B
(France, 1907)
B (marqué au)
On désigne ainsi toute personne atteinte d’une infirmité dont le nom commence par la deuxième lettre de l’alhpabet : bancal, bancroche, bègue, boiteux, borgne, bossu. Une vieille superstition populaire attachait à ces disgrâces de la nature certaines fâcheuses influences… influences fâcheuses surtout pour ceux qui en sont atteints.
(Rigaud, 1888)
Baba
Pour ébahi, — dans le jargon du peuple ; en ôtant la première et les deux dernières lettres et doublant la syllabe BA.
(Rossignol, 1901)
Baba
Étonné, surpris, ne savoir quoi répondre.
Il était tellement épaté, qu’il en est resté baba.
(France, 1907)
Baba
Ébahi, stupéfait. Rester baba, rester bouche bée. Baba, en russe, veut dire vieille. Peut-être ce mot a-t-il été rapporté de la campagne de Russie, où les vieilles, sur leurs portes, regardaient d’un air ahuri passer nos soldats.
Donner du travail aux ouvriers, ce n’est pas bien difficile. Il suffirait, pour cela, d’une poussé de générosité, d’un élan du cœur, chez les marchands de paroles, là-bas, au bout du pont de la Concorde.
Vous m’objecterez que ce serait la première fois, depuis plus de vingt ans, qu’ils s’occuperaient sérieusement du pauvre monde et que nous en resterions tous baba.
(François Coppée.)
(Virmaître, 1894)
Babanquer
Vivre. Synonyme de bien banqueter (Argot des voleurs). N.
(un détenu, 1846)
Babillante
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Babillard
(Bras-de-Fer, 1829)
Babillard
(Delvau, 1867)
Babillard
s. m. Confesseur, — dans l’argot des voleurs. Ils donnent aussi ce nom à tout livre imprimé.
(Rigaud, 1888)
Babillard
Journal. — Griffonneur de babillards, journaliste.
(La Rue, 1894)
Babillard
Journal, Livre, Confesseur. Avocat. Placet. Lettre délibération. Griffonneur de babillards, journaliste.
(Virmaître, 1894)
Babillard
Aumônier de prison. Allusion à ce qu’il babillarde sans cesse sans que son inlerloculeur lui réponde (Argot des voleurs). N.
(Virmaître, 1894)
Babillard
Livre imprimé. On dit aussi : bavard (Argot des voleurs).
(France, 1907)
Babillard
Confesseur, avocat ; argot des voleurs. Livre, journal, placet.
Ma largue part pour Versailles ;
Aux pieds de sa Majesté,
Ell’ lui fonce un babillard
Pour me faire défourailler.
(Victor Hugo.)
Aumonier de prison.
La maçonnerie était épaisse ; il ne pouvait saisir aucun bruit. Mais il ne parlait plus jamais de ses deux amis ; et une fois que Sautreuil les avait nommés devant lui, il répondait d’un air gêné : — Le babillard veut que je leur pardonne… ne me causez plus d’eux.
(Hugues Le Roux, Les Larrons.)
Griffonneur de babillard, journaliste.
(Larchey, 1865)
Babillard, llarde
Livre, lettre — Babiller : Lire. — Comparaison d’une lecture au babillage d’une personne qui cause sans s’arrêter.
Ma largue part pour Versailles aux pieds de Sa Majesté ; elle lui fonce un babillard pour me faire défourailler.
Vidocq.
Babillard : Confesseur (Vidocq). — Allusion aux efforts persuasifs des aumôniers de prison vis-à-vis de leur troupeau.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Babillarde
(Bras-de-Fer, 1829)
Babillarde
(Clémens, 1840)
Babillarde
(Halbert, 1849)
Babillarde
(Virmaître, 1894)
Babillarde
Montre. Allusion à son tic-tac qui malgré sa monotonie babille et égaie la solitude (Argot des voleurs).
(Virmaître, 1894)
Babillarde
Lettre.
— T’en fais du chi-chi dans la menteuse de babillarde (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Babillarde
Lettre.
Dans le courrier de ce matin, j’avais douze babillardes.
(France, 1907)
Babillarde
Lettre, montre. Babillarde volante, télégramme.
Il y a à craindre que la petite ne s’y prenne maladroitement en trouvant la babillarde… qu’elle n’ai attiré l’attention soit des surveillantes, soit de ses voisines en déploynat le fafiot.
(E. Lepelletier, Les Secrets de Paris.)
(Virmaître, 1894)
Babillarder
Écrire (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Babillarder
(France, 1907)
Babillarder
(France, 1907)
Babillardes (porteur de)
(France, 1907)
Babillardeur, babillardeuse
(Delvau, 1867)
Babillards
s. f. Lettre. On dit aussi Babille.
(Halbert, 1849)
Babillaudier
(Delvau, 1867)
Babillaudier
s. m. Libraire, vendeur de babillards.
(France, 1907)
Babillaudier
(Virmaître, 1894)
Babilleuse (la)
Bibliothèque. Allusion aux livres babillards qu’elle contient (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Babines
s. f. pl. La bouche, — dans l’argot du peuple, pour qui sans doute l’homme n’est qu’un singe perfectionné. S’en donner par les babines. Manger abondamment et gloutonnement. S’en lécher les babines. Manifester le plaisir en parlant ou en entendant parler de quelque chose d’agréable, — bon dîner ou belle fille.
(France, 1907)
Babines
Bouche ; employé surtout dans ce sens : S’en lêcher les babines.
(Delvau, 1864)
Babines (les)
Les grandes lèvres de la nature de la femme.
Les deux babines un peu retroussées et colorées d’un rouge attrayant qui passe un peu au dehors entre les cuisses.
Mililot.
(France, 1907)
Babou
Grimace, mines plaisantes comme en fait la nourrice pour amuser son nourrisson. (A. Delvau.) Faire la babou, vieux mot trouvé dans Rabelais. Dans le patois béarnais, babou signifie croque-mitaine et se dit d’un homme fort laid. N’est-ce pas là d’ou vient babouin, figure grotesque que les soldats charbonnaient sur les murs du corps de garde ?
(Delvau, 1867)
Baboue
s. f. Grimace, mines plaisantes comme en fait la nourrice pour amuser le nourrisson. Faire la baboue. Faire la grimace.
L’expression se trouve dans Rabelais — et sur les lèvres du peuple.
(Rigaud, 1888)
Babouin
Petit bouton qui vient sur les lèvres, après avoir bu dans un verre malpropre ou après quelqu’un de malsain ou simplement parce qu’on est malsain soi-même. — Chez beaucoup de femmes, signe précurseur de l’indisposition mensuelle. Vient du vieux mot français babou, jeu d’enfants qui consistait à faire la moue.
(Delvau, 1867)
Babouin ou Baboua
s. m. Petit bouton de fièvre ou de malpropreté, qui vient à la bouche, sur les babines.
Le babouin était autrefois une figure grotesque que les soldats charbonnaient sur les murs du corps de garde et qu’ils faisaient baiser, comme punition, à ceux de leurs camarades qui avaient perdu au jeu ou à n’importe quoi. On comprend qu’à force de baiser cette image, il devait en rester quelque chose aux lèvres, — d’où, par suite d’un trope connu, le nom est passé de la cause à l’effet.
(Rigaud, 1888)
Babouine
Bouche. Babouiner, manger.
(Larchey, 1865)
Bac
Baccarat. — Abrév.
La musique n’arrivant pas, on a taillé un petit bac pour prendre patience.
A. Second.
(Delvau, 1867)
Bac
s. m. Apocope de Baccarat, — dans l’argot des petites dames. Tailler un petit bac. Faire une partie de baccarat.
(Rigaud, 1888)
Bac
Baccarat, nom d’un jeu de cartes.
Ce serait bien le diable s’il parvenait à organiser de petits bacs à la raffinerie.
(Vast-Ricouard, Le Tripot.)
(France, 1907)
Bac
Apocope de baccara. Faire une partie de bac ou simplement faire un bac.
(Virmaître, 1894)
Baccante
Barbe, favoris. Il en est qui écrivent : bacchantes, c’est l’orthographe que je donne qui est la bonne. Pour favoris, on dit aussi : côtetettes (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Bacchanal
s. m. Vacarme, tapage fait le plus souvent dans les cabarets, lieux consacrés à Bacchus. Argot du peuple.
(France, 1907)
Bacchanal
Tapage ; des anciennes fêtes de Bacchus, où le peuple s’enivrait.
(Rigaud, 1888)
Bacchantes (les)
La barbe et principalement les favoris, — dans le jargon des voleurs. (Rien des prêtresses de Bacchus.) C’est un jeu de mots un peu forcé sur bâche et dont a été formé bacchantes ; mot à mot : celles qui couvrent.
(La Rue, 1894)
Bacchantes (les)
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Baccon
(Bras-de-Fer, 1829)
Baccon
(Delvau, 1867)
Baccon
s. m. Porc, — dans l’argot des voleurs. Bacon, lard, dans le vieux langage.
(Virmaître, 1894)
Baccon
Cochon (Argot des voleurs).
(France, 1907)
Bacelle
Jeune fille ; corruption de pucelle, du latin puelle ; patois des provinces de l’est.
(Larchey, 1865)
Bachasse
Galère. — Augmentatif de bac : bateau.
En bachasse tu pégrenneras jusqu’au jour du décarement.
Vidocq.
(Delvau, 1867)
Bachasse
s. f. Travaux forcés. Même argot [des voleurs].
(Rigaud, 1888)
Bachasse
Travaux forcés, — dans l’ancien argot.
(France, 1907)
Bachasse
Travaux forcés. Abréviation de basses-chasses, allusion aux châssis bas desquels sortaient les avirons des anciens rameurs de galères. (Lorédan Larchey.)
(Virmaître, 1894)
Bache
Casquette. Elle abrite la tête comme la bâche les voitures (Argot des voleurs).
(Rigaud, 1888)
Bâche
Casquette. Elle couvre la tête comme la bâche couvre la marchandise.
(Rigaud, 1888)
Bâche
Enjeu, — dans l’ancien argot des Grecs. — Faire les bâches, bachotter, établir des paris entre compères dans le but d’exploiter des dupes. Allusion à la grosse toile nommée bâche qui sert à garantir une marchandise. La bâche garantit le floueur contre les mauvaises chances du jeu.
(Rigaud, 1888)
Bâche
Drap, — dans le jargon des troupiers, qui ne couchent pas précisément dans de la batiste. — Se bâcher, se mettre dans la bâche, se coucher.
(La Rue, 1894)
Bâche
Casquette. Enjeu. Faire les bâches, bâchotter, se dit de grecs qui simulent entre eux des paris dans le but de tromper des dupes.
(France, 1907)
Bâche
Casquette ; argot des voleurs.
(Delvau, 1867)
Bachelière
s. f. Femme du quartier latin, juste assez savante pour conduire un bachot en Seine — et non en Sorbonne.
(Virmaître, 1894)
Bacher
Se coucher (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Bâcher
Se coucher. — Il est tard, je vais me bâcher.
(France, 1907)
Bâcher
Dormir. Se bâcher, se coucher, c’est-à-dire se fourrer sous la bâche ; argot des voleurs. Se dit aussi pour loger : Je bâche rue Mouffetard.
(La Rue, 1894)
Bâcher (se)
(France, 1907)
Bachi-bozouks ou Bachi-bouzoucks
Troupe irrégulière et indisciplinée ; argot militaire, importé du turc, pendant la guerre de Crimée, où 4.000 Bachi-bouzouks se mirent à la solde de la France, et autant à celle de l’Angleterre.
Bachi-bouzouk, en turc, cela veut dire tête folle, et l’expression ne paraitra pas trop dure à quiconque aura connu ces hordes barbares.
(Vicomte de Noé, Souvenirs de la guerre d’Orient.)
(Rigaud, 1888)
Bacho
Baccalauréat. — Bachelier. — Passer son bacho, passer son baccalauréat. — Piocher son bacho, travailler à son baccalauréat.
(Larchey, 1865)
Bachot
Cette abréviation de bachelier désigne à la fois le bachelier, l’aspirant bachelier, l’examen du baccalauréat et enfin la pension spéciale où on se prépare à cet examen. V. Les Institutions de Paris. Bachotteur : Grec chargé du rôle de compère dans une partie de billard à quatre. Il règle la partie, tient les enjeux ou baches et paraît couvrir la dupe de sa protection. Les deux autres grecs sont l’emporteur chargé de lier conversation avec la dupe pour l’amener dans les filets de ses compagnons et la bête qui fait exprès de perdre au début pour l’allécher (Vidocq).
(Delvau, 1867)
Bachot
s. m. Apocope de Baccalauréat, — dans l’argot des collégiens.
(France, 1907)
Bachot
Abréviation de baccalauréat.
(Delvau, 1867)
Bachotier
s. m. Préparateur au baccalauréat.
(Rigaud, 1888)
Bachotier
Préparateur au baccalauréat.
(France, 1907)
Bachotier
Préparateur au baccalauréat.
(Delvau, 1867)
Bachotter
v. n. Parier pour ou contre un joueur. Argot des grecs. On dit aussi Faire les bâches.
(Delvau, 1867)
Bachotteur
s. f. Filou « chargé du deuxième rôle dans une partie jouée ordinairement au billard. C’est lui qui arrange la partie, qui tient les enjeux et va chercher de l’argent lorsque la dupe, après avoir vidé ses poches, a perdu sur parole ». V. Bête et Emporteur.
(Rigaud, 1888)
Bachotteur
Grec, floueur. — Dans une partie de cartes ou de billard, le bachotteur remplit le rôle de compère. Il flatte la dupe, la conseille et contribue à la faire plumer.
(France, 1907)
Bachotteur
« Filou chargé du rôle de compère dans une partie de billard à quatre. Il règle la partie, tient les enjeux ou baches, et paraît couvrir la dupe de sa protection. Les deux autres grecs sont l’emporteur, chargé de lier conversation, et la bête, qui fait exprès de perdre au début pour l’allécher. » (Vidocq.)
(Larchey, 1865)
Bacler
Fermer (Vidocq) — (Vieux mot). V. Roquefort.
(Virmaître, 1894)
Bacler
Faire vite, à la hâte une chose qui demanderait à être soignée. Un maire pressé bacle un mariage, un médecin bacle un pansement, un auteur dramatique bacle une pièce. Mot à mot bacler : se dépêcher (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bacler
Faire vite une chose qui demanderait des soins.
(Bras-de-Fer, 1829)
Bâcler
(Delvau, 1867)
Bâcler
v. a. Fermer, — dans l’argot des voleurs, qui se servent là d’un vieux mot de la langue des honnêtes gens. On dit aussi Boucler.
(France, 1907)
Bâcler
Faire une chose hâtivement et sans soin. Bâcler l’ouvrage.
(France, 1907)
Bâcler, boucler
Enfermer, arrêter ; vieux mot français.
(France, 1907)
Bacon
Cochon ; vieux français passé dans la langue anglaise, bacon, lard, et encore usité dans l’Est.
(Halbert, 1849)
Bacon ou baccon
(Rigaud, 1888)
Bacreuse
Poche, — dans le jargon des ouvriers.
(France, 1907)
Badaud de Paris
Niais qui s’amuse de tout, s’arrête à tout, comme s’il n’avait jamais rien vu.
Un jésuite du siècle dernier, le père Labbe, dit que cette expression de badaud vient peut-être de ce que les Parisiens ont été battus au dos par les Normands, à moins qu’elle ne dérive de l’ancienne porte de Bandage ou Badage. Il faut avoir la manie des étymologies pour en trouver d’aussi ridicules.
Celle que donn Littré et qu’il a prise de Voltaire est plus vraisemblable. Badaud vient du provençal badau (niaiserie), dérivé lui-même du mot latin badare (bâiller). Le badaud, en effet, est celui qui ouvre la bouche en regardant niaisement, comme s’il bâillait, qui baye aux corneilles, enfin.
Mais pourquoi gratifier les Parisiens de cette spécialité ? C’est qu’à Paris, comme dans toute grande ville, une foule d’oisifs cherchent sans cesse des sujets de distraction et s’arrêtent aux moindres vétilles. « Car le peuple de Paris, dit Rabelais, est tant sot, tant badault, et tant inepte de nature, qu’un basteleur, un porteur de rogatons, un mulet avec ses cymbales, un vieilleux au milieu d’un carrefour assemblera plus de gents que ne feroit un bon prescheur évangélicque. »
Et plus loin : « Tout le monde sortit hors pour le voir (Pantagruel) comme vous savez bien que le peuple de Paris est sot par nature, par béquarre et par bémol, et le regardoient en grand ébahissement… »
Avant lui, les proverbes en rimes du XVIIe siècle disent déjà :
Testes longues, enfans de Paris
Ou tous sots ou grands esprits.
Ces badauds prétendus de Paris sont surtout des campagnards et des gens de province. Le badaud se trouve partout où affluent les étrangers, aussi bien à Londres qu’à Rome et à Berlin.
Corneille dit :
Paris est un grand lieu plein de marchands mêlés… Il y croit des badauds autant et plus qu’ailleurs.
Et Voltaire :
Et la vieille badaude, au fond de son quartier,
Dans ses voisins badauds vois l’univers entier.
Et enfin Béranger :
L’espoir qui le domine,
C’est, chez un vieux portier,
De parler de la Chine
Aux badauds du quartier.
(Jean de Paris.)
Toute grande ville a sa collection d’imbéciles, car il ne suffit pas à un idiot de Quimper-Corentin ou de Pézenas de vivre à Paris pour devenir spirituel : sa bêtise, au contraire, ne s’y étale que mieux.
(Delvau, 1867)
Badigeon
s. m. Maquillage du visage, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Badigeon
Fard. — C’est le pigmentum de Pline, le fucus de Cicéron. — Se coller du badigeon, se farder.
(Rigaud, 1888)
Badigeonner
Mettre du fard. C’est ce que Racine appelle :
Réparer des ans l’irréparable outrage.
Se badigeonner, se farder.
(Delvau, 1867)
Badigeonner (se)
v. réfl. Se maquiller pour paraître plus jeune.
(Rigaud, 1888)
Badigeonner la femme au puits
Mentir. Mot à mot : farder la vérité au moyen d’un coup de badigeon. La femme au puits, c’est la vérité, — dans le jargon des voleurs qui se sont quelque peu frottés au mur de la littérature.
(Virmaître, 1894)
Badigeonner la femme au puits
Farder la vérité. On sait que la vérité sort nue d’un puits ; la badigeonner c’est mentir (Argot des voleurs).
(La Rue, 1894)
Badigeonner la femme du puits
(Delvau, 1864)
Badigeonner une femme
La baiser, — en employant le blaireau et la peinture à la colle que l’on sait.
Je veux qu’on me paye, moi ! je veux qu’on me badigeonne, moi ! et que l’on me donne des gants.
Lemercier de Neuville.
(Rigaud, 1888)
Badigoince
Joue. — Se caler les badigoinces, manger.
(Delvau, 1867)
Badigoinces
s. f. pl. Les lèvres, la bouche, — dans l’argot du peuple qui a eu l’honneur de prêter ce mot à Rabelais. Jouer des badigoinces. Manger ou boire.
(Delvau, 1864)
Badinage
(que l’on peut prononcer à l’allemande : patinage.) Ce n’est pas autre chose que la préface de la fouterie elle-même :
Cessez ce badinage, Henri, ou je sonne pour appeler mes gens, et vous faire jeter à la porte.
Ponson.
Rions, plaisantons, badinons, mais n’allons pas plus loin.
Henry Monnier.
On fut obligé de la marier plus tôt qu’on ne pensait, parce qu’en badinant avec son accordé, elle devint grosse.
Tallemant de Réaux.
Nanon surtout, et c’était grand dommage,
N’avait encor tâté du badinage.
Grécourt.
Il se servit de l’heure du berger.
Et commençait l’amoureux badinage.
La Fontaine.
De notre amoureux badinage
Ne gardez pas le témoignage,
Vous me feriez trop de jaloux.
Parny.
(Rigaud, 1888)
Badines
Jambes.
Un gros terrier, sortant d’une porte cochère, avait voulu lui boulotter les badines.
(La Petite Lune, 1879.)
(Fustier, 1889)
Badingateux
Terme de mépris employé par les adversaires du régime impérial pour désigner un partisan de ce régime.
Solde de vestes. On prend mesure ; blouses blanches pour braillards, gueulards, badingateux…
(Temps, 1881.)
(Rigaud, 1888)
Badinguet, Badingue
Sobriquet donné à Louis Napoléon. Il paraît que c’était le nom du maçon sous les habits duquel le prince s’évada du fort de Ham.
Ce fut dans cet accoutrement qu’il traversa trois cours, des haies de soldats, des groupes de geôliers et de maçons. Au moment de sortir, il avait excité la curiosité assez inquiète de deux de ces derniers, qui paraissaient étonnés de ne pas le connaître, quand l’un d’eux dit à l’autre : Non, ce n’est pas Berton, c’est Badinguet. Et c’est de là qu’est venu ce nom depuis si populaire.
(Ph. Audebrand, Illustration du 1er septembre 1877.)
(Rigaud, 1888)
Badinguiste
Terme de mépris dont se servent les ennemis du régime impérial pour désigner un partisan de Napoléon III, quand ils ont l’aménité de ne pas lui donner du « badingouin, du badingueusard ou du badin-goinfre. »
Le 4 septembre ne fut-il pas pour les badingoinfres, la plus inespérée des solutions.
(G. Guillemot, le Mot d’Ordre du 5 septembre 1877.)
(Larchey, 1865)
Badouillard
« Pour être badouillard, il fallait passer trois ou quatre nuits au bal, déjeuner toute la journée et courir en costume de masque dans tous les cafés du quartier latin jusqu’à minuit. »
Privat d’Anglemont.
Badouiller : Faire le badouillard. Badouillerie : Art de badouiller.
La Badouillerie est la mort des sociétés de tempérance.
1844, Cat. poissard.
(Delvau, 1867)
Badouillard
s. m. Coureur de bals masqués, — dans l’argot des étudiants du temps de Louis-Philippe. Le type a disparu, mais le mot est resté.
(Rigaud, 1888)
Badouillard
Viveur, épicurien, ami des plaisirs, de la bonne chère et des bals publics. Le Badouillard, une des nombreuses incarnations du Bousingot, s’est épanoui de 1840 à 1860. La société des Badouillards fut, dans le principe, composée d’étudiants. Pour faire partie de cette société, il fallait subir honorablement certaines épreuves. Il y avait celle du dîner, de l’ingurgitation du Champagne, du punch et des liqueurs fortes, de l’engueulement, du duel, des nuits passées, du bal. Celui qui sortait triomphant de cette série d’épreuves, dont la santé et souvent la raison étaient les enjeux, celui-là était proclamé : « Badouillard. »
Le foyer de l’Opéra était envahi par une multitude de charmants cureurs d’égouts, de délicieux badouillards.
(Musée Philipon, les bals masqués.)
Grande charte des badouillards. Art. 2. — Tout badouillard qui ne sera pas ivre en entrant au bal, sera privé de ses droits civils.
(Physiologie du Carnaval, 1842.)
(Rigaud, 1888)
Badouillarde
Femelle du badouillard.
Toute badouillarde devra prouver à la société que, des pieds à la tête, elle ne possède aucune infirmité.
(Physiologie du Carnaval, 1842.)
(Delvau, 1867)
Badouille
s. f. Homme qui se laisse mener par sa femme. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Badouille
Homme qui, dans son ménage, ne porte culotte que nominalement.
(Delvau, 1867)
Badouiller
v. n. Courir les bals, faire la noce.
(Rigaud, 1888)
Badouiller
Courir les bals publics, les lieux de débauche, dans le jargon des viveurs d’il y a trente ans.
(Delvau, 1867)
Badouillerie
s. f. Vie libertine et tapageuse.
(Delvau, 1867)
Baffre
s. f. Coup de poing sur la figure. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Baffre
Soufflet. — Coller une baffre, donner un soufflet.
(Virmaître, 1894)
Baffre
Un coup de poing sur la figure. Dans le peuple, cette expression est remplacée par celle-ci :
— Je vais te coller un pain sur la gueule.
— Je vais le fourrer une bègne que tu n’en verras que du feu (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Baffre
Gifle.
Il m’a tellement fait de niches que je lui ai flanqué des baffres.
(Virmaître, 1894)
Baffrer
Manger avec une grande avidité (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Baffrer
Gifler.
— Si tu ne restes pas tranquille, je vais te baffrer.
Celui qui mange goulûment baffre, c’est un baffreur.
(Fustier, 1889)
Bafouillage
Conversation sans suite, confuse, incohérente. À vrai dire, ce mot rentre plus dans le langage trivial que dans l’argot ; toutefois comme les dictionnaires spéciaux ont jusqu’ici enregistré bafouiller et bafouilleur, j’ai pensé que bafouillage avait également droit d’asile.
J’ai entendu nombre de phrases sans suite, d’exclamations vides, de bafouillages incohérents.
(Écho de Paris, mai 1884).
(Virmaître, 1894)
Bafouiller
S’embarquer dans un discours et mélanger les phrases de façon à les rendre incompréhensibles. Vouloir faire le beau parleur et s’exprimer difficilement. Dans le peuple on appelle celui qui bafouille un bafouilleur et on lui offre un démêloir (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bafouiller
Rendre incompréhensible une conversation en s’exprimant difficilement. Un musicien bafouille lorsqu’il exécute mal un morceau de musique.
(Hayard, 1907)
Bafouiller
S’embrouiller en parlant.
(Rigaud, 1888)
Bafouilleur
Bredouilleur. — Bafouilleuse, bredouilleuse.
(Fustier, 1889)
Bâfrer
Manger.
C’était une sorte de vivandière qui bâfrait comme un roulier et buvait comme quatre.
(Huysmans : À vau-l’eau.)
(Delvau, 1867)
Bâfrerie
s. f. Action de manger avec voracité ; repas copieux.
(Delvau, 1864)
Bagasse
Vieux mot pour désigner une putain :
…La plus grande bagasse de la ville.
Brantôme.
O Dieu ! que l’homme est malheureux qui épouse de telles chiennes et bagasses.
Tournebu.
(Rossignol, 1901)
Bagatelle
La femme honnête n’aime pas son mari uniquement pour la bagatelle.
(Virmaître, 1894)
Bagatelle (faire la)
Faire l’amour. Quand la maquilleuse de brèmes tire les cartes à une jeune fille et que l’as de pique sort, elle lui annonce qu’elle fera la bagatelle (Argot des filles).
(Delvau, 1864)
Bagatelle (la)
Le plaisir vénérien, la plus sérieuse des occupations de l’espèce humaine. — L’expression appartient à l’argot des filles qui, elles, n’attachent aucune importance à l’amour.
Si j’effleure, dit-elle,
L’asphalte du trottoir,
C’est pour la bagatelle :
Entrez dans mon boudoir.
A. Montémont.
(Rigaud, 1888)
Bagatelle (la)
Sacrifice à Vénus. — Faire la bagatelle, sacrifier à Vénus.
(Virmaître, 1894)
Bagnenaudes
Poches. Expression usitée chez les marbriers, surtout les samedis avant la paye.
— J’ai dix ronds qui se baladent dans mes baguenaudes, les mettons-nous dans le commerce ? (chez le mastroquet voisin) (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bagnole
s. f. Chapeau de femme, de forme ridicule, — dans l’argot du peuple, qui ne se doute pas que les bagnoles, avant de mériter son mépris, avaient mérité l’admiration des dames de Paris en 1722.
(Rigaud, 1888)
Bagnole
Petite chambre malpropre.
(La Rue, 1894)
Bagnole
Mauvaise voiture. Chambre malpropre.
(Virmaître, 1894)
Bagnole
Bouge, masure. Se dit également d’une vieille voiture qui gémit sur ses ressorts rouillés et cahote le voyageur (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Bagnolle
(La Rue, 1894)
Bagof, bête-à-chagrin
(Rossignol, 1901)
Bagotier
Celui qui suit les voitures chargées de bagages de la gare à destination, dans l’espoir qu’on lui fera monter les colis à domicile.
(Hayard, 1907)
Bagotier
Homme qui courre après les fiacres pour monter les malles.
(Larchey, 1865)
Bagou
« Ce mot, qui désignait autrefois l’esprit de répartie stéréotypée, a été détrôné par le mot blague. »
Balzac.
Bagou, Bague : Nom propre (Vidocq). Du vieux mot bagouler : parler. V. Lacombe.
(Rigaud, 1888)
Bagou
Facilité d’élocution pour ne rien dire, éloquence factice qui en impose aux sots. Les charlatans ont du bagou, soit qu’ils parlent sur la place publique, soit qu’ils débitent leurs boniments du haut d’une tribune. Le bagou n’est que la fausse monnaie du véritable esprit de repartie. Il a été détrôné par sa sœur la blague.
(La Rue, 1894)
Bagou
Bavardage plein de hardiesse et d’effronterie.
(Delvau, 1867)
Bagou ou Bagout
s. m. Bavardage de femme ; faux esprit. Argot des gens de lettres et du peuple.
Dans l’argot du peuple, Avoir du bagout équivaut à n’avoir pas sa langue dans sa poche.
(Rigaud, 1888)
Bagou, Bague
Nom propre, dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1867)
Bagoul
s. m. Nom, — dans l’argot des voleurs.
(Delvau, 1864)
Bague
On se sert quelquefois de ce mot pour désigner les parties naturelles de la femme :
Il s’en alla chercher une place éloignée
Pour enfiler la bague et rembourrer le bas
De celle qu’il avait choisie pour ses ébats.
Théophile.
Carvel, j’ai pitié de ton cas,
Tiens cette bague et ne la lâches ;
Car tandis qu’au doigt tu l’auras,
Ce que tu crains point ne sera.
La Fontaine.
…Du chevalier s’est accusée, qui, comme l’autre, l’avait bien baguée.
(Les Cent Nouvelles nouvelles.)
(Delvau, 1867)
Bague
s. f. Nom propre, — dans le même argot [des voleurs], par allusion à l’habitude qu’on a de faire graver son nom à l’intérieur des anneaux de mariage.
(Delvau, 1867)
Baguenaude
s. f. Poche, — dans l’argot des marbriers de cimetière, qui y laissent quelquefois flâner de l’argent.
(Rigaud, 1888)
Baguenaude
Poche. — Baguenaude à sec, poche vide. — Baguenaude ronflante, poche garnie d’argent.
(La Rue, 1894)
Baguenaude
Poche. Baguenaude ronflante, poche pleine d’argent.
(Delvau, 1867)
Baguenauder
v. n. Flâner, vagabonder, — les mains dans les poches. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Baguenauder
Se promener, flâner, paresser, — dans le jargon des voyous. C’est-à-dire avoir les mains dans les baguenaudes, dans les poches.
(Virmaître, 1894)
Baguenauder
Flâner, errer par les chemins sans avoir un but déterminé. Être longtemps sans ouvrage (Argot du peuple).
(Hayard, 1907)
Baguenauder
(Rossignol, 1901)
Baguenaudes
Les poches.
Les baguenaudes de mon sérouel sont déglinguées, j’ai paumé un linvé.
(Delvau, 1864)
Baguette
Le membre viril, avec lequel on mène les femmes qui ne sont pas sages en frappant sur leur ventre comme sur un tambour.
Dans un coin ell’ tient les baguettes
Des deux tambours du régiment.
Béranger.
(Merlin, 1888)
Baguette du fourrier
Le galon d’or qu’il porte au haut du bras. Est-ce pour cela que lorsqu’il n’est que brigadier, on le traite volontiers de tambour ?
(Fustier, 1889)
Baguette est cassée (la)
Cette expression a remplacé le Zut au berger. (V. Delvau.)
(Delvau, 1864)
Bahut
La nature de la femme, dans laquelle l’homme serre — pour un instant — sa pine, comme chose précieuse.
Dans son bahut je flottais bien au large.
(Chanson anonyme moderne.)
(Larchey, 1865)
Bahut
Institution académique.
Je te croyais au bahut Rabourdon. Jamais j’aurais pensé qu’t’étais devenu potache. Et Furet, as-tu de ses nouvelles ? en v’là un bahuteur. Il a fait la moitié des bahuts au Marais et une douzaine au moins dans la banlieue.
Les Institutions de Paris, 1858.
Quelques fils de famille disent, par extension : le bahut paternel, en parlant du logis de leurs auteurs. Bahut spécial : École de Saint-Cyr.
L’École de Saint-Cyr ! j’ai le bonheur d’être admis à ce bahut spécial.
La Cassagne.
Bahuter : Faire tapage. Terme propre aux élèves de Saint-Cyr. Pour eux, « ceci est bahuté » veut dire aussi : « Ceci a le chic troupier. » Bahuteur : Tapageur.
Cette écorce rude et sauvage qui allait au bahuteur de Saint-Cyr.
La Barre.
Vient du vieux mot bahutier.
Quand un homme fait plus de bruit que de besogne, on dit qu’il fait comme les bahutiers. Car en effet les bahutiers, après avoir cogné un clou, donnent plusieurs coups de marteau inutiles avant que d’en cogner un autre.
(Delvau, 1867)
Bahut
s. m. Les meubles en général. Argot des ouvriers.
(Delvau, 1867)
Bahut
s. m. Collège, — dans l’argot des collégiens. Se dit aussi de la maison du préparateur au baccalauréat, et, par extension de toute maison où il est désagréable d’aller. Bahut spécial. Saint-Cyr.
(Rigaud, 1888)
Bahut
École, pensionnat, — dans le jargon des écoliers. — École de Saint-Cyr.
On est heureux en sortant du bahut d’avoir sa chambre, son ordonnance, son cheval.
(Vte Richard, Les Femmes des autres, 1880.)
(Rigaud, 1888)
Bahut
Mobilier. — Bazarder tout le bahut, vendre tout le mobilier.
(Rigaud, 1888)
Bahutée (tenue)
Tenue très soignée, tenue élégante, — dans le jargon des troupiers.
(Delvau, 1867)
Bahuter
v. n. Faire du vacarme, — dans l’argot des Saint-Cyriens.
(Rigaud, 1888)
Bahuter
Faire du tapage. Au XVIIe siècle, ce mot signifiait faire plus de bruit que de besogne, par allusion aux ouvriers bahuteurs ou layetiers, « lesquels, après avoir cogné un clou, donnent plusieurs coups de marteau inutiles, avant d’en cogner un autre. ».
(Ch. Nisard, Parisianismes.)
(Delvau, 1864)
Bahuter la pine (se)
Masturber, ou bander fortement.
Car nos coursiers, par l’odeur excités,
Au grand galop se bahutaient la pine
Et tour à tour inondaient les pavés.
Anonyme.
(Delvau, 1867)
Bahuteur
s. m. Tapageur. Se dit aussi d’un élève qui change souvent de pension.
(Rigaud, 1888)
Bahuteur
Écolier turbulent, mauvais écolier que l’on change souvent de pension.
(La Rue, 1894)
Baigne dans le beurre
(Virmaître, 1894)
Baigne dans le beurre
On sait que le maquereau maître d’hôtel est appelé par les ménagères : la mort au beurre. Rothschild aussi baigne dans le beurre, mais par la richesse (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Baigne-dans-le-beurre
s. m. Souteneur de filles, — dans l’argot des faubouriens, qui font allusion aux scombéroïdes du trottoir.
(Rigaud, 1888)
Baigne-dans-le-beurre
Souteneur de filles. Allusion au beurre dont le maquereau est friand, à ce que prétendent les gourmets.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Baigneuse
(Larchey, 1865)
Baigneuse
Chapeau de femme (Vidocq). — Du nom d’une coiffure à la mode vers la fin du siècle dernier.
(Delvau, 1867)
Baigneuse
s. f. La tête, — dans l’argot des voleurs, qui se lavent et à qui on lave plus souvent la tête que le reste du corps.
(Delvau, 1867)
Baigneuse
s. f. Chapeau de femme, — dans le même argot [des voleurs] qui a conservé des reflets de l’argot de la mode au XVIIIe siècle. Baigneuse ou bagnole, c’était tout un.
(Delvau, 1867)
Baignoire à bon Dieu
s. f. Calice, — dans l’argot des voyous.
(Virmaître, 1894)
Baignoire à bon dieu
Le calice. Cette figure peint bien l’hostie consacrée baignant dans le saint-ciboire (Argot des voleurs).
(Rigaud, 1888)
Baignoire à Bon-Dieu
(Rigaud, 1888)
Bailler au tableau
« Terme de coulisses qui s’applique à un acteur, qui voit au tableau la mise en répétition d’une pièce dans laquelle il n’a qu’un bout de rôle. »
(A. Bouchard, La Langue théâtrale, 1878.)
(Rigaud, 1888)
Baillive
Nom donné anciennement à une maîtresse de maison de filles. Les variantes de l’époque étaient : Supérieure, maman, abbesse, maquerelle. La dernière a surnagé jusqu’à nous.
(La Rue, 1894)
Bain (aller au)
(Rigaud, 1888)
Bain (prendre un)
Boire beaucoup, — dans le jargon des ivrognes. C’est un amarre que j’attends pour aller prendre un bain. Nous avons pris un fameux bain.
(Larchey, 1865)
Bain de pied
Excédent de liquide versé à dessein dans une tasse ou dans un verre ; il déborde et fait prendre au récipient un bain de pied dans la soucoupe.
(Delvau, 1867)
Bain de pied
s. m. Excédent de café ou d’eau-de-vie retenu par la soucoupe ou dans le plateau qu’on place par précaution sous chaque demi-tasse ou sous chaque petit verre. Il y a des gens qui boivent cela.
(Delvau, 1867)
Bain qui chauffe
s. m. Nuage qui menace de crever quand il fait beau temps et que le soleil est ardent.
(Rigaud, 1888)
Bain qui chauffe
Soleil ardent qui sera suivi de pluie.
(Rigaud, 1888)
Bain-de-pied
Excédant qui tombe d’un petit verre de liqueur dans la soucoupe. — Excédent de café qui inonde la soucoupe. — Une demi-tasse, sans bain-de-pied.
(Delvau, 1867)
Bain-Marie
s. m. Personne d’un caractère ou d’un tempérament tiède. Argot du peuple.
(Delvau, 1864)
Baiser
Verbe excessivement actif, que l’humanité passa son temps à conjuguer depuis le premier jour du monde, et qu’Adam et Ève savaient dans tous ses modes avant les conseils libertins du serpent. C’est le to leacher des Anglais, le far l’atto venereo des Italiens et le basiare des latins. — Quant à son étymologie, elle est d’une clarté éblouissante même pour un aveugle. Agnès la devinerait. Baiser, verbe, vient de Baiser, substantif, car la conjonction d’en haut précède toujours la conjonction d’en bas, et il est impossible à une femme dont les petites lèvres ont été touchées par une bouche, de ne pas laisser toucher ses grandes lèvres par une pine. De ceci vient cela, dirait Hugo.
…Et l’homme marié
Baise tout simplement, quand il peut, sa moitié.
Protat.
…Le galant, en effet,
Crut que par là baiserait la commère.
La Fontaine.
Parbleu, qu’un autre la baise.
J’aime mieux baiser mes sœurs.
Collé.
Chaud de boisson, certain docteur en droit,
Voulant un jour baiser sa chambrière,
Fourbit très bien d’abord le bon endroit.
Piron.
(Hayard, 1907)
Baiser (quelqu’un)
(Rigaud, 1888)
Baiser (se faire)
Se laisser tromper grossièrement, se laisser voler. — Être baisé, être trompé, avoir le dessous dans une affaire d’amour, dans une affaire quelconque, dans une partie de jeu. « — Capitaine ! — Commandant ? — Vous allez faire la partie de la colonelle ; attention ! pas de blagues, pas de mots risqués. — Ayez pas peur… je veux que le tonnerre de N. D. D. m’emporte si… » On joue : Le capitaine (annonçant :) — « Le roi, (entre ses dents :) un foutu gueux. » — La colonelle : « La dame de pique. » — Le capitaine : « Je lui fends le c… (d’une voix de stentor :) atout, ratatout, le poil de mes… moustaches et je prends tout… vous êtes baisée, ma petite mère. »
(Delvau, 1864)
Baiser à blanc
Se branler, — ce qui est une façon de baiser sans femme, quand on est homme, sans homme quand on est femme.
(Delvau, 1864)
Baiser à l’œil
Ne rien payer pour jouir d’une femme galante, comme font les greluchons.
Quand on est jeune on doit baiser à l’œil ;
À soixante ans la chose est chère et rare ;
Aux pauvres vieux l’amour devient avare.
(Chanson d’étudiants.)
(Delvau, 1864)
Baiser à la florentine
Se dit de deux amants qui, en se donnant l’un à l’autre des baisers sur la bouche, se lancent tour à tour de petits coups de langue, pour s’émoustiller mutuellement et jouir en avancement d’hoirie.
(Delvau, 1864)
Baiser à la papa
Bourgeoisement, patriarcalement, comme M. Joseph Prudhomme baise madame Prudhomme, elle sur le dos, et lui sur elle.
(Delvau, 1864)
Baiser à vit sec
Ne pas décharger dans la matrice de la femme, qui, à cause des enfants ou seulement par goût particulier, préfère manger le poisson sans la sauce.
Ainsi, femme qui dit que le vit sec est bon
Voudrait ôter la sauce et le sel au jambon,
Ce qu’il est de plus doux en toute la nature
Et qui donne la vie à toute créature.
Mililot.
(Delvau, 1864)
Baiser en épicier
Faire l’amour purement et simplement, comme un devoir, comme une presque corvée, — et non pas en levrette, non pas à la paresseuse, non pas de cette façon ou de cette autre, inventée par les savants et surtout par les savantes, mais à la mode patriarcale : la femme dessous et l’homme dessus.
Quel moyen puis-je employer
Pour plaire à mon Antoinette ?
Je la baise en épicier…
Le bougre lui fait minette.
Gustave Nadaud.
(Delvau, 1864)
Baiser en pigeon
Faire une langue, comme fut baisée — d’abord — la Vierge Marie.
Elle me baisa en pigeonne, la langue en bouche.
Brantôme.
(Halbert, 1849)
Baiser la camarde
(Delvau, 1867)
Baiser le cul de la vieille
v. a. Ne pas faire un seul point. Argot des joueurs.
(Rigaud, 1888)
Baiser le cul de la vieille
Ne pas marquer un seul point dans une partie de cartes.
(Virmaître, 1894)
Baiser le cul de la vieille
Joueur déveinard qui perd la partie sans marquer un point. Dans le peuple on dit aussi : passer sous la table (Argot du peuple).
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre à couillons rabattus, ou comme un dieu
Avec énergie, sans songer au mari que l’on cocufie ni aux enfants que l’on procrée, — comme tous les hommes voudraient bien pouvoir foutre, et comme toutes les femmes voudraient bien être foutues.
Et maintenant, gonzesse, que je t’ai foutue à couillons rabattus, comme tu n’es pas foutue d’être foutue jamais de ta garce de vie…..
Lemercier de Neuville.
Les hommes, lorsqu’ils ont foutu
À double couillon rabattu,
Se lavent dans une terrine.
Dumoulin-Darcy.
Madame Durut, sentant les approches du suprême bonheur, se livre au transport, et, s’agitant à l’avenant, s’écrie : Foutre ! c’est trop de plaisir ! il fout comme un Dieu !
A. de Nerciat.
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre à la dragonne ou en maçon
Jouir d’une femme immédiatement, monter sur elle brutalement, sans préliminaires d’aucune sorte, ni caresses, ni langues, ni pelotage.
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre à la paresseuse
Se placer derrière une femme que l’on veut baiser, couché sur le côté comme elle, entrecroiser mutuellement les cuisses, insinuer doucement l’outil dans le trou qui l’attend, et besogner sans effort.
Celui dont la pine est mollasse, filandreuse,
Et lente à décharger, fout à la paresseuse.
Louis Protat.
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre en aisselle
Tirer un coup dans le pli formé par le dessous du bras et de l’épaule.
En aisselle, en tétons, le Turc met son braqmard.
Louis Protat.
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre en cygne
Baiser une femme à la façon de Jupiter Léda, à genoux et ses jambes sur les épaules.
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre en levrette
Baiser une femme in more — du prince de Canino.
En levrette est encore un moyen fort joli
Quand on a sous son ventre un cul ferme et poli.
Louis Protat.
(Delvau, 1864)
Baiser ou foutre en tétons
Décharger dans cette petite vallée formée par les deux tétons et qu’on peut rendre aussi étroite qu’on veut en les rapprochant avec les mains.
(Delvau, 1864)
Baiser sur le pouce
Tirer un coup précipitamment, là où l’on se trouve, sur une chaise, sur un meuble, sur une botte de paille, etc.
Je t’ai baisée sur le pouce, ça ne compte pas : nous recommencerons sur le lit, quand ton mari sera à son bureau.
Seigneurgens.
(Delvau, 1864)
Baiseur, baiseuse
Synonyme presque décent de Fouteur, fouteuse.
Je ne suis rien qu’un ivrogne,
Quoiqu’on m’estime baiseur.
(Parnasse des Muses)
Point d’éloges incomplets,
S’écriera cette brunette,
À moins de douze couplets,
Au diable une chansonnette !
Quoi ! douze, ou rien ? dit un sot.
Oui, c’est l’humeur de Margot
Nous t’en promettons treize :
Viens, Margot, viens qu’on te baise.
Béranger.
(La Rue, 1894)
Baiseuses, balots
(Rigaud, 1888)
Baisser la tête
Perdre au jeu, être vaincu dans une partie de cartes. (Jargon des marins.) — Baisse la tête, tu as perdu.
(Virmaître, 1894)
Baisser une espace qui lève
Dans les ateliers de typographie, quand un camarade envoie chercher un litre par l’apprenti, il le met sous son rang — le prote n’aime pas que l’on boive pendant le travail ; — il verse une rasade et fait dire au copain qu’il veut régaler :
— Viens donc baisser une espace qui lève. Synonyme de lever le coude (Argot d’imprimerie). N.
(Larchey, 1865)
Baïté
Maison, équivalent de boîte (?).
Jorne et sorgue, tu poisseras boucart et baïte chenument.
Vidocq.
(Delvau, 1867)
Bajaf
s. m. Butor, gros homme qui, sous l’effort de la respiration, gonfle ses jaffes ou ses abajoues, comme on voudra. Le peuple dit aussi Gros bajaf.
(Virmaître, 1894)
Bajoues
La face. Les voleurs emploient cette expression pour grimaces (Argot des voleurs).
(Rigaud, 1888)
Bal
Prison. — Poteaux de bal, amis de prison. Bal est l’apocope de ballon qui a la même signification en argot.
(Fustier, 1889)
Bal
Peloton de punition. Argot militaire.
(Merlin, 1888)
Bal (aller au)
Le peloton de punition est peut-être, entre toutes, la peine la plus redoutée du troupier. Cela n’a, en effet, rien d’agréable de manœuvrer deux ou trois heures, sans arrêt aucun, en ayant la figure en plein vent ou en plein soleil, ou bien encore le nez cloué au mur ! Quand un homme puni se rend à cet exercice si cordialement détesté, — dérision amère ! — il va au bal.
(Rigaud, 1888)
Bal (donner le)
Donner une volée de coups.
Mme Angot : — Ouin, quand j’ t’aurons encore donné l’ bal.
(Le nouveau Vadé.)
(La Rue, 1894)
Bal (donner le)
Donner des coups (ils font danser).
(Delvau, 1867)
Balade
s. f. Promenade, flânerie dans l’argot des voyous. Faire une balade ou Se payer une balade. Se promener.
(Boutmy, 1883)
Balade
s. f. « Promenade, flânerie », dit Alfred Delvau. C’est vrai ; mais, pour les typographes, la balade est quelque chose de plus ; c’est une promenade au bout de laquelle il y a un déjeuner, un dîner, ou tout au moins un rafraîchissement ; c’est aussi la promenade au hasard et sans but déterminé ; mais il arrive presque toujours que l’un des baladeurs a une idée lumineuse et entraîne ses camarades dans quelque guinguette renommée.
(Rigaud, 1888)
Balade
Promenade, flânerie.
Je m’aboule pour une balade.
(Huysmans, Les sœurs Vatard, 1879.)
Faire la balade, être en balade, se promener.
(Delvau, 1867)
Balader
v. a. Choisir, chercher. Argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Balader
Choisir, chercher, — dans le jargon des voleurs.
(Rossignol, 1901)
Balader
Promener.
Où vas-tu ? — Tu vois, je vais me balader.
(Larchey, 1865)
Balader (se)
Flâner. — Diminutif du vieux mot baler : se divertir, se remuer. V. Roquefort.
Je suis venu me balader sur le trottoir où j’attends Millie.
Monselet.
Balader : Choisir, chercher (Vidocq). — Même racine. Le choix comporte toujours un déplacement. Baladeuse : Coureuse.
Elle t’a trahi sans te trahir. C’est une baladeuse, et voilà tout.
Nerval.
(Delvau, 1867)
Balader (se)
v. réfl. Marcher sans but ; flâner ; et, par extension s’en aller de quelque part, s’enfuir.
(Boutmy, 1883)
Balader (se)
v. pr. Flâner, se promener sans but déterminé.
(Rigaud, 1888)
Balader, se balader
Marcher, se promener. Ce mot avait, il y a quelques années, le sens de ne rien faire, se croiser les bras. Autrefois on appelait baladinages les danses du peuple.
(un détenu, 1846)
Baladeur
(Boutmy, 1883)
Baladeur
adj. Qui aime à se balader, à faire une balade.
(Rigaud, 1888)
Baladeur
Flâneur. — Baladeuse, coureuse de plaisirs.
(Delvau, 1864)
Baladeuse
Fille de mauvaise vie, — par allusion à la boutique roulante des marchandes des quatre saisons.
Elle t’a trahi sans te trahir. C’est une baladeuse, et voilà tout.
Gérard De Nerval.
(Delvau, 1867)
Baladeuse
s. f. Fille ou femme qui préfère l’oisiveté au travail et se faire suivre que se faire respecter.
Se dit aussi de la marchande des rues et de sa boutique roulante.
(Rigaud, 1888)
Baladeuse
Voiture de bimbelotier forain. (L. Larchey)
(Larchey, 1865)
Balai
Gendarme (Vidocq). — On appelle de même raclette une ronde de police ; elle racle les gens que la gendarmerie balaie.
(Delvau, 1867)
Balai
s. m. Agent de police, — dans l’argot des petits marchands ambulants.
(Rigaud, 1888)
Balai
Dernier omnibus qui rentre au dépôt, — dans le jargon des conducteurs d’omnibus. Ils appellent l’avant-dernière voiture : le manche.
(Rigaud, 1888)
Balai
Gendarme, agent de police, — dans le jargon des camelots et des marchands ambulants.
(Rigaud, 1888)
Balai de l’estomac
(Delvau, 1867)
Balai de l’estomac (le)
Les épinards, — dans l’argot du peuple, qui connaît aussi bien que les médecins la vertu détersive de la Spinacia oleracea.
(Rigaud, 1888)
Balai neuf (faire)
Être rempli de zèle ; bien faire son service ; contenter ses maîtres les premiers jours, — en parlant d’un nouveau domestique.
(Virmaître, 1894)
Balancé
Être renvoyé de sa place.
— J’ai balancé ma femme elle était par trop rasante (Argot du peuple). N.
(Hayard, 1907)
Balancé (être)
(Delvau, 1864)
Balance de boucher
Fille publique, — parce qu’elle pèse toutes sortes de viandes, des quéquettes de jouvenceaux, des courtes de maçons, des pines d’Auvergnats et des vits de maquereaux.
(Delvau, 1867)
Balancement
s. m. Renvoi, congé, — dans l’argot des employés.
(Bras-de-Fer, 1829)
Balancer
(un détenu, 1846)
Balancer
Chasser, renvoyer d’un emploi.
(Larchey, 1865)
Balancer
Jeter au loin. On sait que l’action de balancer imprime plus de force à une projection. V. Litrer. Balancer, envoyer à la balançoire : Congédier, renvoyer.
Elle m’a traité de mufle. — Alors il faut la balancer.
Monselet.
Je l’envoie à la balançoire.
Id.
On dit aussi exbalancer :
Je vais les payer et les exbalancer à la porte.
Vidal, 1833.
Balancer son chiffon rouge : Parler, remuer la langue. — Balancer sa canne : Devenir voleur. — C’est-à-dire jeter la canne de l’homme qui marche dans l’unique but de se promener. — Balancer ses halènes : Cesser de voler, jeter ses outils de voleur. — Balancer une lazagne : Adresser une lettre. — Balancer ses chasses : Regarder à droite et à gauche. Balancement :
Le conducteur appelle son renvoi de l’administration un balancement.
Hilpert.
Balançoire : mensonge, conte en l’air.
Non, monsieur ! je n’avais pas fait un accroc. — C’est une balançoire.
P. de Kock.
(Delvau, 1867)
Balancer
v. a. Donner congé à quelqu’un, renvoyer un employé, un domestique, — dans l’argot du peuple, qui ne se doute pas qu’il emploie là, et presque dans son sens originel, un des plus vieux mots de notre langue.
On dit aussi Envoyer à la balançoire.
(Rigaud, 1888)
Balancer
Jeter au loin, renvoyer, envoyer promener.
Quand votre femme vous ennuie… Toc ! on la balance.
(E. Grangé et Lambert-Thiboust. La Mariée du Mardi-Gras.)
(Rossignol, 1901)
Balancer
(Delvau, 1867)
Balancer la tinette
Vider le baquet-latrine, — dans l’argot des troupiers.
(Rigaud, 1888)
Balancer la tinette
Vider le baquet aux excréments, — dans le jargon des troupiers. — Quitter un endroit, vider les lieux, jeu de mots facile à saisir.
(Rigaud, 1888)
Balancer le chiffon rouge
Parler. Le chiffon rouge figure la langue. Allusion de couleur. Mot à mot : lancer la langue.
(La Rue, 1894)
Balancer le chiffon rouge
(Delvau, 1864)
Balancer le chinois (se)
Jouer avec son membre pour jouir, le faire dodeliner de la tête, comme un poussah, jusqu’à ce que, l’érection arrivant, il se tienne roide comme la justice et pleure silencieusement toutes les larmes de son œil unique.
(Rigaud, 1888)
Balancer le chinois (se)
(Rigaud, 1888)
Balancer les châssis
Regarder de tous les côtés, jeter les yeux à droite et à gauche, — dans le jargon des voleurs.
(La Rue, 1894)
Balancer les châssis
Regarder vivement de tous les côtés, par ex. en faisant le guet.
(Delvau, 1867)
Balancer quelqu’un
v. a. Le faire aller, se moquer de lui. Argot des faubouriens.
(Delvau, 1867)
Balancer sa canne
v. a. De vagabond devenir voleur, — ce qui est une manière comme une autre de franchir le Rubicon qui sépare l’honneur du vice.
Signifie aussi Rompre son ban, s’évader.
(Rigaud, 1888)
Balancer sa canne
Passer du vagabondage au vol.
(La Rue, 1894)
Balancer sa canne
Passer du vagabondage au vol. C’est le Rubicon du vagabond.
(Delvau, 1864)
Balancer sa largue
Se débarrasser de sa maîtresse, — dans l’argot des filles et des maquereaux.
(Delvau, 1867)
Balancer sa largue
v. a. Se débarrasser de sa maîtresse, — dans l’argot des voleurs.
(Delvau, 1867)
Balancer ses alênes
v. a. Quitter le métier de voleur pour celui d’honnête homme, à moins que ce ne soit pour celui d’assassin.
(Virmaître, 1894)
Balancer ses alênes
Quitter le métier de voleur. Deux escarpes sont embusquées au coin d’une rue ; de loin, ils voient passer un garçon de recettes, une lourde sacoche sur l’épaule. — Quel dommage, dit l’un, que l’on ne puissse effaroucher son pognon. Je balancerai mes alênes et j’irai vivre honnête dans mon patelin (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Balancer ses chasses
v. a. Regarder ça et là, distraitement. Argot des voyous.
(Rigaud, 1888)
Balancer ses halènes
Se retirer du commerce du vol. Mot à mot : jeter ses halènes, ses outils.
(Virmaître, 1894)
Balancer son rondin
Aller au cabinet. Allusion à la forme ronde des excréments (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1864)
Balancer un homme
Le quitter, soit parce qu’il ne vous donne pas assez d’argent, soit parce qu’il vous ennuie.
Toujours d’avance exigeras
Qu’il fasse tinter son argent ;
Sinon tu le balanceras…
On ne vit pas de l’air du temps.
(Parnasse satyrique.)
(Delvau, 1864)
Balancer une femme
La renvoyer comme Abraham Agar, soit parce qu’elle devient gênante, soit parce qu’elle est trop libertine.
Elle m’a traité de mufle. — Alors, il faut la balancer.
Charles Monselet.
(Rigaud, 1888)
Balanceur de braise
(Virmaître, 1894)
Balanceur de braise
Changeur. Allusion à l’argent qui ne fait que passer par ses mains, il le balance aussi facilement qu’il le reçoit (Argot des voleurs). N.
(Virmaître, 1894)
Balanceur de lazagne
Écrire une lettre d’une prison et l’adresser à quelqu’un (Argot des voleurs). V. Arcasineur.
(Virmaître, 1894)
Balanceur de tinettes
Auxiliaires des prisons qui vident les tinettes. Quand elles sont pleines de rnouscaille, elles sont lourdes ; ils impriment un balancement pour les vider : Une, deux et trois. C’est fait. Les troupiers disent : Passer la jambe à Jules. Quand la tinette déborde un loustic s’écrie :
— Prenez-la par les oreilles.
Dans le peuple on dit : Passer la jambe à Thomas (Argot du peuple).
(Larchey, 1865)
Balançoir, balançon
Barreau de fenêtre (Vidocq). — Est-ce parce que les prisonniers s’y cramponnent parfois en se balançant ?
(Delvau, 1867)
Balançoire
s. f. Charge de bon ou de mauvais goût, — dans l’argot des coulisses et du peuple. Envoyer à la balançoire. Se débarrasser de quelqu’un qui ennuie ou qui gêne.
(Rigaud, 1888)
Balançoire
Mensonge, mystification.
Tout est ici balançoire ou ficelle.
Sages Mentors, ne vous en offensez ;
Depuis le haut, jusqu’au bas de l’échelle,
Nous balançons ou sommes balancés.
(Les Balançoires de la jeunesse, 1861.)
Envoyer à la balançoire, envoyer au diable.
(Delvau, 1864)
Balançoires
Simagrées que fait une fille qui ne veut pas être baisée, mais qui veut bien être payée ; promesses de jouissances qu’elle fait au miché racolé par elle.
Car je connais ces balançoires,
Je suis roublard,
Et j’ pourrais écrir’ les mémoires
Du lupanar.
Lemercier de Neuville.
(Delvau, 1867)
Balançon
s. m. Marteau de fer, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Balançon
Marteau de fer, — dans le jargon des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Balançon
Marteau. Pour frapper vigoureusement il faut balancer son marteau par le manche (Argot des voleurs). N.
(Clémens, 1840)
Balançons en dure
(Delvau, 1867)
Balandrin
s. m. Paquet recouvert d’une toile ; petite balle portative, dans l’argot du peuple, qui se souvient du balandras que portaient ses pères.
(Virmaître, 1894)
Balanstiquer
Jeter. C’est une amplification de balancer : se débarrasser de quelque chose qui gène, ou d’une personne dont on a assez (Argot des voleurs). N.
(Rossignol, 1901)
Balanstiquer
Jeter, se débarrasser d’une chose dont on ne veut pas ou plus. On balanstique sa maîtresse ; on balanstique un vieux chapeau.
(Hayard, 1907)
Balanstiquer
(Rossignol, 1901)
Balarou
Nom donné aux cochers de fiacre.
(Delvau, 1867)
Balauder
v. n. Mendier, — dans l’argot des prisons.
(Virmaître, 1894)
Balayé
On balaye une foule à coups de canon. On balaye des ouvriers qui ne font pas l’affaire du patron. On balaye la femme quand elle devient par trop gênante. Balayé : synonyme de nettoyage (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Balayer
Renvoyer.
Il est l’heure de fermer la boutique, Il faut balayer les clients.
(Rigaud, 1888)
Balayer les planches
Jouer dans une pièce qui sert de lever de rideau, — dans le jargon des comédiens.
Ayez donc du talent… pour balayer les planches.
(Ed. Brisebarre et Eug. Nus, La Route de Brest, acte IV, scène 1.)
(Delvau, 1864)
Balayer ses enfants
Enlever avec un balai ou avec un torchon les gouttes de sperme qu’on a laissées tomber sur le parquet en se branlant ou en baisant une femme sur une chaise.
(Rigaud, 1888)
Balayeuse
Jupe à traîne dont la mode a suivi celle des crinolines. Fausse jupe garnie de dentelles et cousue après la robe, mode de 1876-1879.
(Rigaud, 1888)
Balayeuse
Femme qui porte une longue jupe de robe dont elle balaie le pavé. On les a aussi appelées : « La joie des balayeurs. »
(Virmaître, 1894)
Balcon (avoir du monde au)
Femme qui possède des seins volumineux (Argot du peuple). V. Capitonnée.
(Delvau, 1864)
Balcon (faire le)
Moyen ingénieux employé par les filles pour faire savoir à leurs abonnés qu’elles sont visibles : — il leur suffit de mettre au balcon une chaise sur laquelle sera déposée une chemise ou une jupe commencée… puis de retirer le tout quand le client est entré.
Je vous dis que vous faites la fenêtre ; on vous a vue au balcon.
— Ah ! M. le commissaire, comme on vous a trompé : je ne vais jamais à ce bal là.
J. Ch.
(Rigaud, 1888)
Balcon (il y a du monde au)
Locution qui sert à désigner une femme avantagée sous le rapport de la gorge.
(Rigaud, 1888)
Balconnier
Orateur qui parle du haut d’un balcon à une foule plus ou moins en délire ; vocable dont, pendant quelque temps, ont abusé les adversaires politiques de M. Gambetta pour le désigner.
(Rigaud, 1888)
Balconnière
Demoiselle sans préjugés qui, du haut de sa fenêtre, appelle le client.
(Rigaud, 1888)
Baleine
Lame, vague de la mer.
Veux-tu fermer la bouche, braillard, lui dit Simon, ou tu avaleras la première baleine qui tombera à bord.
(E. Sue, Atar-Gull, 1832.)
(Rigaud, 1888)
Baleine (rire comme une)
Rire à gorge déployée, en montrant une large bouche.
(Fustier, 1889)
Balinstriquer
Argot des malfaiteurs. Tuer, assassiner.
Tu sais, lui avait-il dit, j’ai fait un sale coup, j’ai balinstriqué une femme dans les fortifications. Si jamais tu le dis, c’est ma tête qui est à couper.
(Gazette des Tribunaux, septembre 1884.)
(La Rue, 1894)
Balinstriquer
Assassiner. Jeter de haut.
(Delvau, 1867)
Baliverneur
s. m. Diseur de riens, de balivernes. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Ballabile
Art de mettre en scène des masses chorégraphiques, et d’en composer la figuration.
Perrot était de première force sur le ballabile.
(Ch. de Boigne.)
(Rigaud, 1888)
Ballade, Goguette balladeuse
« C’est la chanson courant de salle en salle, sans domicile fixe, s’installant aujourd’hui là, demain ici, évitant avec soin la périodicité et l’œil des agents. »
(Eug. Imbert, La Goguette et les goguetiers, 1873.)
(Rigaud, 1888)
Balladeuses (les)
Testes, — dans l’argot des barrières.
(Rigaud, 1888)
Ballant
Bras, — dans le jargon des barrières. Les voyous marchent les bras ballants ; d’où le surnom.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Balle
(un détenu, 1846)
Balle
Un franc, pièce de vingt sous.
(Larchey, 1865)
Balle
Tête. — Comme Boule et Coloquinte, balle est une allusion à la rondeur de la tête. Une bonne balle est une tête ridicule. Une rude balle est une tête énergique et caractérisée.
Une balle d’amour est une jolie figure.
Vidocq.
Être rond comme une balle, c’est avoir bu et mangé avec excès. Balle : Franc. — Allusion à la forme ronde d’une pièce de monnaie.
Je les ai payées 200 fr. — Deux cents balles, fichtre !
De Goncourt.
Balle de coton : Un coup de poing. — Allusion aux gants rembourrés des boxeurs.
Il lui allonge sa balle de coton, donc qu’il lui relève le nez et lui crève un œil.
La Correctionnelle.
(Delvau, 1867)
Balle
s. f. Secret, — dans l’argot des voleurs.
(Delvau, 1867)
Balle
s. f. Visage, — dans l’argot des voyoux. Balle d’amour. Physionomie agréable, faite pour inspirer des sentiments tendres. Rude balle. Visage caractéristique.
(Delvau, 1867)
Balle
s. f. Pièce d’un franc, — dans l’argot des faubouriens.
(Delvau, 1867)
Balle
s. f. Occasion, affaire, — dans l’argot du peuple. C’était bien ma balle. C’était bien ce qui me convenait. Manquer sa balle. Perdre une occasion favorable.
(Rigaud, 1888)
Balle
Secret.
S’il crompe sa Madeleine, il aura ma balle (s’il sauve sa Madeleine, il aura mon secret.)
(Balzac.)
Mot à mot ; ce qui est caché dans ma balle, dans ma tête. — Faire la balle de quelqu’un, suivre les instructions de quelqu’un.
Fais sa balle, dit Fil-de-Soie.
(Balzac, La Dernière incarnation.)
(Rigaud, 1888)
Balle
Figure, tête, physionomie.
Oh c’tte balle !
(Th. Gauthier, Les Jeunes-France.)
(Rigaud, 1888)
Balle
Pièce d’un franc. Une balle, un franc. Cinq balles, cinq francs.
(Rigaud, 1888)
Balle
Occasion. Rater sa balle, manquer une bonne occasion.
(La Rue, 1894)
Balle
Secret. Physionomie. Pièce d’un franc. Occasion.
(Virmaître, 1894)
Balle
Celle femme me botte, elle fait ma balle (Argot du peuple). V. Blot.
(Rossignol, 1901)
Balle
Chose qui convient qui plaît, qui fait l’affaire.
ça fait ma balle.
(Rossignol, 1901)
Balle
Visage, celui qui a une bonne figure a une bonne balle.
(Boutmy, 1883)
Balle (enfant de la)
s. m. Ouvrier compositeur dont le père était lui-même typographe, et qui, depuis son enfance, a été élevé dans l’imprimerie. L’origine de cette expression, qui est passée dans la langue vulgaire, est assez peu connue. Elle vient de ce que, avant l’invention des rouleaux, on se servait, pour encrer les formes, de tampons ou balles.
(La Rue, 1894)
Balle (faire la)
Suivre les instructions données, Signifie aussi convenir : cela fait ma balle, cela me convient.
(Fustier, 1889)
Balle (faire)
Être à jeun.
Les forçats ne sont pas dégoûtés et quelques taches dans un quart de pain ne sont pas pour faire reculer un fagot de bon appétit et qui fait balle.
(A. Humbert : Mon bagne.)
(Rigaud, 1888)
Balle (rond comme)
Pleinement repu. Être rond comme balle, c’est avoir à peine la force de bouger, tant on a bu et mangé.
(Delvau, 1867)
Balle de coton
(Halbert, 1849)
Balle élastique (faire)
(Delvau, 1867)
Ballerine
s. f. Danseuse, — dans l’argot des gandins et des journalistes de première année. Habituée de bals publics, — dans l’argot des bourgeois.
(Delvau, 1864)
Balles
Les testicules, à cause de leur forme : c’est avec eux qu’on fusille les femmes — à bout portant.
(Rossignol, 1901)
Ballochard
Celui qui a des balloches.
(Delvau, 1864)
Balloches
Les testicules. — Ce mot vient, soit du verbe ballocher — qui, en argot, veut dire tripoter — soit du fruit du Bélocier, qui portait autrefois le même nom, ou à peu près le même nom, et qui présente en effet une certaine analogie avec la forme des couilles.
Un médisant dit que l’abbé auquel elle vouloit boire, — qui, à la vérité, avait en ses jeunes ans perdu ses deux témoins instrumentaires… en descendant d’un bellocier, c’est un prunier sauvage, — s’appelait monsieur de Non Sunt.
(Contes d’Eutrapel.)
(Rossignol, 1901)
Balloches
Il y a quarante ans, avant que les magasins des Phares de la Bastille n’existassent et que le canal Saint-Martin ne fût couvert, il y avait sur la place des saltimbanques, prestidigitateurs et marchands de chansons. Il y en avait un, entre autres, qui, à chaque loterie qu’il faisait, ne manquait jamais de dire, lorsqu’il lui restait deux numéros à placer :
J’en ai deux ; qui veut mes deux. Madame, prenez mes deux, j’aimerais être comme Abélard, ne plus en avoir.
(Larchey, 1865)
Ballon
Derrière. — Enlever le ballon : Donner un coup de pied au derrière.
Inutile de faire remarquer l’analogie qu’il y a ici entre la partie du corps ainsi désignée et une peau gonflée de vent qu’on relève du pied.
F. Michel.
(Delvau, 1867)
Ballon
s. m. Partie du corps humain dont la forme sphérique a été le sujet de tant de plaisanteries depuis le commencement du monde — et de la bêtise. Argot des faubouriens. Enlever le ballon à quelqu’un. Lui donner un coup de pied dans cette partie du corps sur laquelle on a l’habitude de s’asseoir.
(Rigaud, 1888)
Ballon
Derrière. — Enlever le ballon, donner un coup de pied au derrière.
(Rigaud, 1888)
Ballon
Postiche en crinoline qui avantage les femmes par derrière.
On a beau dire, Paméla ; femme sans ballon, oiseau sans plume.
(Grévin.)
(Rigaud, 1888)
Ballon
Prison. — Être en ballon, être en prison. C’est une variante d’être emballé, et une allusion à l’état de l’aéronaute entre ciel et terre, c’est-à-dire mis dans l’impossibilité de s’échapper de la nacelle.
(Fustier, 1889)
Ballon
Art de tournoyer en dansant. — Verre de bière.
(La Rue, 1894)
Ballon
Le postérieur. Être ballon, être enlevé par la police.
(Virmaître, 1894)
Ballon
Prison. Allusion à la forme sphérique de Mazas (Argot des voleurs). N.
(Virmaître, 1894)
Ballon
Postérieur copieux. Je vais t’enlever le ballon, pour coup de pied dans le derrière (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Ballon
Prison.
D’où viens-tu ? — Je sors du ballon.
(Delvau, 1864)
Ballon (avoir du)
Se dit d’une femme qui a des fesses énormes, naturelles ou artificielles, comme en ont aujourd’hui, grâce à la crinoline, les Parisiennes, élégantes Vénus hottentotes.
(Rigaud, 1888)
Ballon (carguer son)
Relever ses jupes. Les jours où il lansquine, il y a un tas de pantes à reluquer les flûtes des gonzesses qui carguent leurs ballons. Les jours de pluie, il y a un tas d’imbéciles occupés à regarder les jambes des femmes qui relèvent leurs jupes.
(Rigaud, 1888)
Ballon (gonfler son)
Commencer à donner des signes de grossesse. — Quand ma tortue aura fini de gonfler son ballon.
(Rigaud, 1888)
Ballon (monter en)
C’est une vexation qu’au régiment on fait subir à un nouveau venu. Dans les régiments de cavalerie, les lits sont adossés à une cloison en planches, appelée le bas-flanc par analogie avec les cloisons de bois qui séparent les chevaux ; cette cloison ne monte pas jusqu’au plafond. Pendant la nuit, on entoure le lit du patient au moyen de deux cordes à fourrages qui font nœud coulant, puis au signal : « Comptez-vous quatre, » quatre hommes tirent les cordes passées sur le bas-flanc, et la victime enlevée se trouve bientôt suspendue à deux ou trois mètres, quelquefois le lit sens dessus dessous ; ce qui ne lasse pas d’être fort amusant, pour ceux qui ont organisé cette aimable farce.
(Rigaud, 1888)
Ballon, le ballonné
« C’est la danse qui bondit et rebondit, qui vole, c’est Taglioni. »
(Ch. de Boigne.)
(Rigaud, 1888)
Ballonné
Emprisonné. — Soufflé par les roublards et ballonné à la pointue, pris par les agents de police et enfermé au dépôt de la préfecture.
(Rossignol, 1901)
Ballot
Niais. On dit aussi paquet.
(Rigaud, 1888)
Ballot, Ballottage
Manque d’ouvrage, — dans le jargon des tailleurs. — Il y a du ballot, il n’y a pas d’ouvrage.
(Rigaud, 1888)
Balloter
Jeter, — dans le jargon des voleurs. — Balloter un client avalant, jeter un homme à l’eau après l’avoir volé. Avalant vient d’aval ; le corps suit le cours de l’eau.
(La Rue, 1894)
Balloter, balanstiquer
Jeter. Balloter un client avalant. Jeter à l’eau l’homme que l’on a volé.
(Delvau, 1864)
Ballottes (les)
Les testicules, petites balles avec lesquelles les femmes aiment à jouer et à jouir ; quelquefois les tétons des femmes ou le maniement de cul, tétons, etc.
Elle lui met la main sur les ballottes qu’il a au-dessous de cet engin et les soulève mignardement en les passant et repassant doucement entre les doigts.
Mililot.
Les deux tétons, jolies ballottes du plaisir.
(Moyen de parvenir.)
Ils virent en leur présence ballotter leurs femmes sans y pouvoir apporter aucun remède.
(Les Caquets de l’accouchée.)
(Delvau, 1867)
Balochard
s. m. Type d’un personnage de carnaval, fameux sous le règne de Louis-Philippe, et complètement oublié aujourd’hui. Il portait un bourgeron d’ouvrier, une ceinture rouge, un pantalon de cuirassier, et, sur la tête, un feutre défoncé. Tel le représente Gavarni.
(Rigaud, 1888)
Balochard
Personnage de carnaval, à la mode dans les bals masqués de 1840 à 1850.
C’était une variété de chicard avec un feutre défoncé pour casque.
(L. Larchey)
Chicard, le grand Chicard, l’empereur du carnaval, le protecteur de la confédération des flambards et balochards.
(Musée Philipon.)
(Larchey, 1865)
Balochard, balochard
« Le balochard représente surtout la gaîté du peuple ; c’est l’ouvrier spirituel, insouciant, tapageur, qui trône à la barrière. »
T. Delord.
Pardon ! pardon ! Louise la Balocheuse, De t’oublier, toi, tes trente printemps, Ton nez hardi, ta bouche aventureuse, Et tes amants plus nombreux que tes dents.
Nadaud.
Le carnaval parisien a eu aussi ses costumes de balochard. c’était la tenue de chicard, avec un feutre défoncé pour casque.
(Larchey, 1865)
Balocher
« C’est quelque chose de plus que flâner. C’est l’activité de la paresse, l’insouciance avec un petit verre dans la tête. »
T. Delord.
Balocher : S’occuper d’affaires véreuses. — Vidocq.
(Delvau, 1867)
Balocher
v. n. Fréquenter les bals publics ; se trémousser. Argot des faubouriens.
(Delvau, 1867)
Balocher
v. a. Tripoter, faire des affaires illicites. Argot des voyous.
(Delvau, 1867)
Balocher
v. n. Remuer, pendre, — dans l’argot du peuple, qui dit cela à propos des choses.
(Rigaud, 1888)
Balocher
Courir les bals à l’époque où fleurissaient balochards et balocheuses.
(Rigaud, 1888)
Balocher
Dérober, faire des affaires illicites.
(Delvau, 1867)
Balocheur
s. m. Ouvrier qui se dérange, qui déserte l’atelier pour le cabaret et le bastringue.
(Rigaud, 1888)
Balouf
Excessif. C’est, sans doute, une altération de balourd. — Une raclée balouf, — dans le jargon des voleurs.
(Fustier, 1889)
Baloustiquer
Lever, soulever, arracher. Argot de malfaiteurs.
(Larchey, 1865)
Balthazar
Repas plantureux. — Allusion biblique.
Je vais me donner une bosse et faire un balthazar intime.
Murger.
(Delvau, 1867)
Balthazar
s. m. Repas copieux, — dans l’argot des étudiants, qui se souviennent du festin biblique.
(Larchey, 1865)
Baluchon
Paquet (Vidocq). — Diminutif de Ballot.
(Delvau, 1867)
Baluchon
s. m. Paquet, petit ballot. Argot des ouvriers.
(Rigaud, 1888)
Baluchon
Petit paquet. — Enlever le baluchon.
Voyons, laisse là ton baluchon.
(Huysmans, Marthe.)
(Virmaître, 1894)
Baluchon
Petit paquet que les compagnons portaient jadis au bout d’un bâton sur l’épaule, en faisant leur tour de France. Ce baluchon contenait leurs vêtements. La coutume s’est perpétuée dans le peuple : des outils et la blouse de travail en paquet composent un baluchon (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Baluchon
Paquet de hardes.
Prends ton baluchon et décanille d’ici.
(Hayard, 1907)
Baluchon
Paquet de peu d’importance.
(Rossignol, 1901)
Baluchoner
Faire des paquets.
Le voleur gui ne trouve pas d’argent dans une maison ou il s’est introduit fait des paquets de linge et vêtements, baluchone.
(Fustier, 1889)
Baluchonneur
Voleur. Ainsi que son nom l’indique, ce malfaiteur vole de préférence les objets faciles à cacher, les petits paquets, par exemple (en argot baluchon est synonyme de paquet). C’est aussi lui qui travaille aux étalages des magasins et qui pratique parfois le vol dit à la bousculade.
La nuit seulement, un certain nombre de baluchonneurs s’y donnent rendez-vous (dans un cabaret) pour faire réchange ou la vente du produit de leur vol.
(Nation, juillet 1885.)
(Delvau, 1867)
Bambino
s. m. Enfant, gamin, bambin, — dans l’argot du peuple, qui parle italien sans le savoir, et seulement pour donner à ce mot une désinence caressante.
(Delvau, 1867)
Bambochade
s. f. Tableau sans prétentions, représentant des scènes gaies, — dans l’argot des artistes, qui ont conservé le souvenir de Pierre de Laer.
(Delvau, 1867)
Bamboche
s. f. Petite débauche, de quelque nature qu’elle soit. Argot des faubouriens. Être bamboche. Être en état d’ivresse. Faire des bamboches. Faire des sottises plus ou moins graves, qui mènent en police correctionnelle ou à l’hôpital.
(Delvau, 1867)
Bamboche
s. f. Plaisanterie ; chose de peu de valeur. Dire des bamboches. S’amuser à dire des contes bleus aux hommes et des contes roses aux femmes.
(Delvau, 1867)
Bambocheur
s. m. Fainéant ; ivrogne ; débauché. On dit aussi : Bambochineur.
(Larchey, 1865)
Banban
Personne de petite taille aux membres noués. — Allusion au dandinement particulier de la marche.
J’entrai chez Dinah, jolie petite brune un peu banban.
Mogador.
(Delvau, 1867)
Banban
s. des deux g. Boiteux, bancal, — dans l’argot des bourgeois, qui emploient principalement cette onomatopée à propos d’une femme.
(Rigaud, 1888)
Banban
Boiteux, boiteuse. Le banban, la banban.
(Delvau, 1867)
Banc
s. m. Lit de camp, — dans l’argot des forçats.
(Rigaud, 1888)
Banc (envoyer au)
(Rigaud, 1888)
Banc (pied de)
Sergent, — dans le jargon des troupiers.
(Virmaître, 1894)
Banc de terre neuve
De la Bastille à la Madeleine, et de Belleville à Montparnasse, on y pèche la morue sans hameçons (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Banc du ciel
En terme de carrier, c’est le lit de pierre d’en haut.
(Larchey, 1865)
Bancal
Sabre courbe. — Allusion aux jambes arquées du bancal.
Voilà M. Granger qui apporte le bancal.
Gavarni.
(Delvau, 1867)
Bancal
adj. Qui a une jambe plus courte que l’autre. Argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bancal
s. m. Sabre de cavalerie, — dans l’argot des troupiers.
(Merlin, 1888)
Bancal
Sabré recourbé ; par allusion à sa forme.
(Delvau, 1867)
Banco !
Exclamation de l’argot des joueurs de lansquenet qui signifie : Je tiens ! Faire banco. Tenir les enjeux.
(Larchey, 1865)
Banco (faire)
Tenir tous les enjeux qui sont opposés par le banquier. — Terme de lansquenet.
Certains joueurs arrivent avec dix louis dans leur poche ; ils font des banco de cent, deux cents, trois cents louis.
Karr.
(Delvau, 1867)
Bancroche
s. et adj. Qui a les jambes torses.
(Larchey, 1865)
Bande (coller sous)
Acculer dans une situation difficile — Terme de billard.
(Rigaud, 1888)
Bande (coller sous)
Mettre quelqu’un dans une situation difficile, — réduire son contradicteur au silence. — Allusion à l’embarras du joueur de billard dont la bille touche la bande.
(Rigaud, 1888)
Bande à l’aise
Homme mou, sans énergie. Homme froid avec les femmes, celui qui marque 0 au thermomètre, de l’amour. « Non possumus, » voilà leur devise, à eux aussi.
(Virmaître, 1894)
Bande à l’aise
N’en prendre qu’à son temps et n’en faire qu’à sa volonté. Dans le peuple on emploie cette expression par ironie vis à vis d’un vieillard qui, au lieu de remiser son fiacre, court après les filles (Argot du peuple). N.
(Virmaître, 1894)
Bande à part (faire)
Fuir ses camarades d’atelier, aller boire et manger seul. Synonyme d’ours (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bande d’air
s. f. Frise peinte en bleu pour figurer le ciel. Argot des coulisses.
(Rigaud, 1888)
Bande d’air
Frise peinte en bleu pour figurer le ciel dans les décors de théâtre.
(Virmaître, 1894)
Bande sur l’affiche
Bande de papier que les directeurs font coller sur l’affiche, annonçant le spectacle du jour, afin d’indiquer au public un changement par suite de l’indisposition subite d’un artiste ou parfois relâche. Se dit par analogie dans le peuple pour indiquer qu’une femme a son échéance de fin de mois. Il y a une bande sur l’affiche pour relâche (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1864)
Bande-à-l’aise
Homme qui n’est que médiocrement porté par son tempérament vers les choses de la fouterie, et qui bande plus volontiers avec son cerveau qu’avec son membre — comme la plupart des écrivains.
Qu’on me baise,
Mon con, Nicaise,
Se présente à toi… ;
Viens, bande-à-l’aise,
Vite, mets-le-moi.
Piron.
Monsieur dit des bons mots souvent,
Mais monsieur bande rarement ;
Monsieur a de l’esprit : j’en suis
Bien aise, bien aise,
Mais comme la peste, je fuis
Un bande-à-l’aise !
Collé.
(Delvau, 1864)
Bander
Être en érection, avoir envie de baiser une femme lorsqu’on est homme, ou un homme lorsqu’on est pédéraste. C’est l’arrigere (relever, hausser, dresser) des Latins.
Qu’on le passe aux verges,
Dit Vénus à part ;
Qu’il soit de ma bande
Banni sans retour :
Jamais il ne bande.
(Les Archers de l’Amour.)
Y bande encore… est-y gentil !
Henry Monnier.
Tout vis-à-vis,
Je vends des vits
Toujours bandants.
Collé.
— On a étendu la signification de ce mot, purement vénérienne, et on s’en sert maintenant au propre et au figuré : au propre, comme il vient d’être dit, au figuré, pour indiquer la violente envie qu’on a d’une chose. Ainsi Mirabeau, voulant peindre la pusillanimité du duc d’Orléans, qui voulait et n’osait pas être criminel, dit : « Ce d’Orléans est un Jean-Foutre qui toujours bande le crime et n’ose le décharger. Ignavum equidem fateor qui continuo erigit scelus et nunquam ejaculari ausus est. »
(Delvau, 1864)
Bander (faire)
Provoquer l’érection de l’homme par des discours libertins ou par des attouchements autour des parties sexuelles.
L’air est plein d’odeurs spermatiques
Qui font bander les plus usés,
Et font sortir de leurs boutiques
Les bourgeois les plus empesés.
(Parnasse satyrique.)
(Delvau, 1864)
Bander comme un carme
Bander très fort, comme savaient bander jadis les carmes, chaux ou déchaux, — chauds surtout, — grâce à la continence qu’ils étaient forcés d’observer.
(Delvau, 1864)
Bander de la gorge
Se dit d’une femme dont les seins se durcissent et se dressent sous l’impression du désir ou du plaisir.
(Delvau, 1867)
Bander la caisse
v. a. S’en aller, s’enfuir.
(Rigaud, 1888)
Bander la caisse
Se sauver en emportant la caisse. — Allusion à la bande de papier que les directeurs de théâtre font coller sur les affiches pour cause de relâche.
(La Rue, 1894)
Bander la caisse
Se sauver avec l’argent de la caisse.
(Delvau, 1864)
Bander son arc
Bander, — le membre viril étant pris pour flèche et la nature de la femme pour cible.
Alors, bandant mon arc sous un autre balcon,
Je ne daignerai plus, vers le but de ton con,
Lancer la flèche de ma pine.
Emmanuel Des Essarts.
(Fustier, 1889)
Bandiste
« On appelle ainsi les tâcherons qui sont employés à rédiger les adresses pour circulaires, prospectus, manifestes électoraux. »
Soleil, 16 nov. 1888.
(Delvau, 1864)
Bandocher
Avoir des velléités d’érection ; n’être pas en train ; bander faiblement, difficilement.
…Elle recréait son impotente lubricité en lui chatouillant le scrotum et les testicules, ce qui le faisait bandocher.
(Anti-Justine, p. 123.)
(Delvau, 1867)
Bannette
s. f. Tablier, — dans l’argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot au patois lorrain.
(Rigaud, 1888)
Bannière
Chemise. Quand tu auras fini de te promener en bannière. On dit également : bannière volante.
(Virmaître, 1894)
Bannière
Sac. On dit de celui qui se promène en chemise : il se trimballe en bannière. Allusion aux pans de la chemise qui flottent au vent. On dit aussi : Se promener en panais (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bannière
(Delvau, 1867)
Bannière (être en)
Être en chemise, dans le simple appareil d’une dame ou d’un monsieur qu’on arrache au sommeil.
(Delvau, 1867)
Banque
s. f. Paye, — dans l’argot des typographes.
(Delvau, 1867)
Banque
s. f. Escroquerie, ou seulement mensonge afin de tromper, — dans l’argot du peuple, qui connaît son Robert Macaire par cœur. Faire une banque. Imaginer un expédient — d’une honnêteté douteuse — pour gagner de l’argent.
(Delvau, 1867)
Banque
s. f. Tout le monde des saltimbanques, des banquistes. Truc de banque ! Mot de passe et de ralliement qui sert d’entrée gratuite aux artistes forains dans les baraques de leurs confrères. On les dispense de donner à la quête faite par les banquistes d’une autre spécialité que la leur.
(Boutmy, 1883)
Banque
s. f. Paye des ouvriers. Le prote fait la banque aux metteurs en pages, qui à leur tour la font aux paquetiers. Ce mot entre dans plusieurs locutions. Par exemple on dit : La banque a fouaillé, pour indiquer que le patron n’a pas payé au jour dit. Être bloqué à la banque, c’est ne rien recevoir. Faire banque blèche s’emploie dans le même sens.
(Rigaud, 1888)
Banque
Troupe de théâtre, — dans l’ancien, argot des comédiens.
Le gonze qui est à votre ordre est-il de la banque ? Celui qui est à côté de vous est-il un comédien ?
(Mémoires de Dumesnil.)
(Rigaud, 1888)
Banque
Ruse, frime.
C’est une banque.
(Scribe, L’honneur de ma fille, 1836.)
(Rigaud, 1888)
Banque
Association entre escrocs. Art de flouer son prochain. Faire une banque, combiner une escroquerie.
(Rigaud, 1888)
Banque
Paye des ouvriers typographes.
(La Rue, 1894)
Banque
Troupe de théâtre. Métier de saltimbanque. Ruse, frime. Paye des ouvriers typographes. Association entre voleurs : Faire une banque, être de la banque.
(Virmaître, 1894)
Banque
Les voleurs qui se partagent le produit d’un vol emploient cette expression (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Banque
Les forains propriétaires des grandes baraques, Pezon, Bidel, Marquetti, Corvi, sont ce que l’on nomme dans les fêtes la Banque, parce qu’ils sont riches.
(Virmaître, 1894)
Banque (en tailler une)
Tenir les cartes au jeu de baccara. Mot à mot : Être le banquier (Argot des joueurs).
(Rigaud, 1888)
Banque (être de la)
Être de complicité dans un vol ; avoir droit, comme complice, aux dividendes provenant d’une escroquerie.
(Rigaud, 1888)
Banque (faire la)
Faire mousser la marchandise, — dans le jargon des camelots.
(Virmaître, 1894)
Banque (la faire)
Le samedi, les ouvriers typographes se partagent le prix du travail de la semaine (Argot d’imprimerie).
(Virmaître, 1894)
Banque (la grande)
Baraque des grands forains dans le monde des saltimbanques qui a, connue partout, ses matadors et ses miséreux (Argot des saltimbanques).
(Hayard, 1907)
Banque (la)
(Rigaud, 1888)
Banque blèche (faire)
Ne pas toucher de banque (paye), — dans le jargon des typographes.
(Delvau, 1867)
Banquet
s. m. Dîner, — dans l’argot des francs-maçons.
(Larchey, 1865)
Banquette
Menton (Vidocq). — La saillie du menton forme en effet une banquette au bas du visage.
(Delvau, 1867)
Banquette
s. f. Menton, — dans l’argot des voyous.
(Rigaud, 1888)
Banquette
Menton. — Allusion à la forme du menton.
(Virmaître, 1894)
Banquette
Le menton. Allusion à ce qu’il avance sur le visage (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1867)
Banquiste
s. m. Charlatan ; chevalier d’industrie ; faiseur. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Banquiste
Saltimbanque. Tout individu dont le commerce n’est établi qu’en vue de faire des dupes est un banquiste. Le grand rendez-vous des banquistes est à la Bourse.
(La Rue, 1894)
Banquiste
Saltimbanque. Escroc. Compère, complice.
(Virmaître, 1894)
Banquiste
Charlatan. Tous ceux qui fardent la vérité sont des banquistes, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent. Tous les banquistes ne sont pas sur des tréteaux (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Banquistes
(Delvau, 1867)
Baptême
s. m. La tête, — dans l’argot des faubouriens, qui se souviennent de leur ondoiement.
(Virmaître, 1894)
Baptême
La tête. Le mastroquet baptise son vin. Le peuple, qui a horreur de l’eau, dit des vins baptisés : Ils sont chrétiens. Le buveur fait sa tête (Argot du peuple). N.
(Larchey, 1865)
Baptême (se mettre sur les fonts du)
Se mettre dans l’embarras.
Nous ne voulons enquiller chez aucun tapissier, c’est se mettre sur les fonts du baptême.
(Vidocq).
Pour comprendre ce terme, il faut savoir que Parrain veut dire témoin à charge. C’est donc s’exposer au parrain que se mettre sur les fonts du baptême.
(Rossignol, 1901)
Baptisé à l’eau de morue
Se dit de celui qui a toujours soif.
(Virmaître, 1894)
Baptisé au sécateur
Juif. Allusion à l’opération de la circoncision que subissent les nouveaux-nés suivant le rite juif (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Baptisé au sécateur
Israélite, allusion à l’opération de la circoncision.
(Virmaître, 1894)
Baptisé d’eau de morue
Ne pas avoir de chance. Homme ou femme à qui rien ne peut réussir. Ce qui équivaut à deveine salée, par allusion à l’eau dans laquelle la morue a été dessalée (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1867)
Baptiser le vin
v. a. Le noyer d’eau, — dans l’argot ironique des cabaretiers, qui renouvellent trop souvent, à notre préjudice, le miracle des Noces de Cana, en changeant l’eau en vin.
(Delvau, 1864)
Baquet
La nature de la femme dans laquelle l’homme décharge ses ordures liquides :
… Dans le baquet desquelles il eût volontiers lavé son vit.
(Contes de la reine de Navarre.)
(Delvau, 1867)
Baquet
s. m. Blanchisseuse, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi : Baquet insolent, et l’on a raison, — car je ne connais pas de créatures plus « fortes en gueule » que les lavandières : il semble qu’il leur reste aux lèvres quelques éclaboussures des ordures humaines avec lesquelles elles sont en contact permanent.
(Virmaître, 1894)
Baquet
Blanchisseuse. On dit aussi : Baquet insolent. On sait que ces dames ne mâchent pas leurs paroles. Quand une ménagère, par économie, va laver son linge au lavoir, les professionnelles l’appellent : graillonneuse ou noyeuse d’étrons. Ce sont les plus mignonnes de leurs déjections (Argot du peuple).
(Hayard, 1907)
Baquet (insolent, à deux pattes)
(Delvau, 1867)
Baquet de science
s. m. Baquet où le cordonnier met sa poix et les autres ingrédients de son métier. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Baquet de science
Baquet dont se servent les cordonniers, les forgerons.
Si tu ne veux pas marcher mieux que ça, je te f… dans le baquet de science.
(Le Sublime.)
(Rigaud, 1888)
Baquet insolent
Baquet de blanchisseuse. — La blanchisseuse elle-même. — Habituées à voir tant de saletés, ces dames ne se privent pas d’en dire, et leurs insolences sont capitonnées de grossièretés ordurières.
(Rossignol, 1901)
Baquet insolent
Laveuse qui n’a généralement pas des mots recherchés lorsqu’elle se dispute.
(La Rue, 1894)
Baquet insolent ou insolpé
(Halbert, 1849)
Baquet-insolent
(Halbert, 1849)
Bar-de-tir
(Delvau, 1867)
Baragouinage
s. m. Langage incohérent, confus, incompréhensible. — dans l’argot du peuple, qui dit cela surtout à propos des langues étrangères. On dit aussi Baragouin.
(Delvau, 1867)
Baragouiner
v. n. et a. Parler bas ; murmurer ; marmotter.
(Rigaud, 1888)
Barant
Ruisseau, — dans l’ancien argot.
(Delvau, 1867)
Baraque
s. f. Maison où les maîtres font attention au service, — dans l’argot des domestiques. Journal où l’on est sévère pour la copie, — dans l’argot des aspirants journalistes.
(Rigaud, 1888)
Baraque
Terme de mépris pour désigner une maison, un magasin, un établissement. Baraque, le magasin dont le patron paye mal ses commis ; baraque, l’administration qui surmène ses employés ; baraque, la maison où les domestiques ne peuvent pas voler à leur aise.
(Rigaud, 1888)
Baraque
Chevron, — dans le jargon du régiment. Par abréviation de baraquement, campement. — Un vieux pied de banc à trois baraques..
(Rigaud, 1888)
Baraque
Pupitre d’écolier.
Sa baraque, en étude, ressemble à ces sacs-bazars qui donnaient tant d’originalité à nos zouaves de l’expédition de Crimée.
(Les Institutions de Paris, 1808.)
(Merlin, 1888)
Baraque
Chevron ; peut-être en raison de sa forme de V renversé, imitant un toit.
(Fustier, 1889)
Baraque
Sorte de jeu en vogue il y a quelque temps, et dans lequel les filous avaient la partie belle.
Le jeu de la baraque se compose d’une planchette de cuivre casée à l’angle d’un billard et percée de 25 petites cuvettes numérotées de 1 à 25. Vous faites une poule à 2, à 5 ou à 20 francs et, si vous avez la chance, pardon ! l’adresse de pousser votre bille dans la cuvette cotée le plus haut, c’est vous qui touchez les enjeux. Le baraqueur ne prélève que 10 p. 100 sur le montant de chaque poule. C’est pour rien ! Toutefois ce petit impôt me paraît plus dur que le zéro de la roulette.
(Paris-Journal, 1882.)
(Virmaître, 1894)
Baraque
Maison construite en plâtre, en torchis, provisoirement. Maison où la patronne va par méfiance au marché avec sa bonne. Maison où l’on enferme le vin et les liqueurs. Maison où l’on chipote sur tout, où l’on rogne même la nourriture.
— Tenez, voilà mon tablier, je n’en veux plus de votre baraque, j’en ai plein le dos (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Baraques à Cavaignac (les)
Le no 44, dans l’argot des joueurs de loto, dont l’allusion consacre ainsi le nombre des baraques construites en 1848 au Jardin du Luxembourg, sous la dictature du général Cavaignac.
(Delvau, 1864)
Baratter
Baiser une femme, parce que, dans l’action amoureuse, la pine de l’homme, en allant et en venant dans le con de la femme, où il a déjà déchargé, a l’air de battre du lait dans une baratte et de faire du beurre. Ce n’est pas du beurre qu’il fait, en barattant ainsi, c’est du fromage.
(Virmaître, 1894)
Barbaque
Viande (Argot des voleurs). V. Bidoche.
(Rossignol, 1901)
Barbaque
Viande.
N’allons pas dans ce restaurant : il y a de la mauvaise barbaque.
(Hayard, 1907)
Barbaque
Viande de mauvaise qualité.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Barbaudier
Gardien. Barbaudier de castu, gardien d’hôpital.
(Bras-de-Fer, 1829)
Barbaudier
(Halbert, 1849)
Barbaudier
(Larchey, 1865)
Barbaudier
Guichetier (Vidocq). — Il est chargé du barbot des prisonniers.
(anon., 1827)
Barbaudier de castu
(Halbert, 1849)
Barbaudier de castu
(Rigaud, 1888)
Barbaudier, barbotier
Guichetier. — Barbaudier de castu, concierge d’hôpital. Il est chargé de fouiller, barboter les visiteurs.
(Virmaître, 1894)
Barbautiers
Gardiens de prison. Cette expression vient-elle de ce qu’ils sont chargés de garder les barbotteurs ? Vient-elle de ce qu’ils barbottent les prisonniers confiés à leur garde ? (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Barbe
s. f. Ivresse, — dans l’argot des typographes. Avoir sa barbe. Être ivre.
On dit aussi Prendre une barbe. Se griser.
(Boutmy, 1883)
Barbe
s. f. La barbe dit l’auteur de Typographes et gens de lettres, c’est ce moment heureux, ce moment fortuné, qui procure au malheureux une douce extase et lui fait oublier ses chagrins, ses tourments et sa casse ! Que ne trouve-t-on, pas dans cette dive bouteille ? Pour tous, elle est un soulagement aux travaux ennuyeux ; pour quelques-uns moyen de distraction ; d’autres y cherchent l’oubli, un certain nombre l’espérance.
La barbe a des degrés divers. Le coup de feu est la barbe commençante. Quand l’état d’ivresse est complet, la barbe est simple : elle est indigne quand le sujet tombe sous la table, cas extrêmement rare. Il est certains poivreaux qui commettent la grave imprudence de promener leur barbe à l’atelier ; presque tous deviennent alors Pallasseurs, surtout ceux qui sont taciturnes à l’état sec.
(Rigaud, 1888)
Barbe
Ivresse, dans le jargon des ouvriers. — Prendre une barbe, se griser. Avoir sa barbe, être soûl.
(Fustier, 1889)
Barbe
Répétition.
Une barbe, c’est une répétition de bachot donnée à un aspirant au diplôme. Il s’assied, on le rase, il paye, c’est une barbe !
(Richepin.)
(Virmaître, 1894)
Barbe
Beau mâle, gars solide.
— Mon homme est un rude barbe.
Il y a des barbes qui, dans certains quartiers, sont en réputation comme autrefois les terreurs (Argot des filles et des souteneurs).
(Virmaître, 1894)
Barbe
Vieux. Par corruption on dit : birbe. On appelle les vieux de 1848 qui survivent : des vieilles barbes (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Barbe
Ennuyer quelqu’un en lui causant est lui faire la barbe ; on dit aussi raser.
(Rigaud, 1888)
Barbe (avoir de la)
Locution usitée dans le jargon des gens de lettres, pour désigner une vieille histoire qui a couru toute la Presse. — Histoire qui a une barbe de sapeur, histoire très vieille, très connue.
(Hayard, 1907)
Barbe (avoir la)
(Virmaître, 1894)
Barbe (en prendre une)
Se pocharder. Dans les imprimeries quand un camarade a pris une barbe, on dit aussi qu’il était chargé à cul. Allusion au cheval qui ne peut pas avancer quand sa charge est trop lourde (Argot d’imprimerie).
(Fustier, 1889)
Barbe (faire sa)
Argot théâtral. Gagner de l’argent.
Sa barbe faite, comme on dit en argot théâtral, c’est-à-dire son argent gagné, notre chanteuse s’empresse de quitter le salon.
(Gaulois, 3 octobre 1881.)
(Fustier, 1889)
Barbe (femme à)
Argot militaire.
Terme sous lequel on désigne une beauté sur le retour généralement unique dans chaque ville de garnison, qu’une étrange et irrésistible passion pour le biscuit militaire laisse sans défense contre les assauts du soldat.
(Ginisty : Manuel du Parfait réserviste.)
(Larchey, 1865)
Barbe (prendre la)
S’enivrer.
La Saint-Jean d’hiver, la Saint-Jean d’été, la Saint-Jean-Porte-Latine, le moment qui commence les veillées, celui qui les voit finir, sont autant d’époques où (pour les compositeurs d’imprimerie) il est indispensable de prendre là barbe.
Ladimir.
(Rigaud, 1888)
Barbe (vieille)
Et vieille barbe démocratique, pour désigner un vétéran de la démocratie. Raspail a été souvent appelé « vieille barbe » par ses adversaires politiques. Ennemie de toute inovation comme de toute transaction, la vieille barbe repousse l’opportunisme et ne connaît que le catéchisme des républicains de 1818. Elle n’a jamais voulu se laisser raser par aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis cette époque.
M. Madier-Montjau lutte comme une vieille barbe qu’il est, à coups de théories déclamatoires.
(Figaro du 21 janvier 1879.)
Vieille barbe est synonyme de ganache.
Invitez là tous les fossiles
Remis à neuf et rempaillés
Les vieilles barbes indociles,
Fourbus, casses, crevés, rouilles.
(Le Triboulet, du 29 fév. 1880.)
C’est encore ce vieux père Blanqui, qui sera toujours le modèle des vieilles barbes.
(Le Triboulet, du 6 juin 1880.)
(Virmaître, 1894)
Barbe à poux
Barbe de capucin, barbe en broussaille, longue, sale et crasseuse, dans laquelle jamais le peigne ne pénêtre ; les poux peuvent y nicher à l’aise sans crainte d’être dérangés (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1864)
Barbe de la femme (la)
Les poils de sa motte, — qu’elle se garde bien de couper et encore moins d’épiler, à l’exemple des femmes d’Orient :
Sur ta laine annelée et fine
Que l’art toujours voulut raser ;
O douce barbe féminine !
Reçois mon vers comme un baiser.
Th. Gauthier.
(La Rue, 1894)
Barbe, barbeau, barbillon
(Hayard, 1907)
Barbe, barbiset, barbeau, bouffeur de blanc
Homme qui vit de la prostitution.
(Delvau, 1864)
Barbeau
Souteneur de filles ; membre de la grande famille des maquereaux — qui n’a rien de commun, que le nom, avec la grande famille des scombéroïdes.
Pègr’ et barbeaux, aboulez au Sauvage ;
Et sans traquer livrez-vous au plaisir ;
On aurait tort de vouloir être sage,
Puisqu’après tout, on sait qu’il faut roidir.
A. Dumoulin.
(Delvau, 1867)
Barbeau
s. m. Souteneur de tilles, homme-poisson qui sait nager entre deux eaux, l’eau du vice et celle du vol.
(Rigaud, 1888)
Barbeau, barbillon
Souteneur de filles. Encore un mot emprunté à l’ichthyologie pour désigner cette intéressante classe d’industriels.
(Delvau, 1867)
Barbeaudier
s. m. Concierge, — dans l’argot des voleurs. Barbeaudier de castu. Gardien d’hôpital.
(Rigaud, 1888)
Barbèque
Viande, — dans le jargon des voleurs.
(Rossignol, 1901)
Barber
Voir Barbe.
Tais-toi, tu nous barbes ou rases.
Ce mot probablement vient de ce que les barbiers sont raseurs en paroles lorsqu’ils vous font la barbe.
(Larchey, 1865)
Barberot
Barbier (Vidocq). Dimin. de barbier.
(Rigaud, 1888)
Barbet (le)
Le diable, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1867)
Barbichon
s. m. Capucin, — dans l’argot des voyous.
(Virmaître, 1894)
Barbichon
Capucin. Allusion à ce que ces religieux laissent croître leur barbe (Argot des voleurs). N.
(Fustier, 1889)
Barbifier (se)
Se griser. Argot des typographes. V. Delvau au mot Barbe.
Il s’est barbifié hier ; il a mal aux cheveux aujourd’hui.
(Typologie-Tucker, juin 1885.)
(Halbert, 1849)
Barbill ou barbillon
Qui reçoit de l’argent d’une prostituée.
(Delvau, 1867)
Barbille
s. m. Souteneur de filles, — apprenti barbeau.
(un détenu, 1846)
Barbillon
(Delvau, 1864)
Barbillon
Souteneur de filles ; homme qui vend sa protection aux putains. — Du moment qu’il a été convenu qu’on appellerait ces drôles-là maquereaux, comme le maquereau est un poisson, on les a appelés aussi d’autres noms de poissons ; on les a même appelés poissons purement et simplement.
Quoi ! pour aller danser, ma chère,
Tu abandonnes le persil,
Et de ton barbillon de père,
Tu ne conserve aucun souci.
A. Dumoulin.
(Larchey, 1865)
Barbillon
Souteneur de filles (Vidocq). — Équivalent de poisson.
(Delvau, 1867)
Barbillon
s. m. Jeune souteneur de filles.
(Virmaître, 1894)
Barbillon
Souteneur. Diminutif de brochet, quoiqu’ils soient aussi voraces l’un que l’autre pour dévorer la recette de la marmite (Argot des souteneurs).
(Rossignol, 1901)
Barbillon
(Virmaître, 1894)
Barbillon de Beauce
Légumes. Les voleurs disent également : barbillon de Varenne pour navet. Cette dernière expression est des plus anciennes ; on lit en effet dans le dictionnaire d’Olivier Chéreau : barbillons de Varanne (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Barbillons de Beauce
s. m. pl. Légumes, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Barbillons de Beauce
Légumes. — Barbillons de Varenne, navets.
(La Rue, 1894)
Barbillons de Beauce
(Halbert, 1849)
Barbillons de varenne
(Delvau, 1867)
Barbillons de varenne
s. m. pl. Navets, — dans l’argot des voleurs, qui savent que ce légume pousse, volontiers, dans les terres sablonneuses. Le dictionnaire d’Olivier Chéreau donne : Babillons de varane.
(Virmaître, 1894)
Barbise
Apprenti souteneur. Il en existe qui n’ont pas quinze ans et qui macrotent déjà les petites bouquetières, quelquefois leurs sœurs (Argot des souteneurs). N.
(Virmaître, 1894)
Barbiset
Diminutif de barbe. Plus jeune et moins en faveur (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Barbiste
s. m. Élève du collège Sainte-Barbe.
(Rigaud, 1888)
Barbiste
Élève de l’institution Sainte-Barbe.
Il va sans dire que les anciens barbistes font élever leurs fils à Sainte-Barbe.
(Scribe, Maurice.)
(Rigaud, 1888)
Barbiste
Ouvrier typographe qui prend souvent des barbes, c’est-à-dire qui se grise souvent ; ouvrier qui procède par séries soulographiques, — dans le jargon des typographes.
(Larchey, 1865)
Barbot
Canard (Vidocq). — L’acte est mis pour l’acteur. Barbot : Fouille. — Allusion à la main fouillant une poche, comme un bec de canard barbotte dans un trou.
Je fis le barbot et je m’emparai de quelques pièces de vingt et quarante francs.
Canler.
(Delvau, 1867)
Barbot
s. m. Canard, — dans l’argot des voyous.
(Rossignol, 1901)
Barbot
Souteneur voleur. — Un voleur est un barbot, les barbots (souteneurs) sont en général des barboteurs.
(La Rue, 1894)
Barbot (vol au)
(Rigaud, 1888)
Barbot, vol au barbot
Vol exécuté dans les poches du prochain. — Faire le barbot, fouiller dans les poches.
(Delvau, 1867)
Barbote
s. f. Visite minutieuse du prisonnier à son entrée en prison. On dit aussi Barbot s. m.
(Rigaud, 1888)
Barbote
Visite pratiquée sur la personne des détenus, au moment de leur incarcération.
(La Rue, 1894)
Barbote
Visite sur la personne des détenus.
(Delvau, 1867)
Barboter
v. a. Fouiller ; voler. Argot des voleurs.
(Boutmy, 1883)
Barboter
v. a. Voler des sortes dans la casse de ses camarades. Se dit souvent à la place de fricoter et de piller.
(Rigaud, 1888)
Barboter
Fouiller dans les poches du voisin ou de la voisine. Les voleurs barbotent beaucoup dans les omnibus. Ils fouillent dans la poche d’autrui comme les canards dans les ruisseaux.
(Merlin, 1888)
Barboter
Fouiller dans les affaires d’autrui ; voler : pêcher en eau trouble.
(Fustier, 1889)
Barboter
Parler sans savoir ce que l’on dit.
(Rossignol, 1901)
Barboter
Fouiller, prendre.
On m’a barboté mon blavin.
(Rigaud, 1888)
Barboteur, barboteuse
Celui, celle qui cultive l’art du barbot. — Barboteur de campagne, voleur de nuit.
(Delvau, 1867)
Barbotier
s. m. Guichetier chargé de la visite des prisonniers à leur entrée.
(M.D., 1844)
Barbotier (un)
(Virmaître, 1894)
Barbots
Voleurs (Argot des voleurs). La romance du pègre dit :
Pègres et barbots, rappliquez au Sauvage
Et sans traquer livrez vous au plaisir.
On aurait tort de vouloir être sage
Puisqu’après tout on sait qu’il faut mourir.
(Fustier, 1889)
Barbottage
Vol.
Le droit au barbottage est absolu.
(A. Humbert : Mon bagne.)
(un détenu, 1846)
Barbotter
(Larchey, 1865)
Barbotter
Voler (Vidocq). — Mot à mot : faire le barbot.
Tous deux en brav’s nous barbottions, D’or et d’billet nous trouvons un million.
Paillet.
(Virmaître, 1894)
Barbotter
Fouiller les poches de quelqu’un. C’est une spécialité qui demande une certaine adresse. La ménagère souvent la nuit, pendant que son mari sommeille, pratique, sans mandat, une visite domiciliaire dans les poches du dormeur (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Barbottier
Canapé (Argot des voleurs). N.
(Larchey, 1865)
Barbue
Plume (Vidocq). — Allusion aux barbes de plume. V. Arguemine.
(Delvau, 1867)
Barbue
s. f. Plume à écrire, — dans l’argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Barbue
Plume. Allusion à la barbe des anciennes plumes d’oie (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Barda
Havresac du troupier. C’est probablement de barda que vient le mot barder. La hauteur d’un sac de zouave est connue, il n’a pas plus à porter qu’un soldat d’infanterie ; mais, comme il a l’habitude du voyage, il ne met rien dans le sac, mais tout dessus, de façon que la Charge porte sur les épaules et non sur les reins. Dans le temps, un zouave avait toujours sur son sac un rouleau contenant son linge, un pantalon de drap, une couverture, son manteau, une toile et demie pour camper à deux, un bâton, quatre piquets, une paire de souliers, huit jours de vivres de réserve, soit quatre pains, et un des ustensiles de cuisine et sa gamelle individuelle ; avec les cent cartouches, le fusil, et quelques petits Souvenirs de famille conservés précieusement dans le sac, ça finissait par barder.
(Delvau, 1864)
Bardache
Pédéraste actif ou passif, au choix — des autres.
C’est là un cul de châtré ou de bardache, si jamais il y en a eu.
La Popelinière.
Le capitan était bardache :
Godefroy, seigneur de Bouillon,
L’encula dans une patache.
B. de Maurice.
(Boutmy, 1883)
Bardeau
s. m. Casseau contenant diverses sortes d’un même caractère.
(un détenu, 1846)
Barder
Bâiller, entrebâiller. Exemple : Une poche barde quand elle est pleine de quelques objets.
(Rossignol, 1901)
Barder
Être lourd.
J’ai coltiné toute la journée des colis qui bardaient.
(Rigaud, 1888)
Baril de moutarde
(Virmaître, 1894)
Baromètre
La médaille des députés. Pour le coiffeur ou l’ouvrier chapelier qui quitte son rasoir ou balance son tablier par un caprice du suffrage universel, la médaille qu’il a dans sa poche marque le beau fixe pendant quatre ans. Elle est pour lui le baromètre du bonheur (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1867)
Baron de la crasse
s. m. Homme gauche et ridicule en des habits qu’il n’a pas l’habitude de porter, — dans l’argot du peuple, qui se souvient de la comédie de Poisson.
(Rigaud, 1888)
Baron de la Crasse
Se disait au XVIIIe siècle d’un homme grotesque et ridicule dans sa mise, d’un homme qui singeait les gens de qualité. Poisson a laissé une comédie sous le titre du Baron de la Crasse.
(Virmaître, 1894)
Baron de la grasse
Individu malpropre, sale, puant, dégoûtant, ne se débarbouillant, suivant une vieille expression, que lorsqu’il pleut (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Baronifier
v. a. Créer quelqu’un baron, — dans l’argot du peuple, qui a vu mousser de près la Savonnette Impériale.
(Hayard, 1907)
Barouf (faire du)
(Virmaître, 1894)
Barraque
Jeu de hasard. Ce jeu se joue sur un billard ordinaire avec un appareil spécial. Un joueur tient la queue, les parieurs sont divisés en deux camps ; il s’agit de mettre une bille désignée dans une des cavités de l’appareil. La barraque est un jeu prohibé parce que l’on peut avec habileté voler facilement (Argot des joueurs). N.
(Delvau, 1867)
Barre
s. f. Aiguille, — dans l’argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Barre
Aiguille (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Barré
adj. et s. Simple d’esprit, et même niais, — dans l’argot du peuple, qui, sans doute, veut faire allusion à une sorte de barrage intellectuel qui rend impropre à la conception.
(Virmaître, 1894)
Barré
Taisez-vous, en voilà assez. Fermez çà, barré. Barrée (la rue est). Elle l’est, en ellet, pour ceux qui n’y peuvent passer à cause d’un créancier récalcitrant. On dit aussi : on pave (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Barre (compter à la, tenir sa comptabilité à la)
Ce genre de comptabilité, encore en usage chez quelques marchands de vins, consiste à marquer chaque objet de consommation au moyen d’une barre faite à la craie sur une ardoise. Au noble jeu de tourniquet, l’ardoise marche un train d’enfer, et quelquefois, dans sa précipitation, le marchand de vin aligne quelques barres de plus.
(Virmaître, 1894)
Barré (être)
Individu bouché, crédule, ignorant, qui comprend difficilement. Mot à mot : il a la cervelle barrée (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Barrée (la)
Échelle. Allusion aux échelons que forment les barreaux (Argot des voleurs). V. Montante.
(Delvau, 1867)
Barrer
v. n. Abandonner son travail, — dans l’argot des marbriers de cimetière. Se barrer. S’en aller.
(Delvau, 1867)
Barrer
v. a. Réprimander, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Barrer
Quitter son ouvrage. — Réprimander. Se barrer, s’en aller, — dans le jargon des ouvriers.
(Rossignol, 1901)
Barrer
Quitter, s’en aller, quitter sa maîtresse est la barrer.
Nous ne nous aimons plus, barrons. — Il est tard, barrons, allons-nous-en.
(La Rue, 1894)
Barrer (se)
(Delvau, 1867)
Barrerot
s. m. Barbier, — dans l’argot des forçats.
(Rigaud, 1888)
Barres (se rafraîchir les)
Boire, — dans le jargon des soldats de cavalerie.
(Delvau, 1867)
Barrique
s. f. Bouteille ou carafe, — dans l’argot des francs-maçons. Ils disaient autrefois Gomorrhe — du nom d’une mesure juive qui indiquait la quantité de manne à récolter.
(Delvau, 1864)
Bas (le)
La nature de la femme, à cause de sa situation.
Gargamelle commença à se porter mal du bas.
Rabelais.
Elle s’accointa de l’un des clercs, lequel par aventure lui mettait l’intelligence de ces mots en la tête par le bas.
Bonaventure Desperriers.
(Delvau, 1867)
Bas de buffet
s. m. Homme ou chose de peu d’importance. Argot du peuple. Vieux bas de buffet. Vieille femme, vieille coquette ridicule qui a encore des prétentions à l’attention galante des hommes.
(Virmaître, 1894)
Bas de buffet
Injure à l’adresse des vieilles femmes prétentieuses qui se maquillent outrageusement. Pour accentuer on dit : vieux bas de buffet (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Bas de buffet (vieux)
Vieillard ridicule, vieille femme à prétentions.
(Delvau, 1867)
Bas de plafond
m. Homme d’une taille ridiculement exiguë. On dit aussi Bas du cul.
(Rigaud, 1888)
Bas de soie à un cochon (ça lui va comme des)
Locution populaire qui veut dire : Ça ne lui va pas du tout, ça produit sur lui le plus mauvais effet. — Le sifflet d’ébéne, rien que ça de chic ! ça te va comme des bas de soie à un cochon.
(Virmaître, 1894)
Bas du cul
Petite femme. Dans le peuple, pour bien caractériser sa petitesse, on dit : quand elle pète elle fait des ronds dans le sable (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Bas du cul (Monsieur, Madame)
Homme noué, femme nouée. Celui, celle dont le buste trop long est disproportionné avec les jambes. On dit encore : Avoir le derrière dans les talons.
(Rossignol, 1901)
Bas du… derrière
Homme de petite taille.
Trois pouces de jambes et le… derrière tout de suite.
(Delvau, 1867)
Bas percé
s. et adj. Homme pauvre ou ruiné. Argot du peuple.
(Virmaître, 1894)
Bas percé
Être à fond de cale, à bout de ressources. Allusion aux bas percés qui indiquent la misère (Argot du peuple). V. Lac.
(Rigaud, 1888)
Bas quelque part (avoir un vieux)
Avoir des économies. Les gens de la campagne placent encore leurs économies dans des bas ; de là l’expression.
(Delvau, 1867)
Bas-bleu
s. m. Femme de lettres, — dans l’argot des hommes de lettres, qui ont emprunté ce mot (blue stocking) à nos voisins d’outre-Manche.
Alphonse Esquiros (Revue des Deux Mondes, avril 1860) donne comme origine à cette expression le club littéraire de lady Montague, où venait assidûment un certain M. Stillingfleet, remarquable par ses bas bleus. D’un autre côté, M. Barbey d’Aurevilly (Nain jaune du 6 février 1886) en attribue la paternité à Addison. Or, le club de lady Montague ne date que de 1780, et Addison était mort en 1719. Auquel entendre ?
(Delvau, 1867)
Bas-bleuisme
s. m. Maladie littéraire spéciale aux femmes qui ont aimé et qui veulent le faire savoir à tout le monde. Le mot a été créé récemment par M. Barbey d’Aurevilly.
(Merlin, 1888)
Bas-off
Adjudant de Saint-Cyr et Polytechnique.
(Rigaud, 1888)
Bas-off, Bazof
Adjudant sous-officier de l’École polytechnique ; c’est-à-dire bas-officier, par apocope dont les élèves font grand usage. Ainsi : bibli, biblo, pour bibliothèque ; colo, géné, corri, salle de récré, amphi, pour colonel, général, corridor, salle de récréation, amphithéâtre.
Les sept punis, roulés dans leurs draps, ainsi que des fantômes d’opérette, emboîtant le pas du bazof.
(R. Maizeroy, La Vie moderne, 15 sep. 1879.)
(Delvau, 1867)
Basane
s. f. Peau du corps humain, — dans l’argot des faubouriens. Tanner la basane. Battre quelqu’un.
(Delvau, 1867)
Basane
s. f. Amadou, — dans l’argot des voleurs.
(La Rue, 1894)
Basane
Peau du corps humain. Amadou. Faire une basane. Défier du geste.
(Virmaître, 1894)
Basane
Peau. Les tabliers des forgerons se nomment basane (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Basane
Taper sa cuisse en faisant avec la main un geste significatif et dire : « Tiens, voilà pour toi, ou va porter ça à ton capitaine », est tailler une basane.
(Merlin, 1888)
Basane (tailler une)
Geste grossier qu’explique d’une manière assez pittoresque le libellé de punition suivant, dont on nous garantit l’authenticité : Untel, quatre jours de salle de police, ordre du sous-officier X…, a répondu à ce sous-officier en lui taillant une basane : la main appliquée sur la braguette du pantalon, et lui faisant décrire une conversion à gauche, arec le pouce pour pivot et le petit doigt pour aile marchante.
(un détenu, 1846)
Basarder
(Virmaître, 1894)
Basarder
Vendre.
— Je basarde mes frusques, mon mobilier.
Basarder veut dire aussi renvoyer :
— Je basarde ma maîtresse (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Basarder
Vendre.
Je vais basarder mes bois (meubles) à un aminche (ami).
(Delvau, 1867)
Bascule
s. f. Guillotine, — dans l’argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Bascule
Guillotine. — Basculer, guillotiner.
(Virmaître, 1894)
Bascule
La guillotine. Allusion à la planche qui bascule pour pousser le condamné sous la lunette (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Basculer
v. a. Guillotiner. Être basculé. Être exécuté.
(Virmaître, 1894)
Bascules
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Basourdir
(Bras-de-Fer, 1829)
Basourdir
(Halbert, 1849)
Basourdir
Abattre, frapper quelqu’un.
(Larchey, 1865)
Basourdir
Assommer (Vidocq). — Abrév. d’abasourdir.
(Delvau, 1867)
Basourdir
v. a. Étourdir, et, par extension naturelle, Tuer, — dans l’argot des voleurs, qui ont dédaigné abasourdir comme trop long. Basourdir ses gaux picantis, ou seulement ses gaux. Chercher ses poux — et les tuer.
(Delvau, 1867)
Basse
s. m. La terre par opposition au ciel. Argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Basse
Terre. Elle est surtout basse pour les paysans. — « La terre est basse » dit-on, proverbialement dans le Midi, lorsqu’un travail exige beaucoup de fatigue.
(Virmaître, 1894)
Basse (la)
La terre. Pour qualifier un fainéant qui ne veut pas travailler on dit : il a les côtes en long, ce qui l’empêche de se baisser. La terre est trop basse (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1864)
Bassin
La nature de la femme, dans laquelle le membre viril nage trop souvent.
J’eusse voulu toujours fouiller dans votre bassin.
Tabarin.
(Delvau, 1867)
Bassin
s. m. Homme ennuyeux, — dans l’argot des filles et des faubouriens, qui n’aiment pas à être ennuyés, les premières surtout. On dit aussi Bassinoire.
(Boutmy, 1883)
Bassin
s. m. Homme ennuyeux. Ce mot appartient aussi à l’argot parisien et n’est pas spécial à la typographie : Tais-toi, vieux bassin. On dit aussi bassinoire.
(Virmaître, 1894)
Bassin
Insipide, ennuyeux (Argot du peuple). V. Bassinoire.
(Larchey, 1865)
Bassin, bassinoire
Importun.
Allons, vieux bassin, Avez-vous fini vos manières.
Becquet, chanson.
Bassiner : Importuner.
Il me bassine, cet avoué.
Labiche.
Bassinoire : Grosse montre de cuivre. — Moins le manche, elle offre un diminutif assez exact de la bassinoire classique.
C’était une vénérable montre de famille, dite bassinoire en langage familier.
Champfleury.
(Rigaud, 1888)
Bassin, Bassinoire
Individu ennuyeux, qui a le talent de tous agacer les nerfs.
(Delvau, 1867)
Bassinant
adj. Ennuyeux, importun, bavard.
(Rossignol, 1901)
Bassinant
Ennuyant.
Si Pierre vient, dis-lui que je n’y suis pas, il est bassinant commt un boisseau de puces.
(Rigaud, 1888)
Bassiner
Ennuyer fortement. La conversation de quelqu’un qui vous bassine produit sur les nerfs le mouvement monotone de la bassinoire passée et repassée sur les draps de lit pour les chauffer. — Dans le glossaire génevois de M. J. Humbert ce mot et le précédent ont la même signification que chez nous. À qui la paternité : à Genève ou à Paris ?
(Rigaud, 1888)
Bassinet (cracher au)
Donner de l’argent de mauvaise grâce. Autrefois à l’église, et encore aujourd’hui, les offrandes, au moment de la quête, sont déposées dans un plat de métal, dans un bassin. — Cracher au bassinet. Avouer, se décider à parler.
Une fois ! deux fois ! tu ne veux pas cracher au bassinet ?
(J. Lermina, Les Chasseurs de femmes, 1879.)
(Delvau, 1867)
Bassinoire
s. f. Grosse montre, — dansl’argot des bourgeois.
(Rigaud, 1888)
Bassinoire
Montre d’argent très large et très épaisse, montre de paysan.
(Fustier, 1889)
Bassinoire
« À Paris, il est de ces hôtels où, pour quelques sous, couchent les maçons, qui s’en vont à leur travail, à l’aube. Eh bien ! Par les nuits d’hiver, il est de pauvres diables qui attendent, l’onglée aux mains, que ces maçons soient partis pour se glisser, au rabais, dans leurs draps encore chauds. Ils font queue devant le logeur, comme devant un théâtre. Ils battent la semelle en attendant le sommeil. Ils appellent, dans leur argot, les compagnons maçons qui leur cèdent ainsi leur couche, les bassinoires. »
(J. Claretie : La Vie à Paris.)
(Virmaître, 1894)
Bassinoire
Individu qui répète cent fois la même chose pour ne rien dire (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bassinoire
Celui qui répète plusieurs fois la même chose pour ne rien dire.
(Merlin, 1888)
Basta
Assez, — de l’espagnol. On dit aussi Barka, — de l’arabe.
(Delvau, 1867)
Bastimage
s. m. Travail, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bastimage
Travail, — dans le jargon des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bastinguer (se)
Se cacher, — dans le jargon des marins.
(Rossignol, 1901)
Bastos ?
(Puisque vous m’offrez de passer l’été à la campagne et que vous me donnez à choisir entre Vaux et Houilles, je vous assure, mon ami, que de ces deux localités j’aime mieux Vaux qu’Houilles.)
(Halbert, 1849)
Bastringue
(Larchey, 1865)
Bastringue
Étui conique en fer d’environ quatre pouces de long sur douze lignes de diamètre, contenant un passe-port, de l’argent, des ressorts de montres assez dentelés pour scier un barreau de fer, un passe-port, de l’argent, etc. — Vidocq — Les malfaiteurs, sur le point d’être pris, cachent dans leur anus cette sorte de nécessaire d’armes, mais il doit être introduit par le gros bout. Faute de cette précaution, il remonte dans les intestins et finit par causer la mort. Un prisonnier périt il y a quelques années de cette manière, et les journaux ont retenti du nombre prodigieux d’objets découverts dans son bastringue, après l’autopsie.
(Delvau, 1867)
Bastringue
s. m. Guinguette de barrière, où le populaire va boire et danser les dimanches et les lundis.
(Delvau, 1867)
Bastringue
s. m. Bruit, vacarme, — comme on en fait dans les cabarets et dans les bals des barrières.
(Delvau, 1867)
Bastringue
s. m. Scie à scier les fers, — dans l’argot des prisons, où l’on joue volontiers du violon sur les barreaux.
(Rigaud, 1888)
Bastringue
Vacarme. — Faire du bastringue.
(Rigaud, 1888)
Bastringue
Lime, scie. — Étui dans lequel les récidivistes serrent les outils nécessaires à leur évasion, tels que lime, scie, ressort de montre. De là l’habitude qu’on a dans les prisons, lors de la visite, au moment de l’arrivée du prévenu ou du condamné, de le faire complètement déshabiller et de lui administrer une forte claque sur le ventre, dans le but de s’assurer s’il a un bastringue sous lui.
(La Rue, 1894)
Bastringue
Lime, scie, outils d’évasion renfermés dans un étui. Guinguette et bal de barrière.
(Virmaître, 1894)
Bastringue
Bal de bas étage où se donne rendez-vous la canaille du quartier dans lequel il est situé. Bastringue, faire du bruit, du tapage. Quand l’homme rentre au logis, un peu humecté et qu’il casse la vaisselle, la ménagère, furieuse, lui dit :
— T’as pas bientôt fini ton bastringue, sale chameau ? (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bastringue
(Rossignol, 1901)
Bastringue
Étui en ivoire ou en argent que les voleurs tiennent constamment caché dans leurs intestins et qui peut contenir jusqu’a 800 francs en or ; ainsi, lors qu’ils se trouvent arrêtés, ils ne sont jamais sans argent. Il y a des bastringues qui contiennent tournevis, scies et monture. Avec une scie semblable, votre serviteur a scié un barreau de la grosseur de ceux des prisons en trente-six heures. Cet étui est bien connu dans les prisons centrales, mais il est difficile de le trouver, le voleur le retire le soir de sa cachette pour le remettre le matin où il reste toute la journée. Il y a une chanson sur les prisons centrales où il est dit :
Un surveillant vous fait regarder à terre En vous disant : Baissez-vous à moitié ; Il vous palpe et regarde le derrière, Dans la maison, c’est l’usage de fouiller.
(Rigaud, 1888)
Bastringuer
Danser, courir les bals. — Bastringueur, bastringueuse, coureur, coureuse de bals publics.
(Delvau, 1867)
Bastringueuse
s. f. Habituée de bals publics.
(Merlin, 1888)
Bat-flancs (sauter le)
Sauter les murs du quartier, après l’appel du soir.
(Delvau, 1867)
Bataclan
s. m. Mobilier ; outils, — dans l’argot des ouvriers. Signifie aussi bruit, vacarme.
(Virmaître, 1894)
Bataclan
Outils de malfaiteurs (Argot des voleurs) V. Agobilles.
(Virmaître, 1894)
Bataclan
Mobilier. Les jours de terme les ouvriers disent :
— Nous déménageons le bataclan, ou bien : nous enlevons le Saint-Frusquin (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bataclan
Tout ce que l’on possède, meubles et autres objets.
J’ai emporté tout mon bataclan dans une voiture à bras.
(Delvau, 1864)
Bataille
Sous-entendu amoureuse. L’acte vénérien, d’où nous sortons lassés, mais non rassasiés ; vaincus faute de munitions, mais non dégoûtés. — On dit aussi : Jouer à la bataille.
La lance au poing il lui présente la bataille.
(Les Cent Nouvelles nouvelles.)
Lors s’écrie en riant : Je vois en ce réduit
Un lit,
Qui servira toute la nuit
De champ à sanglante bataille.
La Fontaine.
(Larchey, 1865)
Bataille (chapeau en)
Chapeau à cornes tombant sur chaque oreille. Mis dans le sens contraire, il est en colonne. Terme de manœuvres militaires.
Les uns portent d’immenses chapeaux en bataille, les autres de petits chapeaux en colonne.
La Bédollière.
(Rossignol, 1901)
Bataille de Jésuite ?
(Delvau, 1867)
Bataille de Jésuites
s. f. Habitude vicieuse que prennent les écoliers et que gardent souvent les hommes, — dans l’argot du peuple, qui a lu le livre de Tissot.
On ajoute souvent après Faire la bataille de Jésuites, cette phrase : Se mettre cinq contre un.
(Rigaud, 1888)
Bataille des Jésuites
Exercice de l’onanisme. La variante est : Cinq contre un.
(Virmaître, 1894)
Bataille des jésuites
Habitudes de masturbation. Dans les ateliers, quand un apprenti reste trop longtemps au cabinet, un ouvrier dit à un autre apprenti :
— Vas donc voir s’il ne se fait pas sauter la cervelle.
L’allusion est transparente (Argot du peuple).
(Delvau, 1864)
Bataille des jésuites, cinq contre un (faire la)
Se masturber, les jésuites ayant inventé le plaisir solitaire — après Onan.
(Rigaud, 1888)
Bate (du)
Matière d’or ou d’argent, bijou de prix, — dans l’argot des voleurs. — Ton oignon est en toc. — Non, c’est du bate.
(Rigaud, 1888)
Bate (faire)
Arrêter, — dans le jargon des voleurs. C’est-à-dire « faire beau » pour… la police.
(Rigaud, 1888)
Bate, batif, bative
Beau, belle, joli, jolie. Tout ce qui est bien est bate pour le peuple. C’est une, déformation de beau. C’est rien bate, c’est très joli. — Être de la bate, être dans une bonne position, être heureux ; on disait autrefois : être de la fête, être de la bonne. — Lorsque les filles soumises sont envoyées, après la visite, à Saint-Lazare, pour y être soignées, elles ont coutume de dire : Le printemps est de la bate, tout est en fleur.
(Rigaud, 1888)
Bateau
Soulier très large. — Avec de pareils bateaux, vous pouvez traverser l’eau sans crainte, dit-on aux gens chaussés de larges souliers.
(Rossignol, 1901)
Bateau
Monter un bateau à quelqu’un est de lui dire souvent une chose qui n’est pas. Synonyme de scie.
(Rigaud, 1888)
Bateau (monter un)
Faire une mauvaise plaisanterie, chercher à tromper, — dans le jargon des voyous ; formule empruntée aux saltimbanques. C’est une déformation de l’ancien batte, battage qui veut dire en argot menterie. La variante mener en bateau est plus particulièrement usitée chez les voleurs dans un sens analogue, c’est-à-dire donner le change, chercher à égarer la justice en lui faisant prendre une fausse piste.
(La Rue, 1894)
Bateau (Monter un)
Faire une mauvaise plaisanterie, chercher à tromper. Mener en bateau, faire des promesses, causer pour détourner l’attention.
(La Rue, 1894)
Bateau, bastaud
(Delvau, 1867)
Bateaux
s. m. pl. Souliers oui prennent l’eau. Argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Batelage
Fourberie, mensonge ; d’où est dérivé la batterie des voleurs modernes.
Cependant, par ce batelage, ils amassèrent quantité d’argent.
(Ablancourt, Dialogues de Lucien, 1637.)
Batelage est resté dans la langue régulière pour désigner le métier de bateleur.
(Delvau, 1867)
Batelée
s. f. Une certaine quantité de gens réunis, quoique inconnus. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Batelée
Foule, réunion de gens qui ne se connaissent pas.
(Delvau, 1867)
Batelier
s. m. Battoir de blanchisseuse, dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Batelier
Battoir de blanchisseuse, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1864)
Bater l’âne
Faire l’acte vénérien. — L’expression date probablement du conte de La Fontaine, le Bât, — imité de Béroalde de Verville.
(Clémens, 1840)
Bateur
Celui qui se dit malade sans l’être.
(Larchey, 1865)
Bath
Remarquable. — Terme contemporain du papier anglais dit papier bath, qui fut notre premier papier à lettre. Sans l’h final, nous aurions vu là une abrév. de batif. V. ce mot.
Nous avons fait un lansquenet un peu bath cette nuit.
Vitu.
(Delvau, 1867)
Bath
s. m. Remarquablement beau, ou bon ou agréable, — dans l’argot de Breda-Street. Bath aux pommes. Superlatif du précédent superlatif.
Il me semble qu’on devrait écrire Bat, ce mot venant évidemment de Batif. Le papier Bath n’est pour rien là dedans.
(Rossignol, 1901)
Bath
Joli, bon, beau. Un bon patron est bath. Du bon vin est bath. Le bon fricot est bath. Être bien, c’est être bath.
(Virmaître, 1894)
Bath au pieu
Femme qui a des qualités extraordinaires au lit (pieu). Terme employé par les passionnés qui, généralement, s’y connaissent (Argot des souteneurs).
(Rossignol, 1901)
Bath au pieu
Une femme ou un homme ayant des petits talents de société est bath au pieu ; on dit aussi : il sait y faire.
(Virmaître, 1894)
Bath aux pommes
Tout ce qu’il y a de mieux, le nec plus ultra en toutes choses (Argot du peuple).
(La Rue, 1894)
Bath, batif
Beau. Or ou argent. Bath à faire, bon à voler. Bath au pieu, galant. Être de la bath, être heureux.
(Delvau, 1864)
Bâti
Membré convenablement : se dit en parlant d’un homme qui a tout ce qu’il faut pour faire jouir une femme.
La résistance est nulle, ou très légère ;
Tu vois pourtant comme je suis bâti.
Parny.
(Rigaud, 1888)
Bâti de boue et de crachat
Bâti à la hâte, sans solidité, en parlant d’une maison, d’une bicoque, d’un ouvrage de maçonnerie. On devrait bien étendre l’expression jusqu’à certains personnages politiques.
(Delvau, 1867)
Batiau
s. m. Préparation au Salé, — dans l’argot des typographes. Aligner son batiau. S’arranger pour avoir une banque satisfaisante.
(Boutmy, 1883)
Batiau
s. m. Le jour du batiau est celui où le compositeur fait son bordereau et arrête son compte de la semaine ou de la quinzaine. Parler batiau, c’est parler des choses de sa profession, c’est-à-dire pour les typographes des choses de l’imprimerie.
(Rigaud, 1888)
Batiau
Préparation au salé. Aligner son batiau, s’arranger pour obtenir une bonne paye, — dans l’argot des typographes. (A. Delvau) Parler batiau, c’est parler des choses de sa profession, c’est-à-dire des choses de l’imprimerie. (Boutmy, Les Typographes parisiens, 1874.)
(M.D., 1844)
Batif
Quelque chose de tout neuf.
(Larchey, 1865)
Batif
Neuf (Vidocq). — Corruption de battant.
(Delvau, 1867)
Batif
adj. Neuf, joli, — dans l’argot des voyous. Le féminin est batifone ou bative.
(Virmaître, 1894)
Batif ou bative
Beau tout ce qu’il y a d’admirable, de supérieur, de merveilleux.
— J’ai un homme, y en a pas de pareil, il est bath (Argot des filles).
(Rossignol, 1901)
Batifouiller
S’embrouiller, patauger, dire des bêtises ou des naïvetés.
(Rigaud, 1888)
Bâtiment (être du)
Exercer la même profession.
Il (le rapin) conquiert le droit de traiter avec mépris tout individu qui n’est pas du bâtiment.
(L. Leroy, Artistes et rapins.)
(Rigaud, 1888)
Bâtir
Mettre en page. — Bâtir la deux, caser sur la forme les paquets qui constitueront la seconde page d’un journal.
(Fustier, 1889)
Bâtir
Terme de couturière ; coudre peu solidement avec du fil blanc, du coton à bâtir, une toilette quelconque, de façon à se rendre compte, à l’essayage, des retouches à opérer.
Deuxième séance ; essayage des toilettes bâties.
(Gaulois, 1881.)
(Virmaître, 1894)
Batir sur le devant
Être enceinte. — L’allusion est facile à saisir (Argot du peuple). V. Avaler le pépin.
(Rigaud, 1888)
Bâtir sur le devant
(La Rue, 1894)
Bâtir sur le devant
Prendre du ventre. (Chez une femme, être enceinte).
(Virmaître, 1894)
Baton
Juge de paix (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1864)
Bâton
Le membre viril, à cause de ses fréquentes érections qui lui donnent la dureté du bois — dont on fait les cocus. Les femmes s’appuient si fort dessus qu’elles finissent par le casser.
Vous connaissez, j’en suis certaine,
Derrière un petit bois touffu,
Dans le département de l’Aisne,
Le village de Confoutu.
Par suite d’un ancien usage
Qui remonte au premier humain,
Tout homme y fait pèlerinage,
La gourde et le bâton en main.
Eugène Vachette.
(Delvau, 1864)
Bâton (faire)
Bander.
Le temps… où la première guenon venue qui me mettait la main dessus me f’sait faire bâton pendant quinze jours.
Lemercier de Neuville.
J’crois ben qu’ la seul’ médecine
Qui pourrait m’ guérir tout d’ bon
Et m’empécher d’fair’ bâton,
Ce s’rait d’ fair’ sombrer ma pine,
Capitain’, dans un pied d’con.
G. De La Landelle.
(Delvau, 1864)
Bâton à un bout
Le membre viril, — le seul bâton qui n’ait qu’un bout, en effet.
C’est le bâton à un bout qui me pend entre les jambes.
Rabelais.
(Delvau, 1867)
Bâton creux
s. m. Fusil, — dans l’argot des voleurs.
(La Rue, 1894)
Bâton creux
(Delvau, 1867)
Bâton de cire
s. m. Jambe, — dans le même argot [des voleurs].
(Rigaud, 1888)
Bâton de cire, Bâton de chaise
Jambe, — dans le jargon des voleurs, et bâton de tremplin chez les saltimbanques.
(La Rue, 1894)
Bâton de cire, de chaise
(Merlin, 1888)
Bâton de maréchal
(Fustier, 1889)
Bâton de réglisse
Gardien de la paix. Prêtre.
(Delvau, 1864)
Bâton de sucre de pomme (le)
Le membre viril, — à cause de sa forme, de sa longueur et du goût sucré qu’il a en fondant de plaisir dans la bouche de la femme qui le suce.
Fillettes, qui mourez d’ennui
Et languissez dans la retraite,
Pour mieux dormir toute la nuit,
Il faut employer ma recette :
Si vous désirez un amant,
Si tout bas votre cœur le nomme,
À vos maux il faut un calmant…
Prenez bien vite, mon enfant,
Un bâton de sucre de pomme.
Dumoulin — Darcy.
(Delvau, 1867)
Bâton de tremplin
s. m. Jambe, — dans l’argot des saltimbanques.
(Rossignol, 1901)
Bâton de zan
Celui qui porte une soutane ; un nègre est aussi un bâton de zan.
(Rigaud, 1888)
Bâton merdeux
Personne sans cesse de mauvaise humeur. — C’est un bâton merdeux, on ne sait par quel bout le prendre.
(Delvau, 1864)
Bâton pastoral
Le membre viril, — avec lequel nous conduisons des troupeaux de femmes au bonheur.
Le simple maniement volontaire d’une main blanche et délicate qui se promène autour de leur bâton pastoral, est suffisant pour leur expliquer tous les mouvements du cœur de leur dame.
Mililot.
Il lui montre son bâton pastoral tout rougeâtre et enflé.
Noel Du Fail.
(Fustier, 1889)
Bâton rompu
« — Quels gens appelez-vous vieilles cannes ? — Les repris de justice. — Et bâtons rompus ? — Les surveillés de la haute police en rupture de ban. »
(Barron : Paris-Étrange.)
(Fustier, 1889)
Bâtons de chaise (noce de)
(Larchey, 1865)
Batouse
Toile (Vidocq). Batouse battante : Toile neuve. — On dit communément battant neuf pour neuf.
(Delvau, 1867)
Batouse
s. f. Toile, — dans l’argot des voleurs. Batouse toute battante. Toile neuve.
(Virmaître, 1894)
Batouse
Toile neuve, de batousier (tisserand).
— J’ai une rouillarde en batouse toute battante (neuve) (Argot des voleurs). V. Rouillarde.
(Virmaître, 1894)
Batousier
Voleur de toile ou de linge que les blanchisseurs de la campagne font sécher dans les prairies ou sur les haies (Argot des voleurs).
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Batouze
(Bras-de-Fer, 1829)
Batouze
(Rigaud, 1888)
Batouze
Toile. — Batouzier, tisserand, — dans le jargon des voleurs.
(Halbert, 1849)
Batouze toute battante
(Boutmy, 1883)
Batt
adv. Très bien. Peu usité. Orthographe douteuse.
(Delvau, 1867)
Battage
s. m. Tromperie ; mensonge ; menée astucieuse. Argot des ouvriers. Signifie aussi Accident arrivé à une chose, accroc à une robe, brisure à un meuble, etc.
(Boutmy, 1883)
Battage
s. m. Plaisanterie, mensonge ; synonyme de montage.
(Rigaud, 1888)
Battage
Abordage commis par malveillance ; bordée d’injures lancées d’un canot à l’autre, farces de mauvais goût faites aux paisibles bourgeois en pleine Seine, — dans le jargon des canotiers.
(Virmaître, 1894)
Battage
Se moquer de quelqu’un, dire ce que l’on ne pense pas.
— C’est du battage il n’est pas plus malade que moi (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Battage
Dire une chose qu’on ne pense pas est du battage. Celui qui fait le malade, c’est du battage.
(Rigaud, 1888)
Battage, batte
Menterie. — Monter un battage, mentir.
(La Rue, 1894)
Battage, batterie
(Virmaître, 1894)
Battancourt
Soulier (Argot des voleurs). V. Ripatons.
(Virmaître, 1894)
Battandier
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Battant
Estomac. Faire trimer le battant, ne rien manger, jeûner.
(Larchey, 1865)
Battant
Cœur (Vidocq). — Mot imagé. C’est le cœur à son état ordinaire. Il ne mérite pas encore le nom de palpitant.
(Delvau, 1867)
Battant
s. m. Le cœur, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Battant
Neuf, luisant de propreté. La langue régulière a le mot « battant neuf. »
(La Rue, 1894)
Battant
Cœur. Langue. Neuf : tout battant neuf.
(Virmaître, 1894)
Battant
L’estomac.
— J’ai le ventre creux, rien à me coller dans le battant (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Battant
Le cœur ; on dit aussi le palpitant.
(Hayard, 1907)
Battant (le) le bocal
(Virmaître, 1894)
Battant, battante
Chose neuve. On dit dans le peuple à tout bout de champ :
— Elle est battante, neuve.
C’est un double emploi (Argot du peuple). N.
(Larchey, 1865)
Batterie
Mensonge (Vidocq). — Allusion aux batteries d’artillerie dont le jeu est souvent caché. On dit de même usuellement démasquer ses batteries — Un faiseur de batteries s’appelle un batteur. Battre : Contrefaire, mot à mot : faire une batterie. — Ce verbe a un peu le même sens dans l’expression actuelle : battre froid. Battre job, battre comtois : Faire le niais (Vidocq). — V. Job, comtois. — Battre morasse : Crier à l’aide, mot à mot : crier à la mort, à l’assassin. — Battre a un autre sens dans Battre son quart (V. Quart), et Battre sa flème : Ne rien faire. — Il a ironiquement le sens actif.
(Delvau, 1867)
Batterie
s. f. Menterie, — dans le même argot [des faubouriens]. Batterie douce. Plaisanterie aimable.
(Delvau, 1867)
Batterie
s. f. Coups échangés, — dans l’arjot des faubouriens. On dit aussi Batture.
(Delvau, 1867)
Batterie de cuisine
s. f. Les dents, la langue, le palais, le gosier. Argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Batterie de cuisine
L’appareil de la mastication et de la déglutition.
(un détenu, 1846)
Batteur
Un désœuvré, fainéant, tapageur, coureur des rues.
(Delvau, 1867)
Batteur
s. m. Menteur ; fourbe. C’est plus spécialement le tiers qui bat comtois pour lever le pante.
(Boutmy, 1883)
Batteur
s. m. Qui fait des mensonges, des battages.
(La Rue, 1894)
Batteur
Menteur. Escroc. Normand.
(Delvau, 1867)
Batteur d’antif
s. m. Indicateur d’affaires, voleur qui ne travaille que de la langue. Argot des prisons.
(Rigaud, 1888)
Batteur d’antif
Indicateur de vols, courtier en vols.
(Rigaud, 1888)
Batteur de beurre
Agent de change, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Batteur, batteuse de dig-dig
Faux épileptique, fausse épileptique, qui simule une attaque chez un bijoutier ou simplement sur la voie publique, pour exploiter la charité des passants.
(Larchey, 1865)
Battoir
Main large, main de claqueur, sonore comme un battoir de blanchisseuse.
Dieu ! la belle tragédienne ! En avant les battoirs !
L. Reybaud.
(Delvau, 1867)
Battoir
s. m. Main, — dans l’argot du peuple, qui s’en sert souvent pour applaudir, et plus souvent pour battre.
(Rigaud, 1888)
Battoirs
Mains. — Faire trimer les battoirs, applaudir bruyamment, à la manière des claqueurs, comme si l’on se servait de battoirs pour le linge.
(Virmaître, 1894)
Battoirs
Les mains, allusion au bruit que font les blanchisseuses avec leur battoir ; quand les claqueurs applaudissent trop bruyamment, les voyous logés au poulailler crient : Remisez donc vos battoirs (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Battoirs
(Bras-de-Fer, 1829)
Battre
(Rigaud, 1888)
Battre
Dissimuler, — dans le jargon des saltimbanques.
(Fustier, 1889)
Battre à la parisienne
(Halbert, 1849)
Battre comptois
Faire le niais, l’imbécile.
(anon., 1827)
Battre comtois
Faire le niais, l’imbécile.
(Bras-de-Fer, 1829)
Battre comtois
(Delvau, 1867)
Battre comtois
v. n. Faire l’imbécile, le provincial, — dans l’argot des voleurs, pour qui, à ce qu’il paraît, les habitants de la Franche-Comté sont des gens simples et naïfs, faciles à tromper par conséquent.
(Rigaud, 1888)
Battre comtois
Servir de compère, — dans le même jargon (des saltimbanques). — Prêcher le faux pour savoir le vrai, — dans le jargon des voleurs.
(La Rue, 1894)
Battre comtois
Service de compère. Dire le faux pour savoir le vrai. Mentir.
(Virmaître, 1894)
Battre comtois
Un compère bat comtois en demandant un gant devant une baraque de lutteur. Les spectateurs le prennent pour un adversaire sérieux : dans l’arène il se laisse tomber. Un accusé bat comtois en feignant de ne pas comprendre les questions du juge d’instruction. Une femme bat comtois lorsqu’elle vient de coucher avec son amant et qu’elle jure à son mari en rentrant qu’elle lui est fidèle (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Battre comtois
Faire semblant d’ignorer une chose que l’on sait est battre comtois. Dans les fêtes, aux abords des baraques de lutteurs, il y a toujours des spectateurs qui demandent un gant ou caleçon pour lutter avec le plus fort de la troupe ; on s’imagine que c’est un adversaire sérieux, mais ce n’est qu’un compère qui bat comtois, et qui se laisse toujours tomber pour avoir sa revanche à la représentation suivante afin d’attirer le public. Un voleur bat comtois lorsqu’il ne veut pas comprendre les questions qu’on lui fait et ne dit pas ce qu’il pense. Une femme bat comtois lorsqu’elle fait des infidélités à son homme et qu’elle jure qu’elle lui est fidèle.
(Hayard, 1907)
Battre comtois
(Clémens, 1840)
Battre comtois, battre
Servir quelqu’un, tromper.
(Rigaud, 1888)
Battre de l’œil
(Virmaître, 1894)
Battre de la fausse monnaie
Battre sa femme (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Battre des ailes
Faire de grands gestes sans mesure, — dans le jargon du théâtre.
Saint-Léger est doué d’un aplomb sterling… et il bat des ailes… faut voir !
(Musée Philipon, théâtre de Bourg-en-Bresse.)
(La Rue, 1894)
Battre des bancs
(Rossignol, 1901)
Battre en grange et vanner à la porte
C’est une façon comme une autre de ne pas augmenter le nombre de ses enfants.
(Rigaud, 1888)
Battre en ruine
Visiter, — dans l’argot des voleurs. Battre en ruine la cambuse, visiter la chambre. Les voleurs visitent dans le but de dévaliser.
(La Rue, 1894)
Battre en ruine
(Virmaître, 1894)
Battre entiffe
Fair le le niais, l’imbécile.
— Tu battras entiffe quand le quart te demandera comment tu as rousti la tocante à ta dabe (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Battre entifle
v. n. Faire le niais. Même argot [des voleurs].
(Delvau, 1867)
Battre Job
v. n. Dissimuler, tromper. Même argot [des voleurs].
(Rigaud, 1888)
Battre Job
Faire le niais. Job est pour jobard, par apocope.
(Delvau, 1867)
Battre l’antif
v. n. Marcher, — dans l’argot des voleurs modernes. C’est le : Battre l’estrade des voleurs d’autrefois. Signifie aussi Espionner.
(La Rue, 1894)
Battre l’antif
(anon., 1827)
Battre l’antiffe, battre l’estrade
(Halbert, 1849)
Battre l’antiffe, battre l’estrade
(Delvau, 1867)
Battre l’œil (s’en)
Se moquer d’une chose, — dans l’argot des faubouriens. L’expression a une centaine d’années, ce qui étonnera certainement beaucoup de gens, à commencer par ceux qui l’emploient. On dit aussi, dans le même argot, S’en battre les fesses, — une expression contemporaine de la précédente.
(Rigaud, 1888)
Battre l’œil (s’en)
(Virmaître, 1894)
Battre la breloque
Les tapins, au régiment, battent la breloque pour annoncer l’heure de la soupe. Une pendule détraquée qui marche comme les montres marseillaises, lesquelles abattent l’heure en quarante cinq minutes, bat la breloque. Avoir le coco fêlé, ne plus savoir ce que l’on fait, avoir des moments d’absence, c’est battre la breloque. On dit également : battre la campagne (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Battre la caisse
v. n. Aller chercher de l’argent. Argot des tambours de la garde nationale.
(Rigaud, 1888)
Battre la caisse
(Rossignol, 1901)
Battre la campagne
(Delvau, 1867)
Battre la couverte
v. a. Dormir, — dans l’argot des soldats.
(Rigaud, 1888)
Battre la couverte
Dormir, — dans le jargon des troupiers, C’est-à-dire : rabattre la couverte.
(Rigaud, 1888)
Battre la générale, battre le tambour
Trembler, — claquer des dents. — Oudin (Curiosités françaises) donne : Battre le tambour avec les dents.
(Rigaud, 1888)
Battre la muraille
En terme soulographique « battre la muraille » annonce un état d’ivresse plus prononcé que celui qui se traduit par le festonnage. L’ivrogne heurte tantôt la muraille, tantôt il piétine dans le ruisseau. Le trottoir, quelquefois la rue, n’est pas assez large pour lui.
(Delvau, 1867)
Battre la semelle
v. a. Vagabonder, — dans l’argot du peuple, qui a peut-être lu l’Aventurier Buscon.
(Rigaud, 1888)
Battre la semelle
Courir le monde.
Je pris une ferme résolution de m’en aller battre la semelle.
(Buscon.)
Les ouvriers cordonniers se sont, les premiers, servis de cette expression, pour dire aller travailler de ville en ville. (V. Saint-Crépin.)
(Virmaître, 1894)
Battre la semelle
Dans les grands froids les troupiers battent la semelle pour se réchauffer les pieds, soit qu’ils, frappent sur le sol, soit qu’ils frappent en cadence semelles contre semelles (Argot des troupiers).
(Virmaître, 1894)
Battre la semelle
Arpenter le trottoir, faire les cent pas en attendant quelqu’un (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Battre la semelle
Se dit d’une femme sans homme qui, à l’instar de certain photographe, opère elle même. Elle bat la semelle mais ne frappe pas aussi fort que le cordonnier sur son pavé (Argot du peuple). N.
(Virmaître, 1894)
Battre lacouverture
Ne savoir que faire et rester couché toute la journée (Argot des troupiers).
(Delvau, 1864)
Battre le beurre
Introduire son engin dans un vagin un peu gras et l’y agiter avec énergie comme dans une baratte.
D’un moule à merde il fait un moule à pine
Et bat le beurre au milieu d’un étron.
(Parnasse satyrique XIXe siècle.)
(Rigaud, 1888)
Battre le beurre
Vendre et acheter à la criée les fonds publics à la Bourse, — dans le jargon des voyous. — Est-ce une allusion au bruit de la baratte ? Est-ce une assimilation du terme : faire son beurre, retirer un profit de. En effet les agents de change font le beurre des spéculateurs, sans oublier de faire aussi le leur.
(Fustier, 1889)
Battre le beurre
Mener une conduite déréglée. Argot des voyous.
Et ta sœur ? — Ma sœur ? elle bat l’beurre ! »
(La Rue, 1894)
Battre le beurre
Mener une vie déréglée. Spéculer a la bourse.
(Delvau, 1867)
Battre le briquet
v. a. Cogner les jambes l’une contre l’autre en marchant. Argot du peuple.
(Boutmy, 1883)
Battre le briquet
v. Heurter la lettre au composteur avant de l’y laisser tomber. MM. les compositeurs ne sont pas exempts de tics dans l’accomplissement de leur tâche. Il en est de très préjudiciables à la rapidité du travail et conséquemment au gain qui en résulte. Quelques compositeurs mettent en mouvement tous leurs membres, tandis que le bras droit seul doit agir ; d’autres s’y reprennent à deux fois pour saisir la lettre ; d’autres piétinent ; mais le défaut le plus commun est de battre le briquet.
(Rigaud, 1888)
Battre le briquet
Heurter la lettre au composteur avant de l’y laisser tomber, — argot des typographes. (Boutmy.)
(Rigaud, 1888)
Battre le briquet
Marcher les genoux en dedans.
(Virmaître, 1894)
Battre le briquet
Frotter en marchant les deux jambes de son pantalon l’une contre l’autre (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Battre le briquet
Frotter les genoux ou talons en marchant est battre le briquet.
(Rigaud, 1888)
Battre le Job
Ne pas savoir son rôle, perdre la mémoire, — dans le jargon du théâtre. (Manuel des coulisses, 1826.)
(Virmaître, 1894)
Battre le job
(Rigaud, 1888)
Battre les fesses (s’en)
S’en moquer. C’est le précurseur de s’en battre la paupière.
Le roi dit : Je m’en bats les fesses.
(Searron, Virgile travesti, L. 7.)
On disait aussi : S’en brimbaler tes fesses.
(Bras-de-Fer, 1829)
Battre morasse
(Delvau, 1867)
Battre morasse
v. n. Crier au voleur, pour empêcher le volé d’en faire autant. Argot des prisons.
(Delvau, 1864)
Battre sa flème
Courir le guilledou, aller dans les quartiers où la femme donne le plus.
Eh bien ! puisque je suis en train de battre ma flème, je vais connaître cette maison.
Lemercier de Neuville.
(Delvau, 1867)
Battre sa flème
v. n. Flâner, — dans l’argot des voyous.
(Rigaud, 1888)
Battre sa flemme
Flâner. La variante est : Battre la semelle.
(Fustier, 1889)
Battre son plein
Être dans tout l’éclat de son talent ou de sa beauté.
Jamais l’artiste de la Renaissance ne fut plus jolie qu’à présent ; elle bat son plein.
(Événement, 1872.)
(Delvau, 1864)
Battre son quart
Se dit des filles de bordel, qui descendent à tour de rôle, pendant un quart d’heure ou une demi-heure, sur le trottoir, où elles raccrochent les passants.
Dorante, en se promenant devant la maison au grand numéro, croise Sylvia, qui bat son quart.
Lemercier de Neuville.
(Delvau, 1867)
Battre son quart
v. n. Raccrocher les passants, le soir à la porte des maisons mal famées, — dans l’argot des filles et de leurs souteneurs.
(Rigaud, 1888)
Battre son quart
Aller et venir sur la voie publique pour raccrocher, — dans le jargon des filles.
(La Rue, 1894)
Battre son quart
Chez les filles, raccrocher.
(Delvau, 1864)
Battre un ban au miché
Le préparer à la jouissance suprême par des attouchements habiles et souvent répétés.
Je sais attacher un ruban
Selon la grosseur d’une pine ;
Au miché je sais battre un ban,
Je sais tortiller de l’échine.
(Parnasse satyrique.)
(Virmaître, 1894)
Battre un dig-dig
Simuler une fausse attaque d’épilepsie sur la voie publique. L’homme qui pratique ce truc pour donner à l’attaque simulée l’apparence de la vérité, se met préalablement dans la bouche un morceau de savon. En le mâchonnant le savon mousse et lui amène l’écume aux lèvres comme si l’attaque était naturelle. Les batteurs de dig-dig font souvent de fortes recettes (Argot des voleurs).
(Rigaud, 1888)
Battre un quart
Dire des sornettes, faire des contes à endormir, — dans l’ancien argot.
(Virmaître, 1894)
Battre une basane
Geste familier aux gamins qui se frappent la cuisse du revers de la main droite. Ce geste veux dire : Merde (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bauboteur de campagne
(Delvau, 1867)
Bauce ou Bausse
s. m. Patron, — dans l’argot des revendeuses du Temple. C’est le baes flamand. Bauceresse. Patronne. Bauce fondu. Ouvrier qui s’est établi, a fait de mauvaises affaires et est redevenu ouvrier.
(Virmaître, 1894)
Bauce ou bausse
Patron. Dans toutes les chapelleries de France on emploie ce terme (Argot des chapeliers).
(Delvau, 1867)
Baucher (se)
v. réfl. Se moquer, dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Baucher (se)
Se moquer. C’est le verbe se gausser estropié pour les besoins de l’argot.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Baude
(Larchey, 1865)
Baude
Vérole (Vidocq). — Du vieux mot baut joyeux. V. Lacombe Du Cange. — La baude serait donc la joyeuse, ou plutôt le mal de la joie.
(Delvau, 1867)
Baude
s. f. Mal de Naples, — dans l’argot des voleurs parisiens.
(Rigaud, 1888)
Baude
Maladie vénérienne. Ce qui reste de la fréquentation des ribaudes.
(Delvau, 1864)
Baude (la)
La vérole. — dans l’argot des voleurs, qui se rapproche plus qu’on ne croit du vieux langage, puisqu’on trouve dans Eutrapel : « Je cuidai avoir le baut, c’est-à-dire avoir gagné le mal padouan. » — Baude ne serait-il pas une syncope de ribaude ?
(Rigaud, 1888)
Baudrouillard
Fuyard. — Baudrouiller, fuir.
(Halbert, 1849)
Baudrouiller
(Delvau, 1867)
Baudrouiller
v. n. Filer, — dans le même argot [des voleurs parisiens]. Se dit aussi pour Fouet s. m.
(La Rue, 1894)
Baudrouiller
(Bras-de-Fer, 1829)
Baudru
(Larchey, 1865)
Baudru
Fouet. — Corruption du vieux mot baudre : courroie, baudrier. V. Roquefort.
(Delvau, 1864)
Baudruche
Pellicule de boyau de mouton, que l’on neutralise pour en faire des choses très utiles : — des capotes anglaises.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Bauge
(Delvau, 1867)
Bauge
s. f. Coffre, — dans l’argot des voleurs, qui ne craignent pas d’emprunter des termes aux habitudes des sangliers, qui sont aussi les leurs.
(Delvau, 1867)
Bauge
s. f. Ventre, — dans le même argot [des voleurs].
(Delvau, 1867)
Baume d’acier
s. m. Les outils du chirurgien et du dentiste, — dans l’argot du peuple, qui ne se doute pas que l’ancienne pharmacopée a eu, sous ce nom-là, un remède composé de limaille d’acier et d’acide nitrique.
(Rigaud, 1888)
Baume d’acier
(Delvau, 1864)
Baume de vie (ou de vit)
La semence de l’homme, — que donne le vit et qui donne la vie.
C’était pour ce procurer mille morts délicieuses, qu’il ménageait avec art ce baume précieux qui donne la vie.
(Félicia.)
(La Rue, 1894)
Bausse
Patron. Bausse fondu, failli.
(Rigaud, 1888)
Bausse fondu
Chef d’établissement qui a fait de mauvaises affaires.
(Rigaud, 1888)
Bausse, bausseresse
Patron, patronne. — Bourgeois, bourgeoise.
(Rigaud, 1888)
Bausser
Travailler, — dans le jargon des maçons.
(Merlin, 1888)
Bavard (le)
Le feuillet de punition, qui suit toujours le dossier du militaire et raconte à ses chefs les fautes passées.
(Delvau, 1867)
Bavarde
s. f. La bouche. — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bavarde
Langue, bouche. — Boucler sa bavarde, remiser sa bavarde, coucher sa bavarde, se taire.
(Halbert, 1849)
Bavarde (la)
(Fustier, 1889)
Bavaroise
Infusion de thé et de sirop de capillaire. — Bavaroise au chocolat, tasse de chocolat à la crème ; bavaroise aux choux, mélange d’absinthe et d’orgeat ; bavaroise de cocher, verre de vin.
(Virmaître, 1894)
Bavaroise au lard
Absinthe épaisse à couper au couteau (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Bavaroise aux choux
Un verre d’absinthe et orgeat mêlés.
(Virmaître, 1894)
Bavasser
Personnage qui ne sait ce qu’il dit, qui bavasse à tort et à travers. Mot à mot baver des paroles vides de sens (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Bavasser
Parler à tort et à travers.
(Delvau, 1867)
Baver
v. n. Parler, — dans l’argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Baver
Bavarder, bredouiller, s’embrouiller dans ses discours. Le mot date de 1754.
(Rigaud, 1888)
Baver
Railler, médire, — dans le jargon des filles.
(Fustier, 1889)
Baver des clignots
(Virmaître, 1894)
Baver des clignots
Pleurer. Le peuple plus expressif dit : chier des chasses (Argot du peuple). V. ce mot.
(Fustier, 1889)
Baveux
Qui ne sait ce qu’il dit ; qui bafouille.
(Rossignol, 1901)
Baveux
Les camelots qui vendent du savon à détacher sont des baveux.
(Larchey, 1865)
Bayafe
Pistolet.
On peut remoucher les bayafes. Alors le taffetas les fera dévider et tortiller la planque où est le carle.
Vidocq.
(Delvau, 1867)
Bayafer
v. a. Fusiller, — dans l’argot des voleurs parisiens, qui ont emprunté cette expression aux voleurs du Midi, lesquels appellent un pistolet un bayafe ou baillaf, comme l’écrit M. Francisque Michel.
(Delvau, 1864)
Bazar
Bordel, — qui est en effet un endroit où l’on expose la femme comme marchandise.
Je suis la patronne de ce bazar, la mère de dix-huit petites dames.
Lemercier de Neuville.
(Larchey, 1865)
Bazar
Maison chétive, ou mal distribuée.
Petit bazar entre cour et jardin.
Labiche.
Bazar : Mobilier.
J’ai vendu la moitié de mon bazar pour payer le médecin.
E. Sue.
Mot contemporain de notre entrée en Afrique. Bazarder : Vendre.
J’ai bazardé mon pantalon.
Les Tribunaux.
(Delvau, 1867)
Bazar
s. m. Maison où les maîtres sont exigeants, — dans l’argot des domestiques paresseux ; maison quelconque, — dans l’argot des faubouriens ; maison de filles, — dans l’argot des troupiers.
(Delvau, 1867)
Bazar
s. m. Ensemble d’effets mobiliers, — dans l’argot de Breda-Street.
(Rigaud, 1888)
Bazar
Maison de tolérance. Terme de mépris pour désigner une maison, un établissement quelconque. Envoyer promener tout le bazar, envoyer promener toute la maison.
(Rigaud, 1888)
Bazar
Mobilier, vêtements. — Laver tout le bazar, vendre tout le mobilier.
(Rigaud, 1888)
Bazar
Or étranger, or à bas titre, — dans le jargon des bijoutiers.
(Fustier, 1889)
Bazar
Lycée, pension.
Les jeunes citoyens de l’avenir, vulgo les potaches, ont réintégré avant-hier leurs prisons respectives. Ils se sont acheminés vers le bazar.
(Événement, 1881.)
(Delvau, 1867)
Bazarder
v. a. Vendre, trafiquer. Bazarder son mobilier. S’en défaire, l’échanger contre un autre.
(Rigaud, 1888)
Bazarder
Se défaire d’un objet. — Bazarder son mobilier, vendre son mobilier. — Dans l’argot du régiment, bazarder c’est vendre ses effets de linge et de chaussures.
Au bataillon d’Afrique, la fréquence de ce délit en fait une vertu de corps. Tout conscrit doit, au moins, vider une fois son havre-sac.
(A. Camus, Les Bohèmes du drapeau.)
(Rigaud, 1888)
Bazardier
« C’est le petit commerçant qui loue à la journée le rez-de-chaussée d’un immeuble à peine achevé, moyennant une redevance généralement assez modique, qui varie suivant Je quartier. »
(Elie Frébault, Les Industriels du macadam, 1868.)
(Boutmy, 1883)
Bê ! bê !
Cri d’appel, imitant le bêlement du mouton, que poussent, dans quelques ateliers au coup de quatre heures, les imprimeurs et conducteurs altérés.
(La Rue, 1894)
Bé, béard
Calme, tranquille. Renvoyé bé, acquitté.
(Rigaud, 1888)
Bé, Berri
Hotte de chiffonnier. C’est le terme générique dont se servent les chiffonniers pour désigner leur hotte.
(Larchey, 1865)
Beau
Homme à la mode.
Le beau de l’Empire est toujours un homme long et mince, qui porte un corset et qui a la croix de la Légion d’honneur.
Balzac.
Il y a les ex-beaux et les beaux du jour.
(Delvau, 1867)
Beau
s. m. Le gandin du premier Empire, avec cette différence que, s’il portait un corset, au moins avait-il quelque courage dessous. Ex-beau. Élégant en ruines, — d’âge et de fortune.
(Delvau, 1867)
Beau blond
s. m. Le soleil, — dans l’argot des voleurs, qui ne se doutent pas qu’ils font là de la mythologie grecque.
(Delvau, 1864)
Beau corps (elle a un)
Se dit de toute femme laide de visage, quand on veut s’excuser d’avoir couché avec elle une fois ou d’y coucher tous les jours.
(Rigaud, 1888)
Beau temps tombe par morceaux (le)
Il pleut, — dans le jargon des troupiers.
(Delvau, 1864)
Beauté vénale
Femme qui fait métier et marchandise de ce qu’elle devrait donner pour rien, — l’homme, après tout, ne faisant pas payer les services de sa pine, qui valent bien ceux du con.
O vous, vénales beautés
À l’humeur aventurière,
Vainement vous présentez
Le devant ou le derrière
À l’abbé
La Bédollière,
L’abbé
Qui sera flambé.
Émile De La Bédollière.
(Delvau, 1864)
Beautés occidentales
Les fesses d’une femme, dont les tétons sont les beautés orientales.
(Delvau, 1864)
Beautés postérieures
Les fesses.
Le grand camarade, tourmenté de ses désirs, se mettait préalablement au fait des beautés postérieures de la soubrette… et cherchait à s’établir en levrette, mais de petits coups de cul le dénichaient comme sans dessein.
(Mon noviciat.)
(Delvau, 1864)
Bébé
Nom d’amitié que les filles donnent depuis quelques années aux hommes avec qui elles baisent, — maquereaux ou michés.
Théodore, c’est mon bébé ; M. Martin, c’est mon monsieur.
Lemercier de Neuville.
Un mot dont on nous favorise,
Mot aux nourrices dérobé,
C’est, aurait-on la barbe grise :
— Comment ça va ? Bonjour, bébé.
Fr De Courcy.
(Larchey, 1865)
Bébé
Poupard. — De l’anglais baby.
Emma arriva le lendemain, au sortir du bal de la Porte Saint-Martin, en costume de bébé.
Ces Dames, 1860.
Bébé sert aussi de mot d’amitié. — Tu sais, mon petit homme, que je n’ai plus un sou, et que ton petit bébé ne doit pas rester sans espèces. — Id.
(Delvau, 1867)
Bébé
s. m. Costume d’enfant (baby) que les habituées des bals publics ont adopté depuis quelques années.
(Delvau, 1867)
Bébé (mon)
Petit terme de tendresse employé depuis quelques années par les petites dames envers leurs amants, qui en sont tout fiers, — comme s’il y avait de quoi !
(Delvau, 1867)
Bébète
s. f. Bête quelconque, — dans l’argot des enfants.
(Larchey, 1865)
Bec
Bouche. — Casser, chelinguer du bec : Avoir mauvaise haleine. — Rincer le bec : Faire boire. — Faire le bec : Donner des instructions. — Avoir du bec : Être éloquent. — Tortiller du bec : Manger. — River le bec : Faire taire. — Fin bec : Gourmand.
(Delvau, 1867)
Bec
s. m. Bouche, — dans l’argot des petites dames.
(Rigaud, 1888)
Bec
Bouche, langue, langage, visage.
Quand ma muse est échauffée, elle n’a pas tant mauvais bec.
(St-Amand.)
Passer devant le bec, ne pas participer à. Les bons morceaux lui passent devant le bec. — Trouilloter du bec, sentir mauvais de la bouche. Et les variantes : Schlinguer, puer repousser du bec, — avoir la rue du bec mal pavée, manquer de dents. — Se rincer le bec, boire. River le bec, imposer silence. Taire son bec, ne plus parler.
Voyons M’me Rabat-Joie, tais ton bec !… et qu’on vienne baiser son vainqueur !
(Gavarni.)
(Rossignol, 1901)
Bec (le)
(Virmaître, 1894)
Bec de gaz
Sergent de ville. Il éclaire les malfaiteurs quand il n’est pas chez le marchand de vins en train d’étouffer un glacis (Argot des souteneurs). N.
(Virmaître, 1894)
Bec de gaz
À la manille aux enchères, quand le joueur auquel le point est adjugé rencontre un jeu sur lequel il ne comptait pas dans les mains d’un de ses adversaires, il dit : J’ai rencontré un bec de gaz (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Bec, Beq
Bois à graver, — dans le jargon des graveurs sur bois. — Ourler le bec, finir un travail.
(Rigaud, 1888)
Bécane
Machine à vapeur. Locomotive, — dans le jargon des ouvriers du fer.
(La Rue, 1894)
Bécane
Machine. Locomotive. Bicycle.
(Virmaître, 1894)
Bécane
Mauvaise machine à vapeur rafistolée par les Auvergnats de la rue de Lappe, qui marche comme une montre réparée par un charron (Argot du peuple). V. Seringue.
(Fustier, 1889)
Bécarre
Cet adjectif qui, il y a trois ans, fit florès dans le monde boulevardier comme synonyme d’élégant, n’est plus guère usité aujourd’hui.
Le parisien, en tant que langue vient de s’enrichir d’un nouveau mot… Le pschuk qui succédait au chic a fait son temps. C’est le bécarre qui gouverne. On est ou on n’est pas bécarre, comme on était jadis ou l’on n’était pas élégant. Il est bécarre de faire telle chose et non bécarre d’en faire telle autre… Bécarre, à tout prendre, ne veut rien dire, à moins que le bécarre qui, en musique, remet la note dans son ton naturel, ne signifie que le ton naturel de Paris est ce qui est élégant, agréable, distingué.
(Illustration, novembre 1885.)
(Delvau, 1867)
Bécasse
s. f. Femme ridicule, — dans le même argot [des petites dames].
(Rigaud, 1888)
Becfigue de cordonnier
(un détenu, 1846)
Bêcher
Charger, accabler de paroles, de sottises, etc.
(Larchey, 1865)
Bêcher
Battre, dire du mal. Vient du vieux mot béchier : frapper du bec (Du Cange).
Je suis comme je suis, c’est pas une raison pour me bêcher.
Monselet.
Avocat bécheur : Magistrat chargé du ministère public. Il bêche le prévenu.
(Delvau, 1867)
Bêcher
v. a. Médire et même calomnier, dans l’argot des faubouriens, qui ne craignent pas de donner des coups de bec à la réputation du prochain.
(Boutmy, 1883)
Bêcher
v. a. Dire du mal de quelqu’un ; faire des cancans sur son compte. Ce mot, dont le sens est à peu près le même que celui de « casser du sucre », n’est pas particulier au langage des typographes, non plus que cette dernière expression.
(Rigaud, 1888)
Bêcher
Dire du mal. On bêche surtout ses amis. — Mot à mot : travailler quelqu’un ou quelque chose comme on travaille la terre, à coups de bêche.
(Rossignol, 1901)
Bêcher
Abimer, vilipender quelqu’un.
(Virmaître, 1894)
Bécher en douce
Blaguer un ami doucettement mais lui dire de dures vérités sous des apparences de bonhomie (Argot du peuple).
(La Rue, 1894)
Bêcher en douce
Être ironique. On dit aussi blaguer en douceur.
(Virmaître, 1894)
Bécheur
Avocat général. Il bêche le prévenu pour le faire condamner quand même. Pour l’avocat bêcheur il n’y a pas d’innocents (Argot des voleurs).
Ou le bêcheur commence à jaspiner.
(un détenu, 1846)
Bêcheur
Le procureur du roi, le ministère public, l’avocat du roi.
(Delvau, 1867)
Bêcheur
s. m. Le Ministère public, l’Avocat général. Argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bêcheur
Avocat chargé de soutenir l’accusation, — dans le jargon des voleurs.
(La Rue, 1894)
Bêcheur
Le ministère public. Gascon.
(Hayard, 1907)
Bêcheur (avocat)
(Rigaud, 1888)
Bêcheur, bêcheuse
Excellent petit camarade, bonne petite camarade, qui ne perd pas une occasion de dire du mal des amis et connaissances.
(Larchey, 1865)
Bécot
Petit baiser pris du bout des lèvres avec la prestesse de l’oiseau qui donne son coup de bec.
Encore un bécot.
Champfleury.
(Delvau, 1867)
Bécot
s. m. Bouche, — dans l’argot des mères et des amoureux. Signifie aussi Baiser.
(Virmaître, 1894)
Bécot
Bouche, baiser.
— Mon petit homme, donne-moi un bécot.
Embrasse-moi (Argot des filles).
(Rossignol, 1901)
Bécot
Embrasser.
Donnez-moi un bécot.
(Delvau, 1864)
Bécot (donner un)
Baiser la tête d’un vit comme on baise le bec d’une clarinette. Cette aimable action ne faisant aucun bruit, on peut aller longtemps : d’abord moderato, puis allegretto, vivace… chaque pause vaut un soupir.
Et quand je lui donne un bécot,
Comme il lève la tête,
Jacquot !
Al. Dalès.
(Larchey, 1865)
Bécoter
Donner des bécots.
Tiens, j’effarouche les tourtereaux… On se bécotait ici.
Cormon.
(Delvau, 1867)
Bécoter
v. a. Donner des baisers. Se bécoter. S’embrasser à chaque instant.
(Virmaître, 1894)
Becotter
Embrasser.
— C’est dégoûtant ! Ces jeunes mariés se bécottent toute la journée (Argot du peuple).
(Delvau, 1864)
Bécotter
Donner des bécots.
Petit bossu
Noir et tortu,
Qui me bécottes
Et fripes mes cottes ;
Petit bossu, noir et tortu,
De me baiser, finiras-tu ?
Béranger.
(Rossignol, 1901)
Bécotter
Embrasser.
Ils sont jeunes, ils passent leur temps à se bécotter.
(Rigaud, 1888)
Becquant
Poulet, — dans le jargon des voleurs.
(La Rue, 1894)
Becquetance
(un détenu, 1846)
Becqueter
(Larchey, 1865)
Becqueter
Manger. De bec.
J’ai vendu ce que j’avais pour becqueter.
Lynol.
(Virmaître, 1894)
Becqueter
Manger.
— J’ai encore cent ronds à becqueter. Viens-tu manger une friture à Auteuil (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Becqueter, Béquiller
Manger. — Mot à mot : jouer du bec.
(Delvau, 1867)
Bedon
s. m. Ventre, — dans l’argot du peuple qui sait son Rabelais par cœur sans l’avoir lu.
(Virmaître, 1894)
Bedon
Gros ventre. En Normandie on dit bedolle pour bedon (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bedon
Le ventre.
Allume (regarde) lago (là) le gonce (l’homme) ; ce bedon, on dirait une vessie à saindoux.
(Rossignol, 1901)
Bedonner
(Delvau, 1867)
Bédouin
s. m. Homme dur, brutal, — dans le même argot [du peuple].
(Delvau, 1867)
Bédouin
s. m. Garde national de la banlieue autrefois, — dans l’argot des voyous irrespectueux. Ils disaient aussi Gadouan, Mal-ficelé, Museau, Offarmé, Sauvage.
(Virmaître, 1894)
Beefsteack à corbeau
Vieille fille publique qui a servi de litière à tout un régiment de cuirassiers (Argot du peuple). N.
(Virmaître, 1894)
Beefsteack à Macquart
Macquart est l’équarrisseur qui a la spécialité d’abattre les vieux chevaux, les carnes hors de service (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Beefsteak de la Chamareuse
s. m. Saucisse plate, — dans l’argot des faubouriens, qui savent de quelles charcuteries insuffisantes se compose souvent le déjeuner des ouvrières.
(Virmaître, 1894)
Beffeur (c’est un)
Homme qui fait des dupes. Homme d’affaires marron. Ses clients le sont plus souvent que lui (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Bègue
s. f. Avoine, — dans l’argot des voleurs, qui savent à ce qu’il paraît l’italien (bavia, biada). Ils disent aussi Grenuche.
(Rigaud, 1888)
Bègue
Avoine, — dans le jargon des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bègue, bèze
Bezigue, jeu de cartes. — Jouer au bègue, quarante de bègue, jouer au bezigue, quarante de bezigue.
(Fustier, 1889)
Bégueulisme
Le mot est de F. Sarcey qui l’a employé pour la première fois dans un de ses feuilletons, en 1869.
C’est, dit-il, dans la vie ordinaire, l’art de s’offenser pour le compte des vertus qu’on n’a pas ; en littérature, l’art de jouir avec des goûts qu’on ne sent point ; en politique, en religion et en morale, l’art d’affecter des opinions dont on ne croit pas un mot.
(Larchey, 1865)
Béguin
Passion. — Vient du mot béguin : chaperon, coiffure. Allusion semblable à celle qui fait appeler coiffée une personne éprise.
Il y a bel âge que je ne pense plus à mon premier béguin.
Monselet.
(Larchey, 1865)
Béguin
Tête.
Tu y as donc tapé sur le béguin.
Robert Macaire, 1836.
(Delvau, 1867)
Béguin
s. m. Tête, — dans l’argot des faubouriens.
(Delvau, 1867)
Béguin
s. m. Caprice, chose dont on se coiffe volontiers l’esprit. Argot de Breda-Street. Avoir un béguin pour une femme. En être très amoureux. Avoir un béguin pour un homme. Le souhaiter pour amant quand on est femme — légère.
On disait autrefois S’embéguiner.
(Rigaud, 1888)
Béguin
Tête. C’est la tête prise pour le bonnet. Caprice amoureux. — Avoir un béguin, être épris de.
Moi, monsieur, j’ai un béguin pour les hommes rassis et pas trop spirituels… Aussi vous me plaisez.
(Almanach du Charivari, 1880.)
(Virmaître, 1894)
Béguin
Petit serre-tête en toile que l’on met sur la tête des enfants nouveau-nés (Argot des nourrices). V. Avoir un béguin.
(Rossignol, 1901)
Béguin
Être amoureux d’une femme ou d’une chose.
J’ai un béguin pour cette femme. — Allons en ce café, j’ai un béguin pour cet établissement.
Béguin veut aussi dire aimer à… l’œil, sans que ça coûte.
(Halbert, 1849)
Beguin (avoir le)
(Delvau, 1864)
Béguin (avoir un)
Avoir envie de coucher avec un homme lorsqu’on est femme, avec une femme lorsqu’on est homme.
Ah ! je ne sais pas quand il se passera, mais j’ai un fier béguin pour toi, va !
Lemercier de Neuville.
(Virmaître, 1894)
Béguin carabiné
Avoir un amour de première force auquel il est impossible de résister (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1867)
Beigne
s. f. Soufflet ou coup de poing, — dans l’argot du peuple, qui emploie ce mot depuis des siècles. On dit aussi Beugne.
(Rigaud, 1888)
Beigne
Soufflet, contusion. — Donner, flanquer, recevoir, encaisser une beigne.
À une lettre près, c’est ainsi qu’on écrivait ce mot au XVIe siècle, et il avait la même signification. On disait mieux : bigne.
(Ch. Nisard, de l’Étymologie française.)
Se me dévoyé au iront faire une beigne.
(Anciennes poésies françaises, Eglogue sur le retour de Bacchus.)
(Delvau, 1867)
Bèlant
s. m. Mouton, — dans l’argot des voleurs, qui ne se sont pas mis en frais d’imagination pour ce mot.
(Rigaud, 1888)
Belêt
Cheval destiné à l’équarisseur, — dans le jargon des maquignons.
(Rigaud, 1888)
Belge
Pipe en terre fabriquée en Belgique.
C’était le long des murs de la chambre, le plus beau musée de belges et de marseillaises culottées.
(Ed. et J. de Concourt, Une Voiture de masques.)
(Rigaud, 1888)
Belgique (la fuite en)
Départ précipité à l’étranger pour cause de soustraction. La plupart des caissiers infidèles, les banqueroutiers, s’en vont à tire-d’aile vers des climats hospitaliers. La Belgique, pays limitrophe, a été choisie de préférence.
(Larchey, 1865)
Bélier
Cocu (Vidocq). — Allusion aux cornes symboliques du cocuage.
(Delvau, 1867)
Bélier
s. m. Cocu, — dans l’argot des voyous, pour qui les infortunes domestiques n’ont rien de sacré.
(Rigaud, 1888)
Bélier
Mari trompé. Délicate allusion aux cornes du bélier.
(Delvau, 1864)
Beliner
Faire l’acte vénérien, l’acte bestial par excellence, — belluinus.
(Delvau, 1867)
Belle
s. f. Occasion favorable ; revanche. Argot du peuple. Attendre sa belle. Guetter une occasion. Être servi de belle. Etre arrêté à faux.
Cette dernière expression est plus spécialement de l’argot des voleurs.
(Delvau, 1867)
Belle
s. f. Dernière partie, — dans l’argot des joueurs.
(La Rue, 1894)
Belle
Occasion. Revanche. Servi de belle, arrêté à faux. Être de belle, n’avoir pas de charge à redouter en justice.
(Virmaître, 1894)
Belle (faire la)
Jouer une troisième partie qui décidera quel sera le vainqueur des deux adversaires ayant perdu chacun une manche (Argot du peuple).
(Larchey, 1865)
Belle (jouer la)
Tout risquer d’un seul coup. — On sait que deux joueurs jouent la belle (partie), lorsque après avoir gagné chacun une partie, ils conviennent d’en jouer une décisive.
(Rigaud, 1888)
Belle (la)
Troisième partie, partie décisive aux cartes, au billard, à un jeu quelconque, lorsque chacun des adversaires est manche à manche. — Faire la belle.
Il est essentiel qu’il (le commis-voyageur) laisse gagner la belle à son antagoniste.
(Code du commis voyageur, 1830)
(Delvau, 1867)
Belle à la chandelle
s. f. Femme laide, qui n’a d’éclat qu’aux lumières. Argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Belle de nuit
s. f. Fille oui hante les brasseries et les bals. Même argot [du peuple].
(Rigaud, 1888)
Belle de nuit
Rôdeuse de pavé, coureuse de bastringues.
(Virmaître, 1894)
Belle de nuit
Fille publique déjà vieille qui raccroche la nuit parce que la nuit tous les chats sont gris. Cette expression est ancienne. Vers 1850, on chantait dans une revue intitulée : Vive la Joie et les Pommes de terre représentée aux Folies-Dramatiques, à l’ancien boulevard du Temple.
Tous les soirs l’amateur contemple
Les belles de nuit qui s’font voir,
Sur le boulevard du Temple.
(Argot du peuple).
(Delvau, 1864)
Belle en cuisses
Galanterie que les gens du peuple adressent volontiers à une femme — dont ils n’ont pas encore relevé la robe.
J’ prendrais bien quéque chose, moi… Et toi, la belle en cuisses ?
Lemercier de Neuville.
(Delvau, 1864)
Belle enfant
Nom que l’on donne à une jolie fille, tant qu’elle est en âge de faire l’enfant, ou de faire un enfant.
Ma belle enfant !
Cette expression se trouve dans tous les drames possibles et impossibles, depuis la Pie voleuse, jusqu’à la Grâce de Dieu, etc., etc. Dans cette dernière pièce, elle s’adresse à mademoiselle Clarisse Miroy, qui a 46 ans et est grosse comme mademoiselle Georges : — La belle enfant !
(Delvau, 1864)
Belle sous le linge (être)
Ne rien perdre de ses séductions en se mettant nue devant un homme qui vous a trouvée belle habillée.
Il y avait à côté de son nom : bonne créature, assez belle sous le linge, mais gauche et sans mouvement.
La Popelinière.
(Rigaud, 1888)
Belle-petite
« On ne dit plus : cocotte, en parlant des impures, on dit : belle-petite : c’est le vocable réeemment adopté. »
(Figaro du 25 août 1878.)
(Delvau, 1864)
Beluter
Faire l’acte copulatif, pendant lequel on remue beaucoup, — volutare.
(un détenu, 1846)
Belzigues
(Rigaud, 1888)
Bénard
Pantalon, — dans le jargon des Desgrieux de barrière, du nom du tailleur.
— J’aurai besoin d’un bénard neuf dimanche pour aller guincher à Idalie.
(Rossignol, 1901)
Bénard
Pantalon dit à pieds d’éléphant ou bénard, étroit des genoux et large des pieds, dont le tailleur Bénard, rue du Faubourg-Saint-Antoine, avait le renom pour la fabrication. À une époque, tous les mauvais sujets portaient la cotte à la Bénard.
(Fustier, 1889)
Benedicamus
Enfant de chœur. Terme populaire :
Il s’imaginait naïvement que les vainqueurs ramenaient avec eux M. le curé, les vicaires, l’organiste, les petits benedicamus.
(Figaro, nov. 1885.)
(Rigaud, 1888)
Bénédiction de parade
Coup de pied au derrière. Allusion aux coups de pied dont se gratifient MM. les saltimbanques, au moment de la parade.
(Larchey, 1865)
Bénef
Bénéfice.
Un billet, mon maître, moins cher qu’au bureau ! Deux francs cinquante de bénef !
Second.
(Delvau, 1867)
Bénef
s. m. Apocope de Bénéfice, — dans l’argot des bohèmes et du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bénef
Bénéfice. — Se retirer du jeu avec du bénef. — Avoir un petit bénef dans une affaire.
(Merlin, 1888)
Beni-coco (être de la tribu des)
Être un imbécile, un niais.
(Delvau, 1867)
Beni-Mouffetard
s. m. Habitant du faubourg Saint-Marceau, — dans l’argot des ouvriers qui ont été troupiers en Algérie.
(Delvau, 1867)
Bénir bas
v. a. Donner un ou des coups de pied au derrière de quelqu’un, — comme ferait par exemple un père brutal à qui son fils aurait précédemment demandé, avec sa bénédiction, quelques billets de mille francs pour courir le monde.
(Delvau, 1864)
Bénir des pieds
Se dit des spasmes amoureux, pendant lesquels l’homme et la femme gigotent des jambes, comme s’ils voulaient envoyer leur bénédiction urbi et orbi.
(Delvau, 1867)
Bénir ses pieds
v. a. Être pendu, — dans l’argot impitoyable du peuple, qui fait allusion aux derniers gigottements d’un homme accroché volontairement à un arbre ou involontairement à une potence.
(La Rue, 1894)
Bénissage
Louange banale distribuée aux mauvais et aux médiocres comme aux bons.
(Delvau, 1867)
Bénisseur
s. m. Père noble, dans l’argot des coulisses, où « le vertueux Moëssard » passe pour l’acteur qui savait le mieux bénir.
(Rigaud, 1888)
Bénisseur
Père de comédie, père noble. Ce n’est pas un homme, c’est un ruisseau.
(Rigaud, 1888)
Bénisseur
Faux-bonhomme à qui les promesses et les éloges ne coûtent rien, mais incapable de rendre jamais le moindre service à personne. Les bénisseurs forment une nombreuse classe dans la société, et quiconque a eu besoin sérieusement d’un service, s’est heurté neuf fois sur dix à des bénisseurs.
(La Rue, 1894)
Bénisseur
Critique qui abuse du bénissage.
(Virmaître, 1894)
Bénisseur
Homme qui trouve toujours tout très bien et n’a jamais une parole amère pour personne. Le critique H. de Lapommeraye fut et restera le plus illustre bénisseur du siècle (Argot du peuple).
(Delvau, 1864)
Bénitier
La nature de la femme, que nous emplissons de sperme bénit — par elle.
Je crois bien que notre gros vicaire
Aura mis le doigt au bénitier.
Béranger.
… Aussi, ma foi,
Laissez-moi mettre un doigt
Au bénitier de ma belle Lise.
Emm. Delorme.
(Virmaître, 1894)
Benoit
Maquereau. Benoit, dans le langage populaire, est synonyme d’imbécile, de niais, n’en déplaise à ceux qui portent ce nom. Il veut dire aussi maquereau, dans le monde des filles (Argot des souteneurs). N.
(Delvau, 1867)
Benoiton
s. m. Jeune homme du monde qui parle argot comme on fait dans La famille Benoiton, pièce de M. Sardou.
(Delvau, 1867)
Benoiton (Mme)
Se dit d’une femme sans cesse absente de sa maison.
(Delvau, 1867)
Benoitonne
s. f. Jeune fille bien élevée qui parle la langue des filles.
(Delvau, 1867)
Beq
s. m. Ouvrage, — dans l’argot des graveurs sur bois, qui se partagent souvent à quatre ou cinq un dessin fait sur quatre ou cinq morceaux de bois assemblés.
(Delvau, 1867)
Béquet
s. m. Petite pièce de cuir mise à un soulier, — dans l’argot des cordonniers ; petit morceau de bois à graver, — dans l’argot des graveurs ; petit ajouté de copie, — dans l’argot des typographes.
(Boutmy, 1883)
Béquet
s. m. Hausse en papier que l’imprimeur ajoute à la mise en train ou place sous un cliché. Composition de quelques lignes. Ce mot est emprunté au langage des cordonniers pour lesquels il signifie Petit morceau de cuir joint à la semelle.
(Rigaud, 1888)
Béquet
Petite planche à graver, ouvrage de peu d’importance, — dans le jargon des graveurs sur bois.
(Rigaud, 1888)
Béquet
Retouche faite à une pièce ou à un acte, raccord, — dans le jargon des acteurs.
(Virmaître, 1894)
Béquet
Le passifleur met des béquets, des pièces, aux vieux souliers ; il en existe qui arrivent à une perfection si grande qu’il est impossible de découvrir la pièce (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Béquet
Terme d’imprimerie. Petits paquets de composition pour ajouter ou compléter un grand paquet. En corrigeant un article, on ajoute des petits béquets à droite et à gauche pour le corser (Argot d’imprimerie).
(Delvau, 1867)
Béqueter
v. a. et n. Manger, — dans l’argot du peuple, qui n’oublie jamais son bec.
(Rossignol, 1901)
Bèqueter
Manger.
Il ne me reste qu’une thune pour bèqueter cette semaine.
(Delvau, 1867)
Béquillard
s. m. Vieillard, — dans l’argot des faubouriens, qui n’ont pas précisément pour la vieillesse le même respect que les Grecs.
(Rigaud, 1888)
Béquillard
Bourreau. Béquillarde, guillotine.
(La Rue, 1894)
Béquillarde
(Virmaître, 1894)
Béquillards (les)
Vieillards infirmes et mendiants que la police arrête quotidiennement et qu’elle est forcée de relâcher faute de délit. Ainsi nommés parce qu’ils ont des béquilles ou qu’ils boitent s’appuyant sur une canne (Argot des voleurs). N.
(Larchey, 1865)
Béquille
Potence (Vidocq). — La potence ressemble à une béquille. — Béquiller : Pendre. V. Farre.
(Delvau, 1867)
Béquille
s. f. Potence. — dans l’argot des voleurs, dont les pères ont eu l’occasion de remarquer de près l’analogie qui existe entre ces deux choses.
(Delvau, 1864)
Béquille du père Banaba (la)
Le membre viril de tous les hommes, sur lequel s’appuient si volontiers toutes les femmes. Expression employée dès l’époque de la régence dans de nombreuses chansons.
J’ai perdu ma béquille,
S’écriait Barnaba ;
Quelle est l’honnête fille
Qui la rapportera ?
Collé.
Marc une béquille avoit
Faite en fourche, et de manière
Qu’à la fois elle trouvoit
L’œillet et la boutonnière.
Grécourt.
(un détenu, 1846)
Béquiller
(Larchey, 1865)
Béquiller
Manger. Même étymologie que Becqueter.
C’est égal, je lui ai envoyé un coup de tampon sur le mufle qu’il ne pourra ni béquiller, ni licher de quinze jours.
Th. Gautier.
(Delvau, 1867)
Béquiller
v. a. et n. Manger, — dans l’argot des faubouriens.
(Virmaître, 1894)
Béquiller
(Rossignol, 1901)
Béquiller
(Halbert, 1849)
Béquilleur
(Delvau, 1867)
Béquilleur
s. m. Bourreau, — probablement parce qu’il est le représentant de la Mort, qui va pede claudo comme la Justice.
(Delvau, 1867)
Berbis
s. f. Brebis, — dans l’argot du peuple, fidèle à l’étymologie (vervex, vervecis) et à la tradition :
Ne remist buef ne vac, ne chapuns, ne geline,
Cheval, porc, ne berbiz, ne de ble plaine mine,
dit un poème du XIIIe siècle.
(Delvau, 1867)
Berceau
s. m. Entourage de tombe, — dans l’argot des marbriers de cimetière, qui croient que les morts ont besoin d’être abrités du soleil.
(La Rue, 1894)
Bercer
Chloroformiser pour voler.
(Rigaud, 1888)
Bercycotier
Marchand de vin à Bercy, trafiquant de vins à Bercy, courtier en vins.
(Rigaud, 1888)
Berdouillard
Ventru. Berdouille, ventre.
(Halbert, 1849)
Berdouille
(Delvau, 1867)
Berdouille
s. f. Ventre, — dans l’argot des faubouriens.
(Virmaître, 1894)
Berdouille
Ventre.
— Que boulottes-tu donc, mon vieux, pour avoir une sacrée berdouille comme ça ?
On dit aussi bedaine (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Bérengérisme
En être atteint, c’est une maladie bien désagréable. Le Père la Pudeur qui fonctionne au bal de l’Elysée-Montmartre, bérengérise les danseuses qui lèvent la jambe à hauteur de l’œil sans pantalon :
— Veux-tu cacher ton prospectus ? dit le vieil empêcheur de danser en rond.
— Ça m’est recommandé par mon médecin de lui faire prendre l’air, répond la Môme Cervelas (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1867)
Berge
s. f. Année, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Berge
Année, — dans l’argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Berge
Brigadier. Pour distinguer un sous-ordre, on ne dit pas un sous-brigadier mais par abréviation un S. B. (Argot des agents de police). N.
(Virmaître, 1894)
Berge
Année.
— Je tire cinq berges à la Centrousse de Melun (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Berge
Année.
J’ai été sapé à cinq berges pour un vague qui ne m’a rapporté que peau.
(Delvau, 1867)
Bergère
s. f. Maîtresse, — dans l’argot des troupiers.
(Boutmy, 1883)
Bergère
s. f. Dans la langue typographique, comme dans les autres argots ce mot désigne une femme.
(La Rue, 1894)
Bergeronnette
(Virmaître, 1894)
Bergeronnette
Année. Diminutif de berge (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Bérgosse
(Delvau, 1867)
Berlauder
v. n. Flâner, aller de cabaret en cabaret. Argot des faubouriens. Cette expression est certainement le résultat d’une métathèse : on a dit, on dit encore, berlan pour brelan, berlandier pour brelandier, — et berlauder pour brelander.
(Virmaître, 1894)
Berline
Couverture (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Berline de commerce
s. f. Commis marchand, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Berline de commerce
Petit commis de magasin. Berline de comme, par abréviation.
(Virmaître, 1894)
Berline de commerce
Commis-voyageur (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Berlo
Celui qui louche est berlo. Se dit aussi de celui qui a la vue basse.
(Delvau, 1867)
Berlu
s. m. Aveugle, homme qui a naturellement la berlue. Même argot [des voleurs].
(Delvau, 1867)
Berlue
s. f. Couverture, — dans le même argot [des voleurs].
(La Rue, 1894)
Berlue, berline
(Rigaud, 1888)
Bernard (aller voir)
Aller aux lieux d’aisance. Allusion irrévérencieuse à saint Bernard, représenté ordinairementavec des tablettes à la main. Parti du séminaires le mot s’est répandu dans le monde de la bourgeoisie. Par altération, les personnes du sexe faible disent volontiers : « Aller voir madame Bernard, aller voir comment se porte madame Bernard. »
(Virmaître, 1894)
Bernique
Non. Je ne veux pas. On dit aussi Bernique Sansonnet (Argot du peuple). V. Brenicle.
(Delvau, 1867)
Bernique-sansonnet !
C’est fini ; il n’y a plus rien ni personne. Littré dit « Berniquet pour Sansonnet : tu n’en auras pas. » C’est une variante dans l’argot populaire.
(Delvau, 1867)
Berri
s. m. Hotte, — dans l’argot des chiffonniers.
(Delvau, 1867)
Berribono
s. m. Homme facile à duper, — dans l’argot des voleurs. Ils disent aussi Béricain.
(Rigaud, 1888)
Berribono
Naïf, — dans le jargon des voleurs.
(Larchey, 1865)
Berry
Capote d’études à l’École polytechnique.
Toujours plus ou moins culottée, veuve d’un certain nombre de boutons.
La Bédollière.
(Delvau, 1867)
Berry
s. m. Capote d’études, — dans l’argot des polytechniciens.
(Rigaud, 1888)
Berry
Capote d’étude des élèves de l’école polytechnique.
(Delvau, 1867)
Bertelo
s. m. Pièce d’un franc, — dans l’argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Bertelo
Un franc (Argot des voleurs).
(Larchey, 1865)
Bertrand
Fripon dupé par son complice. — La fable connue de Bertrand et Raton, et le drame de l’Auberge des Adrets, ont mis ce terme à la mode.
Il s’était posé à mon endroit en Robert Macaire, me laissant le rôle désobligeant de Gogo ou de Bertrand.
E. Sue.
(Delvau, 1867)
Bertrand
s. m. Compère de filou ou de faiseur, — dans l’argot du peuple, qui a gardé les souvenir de la légende de Robert-Macaire.
(Rigaud, 1888)
Berzélius
Montre, — dans le jargon des élèves du cours de mathématiques spéciales.
(Delvau, 1864)
Besace
Tétons flasques et pendants, comme une besace dont les toiles se touchent ; ou bien le ventre d’une fille enceinte.
Finalement, v’la Boniface
Qui s’ présente et veut m’épouser :
Comme il faut qu’ chacun port’ sa b’sace,
Je m’ promets bien d’ l’utiliser.
Un mal de cœur, suit’ d’un’ scène amoureuse,
Rendit bientôt ma position chanceuse…
Ph. Vionet.
(Delvau, 1864)
Besogne
L’acte vénérien, que nous accomplissons sans douleur — mais non sans fatigue. C’est ce que Fourier appelle le travail attrayant.
Quand ils ont bien travaillé et qu’ils sont saouls de la besogne.
Tabarin.
De le faire cent coups, voire à beau cul levé,
Avec votre Brillant, qui besogne en crevé.
Trotterel.
La belle en train de bien apprendre,
Serrait Lucas, qui, las de besogner,
Par un air abattu lui fit assez comprendre
Qu’on ne peut toujours enseigner.
VIDA.
(Delvau, 1867)
Besouille
s. f. Ceinture, — dans l’argot des voleurs, qui y serrent leurs bezzi, nom italien des deniers.
(Rigaud, 1888)
Besouille
Ceinture, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1867)
Bessons
s. m. pl. Les deux seins, — des jumeaux en effet. Argot du peuple.
(Virmaître, 1894)
Bessons
Les deux seins (Argot des voleurs).
(Delvau, 1864)
Bestialité
Crime honteux que l’on commet avec une bête.
Rien ne fut plus commun au moyen-âge que ce crime que l’on punissait de mort quand il était patent et confirmé par le tribunal. — Les registres du Parlement sont remplis de ces malheureux qu’on brûlait avec leur chien, avec leur chèvre, avec leur vache, avec leur pourceau, avec leur oie ! — On aurait volontiers pardonné à la bête plutôt qu’à l’homme ; mais on la tuait de peur qu’elle ne vint à engendrer un monstrueux assemblage de la bête et de l’homme.
Pierre Dufour.
La lutte s’engage, les coups se portent, la bête devient l’égale de l’homme, Sainte est embestialisée… ensinginée.
Alfred De Musset. (Gamiani.)
(Delvau, 1867)
Bestiasse
s. m. Imbécile, plus que bête, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bestiole
s. f. Petite bête, au propre et au figuré, — dans l’argot du peuple, qui a parfois des qualificatifs caressants.
(Virmaître, 1894)
Béta
Niais, crétin, superlatif d’imbécile (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bêta
s. et adj. Innocent et même niais, — dans l’argot du peuple.
(Virmaître, 1894)
Bêtasse
Mou, flasque (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bête
s. f. Filou chargé de jouer le troisième rôle dans la partie de billard proposée au provincial par l’emporteur.
(Rigaud, 1888)
Bête
Floueur qui, dans une partie de cartes ou de billard, allèche la dupe, en perdant quelques coups. Il fait la bête.
(Rigaud, 1888)
Bête
Vache, — dans le jargon des bouchers.
Un boucher ne dit jamais : j’ai acheté une vache, mais bien : j’ai acheté une bête.
(É. de la Bédollière.)
(La Rue, 1894)
Bête
Compère qui allèche la dupe en perdant quelques coups au jeu.
(Delvau, 1864)
Bête (la)
La femme, — après l’homme.
Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme.
Boileau.
Si je veux croire les railleurs,
Elle a fort peu de cheveux à la tête ;
Les sujets qu’on en dit ne sont pas les meilleurs ;
Ce n’est pas bien l’endroit par où j’ai vu la bête,
Mais elle en a beaucoup ailleurs
Où elle est souvent arrosée
Par la plus douce des liqueurs.
(Le Zombi du grand Pérou.)
Ciel ! poursuit-il, quand est-ce qu’on
Pourra désabuser le monde
De foutre ces bêtes à con
Des animaux le plus immonde.
Collé.
(Virmaître, 1894)
Bête à bon dieu
(Virmaître, 1894)
Bête à chagrin
Une femme légitime. Quand elle est acariâtre, et elle l’est souvent par les nécessités de la vie, on lui donne ce nom peu aimable (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Bête à chagrin
(Rigaud, 1888)
Bête à cornes
Fourchette, — dans le jargon des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Bête à cornes
Fourchette (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1864)
Bête à deux dos (faire la)
Faire l’acte vénérien, pendant lequel les deux fouteurs, cellés ensemble par le ventre, ont l’air de n’avoir que des dos. — L’expression a de l’usage. Coquillart s’en est servi, Rabelais après lui, et, après Rabelais, Shakespeare — dans la première scène d’Othello :
Your daughter and the Moor are now making the beast with two backs…
On s’en sert toujours avec avantage dans la conservation.
(Virmaître, 1894)
Bête à pain
Homme bon et simple. Mot à mot : bon comme du bon pain (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bête comme ses pieds
Se dit, — dans l’argot populaire, — de tout individu extrêmement bête.
(Delvau, 1867)
Bête comme un chou
Extrêmement bête, — dans l’argot des bourgeois qui calomnient cette crucifère.
(Delvau, 1867)
Bête épaulée
s. f. Fille qui, le jour de ses noces, n’a pas le droit de porter le bouquet de fleurs d’oranger, — dans l’argot du peuple, cruel quand il n’est pas grossier.
(Delvau, 1867)
Bête noire
s. f. Chose ou personne qui déplaît, que l’on craint ou que l’on méprise. Argot des bourgeois. Être la bête noire de quelqu’un. Être pour quelqu’un un objet d’ennui ou d’effroi.
(Rigaud, 1888)
Bête rouge
Républicain avancé, l’ancien démoc-soc, le radical de nos jours, ainsi désigné par ceux qu’il appelle des réac.
Le correspondant de l’Univers, que l’on n’accusera pas d’être une « bête rouge », écrit à son journal, etc.
(Petit Parisien, du 22 août 1877.)
(Delvau, 1867)
Bête-à-cornes
s. f. Fourchette, — dans l’argot des voyous.
(La Rue, 1894)
Bête-à-cornes
(Delvau, 1867)
Bête-à-pain
s. f. L’homme, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bête-à-pain
Bête au superlatif. On dit encore : bête comme un chou, bête comme ses pieds, bête comme les pieds de cet homme, bête à manger du foin, bête à payer patente.
(La Rue, 1894)
Bête-à-pain
(Virmaître, 1894)
Betinet
Queue rouge. Le peuple donne ce nom aux paillasses qui font le boniment sur les places publiques ou devant les baraques de saltimbanques pour amasser la foule. L’un d’eux fut célèbre sous le nom de Bétinet, de 1840 à 1850, sur la place de la Bastille. Il était renommé pour ses bêtises stupéfiantes (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bêtises
s. f. pl. Grivoiseries, — dans l’argot des bourgeoises, qui trouvent très spirituels les gens mal élevés qui en disent devant elles.
(Larchey, 1865)
Bêtises (dire des)
Tenir des propos grivois. — Passer des paroles à l’action, c’est faire des bêtises.
(Delvau, 1864)
Bêtises (dire)
Tenir des propos gaillards, qui font rougir — et godiller — les dames.
(Delvau, 1864)
Bêtises (faire des)
Patiner une femme, peloter un homme : baiser ; sodomiser.
Sois bien sage et bien raisonnable, mais pas trop cochon ; si nous voulons, nous ferons des bêtises.
Henry Monnier.
Lors le prélat, relevant son étole,
Après m’avoir caressé le menton,
M’ fit des bétis’s au pied du Capitole :
J’ai, mes amis, toujours été cochon.
(Parnasse satyrique.)
(Delvau, 1867)
Bettander
v. n. Mendier, — dans l’argot des filous.
(Delvau, 1867)
Betterave
s. f. Nez d’ivrogne, — dans l’argot des faubouriens, par allusion à la ressemblance de forme et de couleur qu’il a avec la beta vulgaris.
(Rigaud, 1888)
Betterave
Nez gros et rouge, nez d’ivrogne.
(Larchey, 1865)
Beuglant
Café chantant.
Nous allâmes au beuglant, c’est-à-dire au café chantant… Vous devez juger par le nom donné à cet établissement que les chants des artistes sont fort peu mélodieux.
Les Étudiants, 1860.
(Rigaud, 1888)
Beuglant
Café-concert. Le premier café-concert auquel on a infligé ce surnom fut le café des Folies-Dauphine, fréquenté par les étudiants.
Nous voici au café beuglant, ainsi nommé dans le quartier parce que, dans le principe, les artistes beuglaient leurs chansons.
(Marc Constantin, Hist. des cafés-concerts.)
(La Rue, 1894)
Beuglant
Café-concert de dernier ordre. Beuglante, chanteuse de café-concert.
(Virmaître, 1894)
Beuglant
Café chantant où les spectateurs chantent en chœur avec les artistes. Les deux plus célèbres furent le Beuglant de la rue Contrescarpe et le Divan japonais de Jehan Sarrazin (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Beuglant
Concert où il y a de mauvais artistes et où les spectateurs chantent avec eux.
(Delvau, 1867)
Beuglant (le)
(Delvau, 1867)
Beugler
v. n. Pleurer, — dans l’argot du peuple.
(Virmaître, 1894)
Beugler
Enfant qui crie à en perdre haleine.
— As-tu fini de beugler, horrible crapaud (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Beugler
Crier.
Il ne parle pas, il beugle comme un veau.
(Rigaud, 1888)
Beurlot
Maître cordonnier, d’une petite maison. — Beurloquin, patron d’une maison de chaussures de dernier ordre.
(Larchey, 1865)
Beurre
Argent. — V. Graisse.
Nous v’là dans le cabaret
À boire du vin clairet,
À ct’heure
Que j’ons du beurre.
Chansons, Avignon, 1813.
(Delvau, 1867)
Beurre
s. m. Argent monnayé ; profit plus ou moins licite. Argot des faubouriens. Faire son beurre. Gagner beaucoup d’argent, retirer beaucoup de profit dans une affaire quelconque. Y aller de son beurre. Ne pas craindre de faire des frais, des avances, dans une entreprise.
(La Rue, 1894)
Beurre
Argent (monnaie). Synonymes : braise, carme, nerf, blé, monarque, galette, carle, pognon, michon, cercle, pilon, douille, sauvette, billes, blanc, mitraille, face, philippe, métal, dalles, pèze, pimpions, picaillon, noyaux, quibus, quantum, cuivre, vaisselle de poche, zozotte, sonnettes, auber, etc. Milled, 1.000 fr. Demi-sac, 500 fr. Pile, mètre, tas, livre, 100 fr. Demi-jetée, 50 fr. Signe, cigale, brillard, œil-de-perdrix, nap, 20 fr. Demi-signe, 10 fr. Tune, palet, dringue, gourdoche, 5 fr. Escole, escaletta, 3 fr. Lévanqué, arantequé, larante, 2 fr. Linvé, bertelo, 1 fr. Grain, blanchisseuse, crotte de pie, lisdré, 50 cent. Lincé, 25 cent. Lasqué, 20 cent. Loité, 15 cent. Lédé, 10 cent. (Voir largonji). Fléchard, rotin, dirling, broque, rond, pétard, 5 cent. Bidoche, 1 cent.
(Rossignol, 1901)
Beurre
Bénéfice. Une bonne qui fait danser l’anse du panier fait son beurre. Un commerçant qui fait ses affaires fait son beurre. Un domestique qui vole ses maîtres sur le prix des achats fait son beurre. Le domestique, né à Lisieux, qui n’est pas arrive après vingt ans de Service à se faire des rentes parce que son maître, né à Falaise, est plus Normand que lui, n’a pas fait son beurre.
(Rigaud, 1888)
Beurre (au prix où est le)
Dans un moment où tout est si cher. D’abord employée pour désigner la cherté de certains vivres dont la préparation culinaire exige beaucoup de beurre, l’expression s’est étendue à tout objet d’un prix trop élevé pour la bourse de l’acheteur.
(Delvau, 1867)
Beurre (C’est un)
C’est excellent, en parlant des choses, quelles qu’elles soient. Même argot [du peuple].
(Rigaud, 1888)
Beurre (comme un, c’est un)
Parfait, très bon, très bien.
(Rigaud, 1888)
Beurre (faire son)
Tirer profit de ; gagner. — Pour l’employé, c’est une bonne place qui lui permet de prélever un bénéfice plus ou moins licite ; pour l’administrateur d’une grande compagnie, ce sont « les tours de bâton », c’est le « pot de vin » ; pour la cuisinière, c’est le résultat de la danse du panier ; pour la fille entretenue, c’est le fruit de la générosité de « Monsieur ».
(Rigaud, 1888)
Beurre (gros comme deux liards de)
Tout petit, avorton. — C’est gros comme deux liards de beurre et ça pense déjà aux femmes.
(Rigaud, 1888)
Beurre d’oreilles
(Virmaître, 1894)
Beurre dans les épinards (en avoir ou en mettre)
Bourgeois qui augmente sa fortune par tous les moyens possibles. On sait que les cuisiniers appellent les épinards la mort au beurre, parce qu’ils en absorbent considérablement. L’allusion est facile à comprendre (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Beurre demi-sel
s. m. Fille ou femme qui n’est plus honnête, mais qui n’est pas encore complètement perdu. Argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Beurre demi-sel
Demoiselle qui n’a eu encore que deux ou trois amants.
(Rigaud, 1888)
Beurre noir (œil au)
Œil poché. Allusion à la couleur d’un œuf au beurre noir.
(Rigaud, 1888)
Beurre sur la tête (avoir du)
Avoir la conscience chargée de crimes. — Les voleurs juifs disent en hébreu :
Si vous avez du beurre sur la tête, n’allez pas au soleil ; il fond et tache.
(Vidocq.)
(La Rue, 1894)
Beurre sur la tête (avoir du)
Avoir la conscience chargée de méfaits.
(Delvau, 1867)
Beurrier
s. m. Banquier, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bezef
Beaucoup, — dans le jargon des troupiers retour d’Afrique.
(Delvau, 1867)
Bézef
adv. Beaucoup, — dans l’argot des faubouriens qui ont servi en Afrique et en ont rapporté quelques mots de la langue sabir.
(Rigaud, 1888)
Bi-annuel
Poêle, ainsi nommé par les troupiers parce que, dans certains régiments, une chambrée de quarante hommes n’a droit aux bienfaits du poêle que tous les deux ans. Les pelotons de rangs pairs peuvent se chaufferies années paires, et les pelotons de rangs impairs, les années impaires. Il y en a ainsi pour tout le monde… en attendant un peu.
(un détenu, 1846)
Biancher
Payer, solder quelqu’un, délier sa bourse.
(Delvau, 1867)
Biard
s. m. Côté, — dans l’argot des voleurs, qui voient les choses de biais.
(Delvau, 1867)
Bibard
s. m. Vieil ivrogne, ou vieux débauché, — dans l’argot du peuple, qui cependant ne sait pas que boire vient de bibere.
(Larchey, 1865)
Bibard, biberon
Ivrogne (d’Hautel).
Par rapport à ces vieux bibards d’invalides.
La Bédollière.
C’est un fameux biberon. Quand on lui demande quel temps il fait, il vous répond : Il fait soif.
Vidal, 1833.
(Delvau, 1867)
Bibarder
v. n. Vieillir dans la fange, dans la misère.
(Rigaud, 1888)
Bibarder
Vieillir dans la misère. (A. Delvau)
(Virmaître, 1894)
Bibarder
Vieillir.
— C’est extraordinaire comme les chagrins te font bibarder.
Bibarder veut aussi dire boire.
— Bibardons-nous une tasse ? (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Bibasse
Vieille femme. Arrivée à un certain âge, la femme c’est comme les vieux souliers, ça boit ; elle bibasse dans les bars (Argot du peuple).
(Boutmy, 1883)
Bibasse (la)
s. f. Nom familier sous lequel était désignée la Société typographique de Lyon.
(un détenu, 1846)
Bibasserie
(Delvau, 1867)
Bibasserie
s. f. Vieillesse. On dit aussi Bibarderie.
(Delvau, 1867)
Bibassier
s. m. Vieil homme. Signifie aussi Ivrogne, — le vin étant le lait des vieillards.
(Boutmy, 1883)
Bibassier
s. m. Qui a l’habitude de boire, de bibasser (du latin bibere) ; ivrogne. Signifie plutôt maintenant radoteur, maussade, tatillon, gourgousseur : Vieux bibassier, va !
(Rossignol, 1901)
Bibassier
(Rigaud, 1888)
Bibassier, Biberon
Vieil ivrogne. À aussi le sens de maniaque, grognon, méticuleux, tatillon, — dans le jargon des typographes. M. Décembre-Alonnier (Typographes et gens de lettres) orthographie bibacier. — Biberon est un vieux mot français.
À toi gentil Anacréon,
Doit son plaisir le biberon,
Et Bacchus te doit ses bouteilles.
(Ronsard, Ode gauloise.)
(La Rue, 1894)
Bibassier, bibon, birbe, birbette
(Rossignol, 1901)
Bibasson
Les vieilles femmes comme il y en a chez le père Lunette et au Château-Rouge sont des bibassons, surtout lorsqu’elles se livrent à la boisson.
(Virmaître, 1894)
Bibasson, bibassier
Vieillard (Argot du peuple). V. Birbe.
(Delvau, 1867)
Bibelot
s. m. Objet de fantaisie, qu’il est de mode, depuis une vingtaine d’années, de placer en évidence sur une étagère. Les porcelaines de Saxe, de Chine, du Japon, de Sèvres, les écailles, les laques, les poignards, les bijoux voyants, sont autant de bibelots. Par extension : Objet de peu de valeur. Ce mot est une corruption de Bimbelot, qui signifiait à l’origine jouet d’enfants, et formait un commerce important, celui de la bimbeloterie. Aujourd’hui qu’il n’y a plus d’enfants, ce commerce est mort ; ce sont les marchands de curiosités qui ont succédé aux bimbelotiers.
(Delvau, 1867)
Bibelot
s. m. Havresac, porte-manteau, — dans l’argot des soldats.
(Boutmy, 1883)
Bibelot
s. m. En imprimerie, on donne ce nom aux travaux de peu d’importance, tels que factures, adresses, étiquettes, prospectus, circulaires, lettres de mariage, billets de mort, etc. Ces travaux sont aussi appelés bilboquets, et mieux ouvrages de ville.
(Rigaud, 1888)
Bibelot
Objet de peu de volume et peu de valeur. Objet de peu de volume et de beaucoup de valeur. En général, tous les menus objets, plus ou moins artistiques, depuis les bijoux anciens jusqu’aux vieilles seringues prétendues historiques, prennent la dénomination très élastique de « bibelots ».
J’ai été aussi fort bousculé par mon propriétaire, auquel je dois deux termes, et il m’a fallu vendre toutes sortes de bibelots pour m’acquitter d’un.
(H. Murger, Lettres.)
Les deux peuples les plus passionnés, aujourd’hui, pour les bibelots sont le Français et le Chinois, — signe de décadence, — prétendent les philosophes. Pour satisfaire à toutes les exigences, il s’est établi des fabriques de vieux neuf qui déversent journellement leurs produits à l’hôlel Drouot.
(Fustier, 1889)
Bibelot
Argot d’imprimerie. Travaux de peu d’importance ; factures, prospectus, têtes de lettre, etc.
(Rigaud, 1888)
Bibelotage
Petit trafic, échange de marchandises.
(Fustier, 1889)
Bibeloteur
Collectionneur ; amateur de bibelots.
(Boutmy, 1883)
Bibelotier
s. m. C’est l’ouvrier spécial chargé de faire les bibelots. Pour lui, les règles adoptées en typographie sont lettre morte. Il doit avant tout s’assimiler et faire ressortir l’idée du client, sans s’inquiéter des règles ordinaires. Le bibelotier est le metteur en œuvre des puffistes et des charlatans du jour. Il est l’inventeur de ces réclames bizarres qui forcent l’attention ; c’est lui qui a imaginé la disposition des billets de la loterie du lingot d’or et autres balançoires.
(Fustier, 1889)
Bibelotier
Ouvrier imprimeur, spécialement chargé des bibelots.
(un détenu, 1846)
Bibelots
(Delvau, 1867)
Bibelotter
v. a. Vendre ses bibelots, et, par extension, ses habits, ses meubles, etc. Argot des filles et des bohèmes. Par extension aussi: Bibelotter une affaire dans le sens de Brasser.
(Delvau, 1867)
Bibelotter (se)
v. réfl. S’arranger pour le mieux, se mijoter. Argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Bibelotter (se)
(Delvau, 1867)
Biberon
s. m. Ivrogne, — dans l’argot du peuple, qui cependant ne doit pas connaître le jeu de mots (Biberius) fait sur le nom de Tibère, impérial buveur.
(Virmaître, 1894)
Biberon
Pochard qui boit comme une éponge, sans soif. Mot à mot : il tète ou suce tous les liquides possibles (Argot du peuple). V. Suce-Canelle.
(Rossignol, 1901)
Biberon
Individu qui boit sans besoin et qui tette n’importe quel liquide.
(Delvau, 1864)
Bibi
Jouvenceau, mignon qui sert aux plaisirs libertins des vieillards — le giton du Satyricon, le Ganymède de Jupiter, l’officiosus des bains publics, à Rome ; ou mignon de dame.
(Larchey, 1865)
Bibi
Petit chapeau de femme.
Malaga portait de jolis bibis.
Balzac.
(Larchey, 1865)
Bibi
Nom d’amitié donné à l’homme ou à la femme dont on est coiffé.
Paul, mon bibi, j’ai bien soif. — Déjà ?
Montépin.
(Delvau, 1867)
Bibi
s. m. Petit nom d’amitié, — dans l’argot des faubouriens ; petit nom d’amour, — dans l’argot des petites dames.
(Rigaud, 1888)
Bibi
Nom d’amitié donné indistinctement aux gens et aux bêtes, ou qu’on s’octroie à soi-même. — « C’est à Bibi ça. »
J’aime pas qu’on fasse des manières avec Bibi.
(X. de Montépin, Le Fiacre no 13.)
(Rigaud, 1888)
Bibi
Fausse clé de petit calibre.
(Rigaud, 1888)
Bibi
Chapeau haute forme, — dans le jargon des ouvriers. La mode exige aujourd’hui que les chapeaux d’hommes soient pourvus de très petits bords ou, mieux, soient dépourvus de bords. — J’ai lâché le bibi, j’ai arboré le chapeau haute forme.
(Rigaud, 1888)
Bibi
Nom donné aux chapeaux de femmes, vers la fin du règne de Louis-Philippe, parce que ces coiffures étaient très petites.
Dans le vieux patois bourguignon, on désignait par bibi un petit objet, de quelque nature que ce soit, servant d’amusette aux enfants.
(Ch. Nisard.)
(Virmaître, 1894)
Bibi
Instrument de cambrioleur (Argot des voleurs). V. Tâteuse.
(Boutmy, 1883)
Bibi (à)
Expression équivalente à celle-ci : À Charenton ! Bibi est ici l’abréviation de Bicêtre, asile d’aliénés pour les fous qui ne peuvent payer de pension. On envoie à Bibi ceux dont les pallas sont ou paraissent insensés.
(Rigaud, 1888)
Bibi (à)
À Bicêtre. On envoie à Bibi, asile des aliénés non payants, celui qui, dans la conversation, lance quelque grosse bêtise, tient un propos extravagant.
(La Rue, 1894)
Bibi, débridoir
(Delvau, 1867)
Bibine
s. m. Cabaret de barrière, — dans l’argot des chiffonniers.
(Rigaud, 1888)
Bibine
Sœur de charité, — dans le jargon des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bibine
Bière, — dans le jargon des voyous.
(Rigaud, 1888)
Bibine
Cabaret. Espèce de taverne où vont manger et boire les pauvres diables qui n’ont que trois ou quatre sous à dépenser par jour. Bibine signifie débine.
On en compte plusieurs sur la rive gauche, aux environs de la place Maubert… Il est des bibines aristocratiques. Rue de Bièvre, à la Taverne anglaise : la canette y coûte 10 centimes.
(Imbert, À travers Paris inconnu.)
(La Rue, 1894)
Bibine
Sœur de charité. Bière de basse qualité. Mauvais petit cabaret.
(Virmaître, 1894)
Bibine
Assommoir de bas étage, où tous les liquides les plus étranges, connue jadis à la bibine du Lapin blanc chez le père Mauras, sont servis aux consommateurs (Argot du peuple). V. Assommoir.
(Rossignol, 1901)
Bibine
Un liquide de mauvaise qualité ou pas frais, c’est de la bibine.
(Hayard, 1907)
Bibine
Assommoir, mauvaise bière.
(Delvau, 1864)
Bibite
Le membre viril — quand il n’est plus ou quand il n’est pas encore assez viril.
Ta pine n’est plus qu’une humble bibite
Indigne d’entrer dans mon entonnoir.
Anonyme.
… Il est appelé…
La bibite au petit par la bonne d’enfant.
Louis Protat.
(Larchey, 1865)
Biblot
Objet de fantaisie propre à décorer une étagère. — Abréviation de bimbelot : jouet d’enfant.
Il y a biblot et biblot : celui qu’on gagne à la fête de Saint-Cloud et celui que cent capitaines de navire ont à grands frais rapporté de toutes les îles connues ou inconnues.
Mornand.
(Larchey, 1865)
Biblot
Bijou.
Trouve-moi des dentelles chouettes ! et donne-moi les plus reluisants biblots.
Balzac.
(Larchey, 1865)
Biblot
Outil d’artisan (Vidocq).
(Rigaud, 1888)
Biblot
Les militaires nomment « biblot » tout ce qui leur sert au régiment, depuis l’aiguille à coudre jusqu’au fusil à aiguille. Le biblot, c’est l’attirail du troupier. Quand son biblot est au grand complet dans son sac, qu’il est en tenue de campagne, il dit qu’il porte « tout le tremblement ».
(Rigaud, 1888)
Bibloter, Bibeloter
Avoir la manie du bibelot, en acheter, faire des échanges. — Dans l’argot des marchands, c’est trafiquer, c’est vendre un jour un article, le lendemain un autre, vendre une foule d’articles disparates ; c’est encore se contenter d’un petit bénéfice. — Les ouvriers appellent « bibeloter » s’ingénier, travailler à temps perdu.
Il lit chez lui (l’ouvrier), dessine ou bibelote une invention qui souvent réussit.
(Le Sublime.)
(Fustier, 1889)
Biboire
Petit récipient en caoutchouc ou en cuir bouilli en forme de bateau et dont on se sert en voyage ou à la chasse pour boire. Les écoliers disent coupe-gueule.
(Delvau, 1867)
Bibon
s. m. Vieillard qu’on ne respecte pas, parce qu’il ne se respecte pas lui-même. C’est une corruption péjorative du mot barbon.
(Rigaud, 1888)
Bicamériste
Partisan du partage du pouvoir législatif entre les deux Chambres : le Sénat et la Chambre des députés.
Quoique le mode d’élection du Sénat donnât prise à beaucoup de justes critiques, même de la part des bicaméristes les plus déterminés.
(Em. de Girardin, la France, du 31 oct. 1877.)
(Larchey, 1865)
Biche
Lorette. — Abréviation de biche d’Alger, synonyme populaire de chameau.
Une biche, — il faut bien se servir de cette désignation, puisqu’elle a conquis son droit de cité dans le dictionnaire de la vie parisienne, — se trouvait cet été à Bade.
Figaro, 1858.
Forte biche : Lorette élégante.
(Delvau, 1867)
Biche
s. f. Demoiselle de petite vertu, comme l’encre de Guyot ; variété de fille entretenue. Le mot a été créé en 1857 par Nestor Roqueplan.
(Rigaud, 1888)
Biche
Une des nombreuses appellations des coryphées de la prostitution élégante et élevée… comme tarif. Ainsi nommées parce qu’on les rencontre généralement au Bois où elles courent le daim.
Les biches sont des demoiselles plus que douteuses.
(L. Gozlan.)
(En 1869) à l’époque de l’Exposition universelle, on l’appelait le guide de l’étranger dans Paris.
(Jules de Vernay.)
(Rossignol, 1901)
Biche
Quand un pêcheur prend du poisson, c’est que ça biche (ça mord). Lorsqu’un individu cherche à faire une dupe et que la dupe mord à l’hameçon, ça biche.
(Rigaud, 1888)
Biche (ça)
Ça va bien, ça marche, en parlant d’un travail, d’un commerce, d’une affaire ; mot à mot : ça va comme vont les jambes d’une biche. Quand deux personnes ne sont pas bien ensemble, on dit : ça ne biche pas.
(Rigaud, 1888)
Biche (forte)
Premier sujet du monde galant ; fille à diamants, hôtel, laquais et voiture.
(Rigaud, 1888)
Biche, Bichette
Nom d’amitié donné à la femme aimée, qui, souvent, en retour, vous désigne à ses amis sous le nom de daim.
(Larchey, 1865)
Biche, chette, chon
Mots d’amitié.
Viens ici, ma biche, viens t’asseoir sur mes genoux.
Frémy.
Oui, ma bichette ! oui, mon petit chien-chien.
Leuven.
Mon bichon, tu seras gentil, faudra voir !
Gavarni.
(La Rue, 1894)
Biche, cocotte, grue, horizontale, persilleuse, bergeronnette, Louis XV
Fille galante, maîtresse. Les prostituées de basse catégorie ont reçu beaucoup de noms : crevette, bourdon, passade, fesse, galupe, catau, catin, gerse, gaupe, ruttière, gouge, gouine, baleine, chausson, roubion, grognasse, gourgandine, truqueuse, asticot, morue, brancard, autel ou outil de besoin, dossiers, roulante, roulasse, rouleuse, roulure, traînée, trouillarde, camelotte, volaille, carogne, blanchisseuse de tuyaux de pipes, pouffiasse, moellonneuse, pontonnière, pilasse, ponante, ponifle, pierreuse, vadrouille, chiasse, avale-tout, taupe, paillasse, cambrouse, wagon à bestiaux, voirie, rouchie, gadoue, etc.
(Virmaître, 1894)
Bicher
Ça prend, ça mord. Dupe qui, comme le poisson, mord à l’hameçon (Argot des gens d’affaires et des pêcheurs).
(Larchey, 1865)
Bicherie
Monde galant.
Mme Marguerite V., de la haute bicherie du quartier d’Antin.
Les Cocottes, 1864.
(Rigaud, 1888)
Bicherie
Le monde de la galanterie. Haute bicherie, le grand monde de la galanterie, le monde des femmes qui, à quarante ans, vendent à prix d’or et de diamants ce qu’à vingt ans elles donnaient pour un dîner de trente sous.
(Virmaître, 1894)
Bichet
Mensonge (Argot des voleurs).
(Delvau, 1864)
Bichette
Le membre viril, — ou plutôt, pour lui restituer son véritable sexe, la pine. — Cette expression, maintenant répandue à Paris, appartient à Nadar, à qui l’on prête des conversations intimes avec Mlle Bichette. Un couplet d’Alexandre Pothey la consacre :
Avis aux dam’s ! qu’on se le dise !
Nadar a l’ sac, et pour de bon !
Le Monstre Vert, Frisette, Élise,
Jusqu’à l’antique Pavillon,
Pour célébrer ce jour de fête,
S’en vont fair’ la cour à Bichette !
D’être avalée elle a le trac !
Nadar a l’ sac !
(Delvau, 1867)
Bichette
s. f. Petit nom d’amitié ou d’amour, — dans l’argot des petites dames et de leurs Arthurs.
(Delvau, 1864)
Bichon
Jeune homme qui sert aux plaisirs d’un homme mûr. C’est le giton moderne. — C’est aussi l’amant de cœur, le petit chien complaisant des femmes qui aiment à se faire bichonner, c’est-à-dire, lécher le cul.
(Delvau, 1867)
Bichon
s. m. Petit jeune homme qui joue le rôle de Théodore Calvi auprès de n’importe quels Vautrin.
(Rigaud, 1888)
Bichon
Terme d’amitié. Nom de diminutif qui veut dire petite Elizabeth, petite Babet. (Hurtaut, Dict. des homonymes.) Ne serait-ce pas plutôt une forme altérée de l’ancien mot bouchon, terme d’amitié, d’où est venu bouchonner ?
Sans cesse, nuit et jour, je te caresserai,
Je te bouchonnerai, baiserai, mangerai.
(Molière, École des femmes.)
(Virmaître, 1894)
Bichon
Petit chien à tout faire. Cet animal est fort affectionné des dames d’un certain monde qui évitent avec lui les accidents et les maladies de neuf mois (Argot des filles).
(Virmaître, 1894)
Bichon
Outil de chapelier. C’est une sorte de petit tampon de soie ou de velours qui sert à bichonner les chapeaux de soie et à leur donner le coup de fion (Argot des chapeliers).
(Delvau, 1867)
Bichonner
v. a. Arranger avec coquetterie : friser comme un bichon. Argot des bourgeois. Se bichonner. S’adoniser.
(Rossignol, 1901)
Bichonner
Celui qui à soin de sa personne aime à se bichonner. Bichonner veut aussi dire cajoler ; on bichonne sa femme, son chien, ceux que l’on aime.
(Virmaître, 1894)
Bichonner (se)
Homme qui a grand soin de lui-même et qui se bichonne comme une petite maîtresse (Argot du peuple). V. Pommadin.
(Virmaître, 1894)
Bichonnet
Menton. Ce mot exprime bien l’habitude qu’ont certaines gens de se passer à tout moment la main sur le menton pour se bichonner (se caresser) (Argot du peuple). V. Banquette.
(Rigaud, 1888)
Bichot
Évêque, — dans l’ancien argot ; de l’anglais bishop.
(Virmaître, 1894)
Bicler
Pour cligner de l’œil. Bicler est une très vieille expression (Argot des voleurs) V. Guigne à gauche.
(Fustier, 1889)
Bidard
Heureux, veinard. Être bidard, avoir de la chance, réussir dans ce que l’on entreprend.
(Virmaître, 1894)
Bidard
Heureux, veinard. C’est un nommé Bidard qui gagna un gros lot à une loterie quelconque. On en fit une chanson qui courut les rues : Le père Bidard, la mère Bidard, etc. Depuis ce temps, les chançards sont des Bidards (Argot du peuple). N.
(Delvau, 1864)
Bidault
Vieux mot hors d’usage employé dans un sens obscène pour désigner : 1o Le membre viril.
Celle-là vouloit bien avoir de vous autre chose que le bidault.
P. De Larivey.
2o La nature de la femme.
Si j’avois vu votre bidault,
Je serois guéri, ce me semble,
Mais pour voir un peu s’il ressemble
À celui de ma ménagère.
(Farces et Moralités)
(Delvau, 1864)
Bidet
1o Cuvette de forme ovale, ordinairement enchâssée dans un tabouret de même forme, au-dessus de laquelle la femme se place à califourchon pour se laver — après le coït. — Ce meuble indispensable, essentiel, était connu des Romains, qui se lavaient post rem veneream, et quasi religiose. Sa forme était à peu près la même qu’aujourd’hui.
Des coups de Pincecul, quelques coups de bidet.
Enlèveront bientôt, et la trace, et l’effet.
Louis Protat.
Femme prudente se sauve,
À dada sur son bidet.
A. Jacquemart.
2o Le membre viril, dada que les femmes enfourchent pour aller au bonheur.
Il est d’une vigueur que rien ne peut abattre
Que ce drôle était bien mon fait !
Trois fois sans débrider il poussa son bidet.
(Les Plaisirs du cloître.)
À dada, à dada,
À dada sur mon bidet.
Jacquemart.
Il la jeta d’abord sur sa couchette,
Lui présenta son pétulant bidet.
(Le Cosmopolite.)
Chaque père en voyant cette jeune fillette,
Sent son bidet tout prêt à rompre sa gourmette.
Piron.
(Larchey, 1865)
Bidet
Ficelle transportant la correspondance des prisonniers enfermés à des étages différents (Vidocq). — C’est leur bidet de poste.
(Delvau, 1867)
Bidet
s. m. « Moyen très ingénieux, dit Vidocq, qui sert aux prisonniers à correspondre entre eux de toutes les parties du bâtiment dans lequel ils sont enfermés ; une corde passée à travers les barreaux de leur fenêtre, et qu’ils font filer suivant le besoin en avant ou en arrière, porte une lettre et rapporte la réponse. »
(Rigaud, 1888)
Bidet
Ficelle qui sert à transporter d’un étage à l’autre la correspondance clandestine des prisonniers.
(La Rue, 1894)
Bidet
Ficelle transportant la correspondance clandestine des prisonniers enfermés à des étages différents.
(Virmaître, 1894)
Bidet
Vase intime que l’on rencontre dans les cabinets de toilette un peu chics. Bidet, ainsi nommé par allusion au bidet sur lequel monte le cavalier ; madame se met à cheval dessus, et généralement l’eau ne pourrait servir qu’à faire du Thé de la Caravane (Argot des filles). N.
(Virmaître, 1894)
Bidet
La ficelle qui sert aux prisonniers pour se transmettre leurs correspondances d’étages en étages. Allusion au bidet de poste (Argot des voleurs). V. Postillon.
(Delvau, 1867)
Bidoche
s. f. Viande, — dans l’argot des faubouriens. Portion de bidoche. Morceau de bœuf bouilli.
(Rigaud, 1888)
Bidoche
Viande, — dans le jargon du peuple. — Morceau de bœuf bouilli, l’ordinaire du soldat, — dans le jargon des troupiers. Il faut joliment tirer sur la bidoche, pour la démolir.
(La Rue, 1894)
Bidoche
Mauvaise viande. Pièce d’un centime.
(Virmaître, 1894)
Bidoche
Viande. Cette expression est connue depuis 1830. Le nom de la mère Bidoche avait été donné à la marchande de soupe qui tenait le restaurant des Pieds humides à l’ancien marché des Innocents, aux Halles. Le mot est resté dans le peuple, qui dit aussi quand la bidoche est trop dure : c’est de la carne (Argot du peuple).
(M.D., 1844)
Bidoche (une)
(Virmaître, 1894)
Bidon
Ventre. Corruption de bedon ; on dit aussi bidouard. S’emplir le bidon chez le mastroquet : boire (Argot du peuple).
(Hayard, 1907)
Bidon
Marchandise truquée, ventre.
(Delvau, 1867)
Bidonner à la cambuse
v. n. Boire au cabaret, — dans l’argot des marins.
(Rossignol, 1901)
Bidonnier
Truc importé à Paris par des Lyonnais, qui est maintenant blanchi (connu) ; il n’y en a plus que deux pu trois qui se livrent à ce commerce. Le bidonnier achète trois coupons de 1,10 m de mauvais drap de couleur différente ne valant pas plus de 2 fr. 50 le mètre. Il plie les trois coupons de façon à les intercaler les uns dans les autres, il en parait six du côté apparent ; le derrière est enveloppe dans sa grande blouse bleue, cela constitue le bidon. Il offre sa marchandise pour le prix de 25 francs aux consommateurs à la porte des débits. On le plaisante sur lé prix, c’est ce qu’il cherche, et tout en ayant l’air de se fâcher il répond :
Pourquoi marchander ? vous n’avez pas le sou, je parie que si je vous laisse le paquet pour 12 francs, vous ne le prendrez pas.
Le consommateur se pique d’amour-propre, le marché est conclu, il paye, la marchandise lui est ensuite livrée, c’est alors qu’il s’aperçoit ne pas avoir acheté six coupons, mais trois qui ne valent pas le prix de la façon de trois pantalons ; il est volé, mais il n’y a pas escroquerie, le bidonnier lui a parle du paquet et non du nombre des coupons.
(Larchey, 1865)
Bien
D’apparence distinguée.
Elle aime à causer, surtout avec les messieurs bien.
Privat d’Anglemont.
(Delvau, 1867)
Bien
s. m. Mari ou femme, — dans l’argot du peuple, qui a tout dit quand il a dit Mon bien. C’est plus énergique que ma moitié.
(Delvau, 1867)
Bien
adj. et s. Distingué, — dans l’argot des petites dames.
(Virmaître, 1894)
Bien de la maison (es-tu)
Expression employée au jeu de manille. Dans la partie à quatre, les joueurs sont deux à deux ; ils se questionnent à voix haute pour savoir comment diriger leur jeu :
— Es-tu bien de la maison ? As-tu beaucoup d’atout ? (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Bien faire (en train de)
En train de manger.
À toutes les tables, dans les environs, des soupeurs déjà en train de bien faire.
(F. d’Urville, Les Ordures de Paris.)
(Larchey, 1865)
Bien mis
Fashionable.
Ohé ! ce bien mis, il vient faire sa tête, parce qu’il a du linge en dessous.
E. Sue.
(Delvau, 1867)
Bien mis
s. m. Bourgeois, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1864)
Bien servir un homme
Le faire bien jouir par des mouvements de croupe habiles et par toutes les fioritures amoureuses connues des femmes savantes.
Les dames de nos bourgeois,
Et j’en eus vingt dans un mois,
M’auraient mieux servi cent fois.
Béranger.
(Delvau, 1867)
Bienséant
s. m. Le derrière de l’homme et de la femme, — dans l’argot des bourgeoises.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Bier
(Larchey, 1865)
Bier
Aller. — Abrév. d’ambyer.
(Delvau, 1867)
Bier
v. n. Aller, — dans l’argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Biffard
Bourgeois (Argot des voleurs).
(Rigaud, 1888)
Biffe (la)
Le métier de chiffonnier.
(Larchey, 1865)
Biffer
Manger goulument (Vidocq). Forme de Bouffer.
(Rigaud, 1888)
Biffer
Exercer le métier de chiffonnier.
(Rigaud, 1888)
Biffeton
Contre-marque, — dans le jargon des ouvriers. — Lettre, procès-verbal, — dans le jargon des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Biffeton
Billet. Quelques-uns écrivent buffeton c’est une erreur (Argot des camelots).
(Hayard, 1907)
Biffeton
Billet de chemin de fer, de théâtre, et aussi lettre.
(Rigaud, 1888)
Biffin
Soldat d’infanterie de ligne, — dans le jargon des soldats des autres armes. — Son crochet à lui c’est son fusil.
(La Rue, 1894)
Biffin
Chiffonnier. Soldat d’infanterie.
(Virmaître, 1894)
Biffin
Chiffonnier. Ainsi dénommé par le peuple à cause de son crochet qui lui sert à deux fins : à se défendre et à travailler. Depuis 1818, on dit d’un chiffonnier qu’il est membre du comité de recherches. Allusion à ce qu’il fouille dans les tas d’ordures pour y trouver sa vie (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Biffin
Chiffonnier. On nomme aussi les soldats de la ligne des biffins.
(Rigaud, 1888)
Biffin, Biffine
Chiffonnier, chiffonnière. Tout ce qui porte la hotte est connu dans la corporation des chiffonniers sous le nom de « biffin ».
(Larchey, 1865)
Biffin, bifin
Chiffonnier. — Ce n’est pas le chiffonnier pur-sang, c’est celui qui a déchu d’une position meilleure. De là sans doute le nom de biffin : goulu, donné par l’ancien chiffonnier au nouveau venu.
J’ vois deux bifins et leurs femelles.
Chansonnier, 1836.
(Rigaud, 1888)
Biffre
Nourriture. Dérivé de bâfrer. Passer à biffre, manger. Passer à biffre train express, dévorer, manger comme un affamé.
(Delvau, 1867)
Bifin
s. m. Chiffonnier, — dont le crochet sert à deux fins, à travailler et à se défendre.
(Merlin, 1888)
Bifin
Fantassin dont le sac est la hotte. Se dit aussi des prévôts d’arme dans la cavalerie.
(Rigaud, 1888)
Bifteck (faire du)
Monter sur un cheval qui trotte dur et mortifie, comme s’il s’agissait d’un bifteck, la partie de l’individu qui repose sur la selle. (L. Larchey)
(Rigaud, 1888)
Bifteck à Maquart
Sale individu, sale femme, — dans le jargon des voyous. — Maquart est le nom d’un équarrisseur bien connu.
(Rigaud, 1888)
Bifteck de grisette
Saucisse plate, morceau de charcuterie pris dans la boîte du charcutier.
(Delvau, 1867)
Bigard
s. m. Trou, — dans l’argot des voleurs. D’où Bigardée pour Trouée, Percée.
(Rigaud, 1888)
Bigard
Trou, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1864)
Bigarreau rouge (le)
Le gland, lorsqu’il n’est plus recouvert par la peau du prépuce et qu’il montre aux regards des jeunes filles sa tête chauve, source de volupté pour elles.
À force de se bander comme je dis, il y a une peau vers le haut qui se retire contre le ventre et découvre une tête qui est faite comme un grog bigarreau rouge.
Mililot.
(Delvau, 1867)
Bige
s. m. Ignorant, — dans le même argot [des voleurs].
(La Rue, 1894)
Bige, bigeois
(Rigaud, 1888)
Bige, Bigeois, Bigois
Imbécile, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1867)
Bigeois ou Bigois
s. m. Imbécile, homme bige.
(Rigaud, 1888)
Bigorgnion
Mensonge — dans le jargon des voyous. Lancer des bigorgnions, débiter des mensonges.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Bigorne
Jargon. Rouscailler bigorne, parler jargon.
(Larchey, 1865)
Bigorne
Argot. — Du vieux mot biguer : changer, troquer. V. Roquefort. L’argot n’est qu’un langage bigué, d’où le diminutif bigorne. — V. Jaspiner.
Rouscaillons bigorne. Qui enterver le saura, à part sézière en rira, mais les rupins de la vergne ne sont dignes de cela.
Vidocq.
(Delvau, 1867)
Bigorne
s. m. L’argot des voleurs, — monstre bicorniger en effet, corne littéraire d’un côté, corne philosophique de l’autre, qui voit rouge et qui écrit noir, qui épouvante la conscience humaine et réjouit la science philologique.
(Rigaud, 1888)
Bigorne
Argot. — Dans la langue régulière, une bigorne est une enclume à deux bouts, dont l’un finit en pointe. L’argot est une langue à double tranchant, à deux bouts, comme la bigorne. — Jaspiner bigorne, rouscailler bigorne comme daron et daronne, parler argot comme père et mère.
(La Rue, 1894)
Bigorne
Argot. Jaspiner ou rouscailler bigorne, parler argot.
(Rossignol, 1901)
Bigorne
Argot ; mot ancien peu usité, on dit plutôt argoji ou arlogaime. Voir Argonji.
(Larchey, 1865)
Bigorneau
Soldat de marine. — Tenue de matelot. Comme le petit coquillage de ce nom, le soldat reste attaché au navire ou aux garnisons de la côte, sans naviguer à l’aide de ses propres forces.
(Delvau, 1867)
Bigorneau
s. m. Sergent de ville, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bigorneau
Soldat d’infanterie de marine, — dans le jargon des marins.
(Halbert, 1849)
Bigorneaux
(Rossignol, 1901)
Bigorno
Soldat de la ligne appelé ainsi par les zouaves. Ils sont appelés aussi les grandes capotes par les Arabes.
(Larchey, 1865)
Bigotter
Prier (Vidocq). — Mot à mot : faire le bigot.
(Delvau, 1867)
Bigotter
v. a. Prier Dieu, — dans l’argot des faubouriens.
(Larchey, 1865)
Bigrement
Superlativement. Forme de Bougrement.
C’est bigrement embêtant, allez.
Gavarni.
(Delvau, 1867)
Bigrement
adv. Extrêmement, — dans l’argot des bourgeois qui n’osent pas employer un superlatif plus énergique.
(Delvau, 1864)
Bijou
La nature de la femme, pour l’homme ; le membre viril, pour la femme, — deux choses précieuses.
Qu’il soit pauvre, avare ou brutal
Un père du moins donne à sa fille
Pour en jouir, soit bien, soit mal,
Un petit bijou de famille.
E. Debraux.
Non, je l’avoue ; aussi je te rends grâce,
Lui dit-il, en tirant un vigoureux bijou.
VADÉ
Répondez-moi, tendres amis des dames,
Si vous me manquiez du plus beau des bijoux.
Par quels moyens, hélàs ! leur plairiez-vous ?
E.T. Simon.
(Delvau, 1867)
Bijou
s. m. Ornement particulier, — dans l’argot des francs-maçons. Bijou de loge. Celui qui se porte au côté gauche. Bijou de l’ordre. L’équerre attachée au cordon du Vénérable, le niveau attaché au cordon du premier surveillant, et la perpendiculaire attachée au cordon du second surveillant.
(Fustier, 1889)
Bijou
Nom donné, par antiphrase, chez les restaurateurs de Paris, à toutes les dessertes des plats et des assiettes ; c’est le profit des laveurs de vaisselle.
(Journal des Débats, 1876, cité par Littré.)
(Delvau, 1864)
Bijou artificiel
Phallus de cuir, — vulgo godemiché.
J’ai des bijoux artificiels
D’une forte structure
Qui, dans les cons superficiels
Remplacent ta nature.
(Chansons anonymes modernes.)
Certain bijou, qui d’un sexe chéri
Offre l’image et le trait favori,
Sert de Zoé la langueur amoureuse.
Parny.
(Rigaud, 1888)
Bijou d’Amérique
Vagabond, voleur ayant fait élection de domicile dans les carrières d’Amérique.
(Rigaud, 1888)
Bijou de Saint-Laze
Fille qui fait son temps à la prison de Saint-Lazare.
(Rigaud, 1888)
Bijouter
Voler adroitement, enlever des bijoux avec adresse.
(Delvau, 1867)
Bijouterie
s. f. Frais avancés, argent déboursé. Argot des ouvriers et des patrons.
(Larchey, 1865)
Bijoutier
Marchand d’arlequins. V. ce mot.
(Rigaud, 1888)
Bijoutier
Regrattier, marchand d’arlequins ; celui qui débite, pêle-mêle, la desserte des grands restaurants.
(La Rue, 1894)
Bijoutier
Voleur de bijoux. Marchand d’arlequins.
(Rigaud, 1888)
Bijoutier en cuir
Savetier. — Bijoutier sur le genou, même signification.
(La Rue, 1894)
Bijoutier en cuir
(Delvau, 1867)
Bijoutier sur le genou
s. m. Cordonnier. On dit aussi : Bijoutier en cuir. Au XVIIe siècle, on disait : Orfèvre en cuir.
(Virmaître, 1894)
Bijoutier sur le genou
Savetier. Allusion aux clous nommés bijoux avec lesquels il ferre les semelles des souliers (Argot du peuple). V. Gniaff.
(Delvau, 1867)
Bijoutier, ère
s. Marchand, marchande d’arlequins, — dans l’argot des faubouriens, à qui ces détritus culinaires « reluisent dans le ventre ».
(Rigaud, 1888)
Bijoutière
Voleuse qui possède l’art d’escamoter les bijoux avec adresse. — Voleuse qui rançonne les bijoutiers.
(Rossignol, 1901)
Bijoutiers
Marchands de dessertes des maisons bourgeoises et restaurants. Voir Arlequins.
(Delvau, 1867)
Bilboquet
s. m. Femme grosse et courte, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bilboquet
s. m. Homme qui est le jouet des autres.
(Delvau, 1867)
Bilboquet
s. m. Menues impressions, telles que prospectus, couvertures, têtes de lettres, etc., — dans l’argot des typographes.
(Rigaud, 1888)
Bilboquet
Menues impressions, telles que prospectus, couvertures, têtes de lettres, — dans le jargon des typographes. (A. Delvau)
(Rigaud, 1888)
Bilboquet
Litre de vin.
Une jeune fille à l’œil égrillard qui acceptait un bilboquet à quinze.
(Léon Paillet, Voleurs et Volés.)
(Virmaître, 1894)
Bilboquet
Grosse femme. Il paraît pourtant impossible de jongler avec elle. C’est sans doute par allusion à la boule du bilboquet (Argot des voleurs).
(La Rue, 1894)
Bilboquet, lard
(Clémens, 1840)
Bile (se faire de la)
(Delvau, 1867)
Billancer
v. n. Faire son temps, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Billancer
Faire son temps, payer sa dette à la justice, — dans le jargon des voleurs.
(La Rue, 1894)
Billancer
Payer. Faire son temps de prison.
(Virmaître, 1894)
Billancer
Condamné qui a fait sa prison. C’est la corruption de billancher, payer ; en effet, le prisonnier qui a fait sa prison a payé sa dette (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Billancher
v. a. et n. Payer, donner de la bille. Argot des faubouriens. On dit aussi Biller.
(Virmaître, 1894)
Billancher
Payer.
— C’est dégoûtant, il faut toujours billancher (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Billancher
Payer quelque chose, acquitter une dette.
(Rigaud, 1888)
Billancher, Biller
Payer. — Billanchage, payement.
(Larchey, 1865)
Billard (décoller, dévisser son)
(Fustier, 1889)
Billard anglais (jouer au)
(Delvau, 1867)
Billard de campagne
s. m. Mauvais billard, — dans l’argot des bourgeois.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Bille
(Delvau, 1867)
Bille
s. f. L’argent, — dans l’argot des voleurs, qui n’ont pas l’air de se douter que nous avons eu autrefois de la monnaie de billon.
(Rigaud, 1888)
Bille
Tête, — dans le jargon des voleurs, et, principalement, tête de dupe. — Faire une drôle de bille.
(Rigaud, 1888)
Bille
Monnaie de cuivre, dans le jargon des revendeurs. — Le mot avait la signification d’argent aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Ne pouvant pas s’empêcher
Pour de la bille attraper.
(Parnasse des Muses.)
(La Rue, 1894)
Bille
Tête. Monnaie de cuivre. Bille à l’estorque, fausse monnaie.
(M.D., 1844)
Bille (de la)
(Delvau, 1867)
Bille à châtaigne
s. f. Figure grotesque, — dans l’argot des faubouriens.
(Fustier, 1889)
Bille de billard
Crâne dénudé et, par extension, vieillard.
Ah ! mince alors ! si les billes de billard se mettent à moucharder la jeunesse !…
(Meilhac et Halévy, Lolotte.)
(Rigaud, 1888)
Bille de bœuf
Saucisson, — dans le jargon des voleurs.
(Larchey, 1865)
Bille, billemont, billon
Espèces monnayées. — Billemont et billon sont des diminutifs de bille qui, comme balle, fait allusion à la forme ronde de la monnaie. V. Attache, Flacul.
L’argent au Temple est de la braise, ou de la thune, ou de la bille.
Mornand.
Nous attendions la sorgue, voulant poisser des bogues, pour faire du billon.
(Delvau, 1867)
Billemon
s. m. Billet, — dans l’argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Biller
Diminutif de billancher. Même signification (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Billet d’aller et de retour
Paire de gifles, soufflet à répétition, appliqué sur chaque joue pour ne pas faire de jalouse.
(Larchey, 1865)
Billet de 500, de 1 000
De 500 francs, de 1 000 francs. — « Te faut-il beaucoup ? — Un billet de cinq cents. »
Les ressources d’une lorette pour extraire un billet de mille.
Balzac.
(Rigaud, 1888)
Billet de cent, de cinq, de mille
Billet de cent francs, de cinq cents francs, de mille francs, — dans le jargon des gens pour qui le temps est de l’argent.
Il savait trop, par expérience, ce qu’un seul louis, que l’on veut gagner ou rattraper, coûte souvent, par la suite, de billets de cent et même de billets de mille.
(Vast-Ricouard, Le Tripot.)
(Delvau, 1867)
Billet de cinq
s. m. Billet de cinq cents francs, — dans l’argot des bourgeois, qui savent aussi bien que les Anglais que time is money, et qui ne perdent pas le leur à prononcer des mots inutiles. Ils disent de même : Billet de mille.
(Virmaître, 1894)
Billet de logement
Quand les filles vont à Montretout (la visite sanitaire), si elles sont malades, elles sont retenues et dirigées sur l’infirmerie de Saint-Lazare ; le médecin inscrit la nature de la maladie sur un bulletin dont la couleur varie suivant la gravité du cas. Une fois installées dans leur lit, le bulletin est placé à la tête du lit dans un petit cadre spécial. De là le nom de billet de logement (Argot des filles).
(Fustier, 1889)
Billet direct pour Charenton
Absinthe pure.
L’autre jour, le patron m’a payé un billet direct pour Charenton.
(Gil Blas, 1882.)
(Rossignol, 1901)
Billier
Payer. Celui qui a été condamné et a purgé sa peine a billié.
(Virmaître, 1894)
Binaise
Abréviation du mot combinaison. Binaise : tirer un plan pour faire quelque chose.
— Faisons une binaise pour nous offrir un kilo (Argot d’imprimerie). N.
(Rigaud, 1888)
Bine
Hotte de chiffonnier. — Hotte d’aide-couvreur.
(Larchey, 1865)
Binelle
Banqueroute. — Binellier : Banqueroutier. — Vidocq.
(Delvau, 1867)
Binelle
s. f. Faillite, — dans l’argot des voleurs. Binelle-lof. Banqueroute.
(Virmaître, 1894)
Binelle
Faillite.
— Il est tombé en binelle, mais si les Anglais se tapent, il a carré l’oseille (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Binelle
Faillite. Le failli a fait binelle.
(Halbert, 1849)
Binelle-lophe
(Rigaud, 1888)
Binelle, Binellelof
Faillite, banqueroute, — dans le jargon des voleurs. Pour débine.
(Delvau, 1867)
Binette
s. f. Figure humaine, — dans l’argot des faubouriens, qui me font bien l’effet d’avoir inventé ce mot, tout moderne, sans songer un seul instant au perruquier Binet et à ses perruques, comme voudrait le faire croire M. Francisque Michel, en s’appuyant de l’autorité d’Edouard Fournier, qui s’appuie lui-même de celle de Salgues. Pourquoi tant courir après des étymologies, quand on a la ressource de la génération spontanée ?
(La Rue, 1894)
Binette
Figure laide ou ridicule.
(Rigaud, 1888)
Binette à la désastre
Tête du créancier impayé. (Almanack des débiteurs, cité par L. Larchey.)
(Rossignol, 1901)
Bingre
Nom bien peu connu ; il ne l’est que de Bruant, des aides et exécuteurs des hautes œuvres. Bingre veut dire ne pas être petit-fils de bourreau. Tous le sont de père en fils, ainsi que les aides, il y en a un actuellement qui descend des Samson ; Deibler était un bingre, il n’était pas petit-fils de bourreau ; son fils qui lui a succédé il y a quelques années n’est plus un bingre.
(Larchey, 1865)
Binôme
« Aux laboratoires, nous verrons chacun des élèves (de l’École polytechnique) manipuler avec un camarade qu’il nomme son binôme. »
La Bédollière.
Allusion à la signification algébrique de Binôme : quantité composée de deux termes.
(Delvau, 1867)
Binômes
s. m. pl. Camarades de chambre à l’École d’application de Fontainebleau, et compagnons d’études à l’École polytechnique ; amis, copains, frères d’adoption qui ne se ressemblent et ne se valent souvent pas, mais qui n’en sont pas moins comme en algèbre, deux termes, unis par — ou par +, et qui n’en forment pas moins à eux deux une quantité.
(Rigaud, 1888)
Biographe (se faire)
Être diffamateur (Max. Parr), — dans le jargon des gens de lettres qui n’ont pas été satisfaits de leurs biographies. — L’expression a été créée à l’époque où Paris a été inondé de biographies de grands et de petits-hommes.
(Merlin, 1888)
Bique (bouchonner la)
Faire le pansage du cheval.
(Delvau, 1867)
Bique-et-bouc
s. m. et f. Créatures des deux genres, — dans l’argot du peuple, ordinairement plus brutal pour ces créatures-là.
(Delvau, 1867)
Birbade
s. f. Vieille femme, — dans l’argot des faubouriens.
(Halbert, 1849)
Birbasse ou birbade
(Delvau, 1867)
Birbe
s. m. Vieillard. Birbe dab. Grand’père.
(Virmaître, 1894)
Birbe
Vieillard (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Birbe
Vieux. Un vieux soldat est un vieux birbe.
(Rigaud, 1888)
Birbe, Birbesse
Vieux, vieille, de l’italien birbo. Pour donner plus de force au mot, qui, en général, n’est usité qu’au masculin, on dit avec un pléonasme : Vieux birbe, ou, encore, aflreux birbe.
Un coup de jus, mon vieux birbe, et une croûte de brignolet !
(Huysmans, Marthe.)
(Larchey, 1865)
Birbe, birbon, birbette
« Les dames des tables d’hôte ont adopté trois mots pour peindre la vieillesse : à cinquante-cinq ans, c’est un birbon ; à soixante ans, c’est un birbe ; passé ce délai fatal, c’est une birbette. »
Lespès.
Vidocq donne un quatrième synonyme : birbasse. — Birbe dabe : grand-père. — Birbasserie : vieillerie. — Id.
(Delvau, 1867)
Birbette
s. m. Archi-vieillard, — dans l’argot des petites dames, qui ont dû connaître plus d’un birbante italien, anglais, russe ou suédois.
(La Rue, 1894)
Biribi
Médaillon. Le bataillon de discipline.
(Rossignol, 1901)
Biribi
Jeu qui se joue dans le genre du bonneteau, mais avec trois quilles creuses, trois coquilles de noix, ou encore trois dés à coudre et une petite boule de liège. À ce jeu bien connu des Arabes, il y a toujours escroquerie puisque la boule que l’on croit être sous une des coquilles, qu’il faut découvrir pour gagner, reste le plus souvent entre les doigts du teneur.
(Rossignol, 1901)
Biribi
Compagnies de discipline. À la suite d’un certain nombre de punitions, le militaire est envoyé après conseil de corps à biribi ; si là il se conduit mal, il est expédié dans une compagnie coloniale que l’on nomme les Cocos. À biribi il n’a rien de la tenue militaire, il porte veste, pantalon et képi en drap noir, il a les cheveux courts et la figure entièrement rasée ; c’est la différence qu’il y a entre le militaire envoyé aux travaux publics à la suite d’un conseil de guerre, car celui-ci porte toute sa barbe et a la tête entièrement rasée, de là le nom de « tête-de-veau ». Le travail du disciplinaire consiste à casser des cailloux et à faire du terrassement, mais tous trouvent la terre trop basse et qu’il serait plus facile de la travailler si elle était sur un billard. Ils feraient certainement autant de travail si on leur faisait botteler du sable ou piler du liège.
(Hayard, 1907)
Biribi
Les compagnies de discipline.
(Virmaître, 1894)
Biribi (dés)
Ce jeu se joue dans les foires et dans les fêtes publiques. C’est un vol audacieux. (Argot des camelots).
(Merlin, 1888)
Biribi (soldat envoyé à)
Aux compagnies de discipline.
(Rigaud, 1888)
Birlibi
Jeu de dés, — dans le jargon des truqueurs ; c’est une variante de biribi. Passer au birlibi, jouer une partie, un coup de dés. — Rincé au birlibi, qui a perdu au birlibi.
(La Rue, 1894)
Birlibi
Jeu de dés et de coquilles de noix.
(Delvau, 1867)
Birlibibi
s. m. Jeu de dés et de coquilles de noix. Argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Birmingham (être de)
Être très ennuyeux. — Mot à mot : être un rasoir de Birmingham, ville célèbre par ses rasoirs.
(Larchey, 1865)
Bisard
Soufflet (Vidocq). — Mot à mot ; vent qui brûle, bise qui ard.
(Delvau, 1867)
Bisard
s. m. Soufflet de cheminée, — dans le même argot [des voleurs].
(Rigaud, 1888)
Bisard
Soufflet de forge, soufflet à feu. C’est un dérivé de bise, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1867)
Bisbille
s. f. Querelle, fâcherie, — dans l’argot des bourgeois, qui sans doute ne savaient pas que ce mot vient de l’italien bisbiglio (murmure). Être en bisbille. Être brouillés.
(Delvau, 1867)
Biscaye
n. de l. Bicêtre, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Biscaye
Bicêtre. — Biscayen, pensionnaire de Bicêtre.
(Delvau, 1864)
Biscotter une femme
La baiser, acte pendant lequel on se remue fortement, — de l’italien scuotere, étymologie tirée par les poils.
Il aimait mieux dépuceler cent filles que Biscotter une veuve.
Rabelais.
Lucrèce fait bien de la sotte
Et ne veut pas qu’on la biscotte.
Théophile.
C’est celui à qui l’on biscotte la femme.
Noël du Fail.
(Fustier, 1889)
Biscuit
Argot de joueurs. Le biscuit est une série de cartes fraudées, bizeautées que le grec a toujours sur lui pour s’en servir quand il juge le moment favorable. On dit : servir, préparer un biscuit.
(Rigaud, 1888)
Biscuit (recevoir un)
« Un biscuit, dans les ténébreux symbolismes des prisons, signifie rien à faire. »
(V. Hugo, Les Misérables.)
(Rigaud, 1888)
Bise
Baiser, caresse, — dans le jargon des enfants et des femmes qui aiment à s’entendre appeler « des chattes ». — Biser, embrasser. — Bise-moi, mon chéri !
(Rossignol, 1901)
Bisenesse
Je crois que ce mot est anglais et signifie occupation ou travail journalier (Business) : Il est très usité par les filles publiques qui au lieu de dire, lorsqu’elles sortent le soir : Je vais trucquer, disent : Je vais faire mon bisenesse ; c’est plus Régence.
(Rigaud, 1888)
Biset
Garde national en costume de ville et en képi.
Oui, je suis biset, moi, Qu’importe la forme ? On peut bien aimer son roi Sans être en uniforme.
(Seribo et Poirson, Une Nuit de la garde nationale, scène 1. — 1815.)
(Delvau, 1867)
Bisquant
adj. Ennuyeux, désagréable, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bisquer
v. n. Enrager, — dans l’argot des écoliers.
(Delvau, 1864)
Bissac
La nature de la femme, qu’elle tend si fréquemment à l’homme, pour qu’il l’emplisse — de sperme.
Le texte dit que foullando,
En foulant et fesant zic, zac.
Le galant se trouve au bissac.
(Ancien Théâtre français.)
Après cinq ou six bons mots
Fait entrer Genfrey au bissac.
(Farces et Moralités.)
(Delvau, 1867)
Bissard
s. m. Pain bis, — dans l’argot des voyous.
(Rigaud, 1888)
Bissard
Pain bis. Passer au bissard, manger du pain bis.
(Delvau, 1864)
Bistoquer
Vieux mot hors d’usage, signifiant se servir du bistoquet, espèce de queue, de billard employé dans un sens obscène pour faire l’acte vénérien.
Notre mignon lui répondit
Que deux fois l’avait bistoquée.
(Recueil de poésies françaises.)
Mais au moins, dites-moi, l’a-t-il point bistoquée ?
P. De Larivet.
(Delvau, 1864)
Bistoquette
La pine.
Savez-vous, bons citadins.
Ce que le dieu des jardins
A bien plus gros que la tète ?
Turlurette,
C’est la bistoquette.
Louis Pesteau.
(Rigaud, 1888)
Bistot
Apprenti commis en nouveautés.
Un employé, flairant une bonne commande, met tous les bistots en campagne.
(Louis Noir, Le Pavé de Paris.)
(Virmaître, 1894)
Bistourne
Cor de chasse. Allusion à la forme tournée de l’instrument (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Bistro
Marchand de vins. On dit aussi des petits commis des magasins de nouveautés qu’ils sont des bistros (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bistro
Marchand de vins.
Viens-tu chez le bistro du coin, il y a des purées a trois pétards (absinthe à trois sous).
(Halbert, 1849)
Bit
Partie honteuse d’une femme.
(Rigaud, 1888)
Bitter cuirassé
Bitter mélangé avec du curaçao, — dans le jargon des gens adonnés aux cuirs ; ceux qui parlent à peu près correctement disent bit-ter-curaçao.
(Rigaud, 1888)
Bitume (fouler le)
Se promener, flâner. — Faire le bitume, faire le bit, faire le trottoir, — dans le jargon des filles.
(Delvau, 1867)
Bitumer
v. n. Raccrocher les passants, — dans l’argot des filles habituées du trottoir. On dit mieux Faire le bitume.
(Larchey, 1865)
Biture
Excès de boisson. — Du vieux mot boiture : goinfrerie. V. Roquefort.
N’aspirons-nous le grand air que pour l’ineffable joie d’engloutir impunément du piqueton jusqu’au gobichonnage majeur, jusqu’à prendre une biture ?
Luchet.
(Delvau, 1867)
Biture
s. f. Réfection copieuse, — dans l’argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Biture
Béatitude bachique, nourriture copieuse. — Se flanquer, s’administrer une biture soignée.
(Rossignol, 1901)
Biture
Être ivre à ne plus pouvoir marcher est avoir une biture.
(Virmaître, 1894)
Biture (s’en flanquer une)
Se saouler comme un cochon (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Biturer
v. n. Manger copieusement.
(Rigaud, 1888)
Biturer (se)
Bien manger et bien boire.
(Merlin, 1888)
Bizet
Garde national ou réserviste.
(Rigaud, 1888)
Blafard
Matière d’argent : Une toquante en blafard, une montre d’argent. — Monnaie d’argent : Un blafard de vingt ronds, une pièce d’un franc.
(M.D., 1844)
Blafarde (la)
(La Rue, 1894)
Blafarde (la)
(Larchey, 1865)
Blague
Causerie. — On dit : J’ai fait quatre heures de blague avec un tel.
(Larchey, 1865)
Blague
Verve ; faconde railleuse.
Quelle admirable connaissance ont les gens de choix des limites où doivent s’arrêter la raillerie et ce monde de choses françaises désigné sous le mot soldatesque de blague.
Balzac.
(Larchey, 1865)
Blague
Plaisanterie.
Je te trouve du talent, là sans blague !
De Goncourt.
Pas de bêtises, mon vieux, blague dans le coin !
Monselet.
(Delvau, 1867)
Blague
s. f. Gasconnade essentiellement parisienne, — dans l’argot de tout le monde.
Les étymologistes se sont lancés tous avec ardeur à la poursuite de ce chastre, — MM. Marty-Laveaux, Albert Monnier, etc., — et tous sont rentrés bredouille. Pourquoi remonter jusqu’à Ménage ? Un gamin s’est avisé un jour de la ressemblance qu’il y avait entre certaines paroles sonores, entre certaines promesses hyperboliques, et les vessies gonflées de vent, et la blague fut ! Avoir de la blague. Causer avec verve, avec esprit, comme Alexandre Dumas, Méry ou Nadar. Avoir la blague du métier. Faire valoir ce qu’on sait ; parler avec habileté de ce qu’on fait. Ne faire que des blagues. Gaspiller son talent d’écrivain dans les petits journaux, sans songer à écrire le livre qui doit rester. Pousser une blague. Raconter d’une façon plus ou moins amusante une chose qui n’est pas arrivée.
(Rigaud, 1888)
Blague
Mensonge, bavardage, plaisanterie, verve.
Ils (les malthusiens) demandent ce que c’est que la morale. La morale est-elle une science ? Est-elle une étude ? Est-elle une blague ?
(L. Veuillot, Les Odeurs de Paris.)
M. F. Michel fait venir blague de l’allemand balg, vessie à tabac, avec transposition de l’avant-dernière lettre. M. Nisard soutient que le mot descend de bragar, braguar, qui servait à désigner soit une personne richement habillée, soit un objet de luxe. Quant à M. Littré, il le fait remonter à une origine gaélique ; d’après lui, blague vient de blagh, souffler, se vanter. Quoi qu’il en soit, le mot a été employé d’abord et propagé par les militaires, vers les premières années du siècle, dans le sens de gasconnade, raillerie, mensonge (V. Dict. de d’Hautel, 1806, Cadet Gassicourt, 1809, Stendhal, 1817). Sans remonter aussi loin, il ne faut voir dans le mot blague qu’un pendant que nos soldats ont donné au mot carotte.
(Virmaître, 1894)
Blague à tabac
Vieilles tétasses molles et flasques qui tombent outrageusement (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Blague d’acier (avoir une)
Avoir la langue bien pendue.
(Rigaud, 1888)
Blague dans le coin
Plaisanterie à part, sérieusement parlant. Les raffinés ne craignent pas de dire dans le même sens : Blague sous les aisselles.
(Delvau, 1867)
Blague sous les aisselles !
Expression de l’argot des ouvriers, pour signifier qu’ils cessent de plaisanter, qu’ils vont parler sérieusement, et pour inviter les interlocuteurs à en faire autant. On dit aussi : Blague dans le coin.
(Larchey, 1865)
Blaguer
Causer.
Nous venons blaguer.
Balzac.
(Larchey, 1865)
Blaguer
Posséder cette verve familière, pittoresque et railleuse qui est l’humour des conversations parisiennes.
Enfin elle blague aujourd’hui, elle qui ne connaissait rien de rien, pas même ce mot-là !
Balzac.
(Larchey, 1865)
Blaguer
Plaisanter.
Ne blaguons plus.
Balzac.
Un homme blagué : un homme raille, berné.
(Delvau, 1867)
Blaguer
v. n. Mentir d’une agréable manière, ou tout simplement parler. Blaguer quelqu’un. Se moquer de lui.
(Rigaud, 1888)
Blaguer
Mentir, railler, parler beaucoup.
(Rigaud, 1888)
Blagues (plastron à)
Individu qui sert de point de mire à des plaisanteries de société, à des plaisanteries de régiment.
(Delvau, 1864)
Blagues à tabac
Se dit des tétons qui ne se tiennent pas assez.
Ceux qui disent que les tétons
Flottent au vent comme des vagues,
Suzanne, tant des polissons :
On voit bien que ce sont des blagues.
Anonyme.
(Delvau, 1867)
Blagues à tabac
s. f. pl. Seins plus dignes d’une sauvagesse de la Nouvelle-Calédonie que d’une femme civilisée. Argot des faubouriens.
« Si encore il y avait un peu de tabac dans tes blagues ! » ai-je entendu dire un jour par un faubourien à une fille qui buvait au même saladier que lui.
(Rigaud, 1888)
Blagues à tabac
Seins qui, selon l’expression d’une de nos plus volumineuses actrices, pourraient passer dans un anneau de rideau, et même dans un anneau de mariage.
(Rossignol, 1901)
Blagues à tabac
La femme qui a des seins tombants a des blagues à tabac.
(Larchey, 1865)
Blagueur
Menteur.
En 1813, deux femmes, Pauline la Vache et Louise la Blagueuse, enlevèrent 50 000 fr.
Vidocq.
Les marchands sont encore de fameux blagueurs.
Ricard.
(Larchey, 1865)
Blagueur
Loustic.
Il ne pouvait y avoir circonstance si grave qui empêchât ce blagueur fini de se livrer à sa verve.
L. Desnoyer.
(Delvau, 1867)
Blagueur
s. m. Gascon né sur les bords de la Seine, dont le type extrême est le baron de Worsmspire et le type adouci le Mistigris de Balzac.
(Rigaud, 1888)
Blagueur, Blagueuse
Bavard, menteur, vantard. C’est un joli blagueur. — La femelle, la blagueuse, n’est souvent qu’une gueuse qui a de la blague.
(Larchey, 1865)
Blaiche
Médiocre. — Du vieux mot blaiche : mou, paresseux. — V. Lacombe.
(Rigaud, 1888)
Blair
Nez, — dans le jargon des voleurs. — Se cingler le blair, se soûler.
(Virmaître, 1894)
Blaire
Nez. Cette expression est en usage depuis plus de cinquante ans dans les faubourgs, où les terreurs à la sortie des bals publics se bouffaient le blaire (Argot des souteneurs).
(Rossignol, 1901)
Blaire
Nez.
As-tu vu ce blaire ? on dirait une tranche de brie de 4 sous bien servie.
(Larchey, 1865)
Blaireau
Conscrit.
Moi, j’ai carotté un blaireau…
La Bédollière.
(Delvau, 1867)
Blaireau
s. m. Conscrit, — dans l’argot des vieux troupiers.
(Delvau, 1867)
Blaireau
s. m. Jeune homme de famille qui se croit des aptitudes littéraires et qui, en attendant qu’il les manifeste, mange sa légitime en compagnie de bohèmes littéraires.
(Rigaud, 1888)
Blaireau
Conscrit. — C’est-à-dire préposé au blaireau « balai », parce que les nouveaux venus au régiment ont plus que les autres droit aux honneurs du balayage.
(Rigaud, 1888)
Blaireau
Balai, — dans le jargon du régiment. Être de garde au blaireau, être de corvée au balayage.
(Rigaud, 1888)
Blaireauteau
Individu pourvu d’un grand nez ; c’est un dérivé de blair, — (jargon des voyous).
(Larchey, 1865)
Blaireauter
Peindre avec trop de fini, faire abus du pinceau de blaireau qu’on a entre les mains.
Aussi sa peinture est-elle fameusement blaireautée.
La Bédollière.
(Delvau, 1867)
Blaireauter
v. a. Peindre avec trop de minutie. — dans l’argot des artistes qui n’ont encore pu digérer Meissonnier.
(Delvau, 1867)
Blanc
s. m. Légitimiste, — dans l’argot du peuple, par allusion au drapeau fleurdelisé de nos anciens rois.
(Delvau, 1867)
Blanc
s. m. Vin blanc, — dans le même argot [du peuple].
(Rigaud, 1888)
Blanc
Terme de libraire : livre en feuille non encore broché.
(Rigaud, 1888)
Blanc
Partisan de la monarchie héréditaire. Allusion à la couleur du drapeau des anciens rois de France.
Dans les trois jours de baccanal !
Les blancs n’étaient pas à la noce
Tandis que moi j’étais t’au bal.
(L. Festeau, Le Tapageur.)
(Rigaud, 1888)
Blanc (envoyer au)
Envoyer promener, — dans le jargon des voyous ; par altération pour « envoyer au banc », c’est-à-dire envoyer s’asseoir. Adressée à une femme, l’expression prend le sens de « envoyer raccrocher », et fait partie du vocabulaire des souteneurs. L’étymologie est la même que dans mangeur de blanc.
(La Rue, 1894)
Blanc (être)
Être innocent. Être à blanc, avoir un faux nom.
(Rigaud, 1888)
Blanc (faire du)
Faire le joli cœur, l’empressé auprès d’une femme. C’est mot à mot : « faire les yeux blancs, les yeux amoureux », — dans le jargon des voyous. — Quand t’auras fini de faire du blanc, faudra le dire. On dit aussi faire le blanc, pour le blanc de l’œil.
(Rigaud, 1888)
Blanc (jeter du)
Interligner, intercaler entre les lignes composées à l’imprimerie de petites lames de plomb, afin de donner du jour et de favoriser le coup d’œil typographique.
(Rigaud, 1888)
Blanc (n’être pas)
Être compromis, craindre d’être réprimandé.
(Rigaud, 1888)
Blanc (verre de, un de)
(Rigaud, 1888)
Blanc d’Afrique
Les six et les cinq d’un jeu de dominos, dans le jargon des joueurs de dominos.
(Fustier, 1889)
Blanc d’Espagne
Sous le nom du parti des Blancs d’Espagne, on. désigne ainsi, dans le jargon politique et dans le langage de la presse, l’ensemble des légitimistes qui, après la mort du comte de Chambord, se sont ralliés à la cause du fils aîné de don Carlos, don Jayme. A cette dénomination plaisante, mise en circulation par un journaliste toulousain, les Blancs d’Espagne répondirent par cet autre sobriquet à l’adresse de leurs adversaires, partisans du comte de Paris : Blancs d’Eu.
Le parti des Blancs d’Espagne ne sera jamais sérieux.
(Ed. Hervé : Soleil, juillet 1884.)
Mr. E. Veuillot est un Blanc d’Espagne encore un peu honteux de proposer à la France de se soumettre à un étranger.
(Matin, juillet 1884.)
(Rigaud, 1888)
Blanc sale
Chiffon commun dans le jargon des chiffonniers.
(Delvau, 1867)
Blanc-vilain
s. m. Distributeur de boulettes municipales destinées aux chiens errants, — dans l’argot des faubouriens, qui, d’un nom propre probablement, ont fait une qualification applicable à une profession.
(Rigaud, 1888)
Blanc, Blanche
Eau-de-vie de marc.
Le blanc est une affreuse eau-de-vie composée de je ne sais trop quoi.
(Imbert.)
(Rossignol, 1901)
Blancharde
(Rigaud, 1888)
Blanche (Dame)
Bouteille de vin blanc, — dans le jargon des ivrognes, à qui le chef-d’œuvre de Boïeldieu a laissé des souvenirs.
(Virmaître, 1894)
Blanchette
Hiver. Allusion à la neige et au givre qui couvre les rues et les toits d’une nappe blanche (Argot des voleurs). N.
(Rossignol, 1901)
Blanchi
Chose connue.
C’est un vieux truc, il est blanchi depuis longtemps,
Un avocat blanchit son client.
(La Rue, 1894)
Blanchir du foie
(Delvau, 1867)
Blanchisseur
s. m. Celui qui revise un manuscrit, qui le polit, — dans l’argot des gens de lettres, par allusion à l’action du menuisier, qui, à coups de rabot, fait d’une planche rugueuse une planche lisse. Signifie aussi Avocat.
(La Rue, 1894)
Blanchisseur
(Virmaître, 1894)
Blanchisseur
Avocat. Ce mot date du procès du fameux empoisonneur Couty de Lapommerais. Dans les couloirs du palais, avant l’audience des assises, on discutait la condamnation ou l’acquittement ; la majorité des avocats étaient d’avis qu’il serait acquitté parce que Lachaud blanchit. Lachaud était le défenseur de Lapommerais. Les voleurs se souviennent du calembour (Argot des voleurs). N.
(Rossignol, 1901)
Blanchisseur
(Hayard, 1907)
Blanchisseur
(Virmaître, 1894)
Blanchisseuse
Pièce de cinquante centimes (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1864)
Blanchisseuse de tuyaux de pipe
Fille ou femme galante qui, d’une pipe en terre rouge, fait en un tour de cul ou de main une pipe en écume.
(Delvau, 1867)
Blanchisseuse de tuyaux de pipes
s. f. Fille ou femme de mauvaise vie, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Blanchisseuse de tuyaux de pipes
Femme qui crée des refuges insolites à la dépravation.
(Virmaître, 1894)
Blanchisseuse de tuyaux de pipes
Blanchisseuse qui ne blanchit jamais rien, elle n’a que l’apparence. Elle habite généralement aux environs des hôtels, pour avoir la clientèle des commis-voyageurs qui désirent être servis à la minute (Argot du peuple).
(La Rue, 1894)
Blanchouillard, blanchette
(Virmaître, 1894)
Blanchouillarde
Hiver. Diminutif de blanchette (Argot des voleurs).
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Blanquette
(Bras-de-Fer, 1829)
Blanquette
(Larchey, 1865)
Blanquette
Argenterie (Vidocq). — Allusion à la blancheur de son éclat.
(Delvau, 1867)
Blanquette
s. f. Argenterie, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Blanquette
Argenterie, — dans le jargon des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Blanquette
Argenterie (Argot des voleurs). N.
(Rossignol, 1901)
Blanquette
(Clémens, 1840)
Blanquette, Blanquette taroquée
Argenterie, idem marquée.
(Rigaud, 1888)
Blasé
Enflé, boursouflé, — dans le jargon des voleurs ; de l’allemand blasen, souffler.
(Delvau, 1867)
Blasé, ée
adj. Enflé, ée, — dans l’argot des voleurs, qui ont emprunté cette expression à l’allemand blasen (Souffler).
(Virmaître, 1894)
Blave
La cravate (Argot des voleurs). N.
(La Rue, 1894)
Blave à ressort
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Blavin
Mouchoir. Faire le blavin, voler le mouchoir.
(Bras-de-Fer, 1829)
Blavin
(Larchey, 1865)
Blavin
Mouchoir (Vidocq). — Dimin. du vieux mot blave : bleu. V. Roquefort. — Un grand nombre de mouchoirs sont de cette couleur. — Blaviniste : Voleur de mouchoirs. — V. Butter.
(Delvau, 1867)
Blavin
s. m. Mouchoir, — dans le même argot [des voleurs].
(Rigaud, 1888)
Blavin
Mouchoir, — dans l’ancien argot.
(Rigaud, 1888)
Blavin
Pistolet de poche, — dans le jargon des voleurs.
(Merlin, 1888)
Blavin
Mouchoir, — de l’argot parisien. On dit aussi un parc aux huîtres.
(Virmaître, 1894)
Blavin
Mouchoir. Une vieille chanson dit :
Le parrain care sa frime dans son blavin.
(Argot des voleurs). V. Aniterge.
(Clémens, 1840)
Blavin, Bogue à 4 quarts
(Delvau, 1867)
Blaviniste
s. m. Pickpocket qui a la spécialité des mouchoirs.
(Rigaud, 1888)
Blaviniste
Voleur de mouchoirs ; et, par extension, voleur qui s’attaque à des objets de peu d’importance.
(Virmaître, 1894)
Blaviniste
Voleur qui a la spécialité de faire le blavin (Mouchoir) (Argot des voleurs).
(Virmaître, 1894)
Blaze
Numéro (Argot des voleurs). N.
(Rossignol, 1901)
Blaze
Nom ; celui qui a raqué sous faux blaze a été condamné sous faux nom.
(Virmaître, 1894)
Blé
Argent monnayé (Argot des voleurs), V. Aubert.
(Delvau, 1867)
Blé battu
s. m. Argent, — dans l’argot des paysans de la banlieue de Paris, pour qui blé en grange représente en effet de l’argent. Avoir du blé en poche. Avoir de l’argent dans sa bourse. N’avoir pas de blé. N’avoir pas le sou.
(Rossignol, 1901)
Bleau
Prix. Acheter une chose bon bleau c’est l’acheter bon marché.
(La Rue, 1894)
Bléchard
Laid. Devenir bléchard, dépérir.
(Virmaître, 1894)
Bléchard
Laid, disgrâcié de la nature. Dans les faubourgs ou dit d’une femme dans ce cas :
— Elle est rien blèche (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bléchard
(Virmaître, 1894)
Blécharde
C’est le superlatif de bléchard. Pour bien accentuer on ajoute qu’elle a une gueule à faire tourner la soupe au lait (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Blèche
Laid, désagréable. — Faire blèche, amener un coup nul. (L. Larchey.)
(Rossignol, 1901)
Blèche
Vilain. Une chose ou personne vilaine est blèche.
(Hayard, 1907)
Blèche
Laid, mal tourné, disgracieux.
(Boutmy, 1883)
Blèche (faire)
v. Amener un coup nul au jeu des cadratins. Par extension, faire banque blèche, c’est ne pas toucher de banque. V. Banque.
(La Rue, 1894)
Blesche
Apprenti voleur. Médiocre, vilain, mauvais.
(Larchey, 1865)
Bleu
Conscrit. — Allusion à la blouse bleue de la plupart des recrues.
Celui des bleus qui est le plus jobard.
La Barre.
(Larchey, 1865)
Bleu
Gros vin dont les gouttes laissent des taches bleues sur la table.
La franchise, arrosée par les libations d’un petit bleu, les avait poussés l’un l’autre à se faire leur biographie.
Murger.
(Delvau, 1867)
Bleu
s. m. Bonapartiste, — dans l’argot du peuple, rendant ainsi à ses adversaires qui l’appellent rouge, la monnaie de leur couleur. Les chouans appelaient Bleus les soldats de la République, qui les appelaient Blancs.
(Delvau, 1867)
Bleu
s. m. Conscrit, — dans l’argot des troupiers ; cavalier nouvellement arrivé, — dans l’argot des élèves de Saumur.
(Delvau, 1867)
Bleu
s. m. Manteau, — dans l’argot des voyous, qui ont voulu consacrer à leur façon la mémoire de Champion.
(Delvau, 1867)
Bleu
s. m. Vin de barrière, — dans l’argot du peuple, qui a remarqué que ce Bourgogne apocryphe tachait de bleu les nappes des cabarets. On dit aussi Petit bleu.
(Delvau, 1867)
Bleu
s. m. Marque d’un coup de poing sur la chair. Faire des bleus. Donner des coups.
(Delvau, 1867)
Bleu
adj. Surprenant, excessif, invraisemblable. C’est bleu. C’est incroyable. En être bleu. Être stupéfait d’une chose, n’en pas revenir, se congestionner en apprenant une nouvelle. Être bleu. Être étonnamment mauvais, — dans l’argot des coulisses.
On disait autrefois : C’est vert ! Les couleurs changent, non les mœurs.
(Rigaud, 1888)
Bleu
« C’est le conscrit qui a reçu la clarinette de six pieds ; les plus malins (au régiment) ne le nomment plus recrue ; il devient un bleu. Le bleu est une espérance qui se réalise au bruit du canon. »
(A. Camus.)
En souvenir des habits bleus qui, sous la Révolution, remplacèrent les habits blancs des soldats. (L. Larchey)
(Rigaud, 1888)
Bleu
Manteau ; à l’époque où l’homme au petit manteau-bleu était populaire.
(La Rue, 1894)
Bleu
Conscrit. Vin. Manteau. C’est bleu ! c’est surprenant.
(Virmaître, 1894)
Bleu
Jeune soldat. Se dit de tous les hommes qui arrivent au régiment. Ils sont bleu jusqu’à ce qu’ils soient passés à l’école de peloton (Argot des troupiers).
(Rossignol, 1901)
Bleu
Soldat nouvellement incorporé. À l’époque où on ne recrutait pas dans le régiment de zouaves, celui qui y était admis après un congé de sept ans était encore un bleu ; les temps sont changés.
(Rigaud, 1888)
Bleu (être)
Éprouver une grande surprise. — Elle est bleue celle-là ! cette nouvelle est difficile à croire. — Faire des bleus, pincer de manière à laisser la signature des doigts sur la chair. — Passer au bleu, avoir perdu un objet, se consoler d’une perte. — En faire voir des bleues, causer des contrariétés. — Colère bleue, violente colère.
(Rigaud, 1888)
Bleu (gros)
Gros vin du midi, vin dont on se sert pour les coupages.
(Virmaître, 1894)
Bleu (j’en suis)
Être étonné, ne rien comprendre, en rester ébahi (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Bleu (n’y voir que du)
Être volé sans s’en apercevoir (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bleu (n’y voir que du)
Ne pas s’apercevoir d’une chose que l’on vous fait.
Je lui ai ratissé son morlingue, il n’y a vu que du bleu. — J’ai fait passer au bistro deux bocks au bleu.
(Virmaître, 1894)
Bleu (passer au bleu)
Faire disparaître un objet quelconque. Le samedi de paye quand l’ouvrier care un peu de galtouze, la ménagère dit :
— Mon vieux tu m’as fait passer cent sous au bleu (Argot du peuple).
(Hayard, 1907)
Bleu (passer au)
(Rigaud, 1888)
Bleu, Petit bleu
Mauvais vin qui tâche la nappe en bleu. — Mettre le piton dans le bleu, boire du vin au litre. — Voué au bleu, ami de la bouteille.
(Virmaître, 1894)
Bleuet
Billet de banque. Allusion à la couleur bleue des précieux papiers (Argot des voleurs). V. Talbin d’altèque.
(Rigaud, 1888)
Blézimarder
Se couper mutuellement la réplique, empêcher le voisin de dire sa phrase, émonder le dialogue comme un jardinier émonde un arbre à grands coups de serpe, — dans le jargon des acteurs. (Figaro du 31 juillet 1876, cité par Littré.) C’est sans doute une altération toute moderne de blesinarder, qui voulait dire flâner, musarder.
Ce verbe, dit M. Duflot, vient de Blésinard, un des types de Grassot, personnage flâneur, débraillé et sans soucis, dans la Vénus à la fraise.
(Rigaud, 1888)
Blindé
Ivre au superlatif, — dans le jargon des ouvriers. — Blindé ! pour avoir étouffé cinq ou six perruches ! t’es donc pas un homme ?
(Rigaud, 1888)
Blindé
C’est un des noms que le peuple a donnés aux nouveaux urinoirs successeurs des rambuteaux. Les variantes sont : Les cuirassés, les tourne-autour, les introuvables.
(Rigaud, 1888)
Blindocher (se)
Se griser légèrement. C’est le diminutif d’être blindé, — dans le jargon du peuple. — Je me blindoche le dimanche et je suis blindé le lundi.
(Larchey, 1865)
Bloc
Prison. — Du vieux mot bloc : barrière. V. Roquefort.
Prenez trois hommes et menez cette fille au bloc.
V. Hugo.
(Delvau, 1867)
Bloc
s. m. La salle de police. Argot des soldats. Être au bloc. Etre consigné. Signifie aussi Prison.
(Rigaud, 1888)
Bloc
Prison, salle de police, — dans le jargon des troupiers.
Encore deux jours de bloc pour cette chienne de théorie.
(Randon, Croquis militaires.)
Pourquoi es-tu au bloc, mon pauvre vieux ?
(Vte Richard, Les Femmes des autres.)
Mettre, fourrer au bloc, consigner.
(Merlin, 1888)
Bloc
Salle de police, prison. On dit : mettre, et mieux f… au bloc, à la boîte, ou clou, etc.
(Delvau, 1867)
Blockhaus
s. m. Garni, — dans l’argot des chiffonniers, qui parlent allemand sans le savoir.
(Merlin, 1888)
Blockhauss
Schako, — de l’allemand Block et house, ou haus.
(Virmaître, 1894)
Blokaus
Chapeau haut de forme (Argot du peuple). V. Bloum.
(Delvau, 1864)
Blonde
Maîtresse, — quelle que soit la couleur de ses cheveux ou de son poil.
Puissé-je…
Cramper dans le cul
De ma blonde !
Émile Debraux.
(Larchey, 1865)
Blonde
Amante.
Blonde s’emploie dans ce sens sans distinction de la couleur des cheveux, car il existe une chanson villageoise où, après avoir fait le portrait d’une brune, l’amoureux ajoute qu’il en fera sa blonde.
Monnier, 1831.
(Delvau, 1867)
Blonde
s. f. Maîtresse, — dans l’argot des ouvriers.
(Rigaud, 1888)
Blonde
Vin blanc, bouteille de vin blanc. Être porté sur la blonde, peloter la blonde, aimer le vin blanc. Se coller une ou deux blondes dans le fanal pour tasser les imbéciles, boire une ou deux bouteilles de vin blanc pour arroser les huîtres. — Courtiser la brune et la blonde, boire alternativement, au cours d’un repas, du vin blanc et du vin rouge.
(Rigaud, 1888)
Blonde
Maîtresse, amante. Se dit surtout en parlant de la maîtresse d’un homme marié. C’est l’autre, le numéro deux, quelle que soit d’ailleurs la nuance de ses cheveux. Le blond est une couleur tendre et la blonde représente la tendresse en ville. — Être chez sa blonde, Aller voir sa blonde.
— Si j’vas diner avec ma blonde,
Je n’sais pourquoi, je fuis tout l’monde ;
Avec sa femm’ pas tant d’façon,
On est très bien, même dans l’salon.
(Meinfred, Le Garçon converti, chans.)
(Fustier, 1889)
Blonde, brune
Verre de bière de couleur brune ou blonde.
Les garçons (de café) libérés avant leurs confrères dépouillent rapidement la veste et le tablier blanc, se mettent en civil comme ils disent, et s’en vont boire des bocks dans les brasseries attardées. Seulement, ils ne sont pas assez naïfs pour donner en s’en allant le pourboire d’usage ; ils demanderaient plutôt, quand vient le quart d’heure de Rabelais, une remise sur le prix des brunes et des blondes qu’ils ont absorbées.
(Figaro, 1882.)
(Delvau, 1864)
Blondin
Séducteur, quelle que soit la couleur de ses cheveux.
L’autr’ jour, en rentrant chez moi,
J’trouv’la cle dans la serrure…
J’entre et j’ vois ma femm’ près d’un grand blondin,
Tout autre aurait pris la mouche soudain…
J. E. Aubry.
De certain blondin la binette
Me faisait mazurker le cœur.
S. Tostain.
(Larchey, 1865)
Bloquer
Consigner.
Colonel, c’est que je suis bloque. — Je vous débloque.
J. Arago, 1838.
(Delvau, 1867)
Bloquer
v. a. Mettre un soldat au bloc, à la salle de police, — ce qui est le boucler, vieille forme au verbe blouquet.
(Delvau, 1867)
Bloquer
v. a. Abandonner, — dans l’argot des voleurs.
(Delvau, 1867)
Bloquer
v. a. Jouer à la bloquette, — dans l’argot des enfants.
(Boutmy, 1883)
Bloquer
v. a. Remplacer provisoirement un signe typographique dont on manque par un autre de même force. Par extension, Manquer, faire défaut, faillir. Bloquer le mastroquet, c’est ne pas payer le marchand de vin.
(Rigaud, 1888)
Bloquer
Mettre en prison, au bloc — dans le jargon des troupiers.
(Rigaud, 1888)
Bloquer
Abandonner, — dans le jargon des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bloquer
Faire défaut, faillir, dans le jargon des typographes ; allusion au terme d’imprimerie bloquer qui a le sens de mettre provisoirement un caractère au lieu et place d’un autre. (L. Larchey) Bloquer le mastroquet, ne pas payer le marchand de vin.
(La Rue, 1894)
Bloquer
Mettre en prison. Abandonner.
(Delvau, 1867)
Bloquette
s. f. Jeu de billes, auquel on bloque.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Bloquir
(Bras-de-Fer, 1829)
Bloquir
(Delvau, 1867)
Bloquir
v. a. Vendre des objets volés, ordinairement en bloc. (V. Abloquer.)
(Rigaud, 1888)
Bloquir
Vendre. — Bloquisseur, bloquisseuse, marchand, marchande, — dans le jargon des voleurs.
(Larchey, 1865)
Blot
Bon marché (Vidocq). — Corruption de Bloc. Les marchés d’objets en bloc sont, on le sait, les plus avantageux.
(Delvau, 1867)
Blot
s. m. Prix d’une chose, — dans l’argot des faubouriens. C’est mon blot ! Cela me convient.
(Rigaud, 1888)
Blot
Chose, affaire qui convient. « Ça fait mon blot », ça fait mon affaire. C’est simplement le mot lot augmenté d’un B.
L’as-tu enfin le sénat de tes rêves ?.. Voyons, cette fois-ci, ça fait-il ton blot ?
(Le Titi, 1879.)
(La Rue, 1894)
Blot
Prix. À bas blot, à bas prix.
(Virmaître, 1894)
Blot (c’est mon blot)
J’ai ce que je désire, elle fait bien mon blot. Ça fait le blot, ça fait le compte (Argot du peuple). V. Balle. N.
(Virmaître, 1894)
Bloum
Même signification que précédemment (Argot du peuple).
(Rigaud, 1888)
Bloûm
Chapeau haute forme, dans le jargon des voyous. Allusion au bruit produit par un coup de poing appliqué sur un chapeau haute forme ; le renfoncement est un genre de plaisanterie très goûté dans le monde des voyous.
(Delvau, 1864)
Blouse
La nature de la femme, qui, au jeu de billard amoureux, reçoit les deux billes de l’homme — avec la queue.
Que je voudrais avoir aussitôt un écu,
Voire deux, voire trois, dans ma pauvre fouillouse.
Comme on a mis de coups dedans votre belouse.
Trottbrel.
(Delvau, 1867)
Blouse (la)
Le peuple, — dans l’argot dédaigneux des gandins.
(Rigaud, 1888)
Blouse blanche
Faux ouvrier vêtu d’une blouse blanche et fortement soupçonné d’appartenir à la police On a reproché au dernier gouvernement impérial d’avoir, en 1870, favorisé la bruyante manifestation des blouses blanches en faveur de la guerre. On les a vues parcourir le boulevard aux cris de : « A Berlin ! à Berlin ! »
(Delvau, 1867)
Blouser (se)
v. réfl. Faire un pas de clerc, une sottise ; se tromper, — dans l’argot du peuple, qui a voulu faire une allusion à la blouse du billard.
(Larchey, 1865)
Blousier
Voyou, mot à mot : porteur de blouse.
Vous verrez là des blousiers qui viennent fumer.
Delvau.
(Delvau, 1867)
Blousier
s. m. Voyou, porteur de blouse, — dans l’argot des gens de lettres.
(Rigaud, 1888)
Blousier
Individu vêtu d’une blouse ; se prend, le plus souvent, en mauvaise part, pour désigner un voyou.
(Rigaud, 1888)
Bobèche, Bobe, Bobéchon
Tête. Se monter le bobe, se monter le bobéchon, se passionner pour.
(Delvau, 1867)
Bobèchon
s. m. La tête, — dans l’argot du peuple, par allusion à la bobèche qui surmonte le chandelier. Se monter le bobèchon. S’illusionner sur quelqu’un ou sur quelque chose ; se promettre monts et merveilles d’une affaire — qui accouche d’une souris.
(Virmaître, 1894)
Bobéchon (se monter le)
On dit aussi se monter le bourrichon. Croire qu’une chose fausse est vraie et prendre un désir pour une réalité (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Bobelin
Botte, — dans le jargon des revendeurs.
(Delvau, 1867)
Bobelins
s. m. pl. Bottes, — dans l’argot des marchandes du Temple, qui ont l’air d’avoir lu Rabelais.
(Virmaître, 1894)
Bobinche
L’ancien théâtre Bobino. Les étudiants disaient Bobinsky (Argot des étudiants).
(Delvau, 1867)
Bobine
s. f. Tête, visage, — dans l’argot du peuple, qui a constaté fréquemment les bobes ou grimaces que les passions font faire à la figure humaine, d’ailleurs terminée cylindriquement.
(Rigaud, 1888)
Bobine
Tête, physionomie. — Bobine décidée, crâne chauve. La variante est : Bille d’ivoire.
Comme ta bille d’ivoire reluit ! disait à Murger une Aspasie au rabais. — Je crois bien, je fais venir le frotteur une fois par semaine.
(Virmaître, 1894)
Bobine
Tête (Argot du peuple). V. Tronche.
(Rossignol, 1901)
Bobine
Visage.
Tu es malade, il faut te soigner : tu as une sale bobine.
(Hayard, 1907)
Bobine (en jonc)
(Hayard, 1907)
Bobine (en plâtre)
Montre et chaîne en argent.
(La Rue, 1894)
Bobine (laisser en)
Abandonner. Mettre en bobine. Engager ses effets.
(La Rue, 1894)
Bobine, bobéchon
(Rigaud, 1888)
Bobine, Bogue
Montre, — dans le jargon des voleurs. — Bobine à la manque, montre en cuivre.
(La Rue, 1894)
Bobine, bogue
(Rigaud, 1888)
Bobinette (jeu de la)
Jeu de dés tenu dans les foires par les truqueurs. « Jeu franc et loyal » comme ils disent. Lisez : « Un jeu de dupes ».
(Delvau, 1867)
Bobino
s. m. Montre, — dans l’argot des voleurs. Ils disent aussi Bobine.
(Delvau, 1867)
Bobino
Le théâtre du Luxembourg, qui a disparu. Argot des étudiants. On disait aussi Bobinche et Bobinski.
(Virmaître, 1894)
Bobino en jonc
Montre en or (Argot des voleurs).
(Virmaître, 1894)
Bobino en platre
Montre en argent (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Bobino ou Bob
Montre.
J’ai payé le bobino et la bride trois cigs.
Montre et chaîne trois louis.
(Rigaud, 1888)
Bobinskoff
Entreteneur sérieux, — celui qui tient la bobine de la destinée d’une femme, — dans le jargon des filles entretenues, chez qui la mode, pour le moment, est de russifier certains noms. C’est ainsi que Machinscoff signifie le premier venu, Machin, et Beguinskoff, celui qui est l’objet d’un caprice, béguin.
(Delvau, 1867)
Bobo
s. m. Mal, — dans l’argot des enfants. Il n’y a pas de bobo. Il n’y a pas de mal, — dans l’argot des faubouriens, qui parlent ici au figuré.
(Rigaud, 1888)
Bobonne
Bonne, servante.
Tout au plus si les petits garçons qui marchaient en tête risquèrent une observation sur la bobonne d’Emma.
(Ed. About, Trente et quarante, 1865.)
(Delvau, 1864)
Bobosse
Entreteneur, miché sérieux.
Mais parlez-moi d’ ces vieux bobosses
Qui sans façon vous font présent
D’une guimbarde et de deux rosses :
C’est du nanan.
Émile Debraux.
(Delvau, 1867)
Bobosse
s. m. Vieux galantin bossu, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bobosse
s. f. Fille ou femme affligée d’une gibbosité. Argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Bobosse
Bosse. — Bossue. (L. Larchey) Elle est un peu bobosse. Avoir une bobosse dans l’estomac, être enceinte.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Boc
Montre. Boc d’orient, montre d’or.
(Delvau, 1864)
Boc, bocan, boucan ou bocard
Bordel, — dans l’argot militaire ou populaire. — Voir aussi boxon et bousin.
Le meilleur bocan du Marais
Devient presque une solitude.
Cyrano de Bergerac.
Chez la grosse Catedu, vas-tu donc au bocan ?
La Fontaine.
(Larchey, 1865)
Boc, bocard, bocson
Mauvais cabaret, lieu de débauche. — Vient du vieux mot boque : bouc. V. Roquefort. — Le bouc est l’emblème de la luxure et des querelles. On disait jadis boquer pour frapper.
Montron, ouvre ta lourde, si tu veux que j’aboule et pionce en ton bocson.
Vidocq.
(Larchey, 1865)
Bocal
Petit appartement.
Voyons si le susdit bocal est toujours à louer.
Montépin.
(Larchey, 1865)
Bocal
Estomac.
Au restaurant le bohème dit qu’il va se garnir le bocal.
Lespès.
Dans les deux mots, l’allusion s’explique d’elle-même, et les logements parisiens continuent de la mériter.
(Delvau, 1867)
Bocal
s. m. Carreau de vitre, — dans l’argot des faubouriens.
(Delvau, 1867)
Bocal
s. m. Estomac. Se garnir le bocal. Manger.
(Rigaud, 1888)
Bocal
Vitre, — dans le jargon des voleurs. — Camelotte en bocal, marchandise sous vitrine.
(Rigaud, 1888)
Bocal
Estomac. Bocal vide, estomac à jeun. Emplir le bocal, manger. — Se rincer le bocal, boire.
(La Rue, 1894)
Bocal
Vitre. Estomac. Logement.
(Rossignol, 1901)
Bocal ou boc (?)
(Clémens, 1840)
Bocard
Lieu public où vont les filles.
(Delvau, 1867)
Bocard
s. m. Mauvais lieu habité par des femmes de mauvaise vie. Argot des soldats.
(Rossignol, 1901)
Bocard
Tôle ou Christ, maison à grand numéro.
(La Rue, 1894)
Bocard, bordel
(Delvau, 1867)
Boche
s. m. Mauvais sujet — dans l’argot des petites dames, qui le préfèrent au muche. (V. ce dernier mot.)
(La Rue, 1894)
Boche
Mauvais, laid. Allemand. Tête de boche, individu entêté ou d’esprit borné, tête dure.
(Virmaître, 1894)
Boche
Allemand (Argot du peuple). V. Alboche.
(Boutmy, 1883)
Boche (tête de)
s. f. Tête de bois. Ce terme est spécialement appliqué aux Belges et aux Allemands parce qu’ils comprennent assez difficilement, dit-on, les explications des metteurs en pages, soit à cause d’un manque de vivacité intellectuelle, soit à cause de la connaissance imparfaite qu’ils ont de la langue française et de leur impardonnable ignorance de l’argot typographique.
(Rigaud, 1888)
Boche (tête de)
Tête dure, individu dont l’intelligence est obtuse, c’est-à-dire tête de bois, — dans le jargon du peuple. Dans le patois de Marseille une boule à jouer est une boche.
(Rossignol, 1901)
Boche ou Alboche
Tous ceux des nationalités où l’on parle allemand.
(Rossignol, 1901)
Bochon
Coup. Recevoir un coup, c’est attraper un bochon.
(Rigaud, 1888)
Bock
Verre de bière, plus grand que la chope. De l’allemand bockbier, bière nouvelle, mot à mot : bière de bouc.
(Rigaud, 1888)
Bocker
Prendre des bocks.
Ne pas bocker le soir ! mais mon chat, pourquoi ne m’envoies-tu pas en province tout de suite ?
(Darjou, Croquis parisiens.)
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Bocoter
(Delvau, 1867)
Bocotter
v. n. Murmurer, marmotter entre ses dents ; rechigner, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bocotter
Grogner, ne pas être content.
(Rigaud, 1888)
Bocson
Maison de tolérance, lieu mal famé.
(Larchey, 1865)
Bœuf
Monstrueux. — Mot à mot : aussi énorme qu’un bœuf.
Regarde donc la débutante. Quel trac bœuf ! Elle va se trouver mal.
Ces Petites Dames.
(Delvau, 1867)
Bœuf
s. m. Second ouvrier, celui à qui l’on fait faire la besogne la plus pénible. Argot des cordonniers.
(Delvau, 1867)
Bœuf
adj. Énorme, extraordinaire, — dans l’argot des faubouriens. Avoir un aplomb bœuf. Avoir beaucoup d’aplomb.
(Boutmy, 1883)
Bœuf
s. m. Colère, mécontentement ; synonyme de chèvre. V. ce mot. Ajoutons cependant que le bœuf est un degré de mécontentement plus accentué que la chèvre. Le bœuf est une chèvre à sa plus haute puissance. Gober, avoir son bœuf, être très contrarié, se mettre en colère.
(Boutmy, 1883)
Bœuf
s. m. Composition de quatre ou cinq lignes qu’un compagnon fait gratuitement pour son camarade momentanément absent. S’emploie presque exclusivement dans les journaux. On disait autrefois tocage.
(Rigaud, 1888)
Bœuf
Énorme, colossal. — Un succès bœuf, un aplomb bœuf ; n’est guère employé qu’avec ces deux mots.
(Rigaud, 1888)
Bœuf
Second ouvrier cordonnier. — Ouvrier tailleur qui fait les grosses pièces. — Petit bœuf, ouvrier qui commence une pièce, qui l’ébauche.
(Rigaud, 1888)
Bœuf
Mauvaise humeur, emportement, colère. Dans le jargon des typographes, ce mot est synonyme de chèvre. — Prendre un bœuf, gober son bœuf, avoir son bœuf, se mettre en colère, être en colère.
(Fustier, 1889)
Bœuf
Joli, agréable. C’est rien bœuf ! dit le peuple.
(La Rue, 1894)
Bœuf
Mauvaise humeur. Prendre un bœuf, se mettre en colère.
(Virmaître, 1894)
Bœuf (avoir un mâle)
Être fort en colère. Superlatif de bouffer son bœuf (Argot d’imprimerie).
(Rigaud, 1888)
Bœuf (être le)
Payer pour les autres, avoir tous les désagréments d’une affaire, supporter, seul, les conséquences d’une entreprise qui a mal tourné.
(Rigaud, 1888)
Bœuf (faire un)
Remplacer momentanément à la besogne un compagnon qui est allé relever un factionnaire, par exemple, — dans le jargon des typographes.
(Rigaud, 1888)
Bœuffer
Ramer, — dans le jargon des canotiers de la Seine. C’est-à-dire se fatiguer autant qu’un bœuf.
(Boutmy, 1883)
Bœufier
s. m. Facile à mettre en colère, qui gobe facilement son bœuf.
(Virmaître, 1894)
Bog en jonc
Montre en or. Quelques-uns écrivent bogues et baube, mais ce n’est pas exact (Argot des voleurs).
(Larchey, 1865)
Bog, bogue
Montre. — Onomatopée ; bog comme toc imite le bruit de la montre. — V. Toquante, Butter, Litrer, Billon.
(Delvau, 1867)
Bogue
s. f. Montre, — dans l’argot des voleurs. Bogue en jonc. Montre en or. Bogue en plâtre. Montre en argent.
(Bras-de-Fer, 1829)
Bogue d’Orient
(Halbert, 1849)
Bogue en jonc
(Halbert, 1849)
Bogue en platre
(Larchey, 1865)
Bogue en plâtre, en jonc
Montre d’argent, d’or. — Allusions de couleurs. — Tire-bogue : Voleur de montres. — Boguiste : Horloger.
(Rossignol, 1901)
Bogue ou polard ?
On raconte que les fakirs Indiens s’y passent en signe de chasteté, un gros anneau en fer.
(Clémens, 1840)
Bogue, Toquente
(Rigaud, 1888)
Boguiste
Horloger, — dans le jargon des voleurs. — Ma toquante a le trac, faudrait la mettre en pension chez le boguiste, ma montre est détraquée, il faudrait la confier à l’horloger.
(Larchey, 1865)
Bohème
« La bohème se compose de jeunes gens. tous âgés de plus de vingt ans, mais qui n’en ont pas trente, tous hommes de génie en leur genre, peu connus encore, mais qui se feront connaître, et qui seront alors des gens fort distingués… Tous les genres de capacité, d’esprit, y sont représentés… Ce mot de bohème vous dit tout. La bohème n’a rien et vit de ce qu’elle a. »
Balzac.
La citation suivante est le correctif de cette définition trop optimiste.
La bohème, c’est le stage de la vie artistique, c’est la préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou de la Morgue… Nous ajouterons que la bohème n’existe et n’est possible qu’à Paris.
Murger.
On dit un bohème.
Tu n’es plus un bohème du moment que je t’attache à ma fortune.
Augier.
Comme on voit, le bohème du dix-neuvième siècle n’a de commun que le nom avec celui de callot. Saint-Simon a connu l’acception fantaisiste du mot bohème. M. Littré en donne un exemple, bien qu’il n’admette bohème qu’en mauvaise part.
(Delvau, 1867)
Bohème
s. f. Etat de chrysalide, — dans l’argot des artistes et des gens de lettres arrivés à l’état de papillons ; Purgatoire pavé de créanciers, en attendant le Paradis de la Richesse et de la Députation ; vestibule des honneurs, de la gloire et du million, sous lequel s’endorment — souvent pour toujours — une foule de jeunes gens trop paresseux ou trop découragés pour enfoncer la porte du Temple.
(Delvau, 1867)
Bohème
s. m. Paresseux qui use ses manches, son temps et son esprit sur les tables des cafés littéraires et des parlottes artistiques, en croyant à l’éternité de la jeunesse, de la beauté et du crédit, et qui se réveille un matin à l’hôpital comme phthisique ou en prison comme escroc.
Ce mot et le précédent sont vieux, — comme la misère et le vagabondage. Ce n’est pas à Saint-Simon seulement qu’ils remontent, puisque, avant le filleul de Louis XIV, Mme de Sévigné s’en était déjà servie. Mais ils avaient disparu de la littérature : c’est Balzac qui les a ressuscités, et après Balzac, Henri Murger — dont ils ont fait la réputation.
(Rigaud, 1888)
Bohême
« Une société composée de toutes les sociétés, bizarre, monstrueux assemblage de talent et de bêtise, d’ivresse et de poésie, d’avenir et de néant, et qu’on nomme la bohème. » (H. Maret, Le Tour du monde parisien.)
C’est un vice de nature qui fait le bohème. Il naît de la paresse et de la vanité combinées. Tant qu’il y aura des paresseux et des vaniteux. il y aura des bohèmes.
(G. Guillemot, Le Bohême, 1868.)
(Hayard, 1907)
Boigne (donner une)
(Virmaître, 1894)
Boilard
Le temps (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Boileau
Souliers percés.
Mes chaussures qui etaient des molières sont maintenant des boileaus.
(Virmaître, 1894)
Boire à la grande tasse
Se jeter dans la Seine. En effet, l’homme qui se noie peut boire à son aise, la tasse est assez large et assez profonde (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Boire à la grande tasse
Se jeter à l’eau pour se suicider.
(Delvau, 1864)
Boire au goulot
Sucer un homme.
Mais, grossier comme un matelot,
Par le rustre je fus forcée
De boire à même le goulot.
Marcillac.
(Rigaud, 1888)
Boire dans la grande tasse
Se noyer, être noyé. (L. Larchey)
(Delvau, 1864)
Boire dans le même verre
Baiser à plusieurs la même femme, — qui heureusement a le soin de se rincer après que chacun de ses amants a bu.
(Boutmy, 1883)
Boire de l’encre
C’est la situation fâcheuse à laquelle parait réduit un frère qui, invité à prendre sa part d’une consommation, arrive quand la fiole a été vidée rubis sur l’ongle. Dans son désappointement, il ne manque pas de s’écrier : Est-ce que vous croyez que je vais boire de l’encre ? Non, car on fait alors apporter aussitôt une autre fiole.
(Rigaud, 1888)
Boire de l’encre
Arriver lorsqu’une tournée a été déjà absorbée ou qu’il ne reste plus rien dans un litre. (Argot des typographes).
(Delvau, 1867)
Boire du lait
v. a. Avoir un joli succès, dans l’argot des comédiens, assez chats.
(Rigaud, 1888)
Boire du lait
Être content par suite d’un succès, par suite de louanges ; éprouver de la satisfaction.
(Virmaître, 1894)
Boire du lait
Être content. Se réjouir du mal qui arrive à un ennemi (Argot du peuple).
(Delvau, 1864)
Boire seul
Se masturber, ce qui est jouir en égoïste, sans trinquer avec un vagin.
V’là que j’bande… Ah ! n’craignez rien… J’n’ai jamais eu c’ défaut-là… Un Français ne… boit… jamais seul…
Tisserand.
(Delvau, 1864)
Boire un coup
Gamahucher une femme après l’avoir baisée, pour se préparer au second coup. La femme ne s’étant pas lavée, on est obligé d’ingurgiter le résultat de la première émission. Ce qui est rentrer dans son bien… avec intérêts. Voici à ce sujet une anecdote qui explique la chose :
M. Z., couché avec une actrice de la Comédie-Française, Mademoiselle X, avait déjà, courant la poste, fait une course… féconde. La fantaisie lui vint de gamahucher. Il invita donc la dame à passer au lavabo. Celle-ci, craignant le froid, ou ne tenant au sacrifice que pour plaire au sacrificateur, ne daigna pas se déranger, et, parodiant un vieux proverbe, elle s’écria en riant : « Ah ! bah !… quand le coup est tiré, il faut le boire ! »
(Delvau, 1867)
Boire une goutte
v. a. Être sifflé, — dans le même argot [des comédiens]. Payer une goutte. Siffler.
(Rigaud, 1888)
Boire une goutte
Être sifflé. — Payer une goutte, siffler, — dans le jargon des acteurs.
(Rossignol, 1901)
Bois
Meubles ; mes bois, mes meubles.
(La Rue, 1894)
Bois (être dans ses)
(Rigaud, 1888)
Bois (mettre du)
En style de vaudevilliste, c’est envoyer des amis çà et là, un peu à toutes les places, pour réchauffer l’enthousiasme du public engourdi par le froid de certaines pièces. Le rôle des amis consiste à s’écrier :
Admirable ! sublime ! comme c’est trouvé !… Quel talent !… C’est du Molière !
Coût à l’auteur : un souper à base de choucroûte ou de volaille froide, selon que la pièce est en un acte ou en cinq actes.
(Halbert, 1849)
Bois au-dessus de l’œil-jard
Savoir et entendre l’argot.
(Rigaud, 1888)
Bois blec
Toupie d’un sou, — dans le jargon des enfants. Mot à mot : toupie en bois blec ; blec pour blanc.
(Delvau, 1867)
Bois pourri
s. m. Amadou, dans l’argot des voyous.
(Delvau, 1867)
Bois-tortu
s. m. Vigne, — dans l’argot des voleurs, qui ont emprunté ce mot aux poètes du XVIIe siècle.
(Rigaud, 1888)
Boisé (être)
Être trompé par sa femme.
(Delvau, 1867)
Boisseau
s. m. Schako, — dans l’argot des vieux troupiers.
(Rigaud, 1888)
Boisseau
Schako. — Chapeau haute forme.
(Rigaud, 1888)
Boisseau
Litre de vin. — Demi-boisseau, demi-litre.
(Merlin, 1888)
Boisseau
Schako, comme le précédent.
(La Rue, 1894)
Boisseau
Litre de vin. Tête. Chapeau haut de forme.
(Virmaître, 1894)
Boisseau
Chapeau haut de forme. Allusion de forme et aussi à la grandeur de certains chapeaux qui, assurément, pourraient servir à mesurer des pommes de terre (Argot du peuple). V. Bloum.
(Rossignol, 1901)
Boisseau
(Larchey, 1865)
Boissonner
Boire avec excès (d’Hautel).
Dites donc, voisin, on a un peu boissonné chez vous hier ?
Gavarni.
(Delvau, 1867)
Boissonner
v. n. Boire plus que de raison.
(Fustier, 1889)
Boissonneur
Pilier de cabaret.
Que sa sœur lâchât un boissonneur comme Anatole, rien de plus naturel.
(Huysmans : Les Sœurs Vatard.)
(Delvau, 1867)
Boissonnier
(Merlin, 1888)
Boit dans son blanc (un)
Troupier à moustaches grises.
(Virmaître, 1894)
Boit sans soif
(Delvau, 1867)
Boite
s. f. Théâtre de peu d’importance, — dans l’argot des comédiens ; bureaux de ministère, — dans l’argot des employés ; bureau de journal, — dans l’argot des gens de lettres ; le magasin ou la boutique, — dans l’argot des commis.
(Delvau, 1864)
Boîte
Sous-entendu : à jouissance, ou bien encore, boîte à pines. Fille publique.
(Boutmy, 1883)
Boîte
s. f. Imprimerie, et particulièrement mauvaise petite imprimerie. C’est une boîte, dit un vieux singe ; il y a toujours mèche, mais hasard ! au bout de la quinzaine banque blèche. Casse. Faire sa boîte, c’est distribuer dans sa casse. Pilleur de boîtes ou fricoteur, celui qui prend, à l’insu et au détriment de ses compagnons, et dans leurs casses, les sortes de caractères les plus courantes dans l’ouvrage qu’il compose, et qui manquent au pilleur ou qu’il a déjà employées. V. Planquer des sortes.
(Rigaud, 1888)
Boîte
Atelier, maison, magasin, établissement quelconque
Dans l’argot domestique, tout ce qui n’est pas une bonne maison est une boite. Une bonne maison est celle où les maîtres ne sont pas regardants et où l’on peut s’arrondir sans être inquiété.
(Bernadille, Esquisses et Croquis parisiens.)
(Fustier, 1889)
Boîte
Argot militaire. Salle de police. Coucher à la boîte, boulotter de la boîte : être souvent puni ; avoir une tête à boîte : être affligé d’une maladresse qui attire sur vous les préférences de l’instructeur. — Grosse boîte, prison.
(Rossignol, 1901)
Boîte
Terme d’employés ou d’ouvriers. Un agent de police qui va à la préfecture va à la boîte. Pour un employé, son magasin est sa boîte ; l’atelier pour l’ouvrier est sa boîte.
(Rossignol, 1901)
Boîte
Salle de police. Tous ceux qui ont été militaires ont certainement entendu dire par tous les grades.
Je vais vous flanquer à la boîte.
(Rigaud, 1888)
Boîte (faire sa)
Distribuer les caractères d’imprimerie dans la casse. — (Jargon des typos.)
(Rigaud, 1888)
Boîte (fermer la)
Fermer la bouche, se taire.
(Virmaître, 1894)
Boîte (la grande)
La préfecture de police (Argot des voleurs). V. Tour pointue.
(Rigaud, 1888)
Boîte à asticots
Cercueil,
Ah ! tu veux rire, satané pilier de beuglant ! mais attends un peu que je sorte de ma boîte à asticots, et tu verras !
(Saint-Patrice, Aventure de Nabuchodonosor Nosebreaker.)
(Rigaud, 1888)
Boîte à cailloux
Prison. Le mot date du XVIIIe siècle. Aujourd’hui les soldats appellent simplement boite, la salle de police. La variante est : boîte aux réflexions.
(Delvau, 1867)
Boite à cornes
s. f. Chapeau, coiffure quelconque, — dans l’argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Boîte à cornes
(Virmaître, 1894)
Boîte à cornes
Chapeau. Allusion aux cocus qui y cachent leurs cornes (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Boîte à cornes
Chapeau haut de forme ou autres.
(Hayard, 1907)
Boîte à cornes
(Virmaître, 1894)
Boîte à domino
Brancard couvert qui sert dans les hôpitaux à transporter les morts de leur lit à l’amphithéâtre. Allusion de forme (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Boite à dominos
s. f. Cercueil, — dans l’argot des faubouriens.
(Virmaître, 1894)
Boîte à dominos
La bouche. Allusion à la blancheur des dents et à leur forme qui ressemble aux dés (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Boîte à dominos
(Hayard, 1907)
Boîte à dominos
(La Rue, 1894)
Boîte à dominos, au chocolat
(Rigaud, 1888)
Boîte à dominos, boîte à doche
Cercueil. Le corps y est serré comme des dominos dans leur boîte. La variante boîte à doche offre un jeu de mots sur à mère et amère. Doche en argot veut dire mère ; c’est-à-dire la boîte à mère pour amère.
(Rigaud, 1888)
Boîte à Jouanne
Ventre, — dans le jargon des voyous. Jouanne est le nom d’un célèbre marchand de tripes à la mode de Caen, le Napoléon de la tripe.
(Rossignol, 1901)
Boîte à jus
Cafetière des marchandes ambulantes.
(Virmaître, 1894)
Boîte à lait
Les seins. L’allusion est jolie. Les seins d’une jolie femme sont certainement des boîtes à lait à même lesquelles on voudrait boire (Argot des voleurs). N.
(Merlin, 1888)
Boîte à lanterne
(Rigaud, 1888)
Boîte à marquer
Sergent. Ce sont les sergents qui ont la garde des boîtes à matricules.
(Rossignol, 1901)
Boîte à nœuds
(Virmaître, 1894)
Boîte à ouvrage
L’outil avec lequel les filles gagnent leur vie. Quand l’une d’elles va au Dispensaire, elle dit qu’elle va faire voir sa boîte à ouvrage (Argot des filles). N.
(Rossignol, 1901)
Boîte à ouvrage
Les filles publiques inscrites à la préfecture sur les registres de la prostitution doivent se présenter tous les quinze jours pour faire examiner leur boîte à ouvrage. Lorsqu’elles ne se présentent pas à date fixe, elles sont punies administrativement de quelques jours de prison, à moins qu’elles ne donnent pour raison que le fil de leur botte a ouvrage était emmêlé.
(Virmaître, 1894)
Boîte à pandore
C’est une boîte ronde qui a la lorme exacte d’une montre ordinaire. Elle contient une cire molle très malléable préparée pour prendre les empreintes des serrures des maisons marquées pour être dévalisées. Ce travail est fait par les larbiniers qui préparent la besogne des cambrioleurs (Argot des voleurs).
(Virmaître, 1894)
Boîte à pantes
Maison de tolérance. Cette expression n’est pas juste ; il n’est pas nécessaire d’être un pante, c’est-à-dire un imbécile, pour s’offrir une satisfaction avec G. D. G. (Argot des voleurs). V. Bocard.
(Rigaud, 1888)
Boîte à puces
Lit, — dans le jargon des voyous.
Puis chacun songea à regagner sa boîte à puces.
(La Caricature, 7 fév. 1880.)
(Virmaître, 1894)
Boîte à sigues
Gilet. Allusion aux poches qui servent à mettre des pièces de vingt francs (sigues)… quand on en a (Argot des voleurs). N.
(Delvau, 1867)
Boite à surprises
s. f. La tête d’un homme de lettres. Argot des voleurs.
(Virmaître, 1894)
Boîte à vérole
Fille de barrières ou rôdeuse de casernes qui s’affranchit de la visite sanitaire et en fait d’eau ne connaît que l’eau d’aff (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Boîte à viande
Cercueil. Ce n’est pas une boîte de conserve (Argot des voleurs). N.
(Rigaud, 1888)
Boîte à violon
Grand soulier, grand pied.
(Fustier, 1889)
Boîte à violon
Cercueil, allusion de forme.
(Delvau, 1867)
Boite au lait
s. f. La gorge, — dans l’argot du peuple, qui se souvient de sa nourrice.
(Rigaud, 1888)
Boîte au lait
Nourrice dans l’exercice de ses fonctions. — Sein de femme qui allaite.
(Delvau, 1867)
Boîte au sel
s. f. La tête, siège de l’esprit. Argot des faubouriens. Avoir un moustique dans la boite au sel. Être un peu fou, un peu maniaque.
(Delvau, 1867)
Boîte aux cailloux
s. f. Prison. Même argot [des faubouriens].
(Virmaître, 1894)
Boîte aux cailloux
Prison où l’on couche sur la dure. Allusion aux matelas qui sont rembourrés avec des noyaux de pêches (Argot des voleurs). N.
(La Rue, 1894)
Boîte aux dégelés, aux refroidis
(Rigaud, 1888)
Boîte aux dégelés, Boîte aux refroidis
(Larchey, 1865)
Boîte aux dominos
Cercueil. — Domino est pris ici pour os. Il y a de plus quelque analogie d’aspect, car la forme du cercueil, comme celle de la boîte, est oblongue.
Puisqu’on va l’un après l’autre Dans la boîte aux dominos.
E. Aubry, Chanson.
(Rigaud, 1888)
Boîte aux ordures
(Rigaud, 1888)
Boîte d’échantillons, boîte aux échantillons
Tonneau de vidange, — dans le jargon des vidangeurs. Dans ce tonneau, il y a de la marchandise de toutes provenances et de toutes couleurs.
(Delvau, 1867)
Boîte de Pandore
s. f. Boîte dans laquelle les voleurs renferment la cire à prendre les empreintes, — et de laquelle sortent tous les mots qu’ils ont avec la justice.
(Merlin, 1888)
Boîte, boîte à musique
(Delvau, 1867)
Boiter des chasses
v. n. Être borgne ou être affecté de strabisme, — dans l’argot des voleurs, qui se sont rencontrés ici dans la même image avec l’écrivain qui a dit le premier, à propos d’Ésope, qu’il louchait de l’épaule.
(Rossignol, 1901)
Boîtes à lait
Les seins.
La nature ne connaît pas l’égalité, car elle a donne aux unes des boîtes et aux autres les couvercles.
(Hayard, 1907)
Boîtes au lait
(Virmaître, 1894)
Boiteux d’un chasse
Borgne. Manchot eut été plus juste (Argot des voleurs). V. Caliborgne.
(Rossignol, 1901)
Bol d’air
Prendre l’air est en prendre un bol ; au bord de la mer on prend un bol d’air.
(Rigaud, 1888)
Bolduc
Faveur qui attache les sacs de bonbons, — dans l’argot des bonbonniers. C’est un grand art que de bien savoir faire les bolducs.
(Larchey, 1865)
Bolivar
Chapeau évasé dont la forme nouvelle prit le nom de ce héros populaire :
Le front couvert de son bolivar.
Cabarets de Paris, 1821.
(Delvau, 1867)
Bolivar
s. m. Chapeau, — dans l’argot du peuple, qui ignore peut-être que c’est le nom de l’émancipateur des colonies espagnoles, et qui le donne indistinctement à tout couvre-chef, de feutre ou de paille, rond ou pointu, parce que c’est une habitude pour lui, depuis la Restauration.
(Merlin, 1888)
Bombardiers
(Rigaud, 1888)
Bombe
Demi-setier, quart de litre de vin, — dans le jargon des ouvriers.
(Virmaître, 1894)
Bombe
Mesure non classée qui contient environ un demi-litre de vin. Quand un ouvrier en a bu un certain nombre, ses camarades disent : Il est en bombe. Quand il rentre au logis, la ménagère fait une scène épouvantable ; les voisins entendant le pétard disent : la bombe éclate, gare ! (Argot du peuple). N.
(Rossignol, 1901)
Bombe
Verre de vin contenant 25 centilitres. Quand un ouvrier ne va pas à l’atelier le lundi, c’est qu’il est en bombe ; faire la noce est faire la bombe.
(Rigaud, 1888)
Bombé
Bossu, — dans le jargon du peuple. Il est bossu ? — Non, il est bombé.
(Hayard, 1907)
Bombe (faire la)
(Rigaud, 1888)
Bombe (partir en)
C’est l’expression dont se servent les unitaires qui vont courir une bordée… de plaisirs, comme dit le peuple.
(Merlin, 1888)
Bombe (partir en)
S’absenter sans permission.
(Fustier, 1889)
Bomber
Frapper, battre. Argot de souteneur.
Si tu prends des airs de bégueule,
Gare à ta peau… J’te vas bomber.
(Rossignol, 1901)
Bomber
Frapper quelqu’un est le bomber.
Si tu ne me fiches pas la paix, je vais te bomber.
(Larchey, 1865)
Bon
Bon apôtre, hypocrite.
Vous n’êtes bons ! vous… N’allons, vous n’avez fait vos farces !
Balzac.
(Delvau, 1867)
Bon
s. m. Homme sur lequel on peut compter, — dans l’argot du peuple, à qui l’adjectif ne suffisait pas, paraît-il.
(Boutmy, 1883)
Bon
s. m. Épreuve sur laquelle l’auteur a écrit : Bon à tirer, c’est-à-dire bon à imprimer. Cette épreuve est lue une dernière fois, après l’auteur, par le correcteur en seconde ou en bon.
(Rigaud, 1888)
Bon
Agent des mœurs, — dans l’argot des filles et des voleurs. Le bon me fiole, l’agent des mœurs me dévisage.
(La Rue, 1894)
Bon
Homme bon à voler. Agent des mœurs. Le bon me fiole, l’agent me regarde. Avoir bon, prendre en flagrant délit.
(Boutmy, 1883)
Bon (avoir du)
v. Avoir de la composition non portée sur son bordereau, et qu’on garde pour la compter à la prochaine banque. C’est le contraire du salé.
(Rigaud, 1888)
Bon (avoir du)
Avoir de la composition non portée sur son bordereau et qu’on garde, pour la compter à la prochaine banque. C’est le contraire du salé. (Boutmy.)
(Rigaud, 1888)
Bon (c’est un)
C’est un bon républicain, c’est un pur. L’expression était à la mode en 1848.
(Rigaud, 1888)
Bon (c’est)
En voilà assez, inutile d’en dire davantage.
(Rossignol, 1901)
Bon (être)
S’il y a des preuves matérielles sur un individu arrêté, il est inutile qu’il aille à Niort, il est monsieur Le Bon.
(Virmaître, 1894)
Bon à nib
Paresseux. Mot à mot : bon à rien (Argot des voleurs).
(Delvau, 1867)
Bon cheval de trompette
s. m. Homme qui ne s’effraye pas aisément, dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bon Dieu
s. m. Sabre, — dans l’argot des fantassins.
(Rigaud, 1888)
Bon endroit
Derrière. (L. Larchey) Attraper au bon endroit, donner du pied au derrière.
(Rigaud, 1888)
Bon là (être)
Être capable, être bon ouvrier, — dans le jargon des ateliers. — Être des bons, être classé parmi les bons ouvriers, parmi les meilleurs. Au dix-huitième siècle, pour désigner quelqu’un de solide, on disait : Il est des bons.
(Larchey, 1865)
Bon motif
« Vous ne savez pas ce que c’est que le bon motif ? — Ah ! vous voulez dire un mariage ? — Précisément. » — Aycard.
(Delvau, 1867)
Bon motif
s. m. Mariage, — dans l’argot des bourgeois.
(Rigaud, 1888)
Bon motif
Mariage, — dans le jargon des bourgeois. Faire la cour pour le bon motif, viser au mariage.
Ce ne peut pas être pour le bon motif.
(E. Augier, Les Fourchambault, 1878.)
(Delvau, 1867)
Bon nez
s. m. Homme fin, qui devine ce qu’on veut lui cacher, au figuré, ou qui, au propre, devine qu’un excellent dîner se prépare dans une maison où il s’empresse d’aller — quoique non invité. C’est l’olfacit sagacissime de Mathurin Cordier.
(Larchey, 1865)
Bon numéro
« Deux papas très-bien, ce sont deux papas d’un bon numéro. Comprenez-vous ? — Pas trop. — Deux pères parfaitement ridicules en leur genre. » — Th. Gautier.
(Rigaud, 1888)
Bon pour Bernard
Imprimé, journal, papier quelconque qui ne finira pas dans la hotte du chiffonnier, c’est-à-dire : bon pour les lieux d’aisances.
(Delvau, 1867)
Bon pour cadet !
Se dit d’une lettre désagréable ou d’un journal ennuyeux que l’on met dans sa poche pour servir de cacata charta. C’est l’histoire du sonnet d’Oronte.
(Fustier, 1889)
Bon premier
Argot de courses. Un cheval arrive bon premier quand il a fourni la course bien avant ses concurrents. Il est bon dernier quand il arrive non seulement le dernier, mais encore avec un retard considérable sur les autres chevaux.
(Rigaud, 1888)
Bon sang de bon sang !
Autre exclamation poussée en apprenant une nouvelle surprenante. (L. Larchey)
(Rigaud, 1888)
Bon sort de bon sort (sacré) !
Exclamation qui exprime le désappointement ou la colère. La variante est : Coquin de bon sort !
(Larchey, 1865)
Bon-dieu
Sabre-poignard ; allusion à la croix figurée par la lame et la poignée.
(Fustier, 1889)
Bon-Dieu
« On m’avait réservé la copie d’un petit état récapitulatif des corvées du jour, dont j’avais à faire une douzaine d’exemplaires. J’en avais pour trois quarts d’heure environ… Cela s’appelait des bon-dieu. Je n’ai jamais pu savoir pourquoi. »
(A. Humbert : Mon bagne.)
(Larchey, 1865)
Bon-dieu (il n’y a pas de)
Mot à mot il n’y a pas de bon Dieu qui puisse l’empêcher.
Gn’y a pas d’Bon-Dieu, Faut s’dire adieu.
Désaugiers.
(Rigaud, 1888)
Bonaparteux
Bonapartiste, — dans le jargon des adversaires politiques des bonapartistes.
(Rigaud, 1888)
Bonbon à liqueur
Furoncle, bouton pustuleux. — Bonbon anglais, petit bouton sec, — dans le jargon des voyous.
(Virmaître, 1894)
Bonbon à liqueurs
Bouton qui suinte constamment une humeur liquide. Individu qui a des écrouelles (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Bonbonnière
Tinette à vidange, — dans le jargon des vidangeurs.
(Rigaud, 1888)
Bonbonnière
Élégante petite chambre, petit appartement meublé avec goût. — Élégante petite salle de spectacle où l’on croque des bonbons aux avant-scènes et des sucres d’orge aux galeries.
(Virmaître, 1894)
Bonbonnière
Tonneau de vidange. Allusion, sans doute, à ce qu’en l’ouvrant on prend une prise. Dans le peuple on dit d’un vidangeur qu’il en prend plus avec son nez qu’avec une pelle (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bonbonnière à filous
s. f. Omnibus, — dans l’argot des voyous, qui savent mieux que personne avec quelle facilité on peut barboter dans ces voitures publiques.
(Rigaud, 1888)
Bonbonnière à filous
(Virmaître, 1894)
Bonbonnière à filous
Omnibus. Les voyageurs sont serrés, le vol à la tire est facile ; il y a des voleurs qui n’ont que la spécialité de voler les morlingues en bonbonnière (Argot des voleurs). N.
(Rossignol, 1901)
Bonbons à liqueurs
Traces de scrofules sur le visage.
Elle est blécharde, elle a des bonbons à liqueurs autour de la tirelire.
(Fustier, 1889)
Bonde
Maison centrale.
Il a filé deux ou trois berges aux bondes.
(A. Humbert : Mon bagne.)
(Virmaître, 1894)
Bonde
Prison Centrale. Dans les prisons, le fromage réglementaire est le bondon, sorte de fromage rond qui se fabrique à Neufchâtel. La portion, une moitié, se nomme un système. Par corruption, on a fait bonde (Argot des voleurs).
(La Rue, 1894)
Bondes (aux)
(Rigaud, 1888)
Bondieusard
Marchand d’objets de dévotion. Le quartier St-Sulpice est peuplé de bondieusards. — Enlumineur d’images de sainteté.
Un bondieusard habile pouvait faire ses six douzaines en un jour. Un bondieusard passable, ni trop coloriste ni trop voltairien, pouvait gagner son salut dans l’autre monde et ses quarante sous dans celui-ci.
(J. Vallès, Les Réfractaires.)
Le mot a été créé par Gustave Courbet, qui l’employait souvent pour désigner soit un peintre de sujets religieux, soit un de ces peintres qui semblent s’inspirer des enlumineurs d’estampes. Par extension les libres-penseurs donnent du « bondieusard » à quiconque croit en Dieu, à quiconque fait montre de sentiments religieux.
(Rigaud, 1888)
Bondieusarderie
Dévotion, pratique religieuse, hommage à la religion, — dans le jargon des libres-penseurs.
(Rigaud, 1888)
Bondieuserie
Métier du bondieusard. — Commerce d’objets de sainteté, — dans le jargon des peintres réalistes.
C’étaient ces nombreuses boutiques, ces innombrables bondieuseries, dont la rue est pleine.
(Huysmans, Les sœurs Vatard, 1879.)
(Rigaud, 1888)
Bondieutisme
Pratique religieuse intermittente à l’usage des gens frileux.
J’en ai connu plusieurs qui, à l’époque des grands froids, se réfugiaient dans les bras de la religion, près du réfectoire, autour du poêle. Ils engraissaient là dans l’extase ! Quand ils avaient deux mentons, et qu’ils voyaient à travers les barreaux de la cellule revenir les hirondelles, ils sortaient et allaient prendre l’absinthe au caboulot.
(J. Vallès, Les Réfractaires.)
(Delvau, 1864)
Bondon
Employé dans un sens obscène pour désigner le membre viril.
À peine sont-elles aussi grandes qu’un tonneau qu’elles veulent avoir le bondon.
Tabarin.
C’est mon tonneau, j’en porte le bondon.
Voltaire.
(Rigaud, 1888)
Bondy (refouler à)
Envoyer promener quelqu’un d’autant plus grossièrement que c’est à Bondy qu’on refoule l’engrais parisien.
(Delvau, 1867)
Bondy-sous-Merde
n. de l. Le village de Bondy, à cause du dépotoir. Argot des faubouriens. Autrefois on disait Pantin-sur-Merde.
(Delvau, 1864)
Bonheur, aller au bonheur
Employé dans un sens obscène pour désigner l’acte vénérien.
Il ne répondit aux reproches qu’on lui faisait qu’en achevant son bonheur.
Diderot.
(Larchey, 1865)
Bonhomme
Saint (Vidocq). — Allusion aux statuettes qui peuplent les églises.
(Delvau, 1867)
Bonhomme
s. m. Saint, — dans l’argot des voleurs, et du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bonhomme
Personnage, statue de saint, en terme d’atelier. Votre bonhomme n’est pas d’aplomb.
(Rigaud, 1888)
Bonhomme (creuser son)
Creuser son rôle, l’approfondir.
Pendant des années il a, comme on dit, creusé son bonhomme.
(Figaro, du 14 juillet 1880.)
(Rigaud, 1888)
Bonhomme (entrer dans la peau du)
Dans le jargon du théâtre, c’est s’identifier avec son rôle. — Dans le jargon des peintres, c’est se bien pénétrer de son sujet.
L’autre (le peintre de sujets religieux) a besoin de s’entraîner pour se mettre à la hauteur d’une transfiguration ; et l’on comprend qu’il lui soit interdit d’entrer dans la peau du bonhomme.
(L. Leroy, Artistes et rapins.)
L’expression est de l’acteur Bignon.
(Boutmy, 1883)
Bonhomme (faire)
v. Se dit, au jeu des cadratins, quand l’un d’eux, par un hasard inouï, reste debout. Ce coup merveilleux annule le coup de blèche.
(La Rue, 1894)
Boni, boxon, bousin
(Delvau, 1867)
Bonicard
s. m. Vieil homme, — dans l’argot des voleurs. Bonicarde. Vieille femme.
(Rigaud, 1888)
Bonicard
Vieux. — Bonicarde, vieille, — dans le jargon des voleurs.
(Delvau, 1867)
Boniface
s. m. Homme simple et même niais, — dans l’argot du peuple, auprès de qui la bonté n’a jamais été une recommandation.
(Delvau, 1867)
Bonifacement
adv. Simplement, à la bonne franquette.
(un détenu, 1846)
Boniment
Parole, récit ; avoir du boniment : avoir de la blague.
(Larchey, 1865)
Boniment
Discours persuasif. — Mot à mot : action de rendre bon un auditoire.
(Delvau, 1867)
Boniment
s. m. Discours par lequel un charlatan annonce aux badauds sa marchandise, qu’il donne naturellement comme bonne ; Parade de pître devant une baraque de « phénomènes». Par analogie, manœuvres pour tromper.
(Rigaud, 1888)
Boniment
Annonce que fait le pitre sur les tréteaux pour attirer la foule ; de bonir, raconter. — Discours débité par un charlatan, discours destiné à tenir le public en haleine, à le séduire, coup de grosse caisse moral. Depuis le député en tournée électorale, jusqu’à l’épicier qui fait valoir sa marchandise, tout le monde lance son petit boniment.
C’était le prodige du discours sérieux appelé le boniment : boniment a passé dans la langue politique où il est devenu indispensable.
(L. Veuillot, Les Odeurs de Paris.)
Le coup du boniment, le moment, l’instant où le montreur de phénomènes, le banquiste, lance sa harangue au public. — Y aller de son boniment, lâcher son boniment, dégueuler, dêgoiser. dégobiller son boniment.
(Virmaître, 1894)
Boniment
Discours pour attirer la foule. Forains, orateurs de réunions publiques, hommes politiques et autres sont de rudes bonimenteurs. Quand un boniment est par trop fort, on dit dans le peuple : c’est un boniment à la graisse de chevaux de bois (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Boniment (faire du)
Beaucoup causer pour obtenir ce qu’on désire. Celui qui fait la cour à une femme fait du boniment pour la posséder. Un commerçant fait du boniment à une voisine pour l’avoir comme diente. Un saltimbanque fait du boniment pour attirer le public dans sa baraque.
(Rossignol, 1901)
Bonimenteur
Celui qui fait du boniment.
(Delvau, 1867)
Bonir
v. n. Se taire, — dans l’argot des marbriers de cimetière.
(Delvau, 1867)
Bonir
v. a. Dire, parler, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Bonir
Parler, raconter, affirmer, avertir avec emphase, chercher à persuader. — Bonir au ratichon, se confesser. — N’en bonir pas une, garder le silence ; mot à mot : ne pas prononcer une parole, — dans le jargon des voyous.
(Rigaud, 1888)
Bonir
Se taire, — dans l’argot des marbriers de cimetière. (A. Delvau)
(La Rue, 1894)
Bonir
Parler, raconter. Signifie aussi se taire.
(Larchey, 1865)
Bonir, bonnir
(Rigaud, 1888)
Bonisse (être en)
Être très loquace, bavarder beaucoup, être très expansif. Vient de bonir, raconter. — Veut dire encore se répandre en invectives.
(Delvau, 1867)
Bonisseur
s. m. Celui qui fait l’annonce, le boniment. Argot des saltimbanques.
(Rigaud, 1888)
Bonisseur
Pitre chargé du boniment. — Candidat à la députation en tournée électorale.
(La Rue, 1894)
Bonisseur
Discoureur. Celui qui fait le boniment dans les foires.
(Hayard, 1907)
Bonisseur
Parade de forain, beau parleur.
(La Rue, 1894)
Bonisseur de la bath
(Rigaud, 1888)
Bonisseur de la batte
Témoin à décharge. — Mot à mot : diseur, de bonnes choses.
(Rigaud, 1888)
Bonjour
Sacrifice matinal à Vénus, — dans le jargon des bourgeois. — Dire bonjour à sa moitié. — Bonsoir, sacrifice nocturne à la même Vénus. — Un bon mari doit le bonjour et le bonsoir à sa femme.
(Delvau, 1867)
Bonjour (vol au)
s. m. Espèce de vol que son nom désigne clairement. Le chevalier d’industrie, dont c’est la spécialité, monte de bonne heure dans un hôtel garni, où on laisse volontiers les clés sur les portes, frappe au hasard à l’une de celles-ci, entre s’il n’entend pas de réponse, et, profitant du sommeil du locataire, fait main basse sur tout ce qui est à sa portée, — quitte à lui dire, s’il se réveille : « Bonjour, Monsieur ; est-ce ici que demeure M. *** ? »
(Larchey, 1865)
Bonjour (voleur au), bonjourier
« Voleur s’introduisant de grand matin dans les maisons où les bonnes laissent les portes entr’ouvertes et dans les hôtels garnis dont les locataires ne ferment pas leurs chambres. » — Canler. — Allusion ironique à l’heure matinale choisie par le voleur ; il vous souhaite en quelque sorte le bonjour.
(Delvau, 1867)
Bonjourier
s. m. Voleur au Bonjour. On dit aussi : Chevalier grimpant, — par allusion aux escaliers que ce malfaiteur doit grimper.
(La Rue, 1894)
Bonjourier
Voleur dans les chambres d’hôtel.
(Virmaître, 1894)
Bonjourier
Vol au bonjour. Ce vol se pratique dans les chambres d’hôtels. Le bonjourier monte lestement les escaliers comme s’il allait faire une visite, généralement le matin à l’heure à laquelle les gens dorment encore ; il voit une clé sur la porte, il entre doucement. Si le dormeur s’éveille, il lui souhaite le bonjour et s’excuse de s’être trompé de porte ; au cas contraire, il vole rapidement ce qui lui tombe sous la main et s’esquive. Il y a six mois, on arrêta une bande de bonjouriers qui avaient la spécialité de voler les souliers des locataires. Ils avaient sous le bras une serviette d’avocat gonflée de vieux journaux ; ils les jetaient dans un coin du couloir et les remplaçaient par les bottines et les souliers (Argot des voleurs).
(Rigaud, 1888)
Bonjourier, voleur au bonjour
Voleur qui exerce dans les chambres dont on a négligé d’enlever les clés. Il est matinal et peu bruyant parce qu’il sait qu’il ne faut pas réveiller le chat qui dort. Si on lui demande où il va, ce qu’il veut, il en est quitte pour donner un prétexte ; il s’excuse, souhaite le bonjour, s’esquive et va voir à l’étage au-dessus s’il sera plus heureux.
(Rigaud, 1888)
Bonjourière
La femelle du bonjourier. C’est une drôlesse qui, au bal, à la promenade, incendie une dupedeses regards, se fait conduire au domicile de la dupe et la dévalise pendant la nuit. Combien de niais, croyant à une bonne fortune, se sont réveillés, le lendemain, allégés de leur montre, de leur argent et quelquefois de leurs vêtements !
(Larchey, 1865)
Bonne
Bonne histoire.
Ah ! par exemple, en v’là une bonne.
Cormon.
(Delvau, 1867)
Bonne
s. f. Chose amusante ou étonnante, bonne à noter. En dire de bonnes. Raconter des histoires folichonnes. En faire de bonnes. Jouer des tours excessifs.
(Fustier, 1889)
Bonne !
Exclamation qu’emploient les enfants dans la plupart de leurs jeux pour signifier à leur adversaire que le coup qu’il vient de jouer compte et ne saurait être annulé. (V. Mauvaise.)
(Rigaud, 1888)
Bonne (ala)
Franchement, sans tricher, — dans l’argot des grecs. — Flanchons-nous une manche à la bonne ?
(Rigaud, 1888)
Bonne (avoir à la)
Avoir en grande estime, faire grand cas de. — Être dans ses bonnes, être de bonne humeur.
(Rossignol, 1901)
Bonne (avoir quelqu’un à la)
Aimer ou avoir une grande amitié pour une personne ou une chose est l’avoir à la bonne.
(Larchey, 1865)
Bonne (prendre à la)
Prendre en bonne amitié. — Être à la bonne : Être aimé.
Je ne rembroque que tézigue, et si tu ne me prends à la bonne, tu m’allumeras bientôt caner.
Vidocq.
(Delvau, 1867)
Bonne amie
s. f. Maîtresse, — dans l’argot des ouvriers. Une expression charmante, presque aussi jolie que le sweetheart des ouvriers anglais, et qu’on a tort de ridiculiser.
(Delvau, 1864)
Bonne enfant (être)
C’est, pour une putain, se prêter tous les caprices libertins de l’homme qu’elle a raccroché.
Déboutonn’-toi, tu verras comme
J’s’rai bonne enfant : j’ t’amus’rai bien
Henry Monnier.
(La Rue, 1894)
Bonne ferte
(Rossignol, 1901)
Bonne ferte
Bonne aventure. Les bohémiennes qui, dans les fêtes, disent la bonne aventure dans leur entresort (voiture) font la bonne ferte.
(Fustier, 1889)
Bonne fortanche
(Rigaud, 1888)
Bonne grâce
Toilette en lustrine à l’usage des tailleurs.
(Rigaud, 1888)
Bonne pour un homme (avoir été)
S’être livrée à un homme, dans le jargon des bourgeoises qui ne savent rien refuser.
(Larchey, 1865)
Bonne-grâce
Toile dans laquelle les tailleurs enveloppent les habits.
Le concierge de l’hôtel dépose qu’il a vu Crozard traverser la cour avec une bonne grâce sous son bras.
La Correctionnelle.
(Delvau, 1867)
Bonne-Grâce
s. f. Toilette de tailleur.
(Rigaud, 1888)
Bonne, bien bonne (une)
Une bonne histoire, une bien bonne plaisanterie.
Impossible de se fâcher, quand, après quelque farce de sa façon, il vous disait avec sa grosse voix : Elle est toujours bien bonne !
(Vicomte Richard, Les Femmes des autres.)
En dire une bonne, en raconter une bien bonne, et, avec un déplorable jeu de mots : une bien bonne d’enfants.
(Delvau, 1864)
Bonneau
Homme serviable qui se charge — moyennant finance — d’aplanir les difficultés que pourraient éprouver à se rencontrer une femme mariée et son amant. Son obligeance va même jusqu’à procurer des amants à celles et des maîtresses à ceux qui en désirent.
(Delvau, 1864)
Bonnes fortunes
Coups qu’un homme tire avec le sexe : autant de femmes, autant de bonnes fortunes.
Une jeune fille dira sans rougir, d’un jeune homme : — Il a eu tant de bonnes fortunes. — Mais elle se croirait déshonorée si elle disait de lui : — Il a foutu tant de femmes. Et pourtant, c’est exactement la même chose.
A. François.
Chacun rencontre sa chacune,
Nul ne fut sans bonne fortune.
Voiture.
(Boutmy, 1883)
Bonnet
s. m. Espèce de ligue offensive et défensive que forment quelques compositeurs employés depuis longtemps dans une maison, et qui ont tous, pour ainsi dire, la tête sous le même bonnet. Rien de moins fraternel que le bonnet. Il fait la pluie et le beau temps dans un atelier, distribue les mises en pages et les travaux les plus avantageux à ceux qui en font partie d’abord, et, s’il en reste, aux ouvriers plus récemment entrés qui ne lui inspirent pas de crainte. Le bonnet est tyrannique, injuste et égoïste, comme toute coterie. Il tend, Dieu merci ! à disparaître ; mais c’est une peste tenace.
(Rigaud, 1888)
Bonnet
Coterie autoritaire dans un atelier typographique.
Le bonnet est tyrannique, injuste et égoïste.
(Boutmy.)
(Virmaître, 1894)
Bonnet à poil
Le bonnet que portaient les grenadiers et les sapeurs. Cette coiffure a été supprimée. On l’applique à un tout autre objet (Argot du peuple). V. As de pique. N.
(Rossignol, 1901)
Bonnet carré
(Delvau, 1867)
Bonnet d’évêque
s. m. Le train de derrière d’une volaille. Argot des bourgeois.
(Delvau, 1867)
Bonnet d’évêque
s. m. Petite loge du cintre. Argot des coulisses.
(Rigaud, 1888)
Bonnet d’évêque
Loge des quatrièmes en forme de mitre, d’où le nom. — Train de derrière d’une volaille découpée de façon à ce qu’il figure la mitre. C’est un des morceaux les plus délicats, et, à table, chez d’honnêtes bourgeois, l’objet d’aimables plaisanteries.
(Virmaître, 1894)
Bonnet de nuit
Triste comme un bonnet de nuit. Homme taciturne, mélancolique, dont la tristesse est communicative, sa présence dans une réunion jette un froid (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Bonnet de nuit
Celui qui n’est pas gai est triste comme un bonnet de nuit.
(Delvau, 1867)
Bonnet de nuit sans coiffe
s. m. Homme mélancolique, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Bonnet jaune
s. m. Pièce de vingt francs, — dans l’argot des filles.
(Rigaud, 1888)
Bonnet jaune
Pièce d’or, — dans le jargon des filles.
(Delvau, 1864)
Bonnet ou bonnet à poil
La nature de la femme, que l’homme place sur la tête de son priape à la grande satisfaction de celui-ci. Il y a des bonnets pour toutes les têtes et des têtes pour tous les bonnets.
Ma Lisa, ma Lisa, tiens bien ton bonnet.
E. Debraux.
Tu vas me dire, je le gage,
Que la chaleur de ton bonnet
Fera transpirer son… visage.
Guillemé.
Un bonnet à poil, je te jure,
Aujourd’hui ferait son bonheur ;
Pour faire admirer sa tournure,
Coiffe mon petit voltigeur.
Guillemé.
Mon ourson ne serait plus guère ;
Car, comm’ disait notre aumônier :
J’connais c’pays qu’on prône,
Novi, Florence, Ancône ;
Mais l’Italien, peu guerrier,
Rarement coiffe — un bonnet d’guernadier.
Henri Simon.
(Rigaud, 1888)
Bonneteau
Toute espèce de jeux de cartes tenus dans les foires, où le public est naturellement dupe. L’antique jeu de bonneteau consiste à faire deviner une carte parmi trois que manie avec une maladresse affectée le bonneteur. On ne devine jamais, grâce à une substitution.
(La Rue, 1894)
Bonneteau
Jeu de cartes où le public est toujours dupe.
(Virmaître, 1894)
Bonneteau
Jeu des trois cartes. Ce jeu ou plutôt ce vol s’exécute à Auteuil, Saint-Ouen et dans les wagons de chemin de fer. M. Marcel Schwob, pour arriver à expliquer l’expression de bonneteur dit qu’il faut passer par des intermédiaires : bonnet. bonneteur, lingerie. Bonnet, dans les ateliers, signifie se réunir plusieurs pour former une coterie, résister au patron ou aux autres camarades. Les bonneteurs sont généralement trois pour opérer : le bonneleur qui tient le jeu, l’engayeur qui ponte pour allécher les naïfs, le nonneur qui est en gaffe pour avertir si la rousse dévale. Ce trio forme donc bien un bonnet, et bonneteur en dérive tout naturellement, et il n’est nullement question de lingerie. Bonnet et bonneteur sont deux expressions en circulation depuis plus de cinquante ans ; Vidocq en parle dans ses Voleurs (Argot du peuple).
(Larchey, 1865)
Bonneteur
Industriel tenant aux foires de campagne un de ces jeux de cartes auxquels on ne gagne jamais. — Vidocq.
(Delvau, 1867)
Bonneteur
s. m. Filou qui, dans les fêtes des environs de Paris, tient des jeux de cartes où l’on ne gagne jamais.
(Rigaud, 1888)
Bonneteur
Industriel, doublé d’un filou, tenant un jeu de bonneteau.
(La Rue, 1894)
Bonneteur
Escroc tenant un jeu de bonneteau. Annonceur ; il amadoue (bonnette) le public.
(Delvau, 1867)
Bonnetier
s. m. Homme vulgaire, ridicule, — dans l’argot des gens de lettres, qui méprisent les commerçants autant que les commerçants les méprisent.
(Rigaud, 1888)
Bonneton
Commis employé au rayon de la bonneterie, dans le jargon de la nouveauté.
(Delvau, 1867)
Bonnichon
s. m. Petit bonnet d’ouvrière, — dans l’argot du peuple.
(Clémens, 1840)
Bonniments
(Virmaître, 1894)
Bonnir
Parler. On appelle le pitre qui fait le boniment le bonnisseur (Argot des camelots).
(Rossignol, 1901)
Bonnir
Dire, parler. Le camelot bonnit pour vendre sa camelote. Celui qui nous dit quelque chose nous le bonnit. Dire c’est bonnir.
(Virmaître, 1894)
Bonnir que peau
Être muet comme une carpe (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Bonnisseur
Celui qui fait l’annonce à la porte d’un établissement forain ou autre est un bonnisseur ; un bon bonnisseur est recherché.
(Delvau, 1867)
Bono
adj. Bon, passable, — dans l’argot des faubouriens qui ont servi dans l’armée d’Afrique.
(Merlin, 1888)
Bons de tabac (sonnerie des)
Sonnerie des consignés. Plaisanterie ironique. On appelle aussi bons de tabac, les médailles commémoratives sans valeur, qu’on distribue à tous, comme les bons de tabac.
(Delvau, 1867)
Bonshommes
s. m. pl. Croquis, — dans l’argot des écoliers. Ils disent Bonhommes.
(Delvau, 1867)
Bonshommes
s. m. pl. Nom que, par mépris, les filles donnent à leurs amants, et les gens de lettres à leurs rivaux.
(Delvau, 1864)
Bontés
Coups tirés avec un homme. Expression chaste, sens obscène.
Vous êtes un ingrat : je regrette d’avoir eu des bontés pour vous, et de vous avoir ainsi donné le droit de me mépriser.
J. Du Boye.
(Fustier, 1889)
Bookmakeuse
Bookmaker femelle.
La bookmakeuse se rend aux courses en petite charrette anglaise ; elle conduit elle-même, et ses commis, d’autres femmes de même tournure, occupent le siège de derrière.
(Figaro, 12 juin 1881.)
(Virmaître, 1894)
Boquabelle
La bouche (Argot des voleurs). V. Affamée.
(Rigaud, 1888)
Bordé (être)
Avoir renoncé aux plaisirs de l’amour. Mot à mot : être couché dans son lit, les couvertures bordées. Ne pas être encore bordé, ne pas avoir dit adieu à Vénus, en parlant des vieillards, — dans le jargon des filles.
(Larchey, 1865)
Bordeaux (petit)
Cigare de 5 c. fabriqué à la manufacture de Bordeaux.
Avec un sou, tous sont égaux devant le petit bordeaux.
Liorat, Chansons.
(Rigaud, 1888)
Bordeaux (petit)
Cigare d’un sou. Le plus petit de tous les cigares d’un sou, fabriqué à Bodeaux et à Tonneins.
(Delvau, 1867)
Bordée
s. f. Débauche de cabaret, — dans l’argot des ouvriers, qui se souviennent d’avoir été soldats de marine. Courir une bordée. S’absenter de l’atelier sans permission. Tirer une bordée. Se débaucher.
(Rigaud, 1888)
Bordée (tirer une)
Quitter son travail sans motif, sans permission, déserter la maison pour aller courir de mauvais lieux en mauvais lieux, avec stations obligatoires chez le marchand de vin.
(Larchey, 1865)
Bordée (tirer, courir une)
S’absenter sans permission. — Terme de marine. — On dit d’un navire louvoyant, qu’il court des bordées. Or, un matelot en bordée ne tarde pas à en imiter les capricieux zig-zags.
C’est un brave garçon qui ne boit jamais et qui n’est pas homme à tirer une bordée de trois jours.
Vidal, 1833.
(Delvau, 1864)
Bordel
Couvent de femmes qui ont fait vœu de lubricité. C’est le ganea (γάνος, joie) des Anciens, ordinairement situé loin de la ville, et la Borde (petite maison) des Modernes, située aussi dans la campagne, loin des regards indiscrets.
L’on envoie au conscience au bordel, et l’on tient sa contenance en règle.
P. Charbon.
Misérable Philis, veux-tu vivre toujours
Un pied dans le bordel, l’autre dans la taverne ?
Mathard.
Cependant vengeons-nous
Sur la grosse Cateau, qui tient bordel infâme.
La Fontaine.
(Delvau, 1867)
Bordel
s. m. Prostibulum, — dans l’argot du peuple, qui parle comme Joinville, comme Montaigne, et comme beaucoup d’autres :
Miex ne voulsist estre mesel
Et ladres vivre en ung bordel
Que mort avoir ne le trespas.
dit l’auteur du roman de Flor et Blanchefleur.
(Delvau, 1867)
Bordel
s. m. Petit fagot de deux sous, — dans l’argot des charbonniers.
(Rigaud, 1888)
Bordel
Bruit, vacarme. — Faire un bordel d’enfer, faire beaucoup de bruit.
(Rigaud, 1888)
Bordel
Petit fagot de deux sous, — dans le jargon des charbonniers. — Petit paquet de linge sale, — dans le jargon des blanchisseuses. — Faire un bordel, laver un paquet de linge à soi appartenant.
(Fustier, 1889)
Bordel
Outils, instruments, objet quelconque.
(Delvau, 1864)
Bordel ambulant
Fiacre, dont les stores baissés permettent aux amoureux, qui l’ont pris à l’heure pour aller plus doucement, de faire leurs petites affaires de cul.
(Delvau, 1867)
Bordelier
s. et adj. Homme qui se plaît dans le libertinage. Le mot a plus de cinq cents ans de noblesse populaire, ainsi que cela résulte de cette citation du Roman de la Rose :
Li aultre en seront difamé,
Ribaut et bordelier clamé.
(Delvau, 1864)
Bordelier ou bordelière
Homme ou femme qui hante les bordels.
(Larchey, 1865)
Borgne
Derrière. — Comparaison de l’anus à l’œil.
V’là moi que je me retourne et que j’li fais baiser, sauf votre respect… mon gros visage… Ce qui a fait dire aux mauvaises langues qu’il a vu mon borgne.
Rétif, 1783.
(Delvau, 1867)
Borgne
s. m. Le derrière de l’homme et de la femme. — dans l’argot des faubouriens.
(Delvau, 1867)
Borgner
v. a. Regarder, — dans l’argot des marbriers de cimetière, qui clignent un œil pour mieux voir de l’autre.
(Delvau, 1867)
Borgnesse
s. f. Femme borgne, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Borgniat
Borgne, — dans le jargon du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bosco, Boscotte
(Delvau, 1867)
Boscot, Bosco
s. m. Bossu. Au féminin, Boscotte.
(Larchey, 1865)
Boscot, tte
« Petit homme, petite femme contrefaits, bossus. »
d’Hautel, 1808.
(Rigaud, 1888)
Bossard
De travers, louche, qui n’est pas droit ; dérivé de bosse.
Maintenant, comme tout est bossard dans cette affaire là.
(La petite Lune, 1879.)
(Delvau, 1867)
Bosse
s. f. Excès de plaisir et de débauche. Si donner une bosse. Manger et boire avec excès. Se faire des bosses. S’amuser énormément. Se donner une bosse de rire. Rire à ventre déboutonné.
(Larchey, 1865)
Bosse (se donner une)
S’empiffrer. — Allusion à la bosse formée par la réplétion du ventre.
Je veux, dit-il, qu’à sa noce Ça soit beau Et qu’on s’y flanque une bosse De chameau.
Delange, Chansons.
Se donner une bosse de rire : Rire immodérément. — Rouler sa bosse : Cheminer.
Nous roulons not’bosse Dans un beau carrosse.
Decourcelle, 1832.
(Rigaud, 1888)
Bosse (se flanquer une)
Faire un excès quelconque. Manger et boire outre mesure, c’est-à-dire : devenir bossu par devant et par derrière à force de boisson et de victuailles. — Se flanquer une bosse de rire. Rire énormément, rire comme un bossu.
(Rigaud, 1888)
Bosselard
Chapeau haute forme, — dans le jargon du collège ; pour bosselé. Allusion à l’état ordinaire des chapeaux des collégiens. (L. Larchey)
(Larchey, 1865)
Bossoirs
Seins. — Terme de marine.
(Delvau, 1867)
Bossoirs
s. m. pl. La gorge d’une femme, — dans l’argot des marins.
(Rigaud, 1888)
Bossoirs
Seins exagérés. Allusion au bossoir d’un navire.
(Delvau, 1864)
Bossoirs (les)
Les tétons, par allusion aux deux grosses pièces de bois qui servent à suspendre et à hisser les ancres d’un navire et qui font saillie au-dessus de l’éperon, à l’avant. — D’où cette facétie libertine : « Les bossoirs (beaux soirs) font les belles nuits. »
Rembarque-moi ces bossoirs,
Quoi qu’tu fais d’ces morceaux d’tripe’ ?
(Parnasse satyrique.)
(Rigaud, 1888)
Bossus (il y a des)
On siffle dans la salle. (Argot des comédiens de l’ancien boulevard du Crime). — V. Les secrets des coulisses de J. Dullot, 1865.
(Fustier, 1889)
Boston
Képi, chapeau, coiffure d’homme.
Restait à choisir un képi. Impossible ; tous couvraient la tête jusqu’aux épaules et Pompignan dut aller jusqu’à la réserve où parmi les anciens bostons, il en trouva un qui pouvait servir.
(Revue alsacienne, juillet 1887.)
(Clémens, 1840)
Boterne
Caisse, coffre, boîte, etc.
(Larchey, 1865)
Botte de neuf jours
Botte percée. — Vidocq. — Calembour. Jour est pris pour trou, et une botte trouée ne passe guère la huitaine.
(Delvau, 1864)
Botte florentine
Enculage d’un homme ou d’une femme, — par allusion aux habitudes pédérastiques vraies ou supposées, des habitants de Florence, une façon de Sodome.
Peut-être aussi le plus bizarre de tous les goûts pour une femme… fait-il qu’elle ne prend aucune précaution contre la botte florentine qui pourrait la menacer.
(Les Aphrodites)
(Larchey, 1865)
Botter
Convenir. — Mot à mot : aller comme une botte qui chausse bien.
J’aurai l’honneur de vous envoyer ma voiture à onze heures. — Ça me botte.
Gavarni.
(Delvau, 1867)
Botter
v. a. Plaire, agréer, convenir, — dans l’argot du peuple.
(Delvau, 1867)
Botter
v. a. Donner un coup de pied au cul de quelqu’un.
(Rigaud, 1888)
Botter
Donner un ou plusieurs coups de pied au derrière.
(Rigaud, 1888)
Botter
Convenir. Cette femme me botte. — Aller bien, en parlant d’un objet de toilette. — Ce chapeau me botte, cette paire de gants le botte.
(Rossignol, 1901)
Botter
Chose qui convient. Ma femme me botte. Ma voisine me botterait. Mon pantalon me botte. Sortons-nous ? — Ça me botte. On dit aussi. —
Je vais te botter le… c’que j’pense.
(Rigaud, 1888)
Bottes (graisser ses)
S’apprêter à faire le grand voyage de l’autre monde.
(Delvau, 1867)
Bottes de neuf jours
s. f. pl. Bottes percées, — dans l’argot des faubouriens, — qui disent aussi Bottes en gaieté.
(Rigaud, 1888)
Bottes de neuf jours
Souliers dont les semelles se disjoignent.
(Delvau, 1867)
Bottier
s. m. Homme qui se plaît à donner des coups de botte aux gens qui ne lui plaisent pas. On dit d’un artiste en ce genre : C’est un joli bottier.
(Virmaître, 1894)
Bottoche
Fusil (Argot des voleurs). N.
(Virmaître, 1894)
Bou-ci bou-la
Deux numéros tête-bêche. 69 (Argot du peuple).
(Delvau, 1867)
Bouant
s. m. Cochon, — dans l’argot des voyous, sans doute à cause de la boue qui sert de bauge naturelle au porc.
(Larchey, 1865)
Boubane
Perruque. — Vidocq. — Du vieux mot bouban : luxe, étalage. V. Roquefort.
(Delvau, 1867)
Boubane
s. f. Perruque, — dans l’argot des voleurs.
(La Rue, 1894)
Boubane, brigante
(Rigaud, 1888)
Boubouille
Cuisine sans prétention. La véritable boubouille se fait sur un fourneau en terre, placé, le plus souvent, sur le carré de l’escalier. C’est le dernier mot delà cuisine du pauvre et de la pauvre cuisine.
(Larchey, 1865)
Bouc
Cocu. — Vidocq. — Allusion à ses cornes.
(Delvau, 1867)
Bouc
s. m. Cocu, — dans le même argot [des voleurs].
(Rigaud, 1888)
Bouc
Barbiche, impériale très fournie, — dans l’argot du régiment. Mot à mot : barbe de bouc.
(Rigaud, 1888)
Bouc
Mari trompé. Allusion aux cornes, emblème des maris malheureux.
(Delvau, 1867)
Boucan
s. m. Vacarme ; rixe de cabaret, — dans l’argot du peuple. Faire du boucan. Faire du scandale, — ce que les Italiens appellent far bordello. Donner un boucan. Battre ou réprimander quelqu’un.
(Rigaud, 1888)
Boucan
Tapage. Faire du boucan. — Donner un boucan, gronder en élevant très fort la voix, à grand bruit.
C’est un lieu de débauche, dans les petites rues, écarté du grand monde ; les chambres y sont obscures et malpropres, parce que les jeunes gens qui y vont, et qui ont gagné quelques faveurs, c’est-à-dire du mal, y font souvent tapage, et jettent tous les meubles par la fenêtre ; c’est pourquoi les pourvoyeuses ont grand soin de ne garnir leur académie que de quelques chaises avec quelques paillasses.
(Le Roux, Dict. comique.)
Tout se retrouve. Nos troupiers appellent, aujourd’hui, une maison de tolérance « un bouc » par abréviation de boucan.
(Virmaître, 1894)
Boucan
Bruit, tapage, chahut, scandale. Un boucan s’organise pour empêcher un orateur de parler ou un acteur de remplir son rôle. Les étudiants sont passés maîtres dans l’art d’organiser un boucan (Argot du peuple).
(Rossignol, 1901)
Boucan
Faire du bruit, du tapage, est faire du boucan.
(Larchey, 1865)
Boucanade
Corruption à prix d’argent d’un juge ou d’un témoin. — Coquer la boucanade : Corrompre. Mot à mot : donner pour boire. En Espagne, la boucanade est une gorgée du vin renfermé, selon l’usage, dans une peau de bouc.
(Delvau, 1867)
Boucanade
s. f. Corruption d’un témoin, — dans l’argot des voleurs, qui redoutent le boucan de l’audience. Coquer la boucanade. Suborner un témoin.
(Rigaud, 1888)
Boucanade
Faux témoignage. Action de corrompre, d’acheter un témoin. — Coquer la boucanade, corrompre un témoin, acheter un témoignage.
(Delvau, 1867)
Boucaner
v. n. Sentir mauvais, sentir le bouc, — dans l’argot des ouvriers.
(Delvau, 1867)
Boucaner
v. n. Faire du bruit, du boucan.
(Rigaud, 1888)
Boucaner
Sentir mauvais, faire concurrence au bouc comme odeur.
(Rigaud, 1888)
Boucaner
Faire du bruit. Dérivé de boucan. Boucaner la pièce, siffler une pièce de théâtre, empêcher qu’on entende les acteurs, — dans le jargon du théâtre.
On m’assure que toutes vos pièces vont être désormais boucanées.
(L’Étrille, 1879.)
(Delvau, 1867)
Boucaneur
s. et adj. Qui se débauche et hante les mauvais lieux.
(Rigaud, 1888)
Boucaneur
Pilier de lieux de débauche, celui qui se plaît au milieu du vacarme. Boucanière, au féminin.
(Delvau, 1867)
Boucanière
s. f. Femme légère, qui vit plus volontiers dans les lieux où l’on fait du Boucan que dans ceux où l’on fait son salut.
(Raban et Saint-Hilaire, 1829)
Boucard
Boutique. Écorner les boucards, enfoncer les boutiques.
(Bras-de-Fer, 1829)
Boucard
(Delvau, 1867)
Boucard
s. m. Boutique, — dans l’argot des voleurs. On dit aussi Boutogue.
(Rigaud, 1888)
Boucard
Boutique. Les voleurs disent aussi boutogue.
(Virmaître, 1894)
Boucard
Boutique (Argot des voleurs). V. Boutanche. N.
(Larchey, 1865)
Boucard, boutogue
Boutique. — Le premier mot paraît une forme de boc ; le second est une corruption de Boutique. V. Baïte, Esquinteur.
(La Rue, 1894)
Boucard, boutogue, boutange
(Delvau, 1867)
Boucardier
s. m. Voleur qui dévalise les boutiques.
(Rigaud, 1888)
Boucardier
Marchand. — Boucardier gambilleur, marchand ambulant.
(Rigaud, 1888)
Boucardier
Voleur qui exploite les boutiques. Le boucardier opère la nuit avec le concours du pégriot. Le pégriot est un gamin ou un voleur de petite taille qui s’est primitivement introduit dans la boutique, et qui, à l’heure convenue, vient ouvrir au boucardier.
(Virmaître, 1894)
Boucardier
Le petit pégriot qui s’introduit dans la boutique pour aider son complice à voler (Argot des voleurs). V. Raton.
(Larchey, 1865)
Boucarniers
« Voleurs dévalisant les boutiques à l’aide d’un pégriot ou gamin voleur, qui s’y cache à l’heure de la fermeture, et qui vient leur ouvrir. » — Canler. — Vidocq les appelle Boucardiers.
(Delvau, 1864)
Bouche d’en bas (la)
La nature de la femme, — si éloquente dans son langage muet.
D’autres femmes y a-t-il, qui ont la bouche de là si pâle, qu’on dirait qu’elles y ont la fièvre.
Brantôme.
Pour récompenser mon mérite,
Arrachant les dents bien à point,
Permettez que je vous visite
Votre bouche qui n’en a point.
(Cabinet satyrique.)
(Rigaud, 1888)
Bouche en cul de poule
Petite bouche à grosses lèvres relevées en bourrelets, et affectant la forme d’un O.
(Delvau, 1864)
Bouche impure (la)
Le trou du cul, — qui parle plus souvent qu’on ne voudrait, et dont le langage n’est en odeur de sainteté qu’auprès des pédérastes.
Déjà le comte, dans un moment de délire assaisonné des exclamations les plus passionnées, est allé jusqu’à déposer un baiser fixe et mouillant sur cette bouche impure de laquelle, en pareil cas, il serait disgracieux d’obtenir un soupir.
Andréa de Nerciat.
(Rigaud, 1888)
Bouche l’œil
Gratification. Promesse de gratification sous forme d’une pièce d’or ou d’argent placée sur l’œil en guise de monocle, — dans le jargon des filles.
(Rigaud, 1888)
Bouche-trou
Article de journal sans aucune valeur, mis en réserve pour les jours où la copie manque. — Acteur jouant toutes sortes de rôles sans importance.
(Fustier, 1889)
Bouche-trou
Écolier qui se tient prêt à remplacer un de ses camarades qu’une cause quelconque empêche de prendre part aux concours qui ont lieu entre les lycées.
L’ouverture des boîtes du grand concours réserve, parfois, des surprises étranges, comme par exemple, celle du bouche-trou remportant le prix d’honneur.
(Télégraphe, août 1885.)
(Delvau, 1867)
Boucher
s. m. Médecin, — dans l’argot des voleurs, très petites maîtresses lorsqu’il s’agit de la moindre opération chirurgicale.
(Rigaud, 1888)
Boucher
Chirurgien, — dans le jargon du peuple.
(Virmaître, 1894)
Boucher
Chirurgien. On dit aussi charcutier. Il charcute les chairs du patient (Argot du peuple).
(Fustier, 1889)
Boucher la lumière
Donner un coup de pied dans le derrière.
(Delvau, 1864)
Boucher la serrure
Mastiquer le vagin de la femme à force de décharger dedans, et le rendre impropre à la fécondation.
(Delvau, 1867)
Boucher un trou
v. a. Payer une dette, — dans l’argot des bourgeois.
(Rigaud, 1888)
Boucher un trou
Payer une dette lorsqu’on en compte plusieurs.
(Delvau, 1864)
Boucher un trou, une brèche, une fente
Introduire le membre viril dans le vagin d’une femme, sous prétexte d’en mastiquer les fissures.
Plus loin, j’ trouvons madam’ vot’ mère
Sous not’ aumônier Goupillon ;
J’ dis : Vous bouchez un’brèch’, not’ père,
Par où pass’rait un bataillon.
Béranger.
(Rigaud, 1888)
Boucherait le trou du cul avec un grain de sable (on lui)
Se dit en parlant de quelqu’un que la peur paralyse, parce que, alors, selon l’expression vulgaire, il serre les fesses.
(Delvau, 1864)
Bouchère en chambre
Fille ou femme galante, qui pèse la viande — masculine — avec la main.
(Delvau, 1864)
Boucherie
Bordel, où abondent les gros morceaux de viande, — humaine.
Je vais connaître cette maison et savoir quelle viande il y a à son étal, à cette boucherie-là.
Lemercier de Neuville.
(Delvau, 1864)
Bouchon
Le membre viril, que la nature a destiné à fermer hermétiquement le goulot de la femme.
(Larchey, 1865)
Bouchon
Qualité, genre. — Allusion aux produits sortant des débits de vins appelés bouchons. On a dit ironiquement : Ceci est d’un bon bouchon, comme : Ceci est d’un bon tonneau, — ou : Ceci est du bon coin.
(Delvau, 1867)
Bouchon
s. m. Acabit, genre, — dans l’argot du peuple. Être d’un bon bouchon. Être singulier, plaisant, cocasse.
(Delvau, 1867)
Bouchon
s. m. Cabaret. On sait que les cabarets de campagne, et quelques-uns aussi à Paris, sont ornés d’un rameau de verdure, — boscus.
(Delvau, 1867)
Bouchon
s. m. Bourse, — dans l’argot des voleurs, dont les ancêtres prononçaient bourçon.
(Rigaud, 1888)
Bouchon
Bourse, — dans le jargon des voleurs.
(Fustier, 1889)
Bouchon
Bouteille de vin cacheté. (Richepin.)
(Virmaître, 1894)
Bouchon
Mauvaise gargote où l’on vend du vin sans raisin. Allusion à l’usage ancien de placer comme enseigne, au-dessus de la porte d’entrée, une branche de sapin ou de houx ; cela se nomme un bouchon (Argot du peuple).
(Virmaître, 1894)
Bouchon
Bourse. Allusion à l’argent qu’elle contient, qui sert à boucher des trous. Pour payer une dette, on dit : boucher un trou (Argot du peuple).
(Hayard, 1907)
Bouchon (prendre, remporter un)
Échec (ramasser un) tomber.
(Rigaud, 1888)
Bouchon d’évier
Souillon de cuisine, laveuse de vaisselle.
(Virmaître, 1894)
Bouchon de paille
Objets à vendre. On place un bouchon de paille au collier ou à la queue d’un chien que l’on désire vendre. On dit de certains individus dont la moralité est plus que douteuse : Ils ont un bouchon de paille à la conscience. Mot à mot : elle est à vendre (Argot du peuple). N.
(Rigaud, 1888)
Bouchonner
Donner des coups de poing, — dans le jargon des cochers.
(un détenu, 1846)
Bouclage
(Delvau, 1867)
Bouclage
s. m. Liens, menottes. Même argot [des voleurs].
(La Rue, 1894)
Bouclage, bridage
Arrestation. Fermeture des portes.
(Delvau, 1867)
Bouclé (être)
(Delvau, 1867)
Boucle zoze
s. m. Pain bis. Même argot [des voleurs].
(un détenu, 1846)
Boucler
Fermer ; boucler une porte, fermer la porte.
(Larchey, 1865)
Boucler
Enfermer. — Vidocq. — Du vieux mot Bacler. V. Roquefort.
(Delvau, 1867)
Boucler
v. a. Fermer, — même argot [des voleurs]. Boucler la lourde. Fermer la porte.
(Rigaud, 1888)
Boucler
Arrêter. — Boucler un poivrot, arrêter un ivrogne.
(Rigaud, 1888)
Boucler
Fermer. — Boucler la lourde, fermer la porte. — Boucler la position, fermer la malle.
(Merlin, 1888)
Boucler
Mettre à la salle de police, en prison.
(Virmaître, 1894)
Boucler
Enfermer. Dans les prisons, on boucle les prisonniers chaque soir dans leurs cellules. On boucle la lourde (fermer la porte) (Argot des voleurs).
(Rossignol, 1901)
Boucler
Fermer, enfermer ou boucler sa porte. Un militaire mis à la salle de police est bouclé.
(La Rue, 1894)
Bouclette, serrante
(Merlin, 1888)
Boucs du régiment ou bonnes du colonel
(Delvau, 1864)
Bouder
Joli mot, sotte chose, dit Commernon — Laisser voir, par l’expression de son visage, qu’on a de l’humeur ou du ressentiment contre quelqu’un.
On ne saurait bouder longtemps
Quand on boude contre son ventre.
(Improvisateur français.)
Tu sais que ta ci-devant femme, quant à ce qui est d’ça (foutre), n’aime à bouder ni contre son ventre, ni contre son bas-ventre.
Sophie Arnould.
(Delvau, 1867)
Bouder
v. a. Avoir peur, reculer, — dans l’argot du peuple.
(Rigaud, 1888)
Bouder au cheveu
(Virmaître, 1894)
Bouder au turbin
Ouvrier qui cherche tous les moyens possibles pour ne pas travailler. Fille publique qui ne veut plus turbiner pour son souteneur (Argot des souteneurs). Dans la fameuse chanson : Lamentations d’un souteneur, on lit :
Quoi ? C’est éteint… Tu r’buttes au flanche,
Y’a pu de trottinage à la clé,
Des dattes pour que tu fass’la planche,
L’anse de la marmite est cassé.
Pour parer c’gnon qui m’met su’l’ sable,
Comme ta peau n’veut plus qu’feignanter,
J’vas me rcoller avec ta dabe,
Qui ne r’foul’ pas pour turbiner.
(Halbert, 1849)
Bouder aux dominos
Avoir des dents de moins.
(Delvau, 1867)
Bouder aux dominos
v. n. Avoir des dents de moins, — dans l’argot des faubouriens.
(Rigaud, 1888)
Bouder aux dominos
Avoir des dents de moins. Les variantes sont : Bouder à la dent, être chauve de la gueule, manquer de chaises dans la salle à manger.
(Rigaud, 1888)
Bouder contre son ventre
S’abstenir d’une chose dont on a envie.
(Larchey, 1865)
Boudin
Verrou (Vidocq). — Allusion à la forme des verrous ronds qui ferment les grandes portes.
(Delvau, 1867)
Boudin
s. m. Verrou, — dans l’argot des voleurs.
(Rigaud, 1888)
Boudin (faire du)
Une ancienne et très pittoresque expression qui avait le sens de répandre du sang.
(La Rue, 1894)
Boudin (faire du)
(Delvau, 1864)
Boudin ou boudin blanc
Le membre viril, — dont toutes les femmes voudraient bien avoir dix aunes dans le corps.
Qu’est-ce que vous voulez faire du boudin de son mari. N’avez-vous pas assez du votre ?
D’Ouville.
Il se retourna vers moi et me fit voir comme un bout de boudin blanc qui était assez long, dont je m’émerveillai que je n’en avais point de pareil.
Mililot.
(Fustier, 1889)
Boudiné
Une des dernières incarnations du gommeux. Le mot est de Richepin.
Voici que les ex-lions, les anciens dandys, les feus crevés, les ci-devant gommeux prétendent au nom élégant de boudinés. Ce vocable leur parait rendre d’une façon imagée l’étroitesse de leur costume ; il répond… à cet ensemble de tenue qui leur donne l’air de boudins montés sur pattes.
(Siècle, 1883.)
Encore un mot qui n’a eu qu’une existence bien éphémère.