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Lapin

Lapin

d’Hautel, 1808 : Un lapin ferré. Nom burlesque que le peuple donne à un cheval.
Il trotte comme un lapin. Se dit de quelqu’un qui met une grande promptitude dans ses courses.
On dit par dérision d’une femme qui fait beaucoup d’enfans, que c’est une lapine.

Larchey, 1865 : Bon compagnon.

Ils ont appelé dans leurs rangs Cent lapins quasi de ma force.

Festeau.

C’est un fameux lapin, il a tué plus de Russes et de Prussiens qu’il n’a de dents dans la bouche.

Ricard.

L’homme qui me rendra rêveuse pourra se vanter d’être un rude lapin.

Gavarni.

Au collège, on appelle lapins des libertins en herbe, pour lesquels Tissot eût pu écrire un nouveau Traité. Lapin a aussi sa signification dans le monde des messageries.

et puis le jeune homme était un lapin, c’est-à-dire qu’il avait place sur le devant, a côté du cocher.

couailhac.

Larchey, 1865 : Apprenti compagnon.

Pour être compagnon, tu seras lapin ou apprenti.

Biéville.

Delvau, 1866 : s. m. Homme solide de cœur et d’épaules, — dans l’argot du peuple. Fameux lapin. Robuste compagnon, à qui rien ne fait peur, ni les coups de fusil quand il est soldat, ni la misère quand il est ouvrier.

Delvau, 1866 : s. m. Camarade de lit, — dans l’argot des écoliers, qui aiment à coucher seuls. On sait quel était le lapin d’Encolpe, dans le Satyricon de Pétrone.

Delvau, 1866 : s. m. Apprenti compagnon, — dans l’argot des ouvriers.

Rigaud, 1881 : Voyageur, — dans le jargon des conducteurs d’omnibus. — En lapin, placé sur le siège d’une voiture, à côté du cocher.

La Rue, 1894 : Voyageur d’omnibus. Fameux compagnon. Lapin ferré gendarme à cheval. Poser un lapin, abuser de la confiance d’une fille en oubliant de la payer, ou bien donner un rendez-vous galant à une femme et ne pas s’y rendre.

Rossignol, 1901 : Promettre une chose et ne pas la tenir est poser un lapin. Un homme qui promet de l’argent à une femme et qui ne lui en donne pas lui pose un lapin.

Rossignol, 1901 : Homme fort, courageux. Sans doute pour faire allusion aux quarante lapins du capitaine Lelièvre, qui tinrent à Mazagran tête pendant plusieurs jours à des milliers d’Arabes. C’est à la suite de ce fait d’armes que les zéphirs ont été autorisés a porter la moustache.

Rossignol, 1901 : Connu des conducteurs d’omnibus qui en étouffent le plus possible ; si ce n’est pas une grosse affaire pour le dividende des actionnaires de la compagnie, c’est toujours une augmentation de salaire pour le lapineur. Chaque voyageur qui n’est pas sonné au cadran par le conducteur, c’est pour celui-ci 30 centimes de gain, et un lapin pour la compagnie. J’en ai connu un qui trouvait que ce système n’allait pas assez vite : il avait deux clés et avant d’arriver à la tête de ligne, il descendait le cadran de vingt ou trente places. Il y a aussi le lapin pour le cocher de maison bourgeoise : c’est lorsqu’il prend un client pour une petite course pendant que son maître est au cercle ou ou en visite.

France, 1907 : Voyageur supplémentaire que prennent les conducteurs de diligence ou d’omnibus. C’était, en terme de messagerie, toute place ou tout port d’article perçu en fraude par le conducteur au détriment de son administration. De là l’expression poser un lapin.

France, 1907 : Maître de dessin à l’École polytechnique.

France, 1907 : Luron, homme fort ou courageux, solide et vaillant gaillard. On disait autrefois vieux lapin. « Plus un lapin avance en âge, dit le Dictionnaire des Ménages, plus il augmente en chair, en peau et en poil. De là l’expression vulgaire par laquelle on désigne un homme fort et solide, en disant : « C’est un vieux lapin. » Après la défense de Mazagran, du 2 au 6 février 1840, où 123 hommes des compagnies légères d’Afrique, commandés par le capitaine Leliévre, défendirent le fort contre 12,000 Arabes, l’on dit que Lelièvre avait sous ses ordres de fameux lapins.

On ne voit pas bien ce que la France, par exemple, a gagné à ce que les vieux lapins de l’Empire aient semé leurs germes triomphants chez les peuples vaincus de l’Iliade napoléonienne, car, de ses germes, quelques-uns ont pris, soit en Allemagne, soit en Italie, — Stendhal, là-dessus, est formel — et nous avons des frères et des cousins dans les armées de la Triplice.

(Émile Bergerat)

— Eh bien ! reprit Hulot, qui possédait éminemment l’art de parler la langue pittoresque du soldat, il ne faut pas que de bons lapins comme nous se laissent embêter par des chouans, et il y en a ici ou je ne me nomme pas Hulot. Vous allez, à vous quatre, battre les deux côtés de cette route… Tâchez de ne pas descendre la garde, et éclairez-moi cela vivement.

(Balzac, Les Chouans)

Par derrière un bois de sapins,
On installe souvent la cible ;
Ce qui n’empêch’ pas qu’on la crible
Par-dessus le bois de sapins.
Nous sommes de fameux lapins !
C’est l’tir pratiqu’, car à la guerre
Nos enn’mis ne s’montreront guère,
Nous sommes de fameux lapins !

(Capitaine Du Fresnel, Chants militaires, chansons de route et refrains de bivouac)

France, 1907 : Individu qui s’offre gratuitement les faveurs d’une fille galante, l’ennemi intime du chameau, dit la Vie Parisienne. On a dit de l’une de ces dames :

Adore le clicquot, très bonne fille, air mièvre,
Mais ne dînerait que de pain
Plutôt que de manger du civet ou du lièvre,
Tant elle à l’horreur du lapin.

Ab una disce omnes.

— Filou ! rasta ! lapin ! Parbleu, je m’en étais doutée. Tu étais trop malin au lit ! Mais, voyez un peu, ça se promène dans les bals, ça reluque les femmes, ça a des bagues au doigt, ça offre à souper, — à l’œil, je parie ! tu es sorti pour parler au maître d’hôtel ! — ça promet des cinq louis, ça laisse sur la cheminée des albums avec des princes et des rois… et ça n’a pas de quoi payer ses chapeaux !

(Catulle Mendès, Gog)

Luce de B…, qui vient de s’installer très luxueusement sur les grands boulevards, a baptisé l’une des pièces de son appartement du nom de « Salon de l’affichage ».
En lettres d’or sont inscrits, dans un tableau spécial, les noms de tous ces grelotteux qui passent, à tort ou à raison, pour des lapins.

(Gil Blas)

France, 1907 : Enfant ou adolescent vicieux qui remplit dans les collèges le rôle des mignons de Henri III ou celui d’Alcibiade près de Socrate. Corruption du vieux mot lespin, prostitué, giton. Dans le Satyricon de Pétrone, on trouve le type d’un joli lapin.

Lapin (coller un)

Rigaud, 1881 : Abuser de la confiance d’une femme qui vend l’amour tout fait, en oubliant de la rémunérer.

Lapin (coup du)

France, 1907 : Coup fatal, mortel. Donner le coup du lapin. On sait qu’un coup sur le museau d’un lapin le tue net.

Depuis qu’ils ont la Marseillaise,
Que l’on entend chanter partout,
Leur patriotisme est à l’aise,
Et nous n’y sommes pas du tout ;
Par chaque note qui nous pique,
Où l’amour du pays est peint,
Ce satané poème épique
Nous donne le coup du lapin !

(Julien Fauque, Ce que disent les Jésuites)

Lapin (en poser un)

Virmaître, 1894 : Promettre cinq louis à une fille, ne pas les lui donner et lui faire son mouchoir. Faire attendre quelqu’un dans la rue par dix degrés de froid (Argot des filles). N.

Lapin (en)

Delvau, 1866 : adv. Être placé sur le siège de devant, avec le cocher, — dans l’argot du peuple.

Lapin (étouffer un)

Rigaud, 1881 : Ne pas sonner une place, — dans le jargon des conducteurs d’omnibus, lorsqu’il leur arrive de frustrer leur administration de trente centimes.

Lapin (fameux)

Rigaud, 1881 : Courageux. — Lapin ferré, gendarme.

Lapin (manger un)

Boutmy, 1883 : v. Aller à l’enterrement d’un camarade. Cette locution vient sans doute de ce que, à l’issue de la cérémonie funèbre, les assistants se réunissaient autrefois dans quelque restaurant avoisinant le cimetière et, en guise de repas des funérailles, mangeaient un lapin plus ou moins authentique. Cette coutume tend à disparaître ; aujourd’hui, le lapin est remplacé par un morceau de fromage ou de la charcuterie et quelques litres de vin. Nous avons connu un compositeur philosophe, le meilleur garçon du monde, qui, avec raison, se croyait atteint d’une maladie dont la terminaison lui paraissait devoir être fatale et prochaine. Or, une chose surtout le chiffonnait : c’était la pensée attristante qu’il n’assisterait pas au repas de ses funérailles ; en un mot, qu’il ne mangerait pas son propre lapin. Aussi, à l’automne d’antan, par un beau dimanche lendemain de banque, lui et ses amis s’envolèrent vers le bas Meudon et s’abattirent dans une guinguette au bord de l’eau. On fit fête à la friture, au lapin et au vin bleu. Le repas, assaisonné de sortes et de bonne humeur, fut très gai, et le moins gai de tous ne fut pas le futur macchabée. N’est-ce pas gentil ça ? C’est jeudi. Il est midi ; une trentaine de personnes attendent à la porte de l’Hôtel-Dieu que l’heure de la visite aux parents ou aux amis malades ait sonné. Pénétrons avec l’une d’elles, un typographe, « dans l’asile de la souffrance ». Après avoir traversé une cour étroite, gravi un large escalier, respiré ces odeurs douceâtres et écœurantes qu’on ne trouve que dans les hôpitaux, nous entrons dans la salle Saint-Jean, et nous nous arrêtons au lit no 35. Là gît un homme encore jeune, la figure hâve, les traits amaigris, râlant déjà. Dans quelques heures, la mort va le saisir ; c’est le faux noyé dont il a été question à l’article attrape-science. Au bruit que fait le visiteur en s’approchant de son lit, le moribond tourne la tête, ébauche un sourire et presse légèrement la main qui cherche la sienne. Aux paroles de consolation et d’espoir que murmure son ami, il répond en hochant la tête : « N-i-ni, c’est fini, mon vieux. Le docteur a dit que je ne passerais pas la journée. Ça m’ennuie… Je tâcherai d’aller jusqu’à demain soir… parce que les amis auraient ainsi samedi et dimanche pour boulotter mon lapin. » Cela ne vaut-il pas le « Plaudite ! » de l’empereur Auguste, ou le « Baissez le rideau la farce est jouée ! » de notre vieux Rabelais ?

France, 1907 : Aller à l’enterrement d’un camarade ; argot des ouvriers. Cette locution vient de l’habitude qu’avaient autrefois les ouvriers, en revenant de l’enterrement d’un camarade d’atelier, de se réunir dans un des cabarets avoisinant le cimetière et d’y manger une gibelotte. Le lapin est généralement remplacé maintenant par un morceau de charcuterie.

Au bruit que fait le visiteur en s’approchant de son lit, le moribond tourne la tête, ébauche un sourire et presse légèrement la main qui cherche la sienne. Aux paroles de consolation et d’espoir que murmure son ami, il répond en hochant la tête : « N-i-ni, c’est fini, mon vieux. Le docteur a dit que je ne passerais pas la journée… Ça m’ennuie… Je tâcherai d’aller jusqu’à demain soir vendredi, parce que les amis auraient ainsi samedi et dimanche pour boulotter un lapin. »

(Eugène Boutmy, Argot des typographes)

Lapin (poser un)

Hayard, 1907 : Promettre et ne pas tenir.

France, 1907 : Ne pas payer une femme galante. Il faut remonter au temps des diligences et des pataches pour trouver l’origine de cette expression. Les conducteurs avaient alors l’habitude de prendre en supplément un voyageur auquel ils faisaient payer un prix réduit dont ils ne rendaient pas compte à l’administration. Ils le prenaient hors du bureau et le faisaient descendre avant l’arrivée au bureau de la ville voisine. Quand toutes les places étaient prises, ils le juchaient où ils pouvaient, le plus souvent avec les bagages sous la bâche, et ils l’appelaient entre eux « un lapin ». « J’ai fait aujourd’hui deux lapins », disaient-ils dans l’argot de leur métier, ou « j’ai posé deux lapins au contrôleur des recettes ».
Par analogie, lorsqu’une dame du monde interlope, rendant ses comptes à son souteneur, passe un voyageur sous silence, elle pose un lapin ; de même lorsque l’amant de rencontre s’en va sans payer, il pose un lapin.
C’est surtout dans ce dernier sens que cette expression est couramment employée, et assez récemment d’ailleurs, car on ne la trouve pas dans le Dictionnaire de Delvau, ni dans son supplément par G. Fustier.

Il tira de sa poche un énorme portefeuille bourré de lettres ; et, tandis que je lisais ces lettres, toutes pleines de promesses qui n’avaient pas été tenues, le petit vieux au nez crochu murmura, en ricanant :
— Vous le voyez, Monsieur, d’humbles peaux de lapin, des peaux de lapin dont l’espèce vous est connue certainement, comme à tout homme, puisque c’est l’espèce des lapins qu’on pose.

(Jean Richepin)

Le vocable est consacré. Poser un lapin fut longtemps une définition malséante, bannie des salons où l’on cause. Maintenant elle est admise entre gens de bonne compagnie, et le lapin cesse, dans les mots, de braver l’honnêteté.

(Maxime Boucheron)

Car, et je n’y vois aucun mal,
Poser un lapin signifie :
Je vous paierai, foi d’animal !
Monsieur, bien folle est qui s’y fie.

(Théodore de Banville)

Lapin (rude)

Hayard, 1907 : Homme fort, audacieux, courageux.

Lapin (un rude)

Virmaître, 1894 : Homme fort, un risque tout, en tout et en toutes choses. Dans le peuple, une femme dit :
— Mon homme est un rude lapin (Argot du peuple). N.

Lapin anthropophage

France, 1907 : Homme inoffensif qui menace de tout dévorer.

Les habitués du café de l’Union avaient surnommé Jules Vallès le lapin anthropophage. Barbu comme Dumollard, le terrible Auvergnat n’avait qu’un rêve : il guettait Louis Veuillot comme le chat guette la souris, et jurait qu’il aurait un jour ou l’autre raison du fougueux polémiste… Vallès haïssait le passé, parce que le passé avait vu ses misères et ses souffrances ; c’était un caractère aigri, mais pas méchant, au fond, disait-on ; pourtant le lapin anthropophage n’a-t’il pas écrit quelque part : « On mettrait le feu aux bibliothèques et aux musées qu’il y aurait pour l’humanité, non pas perte, mais profit et gloire.

(Ch. Virmaître, Paris oublié)

Lapin de collidor

Virmaître, 1894 : Domestique. Quand une femme vient aux halles accompagnée d’un larbin, les marchandes, en remettant les achats au domestique pour les porter à la voiture, lui disent :
— Tiens, mon vieux lapin de collidor (Argot du peuple). N.

Lapin de corridor

Hayard, 1907 : Domestique.

Lapin de gouttière

Delvau, 1866 : s. m. Chat.

Lapin de gouttières

France, 1907 : Chat.

Lapin du bois de Boulogne

Fustier, 1889 : Filles publiques qui, l’été venu, font élection de domicile au Bois de Boulogne, quærentes quos devorent.

Ces amoureuses vagabondes, qu’on appelle en langage familier les lapins du Bois de Boulogne et qui ont à leur arc plusieurs cordes…

(République française, juin 1885)

Lapin ferré

Delvau, 1866 : s. m. Gendarme à cheval, — dans l’argot des voleurs. Ils l’appellent aussi Liège.

Virmaître, 1894 : Gendarme à cheval (Argot des voleurs).

France, 1907 : Gendarme à cheval ; argot des voleurs.

Lapiner

France, 1907 : Poser un lapin.

France, 1907 : Accroître démesurément sa famille à l’instar du prolifique lapin.

Lapineur

Virmaître, 1894 : Genre de vol accompli par le conducteur d’omnibus qui oublie de sonner les voyageurs. Lapineur vient sans doute du nom du voyageur, qu’on désignait jadis sous le nom de lapin (Argot des voleurs).

France, 1907 : Conducteur d’ommibis qui vole l’administration en ne sonnant pas tous les voyageurs.


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