AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Entrez le mot à rechercher :
  Mots-clés Rechercher partout 


Abonné au guignon

Virmaître, 1894 : Déveine persistante, qu’aucun effort ne peut conjurer. On dit aussi : « Il a si peu de chance qu’il se noierait dans un crachat » (Argot du peuple).

France, 1907 : Malchanceux, pauvre diable poursuivi par la déveine.

Abonné au guignon (être)

Delvau, 1866 : Être poursuivi avec trop de régularité par la déveine. Argot des faubouriens.

Argent mignon

Delvau, 1866 : s. m. Argent destiné à satisfaire des curiosités ou des vanités, — dans l’argot des bourgeoises, à qui le superflu est nécessaire, et qui, plutôt que de s’en passer, le demanderaient à d’autres qu’à leur mari.

Attraper l’ognon

Delvau, 1866 : v. a. Recevoir un coup destiné à un autre ; paver pour ceux qui ont oublié leur bourse, argot des faubouriens.
On dit aussi Attraper le haricot ou la fève, — sans doute par allusion au haricot ou à la fève qui se trouve dans le gâteau des rois, et qui met celui à qui elle échoit dans la nécessité de payer sa royauté.

Attraper l’oignon

France, 1907 : Recevoir un coup. Attraper le lustre, ouvrir une large bouche ; argot des coulisses.

Bourguignon

d’Hautel, 1808 : Bourguignon salé. Se dit de ceux qui mettent beaucoup de sel dans ce qu’ils mangent.

Delvau, 1866 : s. m. Le soleil, dans l’argot du peuple, qui croit que cet astre n’a été créé par Dieu que pour faire mûrir les vignes de la Côte-d’Or.

Virmaître, 1894 : Le soleil. Il fait mûrir les bons vins de Bourgogne (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Le soleil.

France, 1907 : Le soleil, qui réchauffe comme le vin de Bourgogne.

V’là le Bourguignon qui baisse ; il est temps de bloquir.

(Vidocq.)

Bourguignon (le)

Hayard, 1907 : Le soleil.

Braize, galette, péze, pognon

anon., 1907 : Argent.

But d’amour, ou but du désir, ou but mignon de fouterie (le)

Delvau, 1864 : La nature de la femme, à laquelle tendent tous les membres suffisamment virils.

Et lorsqu’il vit le but d’amour.

(Moyen de parvenir.)

Et quand ma main approche
Du but de mon désir,
J’attrape une taloche
Qui fait toujours plaisir.

Collé.

Et qu’en cela presque paraissait le but mignon de ficherie.

(Moyen de parvenir.)

Cafignon

France, 1907 : Sécrétion des pieds, autrement dite essence de gendarme ou de facteur rural, particulière aux gens malpropre ; mais certaines gens, quoique d’une propreté méticuleuse, en sont affligées. Le mot est vieux comme le mal ; dérivé d’escafignon, escarpin, chausson, pantoufle. En Normandie, le cafignon est le sabot des vaches, chèvres, cochons, etc., qui n’est pas parfumé. Charles Nisard le fait venir du latin scaphium, pot de chambre, venu lui-même du grec.

On n’est pas sans avoir senti plus d’une fois dans le monde, et là même où se réunissent les gens biens élevés, certaine odeur chaude et nauséabonde qui vient de bas en haut, s’exhale par bouffées et domine de temps en temps toutes celles dont se charge l’atmosphère, partout où il y a agglomération d’individus ; cette odeur est l’effet d’une émanation dont le siège est aussi bien dans la botte du gendarme que dans le soulier de satin de la petite maîtresse. On appelait cela autrefois sentir l’escafignon ; puzzar di scapino, comme disent les Italiens. Il n’y a rien de plus insupportable que cette odeur, si ce n’est l’ignorance où paraissent être de ses propriétés ceux qui la rendent et la promènent partout. Il n’est parfums ni eaux qui puissent la combattre : l’unique moyen de s’en garantir est de s’en aller.

(Charles Nisard, Curiosités de l’étymologie française)

Caliborgne ou caliborgnon

Virmaître, 1894 : Borgne (Argot des voleurs). V. Guigne à gauche.

