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Voir

Voir

d’Hautel, 1808 : Voir deux cochers sur un siège. Être ivre.
Il ne voit pas plus loin que son nez. Se dit par raillerie d’une personne bornée, sans jugement et sans prévoyance.
Il faut voir cela avec les yeux de la foi. C’est-à-dire, ne pas l’examiner avec scrupule ; n’y pas mettre une grande attention.
Si vous ne voulez pas le croire, allez-y voir. Se dit à quelqu’un qui fait l’incrédule, qui se refuse à ajouter foi à un discours, à un récit.
Il a vu le loup. Pour, c’est un vieux renard, un rusé compère qui a vu du pays, qui a fait des siennes.
On diroit qu’il n’a jamais rien vu que par le trou d’une bouteille. Se dit par raillerie d’un nigaud, d’un homme qui s’extasie sur des bagatelles, qui n’a pas fréquenté le monde.
Voyons voir. Pléonasme et solécisme très-usités parmi le peuple ; pour dire, permettez que je voye, ou, laissez moi voir.

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Vous languissez quelquefois
À lacour plus de trois mois,
Sans que l’heure se présente,
Et moi, bienheureux, je vois,
Quand il me plaît ma servante.

(Cabinet satyrique).

Vous avez été pour le moins six mois à la voir journellement.

Ch. Sorel.

Il dit que si je la vois
En un mois plus d’une fois,
Il m’en coûtera la vie.

Saint-Pavin.

Le dernier homme que voit Fulvia, c’est toujours celui qu’elle croit destiné par le ciel à perpétuer sa race.

Diderot.

Delvau, 1866 : v. n. Se dit de l’indisposition mensuelle des femmes, — dans l’argot des bourgeoises.

Delvau, 1866 : v. a. Permolere uxorem quamlibet aliam, — dans l’argot des bourgeois.

Rigaud, 1881 : Avoir ses menstrues, — dans le jargon des bourgeoises. Voir Sophie, — dans celui des ouvrières.

Rigaud, 1881 : Arrêter, — dans le jargon des voleurs. — Se faire voir, se faire arrêter.

Voir (se faire)

La Rue, 1894 : Se faire attraper. Se faire arrêter.

Voir (se)

Delvau, 1866 : Concubare.

Rigaud, 1881 : Se livrer à l’onanisme.

Voir à la chandelle

Delvau, 1866 : Se dit d’une chose que l’on croit ou que l’on dit bonne, mais qu’on n’ose pas déclarer telle trop haut de peur de se tromper. Cette expression de l’argot du peuple, M. J. Duflot la fait venir de l’argot des comédiens.

Avant le règne du gaz, dit-il, avant même que l’huile à quinquet fût en usage, la rampe du théâtre était éclairée par une rangée de chandelles. Quand on répétait une pièce, les comédiens de ce temps-là n’osaient pas affirmer que c’était un chef-d’œuvre qu’ils allaient jouer ; aussi créèrent-ils cette phrase qu’ils nous ont transmise : Il faudra voir cela à la chandelle.

Voir en dedans

Rigaud, 1881 : Dormir.

La Rue, 1894 : Dormir.

Voir la farce (en)

Delvau, 1866 : Satisfaire sa curiosité ou son caprice. Argot du peuple.

Rigaud, 1881 : En faire l’expérience ; satisfaire sa curiosité.

Voir la feuille à l’envers

Delvau, 1866 : v. a. Le couplet suivant, tiré d’une très vieille chanson reproduite par Restif de la Bretonne dans sa LXXII-CLXXVIIe Contemporaine, expliquera cette expression mieux que je ne le pourrais faire :

Sitôt, par un doux badinage,
Il la jeta sur le gazon.
— Ne fais pas, dit-il, la sauvage,
Jouis de la belle saison.
Pour toi, le tendre amour m’engage
Et pour toi je porte ses fers ;
Ne faut-il pas, dans le jeune âge,
Voir un peu la feuille à l’envers ?

chante le berger Colinet à la bergère Lisette, chapitre des Jolies Crieuses.

Virmaître, 1894 : Pour la voir, il ne faut certes pas être sur le ventre (Argot du peuple). Il existe plusieurs chansons qui célèbrent les joies de voir la feuille à l’envers :

Sitôt, par un doux badinage,
Il la jeta sur le gazon.
— Ne fais pas, dit-il, la sauvage,
Jouis de la belle saison.
Pour toi, le tendre amour m’engage,
Et pour toi je porte ses fers.
Ne faut-il pas, dans le jeune âge.
Voir un peu la feuille à l’envers ?

(Restif de la Bretonne, Les Jolies Crieuses)

Un autre auteur a écrit sur le même sujet :

Oh ! la drôle de chanson
Que chantaient Blaise et Toinon.

France, 1907 : Coïter.

Les deux bobonnes se roulaient sur l’herbe, en poussant des gloussements à faire croire qu’il y avait dans l’épaisseur du fourré une demi-douzaine de pintades ; quant à nos lascars, ils voyaient le septième ciel sous le prisme enchanteur de la feuille à l’envers.

(Le Régiment illustre)

Voir la jument

France, 1907 : Faire la sieste : expression des moissonneurs du Centre qui ont l’habitude de se coucher sur le sillon et d’y dormir pendant une heure au milieu du jour. « Quand, dit Jaubert, le roi (le chef des moissonneurs) tarde trop à donner le signal de cette sieste, l’un des moissonneurs se met à contrefaire le hénnissement d’un cheval, aussitôt les autres travailleurs répondent par un cri semblable et tout le monde va voir la jument. »

Voir la lune

Virmaître, 1894 : Quand une femme a vu cet astre, sa fleur d’oranger n’existe plus. On dit, et c’est plus juste :
— Elle a vu la comète.
Inutile d’insister (Argot du peuple).

France, 1907 : Même sens que voir le loup.

Voir la lune à gauche

France, 1907 : Être cocu. Cette locution parait fort ancienne ; elle était déjà usitée au temps de Mme de Sévigné, qui écrit dans une de ses lettres : « Montgobert m’a écrit plaisamment les manœuvres de la belle Iris et les jalousies de M. le comte. Je crois qu’il verra la lune à gauche avec cette belle. » « Voir la lune à gauche, explique Quitard, c’est, au propre, la voir quand elle est dans son décours, phase où elle montre les cornes, et, au figuré, c’est éprouver certaine infortune dont les cornes sont le symbole. » Aussi dit-on que les maris et les amants voient souvent la lune à gauche.

Voir le coup de temps

Delvau, 1866 : Deviner à temps les intentions malveillantes de quelqu’un, de façon à être prêt à la riposte, soit qu’il s’agisse d’un coup de poing ou d’une question embarrassante.

Voir le loup

France, 1907 : Perdre sa virginité.

Ah ! les commères ! Il fallait que Pierre fût bien absorbé pour ne rien entendre des gentils propos :
— A pas peur, sa mère n’aura pas besoin, ce soir, de lui faire le p’tit sermon.
— Elle a vu le loup.
— Vot’ fils en sait quèque chose, hein, la mère Legrand ?
Et les rires soulignaient les saillies populacières.

(A. Roguenant)

C’est là qu’à Bébé la nounou
Raconte qu’elle a vu le loup,
Un soir, dans les bois de Saint-Cloud,
— Vraiment, Victoire ?
Il t’a fait mal ? — Pas su’l’moment,
Mais quelques mois après sûr’ment !

(L. Xanrof, Gil Blas hebdomadaire)

Voir le monde par une fenêtre de drap

France, 1907 : Porter le capuchon. Le vieux dicton engage le peuple à se défier des gens qui ne voient de monde que par une fenêtre de drap, c’est-à-dire des ordres monastiques portant cagoule d’où l’on ne voit que par deux trous percés dans l’étoffe. « Ne vous fiez jamais en gens qui regardent par ung pertuis », disait Rabelais.

Voir les pissenlits pousser par la racine

Virmaître, 1894 : Être sous terre. Dans le peuple, on dit également : Aller dans le royaume des taupes (Argot du peuple).

Voir midi à sa porte

France, 1907 : Connaître ses propres affaires. Chacun voit midi à sa porte. Vieux dicton.

Voir que du feu (n’y)

Delvau, 1866 : Être trompé par un beau parleur ; être ébloui par des promesses brillantes.

France, 1907 : Ne rien voir.

C’matin, la troup’ quitta l’village
Et ma sœur suivit le lieut’nant
Afin d’fair son apprentissage
De vivandièr’ du régiment.
Alors, grand-père me dit : Georgette,
Pour sauver l’honneur, sacrebleu !
Il faut prendr’ la plac’ de Jeannette,
Monsieur l’mair n’y verra qu’du feu.

(Villemer-Delormel, La Fausse Rosière)

Voir quelqu’un qu’aux bonnes fêtes (ne)

France, 1907 : Ne recevoir la visite de quelqu’un que lorsqu’il y a un bon repas.

Voir rouge

France, 1907 : Être pris du désir de tuer, de verser le sang.

Le pire alcoolisme, on ne saurait trop le répéter, est celui de l’absinthe. Il offre ceci de particulier de pousser à la violence encore plus qu’au délire. Beaucoup de buveurs d’absinthe ne déraisonnent pas sous l’influence de ce poison, qui ne les grise point, Mais, pour peu qu’on les excite en les contrariant, qu’on les vexe dans leur vanité, qu’on les blesse dans leur intérêt, qu’on allume leur colère, même sans le vouloir, ils voient rouge. Même les plus naturellement pacifiques deviennent des bêtes féroces déchaînées soudainement, capables de stupides et abominables forfaits.

(Thomas Grimm, Le Petit Journal)

Voir Sophie

Delvau, 1866 : v. a. Avoir ses menses, — dans l’argot des ouvrières.

Virmaître, 1894 : Cette très désagréable Sophie ne rend visite aux femmes qu’à chaque fin de mois. Elle vient sans être annoncée (Argot des filles).

Voir trente-six chandelles

Delvau, 1866 : v. a. Avoir un éblouissement occasionné par un coup sur la tête ou par une émotion subite. Argot du peuple. Faire voir trente-six chandelles. Appliquer un vigoureux coup de poing en plein visage.

Voir une paille dans l’œil de son prochain et ne pas voir une poutre dans le sien

France, 1907 : Remarquer les plus petits défauts chez les autres et ne pas faire attention à ses propres vices. Célèbre parabole de Jésus dans le Discours sur la montagne.

D’où vient que vous voyez une paille dans l’œil de votre frère et que vous n’apercevez point une poutre qui est dans votre œil ? Et comment pouvez-vous dire à votre frère : Laissez-moi ôter une paille qui est dans votre œil, vous qui avez une poutre dans le vôtre ? Hypocrites, ôtez premièrement la poutre qui est dans votre œil : et après cela, vous verrez comment vous pourrez ôter la paille de l’œil de votre frère.

(Saint Mathieu)

Voir venir quelqu’un avec ses gros sabots

Delvau, 1866 : Se dit — dans le même argot [du peuple] — de quelqu’un qui est deviné avant d’avoir parlé ou agi, par son inhabileté ou sa gaucherie.

Voirie

Delvau, 1866 : s. f. Fille ou femme de mauvaise vie, — dans l’argot des faubouriens.

Rigaud, 1881 : Vagabond ; sale individu, sale femme.

France, 1907 : Femme ou fille de mauvaises mœurs ; argot populaire.


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