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Pose

Pose

Larchey, 1865 : Exhibition mensongère d’un défaut, d’une qualité, d’un scintillent ou d’un avantage qu’on ne possède pas.

L’amour platonique !… en voilà une pose !

Gavarni.

Delvau, 1866 : s. f. Tour, — dans l’argot du peuple qui a emprunté ce mot aux joueurs de dominos qui posent le leur à tour de rôle. À moi la pose ! dit parfois un ouvrier, qui vient de recevoir un coup de pied, en lançant un coup de poing à son adversaire.

Delvau, 1866 : s. f. Affectation de sentiments qu’on n’a pas, — vices ou vertus ; étalage de choses qu’on ne possède pas, — maîtresses ou châteaux. Lacenaire a bien imaginé la pose au meurtre !

Pose (être à la)

Fustier, 1889 : Afficher de grandes manières, des prétentions de grand seigneur.

Elle est bonapartiste, la famille à papa ; c’est pas à la pose du tout.

(Vie parisienne, 1882.)

Pose (faire de la)

France, 1907 : Prendre des airs de supériorité.

Mais la nuit est proche,
Du bord on s’approche ;
On entend la cloche
Des hôtels sonner ;
La baigneuse rose,
Sa maman morose,
Les gens à la pose,
Tout s’en va diner.

(L. Xanrof)

Pose (la faire à la)

Rigaud, 1881 : Chercher à éblouir la galerie, soit par ses manières, soit par sa conversation.

Pose ta chique et fais le mort

Virmaître, 1894 : Reste tranquille et ne parle pas (Argot du peuple).

Poser

Delvau, 1864 : Faire valoir habilement, aux yeux des femmes, les avantages qu’on possède dans son pantalon, par exemple eu se cambrant et en se présentant de profil.

Larchey, 1865 : Se laisser mystifier.

Il croyait toujours qu’on allait ce qui s’appelle le faire poser et se moquer de lui.

Méry.

Larchey, 1865 : Mettre en évidence.

Voilà un ménage qui pose une femme.

(Balzac)

C’est une manière ingénieuse… ça pose un homme.

L. Reybaud.

Larchey, 1865 : Chercher à paraître ce qu’on n’est pas.

Que cherches-tu sous les meubles ? — Le naïf pour qui tu poses.

E. Augier.

Pose et Poser sont donc substantif et verbe d’un sens vif et prompt, mais d’acceptation nouvelle, laquelle nous vient des arts et a bientôt passé dans le torrent du discours. Poser, c’est ne point vouloir être soi. Pendant le sombre procès de Tulle, toutes les femmes ont posé Mme Lafarge. Hélas ! des êtres sans méchanceté pour deux liards avaient posé Lacenaire quelque temps auparavant, etc., etc.

Luchet.

L’homme qui pose se place généralement dans la situation qu’il sait la plus favorable, aux avantages physiques que lui a ou que ne lui a pas donné la nature.

Ed. Lemoine.

Delvau, 1866 : v. n. Afficher des sentiments ou des vices qu’on n’a pas ; se vanter de succès et de richesses imaginaires. Signifie aussi Tirer avantage de qualités morales ou physiques qu’on a ou qu’on croit avoir. Poser pour le torse. Passer pour un garçon bâti comme l’Antinoüs. Poser pour la finesse. Se croire très fin, très malin.

Delvau, 1866 : v. a. Mettre en évidence. Se poser. Faire parler de soi.

Rigaud, 1881 : Attendre depuis longtemps. — Être mystifié. — Se donner de l’importance. — Chercher à faire valoir ses avantages, soit physiquement, soit moralement, en prenant une attitude étudiée.

La Rue, 1894 : Attendre longtemps. Faire valoir les avantages que l’on croit posséder. Se vanter. Afficher des sentiments ou des vices que l’on n’a pas. Poser un lapin. V. Lapin.

Poser (faire)

Delvau, 1866 : Faire attendre, mystifier, se moquer des gens.

Rigaud, 1881 : Faire attendre longtemps, faire attendre en vain. — Mystifier.

France, 1907 : Mystifier, se moquer de quelqu’un.

Plus tard, Jeanne fait ses débuts dans le monde et y obtient un succès qu’elle trouve naturel, tant la femme aime la flatterie. Elle s’amuse, fait poser les hommes et s’en fie au hasard du soin de lui trouver un mari.

(Albert Dubrujeaud)

Poser (se)

France, 1907 : Se faire valoir. « Se poser en matador quand on n’est qu’un capon. »

Ils sont de lui ces mots publics, tant colportés dont chacun faisait dans sa femme un trou plus mortel qu’une balle.
Un jour, comme il jouait aux cartes, il entendit qu’un jeune homme se vantait dans son dos d’avoir passé par l’alcôve d’Hélène.
C’était un fat qui cherchait une affaire pour se poser ; mon cousin le toisa et lui dit avec un détachement parfait :
— Monsieur, nous l’avons eue avant vous.

(Hugues Le Roux)

Poser culotte

Rigaud, 1881 : Aller aux cabinets inodores.

Poser des lapins

France, 1907 : Se procurer sans payer des femmes dont l’amour est tarifé.

Trop fier pour faire un mendiant, trop poltron pour faire une escarpe, trop flemmard pour faire un maçon, un croque-mort ou un employé de ministère, il a imaginé de poser des lapins comme d’autres les élèvent, en s’en faisant deux ou trois mille livres de rentes.

(Georges Courteline)

Un frocard, qui tentait de poser un lapin
À gentille nonnain qu’il croyait fort novice,
Par ces mots foudroyants fut arrêté soudain :
À l’œil, mon père ! ah non ! pas d’argent, pas de cuisses !

(A. B. Commodore, Le Tam-Tam)

Poser et marcher dedans

anon., 1827 : S’embrouiller.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : S’embrouiller, se couper, perdre la tête.

Bras-de-Fer, 1829 : S’embrouiller.

Halbert, 1849 : S’embrouiller, se vendre.

Rigaud, 1881 : S’embrouiller, perdre la tête. (Mémoires d’un forçat, 1829.) C’est mot à mot : après avoir sacrifié à la Cie Lesage, mettre le pied en plein dans l’holocauste.

Poser l’ensemble

France, 1907 : Poser pour le nu ; argot des peintres.

Poser pour la galerie

France, 1907 : Faire le beau ; prendre devant le public des poses avantageuses de façon à se faire admirer.

Des degrés du Parlement descendirent les ratés de a politique et les libidineux sénateurs. Ils causaient entre eux, plaisantaient, se montraient le public. Ils étaient gras, bien portants, robustes, en face de cette hâve multitude, tel un bon morceau de bifteck devant un lion maigre, et j’admirais la barrière morale qui sépare l’oppresseur de l’opprimé. De quoi parlaient-ils ? Qu’agitaient-ils dans leurs cervelles vides et confuses ? Les uns avaient des favoris, d’autres de la barbe ; d’autres étaient imberbes comme des comédiens et ils posaient pour la galerie, s’arrêtant sur les marches, pérorant à grands gestes… On les accusait de tripotages et de déprédations innombrables ; mais, comme ils servaient d’intermédiaires entre les autres pouvoirs et qu’ils faisaient les lois, ils se soustrayaient toujours eux-mêmes à des châtiments d’ailleurs illusoires !

(Léon Daudet)

Poser pour le torse

Larchey, 1865 : « Le torseur emprunte tous ses effets à son torse, toujours bardé d’une cravate à gros nœuds et d’un gilet bien étudié. Le torseur projette sa poitrine sur le devant d’une loge ou dans l’embrasure de portes d’un salon, ou dans l’intervalle de deux rideaux de croisées. » — Roqueplan.

Rigaud, 1881 : Faire des effets de plastron. Quand on n’est pas très joli garçon, c’est une manière comme une autre d’attirer l’attention des femmes qui, comme Brid’oison, s’attachent à la forme.

Poser sa chique

Larchey, 1865 : Garder le silence. — V. Chique.

Le roi règne sans gouverner. Si le nôtre un jour s’en écarte, Qu’il aille interroger la Charte ! Elle lui répondra d’abord : Pos’ta chique et fais l’mort.

Paris chantant, Jules Leroy.

Rossignol, 1901 : Se taire, s’abstenir.

France, 1907 : Se taire.

J’entendrais parler d’République,
Généraux, miniss’s, sénateurs,
Députés… enfin toute la clique
D’ceuss’ qui nous promett’nt el’ bonheur,
Et sous prétesqu’ qu’i’s sont nos maîtres,
Faudrait tair’ ma gueul’ devant eux ;
Faudrait que j’pos’ ma chiqu’ ; peut-être
Qu’i’s prenn’nt le peupl’ pour un mmerdeux !

Poser sa pêche

France, 1907 : Faire ses besoins.

À moins qu’on rentr’ dans eun’ boutique
Comm’ cell’ d’à l’instant d’où que j’sors ;
J’avais besoin d’pousser ma chique,
J’pouvais pas la pousser dehors,
Comm’ j’étais pressé, je m’dépêche,
Ej’me faufil’ comme un cabot,
Et j’pos’ délicat’ment ma pêche
Dans eun’ espèce d’lavabo.

(Aristide Bruant)

Poser un factionnaire

France, 1907 : Laisser un souvenir…

En un lieu écarté
Où, pour se mettre à l’aise, ou à la liberté.

À propos de ce genre de factionnaires, le commandant A. Longuet raconte dans ses Méditations de caserne une crânerie entre des milliers que nos soldats firent pendant la guerre d’Espagne. Il s’agit d’un sous-officier du 6e léger. « Ce régiment passait en vue des avant-postes anglais ; un sergent quitte la colonne, et s’avance à portée de pistolet d’une vedette. Il met sac à terre, tourne le dos à l’ennemi, et prend cette position où les genoux sont plus élevés que la partie sur laquelle on s’assoit. L’Anglais, irrité d’un pareil outrage, arrive au galop, croyant avoir bon marché du provocateur. Celui-ci se redresse, toutes voiles déployées, et, sans bouger un pied, fait face en arrière par le haut du corps, ajuste et couche le cavalier ; puis il continue… son factionnaire. »

Poser un gluau

Delvau, 1866 : v. a. Préparer une arrestation, trouver un individu que l’on cherchait, savoir où il loge et où il fréquente, pour n’avoir plus qu’à le grappiner à la première occasion. Argot des voyous et des voleurs. Se faire poser un gluau. Se faire mettre en prison.

Virmaître, 1894 : Ce ne sont pas les oiseaux qui se prennent dans ce gluau-là mais le plus souvent les pieds (Argot du peuple).

France, 1907 : Arrêter, emprisonner.

Poser un lapin

Rigaud, 1881 : Mystifier, se moquer du pauvre monde. — Poseur de lapins, farceur, mystificateur.

Émile Zola n’est pas un naturaliste, c’est-à-dire un poseur de lapins.

(E. Bergerat, La Vie moderne, 21 fév. 1880.)

Rigaud, 1881 : Flouer une femme. Poseur de lapins, homme qui floue les femmes.

Poser un ours

Boutmy, 1883 : V. Ours.

Poser un ramoll

Fustier, 1889 : Argot des voyous non conformistes qui désignent ainsi la mise en action de certaine pratique honteuse dont parle le livre du Dr Tissot, et sur laquelle il est inutile d’insister. Cette expression, véritablement imagée, fait songer au ramollissement du cerveau ou de la moelle épinière dont finissent par être atteints la plupart du temps les disciples d’Onan.

Poser une pêche

Rossignol, 1901 : Voir flasquer.

Poses (faire des)

Rigaud, 1881 : Interposer des cartes préparées dans un jeu loyal.

Poseur

France, 1907 : Vaniteux, homme qui étale sa sottise.

Si vous voulez voir passer sous vos yeux quelques variétés de l’espèce, lisez les Kamtchatka, la brave et joyeuse satire où Léon Daudet vient de bâtonner tous ces farceurs-là, comme au dénouement des Précieuses. Vous rirez, vous vous amuserez, certes, mais votre sensation définitive sera plutôt triste. Car, hélas ! l’auteur vous fera toucher du doigt cette pénible vérité, que l’infériorité de l’esprit finit par se communiquer au cœur, que la sottise est sœur de la méchanceté et que souvent, dans un poseur, il y a le germe d’un scélérat.

(François Coppée)

Les orateurs étaient des convaincus, un peu fous pour la plupart, ou bien des poseurs, tenant à parader sur une tribune, qui faisaient les propositions les plus renversantes, formulaient les plans de guerre les plus extravagants.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

Poseur de lapins

France, 1907 : Individu sans scrupules qui se procure gratis ce que certaines femmes ont coutume de vendre.

Le poseur de lapins se distingue du commun des hommes en ce que, né vertueux, il aime à voir lever l’aurore. Imiter à la perfection le rude accent des princes valaques, faire sonner l’or en ses goussets exclusivement garnis de frêles cuivreries chipées soit à des garçons de bains, soit à des croupiers de tripots, exceller à enjamber, plus léger que le zéphyr lui-même, un jeune corps endormi qui lui barre le chemin : tels sont les talents de société qui le recommandent à l’attention du philosophe maquereaulogiste.

(Georges Courteline)

Lé mot s’emploie aussi dans le sens de fumiste, hâbleur, faiseur de dupes.

Pour faire un candidat potable, il faut foutre les scrupules au rancart ; il faut être hâbleur, épateur, esbrouffeur, posticheur, cajoleur, hypocrite, metteur, poseur de lapins, monteur de bateaux, marchand d’orviétan… Il faut avoir tous les cynismes, nom de dieu !

(Le Père Peinard)

Et ceci démontre à gogo
À quelle blague un Lamartine
Peut en venir quand il tartine
Et quel poseur de lapins fut Hugo !

(Émile Bergerat)

Poseur, poseuse

Rigaud, 1881 : Homme, femme, qui affecte des allures ou un langage étudié. — Celui, celle qui cherche à produire de l’effet au moyen d’une attitude étudiée. Au théâtre, le poseur fait des effets de torse ; il projette sa poitrine sur le devant d’une loge, lorgne avec affectation ; au bal, il s’accoude sur le marbre de la cheminée ; au Bois de Boulogne, il fait piaffer sa monture devant les équipages de luxe ; dans la conversation, il récite avec emphase une tirade politique lue, le matin, dans un journal, ou il traite une question d’art étudiée, la veille, dans un livre. — La poseuse fait des effets de toilette.


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