Coquer le taf ou le taffe
France, 1894 : Faire peur.
Un jour, vers la brune, vêtu en ouvrier des ports, Vidocq était assis sur le parapet du quai de Gesvres, lorsqu’il vit venir à lui un individu qu’il reconnut pour être un des habitués de la Petite Chaise et du Bon Puits, deux cabarets fort renommés parmi les voleurs.
— Ah ! bonsoir, Jean-Louis, dit cet individu en l’arcostant.
— Bonsoir, mon garçon.
— Que diable fais-tu là ? t’as l’air triste à coquer le taffe.
(Marc Mario et Louis Lansay, Vidocq)
Détaffer
Larchey, 1865 : Aguerrir. V. Taffe.
Delvau, 1866 : v. a. Aguerrir quelqu’un, l’assurer contre le taf, — dans l’argot des voyous.
Rigaud, 1881 : Remonter le moral ; donner du courage. Mot à mot : enlever le taf, enlever la peur.
Estafe
La Rue, 1894 : Poule. Taloche.
Estaffe
d’Hautel, 1808 : Pour caloche, mornifle, mauvais coup.
Il a reçu son estaffe. Se dit de quelqu’un à qui l’on a donné une volée de coups de bâton, au moment où il ne s’y attendoit pas ; d’un bretteur qui a trouvé son maître ; d’un mauvais garnement qui s’est fait tuer dans une affaire.
Estaffier
Delvau, 1866 : s. m. Sergent de ville, mouchard, — dans l’argot du peuple, fidèle à la tradition.
Estaffion
Delvau, 1866 : s. m. Chat, — dans l’argot des voleurs. Ils disent aussi Griffard.
Delvau, 1866 : s. m. Taloche, coup de poing léger, — dans l’argot du peuple.
Estaffiou ou estaffion
Virmaître, 1894 : Chat. Estaffiou veut dire aussi dire gifle, baloche (Argot des voleurs).
Estafilade
d’Hautel, 1808 : Il a reçu une bonne estafilade. Pour, il a été blessé grièvement.
Estafilader
d’Hautel, 1808 : Donner des coups du tranchant d’un sabre ; blesser, emporter la pièce.
Estaflion, Estaffier
Rigaud, 1881 : Chat, — dans le jargon des voleurs.
Estaflon
La Rue, 1894 : Chat. Chapon. Taloche.
Estafon
anon., 1827 : Chapon.
Halbert, 1849 : Chapon.
Rigaud, 1881 : Chapon, — dans l’ancien argot.
Estafou
Bras-de-Fer, 1829 : Chapon.
Patafiole
d’Hautel, 1808 : Mot baroque et interjectif qui marque l’impatience et le mécontentement.
Que le bon Dieu te patafiole. Pour, que le bon Dieu te bénisse.
Patafioler
Larchey, 1865 : Confondre.
Aux gardes du commerce !… Que le bon Dieu les patafiole !…
Gavarni.
V. pour l’étymologie de ce mot le Magasin pittoresque, t. II, p. 247.
Delvau, 1866 : v. a. Confondre — dans l’argot du peuple. Ce verbe ne s’emploie ordinairement que comme malédiction bénigne, à la troisième personne de l’indicatif : — « Que le bon Dieu vous patafiole ! »
Rigaud, 1881 : Confondre. — Que le bon Dieu vous patafiole ! — Enlever. Que le diable le patafiole !
La Rue, 1894 : Confondre.
Ratafia de grenouilles
Rigaud, 1881 : Eau, — dans le jargon des ivrognes.
Ratafiat de grenouille
Delvau, 1866 : s. m. L’eau, — dans l’argot du peuple. On dit aussi Anisette de barbillon et Bourgogne de cheval.
Taf
Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Peur. Avoir le taf, avoir peur.
Bras-de-Fer, 1829 : Peur.
Delvau, 1866 : s. m. Peur, — dans l’argot des voleurs. Avoir le taf. Avoir peur. Coller le taf. Faire peur. On dit aussi Tafferie. Il n’y a pas à douter que ce mot ne vienne d’une expression proverbiale ainsi rapportée par Oudin : « Les fesses luy font taf taf, ou le cul lui fait tif taf, c’est-à-dire : Il a grand peur, il tremble de peur. » On dit aussi Taffetas. Avoir le taffetas du vert. Être frileux, avoir peur du froid.
Virmaître, 1894 : Individu qui a peur de son ombre. Qui a le trac, qui serre les fesses à la moindre alerte (Argot du peuple).
Rossignol, 1901 : Peur.
Je n’ose sortir la nuit, j’ai le taf, je suis tafeur.
Hayard, 1907 : Peur.
Taf, taffetas
La Rue, 1894 : Peur. Frisson.
Tafe
Larchey, 1865 : Peur. — De l’ancienne locution les fesses lui font tif taf : Il a peur (Oudin, seizième siècle). — V. Chenu, Bayafe.
Ce n’est pas toi ni tes paysans qui nous f… le tafe.
Vidal, 1833.
Ce mot a pour diminutifs tafferie et taffetas. — Taffeur : Poltron.
Tafe, Taffe, Taftaf, Taftas
Rigaud, 1881 : Peur ; fuite.
Le taf est cette impression étrange qu’éprouve le lièvre devant le chasseur, le soldat au premier coup de canon, et l’acteur au moment d’entrer en scène… Un soir qu’Harel le voyait (Frédérick Lemaître) vider une bouteille dans la coulisse : — Que diable faites-vous ? lui demanda-t-il ? — Je noie le taf, répondit Frédérick.
(Paris-Comédien.)
Un exemple de ce mot a été relevé par M. Fr. Michel dans les bigarrures et touches du seigneur des Accords, 1008. — À la Cour des Miracles (XIIe siècle), on appelait thafurs, les vagabonds. Les vagabonds n’ont jamais précisément brillé par le courage. Pourquoi thafur n’aurait-il pas fait taf, peur, et taffeur, poltron ?
Taffer
Delvau, 1866 : v. n. Avoir peur, — dans l’argot des faubouriens.
Rigaud, 1881 : Avoir peur. — Taffeur, tafeuse, poltron, poltronne.
Taffeur
Delvau, 1866 : s. m. Poltron. Le Royal Taffeur. Régiment aux cadres élastiques, où l’on incorpore à leur insu tous les gens qui ont donné des preuves de couardise.
Virmaître, 1894 : Poltron.
— Il est tellement taffeur que l’on ne lui fourrerait pas une feuille de papier à cigarette entre les fesses (Argot du peuple). N.
Taffouilleux
Rigaud, 1881 : « Chiffonnier de la Seine, écumant ses bords, ramassant les épaves et volant au besoin. » (F. du Boisgobey.) Ce sont les anciens ravageurs d’E. Sue. Mot à mot : qui fouillent dans les tas.
La Rue, 1894 : Chiffonnier des bords de la Seine.
Tafouilleux
Hayard, 1907 : Chiffonnier.
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