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Abbaye de cinq pierres

Virmaître, 1894 : Les cinq dalles de granit placées devant la Roquette, sur lesquelles on monte l’échafaud. Lacenaire dédia ces strophes à ces cinq dalles :

Oh ! je vous connais bien, dalles qui faites place
Aux quatre pieds de l’échafaud.
Dalles de pierres blanches ou ne reste plus trace
Du sang versé par le bourreau.

Abbaye de Saint-Pierre

Rigaud, 1881 : Nom que donnaient à la guillotine, il y a une quinzaine d’années, les lauréats de Cour d’assises ; jeu de mots sur saint Pierre et cinq pierres, par allusion aux cinq dalles qui formaient le plancher de l’échafaud. Depuis qu’il est à ras de terre, c’est la Plaine rouge, le Glaive ou encore la Veuve Razibus.

Allonger la ficelle, la courroie, la croupière

Merlin, 1888 : Augmenter une punition.

Amoureux (papier)

Rigaud, 1881 : Papier qui boit l’encre, — en terme d’imprimerie.

Asphyxier le pierrot

Larchey, 1865 : Boire un verre de vin blanc. — Allusion de couleur.

J’étais-t-allé à la barrière des Deux-Moulins, histoire d’asphyxier le pierrot.

La Correctionnelle.

Avoir vu péter le loup sur une pierre de bois

Virmaître, 1894 : Les Lyonnais emploient cette expression pour dire qu’une fille a perdu tout droit à la fleur d’oranger (Argot du peuple). N.

Bourrique à Robespierre

Delvau, 1866 : s. f. Animal aussi fantastique que la bête du Gévaudan, que le peuple se plaît à mettre à toutes les sauces, sans qu’on sache pourquoi. Quand il a dit : Bête (ou saoûl, ou méchant) comme la bourrique à Robespierre, c’est qu’il n’a pas trouvé de superlatif péjoratif plus énergique.

France, 1907 : « Animal aussi fantastique que la bête du Gévaudan, que le peuple se plait à mettre à toutes les sauces, sans qu’on sache pourquoi. Quand il a dit : Bête (ou saoul, ou méchant) comme la bourrique à Robespierre, c’est qu’il n’a pas trouvé de superlatif péjoratif plus énergique. » (Alfred Delvau.)

Branler du cul, ou branler la croupière

Delvau, 1864 : Remuer des fesses, de façon à faire jouir l’homme qui vous a payée pour cela.

Philis veut avoir un écu
Pour branler une heure du cu.

Théophile.

Cette jeune espicière
Que vous cognoissez bien
Pour branler la croupière
A gagné tout son bien.

(Chansons folastres.)

C’est un pompier

Larchey, 1865 : C’est un fort buveur.

Chaloupier

France, 1907 : Forçat chargé de déferrer Les condamnés à leur arrivée au bagne, à l’époque où existait la « chaîne ».

On s’empresse de les débarrasser du collier de voyage, opération dangereuse et difficile qui exige beaucoup de sang-froid et d’habitude, et que le moindre faux mouvement de celui qui la pratique ou qui la subit pourrait rendre mortelle. Pour cette opération qu’il redoute, le condamné s’assied à terre, la tête près d’un billot sur lequel est fixée une enclume, et deux anciens forçats, dits chaloupiers, chassent à grands coups de masse et de repoussoir le boulons qui tient le collier fermé.

(A. Dauvin, Les Forçats)

Clapier

Delvau, 1864 : Grand con où peuvent se loger lapin et la pine.

Je les ai furetés tous deux, ces clapiers-là, j’en connais peu d’aussi logeables.

A. de Nerciat.

Mais au clapier de qui les bords
Sont couverts de nouvelle mousse.

(Cabinet satyrique.)

Delvau, 1866 : s. m. Maison mal famée, où l’on élève du gibier domestique à l’usage des amateurs parisiens. L’expression se trouve dans beaucoup d’écrivains des XVe et XVIe siècles.

France, 1907 : Lupanar de has étage, bordel hanté par de pauvres filles vieilles ou laides, épave de la prostitution et à bout de ressources.

J’ai l’honneur de vous prier, Monsieur le préfet, de ne pas confondre l’établissement que je veux monter avec ceux déjà existants dans la capitale, avec ces mauvais clapiers dont la situation, la malpropreté et l’espèce de femmes qui les habitent, sont faites pour écarter tous les honnêtes gens, ainsi que le peu de sûreté qu’on y trouve, tant individuelle que pour la santé, parce qu’on n’y trouve que la lie des femmes qui fréquentent sans choix et indistinctement toutes les classes d’hommes qui osent les aborder.

(Lettre d’une dame de maison au préfet de police)

Copier l’ordre

France, 1907 : Être de corvée de quartier.

Croupier

Rigaud, 1881 : Associé d’agent de change, — dans le jargon de la Bourse.

Croupière (allonger la)

Rigaud, 1881 : Augmenter une punition, — dans le jargon des soldats de cavalerie. Le capiston allongera la croupière de quatre jours et ça fera le compte.

Croupière (tailler une)

Merlin, 1888 : Mener, commander durement ; punir.

Croupières

d’Hautel, 1808 : Tailler des croupières. Prendre quelqu’un par derrière ; lui jouer des tours cachés et perfides.

Découvrir saint Pierre pour couvrir saint Paul

Rigaud, 1881 : Contracter une dette pour en payer une autre. (Oudin, Curiosités françaises.) L’expression est encore fort de mise.

France, 1907 : Enlever à l’un pour donner à l’autre.

Douleur (papier à)

Rigaud, 1881 : Papier timbré, protêt, congé par huissier, — dans le jargon du peuple.

Empiergeonner

Fustier, 1889 : S’empêtrer. (Richepin.)

France, 1907 : S’embarrasser, s’embrouiller, s’empêtrer.

Ah ! ah ! l’amant qu’était point brave,
Laissa Margot avé l’Frisé.
Oh ! oh ! l’Frisé, mâchant d’la bave,
Tira son eustach’ raiguisé,
Margot, dans sa cotte et ses bas
S’empiergeonnant là-bas, là-bas.

(Jean Richepin)

Empierger

France, 1907 : Même sens que ci-dessus, de empiéger, être pris dans un piège. S’empierger dans des réponses.

Estropier

France, 1907 : Manger ; argot populaire.

Estropier un anchois

Delvau, 1866 : v. a. Manger un morceau pour se mettre en appétit ; faire un déjeuner préparatoire. Argot des ouvriers.

France, 1907 : Se mettre en appétit en mangeant quelque chose de salé.

Estropier un anchois, un hareng

Rigaud, 1881 : Manger un morceau sur le pouce.

Étampier

France, 1907 : Étaler des gerbes au soleil.

Être dans les papiers de quelqu’un

Delvau, 1866 : Avoir sa confiance, son affection. On dit aussi Être dans les petits papiers de quelqu’un.

Être dans les papiers ou petits papiers de quelqu’un

France, 1907 : Être dans ses bonnes grâces.

Faire du papier marbré

Delvau, 1866 : v. a. Avoir la mauvaise habitude de se réchauffer les pieds avec un gueux, — dans l’argot du peuple, qui a eu maintes fois l’occasion de constater les inconvénients variqueux de cette habitude familière aux marchandes en plein vent, aux portières, et généralement à toutes les femmes trop pauvres pour pouvoir employer un autre mode de chauffage que celui-là.

Ferfampier

anon., 1907 : Voleur, bandit.

Ferlampier

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Prisonnier habile à couper ses fers.

Bras-de-Fer, 1829 : Condamné habile à couper ses fers.

Halbert, 1849 : Bandit.

Delvau, 1866 : s. m. Pauvre diable, misérable. — dans l’argot du peuple.

Delvau, 1866 : s. m. Homme à tout faire, excepté le bien, — dans l’argot des voleurs, qui ont emprunté là un des vieux mots du vocabulaire des honnêtes gens, en le dénaturant un peu.

Rigaud, 1881 : Pauvre diable ; misérable à perpétuité. — Voleur du plus bas étage. Le ferlampier est au voleur de la haute pègre ce que la pierreuse est à la cocotte. C’est une altération de frélampier ou frère lampier.

Autrefois, celui qui avait la charge d’entretenir et d’allumer les lampes dans les églises s’appelait frère lampier ; et comme cette charge était dévolue à des hommes de bas étage, quand on voulait parler d’un homme de peu, on disait : C’est un frélampier ou un frère lampier.

(Le Roux de Lincv, Le Livre des Proverbes français.)

La Rue, 1894 : Voleur de bas étage. Malheureux. Détenu habile à se déferrer.

Virmaître, 1894 : Homme à qui tous les métiers sont bons. Mendiant, voleur, souteneur (Argot des voleurs).

Hayard, 1907 : Malfaiteur en tout genres.

France, 1907 : Homme à tout faire, pauvre diable, sans argent ni capacité. Corruption le frère lampier, allumeur de lampes, emploi réservé dans les couvents aux frères incapables de rien faire de mieux.

Figure de papier maché

Virmaître, 1894 : Personne sans couleur, aux joues creuses et à visage pâle. Le peuple, sans pitié, ne manque jamais d’employer cette expression pour un malheureux qui meurt de consomption.
— Il ne tient pas debout avec sa figure de papier mâché (Argot du peuple).

Figure de papier mâché

Rossignol, 1901 : Avoir mauvaise mine.

France, 1907 : Personne hâve et maladive.

Frelampier

d’Hautel, 1808 : Terme de mépris ; homme obscur et de néant.
On donne aussi ce nom à celui qui est chargé du soin d’allumer les lampes dans une communauté.

Fripier

Rigaud, 1881 : Verre. (Fr. Michel.)

Galupier

Fustier, 1889 : Qui entretient des galupes. (Richepin.)

France, 1907 : Coureur de galupes.

Le vieux galupier, ardent champion contre la licence des rues et membre de plusieurs sociétés pour l’extirpation du vice, entretenait une maîtresse toute jeune, petit trottin vicieux, qu’il avait acheté à sa tante lorsqu’elle comptait à peine quatorze ans.

(Les Propos du Commandeur)

Gratte-papier

Larchey, 1865 : Fourrier. — Allusion à ses fonctions de scribe. V. Rogneur.

Delvau, 1866 : s. m. Employé, clerc d’huissier, expéditionnaire etc., — tous les scribes enfin.

Merlin, 1888 : Fourrier.

Virmaître, 1894 : Employé aux écritures (Argot du peuple). V. Chieur d’encre.

France, 1907 : Employé aux écritures, bureaucrate, comptable. On dit aussi rond-de-cuir.

J’interrogeai Victor Considérant sur Fourier, sur son maître ; et il nous parla longuement — avec quelle enthousiaste admiration ! — de cet étrange philosophe, profondément déiste, qu’on trouva mort, à genoux devant son lit, dans l’attitude de la prière, mais qui n’espérait pas en une autre vie et qui voulait que l’humanité se créât son paradis ici-bas. Il nous donna surtout des détails sur les dernières années de Fourier, celles qu’il passa à Paris, perdu dans la foule quand il comptait déjà cependant plusieurs apôtres tout dévoués et tant de disciples fervents. Il nous conta, par le menu, la singulière existence de ce Franc-Comtois, fils d’un humble boutiquier, dont le premier écrit avait attiré l’attention du premier consul, mais qui, par goût de l’obscurité, ne répondit même pas au signe que lui faisait un homme de génie ; de ce petit teneur de livres, qui rêvait de changer la face du monde en enfilant ses manches de lustrine et méditait les lois d’une société nouvelle sans jamais commettre une erreur dans ses additions, — de ce prophète gratte-papier, de ce messie rond-de-cuir.

(François Coppée)

Il semble à Paul, dont le désespoir augmente, que le mauvais destin réussit à le façonner à l’image de ces idiots de gratte-papier entassés dans les bureaux, à côté desquels il se rendra demain, puis après, puis toujours ! Quelle perspective !

(Paul Pourot, Les Ventres)

Au fond, elle était enchantée de voir partir toutes ces filles de boutiquiers et de qratte-papier, qu’elle avait prises au rabais et qui, loin de se plaindre, auraient dû s’estimer très honorées de frayer avec si noble compagnie.

(Albert Cim, Institution de demoiselles)

Jeter des pierres dans le jardin de quelqu’un

France, 1907 : Médire, calomnier, ou simplement critiquer, ou encore l’attaquer par des paroles à double entente. Allusion à une coutume superstitieuse des anciens qui consistant à jeter des pierres enchantées sur le terrain d’un ennemi pour l’empêcher de produire.

Entre gens de lettres :
— J’ai vu que dans son dernier feuilleton le critique Z… jetait pas mal de pierres dans votre jardin…
— Oui, en effet… c’est sans doute ce que l’aimable homme appelle écrire en style lapidaire !…

(Le Domino rose)

Jeter la pierre à quelqu’un

France, 1907 : L’accuser, critiquer ses actes ou ses propos. Cette locution nous vient de la coutume des anciens Juifs de lapider les coupables. La lapidation était le châtiment ordinaire des crimes que la loi de Moïse punissait de mort. C’est à ce châtiment que Jésus fit allusion lorsqu’il dit aux pharisiens qui lui amenaient une femme surprise en flagrant délit d’adultère : « Que celui d’entre vous que n’a jamais péché lui jette la première pierre. » C’était d’ordinaire le témoin du crime qui avait le droit de jeter la première pierre à la personne qu’il accusait.

Jouer du serre-croupière

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Jupière, jupasse

Rigaud, 1881 : Couturière qui fait les jupes des robes.

Marloupier

France, 1907 : Souteneur.

Le Panama remémore à la foultitude de gobeurs bougrement oublieux ! qui coupent sans fin ni cesse dans les bateaux des Jean-foutre de la haute que notre gouvernance n’est qu’un ramassis de marloupiers.

(Père Peinard)

Marquis de la croupière ou du culeron

Merlin, 1888 : Le maître sellier.

Mener par un chemin ou il n’y a pas de pierres

France, 1907 : Faire marcher quelqu’un rapidement, le contraindre à une obéissance prompte, sans qu’il puisse résister, comme si on le poussait dans un chemin où nulle pierre, nul obstacle ne gêne la marche.

Mettre du papier dans sa sonnette

Virmaître, 1894 : V. Affaler son grelot.

France, 1907 : C’est le conseil que les ouvriers donnent à leurs ménagères trop bavardes, mais le conseil est rarement suivi.

N’être pas de marbre, ou de pierre

Delvau, 1864 : Se dit pour s’excuser de bander devant une belle fille — qui, au contraire, souhaiterait que l’homme fût toujours de marbre ou de pierre.

Lindor n’était pas de pierre,
Il s’enflamma tout à coup
Il aida la peur beaucoup !
Quel coup ! ah ! quel coup ! quel coup !
Quel heureux coup de tonnerre !

Collé.

Ordonnance (papier qui n’est pas d’)

Merlin, 1888 : Billet de banque. Rare avis dans les casernes !

Ordre (copier l’)

Merlin, 1888 : Un loustic, armé de son balai et désigné pour la corvée de quartier, s’apprête à aller copier l’ordre. On dit aussi : signer le rapport.

France, 1907 : Faire une corvée fatigante ; argot militaire.

Un loustic, armé de son balai et désigné pour la corvée de quartier, s’apprête à aller copier l’ordre.

(Léon Merlin, La Langue verte du troupier)

On dit aussi signer le rapport.

Papier

d’Hautel, 1808 : Le papier souffre tout. Se dit lors qu’une personne rédige seule un acte où il y a plusieurs intéressés ; et qu’il n’y met que ce qu’il lui plait.
Un barbouilleur de papier. Un mauvais écrivain, un mauvais imprimeur.
Rayez cela de vos papiers. Pour dire ne comptez pas là-dessus.
Le parchemin est plus fort que le papier. Pour dire que les titres sur parchemin durent plus que sur du simple papier.

Rigaud, 1881 : Billet de banque, — coupon détaché d’un titre de Bourse.

Papier à chandelle

Rigaud, 1881 : Mauvais petit ou grand journal. Mot à mot : papier bon à envelopper de la chandelle.

France, 1907 : Journal insignifiant et éphémère, autrement dit feuille de chou.

Papier à douleur

La Rue, 1894 : Billet protesté, quittance de loyer.

France, 1907 : Billet protesté ; quittance de loyer.

Papier Joseph

Delvau, 1866 : s. m. Billet de banque, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Papier de soie.

Papier Joseph ou de soie

France, 1907 : Billet de banque.

Papier public

Delvau, 1866 : s. m. Journal, — dans l’argot des paysans de la banlieue.

Parler papier

Larchey, 1865 : Écrire.

C’est lui qui parle papier pour moi à mon oncle.

Vidal, 1833.

Delvau, 1866 : v. n. Écrire, — dans l’argot des troupiers.

France, 1907 : Écrire ; argot des faubouriens.

Paroisse de Saint-Pierre-aux-Bœufs (être de la)

France, 1907 : Se disait autrefois et se dit encore en certains coins de province d’un homme lourd, grossier, stupide.

Paroissien de saint Pierre aux bœufs

Delvau, 1866 : s. m. Imbécile, — dans l’argot du peuple, qui sait que ce saint est le patron des grosses bêtes.

Passer à la patience, à la croupière

Merlin, 1888 : Punition assez scabreuse à définir et que les troupiers infligent à un mauvais camarade à un voleur ou à un délateur.

Paupière (se battre la)

Larchey, 1865 : Voir œil.

Petit papier

France, 1907 : On nomme ainsi les notes, documents recueillis sur certains personnages en vue, pour s’en servir contre eux à un moment donné.

Le petit papier a fait tache d’huile. Il s’est vulgarisé. Il a passé des couloirs de la Chambre, qui ont toujours été des foyers d’intrigue, sur la place publique, que nous autres, vieux républicains, nous nous plaisons toujours à nous figurer accessible seulement aux tourmentes de l’opinion, au soulèvement des passions émancipatrices.

(Germinal)

Pier

Rigaud, 1881 : Boire, — dans l’ancien argot ; d’où sont venus pionner et pictonner.

France, 1907 : Boire. « Mieux vaut pier du pivois que de la lance. »

Pierre

d’Hautel, 1808 : Jeter des pierres dans le jardin de quelqu’un. Faire devant lui des reproches qu’il ne peut s’empêcher de s’attribuer.
Du vin à fendre les pierres. Hyperbole, pour dire, que du vin est spiritueux, excellent.
La pierre en est jetée. Pour, il n’est plus temps de changer de résolution : parodie du proverbe latin, alea jacta est.
Trouver des pierres en son chemin.
Pour dire des obstacles, des empêchemens à ce qu’on a dessein de faire.
Une pierre de scandale. Personne ou action qui porte au scandale.
Il ne trouvera pas la pierre philosophale. Se dit par raillerie d’un homme peu intelligent, sans pénétration, et qui fait le bel esprit.

Pierre (la)

France, 1907 : C’est la vieille tribune aux harangues rustiques que l’on voit encore dans nombre de villages et qui sert pour les publications officielles. Elle est formée d’un bloc de pierre taillé ou d’une ancienne dalle tumulaire portée sur deux blocs plus petits, et généralement placée auprès de l’église. Monter sur la pierre, c’est faire une publication.

Pierre à affuter

Virmaître, 1894 : Le pain. En le coupant, cela n’affûte pourtant pas le couteau, mais c’est une allusion au va et vient du couteau sur la pierre à repasser, quand le rémouleur lui donne le fil, ou quand le boucher l’aiguise sur son fusil (Argot du peuple).

Pierre à affûter

Delvau, 1866 : s. f. Le pain, — dans l’argot des bouchers.

Rigaud, 1881 : Pain, — dans le jargon des bouchers, et pierre brute, — dans celui des francs-maçons.

La Rue, 1894 : Pain.

Rossignol, 1901 : Le pain.

France, 1907 : Pain ; argot populaire.

Pierre à décatir

Delvau, 1866 : s. f. Farce des tailleurs à l’usage de tout nouveau. C’est leur huile de cottrets.

Pierre blanche

Fustier, 1889 : Échafaud. Guillotine. Allusion aux pierres blanches qui se voient encore sur la place de la Roquette et sur lesquelles reposaient autrefois les montants de la guillotine.

Je sais ce qui m’attend, les trois pierres blanches ou la perpett.

(Gazette des Tribunaux, août 1883.)

Pierre brute

Delvau, 1866 : s. f. Pain, — dans l’argot des francs-maçons. Ils disent aussi Manne.

France, 1907 : Pain ; argot des francs-maçons.

Pierre d’aigle

France, 1907 : Variété géodique de fer hydroxydé renfermant un noyau mobile qui fait du bruit quand on secoue la pierre. On la trouve en assez grande quantité dans les environs de Trévoux. La croyance populaire leur attribuait des vertus particulières telles que celle de diminuer les douleurs de l’enfantement. M. Léon de Laborde cite ce passage d’un testament daté de 1604 et trouvé dans les archives de Béthune :

Jean de Charmolue lègue à sa cousine une pierre d’aigle garnye d’argent, la plus belle et bonne quy se puisse voyr. Elle soulage fort les femmes grosses en leur accouchement, la lyant à la cuisse gauche, et la fault retirer incontinent que l’enfant est au monde.

Cette superstition existe encore dans certains cantons du Midi et du Centre. On les appelle pierres d’aigles parce qu’on prétendait que ces oiseaux les portaient dans leurs nids pour faire éclore leurs petits.

Pierre d’Israël

France, 1907 : Encore une autre pierre douée de vertus magiques. Celle-ci est généralement une pierre précieuse, finement gravée, représentant un sujet ou une inscription indéchiffrable pour le vulgaire. « Lorsque, dit M. Léon de Laborde, la crédulité, du XIe au XIVe siècle, prit des formes nouvelles pour produire de nouvelles absurdités, ces pierres furent considérées comme l’origine hébraïque et se revêtirent d’une autorité cabalistique. On les appela pierres d’Israël, et l’on rédigea un code en règle de leurs propriétés magiques, d’après les sujets qu’elles représentaient. »

Pierre de chapon

France, 1907 : Les paysans ignares de certaines campagnes appellent ainsi une pierre soi-disant extraite du gosier d’un chapon et qui possède quelque vertu magique. Cette superstition est de vieille date. La pierre de chapon était autrefois religieusement conservée et mise en chaton comme pierre précieuse. On trouve dans l’inventaire du duc de Berry (1416) : Une pierre de chapon, tachée de blanc et de rouge, assise en un annel d’or.

Pierre de touche

Delvau, 1866 : s. f. Confrontation, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Confrontation.

La Rue, 1894 : Confrontation.

France, 1907 : Confrontation d’un malfaiteur avec sa victime ; argot des voleurs.

Pierre du lu

France, 1907 : Nom que l’on donne en quelques endroits à des blocs de pierre qui sont sans doute d’origine druidique, Lu est employé probablement pour aulu, qui signifie but, lieu réservé, refuge.

Pierre nu-tête

Rossignol, 1901 : Voir bogue.

Pierre philosophale (chercher la)

France, 1907 : Passer son temps à des recherches inutiles. Cette expression remonte au moyen âge, à l’époque où les croisés rapportèrent l’alchimie d’Orient, du XIe au XIIIe siècle. Les alchimistes, désignés sous le nom de philosophes, se mirent à l’œuvre pour découvrir, à l’aide du sel, du soufre et du mercure, un composé qui devait se transformer en or ou en argent, et qu’on désignait sous le nom de pierre philosophale. Si les recherches des alchimistes furent vaines sous ce point, elles contribuèrent néanmoins à de nombreuses découvertes en physique et en chimie. Au sujet des chercheurs de pierre philosophale, un nommé Guichard fit ce quatrain :

Chercher sans cesse une pierre introuvable,
C’est délirer au dernier point ;
À ce travail en se rend méprisable,
L’argent s’en va et l’or ne revient point.

Pierre qui roule n’amasse pas mousse

France, 1907 : Ce dicton se trouve à peu près dans toutes les langues. Pietra mossa son fa muschio, disent les Italiens qui ont traduit le latin Saxum volutum non obducitur musco. On disait encore :

Pierre souvent remuée
De la mousse n’est vellée.

C’est l’expression de l’esprit casanier de nos ancêtres qui n’aimaient guère à se déplacer, un des défauts des races latines filles de la Grèce, dont ce dicton est originaire. Les Italiens disent encore : Albero spesso traspiantato mai di frutti é caricato, traduction d’un autre vieux dicton français :

Arbre souvent transplanté
Ne porte pas fruit à planté.

Cependant les Anglais, voyageurs par excellence, ont adopté ce mot à mot du nôtre : A rolling stone gathers no moss. Mais il y a des gens prudents et timorés partout.

Va, mon vieux, va comme j’te pousse,
À gauche, à droit’, va, ça fait rien,
Va, pierr’ qui roule amass’ pas mousse,
J’m’appell’ pas Pierre et je l’sais bien.

(Aristide Bruant, Dans la Rue)

Pierres de lynx

France, 1907 : Bélemnites fossiles qui, dans les campagnes du Centre, passent pour avoir servi de jeu de quilles à l’enfant Jésus ! Les bonnes femmes s’en servent pour guérir les maux d’yeux. On sait que le lynx passe pour avoir la vue très perçante ; de là le nom.


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