Amoureux des onze mille vierges
Delvau, 1864 : Jeune homme timide qui toutes les nuits couche, en imagination, avec toutes les femmes qu’il a rencontrées dans la journée, et, en réalité, avec la veuve Poignet, — qu’il a toujours sous la main.
Je n’ai jamais sérieusement aimé qu’une femme, la mienne ; et cependant, comme tous les jeunes gens, j’ai été amoureux des onze mille vierges.
A. François.
France, 1907 : C’est être amoureux de toutes les femmes et croire aussi que toutes les femmes sont dignes d’être aimées. Presque tous les jeunes gens sont, au sortir du collège, amoureux des onze mille vierges. Ce chiffre énorme est une allusion au martyre de sainte Ursule qui fut, dit la légende, mise à mort par les Huns au IVe siècle, près de Cologne, avec onze mille compagnes. Quelle blague !
Billet de cent, de cinq, de mille
Rigaud, 1881 : Billet de cent francs, de cinq cents francs, de mille francs, — dans le jargon des gens pour qui le temps est de l’argent.
Il savait trop, par expérience, ce qu’un seul louis, que l’on veut gagner ou rattraper, coûte souvent, par la suite, de billets de cent et même de billets de mille.
(Vast-Ricouard, Le Tripot)
Dentelle de milled
La Rue, 1894 : Billet de 1.000 fr.
Fourmiller
Bras-de-Fer, 1829 : Courir.
Larchey, 1865 : Marcher. — Fourmillon : Marché public. — Mot expressif qui peint bien le fourmillement des vendeurs et des acheteurs. V. Parrain.
France, 1907 : Marcher vite.
Gagner des mille et des cents
Delvau, 1866 : v. a. Gagner beaucoup d’argent, — dans l’argot des bourgeois.
Laver son linge sale en famille
Virmaître, 1894 : Se disputer dans son intérieur, se faire des reproches sanglants (Argot du peuple).
Laver son linge sale en famille (il faut)
France, 1907 : Il ne faut pas entretenir le public des fautes des siens, ni raconter aux commères du voisinage, comme beaucoup de femmes le font, ses querelles de ménage et les frasques de son époux ; en agissant ainsi, on ne fait qu’exciter les rires.
Mettre dans le mille
Delvau, 1866 : v. a. Réussir dans une entreprise. Se dit aussi pour : Donner un coup de pied au derrière de quelqu’un.
Rigaud, 1881 : Réussir. — Toucher juste. — Allonger un coup de pied au cul d’un indifférent ou d’un ami.
Virmaître, 1894 : Réussir une affaire du premier coup. Terme usité chez les pédérastes : mille : podex (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Avoir réussi dans une affaire, être tombé juste, c’est avoir mis dans le mille.
France, 1907 : Terme usité chez les pédérastes et qui se passe d’explication.
France, 1907 : Réussir du premier coup. Allusion au coup gagnant du jeu du tonneau qu’on obtient en lançant son palet exactement sur le numéro 1000.
Pour venir en aide aux nénés
Des petites mamans jolies ;
Pour apaiser des nouveaux-nés
Les soifs toujours inassouvies,
L’inventeur à mis dans de mille !
Mille
d’Hautel, 1808 : Il a des mille et des cents. Pour dire, que quelqu’un a beaucoup d’argent ; qu’il est très à son aise.
Fustier, 1889 : Argot des libraires. L’édition totale d’un ouvrage, d’un roman quelconque, étant donné — ce qui est une supposition — que cet ouvrage est tiré à mille exemplaires.
Depuis quelque temps on lit sur la couverture des volumes d’une maison de librairie : Premier mille ou sixième mille ou dixième mille. Mille quoi ? Mille exemplaires, cela se devine, mais cela n’en est pas moins de l’argot et quel argot !
(Événement, 1883).
Le dernier roman de M. Daudet a eu une envolée heureuse. Le cinquantième mille est depuis longtemps dépassé.
(Français, juillet 1884)
France, 1907 : Voir Mettre dans le mille.
Fera-t-il beau, fera-t-il laid ?
C’est un problème difficile,
Chacun prédit ce qui lui plaît :
Tant mieux si l’on met dans de mille !
Millé
Hayard, 1907 : Billet de mille francs.
Mille (mettre dans le)
Fustier, 1889 : Réussir pleinement.
Mille millions de milliasse
Rigaud, 1881 : Enormément, un nombre infini de fois, tout ce que l’esprit du peuple peut concevoir de plus élevé comme chiffre.
Mille pattes
Rossignol, 1901 : Soldat d’infanterie.
Mille-langues
Delvau, 1866 : s. m. Personne bavarde, indiscrète, — dans l’argot du peuple.
France, 1907 : Bavard.
Mille-pattes
Merlin, 1888 : Infanterie, régiment ou bataillon de fantassins. Le mot fait image.
Fustier, 1889 : Fantassin.
France, 1907 : Sobriquet donné par les cavaliers aux fantassins.
Il arrive parfois
Que la bourse est bien plate,
On n’est pas des bourgeois
Quand on est mille-patte,
Si l’on n’peut se payer
Sa petite chopine,
Faut souvent se fouiller
Passant d’vant la cantine !…
Aussi vive mon quart de vin
Dont la distribution sonne !
Vive ce nectar purpurin !
Vive la France qui le donne !
Milled
La Rue, 1894 : Mille francs.
Virmaître, 1894 : Billet de mille francs (Argot des voleurs). N.
Millegroux
France, 1907 : Loup-garou.
Millerand
France, 1907 : Raisin à grains nombreux et sans pépins ; du latin mille et granum, grain.
Millerie
Halbert, 1849 : Loterie.
Delvau, 1866 : s. f. Loterie, — dans l’argot des voleurs.
Rigaud, 1881 : Loterie, — dans l’ancien argot.
La Rue, 1894 : Loterie.
Virmaître, 1894 : Loterie que tiennent les camelots dans les fêles publiques (Argot des camelots).
Hayard, 1907 : Loterie de camelot dans les foires.
France, 1907 : Loterie foraine ; argot des camelots.
Millet
d’Hautel, 1808 : C’est un grain de millet dans la gueule d’un âne. Se dit quand les secours que l’on donne à quelqu’un sont bien au-dessous de ses besoins.
Rossignol, 1901 : 1000 francs.
France, 1907 : Mille francs.
Millet à la bouche d’un âne (grain de)
France, 1907 : Peu de chose.
Millet, millot
Rigaud, 1881 : Billet de banque de mille francs.
Quarante millets ! Telle était cette aubaine.
(La France, du 13 mars 1879.)
Taper dans le mille
Rigaud, 1881 : Réussir. Donner du pied au derrière. — Bing ! en plein dans le mille. Allusion au jeu de Siam, au tir à la cible.
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