Carrer le pognon

France, 1907 : Détourner l’argent, voler.

— Mais, paraît qu’il a trouvé plus malin que lui… à propos de sa banque… sa caisse d’Algérie, je me sais plus au juste… c’est des trucs de la haute que je ne connais pas… Enfin, on l’a mangé… on a dit qu’il avait carré le pognon des pantes.

(E. Lepelletier, Les Secrets de Paris)

Champ d’oignons

Delvau, 1866 : s. m. Cimetière, — dans l’argot des faubouriens, qui savent que les morts empruntent aux vivants un terrain utilisé pour l’alimentation de ceux-ci.

Champignon

d’Hautel, 1808 : Il vient comme un champignon. Se dit figurément d’un enfant plein de vigueur et de santé qui se développe sans secousse et d’une manière heureuse.
On dit aussi par ironie d’un homme qui, de pauvre qu’il étoit, s’élève subitement, qu’il est venu en une nuit comme un champignon.

Delvau, 1864 : Végétation charnue et maligne qui vient sur le membre viril par suite d’un contact suspect.

Elle n’eut jamais chaude-pisse,
Ni vérole, ni champignon.

H. Raisson.

Champignon (le)

Delvau, 1864 : Le membre viril, à cause de sa forme qui rappelle celle des cryptogames dont les femmes sont si friandes, surtout quand ce sont des champignons de couche.

Si son champignon
Ressemble à son piton.
Quel champignon,
Gnon, gnon,
Qu’il a, Gandon,
Don, don !

Alexandre Pothey.

Chignon

d’Hautel, 1808 : Prendre quelqu’un par le chignon du cou. Pour dire, le saisir au cou par derrière.

Colignon

Rossignol, 1901 : On appelle ainsi les cochers de fiacre. Colignon est le nom d’un cocher condamné pour assassinat à une époque assez éloignée.

Collignon

Virmaître, 1894 : Cocher de fiacre. Cette expression date de l’assassinat de M. Juge par un cocher de fiacre nommé Collignon, qui fut arrêté par Proudhon, rue de l’Ouest. Collignon fut exécuté. Ce nom est resté un terme de mépris (Argot du peuple).

France, 1907 : Cocher de fiacre ; du nom d’un cocher qui assassina son voyageur sous le second Empire.

J’étais furibond, car la veille,
Un collignon, un vrai frondeur,
M’avait dit : « Monte à l’œil, ma vieille,
Pour l’instant, je suis maraudeur. »

(Henri Bugult)

Et c’troisième, on dirait qu’i’ sacre,
Tell’ment il prend un air grognon.
J’parie un litr’ que c’est saint Fiacre,
Sors donc d’ton siège, eh ! Collignon !

(Jules Jouy)

anon., 1907 : Cocher.

Compagnon

d’Hautel, 1808 : Compagnon de malheur. Ouvrier inhabile et sans dextérité.
Travailler à dépêche compagnon. Pour dire à la hâte, sans soin, sans aucune précaution ; bousiller.
Ils vivent ensemble comme compères et compagnons. Se dit de deux hommes qui, quoique d’une condition bien différente, vivent mutuellement dans une très-grande familiarité.
Traiter quelqu’un de pair à compagnon. En user fort librement avec lui.

Delvau, 1864 : Le membre viril, qui naît avec l’homme et meurt avec lui.

Mignonne, jour et nuit je suis importuné
D’un petit compagnon qui quand et moi fus né.

Théophile.

Le compagnon, étant de taille énorme,
Foula comme il faut le castor.

Piron.

Boutmy, 1883 : s. m. Camarade de rang. Dans les ateliers, les rangs sont disposés pour deux compositeurs ; chacun des deux est le compagnon de l’autre : Dis donc, mon compagnon, prête-moi ta pointe.

Coquignon

un détenu, 1846 : Vermine.

Crépage de chignon

France, 1907 : Bataille de femmes.

Crêpage de chignon

Rigaud, 1881 : Batterie entre femmes. Elles se prennent ordinairement aux cheveux.

Crêper le chignon (se)

Delvau, 1866 : Se gourmer, échanger des coups, s’arracher mutuellement les cheveux, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Se battre entre femmes.

T’es-tu crêpé le chignon avec une camarade ?

(Huysmans, Marthe.)

Virmaître, 1894 : Se dit de deux femmes qui se battent avec acharnenement. C’est le contraire qu’il faudrait dire, car après la bataille, le chignon est plus que décrêpé (Argot du peuple).

France, 1907 : Se dit de deux femmes qui se battent et se prennent aux cheveux.

C’était une sorte de gavroche femelle, rieuse, gouailleuse, capable à certains moments d’un dévouement extraordinaire, et, à d’autres, n’hésitant pas à se crêper le chignon avec une amie.

(Édouard Ducret, Paris-Canaille)

Déguignoner

d’Hautel, 1808 : Être déguignoné. N’être pas toujours dans le malheur, avoir des intervalles de bonne fortune ; regagner ce que l’on a perdu au jeu.

Détraquer le trognon (se)

France, 1907 : Devenir fou.

Enguignonner

France, 1907 : Donner du guignon, jeter un sort.

Il se fit qu’une génisse tomba malade, à Saint-Cricq, pendant le séjour du mendiant. Le fermier à qui elle appartenait n’hésita pas outre mesure sur cette maladie ; il estima que Coudebraque avait enguignonné sa bête, et, par une nuit obscure, il prit son fusil, se cacha dans une châtaigneraie, et attendit le mendiant mystérieux.

(Le Livre Populaire)

Esbigner, esbignonner

Rigaud, 1881 : Voler, faire disparaître un objet, — dans le jargon du peuple. C’est-à-dire faire partir un objet.

Laronneux, n’crois pas m’esbignonner mon maquereau.

(Le Nouveau Vadé.)

Esbigner un porte morningue dans la profonde d’un girondin.

Escaffignon, esclot

Rigaud, 1881 : Soulier, — dans le jargon des chiffonniers, qui disent aussi gant, et gant de pied.

Escafignons

Delvau, 1866 : s. m. Souliers, — dans l’argot du peuple, qui parle comme écrivait ou à peu près, il y a 450 ans, Eustache Deschamps, l’inventeur de la Ballade.

De bons harnois, de bons chauçons velus.
D’escafilons, de sollers d’abbaïe.

Les écoliers du temps jadis disaient Escaffer pour Donner un coup de pied « quelque part ». Sentir l’escafignon. Puer des pieds.

France, 1907 : Souliers. Sentier l’escafignon, puer des pieds. Voir Cafignon.
Ce mot signifiait autrefois une chaussure très légère, escarpin ou chausson ; du latin scaphium, bateau. On appelle encore de grands souliers des bateaux.

Gnon

Delvau, 1866 : s. m. Meurtrissure que se fait une toupie ou un sabot, — dans l’argot des enfants ; et par extension, Blessure que se font les hommes en se battant. S’emploie au figuré.

Rigaud, 1881 : Contusion ; coup qui marque.

Virmaître, 1894 : Donner un coup ou le recevoir.
— Ce pauvre Léon, il est crapsé du gnon que lui a foutu sa pouffiace (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Coup. Recevoir un gnon, c’est recevoir un coup.

Hayard, 1907 : Coup de poing.

France, 1907 : Coup, meurtrissure ; corruption de gnole.

A’ poussa comme un champignon
Malgré qu’alle ait r’çu pus d’un gnon
L’soir, en faisant la cabriole
À Batignolles.

(Aristide Bruant)

— C’est cinq francs de commission que vous me devez.
— Cinq gnons dans la gueule, tu veux dire.

(Jean Richepin)

Dans une réunion politique, Bigorneau reçoit un soufflet.
Il n’en faut pas davantage pour allumer… son courroux, et il parle aussitôt d’envoyer des témoins à son insulteur.
Celui-ci, éclatant de rire :
— Quel mauvais caractère a ce garçon-là ! Il se fâche pour un oui, pour un gnon !…

(Le Journal)

Graine d’oignon

France, 1907 : Poudre à canon ; sans doute parce qu’elle fait pleurer les mères et les veuves.

Grand lumignon

Delvau, 1866 : s. m. Le soleil, — dans l’argot des voyous.

France, 1907 : Le soleil.

Grignon

d’Hautel, 1808 : Un grignon de pain. Pour une croûte, une bribe de pain.

Delvau, 1866 : s. m. Morceau, de pain spécialement.

France, 1907 : Poire.

France, 1907 : Petit cheval.

Or, un jour — c’était du temps des papes — que le saint-père et la reine Jeanne, le saint-père sur sa mule blanche, portant l’anneau et la tiare, Jeanne sur un grignon camargue et coiffée d’un chapeau de fleurs, allaient chevauchant par ces parages…

(Paul Arène)

France, 1907 : Morceau de pain sec.

C’était de nouveau un labeur de cheval que le sien : depuis quinze jours, il ne connaissait plus le lit, roupillait tout habillé une heure ou deux dans la cahière, mangeait son grignon debout, comte un portefaix entre deux coups de force.

(Camille Lemonnier, Happe-Chair)

France, 1907 : Juge, sans doute pour grognon.

Guignon

d’Hautel, 1808 : Avoir du guignon. Pour, être malheureux, n’avoir de succès en rien.
Jouer de guignon. Jouer de malheur ; perdre tout son argent au jeu.

Delvau, 1866 : s. m. Pseudonyme moderne du vieux Fatum. Avoir du guignon. Jouer de malheur, ne réussir à rien de ce qu’on entreprend.

France, 1907 : Mauvaise chance ; de guigner. C’est, comme dit le Dr Grégoire, la tête de Turc des impuissants et des fruits secs.

Tout a l’heure j’errais tristement dans la rue,
Car je pense, parfois, que naître est un guignon,
Et, levant vers le ciel mon visage grognon,
Je t’aperçus, gargouille à la face bourrue,
Qui me tirais la langue en haut de ton pignon !

(George Bois, Cœur au vent)

Guignonant

France, 1907 : Désagréable. On dit à tort guignolant.

Guignonnant

Delvau, 1866 : adj. Désagréable. C’est guignonnant ! C’est une fatalité ! On dit aussi — à tort — guignolant.

Guignonné (être)

Delvau, 1866 : Être poursuivi par la déveine au jeu, par l’insuccès dans ce qu’on entreprend.

Lumignon

Virmaître, 1894 : V. Bourguignon.

Lumignon (le grand)

France, 1907 : Le soleil.

Maquignon

Delvau, 1864 : Un monsieur qui fait la traite des blanches, — le mango antique.

Delvau, 1866 : s. m. Homme qui fait tous les métiers, excepté celui d’honnête homme, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Trafiqueur ; sophistiqueur.

France, 1907 : Tripoteur d’affaires véreuses, habile monteur de coups, faiseur de dupes.

Bien que notre époque ait donné naissance à une effrayante quantité de floueurs de toute espèce, et qu’elle ne paraisse pas s’arrêter dans cette voie éminemment progressive, elle ne peut cependant usurper la gloire d’avoir enfanté le maquignon. Le maquignon est né depuis longtemps et a eu l’avantage très mérité de servir de modèle aux plus fins exploiteurs de la crédulité à la française et surtout parisienne.

(Albert Dubuisson)

Maquignon à bidoche

Fustier, 1889 : Variété de souteneur.

Maquignonnage

d’Hautel, 1808 : Tripotage, intelligences secrètes ; commerce illicite ; intrigue contraire à la bienséance et à la probité.

Delvau, 1866 : s. m. Proxénétisme ; tromperie sur la qualité et la quantité d’une marchandise ; abus de confiance.

Rigaud, 1881 : Gredinerie commerciale ; vente à faux poids ; falsification de marchandises ; sophistication.

France, 1907 : Tripotage, tromperie sur la marchandise vendue. Se dit aussi pour maquerellage.

Maquignonnage, pour maquerellage, métier des maquereaux et des maquerelles, qui font négoce des filles de débauche.

(Cholières)

Maquignonner

d’Hautel, 1808 : Intriguer ; tripoter une affaire en dessous main ; faire un commerce secret.

Delvau, 1866 : v. a. Faire des affaires véreuses.

France, 1907 : Tripoter, tromper, faire des dupes.

