J’en ai assez. J’en ai soupé signifie la même chose. J’ai soupe de ta fiole, de même. Donne-moi mon pied veut dire : Donnez-moi ma part. Ça fait le pied, synonyme de ça fait le joint (l’affaire) (Argot des voleurs). N.
Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники
J’en ai mon pied
J’en ai assez. J’en ai soupé signifie la même chose. J’ai soupe de ta fiole, de même. Donne-moi mon pied veut dire : Donnez-moi ma part. Ça fait le pied, synonyme de ça fait le joint (l’affaire) (Argot des voleurs). N.
J’menfoutiste
Gens qui se foutent de tout et de tous. Cette catégorie devient chaque jour de plus en plus nombreuse.
— Que pensez-vous de la politique ?
— J’m’en fous.
— Votre femme vous trompe.
— J’m’en fous (Argot du peuple). N.
J’y fais
J’y consens, j’approuve. On dit J’y fais comme synonyme de Je marche. V. marcher.
Jablo (grand)
Lumière électrique. Argot du peuple qui trouve trop difficile à prononcer le nom de Jablockoff.
Jabot
s. m. Estomac, — dans l’argot des faubouriens, qui savent pourtant bien que l’homme n’est pas un granivore. S’arroser le jabot. Boire. Faire son jabot. Manger. On dit aussi Remplir son jabot. L’expression est vieille :
De ce vin champenois dont j’emplis mon jabot
On ne me voit jamais sabler que le goulot !
dit le grand prêtre Impias de la tragédie-parade le Tempérament (1755).
Jabot
s. m. Gorge de femme. Chouette jabot. Poitrine plantureuse.
Jabot
Estomac. — Se remplir le jabot, manger.
Jabot
Estomac.
Jabot
La gorge. Allusion au jabot du dindon. Dans l’argot des voleurs, on dit aussi étal, sans doute par analogie avec l’étal du boucher, sur lequel il passe toutes sortes de viandes (Argot des voleurs). N.
Jabot (le)
La gorge.
Jabot (s’arroser le)
Boire.
— Toute la tine s’arrose le jabot (Argot des voleurs).
Jabotage
s. m. Bavardage, — dans l’argot du peuple.
Jaboter
Causer.
Asseyez-vous donc un peu… nous jaboterons.
Ricard.
On trouve jaboter avec ce sens dans Roquefort.
Jaboter
v. n. Parler, bavarder. L’expression se trouve dans Restif de la Bretonne :
Lise était sotte,
Maintenant elle jabotte ;
Voyez comme l’esprit
Dans un jeune cœur s’introduit.
Jaboter
Causer, parler.
Jaboteur
s. m. Bavard.
Jacasse
s. f. Femme bavarde. Se dit aussi d’un Homme bavard ou indiscret.
Jacasser
v. n. Bavarder.
Jacasseur
s. m. Bavard, indiscret.
Jacobin
s. m. Révolutionnaire, — dans l’argot des bourgeois, qui singent les aristocrates.
Jacobin
Pinces en fer à l’usage des voleurs pour commettre les effractions.
Jacobin
Pince de cambrioleur.
Jacobite
Argot politique. On appelle ainsi tout légitimiste dissident du comte de Paris et rallié à la cause de don Jayme, c’est-àdire Jacques, fils aîné de don Carlos.
M. Cornély consacre dans le Matin un article aux Jacobites ainsi que ce journal quatricolore nomme les rares partisans de la candidature royale des princes de la maison d’Anjou.
(Univers, juillet 1884.)
Jacots
Mollets.
Jacque
s. m. Pièce d’un sou, — dans l’argot des voleurs.
Jacque
s. m. Geai. — dans l’argot du peuple.
Jacque
Pièce d’un sou.
Jacqueline
Nom de femme qui est devenu celui de toutes les femmes — devenues filles.
Le banquier Kocke, chez qui toi et ta Jacqueline vous passez les beaux jours de l’été.
Camille Desmoulins.
Jacqueline
Fille de mauvaise vie. — On dit de même une Margot.
Notre Jacqueline le fouille, Empoigna la grenouille, Laissa là mon nigaud.
Chanson du jeune Picard partant pour Paris.
Jacqueline
s. f. Grisette, — dans l’argot des bourgeois ; Concubine, — dans, l’argot des bourgeoises.
Notre Jacqueline le fouille,
Emporte la grenouille.
Laisse là mon nigaud,
dit une vieille chanson.
Jacqueline
s. f. Sabre de cavalerie, — dans l’argot des soldats.
Jacqueline
Prostituée. — Sabre de cavalerie.
Jacqueline
Prostituée. Sabre de cavalerie.
Jacqueline
Grisette.
— J’ai été promener ma petite jacqueline (Argot du peuple). N.
Jacques
Sou, — dans le jargon des chiffonniers. — Qui veut mes chocottes ? — Je t’en colle dix jacques. Qui veut mes os ? — Je t’en donne dix sous.
Jacques
Jacques
Sou.
Jacques
Petite pince-monseigneur.
Jacques (aller à saint-)
v. Faire des bourdons. Un compositeur que l’on envoie à Saint-Jacques, dit Momoro, est un compositeur à qui l’on indique sur ses épreuves des remaniements à faire, parce que celui qui corrige les épreuves figure avec sa plume une espèce de bourdon aux endroits omis pour indiquer l’omission. C’est sans aucun doute de cette grossière représentation de l’espèce de long bâton sur lequel s’appuyaient les pèlerins à Saint-Jacques-de-Compostelle que vient le mot bourdon. Il faut ajouter que l’expression Aller à Saint-Jacques est actuellement presque inusitée. V. Aller en Galilée, en Germanie.
Jacques (faire le)
Argot militaire. Manœuvrer et, plus spécialement, manœuvrer en décomposant. S’applique de préférence aux exercices de l’École du soldat. (Ginisty : Manuel du parfait réserviste.)
Jacques bonhomme
Le peuple, — dans l’argot des faubouriens, dont les pères firent la Jacquerie. C’est le John Bull anglais, le Frère Jonathan américain, etc.
Jacques ou Jacquot
Le membre viril.
Il est hercule ou peu s’en faut,
Il faut que tout lui cède ;
Il sait démontrer comme il faut
L’amoureux intermède ;
Quand il se prépare à l’assaut
Faut voir comme il est raide,
Jacquot,
Faut voir comme il est raide !
Al. Dalès.
… Il est nommé pine par la lorette ;
Un chose, ou bien cela, par une femme honnête ;
Jacques par le farceur…
L. Protat.
Jacquot
s. m. Niais, bavard, importun, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Grand Jacquot.
Jacquot
Niais, bavard importun. A. D. Jacquot : mollet (Argot du peuple). N.
Jacquots
Mollets.
Jactance
Bavardage. — Jacter, bavarder. — Jacteur, bavard, dans le jargon du peuple.
Jacte
Crie (Argot des voleurs).
Jacter
Crier.
Jacter
Dire, proclamer, crier.
Jacter
v. n. Parler, — dans l’argot des voleurs, qui ont emprunté ce verbe à la vieille langue des honnêtes gens (jactare, vanter, prôner).
Jacter
Parler. Crier. Jaquette, bavard.
Jacter
Parler, crier.
Si quelque pante
Se glisse et entre
Et se permet
Chez nous de faire du pet
On l’saigne, on l’frotte,
Et c’est fini par là.
S’il se cacale et jacte dans la rue
Pour ameuter tous les daims contre nous.
dit une des plus vieilles chansons d’argot connue.
Jacter vient sûrement de jacare (Argot des voleurs).
Jaffe
s. f. Soufflet, — dans l’argot du peuple, qui s’assimile volontiers les mots des ouvriers provinciaux transplantés à Paris, et qui a certainement emprunté celui-ci au patois normand.
Jaffe
Soufflet, — dans l’ancien argot.
Jaffes
s. f. pl. Les joues.
Jaffier
Jardin.
Jaffier
s. m. Jardin, — dans l’argot des voleurs.
Jaffier
Jardin. — Jaffin, jardinier, — dans l’ancien argot.
Jaffier
Jardin. Jaffin, jardinier.
Jaffin
Jardinier.
Jaffin
s. m. Jardinier.
Jaffle
s. f. Soupe, potage, — dans le même argot.
Jaffle
Soupe, — dans le jargon des voleurs.
Jaffle
Soupe. Joue.
Jaffles ou jaffes
Les joues. En Normandie, on dit jaffe pour soufflet (Argot du peuple).
Jaja (faire la)
Se sauver, s’en aller.
Jalo
Chaudronnier.
Jalo
s. m. Chaudronnier, — dans le même argot.
Jalo
Chaudronnier.
Jam’ de lav’
Traduction : Jamais de la vie ! Expression couramment usitée il n’y a point longtemps encore et qui tend à tomber en désuétude :
On lui dit… qu’il serait bien aimable de verser une cinquantaine de francs à la caisse de l’agence. — Jam’ de lav’ ! répond le jeune homme. — Comment ! jamais de la vie ? reprend l’employé de l’agence, qui comprenait le parisien.
(Figaro, 1886.)
Jambe
La pine, qu’on appelle aussi la troisième jambe.
Ah ! Monsieur, que vous avez une belle jambe ! — Laquelle donc, Madame !… répliquait Arnal, en donnant a entendre qu’il ne s’agissait ni de la droite, ni de la gauche.
Jambe (faire une belle), rendre la jambe mieux faite
Donner un avantage illusoire.
Tu as maudit ton père de t’avoir abandonné ? — Ça m’aurait fait une belle jambe.
E. Sue.
Jambe (la)
Pour dire à quelqu’un : laisses-moi, tu me rases, tu m’ennuies, ou tais-toi, en voila assez, on dit : la Jambe, fiche-nous la paix.
Jambe (s’en aller sur une)
Ne pas redoubler une tournée chez le marchand de vin. — Se contenter d’un verre de vin sur le comptoir, quand on est avec des amis.
Jambe de vin
s. f. Ivresse, — dans l’argot du peuple. Faire jambe de vin. Boire à tire-larigot.
Jambe en l’air
Potence, — dans l’ancien argot.
Jambes
Sortir sur les jambes d’un autre. Rester à la caserne, consigné, ou collé au bloc. Autrefois, lorsqu’un vieux brisquard vous punissait, il ne manquait guère de dire : vous sortirez sur mes jambes, c’est-à-dire : je vous consigne et moi j’irai me promener.
Jambes de coq
s. f. pl. Jambes maigres, — dans l’argot du peuple. Jambes en coton. Flageolantes comme le sont d’ordinaire celles des ivrognes, des poltrons et des convalescents. Jambes en manches de veste. Jambes arquées, disgracieuses.
Jambes de laine
Individu peu solide sur ses jambes. Quand un homme sort de l’hôpital, il a généralement des jambes de laine : il flageole. Autrefois on disait, pour exprimer la même image : jambes de coton (Argot du peuple). N.
Jambes en coton
Jambes faibles. — On a les jambes en coton lorsqu’on relève d’une longue maladie.
Jambes en l’air
s. f. Potence, — dans l’argot des voleurs.
Jambes en l’air
Potence. A. D. Il est vrai que le pendu a les jambes en l’air ; mais le peuple ne donne pas du tout le même sens à cette expression quand il dit : faire une partie de jambes en l’air. Généralement cette partie se joue sans témoins. Ce jeu est connu chez tous les peuples (Argot du peuple). N.
Jambes en manche de veste
Individu mal bâti, tordu, qui festonne en marchant (Argot du peuple). N.
Jambon
Violon. — Cuisse de l’homme.
Jambon (façonner son, Faire son)
Casser son fusil, — dans le jargon des troupiers. — Allusion de forme entre un jambon et la crosse d’un fusil cassé.
Ali ! chenapan, tu casses ton fusil, tu fais des jambons avec ta clarinette !
(A. Camus.)
Jambonneau
La tête. Celui qui n’a plus de cheveux, n’a plus de chapelure sur le jambonneau.
Jambonneau (ne plus avoir de chapelure sur le)
Ne plus avoir de cheveux sur la tête.
Jambonneaux
Les cuisses.
Jambonner
Battre quelqu’un, c’est le jambonner.
Jambonner (?)
On jambonne dans tous les pays, mais cela se passe toujours à deux, d’un sens different.
Jambonner (se)
Se battre.
Jambons
Les cuisses d’une femme.
Elle a le cœur si bon, qu’en mille occasions,
Pour avoir une andouille, elle offre deux jambons.
Jambons
s. m. pl. Les cuisses, — dans l’argot des faubouriens, qui prennent l’homme pour un goret, et qui ont quelquefois raison. Scarron n’a pas été moins irrévérencieux :
Aussi fut Pélias le bon
Fort incommodé d’un jambon,
dit-il dans son Virgile travesti.
Japhe
Soupe.
Jappe
Bavardage. — Japper, bavarder, crier.
Japper
v. n. Crier.
Japper
Crier.
Jaquette
Celui qui ne peut garder pour lui ce qu’il ne devrait pas dire, est une Jaquette.
Jar
Argot (Vidocq). — Abréviation du vieux mot jargon : langage. V. Roquefort.
Jar
s. m. Argot des voleurs, qui n’est pas autre chose qu’un jargon. Dévider le jar. Parler argot. Le peuple disait autrefois d’un homme très fin, très rusé : Il entend le jar. Et souvent il ajoutait : Il a mené les oies, — le jar étant le mâle de l’oie.
Jar
Argot.
Jardin
La nature de la femme, que l’homme est chargé d’entretenir, de sarcler, de bêcher, de ratisser, et de planter — d’enfants. :
Au demeurant, il n’y a homme qui mieux dresse et accoutre un jardin que moi.
Noel du Fail.
Quand, se ruant tout en courroux,
Le fleuve aux ondes spermatiques,
D’Armide inondait le jardin.
B. de Maurice.
Jardinage
s. m. Débinage, médisance, — dans l’argot des voyous.
Jardinage
Médisance. — Jardiner, médire, parler, synonyme de médire pour beaucoup de gens. — Bêchage, bêcher, ont donné jardinage, jardiner par assimilation.
Jardinage
Médisance. Moquerie. Faire du jardin, se moquer.
Jardiner
Ennuyer, fatiguer par des paroles.
Jardiner
Se moquer, ricaner.
Jardiner
v. a. et n. Débiner.
Jardiner
v. n. Parler, — dans le même argot.
Jardiner
Médire de quelqu’un, fouiller dans sa vie, comme le jardinier fouille dans la terre pour en mettre à jour les coins les plus secrets. Jardiner est synonyme de bêcher (Argot du peuple). N.
Jardiner
Plaisanter. Blaguer quelqu’un, c’est le jardiner.
Jardiner
Médire, débiner quelqu’un.
Jardiner sur le tap vert
Jouer aux cartes. Tap vert pour tapis vert.
Jardinier
s. m. Complice de l’Américain dans le vol au charriage. C’est lui qui est chargé de flairer dans la foule l’homme simple à dépouiller.
Jardinier
Compère du voleur à l’américaine.
Jardinier
Compère du voleur à l’américaine. Racoleur des maisons de jeu.
Jardinier
Nom donné au complice des voleurs à l’américaine (Argot des voleurs).
Jargolier
Normand. — Jargolle, Normandie.
Jargolier
Normand.
Jargolle
n. de l. La Normandie, — dans l’argot des voleurs.
Jargollier
s. m. Normand.
Jargonner
v. n. Babiller, bavarder, — dans l’argot du peuple.
Jargouiller
v. n. Parler confusément. On dit aussi Gargouiller.
Jargouinte
Bouche.
Jargue
Argot.
Jarguer
v. n. Parler argot, dévider le jar.
Jarnaffe
s. f. Jarretière, — dans l’argot des voleurs. Jeu de la jarnaffe. Escroquerie dont Vidocq donne le procédé, pages 233-34 de son ouvrage.
Jarnaffe
Jarretière ; changement des deux dernières syllabes.
Jarnaffe
Jarretière.
Jarnaffle ou jarnaffe
Jarretière (Argot des voleurs).
Jarret
s. m. Bon marcheur — dans l’argot du peuple, qui emploie souvent la métonymie.
Jarret (lever le)
Marcher en colonne, — en terme de troupier. — Avoir du jarret, être on marcheur.
Jarretières (mettre quelque chose dans les)
Donner une gratification à une fille publique. Les prostituées de maison placent cet argent dans leurs bas, sous la jarretière.
Jars
Argot.
Jars
Argot ; apocope de jargon. — Jaspiner te jars, dévider le jars, parler argot.
Jars
Argot. Dévider le jars, parler argot.
Jars
Argot.
Jasante
Prière.
Jasante
s. f. Prière, — dans l’argot des voleurs.
Jasante
Prière. — Jaser, prier. — Jaseur, prêtre qui dit la messe.
Jasante
Prière.
Jasante
Prière.
— Y me fait suer le ratichon avec sa jasante en latimpem (Argot des voleurs).
Jaser
Prier.
Jaser
v. n. Prier.
Jaser
v. n. Parler indiscrètement, de manière à compromettre des tiers ou soi-même, — dans l’argot du peuple.
Jaspin
Oui.
Jaspin
Oui.
Jaspin
Oui.
Jaspin
adv. Oui, — dans l’argot des voleurs.
Jaspin
Oui. — Jaspiner, parler.
Jaspin
Oui.
Jaspin
Discours, plaidoyer.
Jaspinement
s. m. Aboiement, — dans le même argot [des voleurs].
Jaspiner
Parler.
Jaspiner
Parler, bavarder.
Jaspiner
Causer.
Jaspiner
Parler sur quelqu’un, bavarder.
Jaspiner
Parler, raconter.
Jaspiner
Parler, causer. — Diminutif de Jaser.
Ils jaspinaient argot encore mieux que français.
Grandval, 1723.
Alle voulut jaspiner avec moi.
Vadé, 1788.
Je lui jaspine en bigorne : « N’as tu rien a morfiller ? »
Vidocq.
Jaspiner
v. a. et n. Parler, bavarder. Jaspiner bigorne. Entendre et parler l’argot. V. Bigorne. En wallon, Jaspiner c’est gazouiller, faire un petit bruit doux et agréable comme les oiseaux.
Jaspiner
Parler.
Jaspiner
Signe convenu d’aboyer sur la voie publique pendant que des complices dévalisent les poches des badauds (Argot des voleurs).
Jaspiner
Parler, causer.
Jaspiner
Parler.
Jaspiner, jaser
Parler.
Jaspiner.
Parler, dire.
Jaspineur
Parleur, bavard, orateur.
Jatte
Soufflet.
Jaune
Été.
Jaune
Eau-de-vie.
Estaminet dit poétique, espèce de paradis perdu dans le jaune et le petit bleu.
La Maison du Lapin blanc, typ. Appert.
Lapin blanc, que me veux-tu ? Avec ton jaune et ton camphre, Tu déranges ma faible vertu.
Id.
Jaune
s. m. Eau-de-vie, — dans l’argot des chiffonniers.
Jaune
s. m. Été, la saison mûrissante, — dans l’argot des voleurs.
Jaune
Été, — dans l’ancien argot.
Jaune
Eau-de-vie. — Jaunier, ivrogne.
Jaune
Été. Eau-de-vie.
Jaune d’œuf (avec un)
Phrase suffixe que le peuple emploie ironiquement avec le verbe Aimer ou Adorer. Ainsi Je t’adore avec un jaune d’œuf signifie : « Je ne l’aime pas du tout », et fait une sorte de calembour, par allusion à l’emploi connu du jaune d’œuf.
Jaune, Jonc
Or. — Jaunet, pièce d’or.
Jaune, Jonc, Jognard
Or.
Jaunet
Pièce d’or.
Un seul regret, celui de n’avoir pu débarrasser les pigeons de leurs jaunets.
Paillet.
Jaunet
s. m. Pièce d’or de vingt francs, — dans l’argot des faubouriens. Ils disent aussi Jauniau. Au XVIIe siècle, on disait Rouget.
Jaunier
s. m. Débitant ou buveur d’eau-de-vie.
Jaunier
Gendarme. Débitant d’eau-de-vie.
Javanais
« La Crécy parlait le javanais, cet argot de Bréda où la syllabe va, jetée après chaque syllabe, hache pour les profanes le son et le sens des mots, idiome hiéroglyphique du monde des filles qui lui permet de se parler à l’oreille — tout haut. » — Goncourt. — Ex. : Jaunet, javaunavet ; jeudi, javeudavi ; etc., etc.
Javanais
s. m. Langue de convention parlée dans le monde des coulisses et des filles, qui consiste à ajouter après chaque syllabe la syllabe va ou av, ad libitum, de façon à rendre le mot prononcé inintelligible pour les profanes. Les voleurs ont aussi leur javanais, qui consiste à donner des terminaisons en ar et en oc, en al ou en em, de façon à défigurer les mots, soit français, soit d’argot, en les agrandissant.
Quant aux bouchers, étaliers ou patrons, leur javanais consiste à remplacer toutes les premières lettres consonnes d’un mot, par un L et à reporter la première consonne à la fin du mot, auquel on coud une syllabe javanaise. Ainsi pour dire Papier, ils diront Lapiepem, ou Lapiepoc. Pour les mots qui commencent par une voyelle, on les fait précéder et suivre par un L, sans oublier de coudre à la fin une syllabe javanaise quelconque. Par exemple avis se dit Laviloc ou mieux Lavilour. Quelquefois aussi ils varient pour mieux dérouter les curieux ; ils disent nabadutac pour tabac, — quand ils ne disent pas néfoin du tré pour tréfoin, en employant les syllabes explétives na et né qui sont du pur javanais, comme av et va.
Javanais
Langage de convention qui consistait, il y a une vingtaine d’années, à intercaler les syllabes va et av entre chaque syllabe. C’était idiot et antieuphonique au dernier point. Les filles parlaient fort couramment le javanais. Il y eut un moment une telle fureur de javanais qu’on vit paraître un journal entièrement écrit dans ce langage stupide.
Javanais
Langage de convention qui consiste à intercaler les syllabes va et av entre chaque syllabe pour défigurer les mots.
Javard
Lin.
Javard
s. m. Lin que l’on met en javelles, — dans l’argot des voleurs.
Javard
Lin que les paysans mettent en javelles avant le rouissage (Argot des voleurs). N.
Javotte
s. f. Homme bavard, indiscret, — dans l’argot du peuple.
Je m’en fiche comme de colin-tampon
Je ne fais aucun cas de sa personne (1808, d’Hautel). — On appelait colin-tampons les Suisses en garnison à Paris. Les mazarinades en donnèrent plus d’une preuve.
Je me la brise
Je m’en vais. Quand un individu vous ennuie, dans le peuple on lui dit sans façon :
— Tu peux te la briser, il y aura moins de perte qu’une pièce de vin (Argot du peuple). N.
Je ne sais qui
s. f. Femme de mœurs plus que légères, — dans l’argot méprisant des bourgeoises.
Je ne sais quoi
Qualité indéfinissable.
Le savoir-vivre, l’élégance des manières, le je ne sais quoi, fruit d’une éducation complète.
Balzac.
Je ne sais quoi
s. m. Qualité difficile à définir ; l’inconnue d’un sentiment ou d’un caractère qu’on chercherait en vain à dégager. Argot des gens de lettres.
Je t’en fiche mon billet
Je te le certifie, mot à mot : Je suis prêt à signer un billet attestant la chose.
Jean
s. m. Imbécile ; mari que sa femme trompe sans qu’il s’en aperçoive. On disait autrefois Janin.
Jean (faire le Saint)
Se décoiffer. C’est un signal convenu entre voleurs. Lorsqu’ils sont censés ne pas se connaître, soit dans la rue, soit dans un lieu public, l’un d’eux fait le Saint-Jean. Traduction : Ne nous perdons pas de vue ; au travail, l’affaire est prête.
Jean (nu comme un petit Saint)
À peine vêtu de mauvaises guenilles, tout nu ; se dit surtout des enfants. — Faire son petit Saint-Jean, faire l’innocent, le niais.
Jean chouart
Le membre viril : appelé le pénil selon Lignac, la braguette selon Rabelais, Marot et autres poètes anciens ; la verge, dans l’idiôme des nourrices et des parleurs timbrés ; le braquemart dans Robbé, Rousseau et Grécourt. ; Jean Chouart dans d’autres, etc., etc.
Jean de la suie
s. m. Savoyard, ramoneur, — dans l’argot du peuple.
Jean de la suie
Petit ramoneur.
Jean de la vigne
s. m. Crucifix, — dans l’argot des voleurs.
Jean de la vigne
Crucifix. C’était le nom d’un des acteurs de bois (Jean des Vignes) du théâtre de marionnettes à l’époque des représentations de la Passion. (Fr. Michel).
Jean foutre
Homme vil, gredin fieffé.
Jean Guêtré
Le peuple des paysans. L’expression est de Pierre Dupont.
Jean Jean
s. et adj. Homme par trop simple, qui se laisse mener par le bout du nez, — dans l’argot du peuple.
Jean-bête
s. m. Imbécile. C’est le cas ou jamais de citer les vers de madame Deshoulières :
Jean ? Que dire sur Jean ? C’est un terrible nom
Que jamais n’accompagne une épithète honnête :
Jean Des Vignes, Jean Lorgne… Où vais-je ? Trouvez bon
Qu’en si beau chemin je m’arrête.
Jean-fesse
Avare, malhonnête homme. — Le frère jumeau de Jean foutre.
Jean-jean
« On qualifie de Jean-Jean en France le jeune indigène que la conscription a arraché à l’âge de vingt ans d’un atelier du faubourg, de la queue d’une charrue, etc. Le Jean-Jean est reconnaissable à sa tournure indécise, à sa physionomie placide. » — M. Saint-Hilaire.
Jean-Jean
s. m. Conscrit, — dans l’argot des vieux troupiers, pour qui tout soldat novice est un imbécile qui ne peut se dégourdir qu’au feu.
Jean-Jean
Niais. — Conscrit.
Jean-Raisin
Le peuple des vignerons. L’expression est de Gustave Mathieu.
Jean, Jeannot, Janin
Expressions désignant un mari trompé
Chez nous le mâle est Jean, la femelle Catin
C’est l’usage de la famille.
Daillant De La Touche.
Il est Janin sans qu’il le sache…
Ch. Sorel.
Janot est le vrai nom d’un sot.
(Ancien Théâtre français.)
Jeanfesse
s. f. Malhonnête homme, bon à fouetter, — dans l’argot des bourgeois.
Jeanfesse, foutre
Coquin, misérable.
Ça, c’est un jeanfesse.
Ricard.
Grande colère du père Duchesne contre les jeanfoutres de chasseurs qui ont voulu faire une contre-révolution.
1793, Hébert.
Jeanfoutre
s. m. Homme sans délicatesse, sans honnêteté, sans courage, sans rien de ce qui constitue un homme, — dans l’argot du peuple, dont cette expression résume tout le mépris.
Jeanlorgne
s. m. Innocent, et même niais.
Jeanne d’Arc pour le courage
Demoiselle à qui il manque précisément ce qui a valu à Jeanne d’Arc son surnom.
Jeanneton
Synonyme de Goton. Fille de la petite vertu, servante ou grisette, qui se laisse prendre volontiers le cul par les rouliers ou par les étudiants.
Partout on vous rencontre avec des Jeannetons.
V. Hugo. (Ruy-Blas)
Jeanneton
« Servante d’auberge, fille de moyenne vertu. » — 1808, d’Hautel.
Jeanneton
s. f. Fille de moyenne vertu, — dans l’argot des bourgeois, qui connaissent leur La Fontaine.
Car il défend les jeannetons,
Chose très nécessaire à Rome.
Jeannette
Rouet muni de plusieurs fuseaux, — dans le jargon des fileuses. Dans les filatures anglaises, ce rouet se nomme une Jenny, nom que lui a donné l’inventeur Thomas Highs.
Jergole
Normand.
Jergolier
Normandie.
Jérôme
s. m. Canne, bâton, — dans l’argot du peuple.
Jéromiste
Partisan du prince Jérôme Napoléon.
Et en effet 1 dégringolade des intransigeants, collectivistes et anarchistes est tout aussi marquée que celle des ultramontains et des jéromistes.
(Henri IV, 1881.)
Jérusalem (lettre de)
Missive, annonce, commission qui a pour but de donner un faux avis.
Jérusalem (lettre de)
Lettre écrite de prison.
Jésuite
Dindon (Vidocq). — C’est aux jésuites qu’on doit l’acclimatation du dindon.
Jésuite
s. m. Dindon, — dans l’argot des voleurs, qui doivent employer cette expression depuis l’introduction en France, par les missionnaires, de ce précieux gallinacé, c’est-à-dire depuis 1570.
Jésuite
Dindon. Ce sont les jésuites qui, en 1570, ont introduit le dindon en France ; mais tous ceux qui ont été leurs victimes ne pensent pas comme les voleurs (Argot des voleurs).
Jésus
Grand jeune homme payé pour satisfaire aux passions d’un vieillard.
Jésus
« Jeune et beau garçon lancé comme appeau près des sodomistes que veut exploiter le chanteur. »
Canler.
Jésus
s. m. Innocent, — dans l’argot souvent ironique du peuple. D’où le grippe-Jésus de l’argot encore plus ironique des voleurs, puisqu’ils appellent ainsi les gendarmes.
Jésus
s. m. « Enfant dressé au vol et à la débauche, » — dans l’argot des voleurs.
Jésus
Innocent, — dans le jargon des voleurs.
Jésus
Jeune filou. — Tout jeune Éphestion de trottoir.
Jésus
Innocent. Jeune Voleur. Nouveau-né. Adolescent du troisième sexe.
Jésus
Jeune homme à l’aspect efféminé, frisé, parfumé, qui sert d’appât pour attirer les individus à passions honteuses. Souvent il travaille réellement pour son compte (Argot des voleurs).
Jésus
Jeune chatte qui sert d’appât pour faire chanter les individus portes à cette passion.
Jésus
Jeune garçon de mœurs pédérastiques.
Jet
s. m. Canne, jonc, — dans le même argot [des voleurs].
Jeté (s’en être)
Être soûl. — Mot à mot : s’être jeté du liquide dans l’estomac.
Jeter
v. n. Suppurer, — dans l’argot du peuple.
Jeter
Renvoyer, mal recevoir.
J’ai été solliciter un emploi, je me suis fait jeter.
Celui qui se fait renvoyer de son emploi ou de son atelier, se fait jeter.
Jeter
Renvoyer, congédier.
Jeter au feu
Dénoncer.
Jeter de la grille
Requérir, au nom de la loi, contre l’accusé. Après le discours du ministère public, les voleurs disent : Le client m’a jeté de la grille ; c’est-à-dire a jeté sur moi de la grille de prison.
Jeter de la grille
Requérir au nom de la loi contre l’accusé.
Jeter de la pommade
Flatter.
Jeter des perles devant les pourceaux
v. a. Dire ou faire de belles choses que l’on n’apprécie point à leur juste valeur, — dans l’argot des bourgeois. C’est le margaritas ante porcos des Anciens.
Jeter du cœur sur du carreau
Rendre fort incivilement son déjeuner ou son dîner, lorsqu’on l’a pris trop vite ou trop abondant.
Jeter le mouchoir
Choisir une fille, au bordel ou au bal et l’emmener coucher avec soi ; ou, si l’on est femme, faire comprendre à un homme qu’on bande pour lui et qu’on voudrait bien se le payer.
Jetez vous-même le mouchoir
Ou bien au sort il faudra voir
Dans le dortoir,
Qui pourra vaut échoir.
Jeter le mouchoir
v. a. Distinguer une femme et lui faire agréer ses hommages et son cœur, — dans l’argot des vieux galantins.
Jeter sa langue aux chiens
v. a. Renoncer à deviner une chose, à la comprendre, — dans l’argot des bourgeois. On dit aussi Jeter sa langue aux chats.
Jeter son bonnet par dessus les moulins
Dire adieu à la pudeur, à l’innocence, et, par suite au respect des honnêtes gens, et se lancer à cœur perdu dans la voie scabreuse des aventures amoureuses. Argot du peuple.
Jeter son bonnet par dessus les moulins
Traîner sa fleur d’oranger dans les ruisseaux (Argot du peuple).
Jeter son lest
v. a. Se débarrasser involontairement du déjeuner ou du dîner dont on s’était lesté mal à propos.
Jeter un coup de
Aller à. Mot à mot : jeter un coup de pied jusqu’à. — (Jargon des ouvriers) — Jeter un coup de Versailles, un coup de Cherbourg, aller jusqu’à Versailles, jusqu’à Cherbourg.
Jeter un froid
v. a. Commettre une incongruité parlée, dire une inconvenance, faire une proposition ridicule qui arrête la gaieté et met tout le monde sur ses gardes.
Jeter un froid
Au milieu d’une soirée joyeuse, raconter une histoire macabre. L’invité au maître de la maison :
— Quelle est donc cette horrible femme, laide, vieille, sèche et revêche qui fait tapisserie.
— C’est ma sœur.
Voilà qui s’appelle jeter un froid (Argot du peuple).
Jeton
s. m. Pièce d’argent, — dans l’argot des faubouriens.
Jettard
Cachot.
Jettard
Cachot (Bailly) — Mot à mot : endroit où l’on vous jette.
Jeu (le grand)
Dans le vocabulaire des filles signifie l’usage des condiments les plus épicés que Vénus garde pour le service des débauchés blasés ; terme emprunté aux tireuses de cartes.
Jeu (le)
Celui que presque tous les hommes et presque toutes les femmes savent jouer et aiment à jouer — quoique souvent il ne vaille pas la chandelle qu’on use en son honneur par les deux bouts.
J’en jurerait, Colette apprit un jeu
Qui comme on sait, lasse plus qu’il n’ennuie.
La Fontaine.
Il était une fillette
Coincte et joliette
Qui voulait savoir le jeu d’amour.
(Farces et moralités.)
Vous et monsieur, qui, dans le même endroit,
Jouiez tous deux au doux jeu d’amourette.
La Fontaine.
Le jeu te plait, petite ? Alors, nous allons recommencer.
A. François.
Adieu,
Joyeuses fêtes,
Où le Champagne au lansquenet s’unit ;
Belles soirées
Nuits adorées.
Qu’un jeu commence et qu’un autre finit.
Gustave Nadaud.
Jeu (vieux)
Vieille école, ancien régime, vieux système. — L’écrivain qui emploie dans un livre des moyens usés, des rengaines pour charmer ses lecteurs : vieux jeu. — L’auteur dramatique dont les procédés scéniques, le dialogue rappellent soit l’exagération des romantiques, soit la monotonie des classiques : vieux jeu. — L’avocat, l’orateur qui effeuille à la barre, à la tribune, les vieilles fleurs desséchées de la rhétorique, celui qui dit : « Nos modernes Hétaïres, le vaisseau de l’État conduit par d’habiles pilotes, l’honorable organe du ministère public, l’hydre de l’anarchie ose relever la tête… » vieux jeu. — Celui qui appelle sa femme « sa moitié » ; celui qui, en quittant un ami, le prie de « mettre ses respectueux hommages aux pieds de madame » ; vieux jeu, vieux jeu.
Jeu de dominos
Denture. Un jeu de dominos complet, bouche à laquelle pas une dent ne manque.
Jeu renouvelé des grecs
La pédérastie, qui était le vice de Socrate ; ou le gougnottisme, qui était le vice de Sapho.
Socrate et Sapho la Lesbienne
Ont eu des goûts assez suspects :
Tous les jours en France on ramène
Leurs jeux renouvelés des Grecs.
Collé.
Jeudis (la semaine des quatre)
La semaine qui n’arrivera jamais, puisqu’elle n’existe pas.
C’est comme la robe que vous m’avez promise. — Tu l’auras. — La semaine des quatre jeudis.
H. Monnier.
Jeune
s. m. Petit enfant ou petit animal, — dans l’argot du peuple.
Jeune
adj. Naïf, et même un peu sot. Quand un ouvrier dit de quelqu’un : Il est trop jeune ! cela signifie : il est incapable de faire telle ou telle chose, — il est trop bête pour cela.
Jeune (tu es trop)
Tu n’as pas l’intelligence nécessaire à l’accomplissement de telle ou telle chose. — Cela peut se dire à un octogénaire.
Jeune france
« Les romantiques se divisèrent en Bouzingots et en Jeune France. Les Jeune France conservèrent longtemps leurs pourpoints, leurs barbes fourchues, leurs cheveux buissonneux. » — Privat d’Anglemont. — « Ils ont fait de moi un Jeune France accompli. J’ai un pseudonyme très-long, et une moustache fort courte ; j’ai une raie dans les cheveux à la Raphaël. Mon tailleur m’a fait un gilet… délirant. Je parle art pendant beaucoup de temps sans ravaler ma salive, et j’appelle bourgeois ceux qui ont un col de chemise ; de plus j’ai fait acquisition d’une mignonne petite dague en acier de Toscane, pas plus longue qu’un aiguillon de guêpe. » — Th. Gautier, Préface des Jeune France, 1833.
Jeune Homme
s. m. Double moos de bière, — dans l’argot des brasseurs parisiens.
Jeune homme
Mesure de vin de la capacité de quatre litres. Avoir son jeune homme, son petit jeune homme, être ivre, d’après l’opinion des personnes qui pensent qu’il ne faut pas moins de quatre litres de vin pour griser un homme, voire même une femme. — L’expression s’applique souvent en parlant d’une femme légèrement prise de vin et que le vin rend tendre, expansive comme si elle avait en tête un petit jeune homme idéal ; d’après l’opinion des gens qui ne sont pas ennemis d’une douce poésie.
Jeune Homme (avoir son)
v. a. Être complètement ivre, de façon à se laisser mater et conduire par un enfant. Argot des faubouriens. On dit aussi : Avoir son petit jatne homme.
Jeune homme (avoir son)
Être ivre (Argot du peuple).
Jeune homme (avoir son)
Être gris.
Jeune homme (suivez-moi)
Rubans que les femmes laissent pendre sur leur dos (Argot du peuple). N.
Jeune seigneur
s. m. Gandin, — du moins d’après madame Eugénie Foa, à qui je laisse toute la responsabilité de ce néologisme, que je n’ai jamais entendu, mais qu’elle déclare, à la date du 1er mars 1840, être « le titre de bon goût remplaçant ceux de petits-maîtres, beaux-fils, muscadins, etc. » Greffier fidèle, j’enregistre tout.
Jeune-France
s. m. Variété de Romantique, d’étudiant ou de commis — en pourpoint de velours, en barbe fourchue, en cheveux en broussailles, avec le feutre mou campé sur l’oreille.
Jeune-France
Variété du bousingot. — C’était un bousingot fatal, à tout poil, à tout crin. Il y eut des subdivisions et des variétés du Jeune-France à l’infini ; depuis le Jeune-France blasé, jusqu’au Jeune-France étique, le saint Jean-Baptiste précurseur du petit-crevé de nos jours.
Jeunesse
Fillette.
Une jeunesse d’Orléans, un marchande de cols.
Cormon.
Jeunesse
s. f. Jeune fille, — dans l’argot du peuple.
Jeunesse
Jeune fille.
Jeunet, ette
adj. Qui est un peu trop jeune, et par conséquent trop naïf. S’emploie aussi à propos d’un vin trop nouveau et que sa verdeur rend désagréable au palais.
Jeux innocents
Ainsi nommés par antiphrase sans doute, puisque ce sont les jeux les plus libertins que l’on connaisse, le jeune homme pinçant le cul à la jeune fille, ou la jeune fille faisant une langue avec le jeune homme, devant les grands parents assemblés — qui n’y voient que du feu.
Pour cet jeux innocents, source de tant de fièvres,
Qui troublent les jeunes sens,
Un monsieur a baisé, devant, les grands parents,
Tout en baisant la joue, un peu le coin des lèvres.
On a rougi cent fois…
A. Karr.
Jeux sanglants de Mars (les)
La guerre, — dans l’argot des académiciens.
Jigler
v. a. et n. Sauter en s’éparpillant. Ne s’emploie qu’à propos des liquides, vin, boue ou sang.
Jinglard
s. m. Petit vin suret, ou le vin au litre en général, — dans l’argot du peuple, qui ne veut plus dire ginguet, et encore moins guinguet, une étymologie cependant.
Jiroble
Joli ou jolie.
Job
Niais.
Job
Niais. — Abrév. du vieux mot jobelin V. Roquefort.
Si j’étais assez job pour croire que vous me donnez toute une fortune.
E. Sue.
Jobarder : Duper.
Je ne veux pas être jobardé.
Balzac.
Joberie : Niaiserie (Vidocq).
Job
s. m. Innocent, imbécile, dupe, — dans l’argot des faubouriens, qui parlent comme écrivaient Noël Du Fail en ses Propos rustiques et d’Aubigné en sa Confession de Sancy.
Job
s. m. Tromperie, mensonge. Monter un job. Monter un coup. Monter le job. Tromper, jouer une farce.
Job
Niais, dupe. C’est jobard par apocope. — Se monter le job, se monter la tête, l’imagination. Une femme dit d’un homme qui prétend être aimé pour lui-même qu’il se monte joliment le job.
Job
Imbécile. Tromperie.
Jobard
s. m. et adj. Homme par trop crédule, dont chacun se moque, les femmes parce qu’il est trop respectueux avec elles, les hommes parce qu’il est trop confiant avec eux. C’est un mot de vieille souche, qu’on supposerait cependant né d’hier, — à voir le « silence prudent » que le Dictionnaire de l’Académie garde à son endroit.
Jobarder
v. a. Tromper, se moquer ; duper. Se faire jobarder. Faire rire à ses dépens.
Jobarder
Duper, mystifier, rire aux dépens de.
Jobarderie
s. f. Confiance par trop excessive en la probité des hommes et la fidélité des femmes.
Jobarderie, Joberie
Niaiserie, bêtise.
Joberie
s. f. Niaiserie, simplicité de cœur et d’esprit.
Jobisme
s. m. Pauvreté complète, pareille à celle de Job. L’expression appartient à H. De Balzac.
Jocko
Pain long dont la forme fut sans doute inventée lorsque le singe Jocko était à la mode.
Des gens qui appellent un pain jocko un singe de quatre livres.
Bourget.
Jocko
s. m. Pain long, — dans l’argot des bourgeois, qui consacrent ainsi le souvenir du singe Jocko, un lion il y a trente ans. On dit aussi Pain jocko ou à la Jocko.
Jocrisse
s. m. Mari qui se laisse mener par sa femme, — dans l’argot du peuple, qui a eu l’honneur de prêter ce mot à Molière.
Jocrissiade
s. f. Naïveté, — ou plutôt Niaiserie.
Joint
s. m. Biais pour se tirer d’affaire, — dans l’argot des bourgeois, qui découpent mieux qu’ils ne parlent. Connaître le joint. Savoir de quelle façon sortir d’embarras ; connaître le point capital d’une affaire.
Jojo
adj. Joli, — dans l’argot des voyous.
Jojo
adj. et s. Innocent, et même Niais, — dans l’argot du peuple. Faire du jojo. Faire l’enfant, la bête.
Joli
Jeté dans une position critique.
Nous. v’là jolis garçons !
Désaugiers.
Joli
adj. et s. Chose fâcheuse, désagréable. Voilà du joli ! Nous voici dans une position critique.
Joli garçon
s. m. Se dit ironiquement et en manière de reproche de quelqu’un dont on a à se plaindre.
Jon
Or.
Jonc
Or.
Jonc
Or. Une boc de jonc ou d’orient, une montre d’or.
Jonc
Or.
Jonc
De l’or.
Jonc
Or. Une tocante de jonc : une montre en or.
Jonc
Or.
Jonc
s. m. Or, — dans l’argot des voleurs, qui appellent ainsi ce métal, non, comme le veut M. Francisque Michel, par corruption de jaune, mais bien parce que c’est le nom d’une bague en or connue de tout le monde, et qui ne se porte qu’en souvenir de l’anneau de paille des gens mariés par condamnation de l’Officialité.
Jonc
Or, — dans l’argot des voleurs. En terme d’orfèvre c’est un anneau d’or, une bague sans chaton.
Jonc
Or (Argot des voleurs).
Jonc
Or. Tout ce qui est or est du jonc.
Jonc
Or.
Jonché
Doré.
Jonchée
Dorée.
Joncher
Dorer.
Joncher
v. a. Dorer.
Joncher
Dorer, — dans l’ancien argot.
Joncher
Dorer. Duper.
Joncherie
Duperie, mensonge.
Joncs
s. m. pl. Lit de prison, à cause de la paille qui en compose les matelas. Être sur les joncs. Être arrêté ou condamné pour un temps plus ou moins long — toujours trop long ! — « à pourrir sur la paille humide des cachots ».
Joncs
Lit des prisonniers. Allusion à la dureté de la paille des matelas (Argot des voleurs). V. Plumes de beauce.
Joncs (être sur les)
Être en prison.
Joncs (être sur les)
Être en prison.
Jonquille
Mari trompé par sa femme. Cocu.
Jonquille
Cocu. Allusion à la couleur jaune qui est l’emblème des prédestinés (Argot du peuple).
Jordonne
s. m. Homme qui aime à commander, dans l’argot du peuple. On dit aussi Monsieur Jordonne, et, de même, Madame ou Mademoiselle Jordonne, quand il s’agit d’une femme qui se donne des « airs de princesse ».
Jordonne (Monsieur, Madame)
Homme, femme qui a la manie de donner des ordres à tout propos et surtout mal à propos.
Jorne
Jour. — Vieux mot de langue d’oc. : V. Roquefort. V. Baite, Poisser.
Jorne
s. m. Jour, — dans l’argot des voleurs, qui d’ordinaire ne travaillent pas a giorno.
Jorne
Jour.
Jorne
Jour.
Jorne
Le jour (Argot des voleurs). N.
José
Billet de banque ; apocope de Joseph, mot à mot : papier Joseph.
Joseph
s. m. Homme par trop chaste, — dans l’argot des petites dames, qui ressemblent par trop à madame Putiphar. Faire son Joseph. Repousser les avances d’une femme, comme le fils de facob celles de la femme de Pharaon.
Joseph
Couteau. Argot des malfaiteurs.
Bébé, condamné à mort pour un simple coup de Joseph.
(A. Humbert : Mon Bagne.)
Joseph
Couteau. Mari trompé.
Joseph
Homme trop chaste. A.D. Joseph, dans le peuple, est le patron des cocus. On ne dit pas : tu fais ton Joseph, mais bien : tu es un Joseph, à celui qui a assez de cornes sur la tête pour alimenter de manches une fabrique de couteaux (Argot du peuple). N.
Joseph (faire son)
Jouer au naturel, soit par timidité, soit pour toute autre raison, le rôle du Joseph biblique et pudibond à l’endroit de la belle Zuloïska. — Se faire prier pour faire une chose. — Refuser.
Allons ! encore un verre de ce bon vin ! — Non vraiment, j’en ai assez. — Ne fais donc pas ton Joseph.
Joséphine
s. f. Mijaurée, bégueule, — dans l’argot des faubouriens, qui ont voulu donner une compagne à Joseph. Faire sa Joséphine. Repousser avec indignation les propositions galantes d’un homme.
Joséphine
La cagnotte, dans le jargon des joueurs. Bourrer Joséphine ; entretenir la cagnotte.
Le gérant propriétaire du cercle ne tolère cette débauche que parce que ledit croupier bourre fortement Joséphine.
(Tricolore, mars 1884.) V. sur une autre acception de Joséphine, infra au mot princesse.
Joséphine
Mijaurée, bégueule. A. D. Joséphine est le nom donné à la tête de carton sur laquelle les modistes essayent l’effet des chapeaux avant de les ajuster sur la tête de la cliente (Argot du peuple). N.
Jouasser
v. n. Jouer mal ou sans application, pour passer le temps plutôt que pour gagner une partie. On dit aussi Jouailler.
Jouasson
s. m. Joueur malhabile ou distrait, redouté des véritables joueurs, — qui lui préféreraient volontiers un Grec. On dit aussi jouaillon.
Jouer (en)
Connaître, savoir faire une chose.
Passez-moi le poulet pour que je le découpe, je sais comment on en joue. — Est-il fort sur les mathématiques ? — Il en joue très bien.
Jouer (se)
S’arranger, s’organiser, — dans l’argot du peuple, qui emploie cette expression à propos d’une foule de choses étrangères à la musique et au jeu. Ainsi, à propos d’un portefeuille à secret, au lieu de dire : Comment cela s’ouvre-t-il ? il dira : Comment cela se joue-t-il ?
Ce verbe s’emploie dans un autre sens, celui de faire, pour marquer l’étonnement. Comment cela se joue-t-il donc ? Tout à l’heure j’avais de l’argent et maintenant je n’en ai plus !
Jouer à courir
v. n. Se défier à la course, — dans l’argot des enfants.
Jouer à l’avant scène
Argot théâtral. Dire son rôle le plus près possible de la rampe de façon à se mettre en plus intime communication avec le public.
Jouer à la main chaude
v. n. Être guillotiné, — dans l’argot des voleurs, qui font allusion à l’attitude du supplicié, agenouillé devant la machine, la tête basse, les mains liées derrière le dos.
Jouer à la main chaude
Être guillotiné. Cette expression n’est plus juste, car, comme autrefois, le condamné ne s’agenouille plus pour recevoir le coup fatal, il est couché sur la planche. On dit : Il fait la planche (Argot des voleurs). N.
Jouer à la ronfle
v. n. Ronfler en dormant, — dans l’argot des faubouriens.
Jouer au trou-madame
Faire la chosette.
Il est très dangereux de jouer au trou-madame avec elle.
Tabarin.
Jouer aux quilles
Faire l’acte vénérien.
La tienne joue bien aux quilles.
Brantôme.
Que l’un sur l’autre ils tombèrent
En jouant au beau jeu de quilles.
(Recueil de poésies françaises.)
Bon compagnon et beau joueur de quilles.
La Fontaine.
Jouer comme un fiacre
v. n. Jouer très mal, — dans l’argot du peuple, qui sait que les voitures imaginées, au XVIIe siècle, par Sauvage, sont les plus détestables véhicules du monde. On dit aussi Jouer comme une huître.
Jouer de
Faire ce qu’on veut.
Nachette, en un mot, joua parfaitement du baron.
De Goncourt.
Jouer de
Avoir de l’influence sur l’esprit de quelqu’un, savoir prendre quelqu’un par son côté faible. Mot à mot : jouer de lui comme d’un instrument qui nous est familier. — « En voilà une qui peut se vanter de jouer des hommes, comme il faut ! »
Jouer de la harpe
S’assurer, comme Tartufe, et dans le même but que lui, auprès d’une femme, que l’étoffe de sa robe est moelleuse.
Jouer de quelqu’un
v. n. Le mener comme on veut, en tirer soit de l’argent, soit des complaisances de toutes sortes, — dans l’argot de Breda-Street, où l’on joue de l’homme comme Liszt du piano, Paganini du violon, Théophile Gautier de la prose, Théodore de Banville du vers, etc., etc.
Jouer des fourchettes
Se sauver, s’enfuir (la Correctionnelle).
Jouer des jambes
v. a. S’enfuir, — dans l’argot des faubouriens.
Jouer des mains
Peloter les tétons et le cul d’une femme — qui ne hait pas ce jeu, même lorsqu’elle en a le plus l’air offensé.
Je me souviens… qu’il hasarda sur cela des manières et des tons de polissonneries, qu’il s’exposait déjà à jouer des mains.
La Popelinière.
Jouer des quilles
S’évader, partir, fuir, jouer des jambes.
Jouer des reins
Faire l’acte vénérien.
L’étudiant jouant avec vigueur des reins…
Henry Monnier.
Jouer devant les banquettes
Jouer devant une salle où les spectateurs ne sont pas nombreux, ainsi que cela arrive fréquemment l’été. Argot des coulisses.
Jouer du cœur
Rejeter les vins ou les viandes ingérés en excès ou mal à propos, — dans l’argot du peuple, à qui les concetti ne déplaisent pas. Nos aïeux disaient Tirer aux chevrotins.
Jouer du corps
Non pas du cor de chasse, mais produire un autre son qu’avec un instrument.
Jouer du croupion, ou du cul
Jouer des fesses, faire l’acte vénérien.
Et en même temps, lui, de jouer du croupion.
(Les Aphrodites.)
Ne jouez plus du cul, ma tante,
Ni moi aux dés, je le promets.
Agrippa d’Aubigné.
Le vieux Jaquet dans une étable,
Voyant Lise jouer du cu
Avec un valet à gros rable,
En va faire plainte au cocu.
Théophile.
Jouer du fifre
Se priver de nourriture.
Jouer du mirliton
Baiser une femme.
En jouant du mirlitir,
En jouant du mirliton.
(Refrain d’une chanson récente.)
Jouer du Napoléon
Faire sonner son gousset en passant devant une femme que l’on suppose aimer cette musique-là.
Jouer du napoléon
v. a. Payer ; dépenser sans compter, — dans l’argot des bohèmes, à qui ce jeu-là est interdit.
Jouer du piano
v. a. Se dit — dans l’argot des maquignons, d’un cheval qui frappe inégalement des pieds en courant.
Jouer du pouce
v. a. Dépenser de l’argent, — dans l’argot du peuple. Signifie aussi Compter de l’argent.
Jouer du pouce
Dépenser de l’argent. (Dict. comique.) Compter de l’argent à quelqu’un.
Jouer du serre-croupière
Faire l’acte vénérien.
Jouer du vingt-deux
Jouer du poignard.
Jouer du violon
Scier ses fers.
Jouer du violon
v. a. Scier ses fers,-— dans l’argot des voleurs. On dit aussi Jouer de la harpe.
Jouer du violon
v. n. Se dit — dans l’argot des écrivains fantaisistes, à propos des mouvements de systole et de diastole du cœur humain en proie à l’Amour, ce divin Paganini.
Jouer la fille de l’air
v. a. S’en aller de quelque part ; s’enfuir, — dans l’argot des faubouriens.
Jouer le mot
Argot théâtral. Souligner chaque mot à effet au point d’atténuer le caractère général du personnage qu’on représente.
Jouer le point de vue
Argot de cercle ou mieux de tripot.
De la même famille est la « ficelle » qui consiste à suivre les cartes pendant leur distribution ; il y a des banquiers qui les donnent très haut, et l’on peut arriver, avec une certaine habitude, à les voir par-dessous. Si l’on aperçoit un neuf, on ajoute (à sa mise) tout ce qu’on peut ajouter. Cette grosse indélicatesse s’appelle jouer le point de vue.
(Carle des Perrières : Le Monde qui triche.)
Jouer un air de violon
Prisonnier qui scie les barreaux de sa cellule pour s’évader (Argot des voleurs).
Jouer un pied de cochon
Tromper, décamper.
Vous avez donc voulu nous jouer un pied de cochon.
Canler.
Jouer un pied de cochon
Jouer un bon tour à quelqu’un ; s’en aller, le laisser en plan au moment de payer son écot, sachant qu’il est sans le sou (Argot du peuple). N.
Jouer un pied de cochon
Faire une méchanceté, ou une mauvaise farce à quelqu’un, c’est lui jouer un pied de cochon.
Joues (se faire des)
Manger avec appétit, engraisser.
Joueuse de flûte
Fille ou femme entretenue, qui joue de la flûte avec les queues de ses contemporains.
Lorettes, cocottes et autres aimables joueuses de flûte, corruptrices de la jeunesse.
Ch. Coligny.
Jouir
Arriver au summum du plaisir par l’éjaculation spermatique. Jouir d’une femme, la faire jouir.
As-tu de l’abbesse
A la fin joui ?
Collé.
Dans peu de temps d’ici, vous verrez un paillard
Qui viendra, pour jouir de son beau corps gaillard.
Trotterel.
Entre ses bras l’heureux Adam la presse,
Brûle, jouit, et dans sa folle ivresse
Il répétait : Perdre ainsi c’est gagner.
Parly.
Ah ! comme je jouis, mon Dieu ! comme je… jouis !.. Ça me va dans la plante des cheveux.
Henry Monnier.
Il est une heure dans l’année
Où tout ce qui vit veut jouir,
où la vierge et la graminée
Ressentent le même désir.
A. D.
Je possède l’art du casse-noisette
Qui ferait jouir un nœud de granit.
(Parnasse satyrique.)
Mais, pour faire jouir, j’ai d’ailleurs un moyen
Qui jusques à ce jour m’a réussi très bien.
L. Protat.
Tellement que s’ils voient passer quelqu’une, dont ils aient déjà joui, ils ne disent pas simplement : J’ai baisé une telle, mais bien : J’ai foutu une telle, je l’ai chevauchée.
Mililot.
Pas sans moi ! pas sans moi !… Ensemble !… joui… jouissons… ensemble… bien ensemble !…
Henry Monnier.
Jouissance
L’acte vénérien, et ce qu’on y éprouve, qui n’a pas son analogue dans les autres plaisirs humains.
Et regardant la jouissance
Comme un pas dangereux qu’il nous faut éviter.
Grécourt.
Soudain par leur vive jeunesse
Vers la jouissance emportés,
Tous deux des moites voluptés
Boivent la coupe enchanteresse.
Parny.
… il faut de tous ces dons savoir bien te servir,
Savoir les employer à donner du plaisir
A ceux qui dans vos bras cherchent la jouissance.
L. Protat.
Jouisseuse
Femme qui aime l’homme et qui, au lit, y va bon jeu, bon argent, donnant autant de coups de cul qu’elle reçoit de coups de queue.
Ce n’est pas une bégueule, c’est une vraie jouisseuse.
Lemercier.
Joujou
Celui de l’homme est son vit.
Vive ce beau joujou
Bijou
Que la tendresse
Dresse…
Celui de la femme est son con
Ah ! permets que je pose
Le petit bout
de ma langue amoureuse
Qui serait bien heureuse
Dans ton joujou
Marc Constantin.
Quand je n’aurais pas su d’avance que mon orifice était fait pour être pénétré, la nature et notre position m’auraient à l’instant révélé que nos deux joujoux étaient faits l’un pour l’autre.
(Mon noviciat)
Joujou
s. m. Jouer, — dans l’argot des enfants. Faire joujou. S’amuser, — au propre et au figuré.
Joujou
s. m. La croix d’honneur, — dans l’argot du peuple. On se rappelle les tempêtes soulevées par Clément Thomas, employant cette expression en pleine Assemblée nationale.
Joujouter
v. n. Jouer, faire joujou, — dans l’argot des faubouriens, qui emploient ce verbe au propre et au figuré.
Jour de la Saint-Jean-Baptiste (le)
Le jour de l’exécution, — dans l’argot des prisons. C’est une allusion, comprise même des plus ignorants et des plus païens, à la décollation du Précurseur, dont la belle et cruelle Hérodiade ne pouvait digérer les mercuriales. Les voleurs anglais ont aussi leur allusion à ce jour fatal, qu’ils appellent le Jour du torticolis (wry-neck day).
Jour de la Saint-Jean-Baptiste (le)
Le jour de l’exécution d’un condamné. À la prison de la Roquette, le jour d’une exécution, les prisonniers ne descendent pas à l’atelier à l’heure réglementaire, ils savent ce que cela veut dire : c’est le jour de la Saint-Jean-Baptiste : on décolle un copain (Argot des voleurs).
Journaille
La journée. On dit d’un paresseux qu’il trouve la journaille plus longue que la queue au pain (Argot du peuple).
Journaille
Journée.
Journaille
Journée.
Journalistes à richer
Les vidangeurs. Cette expression vient d’un mauvais calembour. Les journalistes publient souvent des fausses nouvelles. Les vidangeurs recherchent les fosses nouvelles (Argot du peuple). N.
Journée (avoir fait sa)
Avoir gagné l’argent nécessaire aux dépenses de la journée, — dans le jargon des filles.
Journoyer
v. n. Ne rien faire de la journée, flâner. Argot du peuple.
Jours (les 28 ou 13)
Réservistes ou territoriaux.
Jouste
Près, — dans l’ancien argot.
Jouste ou juxte
Près, contre, proche.
Joyau
Signifie : 1o Le membre viril.
Vous ne vous enfuyez de ce joyau qu’on vous fait voir, que parce qu’aussi bien il est trop loin de vous.
Ch. Sorel.
Je jouissais d’autant plus délicieusement, que j’avais longtemps langui après la possession du joyau qui était tout entier dans mon étui.
(Mémoires de miss Fanny.)
2o La nature de la femme.
Ce tablier couvre leur joyau, dont les Hottentots dont idolâtres.
Voltaire.
Voyez fille qui dans un songe
Se fait un mari d’un amant ;
En dormant, la main qu’elle allonge
Cherche du doigt le sacrement ;
Mais faute de mieux, la pauvrette
Glisse le sien dans le joyau.
Béranger.
3o La virginité
Pour demander à ce peuple méchant
Le beau joyau, que vous estimez tant.
Voltaire.
Madame Brown me gardait toujours jusqu’à l’arrivée d’un seigneur avec qui elle devait trafiquer de ce joyau frivole qu’on prise tant et que j’aurais donné pour rien au premier crocheteur qui aurait voulu m’en débarrasser.
(Mémoires de miss Fanny.)
Joyeux
Surnom des zéphirs, soldats du bataillon d’Afrique.
Jtourbe
Éteint, mort.
Ma camoufle est jtourbe, je n’ai plus de rifle.
Jubécien, ienne
adj. et s. Grimacier, grimacière, qui fait des façons, des giries.
Jubilation
s. f. Contentement extrême, — dans l’argot du peuple. Visage de jubilation. Qui témoigne d’un très bon estomac.
Jubiler
v. n. Se réjouir.
Judacer
Trahir. — Judacerie : Trahison (Vidocq). — Allusion biblique.
Judacer, Judaïser
Tromper, trahir, dénoncer.
Judas
s. m. Traître ; homme dont il faut se méfier, — dans l’argot du peuple, chez qui est toujours vivante la tradition de l’infamie d’Iscariote. Baiser de Judas. Baiser qui manque de sincérité. Barbe de Judas. Barbe rouge. Bran de Judas. Taches de rousseur. Le point de Judas. Le nombre 13.
Judas
s. m. Petite ouverture au plancher d’une chambre située au-dessus d’une boutique, et qui trahit ainsi la présence d’un étranger dans celle-ci. Les judas parisiens sont les cousins germains des espions belges et suisses.
Judas (le point de)
Le nombre treize.
Judasser
v. n. Embrasse, pour tromper — comme Judas Iscariote fit au Christ. Signifie aussi simplement : Tromper, trahir.
Judasserie
s. f. Fausse démonstration d’amitié ; tour, perfidie ; trahison.
Judasserie
Dénonciation ; fausse démonstration d’amitié.
Judée
n. de l. Préfecture de police, — dans l’argot des voleurs, qui ont appris à leurs dépens le chemin de la rue de Jérusalem. Ils disent aussi Petite Judée.
Judée
La préfecture de police.
Judée
La préfecture de police. Ce mot n’est plus en circulation depuis la démolition de la rue de Jérusalem (Argot des voleurs).
Judée (la petite)
La préfecture de Police.
Judée (la)
La préfecture de police.
Juge de paix
s. m. Tourniquet de marchand de vin, qui condamne à payer une tournée celui qui perd en amenant le plus petit nombre. Argot des ouvriers.
Juge de paix
s. m. Bâton, — parce qu’il est destiné à mettre le holà. Cette expression fait partie de l’argot des voleurs et de celui des faubouriens.
Juge de paix
Bâton. — Tourniquet de marchand de vin où se jouent les consommations.
Juge de paix
Bâton. Tourniquet de marchand de vin. Balances.
Juge de paix
Le lit. Dans le peuple, on trouve qu’après une dispute et même une bataille, le lit est un instrument de raccomodement. Cette expression vient d’une enseigne d’un marchand de meubles établi boulevard de Belleville. L’enseigne figurait un lit complet, et sur l’oreiller placé au milieu, il y avait cette inscription : Au Juge de Paix. (Argot du peuple). N.
Juge de paix
Un cornet contenant trois dés, la partie qui se nomme Zanzibar se joue sur le comptoir du marchand de vins. Ce jeu est ainsi appelé parce qu’il met les joueurs d’accord (Argot du peuple). N.
Juge de paix
Jeu qui se compose d’un cornet et de trois dés, qui se trouve sur le comptoir des marchands de vin et qui est surnommé zanzibar ; il sert à trancher la question de qui payera la consommation ; de là, juge de paix.
Juge de paix (le)
Le lit.
Jugeotte
Jugement, avis.
Dis-moi z’un peu franchement, Là dessus ta petite jugeotte.
Léonard, parodie, 1863.
Jugeotte
s. f. Jugement, logique, raison, bon sens, — dans l’argot du peuple, pour qui cela remplace la judiciaire.
Jugeotte
Bon sens ; jugement sain.
Jugeotte
Jugement, intelligence.
Jugeotte (en avoir)
Bien juger les choses, avoir un jugement sain (Argot du peuple).
Juguler
v. a. Importuner, ennuyer, égorger d’obsessions.
Juguler
Agacer, ennuyer, horripiler.
Toi, monsieur le difficile, si ça te jugule, tu peux t’en aller.
(E. Scribe, L’Honneur de ma fille.)
Vos invectives commencent à me juguler.
(Dumersan et Varin, les Saltimbanques.)
Jugulant, agaçant.
Juguler
Importuner. Ennuyer.
Juif
s. m. Prêteur à la petite semaine, — dans l’argot des étudiants.
Juif
Usurier ; avare.
Juif errant
s. m. Grand marcheur, homme qui va par monts et par vaux, comme Ahasvérus, que Jésus — « la bonté même » — a condamné à marcher « pendant plus de mille ans ».
Juiffer
v. a. Tromper en vendant ; avoir un bénéfice usuraire dans une affaire.
Juilletiser
v. a. Faire une révolution, détrôner un roi, — dans l’argot du peuple, qui a gardé le souvenir des « glorieuses journées » de 1830.
Jujotte
Savoir juger les choses.
Jules
s. m. Pot qu’en chambre on demande, — dans l’argot des faubouriens révolutionnaires, qui ont éprouvé le besoin de décharger la mémoire de saint Thomas des ordures dont on la couvrait depuis si longtemps.
Aller chez Jules. C est ce que les Anglais appellent To pay a visit to mistress Jones.
Jules
Pot de chambre ; tinette, latrines portatives des troupiers. Jules a remplacé le vieux Thomas, source d’éternelles plaisanteries. Jules est plus nouveau. On dit au régiment passer la jambe à Jules ou pincer l’oreille à Jules lorsqu’on est de corvée pour vider les tinettes.
Jules
Tonneau percé d’un bout, posé sur l’autre, et portant deux crochets de fer sur les côtés. C’est le meuble indispensable des salles de discipline d’où les soldats ne peuvent sortir, même pour satisfaire certains besoins. Les soldats chargés de transporter ce fameux baquet tirent les oreilles à Jules ; quand, pour le vider, ils le font basculer, ils lui passent la jambe.
Jules
Tinette.
Jules
Baquet qui se trouve dans toutes les salles de police ou violons. Un vase de nuit est aussi nomme Jules ou Thomas.
Jules
Camarade à Thomas : le pot de chambre.
Jumelles
s. f. pl. Partie du corps qui constitue la Vénus Callipyge, — dans l’argot des voleurs, héritiers des Précieuses, lesquelles appelaient cette partie Les deux sœurs.
Jumelles
Continuation du dos.
Jumelles
Partie postérieure du corps. On dit aussi cuvette et les deux sœurs.
Jupière, Jupasse
Couturière qui fait les jupes des robes.
Juponnier
Celui qui aime les femmes, le jupon.
Jus
s. m. Grâce, élégance, bon goût, — dans l’argot des faubouriens, pour qui certaines qualités extérieures, naturelles ou acquises, sont la sauce de certaines qualités de l’âme. Avoir du jus. Avoir du chic, de la tournure. Être d’un bon jus. Être habillé d’une façon grotesque, ou avoir un visage qui prête à rire.
Jus
s. m. Profit, bénéfice que rend une affaire.
Jus
Élégance, — dans le jargon des gommeux qui ont voulu donner un pendant au mot chic. (V. Juteuse).
Jus
Voici un mot qui, en argot, a plusieurs sens et notamment deux acceptions bien opposées. On le trouve, en effet, dans Delvau et Larchey comme synonyme de vin, mais il sert aussi à désigner l’eau. Je l’ai plusieurs fois entendu prononcer avec ce dernier sens. Les uns disaient jus de grenouille et les autres jus, tout court.
L’autre le suit, l’empoigne par sa ceinture et le lance dans la Seine en disant : Va dans le jus.
(Galette des Tribunaux, août 1884.)
Jus
Élégance. Eau. Vin.
Jus (coup de)
Mot à mot : coup de jus de raisin.
J’aime mieux aller chez la mère à Montreuil… et je me collerai un coup de jus.
(A. Bouvier, la Lanterne du 19 juillet 1877.)
Jus d’échalas
s. m. Vin.
Jus de baromètre
Mercure.
Te n’ sens pas toi-même l’jus de baromètre, hé non, c’est qu’ je tousse.
(Le Nouveau Vadé.)
Jus de bâton
Coup de bâton.
Pour passer votre rhume, j’ai du jus de bâton.
Aubert, Chanson, 1813.
Jus de bâton
s. m. Coup de bâton.
Jus de bâton
Coups de bâton.
Jus de chapeau
Mauvais café, celui que les femmes vendent le matin au coin des rues, aux ouvriers qui se rendent à leur travail. Quand il pleut sur un chapeau, le jus a exactement la couleur de ce café (Argot du peuple).
Jus de chapeau
Mauvais café.
Jus de chapeau
Café noir.
Jus de chique
Café, — dans le jargon des troupiers. Allusion à la couleur du café. La variante est : Jus de chapeau, à cause de la couleur foncée de la transpiration militaire.
Jus de chique ou de chapeau
Café. L’opinion émise par les soldats eux-mêmes sur la qualité de ce liquide dans les casernes vient corroborer celle que nous avons exprimée au mot Champoreau. Il y a, d’ailleurs, trois espèces de café : le zig (1re qualité) que se réservent le cuisinier et le caporal ou brigadier d’ordinaire, charité bien ordonnée… Puis le bitt, destiné au chef ; enfin le jus de chique ou de chapeau (3e et problématique qualité) distribué aux troubades.
Jus de couillon
Le sperme, le nec plus ultra des jus.
Vous qui, du haut de ce balcon,
Riez de ma misère,
S’il pleuvait du jus de couillon,
On vous verrait sous la gouttière.
Piron.
Lorsque Molière fait dire à Elmire :
Aucun jus, en ce jour, ne saurait me charmer…
il a la même idée que Piron, seulement ; il s’exprime d’une façon plus honnête.
Jus de navet dans les veines (avoir du)
Manquer d’énergie. Variante : Avoir du sirop d’orgeat dans les veines.
Jus de réglisse
s. m. Nègre ou mulâtre.
Jus de réglisse
Nègre.
Jusqu’à plus soif
adv. À l’excès, extrêmement, — dans l’argot des faubouriens, qui disent cela à propos de tout.
Jusqu’au boutien (journal)
Journal qui a soutenu la politique du maréchal de Mac-Mahon après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 1877. — Allusion à la phrase qui figurait dans l’ordre du jour adressé par le Maréchal à l’armée, le 9 juillet suivant : « J’irai jusqu’au bout. »
Les journaux jusqu’au boutiens affirment avec ensemble que, etc.
(La France du 10 août 1877.)
Juste
s. f. La Cour d’assises, — dans l’argot des voleurs, qui s’étrangleraient sans doute à prononcer le mot tout entier, qui est Justice.
Juste (la)
Cour d’assises. Abréviation de « la justice. »
Juste (la)
La cour d’assises.
Juste milieu
s. m. Député conservateur quand même, ami quand même du gouvernement régnant. Argot des journalistes libéraux. On dit aussi Centrier.
Juste-milieu
Partisan du statu quo politique, en opposition à la gauche qui représente le côté radical ou avancé, et à la droite qui se retranche dans le maintien des anciens principes. V. Centrier.
Luc riait comme un républicain qui voit le juste-milieu recevoir un soufflet.
Ricard.
Juste-milieu
Derrière.
Mayeux envoya la pointe de sa botte dans le juste-milieu de Mlle Justine.
Ricard.
Juste-milieu
s. m. L’endroit consacré par la jurisprudence du Palais-Royal comme cible aux coups de pied classiques et aux plaisanteries populaires.
Justification
s. f. Longueur de la ligne, variable suivant les formats. Au figuré, Prendre sa justification, c’est prendre ses mesures pour faire quelque chose.
Juteuse
Femme élégante, femme qui a du chic, — dans le jargon des gommeux. C’est celle qui semble toute remplie du jus de la distinction. Le mot est bienvenu et semble être appelé à un bel avenir. Nous en avons trouvé un exemple dans un numéro de la Vie moderne, juin 1880.
Juteux
Il a du jus, il est rupin. Une affaire est juteuse, quand elle donne beaucoup de bénéfices. Tomber à l’eau, c’est tomber dans le jus. Boire du vin, licher un coup de jus. Faire du jus, faire de l’embarras (Argot du peuple). N.
Juteux, euse
adj. Qui donne de grands bénéfices, qui rend un grand profit, qui a du jus enfin.
Juxte
Près, contre.
Juxte
Près, auprès.
Juxte
Près, contre.
Jy
Oui.
Jy, mon ange
Oui, monsieur.
Jy, mon ange
Oui, monsieur.
Argot classique, le livre • Facebook