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Aides (aller à la cour des)

Rigaud, 1881 : Une femme va à la cour des aides, lorsqu’elle donne un ou plusieurs collaborateurs à son mari. L’expression date du dix-huitième siècle.

Aller

d’Hautel, 1808 : Ça ne va pas pire. Réponse joviale que l’on fait à quelqu’un qui demande des nouvelles de votre santé, pour exprimer que l’on ne va pas plus mal que de coutume ; que l’on se porte passablement bien.
Faire aller quelqu’un. Le railler finement et sans qu’il s’en aperçoive ; le faire jaser dans le dessein de le tourner ensuite en ridicule.
Cette locution signifie aussi mener quelqu’un par le bout du nez ; faire un abus révoltant de sa foiblesse et de sa bonne foi.
Aller sur la hauteur. Façon de parler qui exprime, parmi une certaine classe du peuple de Paris, l’action d’aller riboter, prendre ses ébats, se divertir dans les guinguettes qui sont situées hors de la ville.
Tout son bien s’en est allé en eau de boudin, en brouet d’andouilles, à veau l’eau. Ces trois manières de parler ont à-peu-près le même sens et signifient qu’une fortune considérable s’est trouvée dissipée, anéantie, par la mauvaise conduite de celui qui la possédoit.
On dit aussi d’une affaire sur laquelle on comptoit, et qui ne prend pas une tournure favorable, qu’Elle s’en est allée en eau de boudin.
Il va et vient comme trois pois dans une marmite. Phrase burlesque qui exprime assez bien les allées et venues, le mouvement, l’agitation continuelle qu’un homme impatient et brouillon se donne pour des choses qui n’en valent souvent pas la peine.
Ne pas aller de main morte. Signifie frapper de toute sa force ; montrer de la vigueur et de l’énergie dans une affaire.
Un las d’aller. Paresseux, fainéant qui a toutes les peines du monde à travailler ; qui ne sait que faire de sa personne.
Cela va sans dire. Pour cela est clair, évident, incontestable.
Cela va et vient. Manière mercantile de parler, et qui signifie que le gain du commerce n’est pas réglé ; qu’il va tantôt en augmentant, et tantôt en diminuant.
Aller ou le roi va à pied. C’est-à-dire, aux privés, où l’on ne peut envoyer personne à sa place.
Tout y va la paille et le blé. Signifie, il se ruine en de folles dépenses ; il sacrifie toute sa fortune à l’objet de son enthousiasme.
Aller un train de chasse. Marcher avec précipitation ; mener une affaire tambour battant.
Tous chemins vont à Rome. Pour dire qu’il y a plusieurs voies pour parvenir dans un lieu, ou réussir à quelque chose.
Cela n’ira pas comme votre tête. Se dit par réprimande à quelqu’un, pour cela n’ira pas suivant votre désir ; selon que vous l’imaginez.
Cette maison est son pis aller. C’est-à-dire, il s’y emploie quand il ne trouve pas mieux ailleurs ; il y entre et il en sort à volonté.
Aller son petit bon-homme de chemin. Faire droitement sa besogne ; n’entendre finesse en rien ; se conduire avec prudence et probité.
Il y va de cul et de tête comme une corneille qui abat des noix. Se dit par raillerie d’une personne qui travaille avec une activité et une ardeur ridicules, sans faire pour cela beaucoup d’ouvrage.
Cela ne va que d’une fesse. Pour dire qu’une affaire, ou un ouvrage va lentement ; qu’on ne le pousse pas avec la vigueur et l’activité convenables ; qu’il est mal dirigé.
Cela va comme il plaît à Dieu. Manière fine et ironique de faire entendre qu’une affaire est mal menée ; qu’on en néglige absolument la conduite.
Toujours va qui danse. Voy. Danser.
Il va comme on le mène ; il va à tout vent. Se dit d’un homme foible et pusillanime, sans énergie, sans force de caractère, qui n’a d’autre impulsion que celle qu’on lui donne ; qui change continuellement de résolution.
À la presse vont les fous. C’est-à-dire qu’il faut être dénué de sens pour mettre l’enchère sur une chose que beaucoup de personnes veulent acquérir.
Que les plus pressés aillent devant. Se dit par humeur, quand on se trouve en société avec des personnes qui marchent fort vite, et qu’on ne peut pas suivre.
Qu’il aille au diable. Imprécation que l’on se permet dans un mouvement de colère, contre quelqu’un qui importune, et qui équivaut à qu’il aille se promener ; qu’il me laisse tranquille.
Tout va à la débandade. Pour tout est en désordre, dans la plus grande confusion.
Il s’en va midi. Pour dire l’heure de midi approche ; elle n’est pas éloignée.
On se sert souvent, et à tort, du verbe être au lieu du prétérit du verbe aller, et l’on dit : Je fus ou nous fûmes hier au spectacle ; pour J’allai ou nous allâmes, etc.

Aller (s’en)

Delvau, 1866 : Vieillir, — dans l’argot de Breda-Street, où l’on s’en va aussi vite que les roses.

Aller à bord de l’eau

un détenu, 1846 : Aux galères, Toulon, Brest, Rochefort.

Aller à Bougival

France, 1907 : Écrire un article de nul intérêt pour le public ; argot des journalistes.

Aller à crosse

Hayard, 1907 : Avouer.

Aller à Cythère

Delvau, 1864 : Ce que les délicats appellent Ad summam voluptatem parvenire, et les voyous Aller au bonheur — le seul voyage que l’on ne puisse faire seul, et que l’on fait toujours à cheval sur une belle jument.

J’aime, dit Ros’, quand on m’mène à Cythère,
Qu’on se promèn’ pendant plusieurs instants ;
Dès qu’on r’ssort, ça n’ m’amuse guère.

Dida.

Aller à dache

Virmaître, 1894 : Mot à mot allez vous faire voir, vous m’ennuyez (Argot du peuple).

Aller à dame

Delvau, 1864 : Baiser ; coucher avec une femme. — Cette expression, empruntée au jeu de dames, a été inventée par un pion de l’institution Sainte-Barbe.

Virmaître, 1894 : Être assommé à coups de poings et tomber comme une masse sur le pavé (Argot du peuple). V. Fluxion de pavé.

Rossignol, 1901 : Tomber.

Il ne tient pas sur les fûmerons, d’une poussée je l’ai fait aller à dame.

Hayard, 1907 : Tomber comme une masse.

Aller à l’arche

Delvau, 1866 : v. n. Aller chercher de l’argent. Argot des voyous.

France, 1907 : Aller en quête d’argent ; argot des voleurs.

Aller à l’astic

Delvau, 1866 : Astiquer son fourniment. Argot des soldats.

Aller à la campagne

Larchey, 1865 : Elles ont disparu trois, quatre ou six mois. On les savait malheureuses. Elles reparaissent tout à coup plus fières et plus fringantes que jamais ; elles ont été passer une saison à la campagne (dans une maison de prostitution de province).

Ces Dames, 1860.

Aller à la chasse avec un fusil de toile

Delvau, 1866 : v. n. Mendier, porter la besace. Argot du peuple.

France, 1907 : Mendier comme font les loqueteux avec une besace au dos.

Aller à la cour des aides

Delvau, 1866 : Se dit d’une femme qui trompe son mari en faveur d’un ou de plusieurs amants. L’expression date de l’Histoire comique de Francion.

La Rue, 1894 : Tromper son mari.

France, 1907 : Ressource d’une femme qui, n’étant point satisfaite des devoirs que lui rend ou ne lui rend pas son mari, emprunte l’aide de personnes moins circonspectes.

Aller à la crémerie

Rossignol, 1901 : Voir Descendre à la cave.

Aller à la messe des trépassés, y porter pain et vin

France, 1907 : Aller à la messe après avoir bien bu et bien mangé.

Aller à la retape

Delvau, 1866 : v. n. Attendre quelqu’un sur une route pour l’assassiner. Argot des prisons.

France, 1907 : Aller attendre quelqu’un sur la route pour le tuer ou le voler ; argot des voleurs. Dans l’argot des filles, c’est aller à la recherche d’un client.

Aller à la visite

Delvau, 1864 : Se dit des filles publiques qui, au jour fixé par les règlements de police, doivent se rendre au Dispensaire pour subir un examen de santé de la part de médecins ad hoc qui les renvoient si elles sont saines et les retiennent si elles sont malades.

C’est demain, âmes sœurs, le jour de la visite.

Albert Glatigny.

Aller à Niort

un détenu, 1846 : Ne rien dire, se taire, garder le silence.

Delvau, 1866 : v. a. Nier, — dans l’argot des voleurs, qui semblent avoir lu les Contes d’Eutrapel.

Virmaître, 1894 : Nier. Recommandation qu’ont soin de faire les voleurs à leurs complices quand ils vont à l’instruction. Ils se souviennent du mot du boucher Avinain qui, la tête sous le couteau, cria : N’avouez jamais (Argot des voleurs).

Rossignol, 1901 : Faire l’ignorant.

Un voleur qui ne veut rien avouer, s’il fait l’ignorant ou semblant de ne pas comprendre ce qu’on lui dit, va à Niort.

Hayard, 1907 : Nier, ignorer.

France, 1907 : Nier. Suivre le dernier avis d’Avinain : « N’avouez jamais. » Cette expression vient des contes d’Eutrapel et n’est guère plus employée que par les voleurs. On trouve dans Vidocq : « S’il va à Niort, il faut lui riffauder les paturons » (S’il nie il faut lui brûler les pieds).

Aller à Niort, dire à Niort

La Rue, 1894 : Nier.

Aller à pinada

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien, — à dada — sur une pine.

Aller à ses affaires

Delvau, 1866 : Ce que les Hébreux appellent hesich raglaw, les Anglais to shite, les Espagnols cagar, les Flamands schyten, les Italiens cacare, et les Grecs χέζειν.

Autrefois, chez le roi, on appelait chaise d’affaires, la chaise percée, et brevet d’affaires le privilège d’entrer dans le lieu où le roi est sur sa chaise d’affaires.

France, 1907 : où le roi ne va qu’à pied. « C’est, à mots couverts, disait Scarron, le lieu où l’on va se décharger du superflu de la mangeaille. »

Aller au beurre

Delvau, 1864 : Baiser une femme, dont le con ne tarde pas à devenir ainsi une baratte.

Zut ! je veux aller au persil pour aller au beurre, moi, na !

Lemercier de Neuville.

Aller au bonheur

Delvau, 1864 : Jouir en baisant, parvenir à la félicité suprême. — Cette expression, une des plus justes de la langue érotique moderne, est précisément celle qui se lisait comme enseigne sur les bordels de Pompéï : Hic habitat felicitas.

Tu as donc envie d’aller au bonheur, mon petit homme !

Lemercier de Neuville.

Aller au café

Delvau, 1864 : Gamahucher une femme. On dit aussi : prendre sa demi-tasse au café des Deux-Colonnes.

Aller au carreau

Delvau, 1866 : v. n. Aller pour se faire engager, — dans l’argot des musiciens de barrières, qui chaque dimanche ont l’habitude de se réunir sur le trottoir de la rue du Petit-Carreau, où les chefs d’orchestre savent les rencontrer.

Aller au diable de biterne

France, 1907 : Proverbe languedocien, même acception et même sens que le diable de Vauvert à Paris. Duchat donne l’origine de cette expression : « C’était dans le XVe siècle une opinion fort commune parmi le peuple du Languedoc, que certaines sorcières du pays se transportaient la nuit dans une plaine déserte, où elles adoraient le diable sous la figure d’un bouc placé sur la pointe d’un rocher, et baisaient le derrière de cet animal, auquel elles donnaient le nom de diable de Biterne. Le peuple était en outre persuadé que ces femmes se livraient en ce lieu à toutes sortes d’impudicités. C’est surtout par allusion à ce dernier préjugé que Carpatim, dans les faits et gestes du bon Pantagruel, jure par le diable de biterne d’embourrer quelques-unes de ces coureuses d’armées. »

Aller au gratin

Delvau, 1864 : Baiser une femme publique, — à l’œil — ce qui est une gourmandise pour certains travailleurs. Allusion au gratin que laisse un mets au fond de la casserole et qui trouve toujours un amateur — quand tout le monde est servi.

Aller au jardin

M.D., 1844 : Voleur allant faire un coup.

Aller au numéro cent

Larchey, 1865 : Se rendre aux lieux d’aisance. — Calembour. C’est le numéro qui sent le plus.

Aller au persil

M.D., 1844 : Promenade d’une prostituée.

Delvau, 1864 : Se dit des femmes autorisées qui se promènent le soir dans les rues, sur les trottoirs, et qui ne cessent de se promener que lorsqu’un galant homme, un peu gris, les prie de se reposer — pour tirer un coup avec lui, dans une chambre de bordel ou dans un arrière-cabinet de marchand de vins. — Voy. Aller au beurre.

Delvau, 1866 : Sortir pendant le jour, aller se promener, — dans l’argot des filles libres, qui, à leur costume de grisettes d’opéra-comique, ajoutent l’indispensable petit panier pour avoir l’air d’acheter… rien du tout, le persil se donnant pour rien chez les fruitières, mais en réalité pour se faire suivre par les flâneurs amoureux.
On dit également : Cueillir du persil et Persiller.

Aller au persil ou persiller

France, 1907 : Sortir pendant le jour avec un panier au bras sous le prétexte d’aller aux provisions et, en réalité, pour raccrocher et se faire suivre par les hommes.

Aller au pot

Delvau, 1866 : Prendre dans des dominos restants. Argot des joueurs. On dit aussi Fouiller au pot.

Aller au pré

Halbert, 1849 : Condamné au bagne.

Aller au rapport sans arme

Virmaître, 1894 : Moucharder ses camarades. Expression employée dans les ateliers pour indiquer que l’un des leurs va chaque jour au rapport, chez le patron pour lui raconter ce qui se passe et même ce qui ne se passe pas (Argot du peuple).

Aller au refil

Virmaître, 1894 : Dénoncer un complice (Argot des voleurs). V. Mouton N.

Rossignol, 1901 : Rendre, donner.

Il faut aller au refil de ce que tu me dois.

Il y a aussi une autre façon d’aller au refil, c’est lorsqu’un ivrogne ne peut garder le liquide qu’il a dans l’estomac ; alors il va au refil.

Hayard, 1907 : Dénoncer.

Aller au safran

Delvau, 1866 : v. n. Manger son bien, — dans l’argot des bourgeois qui disent cela depuis longtemps.

France, 1907 : Manger son bien.

Aller au trot

Delvau, 1866 : v. n. Se dit — dans l’argot des faubouriens — d’une fille en toilette de combat qui va « faire le boulevard ».

France, 1907 : Même sens qu’aller à la retape, dans l’argot des faubouriens.

Aller au vague

M.D., 1844 : Aller commettre un vol.

Aller au vice

Delvau, 1864 : Aller au bordel.

Delvau, 1866 : Hanter les mauvais lieux, — dans l’argot des bourgeois.

France, 1907 : Aller dans un mauvais lieu, au bordel.

Aller aux mûres sans crochet

France, 1907 : Ne rien entreprendre sans être muni de ce qui est nécessaire pour faciliter le succès. Allusion à la façon dont il faut cueillir les mûres. Le mûrier étant un arbre qui étend ses rameaux flexibles loin de son tronc, pour atteindre les fruits, il faut attirer à soi les branches ; par conséquent, ceux qui n’ont pas eu la précaution de se munir d’un crochet ne peuvent faire qu’une maigre récolte.
On dit dans le même sens : S’embarquer sans biscuit.

Aller aux pruneaux

Delvau, 1866 : Plaisanterie qu’on fait à l’hôpital, à tout nouveau venu qui parait un peu naïf ; elle consiste à l’engager à aller demander son dessert dans une salle voisine, à tels ou tels malades qu’on désigne. Celui qui a l’imprudence d’aller aux pruneaux est alors accueilli à coups de traversin, comme l’innocent qui va le 1er avril chez l’épicier chercher de l’huile de cotrets est accueilli à coups de balai.

France, 1907 : Farce que l’on fait, dans les hôpitaux militaires, aux nouveaux venus naïfs et qui consiste à aller dans une salle voisine demander son dessert à tel ou tel malade qu’on dit chargé de la distribution.

Aller avec un homme

Rigaud, 1881 : Se prostituer à un homme, — dans le jargon des filles et de leurs souteneurs.

C’est-y grossier ces nouvelles couches sociales ! dit une fille en s’écartant, comment peut-il y avoir des femmes qui aillent avec ça ?

(F. d’Urville, Les Ordures de Paris)

Aller chez Faldès

Fustier, 1889 : Partager.

La Rue, 1894 : Partager le produit d’un vol.

Aller chez le voisin

Delvau, 1864 : Enculer une femme ; se tromper, volontairement ou involontairement, d’endroit.

Tiens… me voilà… Pas comme ça, donc ! Tu va chez le voisin… Laisse-moi te conduire.

H. Monnier.

Aller comme une corneille qui abat des noix

France, 1907 : Se trémousser étourdiment, aller à l’aventure, mettre tout le corps en mouvement comme le ferait une corneille, de la tête et de la queue.
On dit aussi dans le même sens : Aller et venir comme un pois en pot.

Aller d’attaque (y)

Delvau, 1864 : Baiser avec énergie, sur l’herbe ou sur une chaise, sous le ciel du lit ou sous le ciel de Dieu, sans se préoccuper des passants et des enfants.

La limace… là, bien blanche, avec ses creux et ses montagnes, ça m’met sens sus d’sous… Allons-y d’attaque !

Lemercier de Neuville.

Aller dare dare

France, 1907 : Se dépêcher, aller vivement. Dare et l’impératif du vieux verbe français darer, aller sans crainte, que les Anglais ont pris de nous, to dare, oser.

Aller de (y)

Rigaud, 1881 : Payer. Y aller de ses dix francs. — Y aller d’une, de deux, de trois, payer une bouteille, deux bouteilles, etc. Y aller de sa goutte, de sa larme, pleurer, être ému jusqu’aux larmes. — Y être allé de son voyage, avoir fait une démarche inutile. — Y aller gai-mar, faire quelque chose gaiement.

Aller de l’avant

France, 1907 : Se conduire audacieusement, être téméraire, ne rien craindre. Expression populaire.

Au loin, là-bas, émergent dans la plaine
Nos fantassins qui vont drapeaux au vent ;
Rien qu’à la voix du chef qui les entraine,
Comme l’on sent… qu’ils iraient de l’avant !

(Jules Célès.)

Aller de sa larme (y)

Delvau, 1866 : Ne pas craindre de se montrer ému, au théâtre ou dans la vie, à propos d’un événement touchant, réel ou fictif. Argot des gens de lettres et des faubouriens.

Aller de son beurre

Delvau, 1864 : Jouir copieusement, lorsqu’on est sous l’homme, sans craindre la vérole et les enfants, et décharger deux ou trois fois sans qu’il ait déconné.

Tu m’as fait crânement jouir, cochon ! Voilà la première fois que j’y vas de mon beurre aussi franchement.

Lemercier de Neuville.

Aller de son voyage

Delvau, 1864 : Les filles de bordel emploient cette expression pour dire qu’elles ont joui avec un miché : « J’y ai été de mon voyage. »

Aller du cul

Delvau, 1864 : Se trémousser dans la jouissance vénérienne, ou dans l’attente de cette jouissance, qui est toujours précédée d’une foule de friandises fort agréables.

Il se trémoussa vers moi en se baissant, et moi vers lui en me haussant ; les culs nous allaient à tous deux comme s’il eût eu déjà le vit au con.

Mililot.

Aller en bateau

Rossignol, 1901 : Remettre toujours quelqu’un au lendemain, soit pour lui solder une facture ou pour un emploi qu’il sollicite, est le faire aller en bateau.

Aller en Flandres sans couteau

France, 1907 : Vieux dicton hors d’usage, allusion à l’habitude en Flandre et dans toute l’Allemagne de toujours porter avec soi un étui renfermant un couteau et une fourchette, les voyageurs ne trouvant ni l’un ni l’autre dans les auberges. Aller en Flandres sans couteau avait donc à peu près la même signification que S’embarquer sans biscuit. Dans la collection des proverbes Flamengs et François du XVIe siècle on trouve ce dicton :

Qui va en Flandres sans couteau
Il perd de beure maint morseau.

Dans ses Dialogues du nouveau langage françois italianisé, Henry Estienne dit : « Il vaudroit mieux aller en Flandres sans couteau (ce que toutesfois l’ancien proverbe ne conseille pas) qu’aller à la cour sans estre garni d’impudence. »

Aller en Galilée

Boutmy, 1883 : v. Remanier, remettre en galée. M. Ch. Sauvestre, qui, lui aussi, est un ancien typo devenu journaliste, nous signale cette expression pittoresque :

Aller en Galilée, dit-il, c’est faire des remaniements qui nécessitent le transport d’une page ou d’une portion de page du marbre, où elle était en forme, dans la galée, sur la casse. Aller en Germanie n’est rien, comparativement au guignon d’aller en Galilée.

Galilée est évidemment une corruption plaisante de galée.

Aller en Germanie

Boutmy, 1883 : v. Remanier. Cette expression, d’allure si preste, s’applique pourtant, comme on voit, à une chose très désagréable pour le compositeur. Lorsqu’il qu’il a commis un bourdon ou un doublon et qu’il est forcé de remanier un long alinéa, on dit qu’il va en Germanie. Cette locution, récemment introduite dans quelques ateliers, vient-elle des nombreux remaniements que la Prusse a fait subir, depuis 1866, à la carte d’Allemagne, et même, hélas !, à la carte de France ? Un vieux typographe nous fait remarquer que cette locution : Aller en Germanie, dont on n’aperçoit pas distinctement l’origine, que nous venons tout à l’heure de chercher au-delà du Rhin, est purement et simplement une corruption. Quand un compositeur a commis un bourdon, il s’écrie de mauvaise humeur : Allons ! bon ! Il faut que je remanie. D’où aller en je remanie, puis en Germanie.

Aller en rabattant

Delvau, 1866 : Vieillir, sentir ses forces s’épuiser. Argot du peuple.

France, 1907 : Vieillir.

Aller en remonte

France, 1907 : Terme des dames de maisons, alias maquerelles, pour indiquer qu’elles renouvellent leur personnel.

— Je vais vous dire ce que, dans notre profession, signifie aller en remonte. Les mêmes personnes ne peuvent pas toujours rester dans la même maison ; au bout de quelque temps on les a trop vues, et ce que le client demande avant tout, c’est du nouveau. Alors on fait des échanges avec les confrères. Par exemple, je vois une dame qui me plaît chez Mme Séraphin : eh bien ! je paie sa dette, et je la prend chez moi, contre une autre que je donne à mon tour, me faisant payer, moi aussi, bien entendu. Nous agissons de même avec la province. Toujours une femme a contracté des dettes dans l’établissement qu’elle quitte, c’est très rare autrement, je ne sais même pas si le contraire s’est jamais vu.

(Louis Daryl : 13, rue Magloire)

Aller et retour (donner ou faire l’)

Delvau, 1864 : Tirer deux coups avec une femme, sans déconner.

C’est un pauvre homme, dit-elle ; il ne peut pas même faire l’aller et retour sans être sur les dents.

A. François.

Aller faire faire (s’)

Delvau, 1866 : Expression injurieuse — de l’argot des bourgeois par laquelle on se débarrasse de quelqu’un qui vous gêne ou vous ennuie. Le second verbe faire en remplace un autre qui est tantôt paître, tantôt un autre plus énergique.

Aller l’amble

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien, soit parce que dans cette besogne l’homme imite l’allure des chevaux qui vont l’amble, autre le trot et le pas, entre fort et doucement, soit parce que pour aller l’amble amoureux il faut être deux — ambo.

Aller où le roi n’envoie personne

Rigaud, 1881 : Aller aux lieux d’aisances. La variante est : Aller où le roi va à pied.

Aller où le roi ne va qu’à pied

Larchey, 1865 : Ce rappel à l’égalité est de tous les temps. On disait au dix-septième siècle :

C’est à mots couverts le lieu où l’on va se décharger du superflu de la mangeaille…

Scarron, qui n’a pas dédaigné de donner l’hospitalité à cette métaphore éminemment philosophique, ajoute :

C’est ce qu’on nomme à Paris, chez les personnes de qualité, la chaise percée ; car depuis environ vingt ans la mode est venue de faire ses nécessités sans sortir de sa chambre, et cela par un pur excès de propreté.

Aller où le roi va à pied

Delvau, 1866 : V. Aller à ses affaires dans l’argot du peuple.
C’est précisément pour y avoir été que Henri III fut blessé mortellement par Jacques Clément, qui le frappa sur sa chaise d’affaires.

Virmaître, 1894 : Satisfaire un besoin dans le silence d’un cabinet qui n’a rien de ministériel. L’allusion est juste ; malgré sa grandeur, le roi ne pourrait y aller en voiture (Argot du peuple).

Aller que d’une fesse (n’)

Delvau, 1866 : Se dit — dans le même argot [du peuple] — de quelqu’un qui n’est pas très bien portant, ou de quelque affaire qui ne marche pas à souhait de celui qui l’a entreprise.
C’est l’ancienne expression, plus noble : N’aller que d’une aile.

France, 1907 : Se dit de quelqu’un qui n’est pas bien portant ou dont les affaires ne marchent pas à souhait.

Aller se faire couper les cheveux

Delvau, 1864 : Aller au bordel. — L’expression date de l’établissement des bains de mer de Trouville, fréquentés par la meilleure société parisienne. Trouville est pour ainsi dire un faubourg du Havre, mais un faubourg sans bordels. Les messieurs sans dames qui ont des besoins de cœur s’échappent, vont au Havre et reviennent l’oreille basse, la queue entre les jambes, comme honteux de leurs mauvais coups. D’où venez-vous ? leur demandent les dames. — J’ai été me faire couper les cheveux, répond chaque coupable. — Les dames trouvaient — trouvillaient, dirait Commerson — qu’ils allaient bien souvent se faire arranger — la chevelure.

Aller se faire foutre

France, 1907 : Aller au diable.

Aller se faire lanlaire

Fustier, 1889 : Se débarrasser d’un importun. L’envoyer promener.

… Votre cœur ? Il n’y a que les gens qui n’ont que ça qui le proposent… Ça ne suffit pas… Vous pouvez aller vous faire lanlaire… !

(Huysmans, Les sœurs Vatard)

Aller son petit bonhomme de chemin

Delvau, 1866 : Aller doucement ; se conduire prudemment — pour aller longtemps.

Aller sur la haquenée des cordeliers

France, 1907 : Aller à pied. Les cordeliers, faisant partie des ordres mendiants, ne chevauchaient guère.

Aller sur une jambe (ne pas s’en)

Delvau, 1866 : Boire un second verre ou une seconde bouteille, — dans l’argot des ouvriers, qui ont une manière à eux de marcher et de faire marcher les gens.

Aller trop vite à l’offrande et faire choir le curé

Delvau, 1864 : Décharger au moment où l’on va baiser une femme, que l’on a désirée trop longtemps, et débander immédiatement.

Aller voir défiler les dragons

Delvau, 1866 : Dîner par cœur, c’est-à-dire ne pas dîner du tout, — dans l’argot du peuple, qui se rappelle le temps où, ne pouvant repaître son ventre, il allait repaître ses yeux, sous la République, des hussards de la guillotine, et sous l’Empire des dragons de l’Impératrice. Qui admire, dîne !

Virmaître, 1894 : Ne pas manger. Être de la revue signifie la même chose (Argot du peuple).

Hayard, 1907 : Se passer de manger.

France, 1907 : Se passer de dîner ; expression qui vient sans doute de l’habitude qu’on les pauvres gens qui n’ont pas de quoi dîner d’errer par les rues et d’assister au défilé des soldats, aux parades militaires qui avaient lieu précisément à l’heure où l’on dîne.
Les Anglais disent : To dine with Duke Humphrey, dîner avec le duc Humphrey, à cause de l’aventure arrivée à un gentleman qui, ayant été visiter avec plusieurs de ses amis le tombeau du duc Humphrey de Glocester, y fut enfermé par plaisanterie ou par mégarde et y resta pendant que le reste de la compagnie dînait dans une hôtellerie voisine. Quand on lui ouvrit le caveau, on dit qu’il avait dîné avec le duc Humphrey et le proverbe resta.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique