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Salé

Sale

d’Hautel, 1808 : Sale comme un peigne. Se dit d’une personne malpropre ; qui a une mauvaise tenue ; qui n’a aucun soin de sa personne.
Son cas est sale. Se dit de quelqu’un qui s’est attiré de méchantes affaires ; qui a pris part à une mauvaise action, et se trouve dans l’embarras.
Il est curieux de linge sale. Se dit par ironie d’un homme malpropre, et qui ne change pas souvent de linge.

Halbert, 1849 : Gris.

Delvau, 1866 : adj. Laid, mauvais, malhonnête. Argot du peuple. Sale intérêt. Intérêt sordide. Sale monsieur. Individu d’une moralité équivoque ou d’un caractère insociable. Sale pâtissier. Homme qui n’est ni sale ni pâtissier, mais dont, en revanche, la réputation aurait grand besoin d’une lessive. On dit aussi Sale bête.

Salé

d’Hautel, 1808 : Terme typographique ; payement anticipé ; avance que les ouvriers prennent le samedi sur l’ouvrage qu’ils ont entre les mains, et qu’ils n’ont pu achever dans la semaine ; ce qui les rend débiteurs de leurs bourgeois. Voy. Dessaler.
Bourguignon salé. Sobriquet que l’on donne aux habitans de la Bourgogne, à cause, dit-on, des différends, des procès, que leurs salines leur ont occasionnés.

Delvau, 1866 : s. m. Travail payé d’avance, — dans l’argot des typographes. Morceau de salé. Acompte. Se dit aussi, par une analogie facile à saisir, d’un Enfant venu avant le mariage. Les ouvriers anglais disent : to work for the dead horse (travailler pour le cheval mort).

Rigaud, 1881 : Bonne amie, connaissance, — dans l’argot des marins.

Oùs’que tu démarres comme ça, avec ton salé ?

Rigaud, 1881 : Avance d’argent, — dans le jargon des typographes.

Boutmy, 1883 : s. m. Travail compté sur le bordereau et qui n’est pas terminé. Le compositeur qui prend du salé se fait payer d’avance une composition qu’il n’a pas faite encore et qu’il ne comptera pas quand elle sera finie ; un metteur qui prend du salé compte des feuilles dont il a la copie ou la composition, mais qui ne sont pas mises en pages. Le salé est, on le conçoit, interdit partout. On dit que le salé fait boire, parce qu’il n’encourage pas à travailler, et rien n’est plus juste ; en effet, le compagnon, sachant qu’il n’aura rien à toucher en achevant une composition comptée et qui lui a été payée, n’a pas de courage à la besogne. Loin d’être dans son dur, il a la flème : de là de fréquentes sorties ; de là aussi l’adage.

Fustier, 1889 : Mordant, violent.

Le lendemain, M. Cassemajou écrivait à M. Ventéjoul une lettre un peu salée.

(Armand Silvestre.)

Rossignol, 1901 : Jeune enfant.

France, 1907 : Nouveau-né. Pondre un salé, accoucher.

Quelques semaines plus tard, elle s’aperçut qu’elle était enceinte. La mère Dupuis, qui s’en aperçut aussi, lui administra une nouvelle volée. — Qu’est-ce que nous allons faire de ton salé ? dit-elle, tout en cognant ; y avait donc pas assez de misère ici ? Tu vas aller crever à l’hôpital, sale peau de lapin !

(Ch. Virmaître, Paris oublié)

France, 1907 : Égrillard. En dire, en écrire, en faire de salés.

Il faut savoir que la comtesse Diane n’était pas du tout une femme de notre époque, mais une femme du siècle dernier. Non pas par l’âge, car elle était à peine sexagénaire ; mais par les façons, l’esprit libre, même libertin, le goût des anecdotes salées, les retroussés impudents (jusqu’à l’impudicité parfois) de son papotage, l’outrageuse hardiesse de ses confessions toujours prêtes à se dévêtir en public, et enfin et surtout par son absolu manque de sens moral pour tout ce qui touche, comme elle disait si gentiment, aux choses de la galanterie.
C’est à tel point que, si on lui eût conté, sous forme d’aventure contemporaine, l’histoire de Loth ou celle d’Œdipe, volontiers elle se fût écriée à l’étourdie, sans insister davantage :
— Se sont-ils bien amusés ?

(Jean Richepin, Le Journal)

France, 1907 : Cher. « Un compte salé ; une addition salée. »

Rodolphe et sa femme ont diné au restaurant avant d’aller au spectacle :
— Mon Dieu ! quelle soif ! fait Madame pendant un entracte. Qu’est-ce qui a pu ainsi m’altérer ?
— La note, répond Rodolphe avec un soupir… Elle était salée !

France, 1907 : Avance de salaire faite à un ouvrier typographe sur un travail à venir. Prendre du salé.

Le compositeur qui prend du salé se fait payer d’avance une composition qu’il n’a pas faite encore et qu’il ne comptera pas quand elle sera finie ; un metteur qui prend du salé compte des feuilles dont il a la copie ou la composition, mais qui ne sont pas mises en pages.

(Eug. Boutmy)

Salé (bourguignon)

France, 1907 : L’ancien dicton s’exprime ainsi :

Bourguignon salé,
L’épée au côté,
La barbe au menton,
Saute, Bourguignon !

D’où vient ce singulier dicton ? Les opinions sont partagées. Suivant de Serre dans son Inventaire de l’Histoire de France, règne de Charles VII, les habitants d’Aigues-Mortes ayant massacré la garnison bourguignonne placée dans leur ville par le prince d’Orange, enfouirent les cadavres dans une grande fosse, mais comme l’odeur fétide se répandait dans la ville, ils couvrirent le charnier de sel.
Pasquier, dans ses Recherches, prétend que le mot salé date de l’époque où les Bourguignons, résidant au delà du Rhin, se querellaient constamment avec les Allemands au sujet de leurs salines.
Leroux de Lincy donne de son côté la version de Leduchat comme la meilleure et que je reproduis ici : « Bourguignon salé est une allusion au petit casque, appelé salade, que portait la milice bourguignonne. De là l’équivoque. » Voici quelques autres dictons concernant les Bourguignons :

Il a passé par la Bourgogne,
Il a perdu toute vergogne.

Les plus renieurs sont en Bourgogne qui disent : « Je renie Dieu si je ne dis la vérité.

Bonnes toiles sont en Bourgogne.

Salé (le grand)

Rigaud, 1881 : La mer.

Salé (morceau de)

Rigaud, 1881 : Enfant en bas âge.

Salé à la banque (en demander)

Virmaître, 1894 : Demander au metteur en pages ou au prote une avance sur la semaine. Salé : travail payé d’avance. Saler une note : additionner le numéro du cabinet avec la carte (Argot d’imprimerie).

Sale coup pour la fanfare

Rigaud, 1881 : Mauvaise situation, mauvaise affaire.

France, 1907 : Cette expression, fort usée dans les régiments, signifie qu’une chose désagréable ou fâcheuse vient d’arriver.

Des prolos se sont groupés, pour éliminer les intermédiaires, ont monté une coopérative où ils ont quantité de bricoles, frusques et boustifaille, quasiment au prix de revient ; sale coup pour la fanfare du petit négoce !

(Le Père Peinard)

Salé trichineux (morceau de)

Rigaud, 1881 : Petit enfant laid et malsain.

Salebreux

France, 1907 : Raboteux, rocailleux ; du latin salebrosus, même sens.

Salée (la)

Virmaître, 1894 : La mer (Argot des voleurs).

Salée (le grand)

France, 1907 : La mer. On dit aussi la grande salée.

Saler

d’Hautel, 1808 : Saler une marchandise. La mettre à un prix élevé, exorbitant.
Se saler. Terme d’imprimeur ; prendre du salé ; compter à la banque plus d’ouvrage que l’on n’en a réellement fait. Voy. Salé.

Larchey, 1865 : Tancer vertement, faire payer trop cher.

Delvau, 1866 : v. a. Faire payer trop cher. Saler une note. En exagérer les prix. On dit aussi Répandre la salière dessus.

Delvau, 1866 : v. a. Adresser de violents reproches à quelqu’un, — dans l’argot du peuple.

Rigaud, 1881 : Vendre cher. — Réprimander. — Vous allez dîner dans ce gargot ? c’est mauvais et salé.

La Rue, 1894 : Faire payer trop cher. Réprimander. Donner la syphilis.

France, 1907 : Gronder. Surfaire un prix. Assommer.

— C’est pas qu’on ait le taf : on est moelleux, et on ne craint personne ; mais des roussins qui vous tombent sur vous à l’« improvisse », comme la grêle sur le pauvre monde, ou des ballots qui se mettent à quatre pour saler un gonce, y a-t-il moyen d’parler à ces gens-là ?

(Jean Lorrain)

On dit aussi : saler la gueule.

— Plus souvent qu’on irait s’exposer entre le viaduc et le pont de Sèvres, pour se faire lever par les vaches à Lépine ou saler la gueule par les feignants de Javel-les-Bains, un tas de brutaux qui manient le fer aux usines toute la semaine, et ne font le coup de poing que le lundi et le dimanche !

(Jean Lorrain)

France, 1907 : Communiquer la syphilis.

Saler (se faire)

Fustier, 1889 : Contracter une maladie vénérienne.

Salerne (mires de)

France, 1907 : Nom donné autrefois aux bons médecins, à cause de l’École de Salerne qui, fondée an commencement du XIe siècle, a joui pendant tout le moyen âge d’une grande célébrité. Les aphorismes de l’école de Salerne ont été souvent traduits et imités dans les langues de l’Europe.

Saleté

Delvau, 1866 : s. f. Mauvais tour, action vile, entachée de plus d’improbité que de boue, — dans l’argot des bourgeois, qui emploient ce mot dans le même sens que les Anglais leur sluttery. Faire des saletés. Faire des tours de coquin, d’escroc.

Saletés (dire des)

Delvau, 1864 : Tenir des propos de « haulte gresse » et de grande salacité, pour provoquer, les idées libertines et pousser à la consommation de la femme par l’homme et de l’homme par la femme. — Faire des saletés. Peloter une femme ou un homme, sucer ou gamahucher, branler ou faire postillon, etc., etc., — toutes les choses aimables de la fouterie.

Tu me disais alors que pour te plaire,
Une femme devait et dire et savoir faire
Toutes tes saletés et toutes les horreurs.

L. Protat.


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