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Appointé de la cagnotte

France, 1907 : Racoleur de tripots. On les appelait autrefois truands ou compères.

Appointement

d’Hautel, 1808 : Foncer à l’appointement. Fournir de l’argent à quelqu’un ; subvenir à ses dépenses ; l’entretenir de tout ce qu’il a besoin.
Charger quelqu’un d’appointemens. Se dit plaisamment pour battre, dauber, rosser quelqu’un à tours de bras.

Archipointu

Delvau, 1866 : s. m. Archevêque. — dans l’argot des voleurs, qui ont trouvé plaisant de travestir ainsi le mot archi-épiscopus.

France, 1907 : Archevêque.

Avoir sa pointe

Rossignol, 1901 : Légèrement pris de boisson.

Avoir sa pointe, son grain

La Rue, 1894 : Premier degré de l’ivresse. Les autres degrés sont : Être monté, en train, poussé, tancé, en patrouille, attendri, gai, éméché, teinté, allumé, pavois, poivre, pompette. Avoir le net piqué, son plumet, sa cocarde. Être raide, dans les vignes, dans les brouillards, dans les brindezingues, chargé, gavé, plein, complet, rond, pochard, bu. Avoir sa culotte, son casque, son sac, sa cuite, son compte, saoul comme trente-six mille hommes, etc.

Bouillon pointu

Delvau, 1864 : Lavement spermatique ; enculage.

Dieu ! qu’est-ce que je sens ? — L’apothicaire poussant sa pointe ; c’est le bouillon pointu.

(Parodie de Zaïre)

Delvau, 1866 : s. m. Lavement.

Delvau, 1866 : s. m. Coup de baïonnette, — dans l’argot des troupiers.

Rigaud, 1881 : Clystère.

Courte-pointe

d’Hautel, 1808 : Il est piqué comme une courte-pointe. Se dit par raillerie d’un homme précieux et susceptible qui a pris de l’humeur ; qui s’est choqué d’une plaisanterie ou d’une bagatelle, et qui manifeste son mécontentement par un air froid et maussade.

Demi-point

France, 1907 : Cinquante centimes ; ancien argot des marchands du Temple.

Entrepointer (s’)

France, 1907 : Se disputer ; littéralement, se lancer des pointes.

Épointer son foret

France, 1907 : Mourir.

Être à point

France, 1907 : Se dit d’une fille qui vient de passer le cap de l’adolescence et qui est bonne à entrer dans la mer conjugale.

— Adieu, madame Manchaballe. Bien des choses à Judith et Rébecca. À Judith surtout.
— Mon aînée ? Ah ! vous avez raison, monsieur. Voyez-vous, celle-là… je puis dire qu’elle est à point.

(Pompon, Gil Blas)

Farcher dans le point

Halbert, 1849 : Tomber dans un piège.

Faute d’un point, Martin perdit son âne

France, 1907 : Martin, prieur de l’abbaye d’Azello, en Italie, voulut faire écrire sur le portail de son monastère cette devise latine :

Porta, patens esto.
Nulli claudaris honesto.

« Porte, sois ouverte. Ne sois jamais fermée à un honnête homme. »
Le peintre facétieux ou maladroit, en inscrivant ces deux phrases, transposa le point et au lieu de le mettre après esto, le plaça après nulli, ce qui leur donnait un tout autre sens :

Porta, patens esto nulli. Claudaris honesto.

« Porte, ne sois ouverte à personne. Sois fermée à l’honnête homme. »
Un cardinal passant par la, et remarquant cette faute à laquelle le prieur n’avait pas pris garde, le taxa d’incivilité ou d’ignorance et lui retira son abbaye. Son successeur fit bien vite rectifier la devise, mais quelque moine plaisant écrivit au-dessous :

Uno pro puncto caruit Martinus Azello.

« Pour un seul point Martin perdit Asello. » Et comme il y a beaucoup de ressemblance entre le nom de l’abbaye et celui de l’âne, asellus, les Français, qui ont la manie d’éstropier tous les noms étrangers, dénaturèrent la phrase, et cette version erronée passa en proverbe.
Les Italiens disent : Per un punto Martino perse la cappa. « Pour un point, Martin perdit la cape. » La cape est le manteau à capuchon que portaient les prieurs et les abbés.
Toute cette histoire est fort jolie, mais si l’on doit en croire Jean Masset, elle est complètement fausse. D’après lui, c’est faute d’un poil qu’il faudrait dire. Je trouve en effet, dans son Exact et facile acheminement à la Langue Françoise (Genève, 1513), l’explication suivante : « Ceux qui disent : Pour un point Martin perdit san asne, ont occasion d’avouer qu’ils ne savent l’origine de ce proverbe. Mais il sera facile à le restituer en son entier, selon qu’il est cy dessus. Le fait est qu’un nommé Martin, ayant perdu son asne à la foire, il arriva que l’on en trouva un autre qui étoit aussi perdu, de sorte que le juge du village étoit d’opinion que l’on rendit à ce Martin l’asne trouvé, mais celui qui l’avait en sa possession et le vouloit faire sien, s’avisa de demander à Martin de quel poil étoit son asne, lequel ayant répondu que l’asne étoit gris, fut débouté de sa demande, d’autant que l’asne était noir ! Ainsi pour n’avoir su dire de quel poil étoit la bête, il donna lieu à ce proverbe. »

Gros pointu

Rigaud, 1881 : Archevêque, — dans le jargon des voleurs.

Jouer le point de vue

Fustier, 1889 : Argot de cercle ou mieux de tripot.

De la même famille est la « ficelle » qui consiste à suivre les cartes pendant leur distribution ; il y a des banquiers qui les donnent très haut, et l’on peut arriver, avec une certaine habitude, à les voir par-dessous. Si l’on aperçoit un neuf, on ajoute (à sa mise) tout ce qu’on peut ajouter. Cette grosse indélicatesse s’appelle jouer le point de vue.

(Carle des Perrières, Le Monde qui triche)

France, 1907 : C’est, dans l’argot des grecs, se placer de façon à apercevoir le dessous des cartes du banquier qui, de connivence, les donne de très haut. L’on ajoute alors à son enjeu, si l’on découvre le principal atout, tout ce qu’on peut ajouter.

Judas (le point de)

Rigaud, 1881 : Le nombre treize.

Judas (point de)

France, 1907 : Le nombre treize, Judas étant le treizième apôtre.

La tour ou tour pointue

Rossignol, 1901 : Dépôt de la préfecture de police où sont conduits tous les individus arrêtés.

Marquer les points

Rigaud, 1881 : Être troisième dans une partie qui devait être carrée. Assister aux épanchements de deux cœurs amoureux.

Mettre les points sur les i

France, 1907 : Expliquer clairement, minutieusement une chose.

Il leur avait mis les points sur les i. C’était un bon coup, d’une exécution très facile. Il connaissait très bien les lieux. L’escalade pouvait se faire aisément par ici, le mur extérieur est peu élevé à cet endroit. Puis, on passe par là, contre les écuries, à pas de loup ; on fait le tour de la maison. L’entrée principale est là, par devant. Avec une pince-monseigneur et trois ou quatre rossignols, on est maître de la position.

(Yveling Rambaud, Haine à mort)

Os (point de viande sans)

France, 1907 : Il n’y a point de joie sans mélange, de satisfaction complète, d’avantage sans déduction. Cette locution provient de ce que les bouchers donnent toujours des os avec la viande qu’on leur achète.

Passer la rampe (ne point)

Delvau, 1866 : Se dit — dans l’argot des coulisses — de toute pièce ou de tout comédien, littéraire l’une, consciencieux l’autre, qui ne plaisent point au public, qui ne le passionnent pas.

Péter au point

Rigaud, 1881 : Perdre au jeu de cartes faute d’un point.

Point

d’Hautel, 1808 : Un point de côté. Au propre, mal, douleur que l’on ressent à cet endroit ; au figuré, terme satirique qui se dit d’une personne très-à charge, d’une affaire embarassante et pénible.
Mal en point. En mauvais état, mal dans ses affaires.
Tout vient à point, à qui peut attendre. Pour dire qu’avec le temps et la patience, on voit combler ses espérances.
Il faut lui mettre les points sur les ii. Se dit par ironie d’un homme qui a peu d’intelligence, à qui il faut commander les choses avec une grande précision.
Point d’argent, point de Suisse. C’est-à-dire, rien pour rien.

Delvau, 1864 : Employé dans un sens obscène pour désigner : 1o l’acte vénérien.

Venons au point, au point qu’en n’ose dire.

Cl. Marot.

Ce pitaud doit valoir pour le point souhaité
Bachelier et docteur ensemble.

La Fontaine.

2o Le clitoris.

Le traître alors touche d’un doigt perfide
Le point précis où nait la volupté ;
Ce point secret, délicat et timide
Dont le doux nom des Grecs est emprunté.

Parut.

Delvau, 1866 : s. m. Pièce d’un franc, — dans l’argot des marchands d’habits.

Rigaud, 1881 : Pièce d’un franc, — dans le jargon des brocanteurs.

La Rue, 1894 : Pièce d’un franc.

Rossignol, 1901 : Franc. 2 points, 2 francs.

France, 1907 : Un franc ; ancien argot des marchands du Temple.

Point (un)

M.D., 1844 : Pièce d’un.

Point d’agent, point de Suisse

France, 1907 : Sans argent on n’a rien. Cette expression remonte aux guerres du Milanais, à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe, où les mercenaires suisses engagés au service de la France s’y retirèrent plusieurs fois faute de solde. « Payez-vous sur l’ennemi », leur disait-on ; en d’autres termes : « Pillez » ; ce que faisaient, du reste, les autres troupes mercenaires ; mais les Suisses répondaient : « Nous ne sommes pas des brigands, mais des soldats. » Les Suisses ont longtemps servi la France. Étant pauvres et leur pays n’offrant que peu de ressources, il se faisaient soldats. Un jour, en présence du colonel du régiment des gardes suisses, Louvois dit à Louis XIV qu’avec l’or et l’argent que les Suisses avaient reçu des rois de France, on pourrait paver une chaussée de Paris à Bâle : « :Cela peut être vrai, répliqua le colonel, mais si l’on pouvait recueillir tout le sang que les soldats de ma nation ont versé pour le service de la France, on pourrait en faire un canal pour aller de Bâle à Paris. »
Devenus vieux et impropres au service, on leur donnait des places de gardiens ou de concierges, d’où l’appellation de suisse appliquée aux portiers des grands hôtels, et au bedeau, armé de la hallebarde et accoutré d’un uniforme militaire, qui orne les cérémonies de l’Église.
Les filles, jouant sur cette expression, disent : « Point d’argent, point de cuisses. »

Point d’orgue

France, 1907 : Temps d’arrêt, silence ; terme musical.

Point de côté

Delvau, 1866 : s. m. Tiers gêneur, — celui qui, par exemple, vous empêche, par sa présence, de lever une femme ou de l’emmener après l’avoir levée. Signifie aussi Créancier.

Virmaître, 1894 : Créancier. Maître-chanteur exploitant les hommes qui ont un certain vice. Allusion à la gêne causée par le mal de ce nom. L. L. Point de côté : tiers gêneur. Celui qui, par exemple, vous empêche, par sa présence, de lever une femme et de l’emmener après l’avoir levée. A. D. Point de côté, mari gênant, ombrageux, jaloux, qui surveille sa femme comme Bartholo sa nièce :
— Je ne peux pas sortir, mon point de côté est à la maison, il ne me lâche pas d’une semelle (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Créancier ; argot populaire.

Point de Judas

Delvau, 1866 : s. m. Le nombre treize, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Le nombre treize, dons l’argot du peuple qui n’oublie pas que Judas était le treizième apôtre.

Point de laides amours

France, 1907 : L’objet qu’on aime est toujours beau. Vieux dicton dont se servaient les Grecs et les Latins. « Ce n’est pas la nature qui rend la femme belle, disaient-ils, c’est l’amour. » Horace nous cite un certain Balbinus qui trouvait une grâce dans le polype que sa maîtresse avait au nez. Molière, dans le second acte du Misanthrope, commençant par ce vers :

L’on voit les amants toujours vanter leur choix,

a développé ce sujet. On dit encore : Point de laides amours ni de belles prisons.

Point gamma

Delvau, 1866 : Époque des examens de fin d’année, — dans l’argot des Polytechniciens, pour qui c’est le temps de l’équinoxe c’est-à-dire celui où le travail de nuit est égal à celui du jour.

France, 1907 : Fête carnavalesque qui se célébra à l’École polytechnique, de 1861 jusqu’en 1880, où elle fut supprimée sur l’ordre du ministre de la guerre. On la célébrait à l’équinoxe du printemps, c’est-à-dire au passage du Soleil dans le signe du Bélier ; de là le nom de gamma, lettre grecque qui figure les cornes du bélier.

Mes chers amis, si j’ouvr’ le bec,
C’est afin de chanter avec
L’œil humide et le gosier sec
Toute la splendeur d’un mot grec,
Tradéri déra, vive l’équinoxe !
Pour elle toujours l’amour m’enflamma
Et dans l’instant même il faut que je boxe
Celui qui ne dit : Viv’ le point gamma !

(L’Argot de l’X)

Point M

Delvau, 1866 : s. m. Expression en usage à l’École polytechnique, et qui sert à indiquer la limite dans laquelle on accepte, soit des faits, soit des idées. Ainsi, quand un élève demande à un autre : « Aimes-tu la tragédie ? — Euh ! répond l’autre, je l’aime jusqu’au point M. »

Point Q

Delvau, 1866 : s. m. Le derrière humain, — dans l’argot des Polytechniciens.

France, 1907 : Le derrière. Argot des polytechniciens, amis des formules mathématiques. L’épée est appelée dans le même argot tangente au point Q.

Point-de-côté

Rigaud, 1881 : Créancier. — Importun. — Agent des mœurs, — dans le jargon des voleurs et des Éphestions d’égout. Ces derniers désignent, encore, sous ce nom le passant, qui, par sa présence, gêne leur honteux commerce.

La Rue, 1894 : Créancier. Importun. Agent des mœurs.

Pointe

d’Hautel, 1808 : Pousser sa pointe. Soigner ses intérêts auprès de quelqu’un ; s’immiscer dans la société des grands ; conter fleurette à une femme.
On dit par ironie d’un homme qui fait le malade, qu’Il a mal dans la pointe des cheveux.
Faire un procès sur la pointe d’une aiguille.
Quereller, chicaner sur la moindre chose. Avoir une pointe de vin. Avoir bu plus que de coutume ; être en gaieté ; babiller.
Un faiseur de pointes. Un railleur, un mauvais plaisant, un faiseur de calembourgs.

Delvau, 1866 : s. f. Demi-ivresse, — dans l’argot des faubouriens. Avoir sa pointe. Être gris. Avoir une petite pointe. Avoir bu un verre de trop.

Pointe (avoir sa)

Rigaud, 1881 : Ressentir les premiers effets de l’ivresse. — Avoir une pointe de gaieté causée par les préliminaires de l’ivresse.

France, 1907 : Avoir un commencement d’ivresse.

Pointe (pousser sa)

Larchey, 1865 : Conter fleurette.

Que de projets ma tête avorte tour à tour, Poussons toujours ma pointe et celle de l’amour.

Le Rapatriage, parade du dix-huitième siècle.

Pointe d’aiguille (disputer sur une)

France, 1907 : Disputer sur des vétilles. Les Grecs disaient disputer sur l’ombre d’un âne. Allusion à un apologue de Démosthène qui reprochait aux Athéniens leurs discussions puériles et leurs discours légers. Que de Français imitent les Athéniens ! Les Allemands disent : « Disputer sur la barbe de l’Empereur. »

Pointe de l’herbe

France, 1907 : Le printemps. « S’en aller à la pointe de l’herbe », mourir au printemps. On dit dans le même sens : « Il ne verra pas la fleur des pois. » Expressions des provinces du Centre.

Pointé, à point (être)

Rigaud, 1881 : Avoir bu jusqu’à la lisière de l’ivresse. Un verre ou deux de plus, le pointé passe à l’état de soulot ; le soulot est le têtard du pochard.

Pointeau

Rigaud, 1881 : Employé qui pointe le temps dans les usines, — en terme d’ouvrier.

France, 1907 : Surveillant dans les fabriques qui pointe les entrées et les sorties des ouvriers ainsi que les heures de travail.

Et d’abord, sachez que la « loi scélérate » a eu pour résultat immédiat la création d’un policier nouveau modèle : le pointeau.
Ce mouchard passe, d’une à sept fois par semaine, — suivant la tête des bons fieux qu’il surveille, — chez leur pipelet, à leur gargote, etc. Il va aussi chez leur patron, fait des ragots et, neuf fois sur dix, réussit à les faire balancer.
Tâchez donc de me dire en vertu de quel article du Code se pratique cette surveillance policière ?

(Le Père Peinard)

Pointer

France, 1907 : Chien d’arrêt ; anglicisme. Voir Puppy.

France, 1907 : Battre, rosser.

— Si ta Dédèle est gironde, faut la goler ; si elle est rosse, faut la pointer ferme.

(Le Cri du Peuple, 1886)

Pointu

Delvau, 1866 : s. m. Evêque, — dans l’argot des voyous.

Delvau, 1866 : s. m. Clystère, — dans l’argot des bourgeois.

Delvau, 1866 : s. et adj. Homme qui ne plaisante pas volontiers, désagréable à vivre, — dans l’argot du peuple.

Boutmy, 1883 : s. m. et adj. Disposé à prendre les choses par leur mauvais côté, et, par suite, insociable, grincheux, désagréable. Ce travers n’est pas étranger aux typographes ; mais le mot n’appartient pas exclusivement à leur langue.

France, 1907 : Petit bateau de pêche, genre sardinier ; argot du Borda.

France, 1907 : Personne d’un mauvais caractère ; argot populaire.

Pointu (bouillon)

Rigaud, 1881 : Clystère.

France, 1907 : Lavement.

Il ne m’est jamais arrivé
De boire de l’eau claire :
Je m’en suis toujours bien trouvé…
Que voulez-vous y faire ?
Je dis que croire à la vertu
De l’eau, c’est grand’ faiblesse :
Autant prendre un bouillon pointu,
Le gosier ne s’y blaisse.

(Raoul Ponchon)

Pointu (parler)

France, 1907 : Avoir un langage affecté ; expression du Centre. À Bordeaux, parler pointu, c’est imiter les Parisiens et ne pas faire sonner les nasales comme le font les Gascons. En Bourgogne, on dit pour le langage affecté parler jantais. On disait autrefois parler Phébus.

Pointue

France, 1907 : Préfecture de police. « Bâillonné à la pointue », envoyé au dépôt. Argot des voleurs.

Pourpoint

d’Hautel, 1808 : Il y a un sot dans son pourpoint. Pour dire qu’un homme est un sot.
On lui a donné un pourpoint de pierre de taille. Pour dire on l’a incarcéré, mis en prison.
Il faut sauver le moule du pourpoint. Pour dire, sauver son corps, se retirer d’une batterie, d’une fâcheuse affaire.
Mettre un homme en pourpoint. Pour dire le dépouiller de ses biens.
Emplir son pourpoint. Ribotter, faire débauche de bonne chère et de vin.

Pousser le cul pour avoir la pointe

Delvau, 1864 : Proverbe en usage chez les couturières, et qui signifierait coudre, s’il ne voulait pas dire : Jouer des reins pour avoir au cul la pointe d’une aiguille de viande, — soit un bon gros vit.

Pousser sa pointe

Delvau, 1864 : Baiser une femme, la piquer de son fleuret démoucheté.

Vien,
Chien, Foutu vaurien,
Cess’ ta plainte
Et pouss’ ta pointe.

(Parnasse satyrique.)

Delvau, 1866 : v. a. S’avancer dans une affaire quelconque, — mais surtout dans une entreprise amoureuse.

Que de projets ma tête avorte tour à tour !
Poussons toujours ma pointe et celle de l’amour.

dit une comédie-parade du XVIIIe siècle (le Rapatriage).

France, 1907 : S’avancer, explorer un endroit.

Quinte et quatorze et le point

Virmaître, 1894 : V. Plombé.

Quinte, quatorze et le point

Rigaud, 1881 : Gros lot embarrassant gagné à la loterie de Cythère.

France, 1907 : La syphilis en ses formes variées. Tout ce que peut octroyer à un pauvre diable une Vénus malsaine. C’est, comme l’expression précédente, une allusion au jeu du piquet où celui qui fait quinte, quatorze et le point a gagné.

Au restaurant du Sept de pique,
Après s’être bien rincé l’bec,
Les dam’s dir’nt : Pour payer l’piqu’-nique,
Jouons une partie en cinq sec.
Elles se mir’nt à jouer la bataille,
La manill’, l’écarté, l’boston ;
Les rois, en leur prenant la taille,
Leur prenaient aussi l’manillon.
Charl’s disait, fier comme un Romain :
J’prends la fille et j’passe la main ;
Alexandr’, tout en abattant,
Dit : Je tire à cinq, amer enfants.
La reine Pallas s’met à crier :
Y a maldonn’, c’est a r’commencer !
David répond : J’vais pas plus loin,
Car j’ai quinte, quatorze et l’point.

(Les Chansons et Monologues illustrés)

On dit aussi, quand, en dépit des précautions ordinaires, le virus a pénétré : Quinte, quatorze, la capote et le point.

— Mais, mon garçon, vous êtes malade !
— Moi, non, Monsieur le major, répond en balbutiant le troubade.
— Comment, non ? Sacré nom de Dieu ! t’en as eu pour ton argent : Quinte, quatorze, la capote et le point…

Rapointi

Rigaud, 1881 : Maladroit. — Souffre-plaisir des émigrés de Gomorrhe, — dans le jargon des ouvriers du fer ; par réminiscence des déchets de fer nommés rapointis de ferraille.

La Rue, 1894 : Homme sans valeur ou de mœurs innommables.

Rappointis

Virmaître, 1894 : Morceau de fer pointu, forgé par un apprenti. On appelle ainsi les chétifs (Argot du peuple). V. Avorton. N.

Hayard, 1907 : Vieux outils.

Suisse (point d’argent, point de)

France, 1907 : Sans argent, on ne peut rien avoir. Ce dicton, injurieux pour nos voisins qu’il fait considérer comme des mercenaires, est cependant à leur honneur. On sait que, sous l’ancien régime et pendant le moyen âge, les Suisses fournissaient pour les guerres de nombreux contingents. De Charles VII à Louis XVIII les rois de France entretinrent des compagnies appelées les Cent-Suisses, et des régiments entiers composés de Suisses. Pendant les guerres du Milanais, vers la fin du XVe siècle, et au commencement du XVIe siècle, ces régiments se retirèrent plusieurs fois faute de solde. — « Payez-vous sur l’ennemi », disaient les généraux, en d’autres termes « Pillez. » Mais leurs chefs refusaient, disant : « Nous ne sommes pas des brigands, nous sommes des soldats. » Étant pauvres et leur pays n’offrant alors que peu de ressources, ils se faisaient soldats, mais entendaient qu’on les payât, ou point d’argent, point de Suisse. Et ils tenaient bon, car d’après un proverbe du XVIIe siècle, ils avaient une réputation d’entêtés :

D’un Suisse n’entends point raison,
Ni d’un bigot en oraison,
Ou d’une femme en sa maison
Quand elle crie hors de saison.

Racine, dans les Plaideurs, fait dire à Petit-Jean :

On n’entrait pas chez nous sans graisser le marteau
Point d’argent, point de suisse ; et la porte était close.

Tangente, tangente au point q

Larchey, 1865 : Épée. — Jeu de mots.

Le conscrit de l’École polytechnique est souvent absorbé avant d’avoir endossé l’uniforme et senti battre sur sa cuisse gauche l’arme que les élèves nomment une tangente au point q.

La Bédollière.

Tour pointue

Rigaud, 1881 : Préfecture de police ; et la pointue, par abréviation. — Aller faire un tour à la pointue, aller visiter la pointue, être enfermé au dépôt.

Tour pointue (la)

Virmaître, 1894 : Préfecture de police (Argot des voyous).

Tour, tour pointue

La Rue, 1894 : Palais de justice. Préfecture de police. Le Dépôt.

Trente points (les)

Delvau, 1864 : Qui constituent la beauté des femmes, sont, — je cite d’après Brantôme ;

Trois choses blanches : la peau, les dents et les mains.
Trois noires : les yeux, les sourcils et les paupières.
Trois rouges : les lèvres, les joues et les ongles.
Trois longues : le corps, les cheveux et les mains.
Trois courtes : les dents, les oreilles et les pieds.
Trois larges : la poitrine, le front et l’entre-sourcils.
Trois étroites : la bouche, la ceinture et le con.
Trois grosses : le bras, la cuisse et le mollet.
Trois déliées : les doigts, les cheveux et les lèvres.
Trois petites : les seins, le nez et la tête.


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