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Gueule

Gueule

d’Hautel, 1808 : Pour bouche.
Il feroit tout pour la gueule. Se dit d’un homme qui aime excessivement la bonne chère.
Se prendre de gueule. S’injurier, se quereller à la manière des gens du port, des poissardes.
Avoir la gueule morte. Être confondu, ne savoir plus que dire.
Il n’a que de la gueule. Pour, c’est un hâbleur qui ne fait que parler, qui n’en vient jamais au fait quand il s’agit de se battre.
Mots de gueule. Pour, paroles impures, mots sales et injurieux.
La gueule du juge en pétera. Pour dire qu’une affaire amènera un procès considérable.
Il est venu la gueule enfarinée. Voyez Enfariner.
Gueule fraîche. Parasite, grand mangeur, toujours disposé à faire bombance.
Il a toujours la gueule ouverte. Se dit d’un bavard, d’un parleur éternel.
Gueule ferrée ; fort en gueule. Homme qui n’a que des injures dans la bouche.

Larchey, 1865 : Bouche.

Il faudrait avoir une gueule de fer-blanc pour prononcer ce mot.

P. Borel, 1833.

Gueule fine : Palais délicat.

Un régime diététique tellement en horreur avec sa gueule fine.

(Balzac)

Fort en gueule : Insulteur. — Sur sa gueule : Friand.

L’on est beaucoup sur sa gueule.

Ricard.

Faire sa gueule : Faire le dédaigneux. — Casser, crever la gueule : Frapper à la tête.

Tu me fais aller, je te vas crever la gueule.

Alph. Karr.

Gueuler : Crier.

Leurs femmes laborieuses, De vieux chapeaux fières crieuses, En gueulant arpentent Paris.

Vadé, 1788.

Delvau, 1866 : s. f. Visage. Bonne gueule. Visage sympathique. Casser la gueule à quelqu’un. Lui donner des coups de poing en pleine figure. Gueule en pantoufle. Visage emmitouflé.

Delvau, 1866 : s. f. Bouche. Bonne gueule. Bouche fraîche, saine, garnie de toutes ses dents.

Delvau, 1866 : s. f. Appétit énorme. Être porté sur sa gueule. Aimer les bons repas et les plantureuses ripailles. Donner un bon coup de gueule. Manger avec appétit.

Rigaud, 1881 : Bouche. — Fine gueule, gourmet. — Porté sur la gueule, amateur de bonne chère. — Fort, forte en gueule, celui, celle qui crie des injures. — Gueule de travers, mauvais visage, mine allongée. — Gueule de raie, visage affreux. — Gueule d’empeigne, palais habitué aux liqueurs fortes et aux mets épicés ; laideur repoussante, bouche de travers, dans le jargon des dames de la halle au XVIIIe siècle, qui, pour donner plus de brio à l’image, ajoutaient : garnie de clous de girofle enchâssés dans du pain d’épice. — Gueule de bois, ivresse. — Roulement de la gueule, signal du repas, — dans le jargon du troupier. — Taire sa gueule, se taire. — Faire sa gueule, être de mauvaise humeur, bouder. Se chiquer la gueule, se battre à coups de poing sur le visage. — Crever la gueule à quelqu’un, lui mettre le visage en sang. — La gueule lui en pète, il a la bouche en feu pour avoir mangé trop épicé.

France, 1907 : Visage.

— Contemple encore là, sur le trottoir, devant l’entrée du tribunal civil, je crois, ces bêtes de justice, ces bas clercs d’avoués ou d’hommes d’affaires marrons, les chiens de procédure qui rapportent le papier timbré chez le maître. Hein ! leur trouves-tu assez des gueules de loups-cerviers, des mines de fouines ou des allures de chacals ?
— Ils me dégoûtent trop. Passons de l’autre côté pour ne pas les frôler.

(Félicien Champsaur)

Tas d’inach’vés, tas d’avortons
Fabriqués avec des viand’s veules.
Vos mèr’ avaient donc pas d’tétons
Qu’a’s ont pas pu vous fair’ des gueules ?

(Aristide Bruant)

Pendant qu’sur le bitume
La môm’ fait son turbin,
Chaqu’ gigolo l’allume
Chez le troquet du coin,
Quand elle rentre seule,
N’ayant pas d’monacos,
Ils lui défonc’nt la… gueule,
Les petits gigolos !

(Léo Lelièvre)

— Ah ! sa chiquerie avec Kaoudja a été épatante, c’était à propos d’un môme ! J’y étais et c’est la Goulue qui a écopé… Elle était par-dessous et Kaoudja voulait lui couper le nez avec ses dents. La Goulue criait :
— Ma pauvre gueule ! ma pauvre gueule !

(Oscar Méténier)

France, 1907 : Bouche.

— Dites-moi, papa, quand je saurai le latin, quel état ne donnerez-vous ? — Fais-toi cuisinier, mon ami : la gueule va toujours. — Mais, s’il y avait encore une révolution ? — Qu’importe !… Fais-toi cuisinier : nous avons vu passer les rois, les princes, les seigneurs, les magistrats, les financiers, mais les gueules sont restées : il n’y a que cela d’impérissable.

(Hoffman)

Dans le quartier Mouffetard :
Monsieur fait une scène horrible à Madame, qui finit par lui dire :
— Veux-tu taire ton bec ?
Alors l’héritier présomptif, qui a jusque-là écouté en silence :
— C’est bien vilain, maman, de dire : ton bec en parlant de la gueule de papa.

Et Grenipille fait souche
De petits Grenipillons.
Adieu les beaux papillons
Qui voltigeaient sur sa bouche
Dont nous nous émerveillions !
Elle aura gueule farouche,
La peau rude en durillons,
Sous les yeux de noirs sillons,
Pauvre mère qui s’accouche
Toute seule en ses haillons,
Ah ! guenilles, guenillons !
Et Grenipille fait souche
De petits Grenipillons.

(Jean Richepin)

— Ainsi, j’ai une vraie princesse pour cliente la fille d’un roi : elle vient chez moi deux fois la semaine, une personne bien distinguée, bien intelligente : malheureusement elle se saoule la gueule, et puis elle a de mauvaises habitudes. Elle faisait l’amour avec un ours, comme je vous le dis, Monsieur, avec un ours tout brun, tout velu : j’avais une peur de c’t’animal ! Je lui avais dit : Ça finira mal, un beau jour il vous mordra ! Ça n’a pas manqué et pas plus tard qu’hier… C’était à prévoir… quand elle se mettait nue, il faisait hou, hou, hou ; de l’antichambre on l’entendait, ça faisait froid.

(Jean Lorrain, Le Journal)

Gueule (faire la)

France, 1907 : Prendre des airs importants ou simplement ne pas paraître satisfait.

La bourgeoisie âpre et bégueule
Dont les plus beaux jours sont comptés,
D’ici peu fera triste gueule
Devant nos faubourgs révoltés.

(Georges Baillet)

Les quotidiens ont raconté, ces jours-ci, sans le plus léger commentaire, qu’à Londres, en plein tribunal, un prolo a réclamé le bagne, affirmant qu’il préférait vivre en prison qu’en liberté.
Le pauvre bougre en question, James Kendrick, fut arrêté sur le tas, il y a deux ans, en train de fracturer une porte. Son affaire paraissait si claire que, sans ajuster leurs bésicles, ni défriser leurs perruques d’étoupes blanches, les enjuponnés administrèrent à l’accusé trois ans de servitude pénale.
C’était justement ce que désirait Kendrick ! Tout au plus aurait-il renaudé parce que la dose n’était pas assez forte.
Gai ct content, notre condamné fut expédié au bagne de Portland ; jovial comme pas un, le type se fit gober de tout le monde, aussi bien des gardes-chiourme que des autres détenus. C’était un prisonnier modèle, aussi s’empressa-t-on de le fiche en liberté conditionnelle.
Kendrick fit bien un peu la gueule, mais il avait 102 francs de masse à palper et il se dit qu’il lui serait facile de se faire refoutre dedans, puisqu’il n’était qu’en liberté conditionnellement.

(La Sociale)

Gueule d’empeigne

Delvau, 1866 : s. f. Homme qui a une voix de stentor ou qui mange très chaud ou très épicé. Avoir une gueule d’empeigne. Avoir le palais assuré contre l’irritation que causerait à tout autre l’absorption de certains liquides frelatés. On dit aussi Avoir la gueule ferrée.

Virmaître, 1894 : Palais habitué aux liqueurs fortes. L. L. Dans tous les ateliers de de France, gueule d’empeigne signifie bavard intarissable qui a le verbe haut, qui gueule constamment. C’est un sobriquet généralement donné aux Parisiens qui font partie du compagnonnage (Argot du peuple). K.

Rossignol, 1901 : Celui qui parle beaucoup et qui a la repartie facile a une gueule d’empeigne. On dit aussi de celui qui mange sa soupe bouillante ou qui avale des liqueurs fortes sans sourciller, qu’il a une gueule d’empeigne.

France, 1907 : Palais cuirassé contre les plus forts alcools ou les plus chaudes épices. On dit aussi gueule ferrée, le contraire de gueule fine. On appelle aussi de ce nom un hâbleur, un bavard. Les voyous parisiens sont reconnaissables dans les régiments à leur gueule d’empeigne.

— Eh bien ! attends qu’on soye rentrés : je te montrerai, moi, si je suis saoul… (Un sou tombe.) Merci bien de votre bonne charité. Merci beaucoup, Messieurs et dames… (Bas) Avec ma main sur la figure… (Haut) pour nous et pour nos petits enfants… (Bas) et mon soulier dans le derrière. — Do, mi, sol ! Do, mi, sol… Deuxième couplet… (Bas) Gueule d’empeigne !… Figure de porc frais !…

(Georges Courteline)

Gueule de bois

Delvau, 1866 : s. f. Ivresse, — dans l’argot des faubouriens, qui ont voulu exprimer son résultat le plus ordinaire. Se sculpter une gueule de bois. Commencer à se griser.

La Rue, 1894 : Malaise spécial des lendemains d’ivresse. Va de pair avec le mal aux cheveux.

Hayard, 1907 : Malaise à la suite d’excès de boisson.

Gueule de bois (avoir la)

France, 1907 : État dans lequel on se trouve généralement le lendemain d’une fête à Bacchus. Argot populaire.

Oh ! demeurer ainsi toujours ! Je bois, je bois
Encor ! Oui, mais demain, je ne serai plus ivre ;
Demain, mal aux cheveux, et la gueule de bois !

(Jean Richepin, Les Blasphèmes)

— Clémentine !
— Madame ?…
— Donnez-moi un siphon, j’ai la gueule de bois…
— Bien, Madame.

(Montjoyeux)

On dit dans le même sens : se sculpter une gueule de bois.

On nous y enseignait tout : l’arithmétique, l’algèbre, la géométrie, la trigonométrie, la descriptive et la perspective, les plans cotés, les jeux de mots et les définitions. C’est là où nous avons appris que, quand on a fortement fêté Bacchus, cela s’appelle, en langage imagé : se sculpter une gueule de bois.

(Théo-Critt, Nos farces à Saumur)

Gueule de raie

France, 1907 : Vilaine tête.

Gueule de tourte

France, 1907 : Tête de niais.

Gueule en coup de sabre

Virmaître, 1894 : Bouche fendue jusqu’aux oreilles.
— Il peut manger la soupe avec une cuiller à pot (Argot du peuple).

Gueule en cul de poule

Virmaître, 1894 : Individu mâle ou femelle qui en faisant la moue serre les lèvres (Argot du peuple).

Gueule enfarinée

France, 1907 : Physionomie exprimant la confiance en un plaisir immédiat.

Et quand l’office est terminé,
Chaque vieux, gueule enfarinée,
S’assoit devant un bon diner.

(Alfred Marquiset)

Gueule enfarinée (avoir la)

Delvau, 1866 : Être alléché par quelque chose, par une promesse de dîner ou d’amour et se créer par avance une indigestion ou une félicité sans pareilles.

Gueule fine

Delvau, 1866 : s. f. Gourmet.

France, 1907 : Délicat sur la nourriture ; ce qui s’appelle, en d’autres termes, être sur sa gueule.

Gueule noire

France, 1907 : Surnom que se donnent eux-mêmes les ouvriers métallurgiques.

Il faisait partie de ce que l’on appelle dans l’anarchie les gueules noires, c’est-à-dire les corporations des ouvriers du fer, serruriers, maréchaux ferrants, etc.

(Flor O’Squarr, Les Coulisses de l’anarchie)

Les gueules noires, dans tous les centres, ont organisé des syndicats ; et chaque ouvrier versant un sou par jour pour l’entretien d’un compagnon — un véritable chef — que les métallurgistes ont choisi, les groupes, on le voit, suivent une direction établie.

(Auguste Marin)

Gueulée

Delvau, 1866 : s. f. Repas. Chercher la gueulée. Piquer l’assiette. Signifie aussi une grosse bouchée.

France, 1907 : Repas.

Gueulées

Delvau, 1866 : s. f. pl. Paroles fescennines, et même ordurières.

Gueulent (les soupapes)

Rigaud, 1881 : Terme des ouvriers du fer, des mécaniciens, lorsqu’ils veulent dire que la vapeur s’échappe par les soupapes. Au figuré, c’est lorsqu’un ivrogne donne congé aux flots de liquide qu’il a absorbés.

Gueuler

d’Hautel, 1808 : Crier à tue-tête, hurler à la manière des bêtes.

Delvau, 1866 : v. n. Crier, gronder. Signifie aussi Parler.

France, 1907 : Crier, invectiver.

Le drôle parlait de me faire passer au conseil pour refus de service. Il gueulait à faire crouler les murs. Des sergents vinrent, je m’expliquai, et tout rentra dans l’ordre.

(Sutter-Laumann, Histoire d’un Trente sous)

— Deux litres tout de suite, chacun le sien ! gueula Jésus-Christ.

(Émile Zola, La Terre)

Et quand il sut jacter nature,
L’entraver comme un marloupin,
Il fit de la littérature ;
Et l’on entendit Montépin
Et Collas et d’autres rengaines
Hurler, crier, sur tous les tons,
Et gueuler comme des baleines…
… Et ce que nous nous en foutons !…

(Aristide Bruant)

Gueuleton

Larchey, 1865 : Repas plantureux, dont on a plein la gueule. — Gueuletonner : Faire un gueuleton.

Je ne vous parle pas des bons gueuletons qu’elle se permet, car elle n’est pas grasse à lécher les murs.

Vidal, 1833.

Chacun d’eux suivi de sa femme, À l’Image de Notre-Dame, firent un ample gueuleton.

Vadé, 1788.

Delvau, 1866 : s. m. Repas plantureux, ou simplement Repas. Fin gueuleton. Ripaille où tout est en abondance, le vin et la viande.

Rigaud, 1881 : Dîner fin, dîner de fines gueules.

De temps en temps, je me donne la fantaisie d’un petit gueuleton.

(Cogniard frères, La Chatte blanche.)

Gueuleton à chier partout, dîner succulent et copieux.

Hayard, 1907 : Bon repas.

France, 1907 : Repas plantureux où l’on s’en donné à pleine gueule.

Les Trouche alors régnèrent en maîtres. Ils achevèrent la conquête de la maison, ils pénétrèrent dans les coins les plus étroits. L’appartement de l’abbé fut seul respecté. Ils ne tremblaient que devant lui. Ce qui ne les empêchait pas d’inviter des amis, de faire des gueuletons qui duraient jusqu’à 2 heures du matin. Guillaume Porquier vint avec des bandes de tout jeunes gens. Olympe, malgré ses trente-sept ans, minaudait, et plus d’un collégien échappé la serra de fort prés, ce qui lui donnait des rires de femme chatouillée et heureuse. La maison devint pour elle un paradis.

(Émile Zola, La Conquête de Plassans)

Madame continua plus que jamais à n’arriver que pour le déjeuner, — ou même après, si ce jour-là l’un de ses nombreux et puissants protecteurs avait eu la suave idée de l’inviter à un gentil petit gueuleton en cabinet particulier.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Garnier, grand maître du fronton,
De l’astragale et du feston,
Demain, lâchant là mon planton,
Du fond de mon lointain canton
J’arriverai, tardif piéton,
Aidant mes pas de mon bâton,
Et précédé d’un mirliton,
Duilius du feuilleton,
Prendre part à son gueuleton
Qu’arrosera Le piqueton.

(Théophile Gautier, Épître à Garnier)

Gueuletonner

Delvau, 1866 : v. n. Faire un gueuleton.

France, 1907 : Manger avec excès, faire des gueuletons.

Il est mort d’avoir trop gueuletonné. Je l’envie, car lui, au moins, il a pu se dire sur sa fin qu’il avait connu le bonheur.

(Hugues Le Roux)


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