AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Nez

Nez

d’Hautel, 1808 : Nez de betterave. Gros nez enluminé, comme l’est ordinairement celui d’un ivrogne.
Nez fleuri. Pour dire, bourgeonné, plein de boutons, causés par la débauche de vin.
Cela ne paroît pas plus que le nez du milieu du visage. Pour dire qu’une chose est très-ostensible.
Heureux comme un chien qui se casse le nez. Pour dire qu’un homme n’a pas de bonheur ; que rien ne lui réussit.
Ce n’est pas pour ton nez. Pour, ce n’est pas pour toi.
Il a un pied de nez. Pour, il est confus, il est honteux de n’avoir pas réussi.
Saigner du nez. Se dédire, reculer dans une affaire de cœur, lâcher le pied, faire le poltron ; se retirer honteusement.
Tirer les vers du nez. Interroger quelqu’un finement ; sonder sa pensée ; lui faire avouer, ou découvrir son dessein.

Delvau, 1864 : Le vit ; — que l’on juge d’après le nez : plus il est fort, mieux il se fait sentir.

Ah ! quel nez (bis)
Tout l’ monde en est étonné.

Guinard.

Belles, jamais ne prenez
Ceux qui n’ont pas un grand nez.

Collé.

Grand nez, grand vit, dit un vieux proverbe.

Œil étincelant,
Doigt vif et galant,
Nez de bon augure
Et bonne figure.

Dauphin.

Delvau, 1866 : s. m. Mauvaise humeur. Faire son nez. Avoir l’air raide, ennuyé, mécontent.

Delvau, 1866 : s. m. Finesse, habileté, adresse. Avoir du nez. Flairer les bonnes affaires, deviner les bonnes occasions. Manquer de nez. N’être pas habile en affaires.

La Rue, 1894 : Mauvaise humeur. Faire son nez, bouder. Avoir du nez, flairer les bonnes occasions. Se piquer le nez, se griser.

Nez (avoir dans le)

Delvau, 1866 : v. a. Détester une chose ou quelqu’un. C’est le Ne pouvoir sentir de l’argot des bourgeois.

France, 1907 : Détester quelqu’un, ne pouvoir le sentir. Expression figurée fort expressive.

Le gros capitaine harcelait partout la petite, dans la salle quand ils étaient seuls, dans les escaliers, dans le corridor et jusque dans la cuisine. Il cherchait à la pincer, à lui prendre la taille, le menton, tout ce qu’il pouvait. Il ne se décourageait pas malgré sa résistance et les rebuffades dont elle l’accablait : « Non, non ! criait-elle, laissez-moi tranquille, je ne veux pas de vous, je vous abomine, je vous ai dans le nez.

(Les propos du Commandeur)

C’est pas qu’j’ay l’cœur à la tendresse,
Mais j’suis jaloux. Vous comprenez :
Ej’ veux pas qu’on r’trouss’ ma gonzesse,
V’là pourquoi qu’j’ai Polyt’ dans l’nez.

(Aristide Bruant)

Nez (avoir du)

Rigaud, 1881 : Pressentir les bonnes occasions, arriver aux bons moments. On dit également : Avoir le nez creux.

France, 1907 : Être habile, avoir de l’intuition, de la prévoyance. On dit aussi : avoir bon nez. « Avoir bon nez, dit l’auteur anonyme des lestres proverbes, parus à Lyon en 1654, c’est être prévoyant, prudent, judicieux, ou doué de quelque autre vertu… Les physionomistes qui jugent des passions et affections de l’âme par l’apparence des traits extérieurs, tirent de grands indices de la forme du nez. Ils disent que ceux que ont le bout du nez grêle sont prompts et colères ; ceux qui l’ont plein et retroussé comme les lions et les dogues sont forts et présomptueux ; ceux qui ont le nez long, grêle et aigu, de même ; ceux qui l’ont gros et plat sont réputés méchants ; les nez penchants sont indice d’honnéteté ; les droits, de basserie et de babil ; les aigus, de colère ; les gros, de volupté ; les camus, de paillardise et d’impudence ; les courts, de dol et de rapine ; les ronds et estoupés, de stupidité, de bêtise et de fureur ; les tortus de confusion, de trouble d’esprit ; les aquilins, de magnificence et d’une nature excellente, etc. Par allégorie, tons ceux qui par prudence prévoyent les choses et y pourvoient sagement soit dits avoir bon nez par comparaison avec les chiens qui conjecturent et connaissent par le moyen de l’odorat où ils doivent tirer. »
Il faut avoir du nez pour estre pape, dit un proverbe du XVIe siècle.
Lavater a depuis longtemps apporté de nouvelles éclaircies et condensé ce fatras. « Un beau nez ne s’associe jamais avec un visage difforme, dit-il : on peut être laid et avoir de beaux yeux, mais un nez régulier exige une heureuse analogie des autres traits. Aussi voit-on mille beaux yeux contre un seul nez parfait. Un beau nez suppose toujours un caractère excellent et distingué. » Aquilin, en bec d’aigle, il dénote la force et le courage ; évasé, refrogné au bout, l’ironie et l’hilarité.
Le gros nez est très répandu parmi les épiciers, les bourgeois, les boursiers et les maquignons.
Le gros nez finissant en poire appartient aux marchands heureux et aux hommes en place.
Le gros nez boursouflé, aux limonadiers, aux maitres d’hôtel et aux valets de chambre.
Le gros nez bourgeonné, aux campagnards et aux ivrognes.
Le nez mince, sec, difforme, dénote la peur ou la lâcheté.
La narine étroite, nacrée, diaphane indique a volupté.
Chez les femmes, cette narine accompagne une tête mutine, un minois provocant.
La narine large dénonce le travail acharné dès l’enfance.
Celui qui a des excroissances de chair sur le nez est de caractère sanguin ou lymphatique, mais, dans les deux cas, s’emporte facilement.
Enfin, celui dont le nez s’attache au front par une ligne très courbe est presque toujours excentrique et tant soit peu disposé à la folie.

Nez (avoir un)

France, 1907 : Être désappointé.

Le petit cornichon de lieutenant en avait un nez quand il a vu la donzelle qu’il chauffait depuis une heure filer avec le sergent-major !

(Les Joyeusetés du régiment)

On dit dans le même sens : faire un nez.

On se mouilla encore d’une tournée générale ; puis on alla la Puce qui renifle, un petit bousingot où il y avait un billard. Le chapelier fit un instant un nez parce que c’était une maison pas très propre. Le schnick y valait un franc le litre.

(Émile Zola, L’Assommoir)

Nez (ce n’est pas pour ton) !

Delvau, 1866 : Ce n’est pas pour toi. On dit aussi : Ce n’est pas pour ton fichu nez ! On trouve cette expression dans Mathurin Régnier (Satyre XIII) :

Ils croyent qu’on leur doit pour rien la courtoisie,
Mais c’est pour leur beau nez.

dit la vieille courtisane à une plus jeune qu’elle veut mettre en garde contre les faiblesses de son cœur.

Nez (faire son)

Larchey, 1865 : Montrer son désappointement.

Nous nous sommes payé le billard, j’en ai rendu vingt-cinq de trente à Lahure, qui faisait un nez aussi long que sa queue de billard.

Voizo, Ch.

Rigaud, 1881 : Bouder, être désappointé. — Se piquer le nez, se griser. — Avoir quelqu’un dans le nez, détester quelqu’un. Montrer le bout de son nez, faire acte de présence, s’esquiver après une très courte apparition.

France, 1907 : Paraître de mauvaise humeur.

La fille de la mère Baptiste, celte petite rosse d’Irma, faisait son nez toute la semaine parce que la gargotière ne voulait pas la laisser sortir le dimanche avec son galant.

(Les Propos du Commandeur)

Nez (prendre dans le)

Rigaud, 1881 : Réprimander, faire des observations ; variante de moucher. — Se faire prendre dans le nez, s’attirer des observations.

Nez (se piquer le)

France, 1907 : S’enivrer.

Lui se piquait le nez proprement, sans qu’on s’en aperçût… Le zingueur, au contraire, devenait dégoûtant, ne pouvait plus boire sans se mettre dans un état ignoble.

(Émile Zola, L’Assommoir)

On dit aussi mettre son nez dans le bleu.

Nez creux (avoir le)

Delvau, 1866 : v. a. Avoir le pressentiment d’une chose, d’un événement ; flairer une bonne occasion, une bonne affaire. Signifie aussi Arriver quelque part juste à l’heure du dîner. On dit aussi Avoir bon nez.

France, 1907 : Avoir de la perspicacité. Les nez creux ont plus de capacité que les autres et pour le vulgaire ils doivent flairer davantage et, comme les bons chiens, sentir de loin. Voir Nevers.

La gamine virait et tournait autour du vieux commandant ; elle savait qu’il avait toujours le gousset garni non de pastilles de chocolat ou de tablettes de sucre d’orge dont elle n’avait cure, mais de jolies piécettes d’argent qu’ardemment elle convoitait. Elle avait déjà le nez creux.

(Les Propos du Commandeur)

C’est un riche armateur du Havre ;
Sa fille unique eut le nez creux,
Un gas, fin matelot, voilà son amoureux !
Mais le père, que cela navre,
Lui dit : « Ton choix n’est pas heureux,
Je ne veux pas d’un gendre aussi gueux qu’un cadavre. »

(Jean Richepin)

Nez culotte

Rossignol, 1901 : Nez rouge.

Il n’a pas le nez culotté de sucer de la glace.

Nez culotté

Virmaître, 1894 : Nez d’ivrogne. Dans le peuple on dit :

— Si on lui pressait le piton il en sortirait du vin.

Le nez culotté a été célébré par Ch. Colmance :

Un nez culotté ;
Piquante parure,
Gracieuseté
De dame nature.
Heureux l’effronté doté
D’un nez culotté.

Il y a des nez culottés qui coûtent plus cher que s’ils étaient en or (Argot du peuple).

Nez dans lequel il pleut

Delvau, 1866 : s. m. Nez trop retroussé, dont les narines, au lieu d’être percées horizontalement, l’ont été perpendiculairement. C’est le Nez en as de treuffle de Rabelais.

Nez de chien

Rigaud, 1881 : Mélange de bière et d’eau-de-vie.

France, 1907 : Mélange de bière et d’eau-de-vie, ce qui procure une prompte intoxication ; aussi dit-on, pour : être ivre, avoir le nez de chien.

Nez du pape

France, 1907 : Le croupion d’une volaille, le bonnet d’évêque. Les Anglais disent parson’s nose, le nez du curé.

Nez en pied de marmite

Rigaud, 1881 : Nez court et gros du bout.

Rossignol, 1901 : Nez retroussé.

France, 1907 : Nez court et gros.

Nez où il pleut dedans

Rigaud, 1881 : Nez à la Roxelane. « Pour un peu plus on y verrait la cervelle », dit le peuple, en parlant de ces sortes de nez.

Nez passé à l’encaustique

Rigaud, 1881 : Nez auquel l’usage fréquent de la boisson a donné une belle couleur brique-rouge. — On dit aussi un nez qui a coûté cher à mettre en couleur, par allusion au nombre de bouteilles payées au marchand de vin avant d’arriver à la coloration du nez.

Nez qui a coûté cher

Delvau, 1866 : s. m. Nez d’ivrogne, érubescent, plein de bubelettes, qui n’a pu arriver à cet état qu’après de longues années d’un culte assidu à Bacchus. On dit aussi Nez qui a coûté cher à mettre en couleur.

Nez qui a coûté cher à mettre en couleur

Larchey, 1865 : Nez dont la teinte rubiconde atteste que son porteur a payé plus d’une bouteille.

Nez retroussé

Virmaître, 1894 : Nez à narines larges et ouvertes.
— Il va te pleuvoir dans le nez.
— Elle se pleure dans le nez quand elle a du chagrin (Argot du peuple).

Nez sale (avoir le)

Rossignol, 1901 : Ivre.

France, 1907 : Être ivre. L’ivrognerie engendre la malpropreté, et les ivrognes, généralement peu soucieux de leur personne, bavent dans leur barbe et se mouchent dans leurs moustaches, ce qui a donné lieu à cette expression populaire.

Le chanteur des rues. — Do, mi, sol, do !… Sol ! sol ! sol !… Do, mi, sol, do ! (Bas.) Vieille saleté, qui dit que je suis saoul.
La femme, bas, — Dis donc, tu sais, saleté toi-même !
L’homme, même jeu, — Vrai, faut que tu en aies, du culot, pour aller dire que j’ai le nez sale !… — Do, mi, sol !… Do, mi, sol !… Sol ! sol ! — C’est toujours pas avec ce que tu m’as offert, que je me l’aurais sali, le nez !… — Sol ! sol ! Do, mi, sol ! Do, mi, sol !… Ça y est. — La Cinquantaine, romance. (Bas) Charogne ! (Haut) Premier couplet. »

(Georges Courteline)

Nez tourné à la friandise

Delvau, 1866 : s. m. Nez retroussé, révélateur d’une complexion amoureuse, — dans l’argot des bourgeois qui préfèrent Roxelane à la Vénus de Médicis.

France, 1907 : Nez retroussé. Cette sorte de nez révèle, suivant les physionomistes, une complexion amoureuse. « La belle Roxelane avait le nez tourné à la friandise. »

Nez tourné à la friandise comme Saint-Jacques de l’Hôpital

France, 1907 : Cette vieille locution maintenant hors d’usage vient de ce que le portal de l’église Saint-Jacques-de-l’Hôpital à Paris faisait face à la rue aux Oues ou Oyes qui était pleine de rôtisseurs et dont la dure oreille populaire consacrée par l’ignorance municipale a fait la rue aux Ours.

Nez-de-chien

Delvau, 1866 : s. m. Mélange de bière et d’eau-de-vie, — dans l’argot des faubouriens. Avoir le nez de chien. Être gris, — parce qu’on ne boit pas impunément ce mélange.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique