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Avoir la vache et le veau

Delvau, 1864 : Épouser une fille enceinte des œuvres d’un autre.

Bœufs portent cornes et veaux cornettes

France, 1907 : Cette expression, bien que hors d’usage, mérite par son originalité de prendre place ici. L’explication en est donnée par Fleury.

Bœufs est mis là pour gens de robe, avocats et conseillers, ou procureurs, et veaux pour les jeunes docteurs licenciés. On dit que les premiers sont bœufs qui porteront cornes, parce que ceux d’entre eux qui sont vieux et qui ont de belles jeunes femmes, sont sujets à êtres cocus. Les seconds sont appelés veaux à cornettes parce qu’ils sont si enflés d’avoir le bonnet de docteur, qu’à peine font-ils quatre pas sans leur robe et le chaperon qui y est attaché, qu’on nomme cornette.

Bouillon de veau

France, 1907 : On appelle ainsi une certaine littérature douceâtre à la portée des petites bourgeoises qui, d’ailleurs, en ont fait le succès. « De l’eau de cuvette ». disait Paul Bonnetain, en parlant de la prose d’un littérateur qui s’est créé une spécialité nauséabonde dans l’exhibition de certains petits vices honteux et féminins, avec cette différence que le bouillon de veau est fade, mais propret, tandis que « l’eau de cuvette » est écœurante.

Il n’aimait ni les romans de cape et d’épée, ni les romans d’aventures ; d’un autre côté, il abominait le bouillon de veau des Cherbuliez et des Feuillet.

(Huysmans, À Vau-l’eau)

Claveau

France, 1907 : Clé.

Le huitième jour après la condamnation de Virginie, au matin, Orlando remit à Capoulade la clé de son logis, en disant :
— Je vous rends le claveau. J’rentrerai pas ce soir.
Sa bourse était tout à fait vide, Il ne savait plus où aller.
Pour la faim, il ne s’en inquiétait guère, Sobre comme tous les gens de son pays, il savait serrer sa ceinture et se taire ; mais le froid de ces nuits du Nord le tuait.

(Hugues Le Roux, Les Larrons)

Enrhumé du cerveau

Virmaître, 1894 : Allusion au nez qui coule sans cesse. Mais ce n’est pas du nez qu’il s’agit (Argot du peuple). V. Lazzi-loff.

Rossignol, 1901 : Voir chaude lance.

Faire sa nouveauté

Rigaud, 1881 : C’est, dans le jargon des filles, se produire sur un nouveau trottoir, montrer un nouveau visage aux dilettanti de la prostitution.

Morveau

d’Hautel, 1808 : Lécher le morveau à quelqu’un. Le caresser, lui faire une cour assidue, l’embrasser continuellement.

Mou de veau

Delvau, 1864 : Gorge flasque, tombante.

L’autre dit que sa gorge était un, mou de veau.

(L. Protat)

Nouveau

d’Hautel, 1808 : Au nouveau, tout est beau. Signifie que les inconstans et les esprits légers s’enthousiasment d’abord de tout ce qui est nouveau ; mais que le refroidissement et le dégoût succèdent bientôt après.
C’est du fruit nouveau que de vous voir. Se dit par plaisanterie à quelqu’un qu’on n’a pas vu depuis long-temps dans un lieu, et que l’on y rencontre par hasard.

Delvau, 1866 : s. m. Élève récemment arrivé au collège, — dans l’argot des collégiens ; soldat récemment arrivé au régiment, — dans l’argot des troupiers ; ouvrier récemment embauché, — dans l’argot du peuple ; prisonnier récemment écroué, — dans l’argot des voleurs.

France, 1907 : Élève de rhétorique. La rhétorique est divisée en deux sections : les nouveaux et les vétérans.

Le nouveau a des principes de moustaches, des gants blancs, des éperons, un cigare qu’il jette sur le seuil du collège. Au lieu de lire Horace et Virgile et de s’occuper de discours latins, il se forme le style dans la lecture des romans, et apprend l’éloquence dans les journaux qui rapporttent les séances de la Chambre. Les moins hardis font des vaudevilles.

(Henri Roland, L’Écolier)

Nouveau jeu

France, 1907 : Nouveau modèle, nouveau genre, nouvelle manière de penser et d’agir ; argot du boulevard.

Nouveauté

Delvau, 1866 : s. f. Livre qui vient de paraître, — dans l’argot des libraires, qui souvent rééditent sous cette rubrique de vieux romans et de vieilles histoires.

Pied de veau (faire le)

France, 1907 : Faire bassement et servilement sa cour à un supérieur ; flagorner quelqu’un dont on attend des avantages.

Prendre la vache et le veau

Rigaud, 1881 : Épouser une fille-mère et reconnaître l’enfant.

France, 1907 : Épouser une fille-mère.

Queue de veau

France, 1907 : Sobriquet donné à la ville de Brie-Comte-Robert.

Rhume de cerveau

Rossignol, 1901 : Voir nazillé.

Rien de nouveau sous le soleil

France, 1907 : C’est ce qu’affrmait déjà, voilà bientôt quatre cents ans, le poète Mellin de Saint-Gelais :

Di je quelque chouse nouvelle,
L’antiquité, toute en cervelle,
Me dict : je l’ai dict avant toy,
C’est une plaisante donzelle !
Que ne venoit elle aprez moy ?
Moy, je l’aurois dict avant elle.

 

Vous vous récriez que l’une des deux histoires est faite à plaisir pour parodier l’autre. Non, elles sont toutes deux également vraies. Et cela vous prouve que de roi Salomon n’avait pas tort d’assurer, trois mille ans environ avant votre naissance, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

(Louis Randal)

Roveau

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Gendarme.

France, 1907 : Gendarme. Sobriquet donné par les galériens aux gardes qui conduisaient la chaîne. C’est l’ancien nom donné aux archers, sans doute une corruption de royaux.

Roveaux

anon., 1827 / Bras-de-Fer, 1829 / Halbert, 1849 : Gendarmes.

Soliveau

France, 1907 : Tête ; argot populaire.

— Gare à ton soliveau, Dumanet, les prunes vont rappliquer.

(Les Joyeusetés du régiment)

Tête de veau

Rigaud, 1881 : Individu chauve. — Figure pâle et grasse ; et, encore, tête de veau lavée, par allusion aux têtes de veau trempant dans les baquets des bouchers.

Rossignol, 1901 : Celui qui n’a plus ou peu de cheveux.

France, 1907 : Tête chauve. C’est le sobriquet donné aux condamnés militaires aux travaux publics dont la tête est complètement rasée.

— Tu sais ici, on rase tout, barbe et moustache. Les disciplinaires n’ont pas le droit d’en porter. C’est ce qui les distingue des condamnés aux travaux publics qui, eux, portent la barbe et la moustache, mais ont la tête complétement rasée… C’est pour ça qu’on les appelle les têtes de veaux.

(Georges Darien, Biribi)

Tête de veau lavée

France, 1907 : Visage pâle et maigre.

Têtes de veau

Rossignol, 1901 : Les militaires condamnés à une peine de travaux publics, à la suite d’un conseil de guerre. Tête de veau, parce qu’on leur laisse toute la barbe et qu’on leur rase la tête.

Vache et le veau (prendre la)

France, 1907 : Épouser une fille enceinte des œuvres d’un autre.

Vache, veau

Rigaud, 1881 : Femme de mauvaise vie. Comme la vache et le veau, elle aime à se coucher ; son métier l’oblige à se coucher. La vache a, naturellement, plus d’expérience et partant plus de rides que le veau.

(la duchesse de Berry) est morte, la vache à panier. Elle est morte, il n’en faut plus parler.

(Correspondance de la princesse Palatine)

Veau

d’Hautel, 1808 : Des brides à veau. Coq à l’âne ; absurdités, raisons impertinentes et ridicules dont on amuse les sots.
Tuer le veau gras. Faire un régal extraordinaire pour témoigner la joie qu’on éprouve de revoir quelqu’un.
Un veau d’or. Un Midas ; un riche sans lettres ; un parvenu.
S’étendre comme un veau. S’étaler d’une manière incivile et souvent incommode aux autres.

Delvau, 1864 : Gourgandine, fille de la dernière catégorie, — sans doute par allusion à sa chair fadasse, plus adipeuse que musculée, plus lymphatique que sanguine, qui ne donne pas le moindre appétit.

Un soir, à la barrière,
Un veau
Tortillait son derrière
Bien beau.

(Vachette)

O vous, jeunes étudiants,
De veaux si vous êtes amants,
Craignez, craignez fort la vérole.

(A. Watripon)

Larchey, 1865 : Jeune fille de joie, condamnée au rôle futur de Vache. V. ce mot.

Je rencontre à la barrière Un veau (bis).

(Chanson populaire)

Delvau, 1866 : adj. Paresseux, nonchalant, — dans l’argot du peuple. Il ne fout pas croire l’expression nouvelle. Galli socordes et stultos vituli nomine designare soliti sunt, dit Arnoult de Féron dans son Histoire de France. Et Régnier, dans sa satire à Mottin, dit de même :

Ce malheur est venu de quelques jeunes veaux
Qui mettent à l’encan l’honneur dans les bordeaux.

Delvau, 1866 : s. m. Jeune fille qui a des dispositions pour le rôle de fille. Argot des faubouriens.

Merlin, 1888 : Voir Azor.

Virmaître, 1894 : Femme de barrière, rôdeuse de caserne (Argot des voyous).

Virmaître, 1894 : Toute jeune fille qui n’a pas grand chemin à faire pour devenir vache. Il existe à ce sujet une vieille chanson qu’il serait impossible de citer en entier :

Un jour, à la barrière,
Un veau,
Un veau,
Tortillant du derrière.
Fort beau,
Fort beau.
Je la … sur parole.

Neuf jours plus tard, le camarade était au Midi (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Femme publique.

France, 1907 : Imbécile, niais, balourd. L’expression est vieille ; on la trouve dans un dicton du XVIe siècle : Celuy se monstre estre bien veau, qui par la poincte rend le couteau.

L’autre soir, on parlait métempsycose.
Le jeune vicomte des Étoupettes, pour se rendre intéressant, soutenait avec un aplomb imperturbable qu’il se souvenait fort bien d’avoir été le veau d’or des anciens Hébreux.
— Pardon, demanda en s’approchant une jeune personne, mais l’or, qu’en avez-vous fait ?
 
Cependant, j’avais soif encor ;
J’allais dans un autre décor
Boire un verre de vulnéraire,
Eh bien, croyez-vous qu’à nouveau
Devant moi je trouve mon veau
Qui me ressemblait comme un frère !

(Raoul Ponchon)

France, 1907 : Jeune fille de mœurs légères : destinée à devenir vache.

L’ami. — Ne blaguez pas les dessous de bras, mon cher ! Je connais une petite bonne femme qui doit sa fortune à ses aisselles. Uniquement ! Elle n’a que ça, cette enfant, mais elle l’a ! Oh ! la mâtine, elle l’a bien ! Savez-vous ce qu’elles sentent, ses aisselles ?
M. de Grangel. — Non ! moi, j’ai connu une princesse polonaise, très ordinaire comme tête, mais qui embaumait les chrysanthèmes. Quand elle levait les bras, c’était délicieux.
L’ami. — Ma petite camarade, dont je vous parle, sent le foin coupé. Mais vous savez, tout à fait le foin coupé. On se croirait dans une prairie.
Claude. — Avec un veau.

(J. Marni)

France, 1907 : Paresseux, débauché. Le mot est vieux dans ce sens, on le trouve dans Mathurin Régnier.

Ce malheur est venu de quelques jeunes veaux
Qui mettent à l’encan l’honneur dans les bordeaux.

(Satire à Moltin)

Veau (faire le pied de)

France, 1907 : Flatter bassement, se livrer à de lâches complaisances.

Las de faire le pied de veau près de cette belle mijaurée, je résolus d’employer une méthode plus virile et de brusquer le mouvement.

(Les Propos du Commandeur)

Veau (fièvre de)

France, 1907 : Ivresse ; vieille expression.

Il a la fièvre de veau, il tremble quand il est saoul.

Veau d’or (adorer le)

France, 1907 : Se prosterner devant un imbécile opulent ; faire des courbettes à un homme qui n’a d’autre mérite que sa fortune : tout sacrifier au vil métal. Allusion au veau d’or que, suivant la légende hébraïque, les Juifs adorèrent dans le désert.

J’ai vu des courtisans, pour la moindre largesse,
Se faire du veau d’or les vils adorateurs.

(Audouit)

Veau de dime

France, 1907 : Triple sot ; celui qui paye la dime aux prêtres et que l’on peut exploiter à merci. Vieille expression.

Et ces aultres vieulx mastins, qui jamais n’entendirent la moindre loi des Pandectes, et n’estoient que gros veaulx de disme, ignorants de tout ce qu’est nécessaire à l’intelligence des loix.

(Rabelais)

Veau de lune

France, 1907 : Imbécile, double sot.

Quand, obliquement, tel un crabe,
Mon proprio chez moi vient choir,
Voici ce qu’à ce vieux crabe,
Sans en omettre une syllabe,
Je lui passe avec le crachoir :
« N’ai-je pas pour toi, veau de lune,
Assez dépeuplé mon gousset ?
Et comment ferai-je si, thune
Par thune, tu prends ma fortune,
Pour aller boire chez Pousset ? »

(Raoul Ponchon)

Veau morné

Halbert, 1849 : Femme ivre.

Rigaud, 1881 : Femme ivre. Morné est pour mort-né. (L. Larchey)

Veau mort-né

France, 1907 : Femme ivre ; expression populaire.

France, 1907 : Veau servi dans les restaurants à bon marché et à prix fixe ; expression populaire. Se dit aussi pour veau mal cuit, mets des plus indigestes, ainsi que le constate un dicton du XVIe siècle :

Veau mal cuit et poulles crues
Font les cimetières bossus.

Veau-gras

France, 1907 : Sobriquet que les polytechniciens donnent aux élèves de l’École du Val-de-Grâce. Jeu de mot sur Val et Grâce.

Veaux (brides à)

France, 1907 : Choses inutiles ; raisons ridicules qui ne peuvent persuader que des sots ou des naïfs. La plupart des professions de foi des candidats à la Chambre sont des brides à veaux. Vieille expression qui date du XVIe siècle.

Veaux de Brou

France, 1907 : Sobriquet donné aux habitants de Saint-Romain-de-Brou, chef-lieu de canton d’Eure-et-Loir, à la suite d’une farce dont ils furent victimes, et dont on trouve le récit dans le Facétieux Réveille-matin des esprits mélancoliques, ou remède préservatif contre les tristes, Rouen 1659 :

Ce sobriquet est venu d’un tour que trois jeunes garçons, qui n’avaient pas d’argent, firent aux habitants de la ville de Brou en Beausse, en feignant qu’ils estoient comédiens. D’abord qu’ils eurent obtenu la permission du juge, ils firent afficher par la ville des placards où estoient éscrits ces mots : « Les comédiens du Roy représenteront aujourd’huy la fuite des enfans sans argent, pièce qui n’a jamais esté veue n’y représentée. » On leur donna une grange où ils firent leur théâtre. L’un d’eux garda la porte pour recevoir l’argent, qui estoit de trois sols par teste, et les deux autres faisoient jouer deux meschans violons, en attendant la pièce qu’ils avoient promise, faisant semblant de s’aprester. Lorsqu’ils virent la grange pleine, ils descendirent par derrière le théâtre, et celuy qui gardoit l’argent à la porte, la fermant à double tour, ils s’en allèrent tous trois. À une lieue de Brou ils rencontrèrent un homme qui y retournoit, ils le prièrent de vouloir bien se charger de la clef d’une grange qu’ils avoient fermée par mesgarde, où il y avoit, dirent-ils, qui quantité de veaux. Ce bourgeois, en l’ouvrant, ne peut s’empescher de rire. Les habitans crurent qu’il avoit esté d’intelligence avec les prétendus comédiens, de sorte qu’ils le batirent rudement. Depuis on a toujours appelé les habitans de la ville les Veaux de Brou.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique