AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Pré

Pré

d’Hautel, 1808 : Il seroit mieux en terre qu’en pré. Se dit d’un homme qui est atteint d’une maladie de langueur, qui mène une vie indigente et pénible, et signifie qu’il seroit plus heureux mort que vivant.
Verd comme pré. Pour dire gaillard, frais, vigoureux.
Épargne de bouche vaut rente de pré. Pour dire que l’économie et la sobriété rendent l’homme aisé, et par allusion aux prés, dont les revenus sont certains.
Aller souvent sur le pré. Pour dire se battre fréquemment.

Bras-de-Fer, 1829 : Bagne.

Clémens, 1840 : Bagne.

un détenu, 1846 : Galères. Être au pré : aller aux galères.

Delvau, 1866 : s. m. Bagne, — dans l’argot des voleurs. On dit aussi le Grand pré. Aller au pré. Être condamné aux travaux forcés. On dit aussi : Aller faucher au pré.

France, 1907 : Bagne ; argot des voleurs, qui disent aussi pré des fagots, grand pré.

— C’est égal, t’as beau coquer, tu rappliqueras au pré.

(Marc Mario)

Aller au bagne, c’est faucher le grand pré.

Quand on a fauché le grand pré, on fauche un homme sûrement.

(Edmond Ladoucette)

Cayenne est appelé le pré des fagots.

Pré (aller sur le)

France, 1907 : Se battre en duel, synonyme d’aller sur le terrain.

Il avait été malmené par un sous-officier et voulait à toute force se battre avec lui… Je mis le holà en lui expliquant qu’il risquait le conseil de guerre, attendu que pour un brigadier-fourrier, un maréchal des logis était un supérieur hiérarchique. Quelques jours plus tard, il se prenait de bec avec un brigadier et voulut encore aller sur le pré. Je m’y opposai, en lui disant que le brigadier-fourrier était le premier brigadier de l’escadron, qu’il commandait aux autres et devait être considéré comme leur supérieur. Alors de s’écrier avec un désespoir comique : « Mais, mon capitaine, vous ne voulez pas que je me batte avec des sous-officiers ; vous ne voulez pas que je me batte avec les brigadiers Avec qui voulez-vous que j’aille sur le pré ? »

(Général Du Barail, Mes Souvenirs)

Pré (le)

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Le bagne. Faucher le pré, être au bagne.

M.D., 1844 : Le bagne.

Rossignol, 1901 : Le bagne.

anon., 1907 : Le bagne.

Pré au dab court toujours

Virmaître, 1894 : Prison de Mazas (Argot des voleurs).

Pré salé

Rigaud, 1881 : La mer, — dans le jargon des voleurs.

France, 1907 : La mer.

Pré-Catelanière

Delvau, 1866 : s. f. Petite dame, drôlesse, habituée de bals publics, du pré Catelan et de Mabille. Hors d’usage.

Pré, grand pré

Larchey, 1865 : Travaux forcés.

Ne crains pas le pré que je brave.

(Vidocq)

On dit aussi le grand pré.

Du grand pré tu te cramperas pour rabattre à Pantin lestement.

(Id.).

Aller faucher au pré quinze ans : Avoir quinze ans de galères. — Le mot est imagé et doit être fort ancien, car le grand pré est ici la mer dont les anciens galériens coupaient en cadence de leurs longs avirons les ondes verdâtres, comme des faucheurs rangés dans une prairie. On sait qu’autrefois tous les condamnés ramaient sur les galères du Roi.

Rigaud, 1881 : Bagne ; maison de secours aujourd’hui disparue.

La Rue, 1894 : Bagne. Faucher le grand pré, aller au bagne.

Prébende dans l’abbaye de Vaten

France, 1907 : Expulsion, renvoi.

Précepteur d’amour

Delvau, 1864 : Femme déjà mûre qui se charge d’initier un jouvenceau ou une jouvencelle aux mystères de la Bonne Déesse, en baisant avec l’un et en branlant l’autre, — ce que le code pénal appelle excitation de mineurs à la débauche.

Non-seulement elle a soigné l’enfant de celui-ci, mais elle s’est faite son précepteur d’amour.

A. de Nerciat.

Préchadou

France, 1907 : Prêcheur.

Prêcher

d’Hautel, 1808 : Il prêche sept ans pour un carême. Se dit de quelqu’un qui répète continuelle ment la même chose, qui fait le sermoneur perpétuel.
Prêcher sur la vendange. Locution bachique, parler au lieu de boire quand le verre est plein ; laisser éventer son vin.
Prêcher misère, malheur ou famine. Pour dire, trouver à redire à la dépense : ne parler que pour prédire quelque chose de fâcheux.

Prêchi-prêcha

Delvau, 1866 : s. m. Sermonneur ennuyeux, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Rabâchages, radotages, lieux communs et niaiseries comme en débitent les prêcheurs. Locution populaire.

Le moindre bon sens leur suffirait pour renvoyer l’évêque à ses goupillons et à ses prêchi-prêcha.

(Henri Rochefort)

Prêcha, en béarnais, signifie prêcher.

Préchi, précha

d’Hautel, 1808 : Mots baroques et satiriques, pour tourner en ridicule une personne qui met de l’affectation dans ses discours, qui sermone perpétuellement.

Précurseur (le)

Delvau, 1864 : Le médium, qui est le saint Jean-Baptiste de la jouissance, dont le vit est le Christ.

Il emploie avant cela,
Là, là, là,
Le précurseur que voilà !
Ce doigt, toujours honnête.
Qui prépare tout ça,
Va, va, va,
Avant que l’on entre là !

Collé.

Prédestiné

Delvau, 1864 : Synonyme de cocu.

C’est un prédestiné — il l’est, il devait l’être : — c’était écrit.

Larchey, 1865 : Mari trompé.

Prédestiné signifie destiné par avance au bonheur ou au malheur… Nous donnons à ce terme une signification fatale a nos élus.

(Balzac)

Delvau, 1866 : s. m. Galant homme qui a épousé une femme trop galante.

Prédicant

France, 1907 : Sermonneur protestant.

Prédicole

France, 1907 : Mauvais prêche, ennuyeuse remontrance.

Prédictionner

France, 1907 : Prophétiser ; argot populaire.

Mille marmites, puisque je suis en passe de prédictionner, que j’y aille tout du long, — voici ce que je flaire à l’horizon : m’est avis que le beau, le grand, le rupin banditisme va revenir à la mode.

(Almanach du Père Peinard, 1894)

Prédictionneux

France, 1907 : Prophète.

Père Peinard, que je me suis dit, puisque tu te fends d’un almanach et que tu lâches des prédictions, tu ne ferais pas mal de flairer ce que les prédictionneux de l’ancien temps avaient dans le ventre.

(Almanach du Père Peinard, 1894)

Préfec (la)

M.D., 1844 : Dépôt de la préfecture de police.

Préfectance

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Préfecture.

Fustier, 1889 : Préfecture de police.

Sans doute, tant qu’il y aura une préfectance et un préfet de police, on cognera…

(J. Vallès.)

Delvau donne Préfectanche.

Virmaître, 1894 : La Préfecture. Quelques-uns écrivent : Préfectanche (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Préfecture de police.

Préfectance (la)

Hayard, 1907 : La préfecture de police.

Préfectanche

Delvau, 1866 : s. f. Préfecture de police, — dans l’argot des voyous.

Rigaud, 1881 : Préfecture de police. Le preu de la préfectanche, le préfet de police, c’est-à-dire le premier de la préfecture de police.

France, 1907 : Préfecture de police. On dit aussi préfectante et préfectance.

L’turbin n’allait plus, j’étais trisse,
Je n’pouvais plus gagner un sou,
J’allais fair’ comme un simple artisse,
Porter la croix d’ma mére au clou.
Tout à coup v’là qu’la Préfectante
Fait un règlement vraiment bien ;
D’puis c’temps-là j’vivot’, je m’contente,
Pour la fourrièr’ j’ramass’ les chiens.

(S. Martel)

Préfectancier

France, 1907 : Agent de la Préfecture.

Préliminaires de l’amour (les)

Delvau, 1864 : Toutes les menues friandises qui mettent les amants en appétit de foutre : baisers, langues, patinage mutuels, branlage, suçage, etc., — le meilleur de l’amour, enfin, en ce que cela dure aussi longtemps que le veulent les raffinés.

Quand vous me promîtes, un jour.
D’abjurer vos séminaires
Je vous accordai de l’amour
Tous les préliminaires.
Vous auriez eu tout le surplus,
Sans cette robe affreuse.

Collé.

Préludes

Delvau, 1864 : Amusements libertins qu’on se permet en amour avant le suprême amusement ; jouer avant de jouir.

C’est un habile musicien que son amant : il entend à merveille les préludes et les exécute d’une manière brillante, au grand contentement de Sylvie.

A. François.

Prémices

Delvau, 1864 : Le pucelage d’un garçon ou d’une fille, — ce que les poètes appellent dans leur précieux, langage : Les premiers fruits de la nubilité.

Quand il a eu seize ans, elle lui a ravi ses désirables prémices.

(Les Aphrodites.)

Premier

d’Hautel, 1808 : Le premier qui entrera sera cocu. Voyez Cocu.

Rigaud, 1881 : Chef de rayon, premier commis de rayon dans un magasin de nouveautés.

C’est le premier, qui les enrôle et les congédie (les commis).

(Eug. Muller, La Boutique du marchand de nouveautés.)

Premier aux gants

France, 1907 : Chef de rayon dans un magasin de ganterie.

C’était un très gracieux jeune homme, bien élevé, déférent, mis, d’ailleurs, comme un premier aux gants, tiré à quatre épingles et frisé au petit fer.

(François Coppée)

Premier numéro

Delvau, 1866 : adj. Excellent, parfait, numéro un.

Premier pariste

France, 1907 : Journaliste chargé d’écrire le premier article, généralement l’article politique appelé premier Paris.

Ne vous parait-il pas stupide, à la fin, d’entendre encore fleurir sur la bouche des gouvernants cette antique billevesée de l’équilibre européen, pacte rompu depuis cent ans par toutes les guerres, tous les traités, tous les congrès et toutes les alliances princières de l’histoire contemporaine, et n’est-il pas insupportable d’en voir ressasser le lieu commun par toutes les plumes d’oie des premiers paristes de nos organes graves !

(Émile Bergerat)

Premier-Paris

Larchey, 1865 : « Un grand article, appelé Premier-Paris, contenant des réflexions sur la situation. C’est une série de longues phrases, de glands mots qui, semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu’ils sont creux. »

Alph. Karr.

Delvau, 1866 : s. m. Article de tête d’un journal politique où l’on voit, d’après Alphonse Karr, « une série de longues phrases, de grands mots qui, semblables aux corps matériels, sont sonores à proportion qu’ils sont creux ».

Rigaud, 1881 : Article politique placé en tête d’un journal. Chapelet de nouvelles politiques enfilées le plus lourdement possible. C’est le plat de résistance du journal.

Premier, ère

Fustier, 1889 : De qualité supérieure.

Puis ils inaugurèrent l’argot, parlèrent nègre et proposèrent aux dîneurs une domaine, une chablis première, au lieu de dire : une douzaine d’huîtres, du vin de Chablis, première qualité.

(G. Claudin.)

Première

Delvau, 1866 : s. f. Manière elliptique de désigner la première représentation d’une pièce de théâtre, — dans l’argot des comédiens et des gens de lettres.

Rigaud, 1881 : Première représentation. Première à sensation, première représentation qui a produit un grand effet. — Le public des premières. — Faire le service d’une première. — La première, la première maîtresse.

Rigaud, 1881 : Demoiselle de magasin qui dirige d’autres employées. — Dans les modes les premières garnissent les chapeaux et font les modèles.

Premières

Delvau, 1866 : s. f. pl. Wagons de première classe. On dit de même Secondes et Troisièmes, pour les voitures de 2e et de 3e classe.

Premiero

France, 1907 : D’abord ; argot militaire.

Premiero, tu l’étrilleras ;
Deuxo, tu le bouchonneras,
Et troisso, tu le brosseras.
De temps en temps tu jureras…

(Litanies du cavalier)

Prendre

d’Hautel, 1808 : Il y en a qui prennent tout, mais lui ne laisse rien. Jeu de mots populaire. Voyez Laisser.
Vouloir prendre la lune avec les dents. Tenter des choses impossibles.
Prendre quelqu’un par le bec. Le convaincre par ses propres paroles.
Prendre quelqu’un la main dans le sac. Pour dire en flagrant délit, sur le fait.
Je ne sais quel rat lui a pris. Pour dire quel caprice, quelle humeur, qu’elle fantaisie.
Prendre quelqu’un pour un homme de son pays. C’est-à-dire pour un sot, un stupide, un imbécile.
Prendre Saint-Pierre pour Saint-Paul. L’un pour l’autre.
Prendre le tison par où il brûle. Prendre une affaire au rebours.
Prendre quelqu’un sans filet. Pour dire au dépourvu.
Prendre quelqu’un en grippe. Se mal prévenir contre quelqu’un sans pouvoir en donner une juste raison.
Fille qui prend, se vend ; fille qui donne s’abandonne. Signifie qu’une demoiselle doit se tenir sur ses gardes, ne faire aucun présent à un homme, et encore moins en recevoir.
Prenons que cela soit. Pour, supposons.
Prendre de la racine de patience. Faire de grands efforts pour ne pas s’impatienter ; montrer de la retenue dans une conjoncture désagréable.

Fustier, 1889 : Terme de turf. Parier. Prendre un cheval à 6 contre 1 en admettant que le pari soit de 10 louis, signifie : si le cheval perd, je vous donnerai 10 louis, s’il gagne vous me donnerez 60 louis.

Hayard, 1907 : Être frappé, prendre pour son rhume, prendre la pipe, la purge, la piquette, etc.

Prendre à carreau froid

France, 1907 : Faire un travail qu’un autre ne pourrait faire ; argot des tailleurs.

Prendre à la blague

France, 1907 : Ne pas prendre au sérieux, se moquer.

Prendre à la rigolade

France, 1907 : Ne pas prendre au sérieux.

Prendre au souffleur

Delvau, 1866 : Jouer son rôle le sachant mal, en s’aidant du souffleur. Argot des coulisses. On dit aussi : Prendre du souffleur.

France, 1907 : Ne pas savoir son rôle et jouer en s’aidant beaucoup trop du souffleur ; argot théâtral.

Prendre de bec (se)

Delvau, 1866 : v. pron. Se dire des injures, — dans l’argot des bourgeois.

Prendre des gants

Rigaud, 1881 : User de ménagements pour faire une observation ; se prend ironiquement. — Ne faut-il pas prendre des gants pour lui parler ?

Prendre des mitaines

Delvau, 1866 : v. a. Prendre des précautions pour dire ou faire une chose, — dans l’argot du peuple, qui emploie cette expression avec ironie. On dit aussi : Prendre des gants.

Prendre des mitaines, des gants

France, 1907 : Prendre des précautions pour dire ou faire un chose ; expression populaire.

Prendre des précautions

Delvau, 1864 : Se retirer précipitamment de la femme que l’on baise, au moment où l’on va décharger, afin de ne pas lui faire d’enfants.

Vivez donc de privations !
Prenez donc des précautions !

Béranger.

Prendre des ris à l’irlandaise

France, 1907 : Déchirer la voile à coups de couteau quand le vent est trop violent pour qu’on puisse la ployer. Terme de marine.

Prendre des temps de Paris

Larchey, 1865 : Signifie, au théâtre, préparer ce que l’on a à dire par une pantomime pour augmenter l’effet. Le mot a été inventé par des comédiens de province (Couailhac).

Delvau, 1866 : Augmenter l’effet d’un mot par une pantomime préalable, — dans l’argot des comédiens de la banlieue et de la province.

Rigaud, 1881 : « Préparer ce que l’on a à dire par une pantomime vive et animée, pour en augmenter l’effet. C’est encore sauver son manque de mémoire par une pantomime. C’est Monvel qui, le premier, pour venir en aide à sa mémoire et attendre le souffleur, avait une délicieuse pantomime de petit-maître. Il secouait son jabot, arrangeait ses manchettes, etc. » (V. Couailhac, La Vie de théâtre.)

Prendre des vessies pour des lanternes

France, 1907 : Se tromper grossièrement ; croire des choses absurdes. « M. le curé essaye de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. » Cette expression est fort ancienne. Rabelais l’employait : « Croyait que nues feussent poelles d’aerain, et que vessies feussent lanternes », dit-il en parlant du jeune Gargantua. On la trouve aussi dans la Farce de maistre Pierre Pathelin par Pierre Blanchut (XVe siècle) :

Me voulez vous faire entendant
De vecies qui ce sont lanternes.

Prendre du crottin

France, 1907 : Parier pour des chevaux qui ont en apparence le moins de chance ; argot des courses.

Prendre du fruit

Delvau, 1864 : Croquer la pomme, c’est-à-dire : se laisser baiser, devenir enceinte pour accoucher, — petit-être d’un melon.

Avec Lycas, l’autre jour,
La jeune innocente
A cueilli des fleurs d’amour ;
Mais trop imprudente,
Elle tremble d’avoir pris
Parmi les fleurs quelques fruits.

(Goguette du bon vieux temps.)

Prendre du souffleur

Rigaud, 1881 : Tout attendre du souffleur. Réciter son rôle avec l’aide incessante du souffleur, quand on l’a oublié ou qu’on n’a pas eu le temps de l’apprendre, — dans le jargon du théâtre. C’est-à-dire prendre les mots de la bouche du souffleur.

Prendre en filature

France, 1907 : Suivre, guetter, filer un malfaiteur ; argot des agents.

Prendre Jacques Déloge pour son procureur

France, 1907 : S’enfuir ; jeu de mot sur déloger. La fuite pour une personne menacée par la justice est encore le défenseur le plus sûr. « Cette expression, dit Francisque Michel, qui est encore usitée avec ces autres : prendre de la poudre d’escampette, lever le paturon, dire adieu tout bas, avait déjà cours au XIIesiècle.

Prendre la balle au bond

France, 1907 : Saisir l’occasion favorable comme un joueur qui saisit la balle lancée.

Prendre la barbe

France, 1907 : « La Saint-Jean d’hiver, la Saint-Jean d’été, la Saint-Jean Porte-Latine, le moment qui commence les veillées, celui qui les voit finir, sont autant d’époques où il est indispensable de prendre la barbe, c’est-à-dire de s’enivrer…

(Jules Ladimir, Le Compositeur typographe)

Prendre la chèvre

France, 1907 : Se mettre de mauvaise humeur, être en colère ; argot des typographes, qui disent aussi et surtout gober sa chèvre, gober son bœuf. Prendre sa chèvre est une vieille expression qu’on trouve dans le Cocu imaginaire de Molière.

D’un mari sur ce point j’approuve le souci,
Mais c’est prendre la chèvre un peu bien vite aussi,
Et tout ce que de vous je viens d’ouïr contre elle,
Ne conclut point, parent, qu’elle soit criminelle.

Prendre la mère au nid

France, 1907 : Marcher doucement sur la pointe des pieds pour surprendre quelqu’un. Ce dicton vient des braconniers ou des oiseleurs qui marchent sans bruit pour surprendre dans son nid la femelle sur ses œufs.

Prendre la mouche

France, 1907 : Se fâcher ; expression populaire. Prendre a ici le sens de recevoir : recevoir une piqûre de mouche ; en être importuné, irrité, ce qui au fond est s’irriter pour peu de chose, pour un motif futile.

Prendre la pipe

Rossignol, 1901 : Recevoir des reproches ou des coups.

Prendre la poudre d’escampette

France, 1907 : Se sauver, senfuir, du vieux verbe escamper, prendre les champs, qui vient lui-même de l’italien scampare, même signification ; on dit aussi : prendre la clef des champs.

Prendre la secousse

France, 1907 : Mourir.

Prendre la tangente

Larchey, 1865 : S’échapper. V. Absorption, Colle.

Delvau, 1866 : S’échapper de l’École, — dans l’argot des Polytechniciens.

France, 1907 : S’esquiver ; argot des polytechniciens.

Prendre la vache et le veau

Rigaud, 1881 : Épouser une fille-mère et reconnaître l’enfant.

France, 1907 : Épouser une fille-mère.

Prendre la vache par les … (ce que porte le taureau entier)

Virmaître, 1894 : Prendre les choses au rebours, commencer quelque chose par la fin (Argot du peuple).

Prendre le chemin de décampe

France, 1907 : Se sauver précipitamment ; expression populaire.

Prendre le collier de misère

Delvau, 1866 : v. a. Se mettre au travail, — dans l’argot du peuple, qui prend et reprend ce collier-là depuis longtemps. Quitter le collier de misère. Avoir fini sa journée et sa besogne et s’en retourner chez soi.

Virmaître, 1894 : Aller travailler. L’établi est bien un collier de misère, c’est même un collier de force, car l’ouvrier ne peut le lâcher, il subit ce carcan jusqu’à la tombe. Ce qui fait dire quand l’un d’eux meurt :
— Il a quitté le collier de misère (Argot du peuple).

Prendre le crachoir

France, 1907 : Prendre la parole.

— Monsieur Spencer, dis-je, si vous avez fini votre sermon, permettez-moi de prendre un moment le crachoir.

(Hector France, Chez les Indiens)

Prendre le cul d’une femme

Delvau, 1864 : Lui pincer les fesses ; lui introduire le doigt entre les fesses ; et par-dessous ses vêtements, soit dans le con, soit dans le cul.

Femme rit quand on lui propose
De lui prendre un instant le cul.

(Chanson anonyme moderne.)

Prendre le déduit

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Elle se jeta à son col, et le mena dans sa chambre où il prit le déduit avec elle.

D’Ouville.

M’a dit que vous veniez sitôt qu’il fera nuit
Coucher avecques elle, et prendre le déduit.

Trotterel.

Il estimait que rire et prendre le déduit avec sa femme en temps sec lui était contraire.

B. Desperriers.

Prendre le Pirée pour un homme

France, 1907 : Être d’une ignorance crasse. Allusion à la fable du Singe et du Dauphin.

Il n’a faut que des études sommaires ; il a appris le grec dans les tripots et perdu, dans les boudoirs, le peu de latin que l’alma parens lui a appris ; il se croit athénien parce qu’il a des goûts d’artiste : ses familiers le disent de Béotie ; sans hésiter il prendrait le Pirée pour un homme ; il ne parle pas, il n’écrit pas, mais il est né avec le sens et le flair du journalisme. Je ne sais s’il aime les truffes, mais il a le nez pour les découvrir. Ce nez-là ! million ! million ! Villemessant était de cette race et il a laissé des héritiers.

(Albert Dubrujeaud)

Prendre le premier conseil d’une femme et non le second

France, 1907 : Ce dicton est commun à presque toutes les nations. « Take your wife’s first advice, and not her second », disent les Anglais, qui ont traduit presque littéralement le nôtre, en précisant le sens général de femme en celui d’épouse. Les femmes, en effet, comme l’affirme l’adage italien, ont la sagesse prime-sautière et la réflexion folle. Avec moins de logique dans les idées que l’homme, elles le surpassent dans la vivacité de l’intuition, ayant, comme le disait Montaigne, l’esprit prime-sautier. Suivant le proverbe espagnol, « l’avis d’une femme est peu de chose, mais est fou celui qui ne le sui pas ». Les Allemands, moins galants, ont émis cet axiome : « Le blé semé en été et le conseil d’une femme tournent bien… une fois en sept ans. »

Prendre le train d’onze heures

Rigaud, 1881 : Farce de troupiers. Cette farce consiste à administrer à la victime une promenade nocturne dans son lit, lequel est traîné par de facétieux voisins au moyen de cordes à fourrages. Cette brimade a encore reçu le nom de « rouler en chemin de fer ». Le soldat qui a fait suisse est sûr qu’il prendra le train d’onze heures ; mais il n’y a qu’un bleu, un conscrit, qui, ignorant les usages du régiment, puisse commettre un si grand délit.

Prendre provende

France, 1907 : Vieille expression pour exprimer l’œuvre d’amour. On disait aussi prendre charnelle liesse, prendre pâture, prendre ses ébats.

Blaise le magister, le marguillier Lucas
M’ont juré sur leur conscience,
Que quand tu voulais prendre avec eux les ébats,
Tu les faisais payer d’avance.

Prendre quelque chose à la blague

Fustier, 1889 : S’en moquer ; la tourner en ridicule.

C’est dans le pauvre peuple qu’on l’a prise (une pièce de théâtre) tout d’abord à la blague.

(F. Sarcey.)

Prendre ses draps

Fustier, 1889 : Prendre le chemin de la salle de police. Argot des élèves de l’École Saint-Cyr.

Le bazof court le long des lits secouant de la phrase sacramentelle : Prenez vos draps, les malheureux qui n’ont pas eu le temps de rapporter leurs matelas.

(Maizeroy : Souvenirs d’un Saint-Cyrien.)

France, 1907 : Aller à la salle de polices argot des saint-cyriens. L’élève puni emporte à la salle de police les draps de son lit.

Prendre ses ébats

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Cette putain ne manque pas,
Car la nuit prenant ses ébats
Avecque lui dedans sa couche.

Théophile.

Quand, dans nos amoureux combats,
Nous aurons pris nos ébats,
Nous dormirons au bruit des eaux.

(La Comédie des chansons.)

Ayant assez de loisir pour prendre leurs ébats ensemble à une autre heure.

Ch. Sorel.

C’est de cette façon que Blaise et Péronnelle
Prirent ensemble leurs ébats.

La Fontaine.

Blaise le magister, le marguillier Lucas
M’ont juré sur leur conscience,
Que quand tu voulais prendre avec eux tes ébats,
Tu les payais toujours d’avance.

F. Bertrand.

Prendre ses invalides

Delvau, 1866 : v. n. Se retirer du commerce, — dans l’argot des bourgeois.

Prendre ses jambes à son cou

Delvau, 1866 : Courir.

Prendre ses jambes à son coup

France, 1907 : S’enfuir.

Manière de courir pas commode du tout,

dit une vieille chanson.

— Vous faites, en me quittant, comme les poltrons qui prennent leurs jambes à leur cou et se sauvent sans se retourner.

(Félicien Champsaur, Le Mandarin)

Les Anglais disent : aller cou et talons ensemble.

Prendre son café

Larchey, 1865 : Rire, se moquer.

Ah ! fusilier, vous voulez prendre votre café

Bertall.

Prendre son café aux dépens de quelqu’un

Delvau, 1866 : Se moquer de lui par parole ou par action.

Prendre son plaisir

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Qui, pour la voir et fraîche et belle,
A pris son plaisir avec elle
Trois ans entiers.

J. Grévin.

Lui, se voyant libre, ne manqua point à prendre son plaisir.

D’Ouville.

Mais pourtant, petit cœur, quand vous m’eussiez laissé prendre un peu mon plaisir.

Trotterel.

Elle était dans les bras de Chastel avec qui elle avait pris son plaisir au son du luth.

Ch. Sorel.

Prendre un bain de fagots

France, 1907 : Être brûlé vif.

Prendre un billet de parterre

Delvau, 1866 : v. a. Tomber sur le dos, — dans l’argot facétieux du peuple.

France, 1907 : Tomber ; jeu de mot.

Prendre un homme au saute-dessus

Delvau, 1864 : Arrêter un pédéraste, quand on est pédéraste soi-même, et de plus chanteur (V. ce mot), au moment où il se déboutonne et s’apprête à socratiser, ou à alcibiadiser, selon qu’il est actif ou passif.

Après avoir provoqué à la débauche celui qui a eu le malheur de les aborder, ils changent tout à coup de ton, le prennent, comme ils disent, au saute-dessus, et se donnant pour des agents de l’autorité, le menacent d’une arrestation…

A. Tardieu.

Prendre un pinçon

Delvau, 1866 : v. a. Se laisser pincer le doigt entre deux pierres ou deux battants.

Prendre un plat

Virmaître, 1894 : V. Rouscailler.

Rossignol, 1901 : Lorsqu’il fait chaud on prend un plat de chaleur, ou il en fait un plat. Prendre un plat veut aussi dire rouscailler.

Prendre un rat par la queue

Rigaud, 1881 : Couper une bourse, — dans l’ancien argot.

France, 1907 : Voler une bourse.

Prendre une culotte

Rossignol, 1901 : Se saouler.

France, 1907 : S’enivrer.

Un poivreau que le culte de Bacchus a plongé dans la plus grande débine, se fit renvoyer de son atelier. Par pitié, ses camarades font entre eux une collecte… Notre poivreau revient une heure après complétement ivre.
— Vous n’êtes pas honteux de vous mettre dans un état pareil avec l’argent qu’on vous avait donné pour vous acheter un vêtement !
— Eh bien ! répondit l’incorrigible ivrogne, j’ai pris une culotte.

(Eugène Boutmy)

France, 1907 : Perdre au jeu.

Quelle folle gavotte !
Quand tu prendras, marmot,
Ta première culotte…
Mais pas dans un tripot.

(Alfred Marquiset, Rasure et Ramandous)

Prends garde de casser le verre de ta montre !

Rigaud, 1881 : Apostrophe à l’adresse de quelqu’un qui vient de tomber pile.

Prends garde de le perdre !

Rigaud, 1881 : Voilà une chance, une bonne aubaine qui ne t’arrivera pas.

Si du moins cette chute-là pouvait nous faire mettre en répétition ? — Prends garde de le perdre ! c’est la pièce de R… qui va passer.

(Paris à vol de canard.)

Prends garde de t’enrhumer !

Rigaud, 1881 : Plaisanterie de voyou faite à une personne qui sacrifie à Domange en plein air.

Prends garde de te décrocher la fressure !

Rigaud, 1881 : Ne marche pas si vite. Se dit par ironie en parlant à quelqu’un qui lambine, qui marche très lentement.

Préparateur

France, 1907 : Employé de magasin qui se fait complice de voleurs.

Ceux qui remplissent le rôle de préparateur, disposent à l’avance et mettent à part sur le comptoir ce qu’ils désirent s’approprier ; dès que tout est prêt, ils font un signal à leurs affidés qui attendent à l’extérieur.

(Mémoires de Vidocq)

Préparer sa petite chapelle

France, 1907 : Empaqueter ses effets dans son sac ; expression militaire.

Prépondérance à la culasse

France, 1907 : Derrière proéminent ; argot militaire.

Près

d’Hautel, 1808 : Avoir la tête près du bonnet. Être vif, impétueux, prompt à se mettre en colère.
Être près de ses pièces. Être au bout de ses finances ; n’avoir plus d’argent.

Présent

d’Hautel, 1808 : Les petits présens entretiennent l’amitié. Les présens considérables ne la rompent pas non plus.

Présomptif

Delvau, 1866 : s. m. Enfant — qui est toujours l’héritier présomptif de quelqu’un.

Presse

d’Hautel, 1808 : Imprimeur à la presse. Rébus, pour dire filou, voleur de mouchoir, escroc, par une mauvaise allusion avec la presse dont se servent les imprimeurs, et le substantif, presse, foule, assemblée nombreuse.
Mettre en presse. Pour dire mettre quelque chose en gage.
Il n’y a pas grande presse à cela. Manière dérisoire de dire qu’une chose ne mérite pas que l’an courre après.

Delvau, 1866 : s. f. Nécessité à faire ou dire une chose ; empressement. Il n’y a pas de presse. Il n’est pas nécessaire de faire cela, — du moins pour le moment. Cela ne presse pas.

Presse (avoir une bonne ou une mauvaise)

France, 1907 : Avoir les journaux pour ou contre soi.

Presse (être sous)

Rigaud, 1881 : N’être pas visible pour cause de travail professionnel, — dans le jargon des filles de maison.

Presse (mettre sous)

Larchey, 1865 : Mettre en gages. — En 1808 on disait mettre en presse. — Dans le monde galant, être sous presse signifie. Être en conférence intime.

C’est parce que nous avons été mis trop de fois sous presse, qu’aujourd’hui nous sommes tant dépréciées.

Lynol.

Presse (sous)

France, 1907 : Expression des filles de maisons de tolérance pour dire qu’une des leurs est ocupée.

— Où est la grande Irma ?
— Sous presse.

Pressée

France, 1907 : Masse de raisins passée an pressoir ; quantité de vin qui en découle. Terme de vendangeur.

France, 1907 : Quantité de volumes que contient à la fois la presse ; terme de relieur.

Presser à carreau froid

Delvau, 1866 : v. a. Faire ce qu’un autre ne pourrait pas faire, — dans l’argot des tailleurs, qui savent qu’on ne peut venir à bout d’une pièce qu’avec un carreau très chaud.

Pressier

France, 1907 : Imprimeur.

Il y a des ignorants qui confondent le compositeur avec l’imprimeur. Gardez-vous-en bien !… L’imprimeur proprement dit, le pressier, est un être brut, grossier, un ours, ainsi que le nomment (ou plutôt le nommaient) les compositeurs. Entre les deux espèces, la démarcation est vive et tranchée… La blouse et le bonnet de papier ont souvent maille à partir ensemble, et pourtant ils ne peuvent exister l’un sans l’autre ; le compositeur est la cause, l’imprimeur l’effet. La blouse professe un mépris injurieux pour ce collaborateur obligé qu’elle foule sous ses pieds ; car les imprimeurs, avec leurs lourdes presses, sont relégués à l’étage inférieur.

(Jules Ladimir)

Le pressier a maintenant disparu de presque toutes les imprimeries, où il est remplacé par le conducteur de machines.

Pression (être en)

France, 1907 : Être gris. La cervelle commence à ébullitionner comme une machine à vapeur.

Pressoir

d’Hautel, 1808 : Pour taverne, cabaret, lieu où l’on vend du vin.
Rouge comme la sébile d’un pressoir. Se dit d’une jeune personne qui a beaucoup de pudeur, qu’un rien fait rougir.

Prestissimo

France, 1907 : Très vite. Superlatif de presto.

La femme est factice et frivole ;
Tout en surface et nulle au fond ;
Elle brille, tremble et s’envole :
C’est une bulle de savon…
Et quand nous sommes heureux d’elle,
Elle s’enfuit, prestissimo,
Ainsi que la bulle infidèle
Quitte le bout du chalumeau.

(Louis Marsolleau)

Presto

France, 1907 : Vite.

Peu s’en fallut qu’il ne flanquât Paula par la fenêtre : elle ne se déroba à son indignation et à sa fureur qu’en gagnant presto la porte et dégringolant l’escalier quatre à quatre.

(Albert Cim, Demoiselles à marier)

Prêt

d’Hautel, 1808 : Ce n’est pas viande prête. Se dit d’une chose qui doit tirer en longueur, dont le résultat n’est pas prochain.
Tout est prêt, il n’y a rien de cuit. Réponse facétieuse que l’on fait à quelqu’un, pour lui faire entendre que ses ordres n’ont point été exécutés.

Delvau, 1866 : s. m. Paie, — dans l’argot des soldats.

Rigaud, 1881 : Avance d’argent. — Paye du soldat.

Rigaud, 1881 : Argent qu’une fille publique donne à son souteneur.

La Rue, 1894 : Paye. Argent qu’une fille donne à son souteneur.

Prétentailles

d’Hautel, 1808 : Ornemens de femmes ; frivolités, bagatelles, toutes choses de peu de valeur.

Pretentaine

d’Hautel, 1808 : Courir la pretentaine. Mener une vie vagabonde et libertine.

Prêter

d’Hautel, 1808 : C’est prêté à ne jamais rendre. Se dit d’une chose que, sous les apparences du prêt, l’on donne à quelqu’un ; se dit aussi par raillerie d’un homme insolvable à qui l’on a prêté de l’argent.
C’est un prêté pour un rendu. Se dit quand on riposte habilement à quelqu’un ; qu’on lui joue un tour bien supérieur à celui qu’il vous avoit joué précédemment.

Prêter cinq sous

France, 1907 : Donner un soufflet. Allusion aux cinq doigts ; argot faubourien.

Prêter cinq sous à quelqu’un

Delvau, 1866 : Lui donner un soufflet, c’est-à-dire les cinq doigts sur le visage, — dans l’argot des faubouriens.

Prêter lanche

La Rue, 1894 : Écouter.

Prêter lauche

Clémens, 1840 : Écouter.

Prêter loche

Delvau, 1866 : Prêter l’oreille, écouter, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Prête moi ton oreille. Écoute bien ce que je vais te dire (Argot des voleurs).

France, 1907 : Écouter ; argot des voleurs.

Prêtraille

d’Hautel, 1808 : Terme injurieux dont on se sert pour dénigrer l’ordre ecclésiastique.

Prêtre normand (adroit comme un)

France, 1907 : Maladroit, gaucher. Cette locution ironique fait allusion à Saint Gaucher, prêtre de Normandie, et n’est autre qu’une équivoque sur le nom.

Prêtresse de Lesbos

Delvau, 1864 : Femme aimant les personnes de son sexe.

Vous m’entendez, prêtresses de Lesbos,
Vous de Sapho disciples renaissantes.

Parny.

Prêtresse de Vénus

Delvau, 1864 : Nom que M. Prudhomme donne à la fille publique qui l’arrange, lorsqu’il s’est dérangé.

Elle rougit : chose que ne font guère
Celles qui sont prêtresses de Vénus.

La Fontaine.

Preu

Larchey, 1865 : Premier. — Diminutif ancien déjà donné dans la Farce de Pathelin.

Tiens, v’la le bijoutier du no 10 qui vous a loué tout son preu (premier étage).

H. Monnier.

Delvau, 1866 : s. et adj. Premier — dans l’argot des enfants et des ouvriers.

Rigaud, 1881 : Premier. Le preu dans un atelier est le meilleur ouvrier de l’atelier. — Premier étage.

Tiens ! v’là l’ bijoutier du no 10 qui n’ s’embête pas, lui ; il vous a loué tout son preu.

(H. Monnier, Scènes populaires)

La Rue, 1894 : Premier.

France, 1907 : Premier ; argot des enfants, des ouvriers.

Preu (faire le)

Rigaud, 1881 : Donner une avance, — dans le jargon des peintres en bâtiment. Preu pour prêt. — Est-ce aujourd’hui que le pate fait le preu ?

Preuve d’amour

Delvau, 1864 : Érection solide et durable du membre viril devant une femme, qui est toujours beaucoup plus sensible à ces preuves d’amour-la qu’à celles des amoureux transis.

Je m’en souviens encore comme si j’y étais, dit incontinent le bijou de Thélis : neuf preuves d’amour en quatre heures.

Diderot.

Qu’on nous dite qu’un’ veuve fait cas
Des preuves d’amour les plus fortes,
Et sans nombre et de toutes sortes,
Cela ne me surprend pas.

Collé

Et puis des preuves de mon amitié, si vous voulez, parce que vous êtes bien gentil.

Louvet.

Preuves d’estime (donner des)

France, 1907 : Caresser sa femme ou sa maîtresse.

Prevence

anon., 1907 : Maison préventive.

Prévence

France, 1907 : Prévention ; argot des voleurs et des voyous.

Prévot

France, 1907 : Prisonnier, chef d’une escouade.

Le prévôt, c’est-à-dire l’ancien de la salle, nommé Lelièvre, était un pauvre diable de soldat qui, condamné à mort depuis trois ans, avait sans cesse en perspective la possibilité de l’expiration du sursis en vertu duquel il vivait encore.

(Marc Mario et Louis Launay)

Prévôt

Halbert, 1849 : Domestique de prison ou plus ancien de chambrée.

Delvau, 1866 : s. m. Chef de chambrée, — dans l’argot des prisons.

Rigaud, 1881 : Chef de chambrée dans une prison.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique