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Absinthe (faire son)

Delvau, 1866 : Verser de l’eau sur l’absinthe, afin de la précipiter et de développer en elle cette odeur qui crise tant de cerveaux aujourd’hui.
Signifie aussi Cracher en parlant. On a dit à propos d’un homme de lettres connu par son bavardage et ses postillons : « X… demande son absinthe, on la lui apporte, il parle art ou politique pendant un quart d’heure, — et son absinthe est faite. »

Rigaud, 1881 : Pour les profanes, c’est verser au hasard de l’eau dans un verre contenant un ou deux doigts de liqueur d’absinthe ; pour les fidèles, c’est la laisser tomber de haut, doucement, avec conviction, tantôt au milieu, tantôt près des bords du verre. Ils appellent cela « battre l’absinthe. » C’est insulter un buveur d’absinthe que de lui offrir de « faire son absinthe. » Presque tous les dilettanti de la liqueur verte la boivent debout. Est-ce par respect, est-ce par suite d’une habitude contractée devant le comptoir du marchand de vin ?

Absinthe en parlant (faire l’)

Rigaud, 1881 : Lancer, en parlant, de petits jets de salive, — dans le jargon des piliers de café. L’étymologie est anecdotique.

Pelloquet est là, et demande une absinthe, qu’on lui sert, sans lui apporter en même temps la carafe d’eau. Il parle — comme il parlait toujours — la pipe à la bouche, et postillonnant dans son verre… — Eh bien ? demande-t-il tout à coup, et la carafe ? — Ne vous dérangez pas, garçon, crie une habituée : l’absinthe est faite.

(Maxime Rude, Tout Paris au café)

Et avec cela, quand elle ouvrait la bouche pour jaser, elle faisait l’absinthe !

(Huysmans, les Sœurs Vatard)

Accroc au mariage (faire un)

Delvau, 1864 : Faire son mari cocu ; donner une rivale à sa femme.

Mais quand tu s’ras dans ton ménage,
Faut pas pour ça t’ priver d’amant,
Car les accrocs faits au mariage,
C’est du nanan.

E. Debraux.

Affaire

d’Hautel, 1808 : Monsieur tant affaire. Sobriquet qui signifie positivement un faiseur d’embarras, un charlatan.
Son affaire est dans le sac. Son affaire est faite. La première de ces locutions signifie qu’une affaire est conclue, terminée ; la seconde se dit d’une personne perdue, ruinée ; d’un criminel qui a subi sa sentence.
Faire ses affaires. Pour satisfaire à ses besoins naturels.
Les affaires font les hommes. Veut dire qu’un homme quelqu’inapte qu’il soit, devient habile dans un haut emploi.
Vous avez fait là une belle affaire. Se dit par ironie et par reproche à quelqu’un qui a commis quelqu’indiscrétion qui petit lui être nuisible.
À demain les affaires. Pour, nous verrons cela demain ; aujourd’hui ne pensons qu’à nous divertir.
Ceux qui n’ont point d’affaires s’en font. Signifie qu’il est dans la nature de l’homme de s’inquiéter, de se tourmenter, d’agir continuellement d’une manière ou d’autre.
Il entend ou il sait les affaires. Pour dire qu’un homme est habile et exercé dans les négociations ; qu’il se conduit avec prudence et selon les conjonctures.
Avoir affaire à la veuve et aux héritiers. Avoir de l’occupation par-dessus les yeux ; ne savoir auquel entendre ; être obligé de répondre à plusieurs personnes, à plusieurs parties divisées d’intérêts.

Bras-de-Fer, 1829 : Vol.

Delvau, 1864 : L’acte vénérien, le membre viril de l’homme, ou le con de la femme.

Le grand cordelier ayant achevé son affaire.

(Moyen de parvenir.)

Macette, on ne voit point en l’amoureuse affaire
Femme qui vous surpasse en traite d’agilité.

(Cabinet satyrique.)

Pense que peut en cela faire
Qui se plait à l’affaire.

Jodelle.

Elle disait qu’il n’y avait si grand plaisir en cette affaire que quand elle était à demi forcée et abattue.

Brantôme.

Dites-vous que l’amour parfait
Consiste en l’amoureuse affaire.

Théophile.

Le jeune homme puceau l’appelle son affaire.

Protat.

Mon cher ami, j’ai l’habitude
De me couvrir, en me baignant,
D’un sac qui me cache et me serre
Des pieds jusques à l’estomac…
Parbleu ! c’est prudent, dit Voltaire,
Et votre affaire est dans le sac.

C. Fournier.

Que voulez-vous que je vous donne pour me permettre d’arracher un poil de votre affaire ?

D’Ouville.

Delvau, 1866 : s. f. Vol à commettre. Argot des prisons.

Rigaud, 1881 : Vol en perspective. — Affaire à la manque, procès.

La Rue, 1894 : Vol ou assassinat. Affaire juteuse, affaire fructueuse.

Virmaître, 1894 : Pour les voleurs, tous genres de vols sont des affaires (Argot des voleurs).

Affairé

d’Hautel, 1808 : Avoir l’air affairé. Paroître très préoccupé, très empressé ; faire l’homme d’importance.

Affaire (avoir son)

Delvau, 1866 : Avoir son compte, soit dans un duel, soit dans un souper, — être presque tué ou presque gris. Argot du peuple.

Affaire (donner ou faire son)

Larchey, 1865 : Tuer.

L’un d’eux doit m’faire C’te nuit mon affaire.

Désaugiers.

Avoir son affaire : Être ivre-mort.

Je propose l’absinthe… Après quoi j’avais mon affaire, là, dans le solide.

Monselet.

Avoir ses affaires : Avoir ses menstrues. V. Anglais.

Affaire (faire son)

Rigaud, 1881 : Battre quelqu’un, le tuer.

En attendant que Golo te fasse ton affaire.

(H. Crémieu et E. Tréfeu, Geneviève de Brabant.)

Au XVIIIe siècle on disait : ses affaires sont faites, pour : il est perdu, il est ruiné.

Rigaud, 1881 : Avoir reçu une blessure grave. — Être complètement soûl.

Affaire avec quoi l’homme pisse (l’)

Delvau, 1864 : La pine, — un mot que n’osent pas avoir à la bouche les femmes qui ont le plus au cul la chose qu’il représente.

N’en as-tu pas vu quelqu’un qui pissât, et cette affaire avec quoi il pisse ?

Mililot.

Affaire chouette

Clémens, 1840 : Vol bien fait.

Affaire dans le sac

Rossignol, 1901 : Une affaire faite, une affaire terminée, est une affaire dans le sac.

Affaire de cœur

Delvau, 1864 : Coucherie, — cor étant mis là pour cunnus.

Vous êtes en affaire ? me cria-t-il à travers la porte, pendant que j’accolais ma drôlesse et la suppéditais avec énergie, — Oui, répondis-je en précipitant mes coups, je suis en affaire… de cœur.

J. Le Vallois.

Affaire donnée

M.D., 1844 : Vols que l’on exécute d’après le consentement et les renseignements de portiers ou de domestiques. Ces vols n’arrivent que trop fréquemment.

Affaire esbrouffée

Clémens, 1840 : Vol manqué.

Affaire filée

M.D., 1844 : Coup prémédité depuis longtemps.

Affaire juteuse

Delvau, 1866 : s. f. D’un bon rapport. Argot des Mercadets.

Affaire Majeure

Clémens, 1840 : Vol considérable.

Affaires

Delvau, 1866 : s. f. pl. Se dit de l’indisposition menstruelle des femmes. Argot des bourgeois.

Affaires (avoir ses)

Delvau, 1864 : Avoir ses menstrues, qui sont toute une affaire, en effet.

Ce n’est pas le jour des affaires
Qu’il parait le plus affairé.

Eugène Vachette.

Rigaud, 1881 : Avoir ses menstrues.

Affaires (manquer ses)

Rigaud, 1881 : Perdre son temps avec un amant de cœur et négliger les amants sérieux, — dans le jargon des filles galantes.

Affront (faire un)

Delvau, 1864 : Débander juste au moment où il faut bander le plus roide, — seule impertinence que les femmes ne pardonnent pas.

Tournez en ridicule
Ceux qui n’avancent pas
Plus d’un pas,
Ou qui font
Un affront
Au second.

Collé.

Ailes de pigeon (faire les)

France, 1907 : Danser en battant les jambes et rapprochant les talons.

Aimant (faire de l’)

Rigaud, 1881 : Chercher à attirer l’attention, comme l’aimant attire le fer.

France, 1907 : Faire des embarras, des protestations d’amitié pour mieux duper.

Aligner sur la pancarte (se faire)

Rigaud, 1881 : C’est mot à mot, dans l’argot du régiment : Se faire aligner sur la pancarte des hommes punis.

Aller à ses affaires

Delvau, 1866 : Ce que les Hébreux appellent hesich raglaw, les Anglais to shite, les Espagnols cagar, les Flamands schyten, les Italiens cacare, et les Grecs χέζειν.

Autrefois, chez le roi, on appelait chaise d’affaires, la chaise percée, et brevet d’affaires le privilège d’entrer dans le lieu où le roi est sur sa chaise d’affaires.

France, 1907 : où le roi ne va qu’à pied. « C’est, à mots couverts, disait Scarron, le lieu où l’on va se décharger du superflu de la mangeaille. »

Aller et retour (donner ou faire l’)

Delvau, 1864 : Tirer deux coups avec une femme, sans déconner.

C’est un pauvre homme, dit-elle ; il ne peut pas même faire l’aller et retour sans être sur les dents.

A. François.

Aller faire faire (s’)

Delvau, 1866 : Expression injurieuse — de l’argot des bourgeois par laquelle on se débarrasse de quelqu’un qui vous gêne ou vous ennuie. Le second verbe faire en remplace un autre qui est tantôt paître, tantôt un autre plus énergique.

Aller se faire couper les cheveux

Delvau, 1864 : Aller au bordel. — L’expression date de l’établissement des bains de mer de Trouville, fréquentés par la meilleure société parisienne. Trouville est pour ainsi dire un faubourg du Havre, mais un faubourg sans bordels. Les messieurs sans dames qui ont des besoins de cœur s’échappent, vont au Havre et reviennent l’oreille basse, la queue entre les jambes, comme honteux de leurs mauvais coups. D’où venez-vous ? leur demandent les dames. — J’ai été me faire couper les cheveux, répond chaque coupable. — Les dames trouvaient — trouvillaient, dirait Commerson — qu’ils allaient bien souvent se faire arranger — la chevelure.

Aller se faire foutre

France, 1907 : Aller au diable.

Aller se faire lanlaire

Fustier, 1889 : Se débarrasser d’un importun. L’envoyer promener.

… Votre cœur ? Il n’y a que les gens qui n’ont que ça qui le proposent… Ça ne suffit pas… Vous pouvez aller vous faire lanlaire… !

(Huysmans, Les sœurs Vatard)

Aller trop vite à l’offrande et faire choir le curé

Delvau, 1864 : Décharger au moment où l’on va baiser une femme, que l’on a désirée trop longtemps, et débander immédiatement.

Allez vous faire fiche !

Larchey, 1865 : Allez au diable.

Ce mot cache un jurement très grossier.

d’Hautel, 1808.

Eh bien ! dis à grand’maman qu’elle aille se faire fiche !

Gavarni.

Amusette (faire l’)

Delvau, 1864 : Se peloter mutuellement en attendant le moment de baiser, ou après avoir baisé ; plus spécialement, se branler avec l’extrémité d’un membre viril, quand on est femme.

Lorsque nous avions couru quelques postes et que j’avais quelque peine à remonter sur ma bête, elle, qui n’était ni fatiguée ni rassasiée, s’emparait avec autorité de ma lavette et faisait l’amusette.

A. François.

Androgyne (faire l’)

Delvau, 1864 : Baiser une femme, ce qui est proprement réunir les deux sexes en un seul.

Anglaise (faire une)

Rigaud, 1881 : Se cotiser pour aller boire bouteille chez le marchand de vin, — dans le jargon des ouvriers. — C’est ce que les Italiens appellent faire une Romaine, se régaler à la Romaine.

Anse du panier (faire danser l’)

Rigaud, 1881 : Gagner sur la dépense du ménage. L’expression remonte à l’an 1636. (La Response des servantes.) Faire danser est pris dans le sens de faire sauter, voler. C’est donc mot à mot : faire sauter une partie de l’argent destiné à l’achat des provisions que protège l’anse du panier.

Aquilin (faire son)

Rigaud, 1881 : Faire la mine. C’est-à-dire faire son nez aquilin.

France, 1907 : Prendre de grands airs.

Arc-en-ciel (faire l’)

Fustier, 1889 : Argot des Grecs.

J’ai fait l’arc-en-ciel. — Qu’entendez-vous par là ? — Je vous ai jeté les cartes très loin, d’une façon négligée avec une sorte de désinvolture. Lancées ainsi, elles ont décrit un cercle et j’ai pu les voir lorsqu’elles sont arrivées à leur point culminant.

(Belot : Le Roi des Grecs)

Arrondir (se faire)

France, 1907 : le globe ou Enfler le tablier.

Je vois s’enfler le tablier
De plus d’une friponne.

(Béranger.)

Art (faire de l’art pour)

Larchey, 1865 : Cultiver les arts ou les lettres sans y chercher uniquement une occasion de lucre. V. Métier (Faire du).

Nous avons connu une école composée de ces types si étranges, qu’on a peine à croire à leur existence ; ils s’appelaient les disciples de l’art pour l’art.

Murger.

Article (faire l’)

Delvau, 1864 : Se dit des maquerelles plantées le soir sur le seuil des bordels, qui essaient d’y faire entrer les passants en leur dépeignant rapidement, avec des couleurs un peu fortes mais saisissantes, les beautés diverses et les talents particuliers de leurs pensionnaires.

Tu resteras sur le seuil du bazar et tu feras l’article pour nos demoiselles.

Lemercier.

Larchey, 1865 : Faire valoir une personne ou une chose comme un article de commerce.

Malaga ferait l’article pour toi ce soir.

(Balzac)

Examinez-moi ça ! comme c’est cousu ! — Ce n’est pas la peine de faire l’article.

Montépin.

Être à l’article : Être à l’article de la mort, sur le point de mourir.
Porté, fort sur l’article : Enclin à la luxure.

Rigaud, 1881 : Faire valoir une marchandise, faire ressortir les qualités d’une personne. Le boutiquier et la fille s’entendent mieux que personne à faire l’article.

Astique (faire l’)

Rigaud, 1881 : Astiquer son fourniment, faire son lit, cirer ses bottes, — dans le jargon de Saint-Cyr.

L’astique, une science très amusante de la grande manœuvre en plusieurs tableaux, qui se joue entre les quatre murs de l’École.

(R. Maizeroy, La Vie moderne, 2 août 1879.)

Aubépine (faire son)

France, 1907 : Faire sa mijaurée, sa sainte nitouche.

Tu fais ton aubépine ! Eh ! Fiche-moi la paix,
Sinon je cogne dur. Suis-je donc un niais ?
Quoi ! Tu ne gagnes rien et tu veux que je t’aime !

(Jérôme Monti, Le Traquenard)

Bagatelle (faire la)

Virmaître, 1894 : Faire l’amour. Quand la maquilleuse de brèmes tire les cartes à une jeune fille et que l’as de pique sort, elle lui annonce qu’elle fera la bagatelle (Argot des filles).

Bailler le colas (faire)

France, 1907 : Couper le coup à quelqu’un, argot des voleurs : colas pour cou.

Baiser (se faire)

Rigaud, 1881 : Se laisser tromper grossièrement, se laisser voler. — Être baisé, être trompé, avoir le dessous dans une affaire d’amour, dans une affaire quelconque, dans une partie de jeu. « — Capitaine ! — Commandant ? — Vous allez faire la partie de la colonelle ; attention ! pas de blagues, pas de mots risqués. — Ayez pas peur… je veux que le tonnerre de N. D. D. m’emporte si… » On joue : Le capitaine (annonçant :) — « Le roi, (entre ses dents :) un foutu gueux. » — La colonelle : « La dame de pique. » — Le capitaine : « Je lui fends le c… (d’une voix de stentor :) atout, ratatout, le poil de mes… moustaches et je prends tout… vous êtes baisée, ma petite mère. »

Balai neuf (faire)

Rigaud, 1881 : Être rempli de zèle ; bien faire son service ; contenter ses maîtres les premiers jours, — en parlant d’un nouveau domestique.

Balancier (faire le)

France, 1907 : Attendre quelqu’un.

Balcon (faire le)

Delvau, 1864 : Moyen ingénieux employé par les filles pour faire savoir à leurs abonnés qu’elles sont visibles : — il leur suffit de mettre au balcon une chaise sur laquelle sera déposée une chemise ou une jupe commencée… puis de retirer le tout quand le client est entré.

Je vous dis que vous faites la fenêtre ; on vous a vue au balcon.
— Ah ! M. le commissaire, comme on vous a trompé : je ne vais jamais à ce bal là.

J. Ch.

Balle (faire la)

La Rue, 1894 : Suivre les instructions données, Signifie aussi convenir : cela fait ma balle, cela me convient.

Balle (faire)

Fustier, 1889 : Être à jeun.

Les forçats ne sont pas dégoûtés et quelques taches dans un quart de pain ne sont pas pour faire reculer un fagot de bon appétit et qui fait balle.

(A. Humbert, Mon bagne)

Balle élastique (faire)

Halbert, 1849 : Manquer de vivres.

Banco (faire)

Larchey, 1865 : Tenir tous les enjeux qui sont opposés par le banquier. — Terme de lansquenet.

Certains joueurs arrivent avec dix louis dans leur poche ; ils font des banco de cent, deux cents, trois cents louis.

Karr.

Bande à part (faire)

Virmaître, 1894 : Fuir ses camarades d’atelier, aller boire et manger seul. Synonyme d’ours (Argot du peuple).

Bander (faire)

Delvau, 1864 : Provoquer l’érection de l’homme par des discours libertins ou par des attouchements autour des parties sexuelles.

L’air est plein d’odeurs spermatiques
Qui font bander les plus usés,
Et font sortir de leurs boutiques
Les bourgeois les plus empesés.

(Parnasse satyrique.)

Banque (faire la)

Rigaud, 1881 : Faire mousser la marchandise, — dans le jargon des camelots.

Banque (la faire)

Virmaître, 1894 : Le samedi, les ouvriers typographes se partagent le prix du travail de la semaine (Argot d’imprimerie).

Banque blèche (faire)

Rigaud, 1881 : Ne pas toucher de banque (paye), — dans le jargon des typographes.

Barbe (faire sa)

Fustier, 1889 : Argot théâtral. Gagner de l’argent.

Sa barbe faite, comme on dit en argot théâtral, c’est-à-dire son argent gagné, notre chanteuse s’empresse de quitter le salon.

(Gaulois, 3 octobre 1881.)

Barouf (faire du)

Hayard, 1907 : Faire du tapage.

Bataille des Jésuites, cinq contre un (faire la)

Delvau, 1864 : Se masturber, les jésuites ayant inventé le plaisir solitaire — après Onan.

Bate (faire)

Rigaud, 1881 : Arrêter, — dans le jargon des voleurs. C’est-à-dire « faire beau » pour… la police.

Bâton (faire)

Delvau, 1864 : Bander.

Le temps… où la première guenon venue qui me mettait la main dessus me f’sait faire bâton pendant quinze jours.

Lemercier de Neuville.

J’crois ben qu’ la seul’ médecine
Qui pourrait m’ guérir tout d’ bon
Et m’empécher d’fair’ bâton,
Ce s’rait d’ fair’ sombrer ma pine,
Capitain’, dans un pied d’con.

G. De La Landelle.

Belle (faire la)

Virmaître, 1894 : Jouer une troisième partie qui décidera quel sera le vainqueur des deux adversaires ayant perdu chacun une manche (Argot du peuple).

Bête à deux dos (faire la)

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien, pendant lequel les deux fouteurs, cellés ensemble par le ventre, ont l’air de n’avoir que des dos. — L’expression a de l’usage. Coquillart s’en est servi, Rabelais après lui, et, après Rabelais, Shakespeare — dans la première scène d’Othello :

Your daughter and the Moor are now making the beast with two backs…

On s’en sert toujours avec avantage dans la conservation.

France, 1907 : Faire l’amour ; accomplir l’acte qui perpétue l’espèce humaine. L’expression est de vieille date.

Il est difficile à un auteur dramatique de s’échapper des sujets reconnus d’utilité théâtrale et de pratiquer une conception supérieure au mensonge sempiternel de l’amour et aux variations écœurantes de la bête à deux dos. En vain, nous réclamons, pour l’art dramatique avili, un champ plus vaste et plus haut d’expérience : il semble condamné au bagne de la pornographie macabre, sinistre ou farceuse, aux truculences de la pièce rosse, poncif du Théâtre-Libre, ou aux éjaculations idiotes du Vaudeville.

(Henri Bauer, Les grands Guignols.)

… Les rideaux
Sont tirés. L’homme, sur la femme à la renverse,
Lui bave entre les dents, lui met le ventre en perce,
Leurs corps, de par la loi, font la bête à deux dos.

(Jean Richepin, Les Blasphèmes.)

Bêtises (faire des)

Delvau, 1864 : Patiner une femme, peloter un homme : baiser ; sodomiser.

Sois bien sage et bien raisonnable, mais pas trop cochon ; si nous voulons, nous ferons des bêtises.

Henry Monnier.

Lors le prélat, relevant son étole,
Après m’avoir caressé le menton,
M’ fit des bétis’s au pied du Capitole :
J’ai, mes amis, toujours été cochon.

(Parnasse satyrique.)

Beurre (faire son)

Rigaud, 1881 : Tirer profit de ; gagner. — Pour l’employé, c’est une bonne place qui lui permet de prélever un bénéfice plus ou moins licite ; pour l’administrateur d’une grande compagnie, ce sont « les tours de bâton », c’est le « pot de vin » ; pour la cuisinière, c’est le résultat de la danse du panier ; pour la fille entretenue, c’est le fruit de la générosité de « Monsieur ».

Bien faire (en train de)

Rigaud, 1881 : En train de manger.

À toutes les tables, dans les environs, des soupeurs déjà en train de bien faire.

(F. d’Urville, Les Ordures de Paris)

Bifteck (faire du)

Rigaud, 1881 : Monter sur un cheval qui trotte dur et mortifie, comme s’il s’agissait d’un bifteck, la partie de l’individu qui repose sur la selle. (L. Larchey)

Bile (se faire de la)

Clémens, 1840 : Se lamenter, chagriner.

Biographe (se faire)

Rigaud, 1881 : Être diffamateur (Max. Parr), — dans le jargon des gens de lettres qui n’ont pas été satisfaits de leurs biographies. — L’expression a été créée à l’époque où Paris a été inondé de biographies de grands et de petits-hommes.

Blanc (faire du)

Rigaud, 1881 : Faire le joli cœur, l’empressé auprès d’une femme. C’est mot à mot : « faire les yeux blancs, les yeux amoureux », — dans le jargon des voyous. — Quand t’auras fini de faire du blanc, faudra le dire. On dit aussi faire le blanc, pour le blanc de l’œil.

Blèche (faire)

Boutmy, 1883 : v. Amener un coup nul au jeu des cadratins. Par extension, faire banque blèche, c’est ne pas toucher de banque. V. Banque.

Bloc (faire un)

France, 1907 : Faire un marché.

Bœuf (faire un)

Rigaud, 1881 : Remplacer momentanément à la besogne un compagnon qui est allé relever un factionnaire, par exemple, — dans le jargon des typographes.


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