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Ru

Ru

Delvau, 1866 : s. m. Ruisseau, — dans l’argot du peuple et des paysans des environs de Paris. On dit aussi Rio. L’expression coule de source : ρεω.

Or beuvez fort tant que rû peut courir,
Ne reftusez, chassant ceste douleur,
Sans empirer un povre secourir,

dit François Villon à sa maîtresse.

Rub

France, 1907 : Apocope de ruban ; argot des voleurs.

Rub de rif

La Rue, 1894 : Chemin de fer.

France, 1907 : Nom de chemin de fer ; argot des voleurs, littéralement : ruban de feu.

Ruban

Delvau, 1864 : Préservatif en baudruche ou en caoutchouc dont on habille le membre viril tontes les fois qu’on le conduit au bonheur. — (V. Capote.)

Ne craint rien ; ces rubans feront bien ton affaire,
dit le marchand de capotes à Pincecul, dans la parodie de Lucrèce, par M. Protat, avoué.
Je sais attacher un ruban
Selon la grosseur d’une pine.

(Chanson anonyme moderne)

Ruban de queue

Delvau, 1866 : s. m. Long chemin, route qui n’en finit pas.

La Rue, 1894 : La route qui serpente dans la campagne. Elle semble un long ruban.

France, 1907 : Chemin d’une longueur fastidieuse. Cette locution est empruntée à l’ancienne mode de coiffure de nos aïeux.

Ce chemin est un ruban de queue un peu long.

(Alfred de Vigny, Servitude et grandeur militaires)

Se dit aussi pour la grand’route.

Rubine

France, 1907 : Dame, pour rupine ; argot des voleurs.

Rubis

d’Hautel, 1808 : Faire rubis sur l’ongle. Locution bachique. Renverser la dernière goutte d’un verre sur l’ongle du pouce et le lécher après, en l’honneur d’une personne absente pour marquer l’estime qu’on lui porte.
Payer rubis sur l’ongle. Pour dire avec une grande exactitude.
On dit d’un buveur, d’un homme qui a la figure remplie de boutons, qu’il a la figure remplie de rubis.

Rubis cabochon

France, 1907 : Le pénis. Vieille expression tombée en désuétude.

Deux perles orientales
Et un rubis cabochon.

(Parnasse des Muses)

Rubis sur l’ongle

Virmaître, 1894 : Être régulier, payer recta ses dettes à l’échéance. Boire son verre jusqu’à la dernière goutte.
— Il a séché son glacis rubis sur l’ongle (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Complètement, d’une façon définitive. Allusion à la coutume populaire de verser sur l’ongle la dernière goutte d’un verre de vin : quand c’est du vin rouge, la goutte a l’apparence d’un rubis.

Je sirote mon vin, quel qu’il soit, vieux, nouveau,
Je fais rubis sur l’ongle et n’y mets jamais d’eau.

(Regnard)

Rubis sur pieu

Delvau, 1866 : loc. adv. Argent comptant, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Argent comptant, — dans l’ancien jargon des filles ; c’est-à-dire argent sur le lit, ce qu’on appelle aujourd’hui « éclairage ».

La Rue, 1894 : Argent comptant.

France, 1907 : Argent comptant ; argot populaire.

Rublin

France, 1907 : Ruban ; argot des voleurs.

Rubrique

d’Hautel, 1808 : Ruse, détours, finesse, subtilité indigne d’un honnête homme.

Ruche

d’Hautel, 1808 : Il ne faut point fâcher une ruche. C’est-à-dire, qu’il ne faut pas s’attirer une foule de petits ennemis ; qu’ils sont tous dangereux.

Rudanier

d’Hautel, 1808 : Apre, rude, qui a l’abord revêche et difficile ; qui est d’une humeur grondeuse. Ce mot est formé par contraction de rude ânier.

Rude

d’Hautel, 1808 : Du rude. Nom que l’on donne à toute liqueur forte et spiritueuse, telle que le punch, le rhum, le rack, l’eau-de-vie.
On appelle dans un sens opposé, toutes les liqueurs huileuses, sucrées, et agréables à boire, du doux.
Voulez-vous du doux
ou du rude. Se dit à celui à qui l’on propose de boire un petit verre.
Il est rude aux pauvres gens. Se dit d’un homme qui répond brusquement à ceux qui lui demandent quelque service.

Larchey, 1865 : Remarquable.

Eh ! mon vieux sabre, tu peux te vanter d’appartenir à un rude lapin.

About.

V. Raide, Balle, Doux. — Rudement : Remarquablement.

Delvau, 1866 : s. f. Chose difficile à croire, événement subit, désagréable, — dans l’argot du peuple.

Delvau, 1866 : adj. Courageux.

Rigaud, 1881 : Extraordinaire. — Rude aplomb, rude toupet, rude appétit.

France, 1907 : Crin.

France, 1907 : Eau-de-vie.

Rudement

Delvau, 1866 : adv. Extrêmement, remarquablement.

France, 1907 : Beaucoup, très.

Une gosseline rudement gironde.

Rudiment de cythère (le)

Delvau, 1864 : Les principes de la langue — et des autres cochonneries.

Jeanne, sotte au monastère,
Sotte au sortir du couvent,
Plaisait sans savoir comment.
Le précepteur de son frère
Lui montre le rudiment
Que l’on enseigne à Cythère :
Son esprit s’ouvre à l’instant.

Collé.

Rudis indigestaque moles

France, 1907 : Masse confuse et informe. Expression latine tirée des Métamorphoses d’Ovide pour peindre la confusion et le chaos, et employée de nos jours pour désigner des ouvrages volumineux et indigestes.

Rue

d’Hautel, 1808 : La rue au pain. Pour dire, la gorge, le gosier.
Il est dans la rue de Tournon. Pour il est attrapé ; il est trompé dans ses espérances ; il n’est pas à ce qu’on lui dit ; il est ivre. Par allusion avec la rue qui porte ce nom.
On dit aussi mettre quelqu’un dans la rue de Tournon. Pour, le tromper, le duper, le friponner.
Vieux comme les rues. Pour dire que quelque chose n’est plus à la mode ; qu’une histoire que l’on raconte comme une nouveauté est connue de tout le monde depuis long-temps.
Les rues en sont pavées. Pour dire qu’une chose n’est pas rare ; qu’on peut facilement se la procurer ; qu’elle se trouve partout.
Le bout de la rue fait le coin. Se dit par raillerie à un homme qui ne s’explique pas clairement, et dont la conversation dégénère en galimathias.

Delvau, 1866 : s. f. L’espace réservé entre deux portants et figurant un chemin entre deux costières, Argot des coulisses.

Rigaud, 1881 : Au théâtre, en terme de machiniste, c’est l’espace qui se trouve entre deux châssis ou poitants formant coulisse.

Rue au pain

Delvau, 1866 : s. f. Le gosier, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Gosier. — Avoir la rue au pain barrée, n’avoir pas faim.

Rossignol, 1901 : La bouche.

Rue au pain (la)

Virmaître, 1894 : Le gosier. Le pain y passe. Mauvaise affaire quand la rue est barrée (Argot du peuple).

Rue barrée

Delvau, 1866 : s. f. Rue où demeure un créancier, — dans l’argot des débiteurs. On dit aussi Rue où l’on pave. A en croire Léo Lespès, cette dernière expression serait due au duc d’Abrantès, fils de la duchesse d’Abrantès, et viveur célèbre.

France, 1907 : Rue où demeure un créancier et où, par conséquent, l’on évite de passer, à moins qu’il ne fasse du brouillard.

Rue de la Plume (malin de la)

France, 1907 : Individu qui possède une belle écriture ; argot militaire.

L’oncle Émile passait pour un brillant causeur. Nul n’employait plus à propos des locutions comme : « Ça fait la rue Michel » ou : « Le malin de la rue de la Plume. » Et c’est lui qui, deux mois à peine après qu’elle eut été lancée, apporta dans la famille l’expression : « On dirait du veau », qui y fut conservée très longtemps après qu’elle fut tombée, partout ailleurs, en désuétude.

(Tristan Bernard, Mémoires d’un Jeune homme rangé)

Rue de Rivoli

France, 1907 : Six de jeu de dominos ou de cartes. Allusion à l’aspect aligné des points ou des figures.

Rue du bec

France, 1907 : La denture. Se faire repaver la rue du bec, se faire arranger les dents. On dit aussi : se faire retaper le domino.

Rue du Bec dépavé

Virmaître, 1894 : La bouche, quand elle n’a plus de dents. Elle ne peut guère alimenter sa voisine, la rue au pain (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Bouche où il manque des dents.

Rue du bec dépavée

Delvau, 1866 : s. f. Bouche à laquelle des dents manquent, — dans l’argot des faubouriens.

Rue du croissant (loger)

France, 1907 : Être trompé par sa femme.

Rue Michel (faire la)

France, 1907 : Régler le compte. Être quitte. Du nom de la rue Michel-le-Comte.

— Grâce à Séraphin qui voit du monde chic, j’ai connu un vieux très bien, qui m’aide quand j’ai besoin… N’y a que lui, par exemple ; car Séraphin voudrait pas que je soye une traînée, n’est-ce pas ?… Alors, quand j’ai besoin de galette, je lui demande… Avec ce qui me donne, ça m’aidera à m’établir ; et, en attendant, quand il me faut une petite avance, il marche et ça fait la rue Michel.

(Serge Passet)

Ruelle aux vesses

Rigaud, 1881 : Derrière. L’étymologie n’a pas besoin d’être expliquée.

Un tas de raulles empaillés, qui ne valent seulement pas un coup de botte dans la ruelle aux vesses !

(Le Père Duchêne, 1879.)

France, 1907 : Le périnée.

Ruer

d’Hautel, 1808 : Voilà une chose qui ne mord ni ne rue. C’est-à-dire qui ne peut faire ni bien ni mal.
Ruer de grands coups. Pour, frapper de grands coups.
Les plus grands coups de cet homme sont rués. Pour exprimer qu’il devient impuissant ; que ses grands efforts sont faits.

Ruer à la botte

France, 1907 : Être susceptible, se lâcher, se rebiffer : allusion aux chevaux qui ruent en sentant l’éperon : terme de cavalerie.

— Que vous avez tort, subséquemment, jeune homme, de vous cabrer et de ruer à la botte quand votre ami il vous explique ses raisons.

(E. Gaboriau, Le 13e hussards)

Ruer dans les brancards

Virmaître, 1894 : Femme amoureuse qui, au moment psychologique, se démène furieusement, comme le cheval emballé. La figure peut se passer de commentaires (Argot du peuple). N.

Rues (barre les)

France, 1907 : Ivrogne qui zigzague d’un trottoir à l’autre. Désœuvré que l’on rencontre sur tous les chemins, qui s’arrête et obstrue la circulation.

Ruette

France, 1907 : Bouche ; argot populaire. Ruette au pain, gosier, gorge. Serrer la ruette au pain, étrangler.

Ruette au pain

Larchey, 1865 : Gorge.

Au souper, je ne pus avaler une goulée, à croire que j’avais la ruette au pain barrée, par quelque accident.

Delvau.

Ruf

France, 1907 : Geôlier ; argot des voleurs. Est-ce l’abréviation de rufian, ou le mot anglais rough, rude, grossier, qui se prononce reuf, passé dans la langue des voleurs ?
Voir Rufe.

France, 1907 : Feu ; argot des voleurs, de l’argot italien ruffio ; en argot breton, rufan.

Rufe, ruffe

France, 1907 : Bourru, hargneux, désagréable. Ce mot se retrouve dans l’anglais rough (prononcez reuf), rude, grossier, et a quelque analogie avec l’italien ruvido, même sens. On dit, en parlant d’un vin âpre, qu’il est rufe. Patois du Centre.

Rufer

France, 1907 : S’agiter, se remuer ; du vieux français rufer, brûler.

Ruffant

France, 1907 : Chaud ; du latin ruffare, roussi. Abbaye ruffante, four à chaud.

Ruffian

Delvau, 1864 : Accouplement de Ruffi et d’Anus. Mot qui s’est introduit en France au XIIe siècle, et n’a été en vogue qu’à la fin du XVe, quand l’italianisme déborda dans l’idiome gaulois. Ce mot avait alors différentes significations, telles que : lénon, proxénète, débauché, habitué de mauvais lieu, etc. Aujourd’hui, il signifie tout bonnement maquereau.

Elle introduit dans ma maison,
Son rufien, qui sait fort bien
Faire son profit de mon bien.

J. Grévin.

On l’accusait d’avoir fait quelquefois le ruffian à son maître.

Tallemant des Réaux.

Je suis ruffian, et m’en vante.

A. Glatigny.

France, 1907 : Ce mot, qui a perdu son ancienne signification, s’appliquait à l’amant d’une veuve ou d’une femme mariée : « Le ruffian de Madame la marquise. » Il est encore employé dans ce sens en Bourgogne, conformément à son origine italienne : ruffiano, maquereau, souteneur. Dans le peuple des villes et des campagnes, l’amant d’une femme mariée est appelé maquereau.

Ruffieu

d’Hautel, 1808 : Un vieux ruffieu. Terme de mépris. Homme dépravé, adonné au libertinage, et que l’âge n’a pu rendre à des mœurs et à des plaisirs honnêtes.

Ruffle

France, 1907 : Vent d’orage. Vieux mot.

Ruine-maison

Delvau, 1866 : s. m. Homme prodigue, extravagant, — dans l’argot du peuple.

Ruineux

d’Hautel, 1808 : Bâtir sur des fondemens ruineux. Fonder ses espérances sur des choses qui n’ont aucune solidité.

Ruisseau

d’Hautel, 1808 : Traîner quelqu’un dans le ruisseau. Le maltraiter par des paroles grossières et offensantes, l’injurier, le calomnier, en dire pis que pendre.

Ruisselant d’inouïsme

Delvau, 1866 : adj. Extraordinairement inouï. L’expression appartient à M. Philoxène Boyer, — à qui on fera bien de ne pas la voler.

France, 1907 : Extraordinaire, merveilleux ; argot boulevardier.

Rule, Britannia

France, 1907 : Gouverne, Angleterre. Commencement de l’hymne patriotique anglais, où John Bull se vante de posséder l’empire du monde.

Rumfort (voyage à la)

Rigaud, 1881 : Voyage véritable ou simulé, entrepris dans le but d’échapper aux étrennes du premier de l’an. — Voyage économique ; allusion à la soupe économique dite : « À la Rumfort ».

Ruolzé

Delvau, 1866 : adj. Ce qui brille sans avoir de valeur intrinsèque, ce qui a une élégance ou une richesse de surface, — par allusion au procédé de dorure et d’argenture découvert par Ruolz. Existence ruolzée. Vie factice, composée de fêtes bruyantes, de soupers galants, d’amis d’emprunt et de femmes d’occasion, mais dont le bonheur est absent. Jeunesse ruolzée. C’est notre Jeunesse dorée, et elle vaut moins, quoiqu’elle soit aussi corrompue.

Ruouet

M.D., 1844 : Un porc.

Rup

Delvau, 1866 : adj. Grand, noble, élevé, beau, riche, élégant, — dans l’argot des faubouriens et des filles. Francisque Michel fait venir ce mot du bohémien anglais rup et de l’indoustan rupa, argent, — d’où roupie. Pendant qu’il y était, pourquoi n’a-t-il pas fait descendre ce mot d’un rocher (rupes) ou d’une falaise (rupina) quelconque ? On dit aussi Rupart.

France, 1907 : Riche, généreux. Abréviation de rupin.

— Dans ma petite jugeotte, un monsieur qui traite son cocher d’imbécile et qui lui donne dix francs pour une course d’un quart d’heure, ça doit être un banquier qui lève le pied, ou quelque chose d’approchant, un mangeur de grenouilles, enfin ! À part ça, j’ai rien à lui reprocher. Pour un client rup, c’est un client rup. Huit francs cinquante de pourboire ! Je trouve pas ça tous les jours sous le sabot de Cocotte !

(Odysse Barrot, Le Mari de la princesse)

Rup, rupart, rupin

Larchey, 1865 : Seigneur, élégant, riche.

Madame, en v’là un rup ! il m’a dit de garder la monnaie pour moi.

Jaime.

Pour enfoncer un rupiné, Je sers d’exemple. Malheur à qui contemple Mon petit minois chiffonné.

Mouret, Ch., 1846.

V. Rebâtir, Bigorne, Caloquet. Se prend adjectivement.

tu étais dans une société assez rup.

Montépin.

faisons un petit bout de toilette que chacun soit rupin.

Chenu.

Rupe, rupin

Rigaud, 1881 : Riche ; élégant, comme il faut. Homme rupe, femme rupe.

Rupin

anon., 1827 : Gentilhomme.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Noble, gentilhomme.

Bras-de-Fer, 1829 : Gentilhomme.

Clémens, 1840 : Élégant, bien mis.

un détenu, 1846 : Riche, bien mis, bien habillé.

Halbert, 1849 : Fameux, beau.

Delvau, 1866 : s. et adj. Homme riche ; fashionable, mis à la dernière mode, — ou plutôt à la prochaine mode. C’est le superatif de Rup.

Le rupin même a l’trac de la famine.
Nous la bravons tous les jours, Dieu merci !

dit la chanson trop connue de M. Dumoulin. On dit aussi Rupiné.

Rigaud, 1881 : Malin.

Boutmy, 1883 : adj. Distingué, coquet, bien mis. N’est pas particulier à l’argot typographique. Quelques-uns diront rupinos.

La Rue, 1894 : Riche, élégant. Malin.

Virmaître, 1894 : Homme riche, calé, cossu. Au superlatif rupinskoff, alors c’est un homme pourri de chic. Les souteneurs disent à leur marmite :
— Lève donc le gonce, il est rupin, il doit être au sac (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Riche, bien mis.

Hayard, 1907 : Riche.

France, 1907 : Riche, élégant, beau. Ce mot est dérivé du bohémien rup, venant lui-même de l’indoustani rupa, roupie, argent.

Il suffit d’une rosse pour faire tort à des centaines de pauvres bougres. Ainsi, avant-hier, aux Halles, un monsieur très rupin payait des soupes à tout le monde. Il en a fait distribuer plus de deux cents ; seulement, quand la marmite a été vide, tout le monde n’en avait pas eu. Alors les derniers arrivés se sont mis à engueuler le monsieur ; ils ont ramassé des trognons de choux et les lui ont jetés sur sa fourrure et sur son haut de forme. Si jamais on l’y repince, celui-là, à payer des soupes aux Halles !…

(Guy Tomel, Le Bas du pavé parisien)

Le mot est employé comme substantif :

Ya des chouett’s gens
Qu’a des argents
Et d’la bedaine ;
Ya pas d’lapins,
Ya qu’des rupins,
À la Madd’leine.

(A. Bruant)

Féminin : rupine.
On dit aussi rupard, ruparde et rupiné.

Rupine

anon., 1827 : Dame.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Dame comme il faut.

Bras-de-Fer, 1829 : Dame.

Halbert, 1849 : Dame bien mise.

Delvau, 1866 : s. f. Drôlesse, fille à grands tralalas de toilette et de manières.

Rupinskoff

France, 1907 : Très bien, excellent.

En province, c’est un peu comme à Paris : les souteneurs de l’autorité ont l’habitude d’assommer — le plus qu’ils peuvent — tous les pauvres diables d’ouvriers et de trimardeurs qui leur tombent sous la coupe.
Aussi, en province comme à Paris, le populo a-t-il dans le nez toute l’engeance policière.
Et même, nom de Dieu ! ce qui est rupinskoff, c’est que ce sentiment de répulsion pour la pestaille paraît être international.

(Le Père Peinard)

Rupiole

France, 1907 : Demoiselle.

Ruppin

anon., 1907 : Être riche.

Rural

Rigaud, 1881 : Nom donné par les souteneurs de la Commune à quiconque était partisan du gouvernement établi à Versailles. Rural était synonyme de « conservateur ». Le mot a vécu.

Ruraux

France, 1907 : Sobriquet donné par les Parisiens aux membres de la Chambre des députés qui, en 1871, signèrent le désastreux traité de paix. Cette Chambre était composée en grande partie de députés conservateurs de la province.

Une Chambre se réunit en grande partie formée par les soins et sous les menaces et la pression des Prussiens, avec mandat de traiter de la paix : aussi, quelle Chambre !!! jamais on n’en vit une pareille, c’est la plus complète collection de palmipèdes qui se puisse voir ; recrutée en dépeuplant les basses-cours des fermes des départements. Ces oies ne furent même pas les oies du Capitole. On les baptisa du nom, à mon avis bien anodin et bien poli, de ruraux ; ils sont, certes, les cryptogames du fumier électoral, et des plus vénéneux encore.

(C. Matel, Les Étrivières)

Rusé

d’Hautel, 1808 : Une rusée commère. Terme de mépris. Femme dégourdie, adroite et subtile, qui en sait long, et dont il faut se méfier.

Rusée au jeu (être)

Delvau, 1864 : Savoir ce qu’il faut faire pour amuser les hommes et leur procurer de vives jouissances, comme le casse-noisette, la patte d’araignée, la feuille de rose, etc.

Tu me portes la mine d’être un jour bien fine et rusée à ce jeu.

Mililot.

Rusquin

anon., 1827 : Écu.

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Pièce d’argent.

Bras-de-Fer, 1829 : Écu.

Halbert, 1849 : Écu.

Rigaud, 1881 : Écu, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : Écu, abréviation de saint-frusquin. Voir ce mot.

Rusquiner

France, 1907 : Gagner des écus ; argot des voleurs.

Russe (grattez le)

France, 1907 : Grattez le Russe, vous trouverez le Cosaque ; grattez le Cosaque, vous trouverez l’ours. Ce dicton, qui fait allusion au vernis de civilisation des Russes, relativement sortis de l’état barbare, s’applique aux gens dont de beaux dehors masquent les vices.

Russes

France, 1907 : Favoris courts.

Russes (bas ou chaussettes)

France, 1907 : Bandes de toile dont on s’enveloppe les pieds ; argot militaire, On dit aussi polonaises.

De bas russes tu garniras
Tes bottes où tu plongeras
Les dix arpions de tes pieds plats.

(Les Commandements du cavalier)

Rustau

France, 1907 : Recéleur de campagne ; argot des voleurs.

Le remisage tenu par le rustau qui est le fourgat des voleurs ou assassins de grandes routes travaillant en province et opérant jusqu’à l’étranger.

(Mémoires de M. Claude)

Rustaud

d’Hautel, 1808 : Pour dire impoli, grossier, brusque, sans éducation.
Un gros rustaud. Pour dire un gros paysan, un butor.

Ruste

France, 1907 : Vigoureux, fort ; vieux français.

Rustique

d’Hautel, 1808 : Mot vulgaire que l’on applique aux personnes et aux choses.
Il est rustique. Se dit d’un homme fort vigoureux, et d’une belle stature.

Halbert, 1849 : Greffier.

Larchey, 1865 : Greffier. — Rustu : Greffe (Bailly).

Delvau, 1866 : s. m. Greffier, — dans l’argot des voleurs.

Delvau, 1866 : s. m. Décor représentant un intérieur villageois. Argot des coulisses.

France, 1907 : Greffier de tribunal, appelé ainsi par les voleurs à cause de ses manières généralement bourrues.

Rustu

Halbert, 1849 : Greffe.

Delvau, 1866 : s. m. Greffe.

France, 1907 : Greffe.

Rustuc

La Rue, 1894 : Greffe. Rustique, greffier.

Rut

Delvau, 1864 : Ardeur vénérienne.

Mais Jeanne tout en rut s’approche et me recherche
D’amour ou d’amitié, duquel qu’il vous plaira.

Regnier.

Le corps en rut, de luxure enivré.
Entre en jurant comme un désespéré.

Voltaire.

Si son esprit l’eût arrêté,
Elle eût mis en rut le conclave
Et fait bander sa sainteté.

Collé.

Rutière

Delvau, 1866 : s. f. Fille publique d’une catégorie à part décrite par Vidocq (p. 73).

Rigaud, 1881 : Fille et voleuse de joie.

La Rue, 1894 : Fille publique et voleuse.

Virmaître, 1894 : Voleuse ou fille publique, souvent les deux à la fois (Argot des voleurs).

France, 1907 : Fille publique qui raccroche dans les rues et qui vole à l’occasion.

Rutilant, rutilante

Virmaître, 1894 : Il est rutilant (joyeux). Elle est rutilante, resplendissante de fraîcheur et de beauté. Une chose est rutilante (éclatante). Ce mot est très français, mais il est employé par le peuple dans un tout autre sens que celui indiqué par les dictionnaires classiques (Argot du peuple). N.


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