Larchey, 1865 : Conscrit. — Allusion à la blouse bleue de la plupart des recrues.
Celui des bleus qui est le plus jobard.
La Barre.
Bleu : Gros vin dont les gouttes laissent des taches bleues sur la table.
La franchise, arrosée par les libations d’un petit bleu, les avait poussés l’un l’autre à se faire leur biographie.
Murger.
Delvau, 1866 : s. m. Vin de barrière, — dans l’argot du peuple, qui a remarqué que ce Bourgogne apocryphe tachait de bleu les nappes des cabarets. On dit aussi Petit bleu.
Delvau, 1866 : s. m. Marque d’un coup de poing sur la chair. Faire des bleus. Donner des coups.
Delvau, 1866 : s. m. Manteau, — dans l’argot des voyous, qui ont voulu consacrer à leur façon la mémoire de Champion.
Delvau, 1866 : s. m. Conscrit, — dans l’argot des troupiers ; cavalier nouvellement arrivé, — dans l’argot des élèves de Saumur.
Delvau, 1866 : s. m. Bonapartiste, — dans l’argot du peuple, rendant ainsi à ses adversaires qui l’appellent rouge, la monnaie de leur couleur. Les chouans appelaient Bleus les soldats de la République, qui les appelaient Blancs.
Delvau, 1866 : adj. Surprenant, excessif, invraisemblable. C’est bleu. C’est incroyable. En être bleu. Être stupéfait d’une chose, n’en pas revenir, se congestionner en apprenant une nouvelle. Être bleu. Être étonnamment mauvais, — dans l’argot des coulisses.
On disait autrefois : C’est vert ! Les couleurs changent, non les mœurs.
Rigaud, 1881 : Manteau ; à l’époque où l’homme au petit manteau-bleu était populaire.
Rigaud, 1881 : « C’est le conscrit qui a reçu la clarinette de six pieds ; les plus malins (au régiment) ne le nomment plus recrue ; il devient un bleu. Le bleu est une espérance qui se réalise au bruit du canon. »
(A. Camus.)
En souvenir des habits bleus qui, sous la Révolution, remplacèrent les habits blancs des soldats. (L. Larchey)
Merlin, 1888 : Conscrit.
La Rue, 1894 : Conscrit. Vin. Manteau. C’est bleu ! c’est surprenant.
Virmaître, 1894 : Jeune soldat. Se dit de tous les hommes qui arrivent au régiment. Ils sont bleu jusqu’à ce qu’ils soient passés à l’école de peloton (Argot des troupiers).
Rossignol, 1901 : Soldat nouvellement incorporé. À l’époque où on ne recrutait pas dans le régiment de zouaves, celui qui y était admis après un congé de sept ans était encore un bleu ; les temps sont changés.
Hayard, 1907 : Jeune soldat.
France, 1907 : Conscrit. Ce terme remonte à 1793, où l’on donna des habits bleus aux volontaires de la République. L’ancienne infanterie, jusqu’à la formation des brigades, portait l’habit blanc. Bleu, stupéfait, le conscrit étant, à son arrivée au régiment, étonné et ahuri de ce qu’il voit et de ce qu’il entend ; cette expression ne viendrait-elle pas de là, plutôt que de « congestionné de stupéfaction », comme le suppose Lorédan Larchey ? J’en suis resté bleu signifierait donc : J’en suis resté stupéfait comme un bleu. On dit, dans le même sens, en bailler tout bleu. On sait que les chouans désignaient les soldats républicains sous le sobriquet de bleus.