Il y avait près d’un demi-siècle en effet que Prangins, ce vieux routier de la politique, brassait et maquignonnait des affaires, bâtissait et démolissait des ministères, entassait articles de revue sur articles de journaux, contradictions sur contradictions, feuillets sur feuillets, ayant noirci des tombereaux de papier à ce métier de hurleur quotidien ou de quinzaine acclamé d’ailleurs, populaire, riche, illustre et entouré de flatteurs, de commensaux, sans amis mais non sans clients.

(Claretie, Monsieur le Ministre)

Maquillé du pognon

M.D., 1844 : Faire de l’argent.

Matignon

Halbert, 1849 : Messager.

Delvau, 1866 : s. m. Messager, — dans le même argot [des voleurs].

France, 1907 : Messager ; argot des voleurs.

Mère des compagnons

France, 1907 : Aubergiste qui reçoit les ouvriers appartenant à certains métiers, et leur procure le gite et le couvert jusqu’à ce qu’ils aient trouvé de l’ouvrage.

Mettre en rang d’ognons (se)

Delvau, 1866 : Se placer les uns derrière les autres, — dans l’argot du peuple. On disait autrefois d’un homme, qu’il se mettait en rang d’ognons quand il se plaçait dans celui où il y avait des gens de plus grande condition que lui.

Mettre en rang d’oignons (se)

France, 1907 : Se placer les uns derrière les autres. Les forcenés de recherches étymologiques ont découvert une singulière origine à cette expression pourtant si naturelle. Voici ce qui est écrit en leurs doctes livres : « Un sire de la Fontaine, baron d’Oignon et seigneur de Vaumoise, était grand maitre des cérémonies sous Henri II, François II, Chartes IX et Henri III. Lorsqu’il présidait aux fêtes publiques, il répétait si souvent ce cri : « Serrez les rangs ! » qu’il se fit remarquer par ce tic. En rapprochant la possession de sa baronnie d’Oignon avec l’idée des oignons qu’on serre les uns contre les autres, on forma le proverbe. »

Mignon

d’Hautel, 1808 : Un mignon. Homme d’une lâche complaisance, asservi à d’infâmes caprices.
Un péché mignon. Inclination fautive dans laquelle on tombe à tout moment.
Argent mignon. Épargnes, économie, abondance d’argent comptant, que l’on dépense en frivolités, que l’on emploie à satisfaire ses moindres désirs.

Delvau, 1864 : Jeune pédéraste… passif. — Apollon à belles fesses. — L’histoire faisant mention des pages de Henri III, qui étaient non-seulement ses favoris, mais encore ses mignons, ne laisse pas de doute sur l’emploi qu’ils avaient auprès de leur maître.

Ce qu’il est le plus naturel de faire à la femme est précisément ce dont elle se soucie le moins ;… tantôt elle veut qu’où la traite comme un mignon… tantôt, etc…

A. de Nerciat.

Petit fils, petit mignon, Mâle ou femelle, Je sais ton nom.

Béranger.

Et j’abandonne au vicaire de Dieu
Ses trois clés d’or, ses fulminantes bulles,
Son Vatican, son cardinal neveu,
Ses beaux mignons, ses nièces et ses mules.

Parny.

France, 1907 : Jeune garçon servant aux plaisirs hors nature ; du celtique mion, amour, ou de l’ancien allemand minnia, même sens. Les mignons d’Henri III sont restés célèbres ; lorsqu’ils se battirent avez ceux du duc de Guise, on chanta dans les rues ce De profundis :

Que Dieu reçoive en son giron
Quélus, Schomberg et Maugiron !

D’ignobles débauches, entremêlées de capucinades et de coups d’épée, furent toute la vie de ces mignons, qui, du reste, moururent tous jeunes pour la plupart.

(Laroussse)

Et j’abandonne au vicaire de Dieu
Ses trois clefs d’or, ses fulminantes bulles,
Son Vatican, son cardinal neveu,
Ses beaux mignons, ses nièces et ses mules.

(Piron)

Mignon de couchette

France, 1907 : Joli garçon aimé des femmes, ce que le peuple appelle plus crûment tiroir à putain.

Le voilà le beau fils, le mignon de couchette,
Le malheureux tison de ta flamme secrète.

(Molière)

… Ce beau mignon de couchette
Dont Achille vengea la mort.

(Scarron)

Mignonne

Delvau, 1864 : Nom que l’on donnait au XVIIe siècle, à l’époque de leur apparition, à toutes les femmes entretenues.

Les riches seigneurs et les financiers ne se faisaient pas faute d’entretenir plusieurs mignonnes à la fois dans différents quartiers de la ville, ou même de les réunir ensemble comme dans un sérail.

P. Dufour.

Il me faut donc chercher quelque jeune mignonne,
Que, pour fille de chambre, en gaussant je lui donne.

J. De Schélandre.

Ognon

d’Hautel, 1808 : Pérette à l’ognon. Petite fille babillarde et inconséquente, qui fait la bégueule et la mijaurée.
Il y a de l’ognon. Locution basse et triviale, tirée d’une chanson populaire, pour, il y a quelque chose là dessous ; on trame quelque mauvaise affaire.
Il croît à la façon des ognons. Pour dire que quelqu’un épaissit et ne grandit pas.
Être vêtu comme un ognon. Se dit de quelqu’un qui porte un grand nombre d’habits les uns sur les autres.
Se mettre en rangs d’ognons. Se placer en un rang ou il y a des personnes plus considérables que soi.
Il s’est frotté les yeux avec un ognon. Se dit par ironie d’une personne peu sensible, et qui affecte de verser des larmes pour un évènement qui ne l’intéresse que faiblement.

Delvau, 1866 : s. m. Grosse montre, de forme renflée comme un bulbe, — dans l’argot du peuple, ami des mots-images. On remarquera que, contrairement à l’orthographe officielle, j’ai écrit ognon et non oignon. Pour deux raisons : la première, parce que le peuple prononce ainsi ; la seconde, parce qu’il a raison, oignon venant du latin unio. J’ai même souvent entendu prononcer union.

Ognon (il y a de l’)

Delvau, 1866 : On va se fâcher, on est sur le point de se battre, par conséquent de pleurer. Argot des faubouriens.

Ognons (aux) !

Delvau, 1866 : Exclamation de l’argot des faubouriens, qui l’emploient comme superlatif de bien, de bon et de beau. On dit aussi Aux petites ognons ! et même Aux petites oignes ! Cette expression et celle-ci : Aux petits oiseaux ! sont les descendantes de cette autre : Aux pommes ! qu’explique à merveille une historiette de Tallemant des Réaux.

Oignon

Larchey, 1865 : Montre (Vidocq). — Allusion de forme. — Aux petits oignons : Très-bien. — On sait combien le peuple aime ce légume. — On dit par abréviation : Aux petits oignes ! — V. Aux pommes. — Il y a de l’oignon : Il y a du grabuge. — Allusion aux pleurs que l’oignon fait verser.

S’prend’ de bec c’est la mode,
Et souvent il y a de l’oignon.

Dupeuty.

Rigaud, 1881 : Montre d’argent épaisse et large.

La Rue, 1894 : Grosse montre démodée. Aux petits oignons, très bien.

Virmaître, 1894 : Montre énorme. Argot du peuple qui dit : ognon.
— Ton ognon marque-t-il l’heure et le linge ? (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Grosse montre.

France, 1907 : Montre épaisse, telle qu’on les faisait autrefois, ce qui leur donnait quelque similitude avec un oignon.

France, 1907 : L’anus, autrement dit le trou de balle ; argot des souteneurs. On dit aussi oignon brûlé.

France, 1907 : Bruit, tapage, grabuge. « Il a de l’oignon » est le refrain d’une chanson populaire fort en vogue sous le consulat et les premières années de l’empire. Cette expression s’emploie aussi pour dire qu’il y a quelque chose de désagréable, que des difficultés vont surgir, métaphore tirée de ce que les vapeurs d’oignons piquent les yeux et arrachent les larmes.
Le comte Jaubert raconte que, l’empereur Napoléon Ier rentrant un jour aux Tuileries de très mauvaise humeur, le suisse dit tout bas à son voisin : « Il paraît qu’il y a de l’oignon. » L’empereur, qui l’avait entendu, se dirigea vers lui et lui dit : « Eh bien ! oui, il y a de l’oignon ! » Le malheureux faillit tomber à la renverse.
On disait autrefois, quand on se jouait de quelqu’un, qu’on lui baillait de l’oignon :

— Par nostre Dame ! on m’a baillé de l’oignon, et si ne m’en doubtoye guères…. Le dyable emporte la gouge… !

(Les Cent Nouvelles nouvelles)

France, 1907 : Argent. « Tu peux l’épouser, elle à de l’oignon. » L’expression est très ancienne ; on la trouve dans les vieux poètes :

Ainsi parloyent les compaignons
Du bon maistre Françoys Villon,
Qui n’avoyent vaillant deux ougnons,
Tentes, tapis ne pavillon.

(Les Repenes franches)

Les Dannois jadis et Saxons
À vous, Anglois, firent grans armes ;
Ils n’y gagneront deux oygnons,
Non obstant leurs grans vuaquarmes.

(Robert Gaguin, Le Passe-temps d’oysiveté)

Oignon (il y a de l’)

Rigaud, 1881 : Ça va mal, les affaires vont se gâter, les coups et les pleurs sont à la tombante.

Oignon (l’)

Virmaître, 1894 : Il s’appelle aussi trou de balle (Argot des souteneurs). V. Figne. N.

Hayard, 1907 : L’anus.

Oignon (vêtu comme un)

France, 1907 : Avoir plusieurs vêtements les uns sur les autres, comme l’oignon qui est enveloppé de plusieurs pelures.

Oignons (aux petits)

France, 1907 : D’une façon excellente. « Je vais vous faire cela aux petits oignons, vous vous en lécherez les babines. »

— Vous savez, elle est cocasse votre chanson et vous l’avez détaillée aux petits oignons !

(Edgar Monteil)

On dit aussi petites oignes :

On ne saurait trop imiter les maîtres, surtout lorsqu’ils vous donnent l’exemple et la manière de cuisiner eux-mêmes la ratatouille de leur gloire et d’en éplucher les pelites oignes. J’ai choisi, d’ailleurs sans fatigue, mes gribouillages les plus récents, soit ceux de la semaine dernière.

(Émile Bergerat, Mon Journal)

Cette expression s’emploie également pour désigner une façon de traiter quelqu’un rudement : « Je vais vous arranger aux petits oignons. »
Marchand d’oignons se connait en ciboules, expression proverbiale signifiant que quand on exerce un métier, on en connaît toutes les parties.

Oignons (chaîne d’)

Rigaud, 1881 : Les dix d’un jeu de cartes, — dans le jargon des ouvriers.

France, 1907 : Dix de cartes.

Oignons (champ d’)

France, 1907 : Cimetière.

Oignons (peler des)

Rigaud, 1881 : Gronder.

France, 1907 : Gronder.

Oignons (rang d’)

France, 1907 : Sur une même ligne. Se mettre en rang d’oignons se dit aussi pour prendre place dans une réunion où l’on n’est pas invité, dans une assemblée à laquelle on n’a pas le droit d’assister.
On fait venir l’expression proverbiale être assis en rang d’oignons d’Artus de la Fontaine Solaro, baron d’Oignon, qui faisant l’office de grand maître des cérémonies aux états de Blois, assignait les places et les rangs des seigneurs et des députés. C’est aller chercher bien loin une explication pourtant bien naturelle. Ne vient-elle pas tout simplement de la manière dont les paysans assemblent leurs oignons avec des liens de paille par rang de grosseur ?

Oignons, Oignes (aux petits)

Rigaud, 1881 : Excellent, supérieur. L’oignon joue un grand rôle dans la casserole du peuple de Paris pour qui le miroton est un plat fondamental et patriotique.

Eh ben, sergent, trouvez-vous que je lui aie arrangé ça aux petits oignons ?

(Alph. Arnault et L. Judicis, Les Cosaques.)

Pignon

d’Hautel, 1808 : Avoir pignon sur rue. Avoir une maison à soi ; avoir un magasin, ou une boutique qui donne sur la rue.

Pignon sur rue (avoir)

France, 1907 : Posséder une maison sur la rue. Le pignon est la partie du mur d’une maison qui s’élève en triangle et sur laquelle porte l’extrémité de la toiture. Autrefois le pignon de toutes les maisons faisait face à la rue. Les pauvres gens avaient leur pignon que dans les ruelles ou les cours. Avoir pignon sur rue était donc le fait d’un propriétaire aisé.

Pognon

M.D., 1844 : De l’argent.

Delvau, 1866 : s. m. Argent, monnaie qu’on remue à poignée, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Argent de poche. — Pognon secret, économies, argent, caché, argent mignon.

La Rue, 1894 : Argent.

Virmaître, 1894 : Argent, monnaie. Allusion à l’argent mis à même la poche et que l’on prend à poignée. Une poignée d’argent ; de là, pognon (Argot des souteneurs).

Rossignol, 1901 : Argent.

Hayard, 1907 : Argent.

France, 1907 : Argent ; pour poignon, argot des faubouriens.

— Tu te figures que je l’aime ? Ça ne serait pas à faire, par exemple ! Seulement, je le ménage, rapport au pognon. Si tu me voyais… je suis gentille tout plein.

(L.-V. Meunier, Chair à plaisir)

Égalité, c’est beau à dire,
C’est mêm’ beau sur les monuments.
Tous égaux. Hé ! y a rien à r’dire,
Il est chouett’ not’ gouvernement.
D’vant la loi faut qu’tout l’mond’ s’incline,
Seul’ment v’là, ceux qu’a du pognon
Y s’tir’ d’affair’ ! L’pauvr’ qui turbine,
C’est lui qui garnit les prisons.

(Le Père Peinard)

Pognon (du)

Merlin, 1888 : De l’argent.

Pognon être (au)

France, 1907 : Avoir de l’argent, être riche.

Quand la pauvrette eut fait ses couches, le mufle avait soupé d’elle et il la plaqua.
Un moment, il avait eu envie de « régulariser sa situation », mais sa famille, qui était au pognon, n’eut pas de peine à faire comprendre au bourgeoisillon qu’on prend une ouvrière pour s’amuser, — histoire de jeter sa gourme — mais non pour le conjugo.

Pour le mariage, c’est pas le caractère et les sympathies qu’il faut assortir : c’est les sacs d’écus !

(Le Père Peinard)

Quand viendra le jour ousque les anarchisses
Auront pris le pognon des capitalisses,
Les capitalisses deviendront anarchos
Et les anarchiss’s auront des capitaux.

(Jules Jouy)

Pognoniste

Rossignol, 1901 : Celui qui a du pognon.

France, 1907 : Homme d’argent.

On ne le serinera jamais trop : dès qu’un type s’assied autour de l’assiette au beurre, c’est un homme foutu !
Il a pu, auparavant, être farci de bonnes idées et des meilleures intentions.
Dès qu’il est élu, barca !
Tout ça s’évanouit et il ne reste plus qu’un coco qui, petit à petit, — quelquefois sans s’en rendre compte exactement, — rente ses idées et oublie ses intentions.
Et fichtre, je mets les choses an mieux : dans la plupart des cas, l’élu ne se contente pas d’être un pauvre couillon que sa situation supérieure abrutit — pourri par le milieu gouvernemental, la lèpre autoritaire, il devient un pognoniste.

(Le Père Peinard)

Poignon

un détenu, 1846 : Argent monnayé.

Pont d’Avignon

Delvau, 1866 : s. m. Fille publique, — dans l’argot des gens de lettres.

Quignon

d’Hautel, 1808 : Un quignon de pain. Pour un gros morceau de pain.

Delvau, 1866 : s. m. Gros morceau de pain.

France, 1907 : Gros morceau de pain.

Rentier à la soupe à l’ognon

Delvau, 1866 : s. m. Ouvrier, — dans l’argot des faubouriens.

Riflard (compagnon du)

Rigaud, 1881 : Aide-maçon. — En terme de maçon, le riflard est la pelle dont ils se servent ; d’où le surnom de compagnon du riflard.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique