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Vin

Vin

d’Hautel, 1808 : Du vin de Brignolet. Pour dire de fort mauvais petit vin.
Être entre deux vins. Être à moitié gris, sans cependant perdre tout-à-fait l’usage de la raison.
Faire du vin de Nazareth. Signifie rendre le vin par le nez ; ce qui se fait quand on avale de travers, ou que l’on rit en buvant.

Vin (demi-)

France, 1907 : « Boisson que l’on obtient en mettant une quantité déterminée d’eau sur la grappe d’une cuvée dont on vient de tirer le vin, et en la laissant pendant quelques jours se saturer des principes vineux que peut encore contenir la râpe (marc de raisin), à la différence du rapé, que l’on remplit d’eau nouvelle à mesure qu’on en boit. On appelle aussi demi-vin le vin que le consommateur a volontairement mélangé de moitié d’eau.

(Comte Jaubert)

Voici sur le vin diverses expressions proverbiales tirées d’anciens documents d’archives, ayant cours en Bourgogne, où l’on désignait le vin suivant la diversité des effets qu’il produit :

Vin d’âne qui rend la personne assoupie avant d’avoir trop bu.
Vin de cerf, qui fait pleurer.
Vin de lion, qui rend furieux et querelleur.
Vin de pie, qui fait bavarder.
Vin de porc, qui fait rendre gorge.
Vin de renard, qui rend subtil et malicieux.
Vin de singe, qui fuit sauter et rire.
Vin de Nazareth, qui passe à travers du nez.
Vin de mouton, qui rend doux et soumis.

Vin (mettre de l’eau dans son)

France, 1907 : S’amender, se ranger, s’assagir.

Après avoir bien fait la guerre,
Remué le ciel et la terre,
Et fait tous ses efforts en vain,
Mettant de l’eau dedans son vin ;
De ces peuples qu’elle tourmente,
Elle se dira la servante,
D’elle chéris autant et plus
Qu’ils auront été mal voulus.

(Scarron, Virgile travesti)

Vin à deux oreilles

France, 1907 : Mauvais vin, appelé ainsi parce qu’après l’avoir bu on hoche la tête, et par conséquent les oreilles. Expression du Centre.

Vin à faire danser des chèvres

France, 1907 : Mauvais vin très aigre. Cette expression vient d’un proverbe rimé du XVIIe siècle :

Vin qui est de Bretigny,
De Villejuif ou de Gagny,
Propre à faire les chèvres danser,
Ou en Caresme pain saulcer.

L’abbé Tuet, dans ses Matinées sénonaises, explique ainsi le proverbe du vin de Bretigny qui fait danser les chèvres : « il y avoit à Bretigny, près Paris, un particulier nommé Chèvre, c’étoit le coq du village, et une grande partie du vignoble lui appartenoit. Ce bonhomme ne haïssoit point le jus de la treille, et quand il avoit bu, sa folie étoit de faire danser sa femme et ses enfans. »
Voilà comment le vin de Bretigny faisait danser les Chèvres.

Vin blanc (marchand de)

Rigaud, 1881 : Moutard dont la culotte laisse passer par derrière un pan plus ou moins long de chemise plus ou moins blanche. — D’un moutard ainsi accoutré, l’on dit « qu’il vend du vin blanc. »

Vin chrétien

Delvau, 1866 : s. m. Vin coupé de beaucoup trop d’eau. — dans l’argot du peuple, assez païen pour vouloir boire du vin pur.

Vin d’une oreille

Delvau, 1866 : s. m. Bon vin. Vin de deux oreilles. Mauvais vin.

Vin de garde

France, 1907 : Vin qu’on est obligé de garder, parce qu’il est trop mauvais pour qu’on puisse le vendre ; expression du Centre.

Vin de la vierge

France, 1907 : Lait.

Vin de lune

France, 1907 : Vin provenant de raisins volés la nuit au clair de lune ; expression du Centre.

Vinaigre

d’Hautel, 1808 : Sûre comme du vinaigre. Pour dire très-acide, très-âpre, très-dur.
Ce n’est pas aussi sûr que du vinaigre. Quolibet populaire, pour dire qu’une chose n’est pas aussi certaine qu’on le croit.
Donner du vinaigre. C’est une malice que les écoliers se font réciproquement au jeu de la corde, et qui consiste à agiter tout-à-coup fortement la corde, en lui donnant plus de tension, de manière que celui qui saute est obligé de faire de grands efforts pour en suivre tous les mouvemens, à fin de n’en pas recevoir le choc, ou de suspendre la partie.
Habit de vinaigre. Habit trop mince, trop léger pour la saison.

Vinaigre (crier au)

La Rue, 1894 : Crier au secours. Se fâcher.

France, 1907 : Se fâcher, appeler à l’aide.

Vinaigre (du)

France, 1907 : Vite ! Exclamation des petites filles qui sautent à la corde et qui veulent accélérer le mouvement. Grand vinaigre : Grande vitesse.

Vinaigre (du) !

Delvau, 1866 : Exclamation de l’argot des enfants, garçons et petites filles, lorsqu’ils sautent à la corde, afin d’en accélérer le mouvement. Grand vinaigre ! Le superlatif de la vitesse.

Vinaigre (tourner au)

France, 1907 : Devenir malheureux et, par conséquent, s’aigrir.

Vinaigre des quarante voleurs

Delvau, 1866 : s. m. Acide acétique cristallisé, — dans l’argot des bourgeois. Historiquement, ce devrait être Vinaigre des quatre voleurs.

Vinaigre des quatre négociants

Rigaud, 1881 : Acide acétique. — On disait autrefois, vinaigre des quatre voleurs.

Vinaigrette

Fustier, 1889 : Argot des voyous et des malfaiteurs. La vinaigrette est cette voiture, peinte en vert foncé, que nous avons vu circuler par les rues et qui va prendre dans les différents postes de police, pour les conduire au Dépôt près la Préfecture, les personnes qui, après avoir été arrêtées, sont retenues par le commissaire de police ou le chef de poste.

La Rue, 1894 : Le fourgon cellulaire. Correction vigoureuse.

France, 1907 : Voiture cellulaire, Vois Panier à salade.

France, 1907 : Correction.

Vinaigrette de Lille

France, 1907 : Sorte de véhicule dont on se servait à Lille et dans le nord de la France jusqu’à l’époque de la guerre de 1870 et qui, monté sur roue et trainé par un homme, tenait le juste milieu entre la brouette et la chaise à porteurs. Il y avait aussi des vinaigrettes à deux roues.

Vinasse

Fustier, 1889 : Vin.

Virmaître, 1894 : Mauvais vin fabriqué avec du bois de campêche. Se dit communément quand le marchand de vin a eu la main trop lourde pour mouiller le vin (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Vin.

Hayard, 1907 : Mauvais vin.

France, 1907 : Mauvais vin.

Si vous voulez m’en croire,
Je fus l’autre matin
À notre Grande Foire
Avec mon tâte-vin,
Pour déguster sur place
— Je m’en fais une loi —
L’exotique vinasse.

(Raul Ponchon)

Dans cette société nouvelle de révolutionnaires, se reproduisent servilement les vices, les ridicules et les abus de la vieille société. À côté des ouvriers, des producteurs, voici qu’apparaissent tout de suite les parasites, les trafiquants. Un déporté a acheté an mercanti une douzaine de litres de vin qu’il revend au détail par chopine, par demi-setier, additionné d’eau, à ses camarades. Ce fut le premier cabaretier. Son exemple n’a pas manqué d’imitateurs qui bientôt font crédit et débitent la vinasse sur la table de leur bouchon.

(Henry Bauer, Mémoires d’un jeune homme)

Vinée

France, 1907 : Grande absorption de vin, Ivresse. Vieux mot.

En Italie, un carme confessait
Certain fripon qui lui disait,
L’âme aux remords abandonnée :
« Père, en buvant j’ai perdu la raison,
Puis rembourré ma voisine Alison,
Ne sais par où, tant j’avais la vinée. »

(Abbé de Grécourt)

Vinette

France, 1907 : Petit vin clairet.

Un vieux empaqueté comme un oignon en hiver fait boire une fille à l’air ingénu, malgré tout.
— La Mionette, encore un verre.
Elle, de sa bouche sur laquelle l’argot est triste, répond :
Oui, encore, toujours ! P’tète que je te trouverai moins enrenardant quand la vinette m’aura enchevêtré la bobine.

(Louise Michel, Le Monde nouveau)

Vingt-cinq franco-jourien

Delvau, 1866 : s. m. Représentant du peuple, — parce que payé vingt-cinq francs par jour. Le mot date de 1848 et de Théophile Gautier.

Vingt-cinq francs

France, 1907 : Sobriquet que le peuple des faubourgs donnait, sous la République de 1848, aux représentants du peuple à cause des vingt-cinq francs qu’ils touchaient par jour.

Le représentant du peuple Baudin sera inscrit sur la liste glorieuse et trop immense des martyrs de la liberté… Sa mort ne fut pas sans amertume. « Nous ne voulons pas nous sacrifier pour les vingt-cinq francs ! » lui avait dit un ouvrier. Les gagistes du suffrage universel, les vingt-cinq francs ! ainsi nous appelaient follement quelques-uns même de nos propres amis. « Vous allez voir, répliqua Baudin, comment on meurt pour vingt-cinq francs ! » Et lui, précisément, a quitté la vie aux pieds de la constitution, léguant à la postérité son nom avec un mot sublime.

(Victor Schœlcher, Histoire du crime du Deux Décembre)

Vingt-cinq francs par tête (à)

Delvau, 1866 : adv. Extrêmement, remarquablement, — dans l’argot des faubouriens. Rigoler à vingt-cinq francs par tête. S’amuser beaucoup. S’emmerder à vingt-cinq francs par tête. S’ennuyer considérablement.

Vingt-deux

Clémens, 1840 : Épée, couteau.

M.D., 1844 : Un poignard.

un détenu, 1846 : Couteau.

Halbert, 1849 : Un couteau.

Delvau, 1866 : s. m. Poignard, — dans l’argot des voleurs. Jouer du vingt deux, Donner des coups de poignard.

Rigaud, 1881 : Poignard, — dans l’ancien argot.

Merlin, 1888 : Couteau, — de l’argot parisien.

La Rue, 1894 : Poignard.

Virmaître, 1894 : Couteau. Jouer la vingt-deux, donner des coups de couteau. Vingt-deux : les deux cocottes. Vingt-deux : quand le compagnon placé le plus près de la porte voit entrer le proie dans l’atelier de composition, il crie :
— Vingt-deux ! Synonyme d’attention. Quand c’est le patron, il crie :
— Quarante-quatre ! En raison de l’importance du singe, le chiffre est doublé (Argot d’imprimerie). N.

Rossignol, 1901 : Couteau.

Hayard, 1907 : Couteau.

France, 1907 : Couteau. Jouer du vingt-deux, donner des coups de couteau. Argot des rôdeurs ; allusion aux 22 sous, prix du couteau.

Nous avons voulu maquiller à la sorgue chez un orphelin, mais le pantre était chaud ; j’ai vu le moment où il faudrait jouer du vingt-deux et alors il y aurait eu du raisinet.

(Mémoires de Vidocq)

Moi, j’suis gonzesse d’loucherbème,
Un soir qu’à m’f’ra trop lierchème,
J’y fous mon vingt-deux dans la peau.

(Aristide Bruant)

France, 1907 : Contremaître ; surveillant. Argot des voleurs.

anon., 1907 : Deux agents (cri d’alerte).

Vingt-deux !

Hayard, 1907 : Attention !

France, 1907 : Attention ! Avertissement que crie un ouvrier typographe pour prévenir ses camarades que le prote entre dans l’atelier. Quand c’est le patron, il crie : Quarante-quatre !

Vingt-huit jours

Fustier, 1889 : Soldat faisant la période d’exercice exigée de ceux qui font partie de la réserve de l’armée active, parce que cette période dure vingt-huit jours. On dit aussi réservoir.

France, 1907 : Soldat de réserve appelé ainsi à cause de la période de 28 jours à laquelle il est obligé. Il fera, nous n’en doutons pas, un fort bel effet en campagne, mais il en fait un très vilain en garnison. « Octobre et novembre, dit Auguste Germain, sont deux mois pendant lesquels s’agite le dieu des batailles. En octobre, on voit des gentlemen qui, vêtus de capotes trop petites, coiffés de képis trop larges, déambulent par les rues, avec une allure non dénuée d’un laisser-aller qui rappelle celui des gardes nationaux d’antan ; ce sont les vingt-huit jours. »

Chassé par les sous-officiers, le troupeau de vingt-huit jours remonta la cour du quartier ruisselante de soleil et se vint adosser aux murs des écuries en lignée interminable et bariolée : méli-mélo de toutes les castes et de toutes les armes, salade de jaquettes crasseuses et de blouses pâlies au lavage, faisant ressortir l’azur délicat d’un dolman, l’éclat d’une haute ceinture de spahi égarée là-dedans, sans que l’on sût pourquoi. Ces gens se poussaient du coude, ricanaient, — d’un rire niais de pauvres diables qui font contre fortune bon cœur et affectent de se trouver drôles, — tandis qu’aux fenêtres de la caserne, des centaines d’autres figures riaient aussi, des têtes que coiffaient la tache brune d’un képi ou le gris souris bordé bleu du léger calot d’intérieur.

(Georges Courteline)

Un vingt-huit jours se plaint d’avoir beaucoup trimé, dans la section où il était.
— Qu’est-ce à dire ! gronde le sergent. Peut-être que vous eussiez subséquemment préféré servir dans une autre compagnie ?
— Fectivement, sergent… Comme chasseur, j’aurais préféré une compagnie de perdreaux.

Vingt-trois carats (à)

France, 1907 : Expression qui signifie presque complétement, presque entièrement. L’or à vingt-trois carats est presque complètement pur. Vieille expression.

Chez la devineresse, on courait
Pour se faire annoncer ce que l’on désirait,
Son fait consistait en adresse :
Quelques termes de l’art, beaucoup de hardiesse,
Du hasard quelquefois, tout cela concourait,
Tout cela bien souvent faisait crier miracle.
Enfin, quoique ignorante à vingt-trois carats,
Elle passait pour un oracle.

(La Fontaine)

Vino veritas (in)

France, 1907 : La vérité dans le vin. Ce dicton est vieux comme le monde ou mieux comme le jour où Noé tira le jus divin de la vigne. « Lorsque le vin coule, les paroles nagent », disait Hérodote ; et les Romains : Quod est in corde sobrii est in ore ebrii, ce qui est dans le cœur de l’homme sobre est dans la bouche de l’homme ivre. What soberness conceals, drunkeness reveals, ce que cache la sobriété, l’ivresse le révèle. Conclusion : Ne vous saoulez pas, si vous voulez garder un secret. Mais le point est aux Espagnols : El vino anda sin calças, le vin ne porte pas de pantalon.


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