d’Hautel, 1808 : Courtisane, prostituée, fille publique.
Miroir à putain. Expression libre dont on se sert par mépris, en parlant d’un damoiseau à belle tournure.
Delvau, 1864 : Professeur femelle de philosophie horizontale.
Il m’est comme aux putains malaisé de me taire.
Régnier.
De toutes ses putains la Lebrun entourée.
L. Protat.
J’avais résolu
Pour n’être plus libertin,
De prendre une honnête femme
Qui ne fût pas trop putain.
Collé.
Les marbres de nos Tuileries,
Eux-mêmes se sentent atteints
Par toutes les galanteries
Que nous débitons aux putains.
(Parnasse satyrique.)
Et tu m’laisses… — Faut-y pas t’tenir compagnie ? Merci ! — Sans rien et les manches pareilles ! Eh ben, c’est gentil ! — Pas l’temps. — Me v’là putain pour l’honneur.
H. Monnier.
Auquel les grandes dames et princesses faisant état de putanisme étudiaient comme un très-beau livre.
Brantôme.
Tu as voulu me pourchasser,
Mâtine, pour te putasser.
Théophile.
Toutes estes, serez ou fustes,
De fait ou de volonté putes.
Jean de Meung.
Car aussi bien que vous j’eusse fait l’amour, et j’eusse été pute comme vous.
Brantôme.
Pute, où avez-vous tant été ?
Vous venez de vo puterie.
(Anciens Fabliaux.)
Delvau, 1866 : s. f. Femme qui vend l’amour — ou qui le donne trop facilement. Argot du peuple. L’expression est vieille, comme la légèreté du sexe féminin. Il n’est peut-être pas un seul poète français — un ancien — qui ne s’en soit servi. Putain comme chausson. Extrêmement débauchée. On dit aussi en parlant d’un homme dont l’amitié est banale : C’est une putain. Avoir la main putain. Donner des poignées de main à tout le monde, même à des inconnus.
La Rue, 1894 : Femme dévergondée. Putain comme chausson, femme extrêmement dévergondée.
Virmaître, 1894 : Femme qui va à tous, soit à l’œil, soit par métier. La putain est vieille comme le monde ; depuis le lupanar antique elle existe. Malgré la brutalité de cette expression, on la retrouve chez tous les poètes anciens. Le Dict des rues de Paris, par Guillot (1270), publié en 1754 par l’abbé Fleury.
Y entrai dans la maison Luce
Qui maint en la rue Tyron,
Des Dames hymnes vous diron,
Une femme vi destrecié
Pour toi pignier qui me donna
Au bon vin ma voix a donné
Où l’on trouve bien por denier
Femmes, par son cors solacier
Où il a maintes tencheresses
Qui ont maint homme pris au brai. (Argot du peuple).
Hayard, 1907 : Mot bien français.
France, 1907 : Femme ou fille qui trafique de ses charmes, et, dans l’argot des bourgeoises, toute femme qui a un amant.
Le moindre petit froid au cu
Maudissait cent fois le cocu
Comme aussi sa putain de femme
Qui causait cette guerre infâme.
(Scarron, Virgile travesti)
Comme il était fils de putain,
I’savait pas beaucoup d’latin,
Ni d’aut’ chose ;
I’savait juste assez compter
Pour savoir c’que peut rapporter
La p’tit’ Rose.
(Aristide Bruant)