole à bord des bateaux.

Ripaille

d’Hautel, 1808 : Faire ripaille. Faire ribotte, faire grande chère ; s’en donner à cœur-joie.

Ripatins

Virmaître, 1894 : Brodequins (Argot des voleurs).

Ripatonner

Larchey, 1865 : Raccommoder. — Mot à mot : réparationner.

On ripatonne un livre en publiant une édition revue et corrigée ; on ripatonne un édifice en le recrépissant.

La Bédollière.

Delvau, 1866 : v. a. Raccommoder quelque chose ou quelqu’un, — dans l’argot des Polytechniciens, qui ont ainsi consacré la mémoire d’un concierge de l’École, M. Ripaton, tailleur.

Rigaud, 1881 : Remettre à neuf.

On distingue, on reconnaît, on évalue tout objet de toilette supprimé, ajouté ou ripatonné.

(Les Filles d’Hérodiade, 1815.)

Corriger une œuvre d’art, une œuvre littéraire.

Virmaître, 1894 : Le passifleur qui racommode les vieux souliers, ripatonne (Argot du peuple).

Ripatonneur

Rigaud, 1881 : Mauvais restaurateur de tableaux.

Ripatons

Delvau, 1866 : s. m. pl. Souliers, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Pieds. — Vieux souliers, souliers raccommodés. Jouer des ripatons, décamper.

Merlin, 1888 : Souliers, — de l’argot parisien.

La Rue, 1894 : Pieds.

Virmaître, 1894 : Souliers (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Souliers.

Hayard, 1907 : Souliers.

Riper

Delvau, 1866 : v. a. Embrasser tendrement.

Virmaître, 1894 : Embrasser tendrement. A. D. C’est une singulière façon d’embrasser tendrement les gens que de les voler car riper dans le peuple signifie : prendre.
— Je lui ai ripé sa galette (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Embrasser.

Ripeur

Delvau, 1866 : s. m. Libertin.

La Rue, 1894 : Libertin. Écumeur de la Seine.

France, 1907 : Libertin.

Ripeurs ou Zouaves

Rossignol, 1901 : Les individus qui se tiennent près les portes de la Villette et de Crimée, pour décharger les bateaux de charbon. Ils se tiennent également à Bercy pour décharger les pièces de vin.

Ripiène

France, 1907 : Remplissage destiné à renforcer l’exécution d’un passage musical. Argot des musiciens, de l’italien ripieno, remplissage.

Ripioulement

Rigaud, 1881 : Chambre, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Chambre à coucher ; argot des voleurs, de piaule, chambre.

Ripiouler

Rigaud, 1881 : Dormir.

France, 1907 : Dormir ; argot des voleurs.

Ripois

France, 1907 : Prince ; vieil argot.

Ripopée

d’Hautel, 1808 : Terme trivial et populaire dont on se sert pour désigner du vin, du café, et autres liquides de mauvaise qualité.

Delvau, 1866 : s. f. Mauvais vin, — dans l’argot du peuple. Se dit aussi à propos de Toute chose médiocre ou mal faite. Ce mot a été autrefois masculin, et tantôt substantif et tantôt adjectif : Du ripopé, du café ripopé.

Rigaud, 1881 : Objet de mauvaise qualité, de nulle valeur. Autrefois la ripopée ou vin de Brétigny était un mauvais petit vin, le plus mauvais des vins de France.

La Rue, 1894 : Chose mauvaise. Mauvais vin.

Virmaître, 1894 : Quelque chose qui ne vaut rien. Synonyme de ratatouille. On dit aussi :
— Ton Borgia à 23 sous ne nous fait boulotter que de la ragougnace (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Canaille.

Ripper

Rossignol, 1901 : Dieu a dit :

Croissez et multipliez, rippez.

Rippeur

Rossignol, 1901 : Celui qui aime ripper.

Riquet

Virmaître, 1894 : Tout petit. Sobriquet donné dans les ateliers aux apprentis mal formés.
— Viens ici, mon petit riquet.
C’est un pléonasme d’accoupler ces deux mots identiques, mais dans le peuple, on n’y regarde pas de si près (Argot du peuple). N.

Riquiqui

Larchey, 1865 : Eau-de-vie.

Tiens ! pour te guérir, je t’apporte une goutte de riquiqui.

La Femme comme on en voit peu, ch., 1789.

Delvau, 1866 : s. m. Eau-de-vie de qualité inférieure, — dans l’argot des ouvriers.

Delvau, 1866 : adj. et s. Chose mal faite ou de qualité inférieure, — dans l’argot des ouvrières. Avoir l’air riquiqui. Être ridiculement habillée, ou n’être pas habillée à la dernière mode. Je ne suis pas bien sûr que ce mot ainsi employé ne soit pas une contrefaçon de Rococo.

Rigaud, 1881 : Eau-de-vie.

La Rue, 1894 : Eau-de-vie. Chose mal faite ou mauvaise.

Virmaître, 1894 : Mauvaise eau-de-vie. Riquiqui est généralement employé peur peindre quelque chose de mesquin, de petit, d’étroit.
— Son esprit est comme sa taille, c’est riquiqui.
— Ah ! Regardez-moi cette toilette, est-elle assez riquiqui ?
Il existait jadis une liqueur appelée riquiqui ; on ne la connaît plus (Argot du peuple).

France, 1907 : Eau-de-vie. Dans le parler du Centre, c’est le petit verre de liqueur ou de brandevin que l’on prend après le repas. Dans le Limousin et le Béarn, on dit requiqui.

On était en 92. La marchande lut sur un placard que la France demandait « de l’homme ». Ça ne traîna pas ! Le pantalon d’un mort, un chapeau à plumes, le tonnelet de riquiqui, un coup de poing sur le cœur pour le faire descendre au ventre, et, fier de sa conquête, le cuirassier l’entraîna. Elle avait cinquante-sept ans.

(Georges d’Esparbès)

Rire

d’Hautel, 1808 : Il ne riroit pas pour un empire ; pour un jambon. Manière burlesque d’exprimer que quelqu’un est d’un froid, d’un sérieux tel que rien ne peut le dérider.
Le rire de St.-Médard. Un rire forcé.
C’est du vieux jeu, on n’en rit plus. Se dit d’une plaisanterie.
Rira bien qui rira le dernier. Se dit de celui qui se flatte trop tôt d’un succès, et dont la joie ne peut durer long-temps.
Se chatouiller pour se faire rire. S’efforcer de rire quand on n’en a pas envie.
On dit par exagération d’un homme original et fort plaisant, qu’il feroit rire un tas de pierres.
Rire du bout des dents.
Ne pas rire de bon cœur ; cacher sous un faux air de gaieté le chagrin que l’on ressent intérieurement.
Il rit comme on pleure à Paris. Se dit pour se moquer d’un enfant qui pleure sans sujet.
Se regarder sans rire. Laisser tomber la conversation ; ne savoir que dire ; manquer d’entretien.
On dit pour persuader quelqu’un que l’on prend quelque chose au sérieux, ce n’est pas pour de rire ; dites, en suppriment le de explétif : ce n’est pas pour rire.
Les locutions, c’est pour de bon, c’est pour tout de bon, ne sont pas moins vicieuses, et doivent être soigneusement rejetées.

Rire à la caisse

Rigaud, 1881 : Toucher chez un agent de change ou recevoir des mains d’un spéculateur en perte le montant d’une différence ou d’une prime. (Paris-Vivant, Le Million.)

Rire aux anges

Delvau, 1866 : Sourire doucement en dormant, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Rire seul et sans sujet ; allusion au rire des tout petits enfants dans leur berceau.

Rire comme des perdus

France, 1907 :

Nous sommes, sortans de Sicile,
De Carybde tombés en Scylle,
C’est tomber de fièvre en chaud mal,
Polyphème, étrange animal,
Nous fit à tous avoir la fièvre,
Il me fit courir comme un lièvre
Et bien souvent, de pur effroi,
Il me semble que je le vois.
Mais l’homme de cœur tout surmonte ;
Un jour que nous ferons le conte
De tant de beaux combats rendus,
Nous rirons comme des perdus.

(Scarron, Virgile travesti)

Rire comme un bossu

France, 1907 : Rire de bon cœur. Les bossus passent, à tort ou à raison, pour des gens sinon fort gais, mais fort malicieux, sachant saisir du premier coup les ridicules de chacun et en profiter. « Ils ont en général, dit Loubens, l’esprit satirique, parce que, sans cesse en butte aux attaques du ridicule, ils ramassent l’arme qu’on leur lance et la retournent contre leurs adversaires. »

Lise, chose singulière !
Se fil, un soir, s’esquivant,
En tombant sur le derrière,
Une bosse par devant,
Chez la fillette précoce,
Ce soir-là, j’étais reçu :
Quand j’aperçois cette bosse,
Moi, je ris comme un bossu.

(Lesueur, Les Bosses)

Rire comme un cul

Delvau, 1866 : Rire sans desserrer les dents.

Virmaître, 1894 : Rire sans desserrer les dents. Veut dire aussi rire comme un imbécile, sans savoir pourquoi. Être cul, dit M. Lorédan Larchey, c’est être bête et grossier. Ce pauvre cul n’a vraiment pas de chance, car, non content d’en faire le synonyme de tout ce qui est sale, on en fait le synonyme de tout ce qui est bête et ridicule. S’il pouvait répondre autrement qu’en pétant ! (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Rire sans desserrer les dents.

Rire du bout des dents

France, 1907 : Rire à contre-cœur ; faire semblant d’être gai. On disait autrefois : Rire du bout des dents comme une vieille idole.

Il leur fit ce discours de bouche,
Mais, comme on dit, le cœur n’y touche,
Il ne rit que du bout des dents,
Et tout de bon pleure en dedans.

(Scarron, Virgile travesti)

Rire du ventre

France, 1907 : « Remuer le ventre et les côtes pour simuler le rire qui, théâtricalement parlant, ne doit être produit que par la gorge. Argot théâtral. »

(Gustave Fustier)

Rire jaune

Delvau, 1866 : v. n. Rire à contre-cœur, quand on voudrait ou pleurer de douleur ou écumer de rage.

Virmaître, 1894 : N’être pas content et être forcé de rire quand même ; avoir les larmes dans les yeux et le cœur gros et être forcé de paraître joyeux. On dit aussi :
— Son rire est jonquille. Allusion au cocu qui rit jaune quand la sage-femme lui présente son dernier en lui disant :

C’est tout le portrait d’son père,
Quel cochon d’enfant ! (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : À contre-cœur.

France, 1907 : Dissimuler son ennui ou son mécontentement sous un air satisfait.

L’histoire des frères de Goncourt, sifflés dans la maison de Molière, ne laisse pas que d’être intéressante. Ces deux frères Lyonnet n’ont pas eu de veine, et, à l’heure qu’il est, ils doivent rire jaune.

(Léon Rossignol, Lettres d’un Mauvais Jeune homme à sa Nini)

Ris

d’Hautel, 1808 : Un ris qui ne passe pas le nœud de la gorge. Un rire contraint et forcé, qu’on laisse échapper par complaisance et malgré soi.

Risées

France, 1907 : Rides que produit sur l’eau une légère brise ; argot des marins.

Ceux qui venaient de la rade étaient plus mouillés que les autres, plus ruisselants de pluie et d’eau de mer. Leurs canots voilés, en s’inclinant sous les risées froides, en sautant au milieu des lames pleines d’écume, les avaient amenés grand train dans le port.

(P. Loti, Mon frére Yves)

Risette

Delvau, 1866 : s. f. Sourire, — dans l’argot des bourgeois. Faire des risettes. Faire des avances aimables.

Virmaître, 1894 : Surnom donné à une jeune fille rieuse et aimable qui a toujours le sourire sur les lèvres. C’est un vieux boniment employé dans les foires :
— Entrez, mesdames et messieurs, vous verrez la femme colosse ; cent kilos sur l’estomac et le sourire sur les lèvres.
Quand une amie est fâchée, qu’elle boude, on l’embrasse et on lui dit :
— Allons, fais une petite risette à papa, il revient d’Afrique.
Quand une femme vous fait des risettes, on peut y aller carrément (Argot du peuple). N.

Risette (faire)

France, 1907 : Faire des agaceries, sourire.

Vous faites mille misères aux pauvrettes qui, ne sachant encore rien de l’existence, se laissent aller à la bagatelle et font des gosses sans vous demander la permission.
Mais voilà, vous êtes plus furieux de leur désobéissance que joyeux de voir naître un môme qui deviendra votre proie !
Tas de crétins !
Or, si vous en pincez réellement pour que le populo repeuple, faites risette aux filles-mères et supprimez la misère.

(Le Père Peinard)

Risque-tout

France, 1907 : Personne téméraire, qui ne doute de rien.

France, 1907 : Nom que l’on donne dans certaines provinces a des établissements dont la réussite paraît douteuse et pour lesquels le fondateur a risqué son argent.

Risquer le paquet

Delvau, 1866 : v. a. Se hasarder à faire une chose délicate, aventureuse, — dans l’argot du peuple.

Virmaître, 1894 : Synonyme de tout risquer, c’est-à-dire de tenter l’aventure.
— Tu n’oses pas ! risque donc le paquet (Argot du peuple).

Rissole

d’Hautel, 1808 : La Rissole. Sobriquet que l’on donne à un buveur de profession.

Rissoler

d’Hautel, 1808 : Un visage rissolé. Pour dire un visage hâlé, brulé par l’ardeur du soleil.

Ristorne

France, 1907 : Restitution. Argot populaire, du latin ritornare, rendre,

Rivancher

M.D., 1844 : Coucher avec une demoiselle.

Larchey, 1865 : Voir Tremblant. — Rivette : Voir Tante.

Delvau, 1866 : v. a. Aimer, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Aimer (Argot des voleurs).

France, 1907 : Coïter, coucher avec une fille ; du vieux français river.

Rivanger

Clémens, 1840 : Dormir.

La Rue, 1894 : Dormir. Coucher avec une fille.

Rivard

France, 1907 : Libertin ; du vieux français river.

Rivarde

France, 1907 : Prostituée.

Rive

d’Hautel, 1808 : On n’y voit ni fond ni rive. Se dit d’une affaire fort embrouillée, d’un chaos, d’un ļabyrinthe.

Rivé au pieu

La Rue, 1894 : Épris d’une prostituée.

River

d’Hautel, 1808 : River le clou à quelqu’un. Pour dire lui riposter adroitement et vivement ; lui parler ferme et de manière à ne lui laisser aucun avantage.

France, 1907 : Coïter ; vieux français.

River le clou

France, 1907 : Remettre quelqu’un à sa place ; lui clouer la langue.

— C’est une vieille catin ! Non, ça me met en colère qu’une femme comme ça vienne vous faire de la morale. Si on avait autant de toupet qu’elle, ça serait rudement facile de lui répondre, de lui river son clou.

(Maurice Donnay, Chère Madame)

River son clou

Virmaître, 1894 : Quand un bavard intarissable ennuie quelqu’un par un discours filandreux, on lui rive son clou en lui disant carrément :
— Tais ta gueule ou je chie dedans.
Mot à mot : river le clou, c’est empêcher d’aller plus loin (Argot du peuple). N.

Rossignol, 1901 : Dire ses vérités à quelqu’un, c’est lui river son clou.

River son clou à quelqu’un

Delvau, 1866 : v. a. Lui dire vertement son fait, lui tenir tête dans une lutte de paroles ou de gestes. Argot des bourgeois.

Rivet, rivette

France, 1907 : Pédéraste.

Il avait plus d’une ressource. Quand la prostitution ne donnait plus et que sa marmite rentrait les poches vides, où bien, qu’à la suite des brouilles, elle refusait de faire la planche, il la remplaçait, changeant son fusil d’épaule. Le protecteur à trois ponts se transformait en petit Jésus et ses grâces juvéniles ne manquaient pas d’attirer les rivettes.

(Dr Émile Laurent)

Rivette

Delvau, 1866 : s. f. Fille publique, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Fille de joie à l’aurore de la dépravation.

La Rue, 1894 : Jeune prostituée.

Virmaître, 1894 : Prostituée, du verbe rivancher, se livrer à l’amour. L. L. Cette expression ne s’applique pas aux femmes (Argot des pédérastes). V. Passif.

France, 1907 : Jeune prostituée.

Rivière

d’Hautel, 1808 : Les petits ruisseaux font les grandes rivières. Pour dire, que les petits gains souvent répétés finissent par constituer une fortune.
Il ne trouveroit pas de l’eau à la rivière. Se dit d’un homme peu intelligent, pour qui tout est difficile.

Rivitte

Rossignol, 1901 : Synonyme de chatte.

Riz-pain-sel

Larchey, 1865 : « À l’armée, où les agents du service des subsistances distribuent les vivres aux compagnies, on leur donne le sobriquet de riz-pain-sel. » — La Bédollière.

Delvau, 1866 : s. m. Fournisseur militaire, — dans l’argot des troupiers.

Rigaud, 1881 : Ouvrier d’administration.

Merlin, 1888 : Soldats de l’intendance, chargés du service des vivres.

La Rue, 1894 : Ouvrier militaire ou soldat d’administration.

Rossignol, 1901 : Soldat d’administration.

France, 1907 : Employé militaire d’administration. Officier ou soldat chargé des subsistances. Intendant militaire.

Ah ! bureaux, bureaux maudits ! directions stupides ! triomphe des ronds de cuir ! conservateurs des vieilles rapsodies et de livres moisis ! charançons du budget ! riz-pain-sel ! comités de ramollis ! Quel mal vous nous avez fait ! Quel coup de balai à la rentrée, si nous avons le courage de reconnaitre notre aveuglement et notre sottise !

(Lieut.-col. Meyret, Carnet d’un prisonnier de guerre)

La nourriture de nos pénitenciers est on ne peut plus mauvaise et insuffisante : les riz-pain-sel qui la fournissent essayant de gagner tous les jours davantage sur leurs prisonniers ; car, en France, personne n’est plus volé que les voleurs.

(Henri Rochefort)

Roastbeef

France, 1907 : Morceau de bœuf rôti. Anglicisme.

Le roastbeef à l’anglaise est un plat de restaurant ; il n’y a que les parvenus qui aillent au cabaret pour y commander des plats compliqués, pour se régaler de la musique des sept grandes sauces. Un homme de notre monde et de notre éducation a, pour ces complications, le dégoût qu’une femme bien élevée professe pour les toilettes à tapage. Elle laisse la fanfare aux étrangères ; elle se plaît dans les harmonies simples, dans la discrétion qui, aux gens communs, semble presque ordinaire, mais que les raffinés tiennent pour le sceau de l’élégance parfaite.

(Hugues Le Roux)

Robe

d’Hautel, 1808 : Ventre de son, robe de velours. Se dit des hommes et des femmes qui épargnent sur leur bouche, pour être bien parés.
Cela ne vous déchire pas la robe. Pour dire, n’a pas lieu de vous choquer, de vous offenser.
Rendre une visite en robe détroussée. Rendre une visite de cérémonie.

Robe à gigots

France, 1907 : Robe à manches ridicules, étoffées vers l’épaule et serrées à l’avant-bras.

La maîtresse fausse et câline
Dont vous vous plaigniez aux échos,
Jadis trompeuse en crinoline,
L’est encore en robe à gigots.

(François Coppée)

Robe de chambre

Virmaître, 1894 : Cercueil. Ce n’est pas un vêtement bien ouaté, surtout quand c’est la bière des pauvres (Argot du peuple).

Robe et belle fille trouve toujours qui l’accroche (méchante)

France, 1907 : Vieux dicton qui s’explique de lui-même,

Robeau

France, 1907 : Gendarme. Voir Roveau. Attrimer les robeaux, faire courir les gendarmes.

Rober

Larchey, 1865 : Dérober (Vidocq). — Vieux mot.

France, 1907 : Dérober ; vieux français, passé dans l’anglais to rob, voler. En provençal, raubar.

Robert

France, 1907 : Nom que les paysans des campagnes du Centre adressent comme injure à un enfant insupportable ou à une grande personne malicieuse : « Oh ! le Robert ! » « Quel Robert ! » c’est-à-dire : quel vaurien ! Souvenir resté dans le peuple de la vieille légende de Robert le Diable.

Robert Macaire

Larchey, 1865 : Variété du cancan. — Allusion à la danse de Robert Macaire au premier acte de l’Auberge des Adrets. — V. Macaire.

Magistrats et docteurs commencent leur carrière, En se faisant danseurs De la Robert Macaire.

1841, Phys. de la Chaumière.

France, 1907 : Escroc, tripoteur d’affaires véreuses, monteur de coups ; allusion an célèbre type de l’Auberge des Adrets.

Qu’ont fait pour leur bienfaiteur les Robert Macaire qui doivent et partie à Rochefort d’avoir réalisé le plus invraisemblable roman qu’on ait vu dans la bohème ? Ils ont envoyé Rochefort à Nouméa d’abord, puis ils l’ont forcé de se réfugier à Londres ; maintenant, ils s’apprêtent à le faire juger en effigie par des magistrats auprès desquels Delesvaux et Devienne étaient de petits saints…
Voyez-vous, cependant, le coup de théâtre d’ici, si tout à coup on venait dire à ces coquins installés dans tous les palais nationaux, chamarrés des ordres nationaux, gavés des fonds nationaux :
« Vous avez rêvé, mes enfants, un soir que vous vous êtes endormis ayant trop pinté à la Brasserie Serpente… Rochefort a accepté les avances de Morny ; il a été nommé directeur des Beaux-Arts, il a vécu heureux et tranquille sans procès, sans duels et sans injures… L’Empire n’a pas été affolé ; il n’a pas déclaré stupidement la guerre… Vous n’avez jamais été ministres… Vous ne vous êtes pas enrichis par les pots-de-vin : vous avez rien touché dans le Panama… Vous êtes toujours les besogneux et les galapiats d’autrefois. »

France, 1907 : Sorte de cancan fort en vogue dans Les bals publics appelé ainsi à cause d’une danse excentrique En laquelle Be vre uu premier acte le héros de l’Auberge des Adrets.

Messieurs les étudiants
S’en vont à la barrière
Pour y danser l’cancan
Et la Robert Macaire,
Le jour,
Le jour,
La nuit comme le jour.

(Vieille chanson du Quartier Latin)

Robert-Macaire

Delvau, 1866 : s. f. Danse fort en honneur dans les bals publics il y a vingt-cinq ou trente ans. C’était une variété de la Chahut.

Robignol

Delvau, 1866 : adj. Très bien, très beau, très amusant, — dans l’argot des voleurs, qui emploient ce superlatif à propos des choses et des gens.

Rigaud, 1881 : Très amusant, très réussi.

La Rue, 1894 : Très beau, très amusant.

France, 1907 : Très plaisant, très amusant. Argot des forains qui ont pris cette expression du jeu de ce nom très amusant pour les filous qui le tiennent, car le joueur perd toujours.

Robignole

Virmaître, 1894 : Mot employé comme superlatif d’admiration pour une chose extraordinaire « qui dépasse l’imagination. »
— Une évasion audacieuse, c’est robignol.
— La môme est robignol, elle gouale sans cesse.
Robignol, en ce cas, est pour joyeux et joyeuse (Argot des voleurs).

France, 1907 : Petite boule de liège dont on se sert pour le jeu de cocanges.

Robignoleur

France, 1907 : Exploiteur de gogos au jeu de cocanges ou de robignolle.

Robignolle

France, 1907 : Testicule.

Robignolle, roubignole

France, 1907 : Jeu de fêtes foraines tenu par des filous. « Sur un carton est tracé un round divisé en huit cases de couleur différente, au centre desquelles se trouve une flèche immobile, mais autour de laquelle tourne le rond. Quand la flèche s’arrête sur la couleur choisie par le joueur, il gagne le double ou le triple de sa mise. Mais, au moyen d’une légère pression, le propriétaire de la robignolle fait dévier à volonté l’aiguille. On se sert aussi d’une petite boule de liège, mais le jeu prend alors une autre disposition. »

Robin

d’Hautel, 1808 : Il en revient toujours à Robin ses flûtes. Pour dire à ce qui l’intéresse, à ses anciennes habitudes.
Un robin. Terme de mépris dont on qualifioit autrefois les gens de robe.
C’est un plaisant robin. Se dit d’un homme dont on fait peu de cas.

Delvau, 1866 : s. m. Taureau communal, — dans l’argot des paysans de Paris.

France, 1907 : Nom donné aux moutons. D’après Le Duchat, les robinets de fontaine furent ainsi appelés parce qu’on leur donnait généralement la forme d’une tête de mouton. Dans certaines campagnes de l’Est, un robinet est appelé robin.

France, 1907 : Taureau étalon.

Robin se souvient de sa flûte

France, 1907 : C’est Robine et non Robin qu’il faudrait dire, ainsi qu’il appert dans un vieil auteur. Cette Robine était une jouvencelle « laquelle, pissant un peu raide, s’imagina que son chose sifflait, parce qu’il faisait un certain bruit pareil au sifflement que nous faisons avec la bouche et lui dit : « Ha ! Galand ! vous sifflez, vraiment vous aurez une flûte. » Elle n’oublia pas à lui en donner une, comme elle lui avait promis, d’où quand quelqu’un n’oublie pas une promesse agréable, on dit : « Il ressouvient toujours à Robine de sa flûte. »

Robinet

d’Hautel, 1808 : On dit populairement d’un homme qui parle abondamment, d’un babillard, d’un bavard éternel, que quand une fois le robinet est lâché, il a de la peine à finir.

Robinet (lâcher le)

France, 1907 : Pleurer ou uriner.

Robinson

Larchey, 1865 : Parapluie. — Usité depuis la représentation d’une pièce de Pixérécourt, où Robinson apparaissait avec son grand parasol.

Delvau, 1866 : s. m. Parapluie, — dans l’argot du peuple, qui a gardé bon souvenir du naufragé de Daniel de Foë. On dit aussi Pépin.

France, 1907 : Parapluie ; allusion au héros du roman de Daniel de Foë représenté avec un immense parasol. Cette expression est usitée depuis la représentation d’une pièce de Pixérécourt.

Robs

France, 1907 : Couteau ; argot des arts et métiers.

Rocaille

d’Hautel, 1808 : Pour dire guenille, habillement ridicule et fripé.

Rocaille, rococo

Larchey, 1865 : Dans le goût de l’époque de Louis XV.

L’amour des rocailles, mot qui caractérise l’ameublement du règne de Louis XV.

Roqueplan.

La chambre de madame était meublée dans le genre rococo.

(Balzac)

Rocambolade

Delvau, 1866 : s. f. Farce littéraire dans le goût des Exploits de Rocambole de Ponson du Terrail.

Rocambole

Delvau, 1866 : s. f. Chose sans valeur ; promesse en l’air qu’on sait devoir n’être pas tenue, gasconnade.

Rigaud, 1881 : Conte en l’air ; — Objet sans valeur.

Virmaître, 1894 : Moins que rien.
— Finis-donc avec tes rocamboles, nous ne coupons pas dans le pont.
Rocambole, synonyme de blague, en souvenir de Ponson du Terrail et de son célèbre roman qui porte ce titre (Argot du peuple).

France, 1907 : Gasconnade ; du nom du célèbre roman de Ponson du Terrail. « C’est de la rocambole », ce sont des mensonges.

Rocambolisme

France, 1907 : Amour des aventures aussi invraisemblables qu’extraordinaires dont l’auteur de Rocambole, Ponson du Terrail, fut un des plus célèbres propagateurs.

Rocantin

Delvau, 1866 : s. m. Vieillard libertin.

Roche

d’Hautel, 1808 : Il a le cœur dur comme une roche. Se dit d’un homme qui a un mauvais cœur, qui ne compâtit pas aux malheurs des autres.

France, 1907 : Abréviation de Rochechouart.

Quand j’ai quelques sous dans la poche
(Ça n’m’arriv’ pas souvent, souvent),
La pipe aux dents, le pif au vent,
J’aime à m’balader sur l’boul’ Roche.
Voilà pourquoi j’ai mon perchoir
Au Rochechouart !

(Victor Meusy, Chansons d’hier et d’aujourd’hui)

Rocher

d’Hautel, 1808 : Parler aux rochers. Pour dire à des gens qui ont le cœur dur, haineux, inflexible, impitoyable.

Rochet

Larchey, 1865 : Prêtre (Vidocq). — Allusion au rochet ou camail qui couvre ses épaules. V. Suage.

Delvau, 1866 : s. m. Évêque, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Prêtre ; évêque.

Virmaître, 1894 : Evêque. Allusion au rochet que porte ce dignitaire de l’église (Argot des voleurs).

France, 1907 : Évêque ou chanoine, appelé ainsi à cause de l’aube courte de ce nom que portent ces dignitaires ecclésiastiques.

Rocking-chair

France, 1907 : Berceuse. Anglicisme ; littéralement : chaise berçante.

Si les douros leur manquent pour aller boire dans un rocking-chair des liqueurs glacées, aux clubs que les négociants anglais ont mis à la mode, la boutique des barbiers leur demeure ouverte. Et elles sont nombreuses à Cadix.

(Hugues Le Roux)

Rococo

Larchey, 1865 : Suranné.

Ce mot nouveau est celui de rococo, et me semble être appliqué, par la jeunesse innovatrice, à tout ce qui porte l’empreinte du goût, des principes ou des sentiments des temps passés.

Trollope, 1835.

Delvau, 1866 : adj. Suranné, arriéré, démodé, grotesque à cause de cela, — comme si le goût d’autrefois ne valait pas bien le goût d’aujourd’hui ! Se prend aussi en bonne part.
Pendule rococo. Pendule Louis XV ou faite sur le modèle de cette époque. Tentures rococo. Étoffes en vieille perse à ramages.

Rigaud, 1881 : Démodé ; terme employé par les artistes peintres de 1830.

Rodeuse

Virmaître, 1894 : Fille publique qui n’a pas de poste fixe, qui fait son persil dans les terrains vagues. On l’appelle ainsi pour cette raison (Argot des souteneurs).

Rodomont

d’Hautel, 1808 : Récalcitrant ; insubordonné, fanfaron, grand parleur, qui se vante de tout ce qu’il n’a pas fait, et de ce qu’il est incapable de faire.

Rœderer

Delvau, 1866 : s. m. Vin de Champagne, — dans l’argot des gens de lettres qui tiennent à faire une réclame à la maison de commerce dont les produits portent cette signature.

Roger-bontems

d’Hautel, 1808 : Pour dire un homme de bonne humeur, un réjoui, un bon vivant. Ce nom tire, dit-on, son origine d’une famille du Vivarais, dont le chef étoit renommé par sa gaieté, son courage et sa bonne table.

Rogner

d’Hautel, 1808 : Taillez, rognez comme il vous plaira. Se dit à quelqu’un qu’on laisse le maître absolu de ses volontés.
Rogner les ongles à quelqu’un. Lui diminuer son emploi, ses bénéfices, son autorité.

Rigaud, 1881 : Guillotiner. Bon à rogner, condamné à mort.

Rogneur

Larchey, 1865 : Fourrier. — Mot à mot : rogneur de portions. — Allusion aux vins et aux vivres de campagne sur lesquels un fourrier peu délicat prélève parfois une dîme indue.

Gratte-papier, rogneur, traîne-paillasse, Hardi pillard aux deux galons d’argent, De vingt surnoms que sur lui l’on entasse, Le fourrier rit, et se moque en chantant.

Wado, Chansons.

Delvau, 1866 : s. m. Fourrier, — dans l’argot des troupiers.

Rogneurs (les)

Merlin, 1888 : Les fourriers que l’on accuse, à tort ou à raison, de faire du fourbi, du rabiau. De là, les sobriquets de rogneurs de centimes, rogneurs de rations.

Rognoler

Virmaître, 1894 : Marronner. Ne jamais trouver rien de bien (Argot du peuple). V. Ronchonner.

Rognon

d’Hautel, 1808 : Mettre la main sur les rognons. Pour dire sur les hanches, comme font les poissardes quand elles se querellent.

Rognon (sale)

Rigaud, 1881 : Mot à mot : sale créature couverte de rogne, — dans le jargon des voyous. Rognon est une forme de rogne. — Qué qu’c’est que c’rognon qu’tu camionnes à présent ?

Rognonner

d’Hautel, 1808 : Gronder, marmonner, murmurer entre ses dents.

Delvau, 1866 : v. n. Bougonner, — dans l’argot des bourgeois.

Rognure

Rigaud, 1881 : Mauvais acteur. — Rognures de fer-blanc, mauvaise troupe dramatique, — dans le jargon des coulisses.

Fustier, 1889 : « Quand le concours (du Conservatoire) est achevé, quand le dernier élève a fini d’envoyer son morceau, sa rognure, comme disent ces jeunes gens dans leur argot, alors vient se placer l’instant pénible et douloureux de la délibération. »

(Figaro, juillet 1884)

Rognure de souffrice

Virmaître, 1894 : Terme employé dans le peuple, pour qualifier une vieille fille publique. L’usine Souffrice a le monopole de faire des graisses avec les rognures pourries des animaux noyés qui viennent s’échouer sur les bords de la Seine (Argot du peuple). N.

Rognures de fer-blanc

Delvau, 1866 : (V. Troupe de fer-blanc.)

Rogome

Delvau, 1866 : s. m. Eau-de-vie, — dans l’argot du peuple. Voix de Rogome. Voix éraillée par l’ivrognerie.

Rogomier

Delvau, 1866 : s. m. Buveur d’eau-de-vie.

Rogomiste

Delvau, 1866 : s. m. Liquoriste.

Rogue

d’Hautel, 1808 : Pour dire dédaigneux, fier, hautain, orgueilleux.

Virmaître, 1894 : Se dit de quelqu’un qui a des allures hautaines, cassantes : il a l’air rogue. On trouve cette expression en Normandie. Les marchandes de harengs vous disent : il est rogué pour œuvé (Argot du peuple). N.

Roi

d’Hautel, 1808 : Le roi n’est pas son maître. Se dit d’un homme vaniteux qui tire une grande présomption de ses succès.
Nous verrons cela avant qu’il soit trois fois les rois. Pour dire dans quelque temps d’ici.
C’est le roi des hommes. Pour dire qu’un homme a le cœur excellent.
Un manger de roi. Pour dire une chère fine et délicate, un mets délicieux.

Roide

d’Hautel, 1808 : Roide comme une barre. Pour dire affecté, dans sa démarche et son maintien.

Roide (c’est)

Rigaud, 1881 : C’est difficile à croire. — C’est graveleux. — C’est cher.

Vingt francs ! s’écrie le monsieur, c’est roide !

(A. Huart.)

Rôleur

Rigaud, 1881 : « Dans toutes les sociétés, chaque compagnon, à tour de rôle, consacre une semaine à embaucher et à lever les acquits ; de plus, il convoque les assemblées, il accueille les arrivants, il accompagne les partants, en portant sur son épaule leur canne et leur paquet jusqu’au lieu de séparation. Telles sont les fonctions du rôleur. » (Almanach des métiers, 1852.)

Romagnol

Rigaud, 1881 : Trésor caché.

La Rue, 1894 : Trésor enfoui.

Romagnol ou romagnon

Virmaître, 1894 : Trésor caché (Argot des voleurs).

Romagnol, ou romagnon

Delvau, 1866 : s. m. Trésor caché, — dans l’argot des voleurs.

Romain

Larchey, 1865 : Claqueur. — Allusion aux Romains qui applaudissaient Néron.

Sous le lustre avec les romains du parterre.

P. Borel, 1833.

Romain : fantassin. — Allusion à la forme romaine du poignard d’infanterie.

Delvau, 1866 : s. m. Soldat d’infanterie.

Delvau, 1866 : s. m. Applaudisseur gagé, — dans l’argot des coulisses, sans doute par allusion aux claqueurs de Néron.

Rigaud, 1881 : Acteur de la Comédie-Française, — dans le jargon des acteurs forains du XVIIIe siècle.

Ils déclamaient… en imitant la diction emphatique et monotone des Romains.

(Ch. Magnin, Hist. des Marionnettes en France, 1862.)

Depuis, le nom de Romain a été spécialement appliqué aux claqueurs ; c’était, primitivement, mot à mot : les gens chargés d’applaudir les Romains et, par abréviation, les Romains.

La Rue, 1894 : Applaudisseur gagé.

Romaine

Rigaud, 1881 : Semonce ; c’est la variante de chicorée. — Aller à Rome, passer à Rome, recevoir une semonce.

Rigaud, 1881 : Breuvage composé d’un mélange de rhum et d’orgeat.

Romains

Virmaître, 1894 : Individus qui, moyennant un faible salaire, applaudissent les acteurs (Argot des coulisses).

Rossignol, 1901 : Groupe d’individus qui dans les théâtres et concerts payent leur place meilleur marché pour, sous la direction d’un chef dit de claque, faire le succès des artistes. Voir Claque.

Hayard, 1907 : Claqueurs au théâtre.

Romamichel

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Maison où logent ordinairement les saltimbanques, les bohémiens, les voleurs, etc.

Rigaud, 1881 : Bohémien. Tribu de bohémiens. — Vagabond, coureur de grands chemins, diseur de bonne aventure et voleur à l’occasion.

Roman

d’Hautel, 1808 : Prendre le roman par la queue. Pour dire, commencer un récit par la conclusion.

Romancier

Delvau, 1866 : s. m. Chanteur qui a la spécialité des romances et autres « choses du cœur », — dans l’argot des cafés-concerts. Fort romancier. Premier chanteur de romances d’un café-concert. Forte romancière. Grosse femme qui chante avec efforts, et très mal, de petites choses sentimentales, très faciles à chanter.

Romancier, romancière

Rigaud, 1881 : Chanteur, chanteuse de romances dans les salons, dans les cafés-concerts.

Romané, romanichel

Hayard, 1907 : Bohémien.

Romanichel

Delvau, 1866 : s. m. Bohémien, — dans l’argot des voleurs. On dit aussi Romamitchel, Romanitchel, Romonichel et Romunichel. Suivant le colonel Harriot, « Romnichal est le nom que portent les hommes de cette race en Angleterre, en Espagne et en Bohême, et Romne-chal, Romaniche, est celui par lequel on désigne les femmes ».

Romanichels

Larchey, 1865 : « Voleurs exploitant l’Europe entière sous les allures de marchands forains. Ils se marient entre eux, voyagent constamment et se prêtent assistance en cas d’arrestation. » — Canler.

Romanichels, romanigos

La Rue, 1894 : Bohémiens parcourant la France et vivant de rapines.

Rombier

Rossignol, 1901 : Vieux.

Romboiné

Halbert, 1849 : Sou marqué.

Rome

Halbert, 1849 : Choux.

Rompez

Virmaître, 1894 : Allez-vous en, foutez-moi le camp. Allusion au commandement de rompez les rangs (Argot du peuple).

Rompre

d’Hautel, 1808 : Rompre le cou à quelqu’un. Pour le ruiner, lui faire perdre sa fortune.
Rompre la glace. Faire les premiers pas dans une entreprise périlleuse, surmonter toutes les difficultés qui s’opposent à son succès.
On verra beau jeu si la corde ne rompt. Signifie que si l’on ne met ordre à une affaire, elle dégénérera en trouble et en confusion.
Il rompra tout si on ne le marie. Se dit d’un fanfaron, d’un pédant, d’un libertin.
Elle ne rompra pas de sitôt. Se dit d’une femme d’un embonpoint grossier.
Rompre les dés à quelqu’un. Le traverser dans ses projets, dans ses desseins.
À tout rompre. Pour dire tout au plus, à toute extrémité, avec transport.
Rompre la tête à quelqu’un. Faire tapage, vacarme, importuner quelqu’un par des discours bruyans.
Rompre en visière. Se brouiller avec quelqu’un, sans sujet, lui dire à propos de rien des choses offensantes.
Rompre la paille. Rompre tout commerce d’amitié avec quelqu’un.
Avoir les bras rompus. Pour dire être découragé, ne pas travailler avec ardeur à un ouvrage ; être lâche et paresseux.

Ronceuse

Rossignol, 1901 : Femme qui se fâche pour peu de chose et qu’on ne sait par quel bout prendre. Ce mot vient des ébénistes, pour faire allusion au morceau de bois où il y a une ronce qui est sans fil, et qu’on ne sait par quel bout travailler.

Ronchon

Rigaud, 1881 : Grogneur.

Ronchonner

Delvau, 1866 : v. n. Être grognon, maussade ; bougonner, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Grogner ; murmurer.

Boutmy, 1883 : v. intr. Murmurer, grommeler ; synonyme de gourgousser et de renauder.

Virmaître, 1894 : Père ronchon qui trouve à redire à tout. Le colonel Ronchonot est célèbre depuis quelques années (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Individu qui trouve à redire à tout.

Hayard, 1907 : Marronner.

Ronchonneur

Boutmy, 1883 : s. m. Celui qui ronchonne.

Rossignol, 1901 : Celui qui ronchonne.

Rond

d’Hautel, 1808 : Le rond. Pour dire, le postérieur ; le cadet, le derrière.

d’Hautel, 1808 : Il est bien rond. Pour dire, il a le ventre bien rempli, il a bien bu et bien mangé.
Cet homme est tout rond. Pour dire, franc, loyal, sans détours, sans artifice.

anon., 1827 : Un sou.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Sou (cinq centimes).

Bras-de-Fer, 1829 : Un sou.

un détenu, 1846 : Argent, sou.

Halbert, 1849 : Un sou.

Larchey, 1865 : Sou. — Le sou est rond. — V. Balle, Roue.

Aboule tes vingt ronds, bêta !

Montépin.

Larchey, 1865 : Saoul.

Descendant d’la guinguette, Un soir que j’étais rond.

Les Amours de Jeannette, chanson, 1813.

Delvau, 1866 : s. m. Sou, pièce de monnaie, — dans l’argot des voyous. On dit aussi Rotin.

Delvau, 1866 : adj. Ivre, — dans l’argot des faubouriens. Rond comme une futaille. Ivre mort. On dit aussi Rond comme une pomme.

Rigaud, 1881 : Pièce d’un sou. — Pas le rond, pas le sou. — Tourner rond, ne plus avoir d’argent.

Rigaud, 1881 : Ivre. — Rond comme balle, repu.

La Rue, 1894 : Ivre. Un sou.

Rossignol, 1901 : Sou.

Rossignol, 1901 : Saoul.

Rond (avoir le)

Merlin, 1888 : Avoir de l’argent, — rond est pris pour pièce de monnaie.

Rond (faire)

Rigaud, 1881 : Dessiner mou, sans vigueur, — dans le jargon des peintres.

Rond (un)

M.D., 1844 : Un sous.

Rond comme une boule

Virmaître, 1894 : Être pochard à rouler par terre (Argot du peuple). N.

Rond de cuir

Fustier, 1889 : Vieil employé. Fonctionnaire inintelligent. S’endormir sur son rond de cuir, ne pas faire son chemin.

Rossignol, 1901 : Employé de bureau dont le travail consiste à toujours être assis.

Rond-de-cuir

Virmaître, 1894 : Employé de bureau. Allusion au rond de cuir ou de caoutchouc que les employés mettent sur leurs chaises pour économiser leur fond de culotte (Argot du peuple).

Rond, pied de nez

Clémens, 1840 : Sol.

Rondache

Halbert, 1849 : Alliance.

Ronde

d’Hautel, 1808 : À la ronde, mon père en aura. Pour, chacun à son tour, point de cérémonies. Se dit quand quelqu’un refuse par politesse dans une distribution la part qu’on lui présente, et qu’il l’offre à son voisin.

Ronde Bosse

Delvau, 1866 : adj. Hardi, audacieux, frisant l’immoralité, — dans l’argot des gens de lettres, qui consacrent ainsi le souvenir de l’Aristide Froissard de Léon Gozlan.

Ronde des gueux

Fustier, 1889 : « La police, en son argot pittoresque, appelle ronde des gueux le voyage circulaire qu’accomplissent autour de la capitale, en bande organisée, les sans-logis de la banlieue. »

(National, janvier 1888.)

Rondelet

Delvau, 1866 : s. m. Sein, — dans l’argot des voleurs. On dit aussi Rondin.

Rondelets

anon., 1827 : Tétons.

Bras-de-Fer, 1829 : Tétons.

Halbert, 1849 : Mamelles.

Rondier

Fustier, 1889 : Surveillant. Il fait des rondes. Argot du bagne.

Rondin

anon., 1827 : M.

Bras-de-Fer, 1829 : M…

Delvau, 1866 : s. m. Bâton, gourdin.

Delvau, 1866 : s. m. Stercus (V. étron) — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Résultat d’une visite aux cabinets inodores.

Rondin jaune

Delvau, 1866 : s. m. Pièce d’or, — dans l’argot des voleurs. Rondin jaune servi. Or volé, caché par son voleur.

Rigaud, 1881 : Pièce d’or.

Virmaître, 1894 : Pièce de vingt francs. Allusion à la forme ronde (Argot des voleurs).

Rondine

un détenu, 1846 : Bague.

Halbert, 1849 : Boule, canne.

Larchey, 1865 : Bague. — Même allusion. V. Vague.

Delvau, 1866 : s. f. Bague, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Bague. — Canne.

La Rue, 1894 : Bague. Canoë. Rondiner, battre à coups de bâton.

Rondiner

d’Hautel, 1808 : Battre quelqu’un avec un rondin, lui donner des coups de bâton.

Larchey, 1865 : Battre à coups de bâton. — Mot à mot : de rondin.

Qu’il est doux de pouvoir rondiner un ingrat.

Le Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.

Delvau, 1866 : v. n. Dépenser de l’argent, des ronds, — dans l’argot des voyous. On dit aussi Se dérondiner.

Delvau, 1866 : v. a. Boutonner, — dans le même argot [des voleurs].

Delvau, 1866 : v. a. Battre à coups de bâton, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Sacrifier à Domange.

Rondiner des yeux

Larchey, 1865 : Faire les yeux ronds à quelqu’un.

Delvau, 1866 : v. n. Faire les gros yeux.

Rondines

Clémens, 1840 : Des bagnes.

Rondinet

Halbert, 1849 : Bague.

Rondins

Virmaître, 1894 : Les seins… quand ils sont ronds (Argot du peuple) V. Capitonnée.

Rondouillard

Virmaître, 1894 : Plus que beau. Dans le peuple on dit d’une femme qui possède des qualités surprenantes :
— Elle est rondouillarde.
Quand elle est boulotte, ronde, on dit également par allusion à la forme :
— Elle est rondouillarde (Argot du peuple). N.

Ronflan

Virmaître, 1894 : C’est ronflan, beau, bien, chouette, tapé (Argot du peuple). N.

Ronflant

Rigaud, 1881 : Poêle, calorifère.

Rigaud, 1881 : Bien mis. — Gonse ronflant, homme bien mis. — Gonzesse ronflante, femme bien mise. — Dégringoler un ronflant, voler un homme bien mis.

La Rue, 1894 : Bien mis.

Rossignol, 1901 : Beau, bien. Il est bien habillé, il est ronflant.

Hayard, 1907 : Beau, bien, agréable.

Ronfle

La Rue, 1894 : Prostituée.

Ronfler

d’Hautel, 1808 : Entendre ronfler le canon. Pour dire entendre le bruit du canon.

M.D., 1844 : Réussite complète.

Rigaud, 1881 : C’est appuyer dans la déclamation fortement sur les R, surtout quand ces lettres sont redoublées. Frenoy et Tautin étaient des ronfleurs de premier ordre. — Ronfler a pour synonyme, faire la roue. (Petit dict. des coulisses.)

Ronfler à cri

Halbert, 1849 : Feindre de dormir.

Ronfler du bourrelet

Delvau, 1866 : v. n. Crepitare, ou alvum deponere, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Faire ronfler le bourrelet.

Virmaître, 1894 : Péter longuement. Le Pétomane célèbre chantait du bourrelet (Argot du peuple).

Ronfler Thomas (faire)

Rigaud, 1881 : Faire à la selle avec fracas. — Variantes : Ronfler du bourrelet, faire ronfler le bourrelet.

Ronger

d’Hautel, 1808 : Rongé de misère. Pour dire, dénué de tout, tombé dans la plus cruelle indigence. Voyez Frein. Os.

Rongeur

Fustier, 1889 : Voiture de place prise à l’heure.

Ronronner

Delvau, 1866 : v. n. Faire le joli-cœur auprès d’une femme, — dans l’argot des ouvriers.

Delvau, 1866 : v. n. Écrire de petits articles qui ne produisent qu’un bien petit bruit. Argot des gens de lettres.

Roquet

d’Hautel, 1808 : Terme injurieux et de mépris que l’on donne à un petit homme foible, sans moyens, et qui est fort insolent.

Delvau, 1866 : s. m. Homme de petite taille, et, à cause de cela, hargneux. Argot du peuple.

Roquille

Rigaud, 1881 : Demi-setier, alias polichinelle.

Rose

d’Hautel, 1808 : C’est la plus belle rose de son chapeau. Se dit du plus grand honneur, du plus grand avantage qu’ait une personne.

Delvau, 1864 : La nature de la femme.

Tu n’auras pas ma rose,
Car tu la flétrirais.

Béranger.

Là, sous l’albâtre on voit naitre l’ébène,
Et sont l’ébène une rose s’ouvrir.

Parny.

Ma fille, avant d’cèder ta rose,
Retiens bien ce précepte-là.

E. Debraux.

Rose des vents

Delvau, 1866 : s. f. Le podex, — dans l’argot facétieux des faubouriens.

Rosée céleste, divine, etc

Delvau, 1864 : Décharge de la liqueur balsamique, que les gens qui n’attendent rien du ciel appellent tout bonnement : — du foutre.

Mon amie, reçoit encore cette preuve de non amour. Gamiani, excitez-moi, que j’inonde cette jeune fille de la rosée céleste.

A. de M.

Notre adorable conquérant fait des siennes à toute outrance et darde la rosée de vie sans le moindre ménagement.

A. de Nerciat.

Et le détestable Fa-tutto a fait pleuvoir dans mon sein la rosée du crime.

Voltaire.

Rosette

Delvau, 1864 : Petite rose de chair qui se trouve à l’entrée de l’anus et qui en est pour ainsi dire le pucelage, car les pédérastes passifs ne l’ont plus (d’où les pédérastes actifs sont appelés chevaliers de la rosette).

Travaille bien, prend ta lichette,
La lichette donne du cœur ;
Et s’il le faut, tends ta rosette,
Cela te portera bonheur.

A. Dumoulin.

Rosière

Rigaud, 1881 : Ouvrière fleuriste qui fait spécialement les roses.

Rosière de Saint-Laze

Rigaud, 1881 : Fille de joie. Mot à mot : rosière de Saint-Lazare.

Rossaille

Rigaud, 1881 : Rosse, mauvais cheval, — dans le jargon des maquignons.

Rossard

Delvau, 1866 : adj. et s. Mauvais compagnon.

Virmaître, 1894 : De rosse, dur. cruel (Argot du troupier).

Rosse

d’Hautel, 1808 : Une vieille rosse. Haridelle, mauvais cheval, ce terme est fort injurieux quand on l’applique à l’espèce humaine.

Delvau, 1866 : adj. des deux g. Homme sans consistance, femme sans pudeur. Il n’est rien rosse ! Se dit pour : Est-il canaille !

La Rue, 1894 : Fainéant, canaille. Rossée, volée de coups.

Rosse, rossard

Larchey, 1865 : Homme mou, lâche.

Quell’rosse qu’tu fais ! T’es mon ami tout d’même.

Protat.

Rigaud, 1881 : Fainéant, propre à rien.

Rossée

Larchey, 1865 : Grêle de coups.

Delvau, 1866 : s. f. Coups donnés ou reçus.

Rosser

Delvau, 1866 : v. a. Frapper, battre, étriller à coups de poing ou de bâton.

Rossignante

Halbert, 1849 : Flûte.

Delvau, 1866 : s. f. Flûte, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Flûte, — dans l’ancien argot.

La Rue, 1894 : Flûte.

Virmaître, 1894 : Flûte (Argot des voleurs).

Rossignol

d’Hautel, 1808 : Rossignol à gland. Pour dire un pourceau, un cochon.
Rossignol d’Arcadie. Et plus souvent roussin d’Arcadie, un âne.

Halbert, 1849 : Haut-bois. On appelle ainsi un outil d’un casseur de porte.

Delvau, 1864 : Le membre viril.

Aussitôt qu’elle eut aperçu
Le rossignol que tenait Catherine.

La Fontaine.

Larchey, 1865 : Fausse clé.

Après, j’ne manquerai pas de raisons Pour rossignoler les maisons.

Festeau, 1832.

Larchey, 1865 : « Ce sobriquet de rossignol était donné par les libraires aux ouvrages qui restent perchés sur les casiers dans les profondes solitudes de leur magasin. » — Balzac. — Les marchands de nouveautés donnent le même nom aux étoffes passées de mode.

Delvau, 1866 : s. m. Livre qui ne se vend pas, — dans l’argot des libraires. Marchandise qui n’est pas de bonne défaite, — dans l’argot des boutiquiers.

Delvau, 1866 : s. f. Fausse clé, — dans le même argot [des voleurs].

Rigaud, 1881 : Marchandise défraîchie, passée de mode.

La Rue, 1894 : Fausse clé. Marchandise démodée et depuis longtemps en magasin.

Virmaître, 1894 : Marchandises défraîchies ou hors de saison. Dans les magasins, les commis qui écoulent les rossignols touchent une prime qui se nomme la guelte (Argot des bourgeois).

Virmaître, 1894 : Fausse clef (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Fonds de magasin, marchandises défraîchies.

Hayard, 1907 : Marchandise défraîchie.

Hayard, 1907 : Fausse clef.

Rossignol à gland

Virmaître, 1894 : Un cochon. Quand un individu a la manie, dans une société, de vouloir toujours chanter, et qu’il le fait comme une crécelle, on lui dit :
— Ah ! ferme ta boîte, tu chantes comme un rossignol à gland (Argot du peuple). N.

Rossignol d’Arcadie

Delvau, 1866 : s. m. Âne, — dans l’argot des académiciens, à qui le mot propre répugne tant. Ils disent aussi « Le patient animal qui…, » etc.

Rossignoler

anon., 1827 : Chanter.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Chanter.

Bras-de-Fer, 1829 : Chanter.

Rossignoliser

Fustier, 1889 : Vendre des objets défraîchis, sans valeur, des rossignols.

Rossignols

Rossignol, 1901 : Fausses clés.

Rosto

Rigaud, 1881 : Appareil à gaz, bec de gaz, — dans l’argot des polytechniciens, en souvenir du général Rostolan qui a fait installer le gaz à l’école.

France, 1907 : Bec à gaz ; argot des polytechniciens, du nom du général Rostolan qui introduisit le gaz à l’École.

Rot

d’Hautel, 1808 : Incongruité ; vent qui sort par la bouche avec bruit.
Du rôt de chien. Pour dire des coups de bâton.

Roter

Rigaud, 1881 : Être étonné. J’en rote, — dans l’argot du régiment.

Roter (en)

France, 1907 : Être stupéfait ; argot populaire.

Disant que les soldats n’étaient pas de la charcuterie, qu’on traitait les chiens mieux que ça ; enfin un boniment à ne pas s’y reconnaitre. La sœur en rotait.

(Georges Courteline, Les Gaités de l’escadron)

Roteur

Rigaud, 1881 : Basse-taille, basse-chantante, — dans le jargon du théâtre. — Chanter les roteurs.

France, 1907 : Basse-tailles ; basse chantante ; argot des musiciens.

Rothomago ou Thomas

Rigaud, 1881 : Petit bonhomme en bois dont se servent les diseurs de bonne aventure pour prédire l’avenir aux badauds.

On place le magot dans une carafe à moitié pleine d’eau. Suivant qu’on pose ou retire le doigt, il monte ou descend. Monsieur Rrho… Rrho… Rrho… tomago va nous dire qui vous êtes.

(J. Vallès, Le Bachelier géant.)

Rothschildien

France, 1907 : Riche. Adjectif introduit récemment dans la langue, allusion à la fortune des célèbres banquiers Rothschild.

J’ai conté quelque part l’histoire de cette grande dame rothschildienne qui, désireuse de se régaler d’un simple bœuf bouilli, ne put obtenir d’aucun chef qu’on lui en servit sur sa table. Elle dut s’en faire un elle-même, dans sa chambre à coucher, la nuit, sur le feu de sa cheminée.

(Émile Bergerat)

On a fait aussi le verbe rothschilder dont se servent les meilleurs écrivains :

Le seul riche de tous les temps, sous tous les ciels, est celui qui, sa journée faite et son pain gagné, s’endort repu et las et ronfle à poings fermés. Un point, c’est tout ; il n’y en a point d’autres, et les Rothschilds rothschildants sont pauvres. Ne vous laissez jamais dire et ne croyez jamais que l’argent aide à autre chose qu’aux échanges, et que le million soit gai, heureux et libre…

(Émile Bergerat)

Rothwælsch

France, 1907 : Argot, en allemand ; corruption de Randerwelsch, baragouin.

Rôti

d’Hautel, 1808 : Toujours du bouilli, jamais de rôti. Exclamation basse et triviale, qui marque le mécontentement, le déplaisir que l’on éprouve de rester toujours dans la même condition, de voir continuellement les mêmes objets ; de vivre avec les mêmes personnes. Voyez Bouilli.

Rôti (s’endormir sur le)

Rigaud, 1881 : Ne pas achever un ouvrage, en prendre à son aise. — Ne pas s’endormir sur le rôti, travailler avec assiduité. — Surveiller quelqu’un ou quelque chose avec soin.

France, 1907 : Agir nonchalamment.

Rôtie

d’Hautel, 1808 : Faire des rôties. Manger ou boire abondamment et avec avidité.

Rotin

Larchey, 1865 : Sou. — Diminutif de rond.

Si par hasard ils se lâchent d’un déjeuner de vingt-cinq rotins.

Lynol.

Delvau, 1866 : s. m. Pièce de cinq centimes, sou, — dans l’argot des ouvriers. C’est sans doute une contrefaçon ironique du radis, — à cause de l’éructation.

Rigaud, 1881 : Sou. Pas un rotin dans le porte-morningue, pas un sou dans le porte-monnaie.

Six mille francs, pas un rotin de plus.

(Hennique, La Dévouée.)

La Rue, 1894 : Un sou.

Virmaître, 1894 : Sou.
— Je suis à fond de cale, pas un rotin (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Sou.

France, 1907 : Sou. Argot populaire ; diminutif de rond.

J’entrai chez un’ couturière,
Mais, sans gagner un rotin,
J’passais la journée entière
À fair’ le métier d’trottin.
Puis, un beau jour, la patronne
M’dit : Faut quitter la maison,
J’vous r’prendrai p’t-être à l’automne,
Maint’nant c’est la mort’ saison.

(Georges Gillet)

Rôtir

d’Hautel, 1808 : Un feu à rôtir un bœuf. Feu vif, très ardent.

Rôtir le balai

Delvau, 1866 : v. a. Mener une vie obscure et misérable, — dans l’argot du peuple. Avoir rôti le balai. Se dit d’une fille qui a eu de nombreuses aventures galantes, par allusion aux chevauchées sabbatiques des sorcières.

France, 1907 : Mener une existence désordonnée.

Le jeune Gontran, après avoir rôti le balai jusqu’au manche, se décide à épouser sa cousine.
À la sortie de la mairie, la belle-mère s’adresse à son nouveau gendre :
— Eh bien ! beau neveu, c’est fini ; j’espère que vous ne ferez plus de sottises.
— C’est la dernière, chère tante et belle-maman.

(Ange Pitou)

Rotondité

d’Hautel, 1808 : Une bonne rotondité. Se dit par plaisanterie d’un homme qui a beaucoup d’embonpoint ; qui a un ventre bien conditionné, une bonne panse.

Rototo

Delvau, 1866 : s. m. Coups de bâton, de rotin, — dans l’argot des faubouriens. Coller du rototo. Battre quelqu’un.

Rototo !

Delvau, 1866 : Exclamation de refus ou de mépris.

Rotz

France, 1907 : Rôti ; argot des arts et métiers.

Rouart

France, 1907 : Ancien nom du bourreau qui mettait le condamné sur la roue.

Rouatre

anon., 1827 : Du lard.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Lard, porc salé.

Bras-de-Fer, 1829 : Lard.

Halbert, 1849 : Lard.

Delvau, 1866 : s. m. Lard, — dans l’argot des voleurs.

Rouatré

Halbert, 1849 : Lardé.

Rouâtre

France, 1907 : Lard ; argot des voleurs. Rouatré, lardé.

Roubignole

Delvau, 1866 : s. f. Petite boule de liège dont se servent certains voleurs pour faire des dupes. (Voy. Cocangeur.)

Virmaître, 1894 : Petite boule de liège dont les roubignoleurs se servent pour le jeu de cocange, jeu qui vole les paysans dans les foires (Argot des voleurs).

Roubignoleur

Delvau, 1866 : s. m. Voleur qui a de la Roubignole et des Cocanges, et, par extension, Homme madré. Argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Floueur ; malin, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Floueur. Voleur à la roubignole.

Roubignolles

Virmaître, 1894 : V. Sœurs.

Rossignol, 1901 : Voir roupettes.

Roubion

Rigaud, 1881 : Fille de joie d’une laideur repoussante, — dans le jargon des filles.

La Rue, 1894 : Basse prostituée.

Virmaître, 1894 : Fille publique laide comme les sept péchés capitaux (Argot des souteneurs).

France, 1907 : Prostituée vieille ou laide ; argot populaire.

Roublage

Rigaud, 1881 : Témoignage. — Roublage à la manque, faux témoignage. — Roubler à la manque, faire un faux témoignage. — Roubleur à la manque, faux témoin.

France, 1907 : Témoignage. Roublage à la manque, faux témoignage. Argot des voleurs.

Roublard

Delvau, 1864 : Libertin qui connaît toutes les ruses féminines et qui, des deux rôles que les hommes jouent avec les filles, celui de miché et celui de maquereau, celui de jobard et celui d’écornifleur, préfèrerait encore le dernier au premier.

Ça me rappellera, à moi, vieux roublard, le temps où je l’avais encore, où j’étais si godiche avec le sexe.

Lemercier de Neuville.

Larchey, 1865 : Richard. — Mot à mot : homme à roubles. — S’il faut en croire le Figaro du 27 novembre 1858, on appelle aussi roublart un chevalier d’industrie extorquant des directeurs de jeux une somme qui lui permette de regagner son pays, après une perte dont il exagère la valeur.

Delvau, 1866 : adj. Laid, défectueux, pauvre, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : adj. et s. Rusé, adroit, qui a vécu, qui a de l’expérience, — dans l’argot des faubouriens. Si ce mot vient de quelque part, c’est du XVe siècle et de ribleux, qui signifiait Homme de mauvaise vie, vagabond, coureur d’aventures.

Rigaud, 1881 : Laid, défectueux. — Blasé, malin. — Agent de police, — dans le jargon des voleurs. — Riche, c’est-à-dire homme aux roubles, — dans le jargon des demoiselles de Mabille.

La Rue, 1894 : Laid, défectueux. Rusé, malin. Riche, heureux. Agent de police.

Virmaître, 1894 : Les voleurs disent d’un homme affreusement laid qu’il est un roublard. A. D. Ce n’est pas le vrai sens aujourd’hui. Roublard veut dire malin, fin comme un renard. Un homme qui sait habilement se tirer d’un mauvais pas est un roublard. Roublard : homme qui cache soigneusement sa pensée, qui est pétri de roublardise (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Rusé, malin et sans scrupule.

France, 1907 : Malin, rusé, fourbe.

… Nous assistons à une lutte homérique inégale : celle de l’honnête homme contre le gredin, du bonnard contre le roublard, et il est facile de prévoir que si l’on n’y met ordre, si l’on ne réagit énergiquement contre ce flot envahissant qui met la gangrène partout… l’argent des honnêtes gens passera dans les poches des filous… Ce qui déjà est aux trois quarts fait.

(Hogier-Grison, Les Hommes de proie)

Roublards comme cinq cents diables, ils se jettent partout, semant la division entre les bons bougres, cimentant au contraire l’union des jean-foutres.
Loups avec les loups, ils hurlent ou lèchent selon les milieux et les circonstances, se grimant en républicains, en socialistes, essayant de faire dévier la révolution.

(Le Père Peinard)

Le mot est aussi employé au féminin.

Ces vieilles roublardes, soldats chevronnés du bataillon qui se rend et ne meurt pas, sont les plus dangereuses des créatures. Elles connaissent l’homme dans tous les coins les plus secrets de son être et de son cœur et mettent au service du mal une expérience que n’a pas la jeunesse.

(Colombine, Gil-Blas)

France, 1907 : Heureux, richard, individu qui a de l’argent, des roubles. Argot populaire.

C’était un vieux roublard, un antique marlou,
Jadis on l’avait vu, denté blanc comme un loup,
Vivre pendant trente ans de marmite en marmite ;
Plus d’un des jeunes dos et des plus verts l’imite.

(Jean Richepin, La Chanson des gueux)

Roublard, roublarde

Rigaud, 1881 : Heureux, heureuse.

Roublarder

France, 1907 : Ruser.

Les inconnues dont ils immortalisent, dans leurs poèmes, sur des fonds de paysage symbolique ou de colonnades sardanapalesques, les vertus héroïques ou les sanglantes luxures, n’ont été, le plus souvent, que des êtres chétifs et répugnants, Béatrix d’hôpital et Elvires de trottoir ; ou bien de patientes cuisinières, des maritornes expertes dans l’art de roublarder.

(Octave Mirabeau)

Roublarderie

un détenu, 1846 : Pauvreté, misère, détresse.

Delvau, 1866 : s. f. Ruse, astuce, expérience de l’homme qui a vécu et qui remplace l’argent qu’il n’a pas par l’ingéniosité qu’il aura jusqu’au bout de son rouleau. Signifie aussi : Pauvreté, gêne, misère.

France, 1907 : Adresse, ruse.

Plus tard, il apprendra, le pauvre gas, que la canaillerie l’emporte sur le labeur, que le mieux habillé est plus choyé, mieux reçu, toujours vainqueur, que la roublarderie écrase et exploite le haut intellect.

(Léon Daudet)

Roublardise

Rigaud, 1881 : Malice, coquinerie, astuce. — Pour la roublardise, elle n’a pas sa pareille.

France, 1907 : Même sens que roublarderie.

On couchait à l’Orphelinat Clipot pour ne pas coucher sous les ponts ou dans les carrières, et, aussi, on y allait comme on serait allé dans un mauvais lieu où ça ne coûterait rien. Espèce de maison de joie, en effet, car sous le papillonnage de l’abbé, qui, plein de roublardise pourtant, poussait sa personnelle indifférence de la luxure jusqu’à en ignorer la possibilité, peut-être même jusqu’à la tolérer, négligeable ordure, la vie s’installa par couples en le charitable et immonde refuge ; les voyous conquéraient les vrais enfants à leurs saletés souvent professionnelles ; il y avait, derrière les arbres, ou sous l’estrade du hangar, ou dans le cabinet particulier devenu chapelle, des cris tout à coup de gosses à qui l’on faisait mal. Dans le dortoir, ce fut une chose accoutumée qu’un seul lit suffisait a deux orphelins.

(Catulle Mendès, Gog)

Rouble

France, 1907 : Monnaie russe de la valeur d’environ quatre francs.

France, 1907 : Chapeau de haute forme.

Roubler

Rigaud, 1881 : Se plaindre, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Déposer en justice.

Roubleur

un détenu, 1846 : Délateur.

La Rue, 1894 : Témoin. Roublage, témoignage.

France, 1907 : Témoin.

Rouchi

Larchey, 1865 : Personne méprisable.

Veux-tu te cacher, vilain rouchi. Tu reviendras quand tu seras blanchi.

1844. Catalogue poissard.

Du vieux mot rouchi : mauvais cheval. V. Roquefort.

Delvau, 1866 : s. m. Homme sans morale et sans honnêteté, voyou, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Gredin ; homme de rien.

La Rue, 1894 : Gredin. Rouchie, vile prostituée.

Virmaître, 1894 : Homme sans conscience, pour qui le Code est un bréviaire. Terme méprisant très en usage (Argot du peuple).

France, 1907 : On norme ainsi le patois du Hainaut.

C’est au cabaret, maintenant, que les ouvriers se réunissent, pour s’entretenir des questions à l’ordre du jour, pour parler des salaires, des grèves, des fluctuations commerciales, pour discuter les problèmes sans cesse renaissants de la politique et des affaires. Là, on n’entend plus qu’un jargon informe, dégénéré, abâtardi,, mélangé de français, de picard, de rouchi, assaisonné d’un grand nombre de termes empruntés à l’argot des villes et des ateliers.

(Chanoine D. Haigneré, Introduction à l’étude du patois du Bas-Boulonnais)

Rouchie

Delvau, 1864 : Femme de mauvaise vie.

Depuis, de Pinolie
Ma femme, Pincecul a fait une rouchie.

L. Protat.

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme de mauvaise vie.

Rigaud, 1881 : Sale femme, sale prostituée ; vaurienne.

Virmaître, 1894 : Femme avachie, usée. Vient de mauvais cheval : rouchi. Quand une fille est trop vieille, qu’elle a rendu trop de services à l’humanité souffrante, qu’elle ne rue plus dans les brancards, c’est une rouchie (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Elle est tellement rouchie que si les rues étaient pavées d’asperges, elle marcherait tout le temps sur le derrière.

France, 1907 : Femme laide, répugnante, vieille prostituée.

— Ces petites trainées-là… c’est plus roué et plus dangereux aussi que les vieilles rouchies… aussi qu’elle prenne garde !…

(Ed. Lepelletier, Les Secrets de Paris)

Roucoucou

Delvau, 1866 : s. m. Lapin mort-né, — dans l’argot des chiffonniers et de leurs gargotiers.

Roucouler

d’Hautel, 1808 : Pour, chanter, faire des roulades ; se dit par raillerie de quelqu’un qui a la voix rauque et une mauvaise méthode de chant.

Roue

d’Hautel, 1808 : Pousser à la roue. Exciter, porter quelqu’un à une action hardie ; ou l’aider, le secourir dans une entreprise difficile.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Écu. Roue de derrière, écu de six francs ; roue de devant, écu de trois francs.

Delvau, 1866 : s. f. Juge d’instruction, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Juge d’instruction.

La Rue, 1894 : Juge d’instruction.

Roué

d’Hautel, 1808 : Un roué. Au propre, celui qui a subi le supplice de la roue ; figurément, Lovelace, libertin rusé et adroit qui fait la terreur des mères et le déshonneur des filles qui ont la foiblesse de se laisser entraîner à ses perfides discours.

Larchey, 1865 : Juge d’instruction (Vidocq) — Il doit l’être.

Roue (être à la)

Virmaître, 1894 : Malin, roublard (Argot du peuple). N.

Hayard, 1907 : Être à la coule.

Roue de derière

M.D., 1844 : Pièce de cinq fr.

Roue de derrière

Delvau, 1866 : s. f. Pièce de cinq francs en argent, — dans l’argot des cochers, qui emploient cette expression depuis longtemps, puisqu’on la trouve dans les Œuvres badines du comte de Caylus. Les Anglais ont la même expression : A hind-coach-wheel, disent-ils à propos d’une pièce de cinq shillings (une couronne).

Rigaud, 1881 : Pièce de cinq francs en argent.

Mets tes lunettes, mon vieux, c’est une roue de derrière.

(X. de Montépin, Le Fiacre no 13.)

La Rue, 1894 : Pièce de cinq francs. Roue de devant, pièce de deux francs.

Virmaître, 1894 : Pièce de cinq francs en argent. Quand on n’en possède qu’une, la voilure va cahin-caha, mais, quand il y en a plusieurs, on roule vivement (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Pièce de cinq francs.

anon., 1907 : Pièce de cinq francs.

Roue de derrière, de devant

Larchey, 1865 : « Pièces de cinq, deux francs. » — Vidocq, 1837. — Allusion au diamètre respectif des roues de voiture.

Roues de derrière… expression des cochers pour dire pièces de cinq francs.

Cabarets de Paris, 1821.

Je peux solir pour une roue de derrière ce qui m’a coûté cinquante ronds, c’est-à-dire vendre pour six francs ce qui m’a coûté cinquante sous.

Avent. de J. Sharp, 1789.

Roue de devant

M.D., 1844 : Pièce de deux.

Delvau, 1866 : s. f. Pièce de deux francs. Les Anglais disent A fore-coach-wheel pour une demi-couronne.

Rigaud, 1881 : Pièce de quarante sous.

Rouen

Halbert, 1849 : Officier de gendarmerie.

La Rue, 1894 : Officier de gendarmerie. Aller à Rouen, aller à sa perte.

Rouen (aller à)

Rigaud, 1881 : Être sifflé, — dans le jargon des comédiens. — Courir à sa ruine. — Manquer une vente, — dans le jargon des commis de la nouveauté.

Rouen (faire un)

Fustier, 1889 : Argot des commis de nouveauté. Id est faire l’article à un client qui part sans acheter ; le Rouen c’est le client.

Ça paraît vouloir s’allumer un peu, dit Hutin à Favier ; je n’ai pas de chance, il y a des jours de guignon, ma parole. Je viens encore de faire un Rouen ; cette tuile ne m’a rien acheté.

(Zola, Au bonheur des Dames.)

Rouer

d’Hautel, 1808 : Rouer quelqu’un de coups. Le battre excessivement ; le maltraiter d’une manière affreuse.

Rouet

d’Hautel, 1808 : Mettre quelqu’un au rouet. Le déconcerter ; le réduire à ne savoir plus que dire.

Rouffion

Delvau, 1866 : s. m. Dernier employé du magasin, — dans l’argot des calicots. On dit Mousse.

Rigaud, 1881 : Commis de magasin de nouveautés, chargé d’aller aux rassortiments. — Rouffionne, jeune fille qui remplît le même emploi.

La Rue, 1894 : Dernier commis du magasin.

Rouffle

Delvau, 1866 : s. f. Coup de poing ou coup de pied, — dans l’argot des voleurs.

Roufflé

Virmaître, 1894 : Battre un individu à coups de pieds et à coups de poings.
— Je vais te foutre une bath roufflé (Argot des voleurs).

Roufflée

La Rue, 1894 : Volée de coups de poing.

Roufier

anon., 1827 : Soldat.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Soldat.

Bras-de-Fer, 1829 : Soldat.

Rouflaquette

Rigaud, 1881 : Mèche de cheveux collée aux tempes ; accroche-cœurs ; coiffure distinctive des rôdeurs de barrière, des souteneurs de filles.

Sous des casquettes de soie, sortaient des mèches collées sur les tempes, qu’ils appelaient rouflaquettes.

(Vicomte Richard, Les Femmes des autres.)

Fustier, 1889 : Souteneur de bas étage.

La Rue, 1894 : Accroche-cœurs. Souteneur.

Rouflaquettes

Rossignol, 1901 : Mèches de cheveux ramenées sur les tempes. Voir Guiches.

Roufle

La Rue, 1894 : Coup.

Rouflée

Rigaud, 1881 : Volée soignée, — dans le jargon des soldats. — Recevoir une rouflée que le poste en prendrait les armes.

Rouge

d’Hautel, 1808 : Un rouge. Pour dire, un homme dont les cheveux, les sourcils et les paupières sont roux. C’est roux qu’il faut dire, pour éviter un solécisme.
Rouge comme un coq, comme une écrevisse, comme du feu. Se dit d’une personne qui rougit facilement, ou qui est très-haute en couleur.
Méchant comme un âne rouge. Se dit d’un enfant mutin, capricieux, et très difficile à conduire.

Larchey, 1865 : Révolutionnaire acceptant le drapeau rouge.

Delvau, 1866 : s. m. Républicain, — dans l’argot des bourgeois.

La Rue, 1894 : Sang.

Rouge (faire tomber le)

Rigaud, 1881 : Avoir l’haleine forte.

Rouge (faire)

Rigaud, 1881 : Répandre du sang, — dans le jargon des voleurs. — Avoir ses menstrues, — dans celui des voyous.

Rouge de boudin (c’est)

Rigaud, 1881 : Les affaires vont mal, la situation est mauvaise, — dans le jargon des voleurs. Le rouge de boudin tire sur le noir. C’est pour le voleur les tempora nubila.

Rougeaud

d’Hautel, 1808 : Un gros rougeaud, une grosse rougeaude. Homme et femme qui ont le teint vermeil et fort animé.

Rougemont (pive, pivois de)

Rigaud, 1881 : Vin rouge.

Rouget

d’Hautel, 1808 : Un rouget. On appelle ainsi parmi le peuple, un homme dont les cheveux et les sourcils sont roux.

Larchey, 1865 : Cuivre. (Vidocq). C’est le cuivre rouge. Le cuivre jaune est le paillon.

Delvau, 1866 : s. m. Homme à barbe rouge ou à cheveux d’un blond ardent.

Delvau, 1866 : s. m. Cuivre volé.

Rigaud, 1881 : Cuivre, — dans le jargon des voleurs.

La Rue, 1894 : Cuivre.

Virmaître, 1894 : Cuivre (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Cuivre.

Rougets

Delvau, 1866 : s. m. pl. Les menses des femmes, — dans l’argot du peuple, à qui le seigneur de Cholières n’a pas craint d’emprunter cette expression pour un de ses Contes.

Rigaud, 1881 : Menstrues.

La femme qui a les rougets.

(Cliollières, Contes.)

Rougoule

Rigaud, 1881 : Vol au change, vol au rendez-moi. C’est une altération de rigole, rigolo, drôle, amusant. Ce genre de vol divertit fort les voleurs, qui pensent à la figure de leurs dupes.

Rouillarde

anon., 1827 : Bouteille.

Bras-de-Fer, 1829 : Bouteille.

Clémens, 1840 : Bouteille.

Halbert, 1849 : Bouteille.

Larchey, 1865 : Bouteille (Vidocq). — Mot à mot : chose qui se roule.

Delvau, 1866 : s. f. Bouteille, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Blouse, — dans le jargon des voyous.

La Rue, 1894 : Bouteille de vieux vin. Blouse.

Virmaître, 1894 : Blouse. On sait que la blouse est le vêtement favori des rouliers, de là l’expression rouillarde. Les voleurs disent souillaude (Argot des voleurs). N.

Rossignol, 1901 : Argent. On nomme aussi rouillarde une blouse bleue garnie de boutons et piqûres blanches sur les épaules, que portaient dans le temps les rouliers.

Hayard, 1907 : Bouteille de bon vin.

Rouillarde, rouille

Rigaud, 1881 : Bouteille de vin cacheté ; bouteille de derrière les fagots.

Rouiller (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Vieillir, — dans l’argot du peuple.

Rouin

anon., 1827 : Prévôt.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Prévôt.

Bras-de-Fer, 1829 : Prévôt.

Roulade

d’Hautel, 1808 : Faire une roulade. Pour dire débouler, rouler du haut en bas.

Roulance

d’Hautel, 1808 : Terme particulier au jargon typographique ; c’est un bruit que les compositeurs font sur les casses avec leurs composteurs, et les imprimeurs avec leurs broyons, pour annoncer qu’ils ont eu l’intention de se jouer de quelqu’un, et qu’ils y ont réussi. Une roulance exécutée dans une imprimerie nombreuse, produit un charivari, un tintamarre dont on ne peut se faire une juste idée.

Larchey, 1865 : « Roulement général que font les ouvriers typographes à coups de composteurs sur leurs casses, à la rentrée d’un confrère qu’ils viennent de mystifier. »

Ladimir.

Delvau, 1866 : s. f. Bruit de pieds, ou de marteaux, ou de composteurs, que font entendre les typographes pour accueillir quelqu’un à son entrée dans l’atelier. Donner une roulance. Faire ce bruit, qui est tantôt une moquerie, tantôt une marque de sympathie.

Rigaud, 1881 : Roulement produit à l’aide des pieds et des composteurs, lorsque, dans une imprimerie, les typographes éprouvent le besoin d’égayer la situation. C’est une manière de battre aux champs à l’entrée de quelqu’un qu’on veut fêter ou de quelqu’un dont on veut se moquer.

Boutmy, 1883 : s. f. Tapage assourdissant que les ouvriers d’un atelier font tous ensemble en frappant avec leurs composteurs sur leur galée ou sur les compartiments qui divisent les casses en cassetins, sur les taquoirs avec les marteaux, en même temps qu’ils frappent le sol avec les pieds. Quand un sarrasin pénètre dans une galerie, quand un compositeur est vu d’un mauvais œil, qu’il est ridicule, ou ivre, qu’il a émis une idée baroque et inacceptable, en un mot quand quelqu’un ou quelque chose leur déplaît, MM. les typographes le manifestent bruyamment par une roulance. Les roulances ne respectent rien : les protes, les patrons eux-mêmes, n’en sont pas à l’abri.

Virmaître, 1894 : Quand une équipe de compositeurs typographes est mécontente, ses membres le manifestent en frappant tous à la fois la casse avec un outil quelconque ; le bruit produit une sorte de roulement, de là, roulance (Argot d’imprimerie).

Roulant

d’Hautel, 1808 : Un roulant. Pour dire une voiture, un carosse, un équipage.
Avoir un roulant. Pour dire avoir voiture, équipage.

Halbert, 1849 : Pois.

Delvau, 1866 : s. m. Fiacre, — dans l’argot des voyous. Roulant vif. Chemin de fer.

Rigaud, 1881 : Marchand d’habits ambulant.

La Rue, 1894 : Fiacre. Petit-pois. Chineur vendant à domicile des étoffes volées. Roulante, voiture. Tambour.

Roulant vif

Larchey, 1865 : « La science change la face de la civilisation par le chemin de fer, l’argot l’a déjà nommé le roulant vif. »

(Balzac)

V. Chineur.

Rigaud, 1881 : Chemin de fer.

La Rue, 1894 : Chemin de fer.

Roulant, roulotte

Larchey, 1865 : Voiture. V. d’Hautel, 1808. — V. Garçon.

Tout ce maquillage ne te fera pas démarger en roulotte (Aller en voiture).

Paillet.

Roulante

Halbert, 1849 : Charrette.

Rigaud, 1881 : Voiture. Tout ce qui roule, depuis la voiture à bras jusqu’au tramway, est une roulante pour le peuple.

Fustier, 1889 : Fille publique. On dit plus communément rouleuse.

Roulante, roulasse, roule use, roulure

La Rue, 1894 : Basse prostituée.

Roulants

Delvau, 1866 : s. m. pl. Pois, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Pois.

Roulée

Delvau, 1866 : s. f. Coups donnés ou reçus, — dans l’argot des faubouriens. Éreintement, — dans l’argot des gens de lettres.

Roulement (du)

Rigaud, 1881 : De la vigueur, de l’ardeur à l’ouvrage. — Allons-y, mes enfants, et du roulement.

Rouler

d’Hautel, 1808 : Si l’argent est rond, c’est pour mieux rouler. Manière d’excuser de folles dépenses, des prodigalités.
Rouler dur. Pour dire travailler fort, avec ardeur, avec zèle.
Rouler quelqu’un. Lui donner une roulance, se moquer de lui ; terme typographique.
Si cela continue il roulera bientôt voiture. Se dit d’une personne dont la fortune augmente chaque jour ; et souvent dans un sens tout à fait opposé.
Rouler carosse. Pour dire être fort riche, avoir un équipage, des chevaux à ses ordres.
Rouler sur l’or, sur l’argent. Pour dire être très-fortuné, avoir des coffres inépuisables.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Aller d’un lieu à un autre, se promener.

Larchey, 1865 : Voyager. — Roulier est classique.

Larchey, 1865 : Battre, vaincre. — Mot à mot : rouler à terre.

Enfin je suis seul contre le gouvernement avec son tas de tribunaux et je les roule.

(Balzac)

Roulée : Vigoureuse correction.

Delvau, 1866 : v. n. Vagabonder, voyager, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Rouler sa bosse.

Delvau, 1866 : v. n. Aller bien comme santé ou comme commerce. Ne s’emploie guère qu’à la troisième personne de l’indicatif présent : cela roule. C’est l’équivalent de : Cela boulotte.

Delvau, 1866 : v. a. Se moquer, lutter d’esprit et d’impertinences, — dans l’argot des gens de lettres. Se faire rouler. Avoir le dessous dans une affaire, dans une discussion.

Delvau, 1866 : v. a. Battre quelqu’un. Signifie aussi : Tromper, agir malignement.

Rigaud, 1881 : Vagabonder. — Tromper grossièrement.

On ne le roule plus aujourd’hui ; il n’est plus votre dupe, vous êtes sa victime.

(J. Vallès, Le Dimanche d’un jeune homme pauvre.)

Boutmy, 1883 : v. intr. Aller d’imprimerie en imprimerie.

La Rue, 1894 : Battre. Vagabonder. Se bien porter. Tromper, voler.

Rossignol, 1901 : Tromper, induire en erreur.

Je l’ai trompé, je l’ai roulé.

Rossignol, 1901 : Son adversaire à un jeu quelconque est le gagner.

Rouler dans la farine

Delvau, 1866 : v. a. Tromper, jouer un tour, user de finesse envers des gens trop simples.

Rouler la brouette à biribi

Fustier, 1889 : Être envoyé dans un régiment de discipline. Argot de caserne.

Il amassa un nombre incalculable de jours de consigne et de salle de police, et vint enfin, comme disent les troupiers, rouler la brouette à biribi, c’est-à-dire qu’il fut envoyé aux compagnies de discipline.

(Triboulet, mars 1884)

Rouler sa bosse

Virmaître, 1894 : Ouvrier trimardeur, qui n’a pas de domicile fixe, qui roule sa bosse de ville en ville. C’est un mendiant déguisé qui cherche de l’ouvrage et prie le bon Dieu de n’en pas trouver (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Ne pas avoir de domicile fixe, voyager constamment c’est rouler sa bosse. Celui qui a beaucoup voyagé a roulé sa bosse.

Rouler sa viande dans le torchon

Delvau, 1866 : v. a. Se coucher, — dans l’argot des faubouriens.

Virmaître, 1894 : Se coucher. On dit plus communément :
— Je vais remiser ma viande. (Argot du peuple).

Roulette

Rossignol, 1901 : Voiture.

Rouleur

Larchey, 1865 : Trompeur.

Cela ne serait pas bien : nos courtiers passeraient pour des rouleurs.

Lynol.

De rouler : vaincre.

Larchey, 1865 : « Ses fonctions consistent à présenter les ouvriers aux maîtres qui veulent les embaucher et à consacrer leur engagement. C’est lui qui accompagne les partants jusqu’à la sortie des villes. »

G. Sand.

De rouler : voyager.

Delvau, 1866 : s. m. Vagabond, homme suspect.

Delvau, 1866 : s. m. Compagnon du tour de France chargé de présenter les ouvriers aux maîtres et de consacrer leur engagement.

Delvau, 1866 : s. m. Chiffonnier.

Rigaud, 1881 : Vagabond doublé d’un filou. — Parasite effronté. — Individu de mauvaise mine et étranger à la localité, — dans le jargon des paysans de la banlieue de Paris. Le mot a été emprunté au jargon des pâtissiers.

En terme de métier, celui qui ne reste pas longtemps dans la même maison s’appelle rouleur.

(P. Vinçard, Les Ouvriers de Paris.)

Boutmy, 1883 : s. m. Ouvrier typographe qui roule d’imprimerie en imprimerie sans rester dans aucune, et qui, par suite de son inconduite et de sa paresse, est plutôt un mendiant qu’un ouvrier. Aucune corporation, croyons-nous, ne possède un type aussi fertile en singularités que celui dont nous allons essayer d’esquisser les principaux traits. Les rouleurs sont les juifs errants de la typographie, ou plutôt ils constituent cet ordre mendiant qui, ennemi juré de tout travail, trouve que vivre aux crochets d’autrui est la chose la plus naturelle du monde. Il en est même qui considèrent comme leur étant due la caristade que leur alloue la commisération. Nous ne leur assimilons pas, bien entendu, les camarades besogneux dont le dénuement ne peut être attribué à leur faute : à ceux-ci, chacun a le devoir de venir en aide, dignes qu’ils sont du plus grand intérêt. Les rouleurs peuvent se diviser en deux catégories : ceux qui travaillent rarement, et ceux qui ne travaillent jamais. Des premiers nous dirons peu de chose : leur tempérament ne saurait leur permettre un long séjour dans la même maison ; mais enfin ils ne cherchent pas de préférence, pour offrir leurs services, les imprimeries où ils sont certains de ne pas être embauchés. Si l’on a besoin de monde là où ils se présentent, c’est une déveine, mais ils subissent la malchance sans trop récriminer. De plus, détail caractéristique, ils ont un saint-jean, ils sont possesseurs d’un peu de linge et comptent jusqu’à deux ou trois mouchoirs de rechange. Afin que leur bagage ne soit pour eux un trop grand embarras dans leurs pérégrinations réitérées, ils le portent sur le dos au moyen de ficelles, quelquefois renfermée dans ce sac de soldat qui, en style imagé, s’appelle azor ou as de carreau. Un des plus industrieux avait imaginé de se servir d’un tabouret qui, retenu aux reins par des bretelles, lui permettait d’accomplir allègrement les itinéraires qu’il s’imposait. Ce tabouret, s’il ne portait pas César, portait du moins sa fortune. Mais passons à la seconde catégorie. Ceux-là ont une horreur telle du travail que les imprimeries où ils soupçonnent qu’ils en trouveront peu ou prou leur font l’effet d’établissements pestilentiels ; aussi s’en éloignent-ils avec effroi, bien à tort souvent ; car le dehors de quelques-uns est de nature à préserver les protes de toute velléité d’embauchage à leur endroit. D’ailleurs, si les premiers ne se présentent pas souvent en toilette de cérémonie, les seconds, en revanche, exposent aux regards l’accoutrement le plus fantaisiste. C’est principalement l’article chaussure qui atteste l’inépuisable fécondité de leur imagination. L’anecdote suivante, qui est de la plus scrupuleuse exactitude, pourra en donner une idée : deux individus, venant s’assurer dans une maison de banlieue que l’ouvrage manquait complètement et toucher l’allocation qu’on accordait aux passagers, étaient, l’un chaussé d’une botte et d’un soulier napolitain, l’autre porteur de souliers de bal dont le satin jadis blanc avait dû contenir les doigts de quelque Berthe aux grands pieds. Des vestiges de rosette s’apercevaient encore sur ces débris souillés d’une élégance disparue. Au physique, le rouleur n’a rien d’absolument rassurant. La paresse perpétuelle dans laquelle il vit l’a stigmatisé. Il pourrait poser pour le lazzarone napolitain, si poser n’était pas une occupation. Sa physionomie offre une particularité remarquable, due à la conversion en spiritueux d’une grande partie des collectes faites en sa faveur : c’est son nez rouge et boursouflé. Lorsque, contre son attente, le rouleur est embauché, il n’est sorte de moyens qu’il n’emploie pour sortir de la souricière dans laquelle il s’est si malencontreusement fourvoyé : le plus souvent, il prétexte une grande fatigue et se retire en promettant de revenir le lendemain. Il serait superflu de dire qu’on ne le revoit plus. Il est un de ces personnages qu’on avait surnommé le roi des rouleurs, et que connaissaient tous les compositeurs de France et de Navarre. Celui-là n’y allait pas par trente-six chemins. Au lieu de perdre son temps à de fastidieuses demandes d’occupation, il s’avançait carrément au milieu de la galerie, et, d’une voix qui ne trahissait aucune émotion, il prononçait ces paroles dignes d’être burinées sur l’airain : « Voyons ! y-a-t-il mèche ici de faire quelque chose pour un confrère nécessiteux ? » Souvent une collecte au chapeau venait récompenser de sa hardiesse ce roi fainéant ; souvent aussi ce cynisme était accueilli par des huées et des injures capables d’exaspérer tout autre qu’un rouleur. Mais cette espèce est peu sensible aux mortifications et n’a jamais fait montre d’un amour-propre exagéré. Pour terminer, disons que le rouleur tend à disparaître et que le typo laborieux, si prompt à soulager les infortunes imméritées, réserve pour elles les deniers de ses caisses de secours, et se détourne avec dégoût du parasite sans pudeur, dont l’existence se passe à mendier quand il devrait produire. (Ul. Delestre.)

Rouleur, rouleuse

Rigaud, 1881 : Chiffonnier, chiffonnière.

Rouleuse

Delvau, 1866 : s. f. Femme de mauvaise vie qui roule de quartier en quartier à la recherche de l’homme philosophal. Argot du peuple.

Virmaître, 1894 : Fille publique. Elle roule partout pour trouver pratique. Elle roule ses clients de hasard, car elle promet mais ne tient jamais (Argot du peuple).

Rouleuse, roulure

Rigaud, 1881 : Fille qui fait un peu de tous les métiers. Tantôt elle vend des bouquets dans les rues, tantôt de la dentelle sous les portes cochères ; un jour modèle d’atelier, le lendemain vendeuse de parfumerie, etc. — Prostituée de bas étage, celle qui roule de quartier en quartier. Les rouleuses sont des filles qui proposent un tour de promenade en voiture, les stores baissés. Elles habitent ordinairement des chenils dans des quartiers excentriques, vivent avec quelques misérables employés ; ou bien encore elles habitent chez leurs parents ; quelquefois elles n’ont aucun domicile fixe. La plupart d’entre elles portent un petit panier sous le bras et affectent des airs d’ouvrière en course.

Rouliarde

M.D., 1844 : Une bouteille.

Roulier

Fustier, 1889 : V. Delvau. Roulottier.

Roulis (avoir du)

Rigaud, 1881 : Être soûl, — dans l’argot des marins.

Roullarde

Hayard, 1907 : Blouse.

Roulotage (vol au)

Rigaud, 1881 : Vol de marchandise transportée par camion. — Vol dans l’intérieur des maisons de roulage.

Roulotin

Delvau, 1866 : s. m. Roulier, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Roulier.

Roulotte

Clémens, 1840 : Voiture.

M.D., 1844 : Voiture.

Halbert, 1849 : Voiture.

Delvau, 1866 : s. f. Voiture. Grinchir une roulotte en salade. Voler sur une voiture.

Rigaud, 1881 : Voiture, charrette, camion, voiture de saltimbanque. — Grinchir une roulotte en salade, voler sur une voiture.

La Rue, 1894 : Charrette. Voiture de saltimbanque. Roulotte à treppe, omnibus.

Virmaître, 1894 : Voiture. Les voleurs qui pratiquent le vol à la roulotte disent :
— Grinchir une roulotte en salade (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Voiture.

Roulotte à trèpe

Rigaud, 1881 : Omnibus. Mot à mot : voiture de la foule. — Roulotte du grand trimar, chemin de fer.

Roulottier

Clémens, 1840 : Voleur qui vole les chaises de postes et diligences.

Larchey, 1865 : « Il est, en quelque sorte, le cambrioleur de la rue. Au lieu de travailler en chambre, il travaille en voiture. Il saisit une malle, un colis sur un camion de roulage et s’éloigne avec sa proie. »

H. Monnier.

Roulottin : Charretier (Vidocq).

Delvau, 1866 : s. m. Voleur qui a pour spécialité de dévaliser les voitures.

Rigaud, 1881 : Voleur qui exploite les camions, qui vole la marchandise que transportent les camions et quelquefois la voiture, pour ne rien laisser traîner.

La Rue, 1894 : Voleur qui dévalise les voitures. Roulottier en cambrouse, voleur de campagne.

Rossignol, 1901 : Celui qui commet des vols sur les voitures est un roulottier.

Hayard, 1907 : Voleur dans les voitures.

Roulottiers

Virmaître, 1894 : Vol à la roulotte. Quand un camionneur décharge une livraison, le roulottier, vêtu comme un employé des messageries, prend un ballot ; un complice est à quelques pas plus loin, avec une voiture à bras, toujours au détour d’une rue ; il charge le ballot sur sa voiture, et en route (Argot des voleurs). V. Fusilleurs.

Roulure

Delvau, 1866 : s. f. Fille de la dernière catégorie, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Celui qui a roulé sa bosse un peu partout.

Écoute-moi bien, c’est un vieux cabotin, une roulure de la province et de l’étranger qui te parle.

(Huysmans, Marthe)

C’est du veau, c’est de la roulure,
C’est du veau pour la préfecture.

(Chans. populaire.)

Roumard

anon., 1827 : Roué.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Roué, rusé.

Bras-de-Fer, 1829 : Roué.

Roumichipoteuse

Delvau, 1866 : s. f. Mijaurée, chipie.

Roumie

Rigaud, 1881 : Croûte de pain, — dans le jargon des chiffonniers.

La Rue, 1894 : Vieille croûte de pain.

Roupané

Delvau, 1866 : adj. et s. Décavé aux billes ou à tout autre jeu exigeant une mise. Argot des gamins.

Roupettes

Delvau, 1864 : Les testicules. — qui sont les petites roues sur lesquelles repose le canon chargé de mitraille spermatique. — L’expression est moderne.

Ses roupettes étaient grosses et rebondies,
Et de poils longs et noirs abondamment fournies.

L. Protat.

Sur les roupettes granitiques
De l’indomptable Sarrazin
Il pleut.

B. de Maurice.

Rossignol, 1901 : Si vous demandez à un cocher de vous conduire à un endroit éloigné, et qu’il vous réponde : « Mes roues pètent, » ne vous imaginez pas que les roues de son véhicule soient en mauvais état.

Roupie

Larchey, 1865 : Punaise (Vidocq). — Elle a en effet la forme et la couleur d’une roupie de tabac.

Delvau, 1866 : s. f. Punaise, — dans l’argot des voyous.

Delvau, 1866 : s. f. Mucosité de couleur ambrée qui sort du nez des priseurs, et tombe tantôt sur leur chemise, tantôt dans leur potage. Argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Punaise.

La Rue, 1894 : Punaise.

Rossignol, 1901 : Une chose qui ne vaut rien, pas grand’chose ou qui est laide, est une roupie.

Hayard, 1907 : Laid, mauvais, sans valeur.

anon., 1907 : Laid.

Roupie de singe

Larchey, 1865 : Rien. — Roupie a ici le sens de monnaie. On dit monnaie de singe pour grimace.

Delvau, 1866 : s. f. Rien, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Rien, chose sans valeur.

Virmaître, 1894 : Mauvais café qui a la couleur de la roupie qui pend au nez du priseur (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Mauvais café.

Roupieux

d’Hautel, 1808 : Celui qui est sujet à la roupie, et dont le nez découle continuellement.

Roupiller

d’Hautel, 1808 : Se laisser surprendre par le sommeil, dormir.

Halbert, 1849 : Dormir.

Larchey, 1865 : Dormir. — V. Paumer, Pieu, Rifle.

Il est bien temps de roupiller.

1750, Monbron, Henriade travestie.

Delvau, 1866 : v. n. Dormir, — dans l’argot des faubouriens, qui emploient ce verbe depuis plus d’un siècle. Signifie aussi Avoir continuellement une roupi au nez.

Rigaud, 1881 : Dormir.

Il roupille comme ça toute la journée : le v’là parti.

(H. Monnier, Scènes populaires.)

La Rue, 1894 : Dormir.

Virmaître, 1894 : Dormir. Quand on ne dort que quelques instants, on fait un petit roupillon.
— Il est tellement gouapeur qu’il roupille sur son ouvrage (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Dormir.

Hayard, 1907 : Dormir.

anon., 1907 : Dormir.

Roupiller dans le grand

Rigaud, 1881 : Être mort.

Roupilleur

d’Hautel, 1808 : Homme lourd, indolent, qui a toujours l’air de dormir.

Halbert, 1849 : Dormeur.

Delvau, 1866 : s. m. Grand dormeur — ou grand priseur.

Rigaud, 1881 : Dormeur. Roupilleuse, dormeuse.

Roupilleuse

Halbert, 1849 : Dormeuse.

Roupillon

Fustier, 1889 : V. Delvau. Roupilleur.

Roupiner

La Rue, 1894 : Voler.

Roupion

Fustier, 1889 : Commis de nouveautés. Il tient le milieu entre le commis vendeur et le bistot.

Roupiou

Delvau, 1866 : s. m. Élève en médecine qui s’essaye au métier dans les hôpitaux, sans être interne ni externe. C’est lui qui pose les cataplasmes et les vésicatoires. Argot des étudiants. On l’appelle aussi Bénévole.

Fustier, 1889 : Dans les hôpitaux de Paris, étudiant en médecine qui remplace bénévolement un externe dans son service.

Rouquin

La Rue, 1894 : Rouge. Rouquin, rouquine, homme, femme rouge de cheveux.

Rossignol, 1901 : Celui qui a les cheveux roux. Une femme rousse est une rouquine.

Rouquin, rouquine

anon., 1907 : Personnes rousses.

Rouscaillante

anon., 1827 : La langue.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Langue. Ne balance pas tant la rouscaillante, ne parle pas tant.

Bras-de-Fer, 1829 : Langue.

Halbert, 1849 : La langue.

Rigaud, 1881 : La langue. (1829.)

Rouscailler

anon., 1827 : Parler.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Parler argot.

Bras-de-Fer, 1829 : Parler.

Delvau, 1864 : Besogner du membre avec une femme qui en meurt d’envie.

Un pareil état m’excite et m’offense :
Descends de mon lit, ou bien rouscaillons !

Delvau, 1866 : v. a. Aimer, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Sacrifier sur l’autel de Vénus. — Parler. Rouscailler bigorne, parler argot.

La Rue, 1894 : Aimer. Parler. Rouscailler bigorne, parler argot.

Virmaître, 1894 : Voulait dire autrefois parler. Les voleurs en ont fait le synonyme d’aimer, mais pas dans le sens platonique (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Semer pour récolter. Tous les bipèdes et les quadrupèdes rouscaillent, à l’exception cependant du mulet.

Rouscailler bigorne

anon., 1827 : Parler jargon.

Bras-de-Fer, 1829 : Parler jargon.

Halbert, 1849 : Parler argot.

Larchey, 1865 : Parler argot. — Rouscailleur : Débauché, luxurieux.

Delvau, 1866 : v. n. Parler argot.

Rouscailleur

Delvau, 1866 : s. m. Libertin.

La Rue, 1894 : Libertin.

Rouscailleur, rouscailleuse

Rigaud, 1881 : Débauché, libertine. Grand-prêtre, grande-prêtresse de Vénus.

Rouski (faire du)

anon., 1907 : Faire du tapage.

Rouspant

Virmaître, 1894 : Homme qui fournit des sujets aux tantes. C’est le procureur des pédérastes (Argot des souteneurs).

Rouspant, rouspont

Rigaud, 1881 : Proxénète pour le troisième sexe et ses admirateurs.

Rouspétance

Rigaud, 1881 : Mauvaise humeur. — Rouspéter, être de mauvaise humeur, — dans le jargon des ouvriers.

Rigaud, 1881 : Agent des mœurs, — dans le jargon des filles. C’est une variante de rousse.

La Rue, 1894 : Agent des mœurs. Mauvaise humeur.

Rossignol, 1901 : L’individu qui fait rébellion lorsqu’on l’arrête fait de la rouspétance.

Hayard, 1907 : Rebellion.

Rouspétance (faire de la)

Virmaître, 1894 : V. Rouspéter.

Rouspéter

Virmaître, 1894 : Récriminer, faire du pet, du bruit (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Voir rouspétance.

anon., 1907 : Réclamer.

Rouspont

La Rue, 1894 : Voir Tante. (C’est spécialement le souteneur de l’Éphestion de trottoir qui fait chanter.)

Rousse

Halbert, 1849 : Police.

Delvau, 1866 : s. m. Agent de police ; sergent de ville. On dit aussi Roussin. Rousse à l’arnache. Agent de police de sûreté, qui reçoit une gratification proportionnée à l’utilité des renseignements qu’il donne ou à l’importance des captures qu’il fait faire.

Delvau, 1866 : s. f. La police, — dans l’argot des voyous.

Rossignol, 1901 : Agent de police. La rousse, la police.

Rousse (la)

M.D., 1844 : Mouchard.

La Rue, 1894 : La police. On dit aussi Rouspance.

Rousse à l’arnac

Rigaud, 1881 : Service de la sûreté.

La Rue, 1894 : Service de la sûreté.

Rousse à l’arnache (la)

M.D., 1844 : Mouchard en bourgeois.

Rousse à la flanc (la)

M.D., 1844 : Agent de police habillé.

Rousse à la renache

Halbert, 1849 : Police secrète non commissionnée.

Rousse, la rousse

Clémens, 1840 : Agent de police, la police.

Rousse, roussi, roussin

Rigaud, 1881 : Mouchard, espion, agent de police. — Inspecteur d’une grande administration. — Contrôleur de chemin de fer, — dans le jargon des mécaniciens.

Rousse, roussin

Hayard, 1907 : Tout ce qui touche à la police.

anon., 1907 : Police, agent de police.

Rousse, roussins

Larchey, 1865 : Police, agents de police. — Du vieux mot rouchin : rosse, mauvais cheval. V. Roquefort. — Rousse est une abréviation. — V. Butter, Agrafer, Cambrouse.

C’était l’agent de change que suivaient les roussins.

(Vidocq)

Ils croient voir partout la rousse.

Paillet.

À quoi penses-tu ? tu bois avec des rousses.

Chenu.

Rousseau

d’Hautel, 1808 : Un rousseau. Sobriquet que l’on donne à un homme qui a les cheveux, la barbe et le poil roux.

Rousselette

Virmaître, 1894 : Moins que rien (Argot des souteneurs). V. Camelotte.

Hayard, 1907 : Rien, moins que rien.

Roussi

La Rue, 1894 : Mouchard. Être roussi, être découvert.

France, 1907 : Mouchard. Être roussi, être découvert. Le roussi est le prisonnier qui est chargé d’espionner ses camarades.

Roussin

d’Hautel, 1808 : Péter comme un roussin. Faire une pétarade ; lâcher fréquemment des vents indiscrets.
Un roussin d’Arcadie. Un baudet, un âne.

Delvau, 1866 : s. m. Baudet, — dans l’argot du peuple. Se dit aussi d’un Cheval qui fait en marchant de fréquents sacrifices au dieu Crépitus.

Rigaud, 1881 : Mauvaise presse, vieille presse ; du nom d’un des premiers fabricants de presses, — dans le jargon des imprimeurs.

Virmaître, 1894 : Tous ceux qui appartiennent, de près ou de loin, à la police, sont des roussins. Autrefois, les agents en bourgeois étaient vêtus de la redingote sombre, d’un ton roussâtre. De là est née l’expression :
— Voila les rousses ! (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Agent de police.

France, 1907 : Agent de police.

Ça vieillit et plus bas ça glisse ;
Un beau matin,
Ça va s’inscrire à la police,
Chair à roussin ;
Ou bien « sans carte », ça travaille
Dans sa maison !
Alors, ça se fout sur la paille,
Chair à prison.

(Jules Jouy, Fille d’ouvrier)

Roussiner

Larchey, 1865 : Péter sans façon, comme un rouchin.

Delvau, 1866 : v. n. Faire de fréquents sacrifices au dieu Crépitus, sans plus de façon qu’un baudet.

Virmaître, 1894 : Faire arrêter par la police. L. L. Roussiner veut dire péter mollement et puer fortement.
— Il roussine à faire roter un vidangeur (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Agir en mouchard, faire arrêter.

On vous roussine
Et puis la tine
Vient remoucher la butte en rigolant.

(Lacenaire, guillotiné en 1836)

France, 1907 : Péter.

Roussot, roussotte

France, 1907 : Roux, rousse.

Roustampane

Rossignol, 1901 : Une chose vilaine ou qui ne vaut rien est de la roustampane.

Roustampone, roustempoigne

France, 1907 : La police. Jeu de mot pour Rousse tamponne (frappe), Rousse t’empoigne.

Roustempoigne (être de la)

La Rue, 1894 : Ne pas être bon à voler, ne rien valoir.

Roustenpanne

Virmaître, 1894 : Moins que rien (Argot du peuple).

Rousti

Rigaud, 1881 : Ruiné ; c’est-à-dire rôti, variante de cuit, flambé, fumé, fricassé.

France, 1907 : Pris, ruiné.

L’homme. — Salaud !
La femme. — Quoi donc ? Qu’est-ce qu’il y a ?
L’homme. — Il y a que nous sommes roustis, que nous sommes floués, que ce cochon-là nous a estampés comme un vieux sale juif qu’il est.

(Maurice Donnay, Les Affaires)

Roustir

Larchey, 1865 : « La plupart des banquistes, pour me servir de leurs expressions, ont un truc pour roustir les gonzes, c’est-à-dire une supercherie pour attraper les bonnes gens. »

Avent. de J. Sharp, 1789.

Delvau, 1866 : v. a. Tromper, duper, — dans l’argot des voleurs. Signifie aussi Dévaliser.

Rigaud, 1881 : Tromper ; filouter.

La Rue, 1894 : Tromper. Dévaliser. Rousti, pris, perdu.

Virmaître, 1894 : Prendre, s’approprier le bien d’autrui. Être rousti : être pris (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Prendre, voler.

Il a voulu me roustir mon morlingue.

Hayard, 1907 : Prendre.

France, 1907 : Voler, escroquer, dévaliser.

À l’heure qu’il est, l’entonne est roustie.

(Mémoires de Vidocq)

Roustisseur

Larchey, 1865 : Voleur.

On accuse donc c’te pauvre fille d’être une roustisseuse et d’avoir fait sauter l’argenterie.

Voizo, Chanson.

Delvau, 1866 : s. m. Voleur.

Rigaud, 1881 : Blagueur doublé d’un escroc. Parasite éhonté.

La Rue, 1894 : Voleur. Parasite.

France, 1907 : Voleur, trompeur ; emprunteur qui ne rend jamais.

Roustisseuse

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme de mauvaise vie, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Femme qui pique l’assiette chez des amies, qui emprunte de l’argent, des robes, qui vit aux crochets de ses amies.

France, 1907 : Dame ou demoiselle dépourvue de tout préjugé moral ; argot populaire.

Roustissure

Delvau, 1866 : s. f. Escroquerie.

Delvau, 1866 : s. f. Blague peu heureuse, rôle de peu d’importance, — dans l’argot des comédiens, qui sans doute ont voulu faire allusion au mot italien rostita, rôtie, maigre chose.

Rigaud, 1881 : Mauvaise plaisanterie. — Objet de nulle valeur. — Bout de rôle, — dans le jargon des acteurs.

La Rue, 1894 : Volerie. Chose valant peu ou rien.

Virmaître, 1894 : Mauvaise plaisanterie. A. D. Roustissure, dont par corruption on a fait roustenpanne, veut dire moins que rien (Argot du peuple). V. Rousselette.

France, 1907 : Chose sans valeur ; rôle insignifiant, dans l’argot des coulisses. Individu méprisable, basse prostituée ; argot faubourien.

— Il est à Mazas, pour les saletés de son maître… un comte !… La belle roustissure, vraiment !

(Dubut de Laforest, La Vierge du trottoir)

Rousto

France, 1907 : Dénonciateur ; argot des voleurs.

Roustons

Delvau, 1864 : Les testicules. — Expression moderne.

Votre main, doucement chatouille ses roustons,
Tandis qu’il vous pelote et vous prend les tétons.

L. Protat.

Fustier, 1889 : Le scrotum.

Rossignol, 1901 : Voir burnes.

France, 1907 : Testicules.

Rousture

Halbert, 1849 : Homme en surveillance.

France, 1907 : Individu en surveillance ; argot des voleurs.

Rousture, romture

La Rue, 1894 : Homme en surveillance de la police.

Routier

d’Hautel, 1808 : Un vieux routier. Epithète satirique pour dire, un homme rusé, adroit, d’une grande subtilité, un finot.

Routière

Fustier, 1889 : Prostituée oui exerce son métier sur les grandes routes.

France, 1907 : Prostituée de bas étage.

Routonner

La Rue, 1894 : Voler des malles et des ballots derrière les voilures sur les grandes routes.

France, 1907 : Voler des colis sur une voiture en route.

Routonnier

France, 1907 : Voleur de colis sur les voitures en route.

Roux

d’Hautel, 1808 : À barbe rousse et noirs cheveux, ne t’y fie si tu ne veux. Proverbe qui signifie qu’il ne faut pas se fier aux gens qui ont les cheveux noirs et la barbe rousse.

Roveau

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Gendarme.

France, 1907 : Gendarme. Sobriquet donné par les galériens aux gardes qui conduisaient la chaîne. C’est l’ancien nom donné aux archers, sans doute une corruption de royaux.

Roveaux

anon., 1827 : Gendarmes.

Bras-de-Fer, 1829 : Gendarmes.

Halbert, 1849 : Gendarmes.

Royal-Cambouis

France, 1907 : Nom des équipages militaires.

Il est de bon goût dans l’armée française de blaguer le train des équipages. Très au-dessus de ces brocards, les bons tringlots laissent dire, sachant bien, qu’en somme, c’est seulement au Royal-Cambouis où tout le monde a chevaux et voitures.

(Alphonse Allais)

Royal-coco

Merlin, 1888 : Lancier de la garde.

Royale

Larchey, 1865 : « Louis XIII rasait bien, et un jour il coupa la barbe à ses officiers et ne leur laissa qu’un petit toupet au menton. » Tallemant des Réaux. — De là sans doute ce mot, dit Monmerqué.

France, 1907 : Barbiche, abréviation de mouche à la royale, appelée ainsi parce que Louis XIII la mit à la mode. De royale, elle devint impériale sous Napoléon III.

Sa tête se renversait sur l’oreiller, où les mèches en désordre de sa chevelure — non moins blanche que sa moustache et sa royale — s’éparpillaient autour de sa figure livide, dont les traits tirés éveillaient l’idée d’une fin prochaine.

(Paul Mahalin, La Pointe au corps)

Royaume

d’Hautel, 1808 : Envoyer quelqu’un au royaume des taupes. Pour dire, l’expédier pour l’autre monde ; le faire mourir.
Au royaume des aveugles, les borgnes y sont rois. Voyez Aveugle.

Royaume des taupes

Delvau, 1866 : s. m. La terre, — dans l’argot du peuple. Partir pour le royaume des taupes. Mourir.

Virmaître, 1894 : V. Les pissenlits pousser par la racine.

Ru

Delvau, 1866 : s. m. Ruisseau, — dans l’argot du peuple et des paysans des environs de Paris. On dit aussi Rio. L’expression coule de source : ρεω.

Or beuvez fort tant que rû peut courir,
Ne reftusez, chassant ceste douleur,
Sans empirer un povre secourir,

dit François Villon à sa maîtresse.

Rub

France, 1907 : Apocope de ruban ; argot des voleurs.

Rub de rif

La Rue, 1894 : Chemin de fer.

France, 1907 : Nom de chemin de fer ; argot des voleurs, littéralement : ruban de feu.

Ruban

Delvau, 1864 : Préservatif en baudruche ou en caoutchouc dont on habille le membre viril tontes les fois qu’on le conduit au bonheur. — (V. Capote.)

Ne craint rien ; ces rubans feront bien ton affaire,
dit le marchand de capotes à Pincecul, dans la parodie de Lucrèce, par M. Protat, avoué.
Je sais attacher un ruban
Selon la grosseur d’une pine.

(Chanson anonyme moderne)

Ruban de queue

Delvau, 1866 : s. m. Long chemin, route qui n’en finit pas.

La Rue, 1894 : La route qui serpente dans la campagne. Elle semble un long ruban.

France, 1907 : Chemin d’une longueur fastidieuse. Cette locution est empruntée à l’ancienne mode de coiffure de nos aïeux.

Ce chemin est un ruban de queue un peu long.

(Alfred de Vigny, Servitude et grandeur militaires)

Se dit aussi pour la grand’route.

Rubine

France, 1907 : Dame, pour rupine ; argot des voleurs.

Rubis

d’Hautel, 1808 : Faire rubis sur l’ongle. Locution bachique. Renverser la dernière goutte d’un verre sur l’ongle du pouce et le lécher après, en l’honneur d’une personne absente pour marquer l’estime qu’on lui porte.
Payer rubis sur l’ongle. Pour dire avec une grande exactitude.
On dit d’un buveur, d’un homme qui a la figure remplie de boutons, qu’il a la figure remplie de rubis.

Rubis cabochon

France, 1907 : Le pénis. Vieille expression tombée en désuétude.

Deux perles orientales
Et un rubis cabochon.

(Parnasse des Muses)

Rubis sur l’ongle

Virmaître, 1894 : Être régulier, payer recta ses dettes à l’échéance. Boire son verre jusqu’à la dernière goutte.
— Il a séché son glacis rubis sur l’ongle (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Complètement, d’une façon définitive. Allusion à la coutume populaire de verser sur l’ongle la dernière goutte d’un verre de vin : quand c’est du vin rouge, la goutte a l’apparence d’un rubis.

Je sirote mon vin, quel qu’il soit, vieux, nouveau,
Je fais rubis sur l’ongle et n’y mets jamais d’eau.

(Regnard)

Rubis sur pieu

Delvau, 1866 : loc. adv. Argent comptant, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Argent comptant, — dans l’ancien jargon des filles ; c’est-à-dire argent sur le lit, ce qu’on appelle aujourd’hui « éclairage ».

La Rue, 1894 : Argent comptant.

France, 1907 : Argent comptant ; argot populaire.

Rublin

France, 1907 : Ruban ; argot des voleurs.

Rubrique

d’Hautel, 1808 : Ruse, détours, finesse, subtilité indigne d’un honnête homme.

Ruche

d’Hautel, 1808 : Il ne faut point fâcher une ruche. C’est-à-dire, qu’il ne faut pas s’attirer une foule de petits ennemis ; qu’ils sont tous dangereux.

Rudanier

d’Hautel, 1808 : Apre, rude, qui a l’abord revêche et difficile ; qui est d’une humeur grondeuse. Ce mot est formé par contraction de rude ânier.

Rude

d’Hautel, 1808 : Du rude. Nom que l’on donne à toute liqueur forte et spiritueuse, telle que le punch, le rhum, le rack, l’eau-de-vie.
On appelle dans un sens opposé, toutes les liqueurs huileuses, sucrées, et agréables à boire, du doux.
Voulez-vous du doux
ou du rude. Se dit à celui à qui l’on propose de boire un petit verre.
Il est rude aux pauvres gens. Se dit d’un homme qui répond brusquement à ceux qui lui demandent quelque service.

Larchey, 1865 : Remarquable.

Eh ! mon vieux sabre, tu peux te vanter d’appartenir à un rude lapin.

About.

V. Raide, Balle, Doux. — Rudement : Remarquablement.

Delvau, 1866 : s. f. Chose difficile à croire, événement subit, désagréable, — dans l’argot du peuple.

Delvau, 1866 : adj. Courageux.

Rigaud, 1881 : Extraordinaire. — Rude aplomb, rude toupet, rude appétit.

France, 1907 : Crin.

France, 1907 : Eau-de-vie.

Rudement

Delvau, 1866 : adv. Extrêmement, remarquablement.

France, 1907 : Beaucoup, très.

Une gosseline rudement gironde.

Rudiment de cythère (le)

Delvau, 1864 : Les principes de la langue — et des autres cochonneries.

Jeanne, sotte au monastère,
Sotte au sortir du couvent,
Plaisait sans savoir comment.
Le précepteur de son frère
Lui montre le rudiment
Que l’on enseigne à Cythère :
Son esprit s’ouvre à l’instant.

Collé.

Rudis indigestaque moles

France, 1907 : Masse confuse et informe. Expression latine tirée des Métamorphoses d’Ovide pour peindre la confusion et le chaos, et employée de nos jours pour désigner des ouvrages volumineux et indigestes.

Rue

d’Hautel, 1808 : La rue au pain. Pour dire, la gorge, le gosier.
Il est dans la rue de Tournon. Pour il est attrapé ; il est trompé dans ses espérances ; il n’est pas à ce qu’on lui dit ; il est ivre. Par allusion avec la rue qui porte ce nom.
On dit aussi mettre quelqu’un dans la rue de Tournon. Pour, le tromper, le duper, le friponner.
Vieux comme les rues. Pour dire que quelque chose n’est plus à la mode ; qu’une histoire que l’on raconte comme une nouveauté est connue de tout le monde depuis long-temps.
Les rues en sont pavées. Pour dire qu’une chose n’est pas rare ; qu’on peut facilement se la procurer ; qu’elle se trouve partout.
Le bout de la rue fait le coin. Se dit par raillerie à un homme qui ne s’explique pas clairement, et dont la conversation dégénère en galimathias.

Delvau, 1866 : s. f. L’espace réservé entre deux portants et figurant un chemin entre deux costières, Argot des coulisses.

Rigaud, 1881 : Au théâtre, en terme de machiniste, c’est l’espace qui se trouve entre deux châssis ou poitants formant coulisse.

Rue au pain

Delvau, 1866 : s. f. Le gosier, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Gosier. — Avoir la rue au pain barrée, n’avoir pas faim.

Rossignol, 1901 : La bouche.

Rue au pain (la)

Virmaître, 1894 : Le gosier. Le pain y passe. Mauvaise affaire quand la rue est barrée (Argot du peuple).

Rue barrée

Delvau, 1866 : s. f. Rue où demeure un créancier, — dans l’argot des débiteurs. On dit aussi Rue où l’on pave. A en croire Léo Lespès, cette dernière expression serait due au duc d’Abrantès, fils de la duchesse d’Abrantès, et viveur célèbre.

France, 1907 : Rue où demeure un créancier et où, par conséquent, l’on évite de passer, à moins qu’il ne fasse du brouillard.

Rue de la Plume (malin de la)

France, 1907 : Individu qui possède une belle écriture ; argot militaire.

L’oncle Émile passait pour un brillant causeur. Nul n’employait plus à propos des locutions comme : « Ça fait la rue Michel » ou : « Le malin de la rue de la Plume. » Et c’est lui qui, deux mois à peine après qu’elle eut été lancée, apporta dans la famille l’expression : « On dirait du veau », qui y fut conservée très longtemps après qu’elle fut tombée, partout ailleurs, en désuétude.

(Tristan Bernard, Mémoires d’un Jeune homme rangé)

Rue de Rivoli

France, 1907 : Six de jeu de dominos ou de cartes. Allusion à l’aspect aligné des points ou des figures.

Rue du bec

France, 1907 : La denture. Se faire repaver la rue du bec, se faire arranger les dents. On dit aussi : se faire retaper le domino.

Rue du Bec dépavé

Virmaître, 1894 : La bouche, quand elle n’a plus de dents. Elle ne peut guère alimenter sa voisine, la rue au pain (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Bouche où il manque des dents.

Rue du bec dépavée

Delvau, 1866 : s. f. Bouche à laquelle des dents manquent, — dans l’argot des faubouriens.

Rue du croissant (loger)

France, 1907 : Être trompé par sa femme.

Rue Michel (faire la)

France, 1907 : Régler le compte. Être quitte. Du nom de la rue Michel-le-Comte.

— Grâce à Séraphin qui voit du monde chic, j’ai connu un vieux très bien, qui m’aide quand j’ai besoin… N’y a que lui, par exemple ; car Séraphin voudrait pas que je soye une traînée, n’est-ce pas ?… Alors, quand j’ai besoin de galette, je lui demande… Avec ce qui me donne, ça m’aidera à m’établir ; et, en attendant, quand il me faut une petite avance, il marche et ça fait la rue Michel.

(Serge Passet)

Ruelle aux vesses

Rigaud, 1881 : Derrière. L’étymologie n’a pas besoin d’être expliquée.

Un tas de raulles empaillés, qui ne valent seulement pas un coup de botte dans la ruelle aux vesses !

(Le Père Duchêne, 1879.)

France, 1907 : Le périnée.

Ruer

d’Hautel, 1808 : Voilà une chose qui ne mord ni ne rue. C’est-à-dire qui ne peut faire ni bien ni mal.
Ruer de grands coups. Pour, frapper de grands coups.
Les plus grands coups de cet homme sont rués. Pour exprimer qu’il devient impuissant ; que ses grands efforts sont faits.

Ruer à la botte

France, 1907 : Être susceptible, se lâcher, se rebiffer : allusion aux chevaux qui ruent en sentant l’éperon : terme de cavalerie.

— Que vous avez tort, subséquemment, jeune homme, de vous cabrer et de ruer à la botte quand votre ami il vous explique ses raisons.

(E. Gaboriau, Le 13e hussards)

Ruer dans les brancards

Virmaître, 1894 : Femme amoureuse qui, au moment psychologique, se démène furieusement, comme le cheval emballé. La figure peut se passer de commentaires (Argot du peuple). N.

Rues (barre les)

France, 1907 : Ivrogne qui zigzague d’un trottoir à l’autre. Désœuvré que l’on rencontre sur tous les chemins, qui s’arrête et obstrue la circulation.

Ruette

France, 1907 : Bouche ; argot populaire. Ruette au pain, gosier, gorge. Serrer la ruette au pain, étrangler.

Ruette au pain

Larchey, 1865 : Gorge.

Au souper, je ne pus avaler une goulée, à croire que j’avais la ruette au pain barrée, par quelque accident.

Delvau.

Ruf

France, 1907 : Geôlier ; argot des voleurs. Est-ce l’abréviation de rufian, ou le mot anglais rough, rude, grossier, qui se prononce reuf, passé dans la langue des voleurs ?
Voir Rufe.

France, 1907 : Feu ; argot des voleurs, de l’argot italien ruffio ; en argot breton, rufan.

Rufe, ruffe

France, 1907 : Bourru, hargneux, désagréable. Ce mot se retrouve dans l’anglais rough (prononcez reuf), rude, grossier, et a quelque analogie avec l’italien ruvido, même sens. On dit, en parlant d’un vin âpre, qu’il est rufe. Patois du Centre.

Rufer

France, 1907 : S’agiter, se remuer ; du vieux français rufer, brûler.

Ruffant

France, 1907 : Chaud ; du latin ruffare, roussi. Abbaye ruffante, four à chaud.

Ruffian

Delvau, 1864 : Accouplement de Ruffi et d’Anus. Mot qui s’est introduit en France au XIIe siècle, et n’a été en vogue qu’à la fin du XVe, quand l’italianisme déborda dans l’idiome gaulois. Ce mot avait alors différentes significations, telles que : lénon, proxénète, débauché, habitué de mauvais lieu, etc. Aujourd’hui, il signifie tout bonnement maquereau.

Elle introduit dans ma maison,
Son rufien, qui sait fort bien
Faire son profit de mon bien.

J. Grévin.

On l’accusait d’avoir fait quelquefois le ruffian à son maître.

Tallemant des Réaux.

Je suis ruffian, et m’en vante.

A. Glatigny.

France, 1907 : Ce mot, qui a perdu son ancienne signification, s’appliquait à l’amant d’une veuve ou d’une femme mariée : « Le ruffian de Madame la marquise. » Il est encore employé dans ce sens en Bourgogne, conformément à son origine italienne : ruffiano, maquereau, souteneur. Dans le peuple des villes et des campagnes, l’amant d’une femme mariée est appelé maquereau.

Ruffieu

d’Hautel, 1808 : Un vieux ruffieu. Terme de mépris. Homme dépravé, adonné au libertinage, et que l’âge n’a pu rendre à des mœurs et à des plaisirs honnêtes.

Ruffle

France, 1907 : Vent d’orage. Vieux mot.

Ruine-maison

Delvau, 1866 : s. m. Homme prodigue, extravagant, — dans l’argot du peuple.

Ruineux

d’Hautel, 1808 : Bâtir sur des fondemens ruineux. Fonder ses espérances sur des choses qui n’ont aucune solidité.

Ruisseau

d’Hautel, 1808 : Traîner quelqu’un dans le ruisseau. Le maltraiter par des paroles grossières et offensantes, l’injurier, le calomnier, en dire pis que pendre.

Ruisselant d’inouïsme

Delvau, 1866 : adj. Extraordinairement inouï. L’expression appartient à M. Philoxène Boyer, — à qui on fera bien de ne pas la voler.

France, 1907 : Extraordinaire, merveilleux ; argot boulevardier.

Rule, Britannia

France, 1907 : Gouverne, Angleterre. Commencement de l’hymne patriotique anglais, où John Bull se vante de posséder l’empire du monde.

Rumfort (voyage à la)

Rigaud, 1881 : Voyage véritable ou simulé, entrepris dans le but d’échapper aux étrennes du premier de l’an. — Voyage économique ; allusion à la soupe économique dite : « À la Rumfort ».

Ruolzé

Delvau, 1866 : adj. Ce qui brille sans avoir de valeur intrinsèque, ce qui a une élégance ou une richesse de surface, — par allusion au procédé de dorure et d’argenture découvert par Ruolz. Existence ruolzée. Vie factice, composée de fêtes bruyantes, de soupers galants, d’amis d’emprunt et de femmes d’occasion, mais dont le bonheur est absent. Jeunesse ruolzée. C’est notre Jeunesse dorée, et elle vaut moins, quoiqu’elle soit aussi corrompue.

Ruouet

M.D., 1844 : Un porc.

Rup

Delvau, 1866 : adj. Grand, noble, élevé, beau, riche, élégant, — dans l’argot des faubouriens et des filles. Francisque Michel fait venir ce mot du bohémien anglais rup et de l’indoustan rupa, argent, — d’où roupie. Pendant qu’il y était, pourquoi n’a-t-il pas fait descendre ce mot d’un rocher (rupes) ou d’une falaise (rupina) quelconque ? On dit aussi Rupart.

France, 1907 : Riche, généreux. Abréviation de rupin.

— Dans ma petite jugeotte, un monsieur qui traite son cocher d’imbécile et qui lui donne dix francs pour une course d’un quart d’heure, ça doit être un banquier qui lève le pied, ou quelque chose d’approchant, un mangeur de grenouilles, enfin ! À part ça, j’ai rien à lui reprocher. Pour un client rup, c’est un client rup. Huit francs cinquante de pourboire ! Je trouve pas ça tous les jours sous le sabot de Cocotte !

(Odysse Barrot, Le Mari de la princesse)

Rup, rupart, rupin

Larchey, 1865 : Seigneur, élégant, riche.

Madame, en v’là un rup ! il m’a dit de garder la monnaie pour moi.

Jaime.

Pour enfoncer un rupiné, Je sers d’exemple. Malheur à qui contemple Mon petit minois chiffonné.

Mouret, Ch., 1846.

V. Rebâtir, Bigorne, Caloquet. Se prend adjectivement.

tu étais dans une société assez rup.

Montépin.

faisons un petit bout de toilette que chacun soit rupin.

Chenu.

Rupe, rupin

Rigaud, 1881 : Riche ; élégant, comme il faut. Homme rupe, femme rupe.

Rupin

anon., 1827 : Gentilhomme.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Noble, gentilhomme.

Bras-de-Fer, 1829 : Gentilhomme.

Clémens, 1840 : Élégant, bien mis.

un détenu, 1846 : Riche, bien mis, bien habillé.

Halbert, 1849 : Fameux, beau.

Delvau, 1866 : s. et adj. Homme riche ; fashionable, mis à la dernière mode, — ou plutôt à la prochaine mode. C’est le superatif de Rup.

Le rupin même a l’trac de la famine.
Nous la bravons tous les jours, Dieu merci !

dit la chanson trop connue de M. Dumoulin. On dit aussi Rupiné.

Rigaud, 1881 : Malin.

Boutmy, 1883 : adj. Distingué, coquet, bien mis. N’est pas particulier à l’argot typographique. Quelques-uns diront rupinos.

La Rue, 1894 : Riche, élégant. Malin.

Virmaître, 1894 : Homme riche, calé, cossu. Au superlatif rupinskoff, alors c’est un homme pourri de chic. Les souteneurs disent à leur marmite :
— Lève donc le gonce, il est rupin, il doit être au sac (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Riche, bien mis.

Hayard, 1907 : Riche.

France, 1907 : Riche, élégant, beau. Ce mot est dérivé du bohémien rup, venant lui-même de l’indoustani rupa, roupie, argent.

Il suffit d’une rosse pour faire tort à des centaines de pauvres bougres. Ainsi, avant-hier, aux Halles, un monsieur très rupin payait des soupes à tout le monde. Il en a fait distribuer plus de deux cents ; seulement, quand la marmite a été vide, tout le monde n’en avait pas eu. Alors les derniers arrivés se sont mis à engueuler le monsieur ; ils ont ramassé des trognons de choux et les lui ont jetés sur sa fourrure et sur son haut de forme. Si jamais on l’y repince, celui-là, à payer des soupes aux Halles !…

(Guy Tomel, Le Bas du pavé parisien)

Le mot est employé comme substantif :

Ya des chouett’s gens
Qu’a des argents
Et d’la bedaine ;
Ya pas d’lapins,
Ya qu’des rupins,
À la Madd’leine.

(A. Bruant)

Féminin : rupine.
On dit aussi rupard, ruparde et rupiné.

Rupine

anon., 1827 : Dame.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Dame comme il faut.

Bras-de-Fer, 1829 : Dame.

Halbert, 1849 : Dame bien mise.

Delvau, 1866 : s. f. Drôlesse, fille à grands tralalas de toilette et de manières.

Rupinskoff

France, 1907 : Très bien, excellent.

En province, c’est un peu comme à Paris : les souteneurs de l’autorité ont l’habitude d’assommer — le plus qu’ils peuvent — tous les pauvres diables d’ouvriers et de trimardeurs qui leur tombent sous la coupe.
Aussi, en province comme à Paris, le populo a-t-il dans le nez toute l’engeance policière.
Et même, nom de Dieu ! ce qui est rupinskoff, c’est que ce sentiment de répulsion pour la pestaille paraît être international.

(Le Père Peinard)

Rupiole

France, 1907 : Demoiselle.

Ruppin

anon., 1907 : Être riche.

Rural

Rigaud, 1881 : Nom donné par les souteneurs de la Commune à quiconque était partisan du gouvernement établi à Versailles. Rural était synonyme de « conservateur ». Le mot a vécu.

Ruraux

France, 1907 : Sobriquet donné par les Parisiens aux membres de la Chambre des députés qui, en 1871, signèrent le désastreux traité de paix. Cette Chambre était composée en grande partie de députés conservateurs de la province.

Une Chambre se réunit en grande partie formée par les soins et sous les menaces et la pression des Prussiens, avec mandat de traiter de la paix : aussi, quelle Chambre !!! jamais on n’en vit une pareille, c’est la plus complète collection de palmipèdes qui se puisse voir ; recrutée en dépeuplant les basses-cours des fermes des départements. Ces oies ne furent même pas les oies du Capitole. On les baptisa du nom, à mon avis bien anodin et bien poli, de ruraux ; ils sont, certes, les cryptogames du fumier électoral, et des plus vénéneux encore.

(C. Matel, Les Étrivières)

Rusé

d’Hautel, 1808 : Une rusée commère. Terme de mépris. Femme dégourdie, adroite et subtile, qui en sait long, et dont il faut se méfier.

Rusée au jeu (être)

Delvau, 1864 : Savoir ce qu’il faut faire pour amuser les hommes et leur procurer de vives jouissances, comme le casse-noisette, la patte d’araignée, la feuille de rose, etc.

Tu me portes la mine d’être un jour bien fine et rusée à ce jeu.

Mililot.

Rusquin

anon., 1827 : Écu.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Pièce d’argent.

Bras-de-Fer, 1829 : Écu.

Halbert, 1849 : Écu.

Rigaud, 1881 : Écu, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Écu, abréviation de saint-frusquin. Voir ce mot.

Rusquiner

France, 1907 : Gagner des écus ; argot des voleurs.

Russe (grattez le)

France, 1907 : Grattez le Russe, vous trouverez le Cosaque ; grattez le Cosaque, vous trouverez l’ours. Ce dicton, qui fait allusion au vernis de civilisation des Russes, relativement sortis de l’état barbare, s’applique aux gens dont de beaux dehors masquent les vices.

Russes

France, 1907 : Favoris courts.

Russes (bas ou chaussettes)

France, 1907 : Bandes de toile dont on s’enveloppe les pieds ; argot militaire, On dit aussi polonaises.

De bas russes tu garniras
Tes bottes où tu plongeras
Les dix arpions de tes pieds plats.

(Les Commandements du cavalier)

Rustau

France, 1907 : Recéleur de campagne ; argot des voleurs.

Le remisage tenu par le rustau qui est le fourgat des voleurs ou assassins de grandes routes travaillant en province et opérant jusqu’à l’étranger.

(Mémoires de M. Claude)

Rustaud

d’Hautel, 1808 : Pour dire impoli, grossier, brusque, sans éducation.
Un gros rustaud. Pour dire un gros paysan, un butor.

Ruste

France, 1907 : Vigoureux, fort ; vieux français.

Rustique

d’Hautel, 1808 : Mot vulgaire que l’on applique aux personnes et aux choses.
Il est rustique. Se dit d’un homme fort vigoureux, et d’une belle stature.

Halbert, 1849 : Greffier.

Larchey, 1865 : Greffier. — Rustu : Greffe (Bailly).

Delvau, 1866 : s. m. Greffier, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : s. m. Décor représentant un intérieur villageois. Argot des coulisses.

France, 1907 : Greffier de tribunal, appelé ainsi par les voleurs à cause de ses manières généralement bourrues.

Rustu

Halbert, 1849 : Greffe.

Delvau, 1866 : s. m. Greffe.

France, 1907 : Greffe.

Rustuc

La Rue, 1894 : Greffe. Rustique, greffier.

Rut

Delvau, 1864 : Ardeur vénérienne.

Mais Jeanne tout en rut s’approche et me recherche
D’amour ou d’amitié, duquel qu’il vous plaira.

Regnier.

Le corps en rut, de luxure enivré.
Entre en jurant comme un désespéré.

Voltaire.

Si son esprit l’eût arrêté,
Elle eût mis en rut le conclave
Et fait bander sa sainteté.

Collé.

Rutière

Delvau, 1866 : s. f. Fille publique d’une catégorie à part décrite par Vidocq (p. 73).

Rigaud, 1881 : Fille et voleuse de joie.

La Rue, 1894 : Fille publique et voleuse.

Virmaître, 1894 : Voleuse ou fille publique, souvent les deux à la fois (Argot des voleurs).

France, 1907 : Fille publique qui raccroche dans les rues et qui vole à l’occasion.

Rutilant, rutilante

Virmaître, 1894 : Il est rutilant (joyeux). Elle est rutilante, resplendissante de fraîcheur et de beauté. Une chose est rutilante (éclatante). Ce mot est très français, mais il est employé par le peuple dans un tout autre sens que celui indiqué par les dictionnaires classiques (Argot du peuple). N.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique