Pousser
Pousser
d’Hautel, 1808 : Pousser la lipe. Pour dire bouder, faire la moue.
Pousser le temps avec l’épaule. Temporiser, retarder, prendre des délais.
Pousser des soupirs. Pour dire soupirer.
Poussé de nourriture. Pour bien repu, rassasié, qui en a par dessus la yeux.
Delvau, 1864 : Introduire profondément son outil dans le ventre d’une femme et besogner comme il faut.
Celui-là poussait un ami.
Régnier.
Oh ! va… va !… mais va donc !… Pousse, tit’ homme… pousse !… mais pousse donc !
H. Monnier.
Ah ! chien… chien !… que tu me fais mal !… Ah ! mes fesses… mes pauvres fesses… Tu pousses si fort que tu me crèves… ah !
La Popelinière.
Delvau, 1866 : v. n. Surenchérir, — dans l’argot des habitués de l’Hôtel des ventes.
Delvau, 1866 : v. a. et n. Parler, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi : Pousser son glaire.
Pousser à la peau
Virmaître, 1894 : Femme de feu, amoureuse, chaude comme braise dont l’ensemble parle aux sens. Elle pousse à la peau (Argot du peuple).
Pousser dans le battant (se)
Larchey, 1865 : Boire. V. Pivois.
Delvau, 1866 : Boire ou manger, mais surtout boire.
Pousser dans le cornet, l’escarcelle, le fusil (s’en)
Pousser de l’air (se)
Delvau, 1866 : S’en aller de quelque part. On dit aussi : Se pousser un courant d’air.
Pousser de la ballade (se)
France, 1907 : Se promener, flâner.
Va, mon vieux, pouss’ toi d’la ballade
En attendant l’jour d’aujord’hui,
Va donc, ya qu’quand on est malade
Qu’on a besoin d’pioncer la nuit ;
Tu t’portes ben, toi, t’as d’la chance,
Tu t’fous d’la chaud, tu t’fous d’la froid,
Va, mon vieux, fais pas d’rouspétance,
T’es dans la ru’, va, t’es chez toi.
(Aristide Bruant)
Pousser de la ficelle
France, 1907 : Guetter un voleur ; argot de la police Même sens que poiroter.
Pousser des cris de Mélusine
France, 1907 : Pousser des cris perçants. Allusion à la légende de la fée Mélusine condamnés à devenir chaque samedi moitié femme, moitié serpent. Surprise par son mari, le comte Raimondin de Lusignan, dans cette singulière métamorphose, elle poussa un cri perçant, s’envola par la fenêtre et disprarut. Une tradition conservée dans la famille de Lusignan relate que chaque fois qu’un malheur menace la famille, que la mort doit frapper un de ses membres, Mélusine apparait au-dessus de la grande tour du château et pousse des cris aigus.
Pousser du col (se)
Delvau, 1866 : v. réfl. Être content de soi, et manifester extérieurement sa satisfaction, — dans l’argot des faubouriens, qui ont remarqué que les gens fats remontaient volontiers le col de leur chemise. Une chanson populaire — moderne — consacre cette expression ; je me reprocherais de ne pas la citer ici :
Tiens ! Paul s’est poussé du col !
Est-il fier, parc’qu’il promène
Sarah, dont la douce haleine
Fait tomber les mouch’sau vol.
Signifie aussi s’enfuir.
France, 1907 : Se glorifier ; être content de soi.
Brouf, quelle sale garce d’époque !
On tourne le croupion au progrès et on se fiche à faire des courses de vitesse, kif-kif les écrevisses ; à reculons ! Encore un peu et nous aurons dépassé la barbarie du moyen âge pour dégouliner dans on ne sait quelle férocité monstrueuse.
N’empêche qu’on se pousse du col et qu’on a des prétentions à éclairer la route de l’avenir.
(Le Père Peinard)
J’me dis, en me poussant du col :
Vieux veinard, c’est pas d’la p’tit bière,
J’vais r’cevoir dans mon entresol,
Je l’parierais, une rosière.
(E. du Bois)
Pousser l’aventure à bout
Delvau, 1864 : Après avoir peloté une femme, la baiser d’autour et d’achar, à bride abattue.
De ce moment, il est décidé que le comte peut pousser à bout l’aventure.
A. de Nerciat.
Pousser la goualante
Fustier, 1889 : Chanter. (V. Delvau : Goualer.)
Pousser le bois
Delvau, 1866 : v. a. Jouer aux échecs ou aux dames, — dans l’argot du peuple, qui a eu l’honneur de prêter ce verbe au neveu de Rameau.
Pousser le boum du cygne
France, 1907 : Mourir ; argot populaire.
Pousser le buom ! du cygne
Delvau, 1866 : Mourir, — dans l’argot des faubouriens, qui disent cela à propos des garçons de café et de leur fatigant boum ! pas de crème, messieurs ?
Pousser le cul pour avoir la pointe
Delvau, 1864 : Proverbe en usage chez les couturières, et qui signifierait coudre, s’il ne voulait pas dire : Jouer des reins pour avoir au cul la pointe d’une aiguille de viande, — soit un bon gros vit.
Pousser sa chique
France, 1907 : Faire ses besoins.
À moins qu’on rentr’ dans eun’ boutique
Comm’ cell’ d’à l’instant d’où que j’sois ;
J’avais besoin d’pousser ma chique,
J’pouvais pas la pousser dehors.
(Aristide Bruant)
Pousser sa moulure
Virmaître, 1894 : Faire ses besoins. Allusion à la moulure ronde qu’il faut pousser avec effort sous le fer du rabot (Argot du peuple).
Pousser sa pointe
Delvau, 1864 : Baiser une femme, la piquer de son fleuret démoucheté.
Vien,
Chien, Foutu vaurien,
Cess’ ta plainte
Et pouss’ ta pointe.
(Parnasse satyrique.)
Delvau, 1866 : v. a. S’avancer dans une affaire quelconque, — mais surtout dans une entreprise amoureuse.
Que de projets ma tête avorte tour à tour !
Poussons toujours ma pointe et celle de l’amour.
dit une comédie-parade du XVIIIe siècle (le Rapatriage).
France, 1907 : S’avancer, explorer un endroit.
Pousser son pas d’hareng saur
France, 1907 : Danser ; argot des voyous.
Pousser son rond
Delvau, 1866 : v. a. Alvum deponere, — dans l’argot des maçons.
Rigaud, 1881 : Aller à la selle.
Pousser un bateau
Delvau, 1866 : v. a. Avancer une chose fausse, inventer une histoire, mentir. Argot des faubouriens. On dit aussi : Monter un bateau.
Pousser un carambolage
France, 1907 : Jouer au billard.
Ils sont là, cinq ou six, les oisifs de la petite ville qui, chaque jour, aux mêmes heures, viennent taper des dominos sur le marbre, pousser un carambolage, lire la feuille locale. Comme ils se sont tout dit, des silences pèsent sur leurs parties, seulement ponctuées par des heurts de billes, par l’annonce d’une levée, la chute d’une cuillère sur un plateau.
(Hugues Le Roux)
Pousser un excellent (se)
Rigaud, 1881 : Manger l’ordinaire de la prison, qui est loin d’être excellent ; mais l’ironie plaît au voleur.
France, 1907 : Manger l’ordinaire de la prison.
Pousser une blague
Fustier, 1889 : Fumer une pipe. Argot de l’École Polytechnique.
France, 1907 : Fumer ; argot des polytechniciens.
Pousser une gausse
Delvau, 1866 : v. a. Faire un mensonge, — dans l’argot du peuple. On dit aussi : Pousser une histoire.
Pousser une selle
France, 1907 : Faire ses besoins. On dit aussi pousser son rond, pousser sa moulure.
Toi qui déjeunes sans vaisselle,
Avec du pain noir pour gâteau,
Bon moissonneur, pousse une selle
Dans la plaine ou sur le coteau.
Ton maître y trouve son affaire :
Ses terrains en sont engraissés !
Jamais tu n’en pourras trop faire,
Tu n’en feras jamais assez !
(Jules Jouy)
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