AccueilA B C D E F G H I J K L M N O ΠP Q R S T U V W X Y ZLiens

courriel

un mot au hasard

Dictionnaire d’argot classique
Argot classique
le livre


Facebook

Share

Russe-français
Russisch-Deutsch
Rusianeg-Brezhoneg
Russian-English
Ρώσικα-Ελληνικά
Russo-italiano
Ruso-español
Rus-român
Orosz-Magyar
Ruso-aragonés
Rusice-Latine
Французско-русский
Немецко-русский
Бретонско-русский
Französisch-Deutsch
Allemand-français
Блатной жаргон
Soldatensprachführer
Военные разговорники

Piquer

Piquer

d’Hautel, 1808 : Il est piqué comme une courte pointe. Se dit d’un homme très-susceptible, qui a pris de l’humeur, qui s’est offensé pour une frivolité, une bagatelle, et dont le silence et la réserve témoignent le mécontentement.
On ne sait quelle mouche l’a piqué. Pour, on ne connoît point le sujet de sa bourderie, de sa mauvaise humeur.
Se piquer. Se vanter, s’énorgueillir de quelques talens ; faire le fanfaron, marquer de l’arrogance et de l’orgueil, comme le font ordinairement les petits maîtres, les fats, les pédans.

Delvau, 1866 : v. a. Faire quelque chose, — dans l’argot des Polytechniciens. Piquer l’étrangère. S’occuper d’une chose étrangère à la conversation.

Rossignol, 1901 : Chiffonner.

France, 1907 : Donner une note ; argot des écoles militaires. Piquer bas, donner une note faible ; piquer haut, forcer la note. Piquer la constante, donner constamment la même note.

On site des examinateurs qui ne piquent jamais de 20, de 19 ou même de 18. Le célèbre Gérono disait à un élève qui venait de passer en colle d’une manière remarquable : « Si Dieu le Père passait chez moi à la planche, je lui piquerais 19 ; si c’était Jésus-Christ, je piquerais 18 : si c’était M. Chasles, je mettrais 17. Pour vous, Monsieur, je me contenterai de vous piquer 16. »

(Albert Lévy et G. Pinet)

Entre nous, le célèbre Gérono méritait d’être piqué cuistre.

Piquer dans le tas

France, 1907 : Choisir ; argot populaire.

Piquer en victime

Delvau, 1866 : v. n. Plonger dans l’eau, les bras contre le corps, au lieu de plonger les mains en avant au-dessus de la tête.

Rigaud, 1881 : Plonger les pieds en avant, le corps raide, les mains collées aux cuisses.

Piquer l’étrangère

Merlin, 1888 : Rêvasser, être distrait.

Fustier, 1889 : Argot du régiment. Tomber de cheval.

France, 1907 : Avoir la pensée ailleurs qu’à la besogne qu’on fait. Voyager au pays des chimères. Argot de Saint-Cyr et de l’École polytechnique.

J’étais devenu incapable d’aucune application, d’aucun travail sérieux, passant de longues heures à révasser, ou, comme nous disions dans notre argot spécial, à piquer l’étrangère.

(Pompon, Gil Blas)

Pendant les longs pansages, on reconnait l’Alsacien à sa mine affairée. Au milieu de tous ces hommes qui accomplissent ces soins par devoir, mais dont assurément l’esprit voyage, courant après les choses lointaines, et pour me servir d’une charmante expression de l’école militaire, piquent l’étrangère, l’Alsacien est le seul qui soit corps et âme à sa besogne.

(E. Billaudel, Les Hommes d’épée)

Piquer la lèche

France, 1907 : Flatter ; argot des écoles militaires.

Piquer le banc

Rigaud, 1881 : Attendre quelqu’un sur un banc. — Se reposer sur un banc aux Champs-Élysées en attendant un amoureux de rencontre, — dans le jargon des filles.

La Rue, 1894 : Attendre fortune sur un banc public.

France, 1907 : Attendre fortune sur un banc de promenade ou de boulevard ; argot des souteneurs et des filles.

Piquer le bâton d’encouragement

France, 1907 : Terme de moquerie employé par les étudiants pour indiquer qu’on a obtenu que le nombre 1 dans un concours, le maximum étant 20.

Piquer le bouquin

France, 1907 : Lire un roman ; argot de l’École polytechnique.

Le matin, les uns procèdent à leur toilette, les autres continuent le sommeil interrompu, ou bien ils confectionnent le déjeuner… Puis on cause, on joue aux cartes, on pique le bouquin…

(Albert Lévy et G. Pinet, L’Argot de l’X)

Piquer le nez (se)

Delvau, 1866 : v. réfl. Boire avec excès, à en devenir ivre, — dans l’argot du peuple.

Virmaître, 1894 : Se payer une belle soulographie (Argot du peuple).

France, 1907 : Se griser.

Après un duel à l’épée.
Le vainqueur a fait de sérieuses libations pour célébrer sa victoire.
Un ami le rencontre, le soir même, titubant sur le boulevard :
— Tiens ! tu as réussi à te blesser toi-même…
— Moi, blessé ?
— Dame, tu viens de te piquer le nez !

Piquer le tabouret

France, 1907 : Faire antichambre.

Piquer le tasseau (se)

Fustier, 1889 : V. Delvau : Se piquer le nez.

France, 1907 : S’enivrer.

Piquer le tube (se)

France, 1907 : Se griser ; argot faubourien.

Piquer sa plaque

Delvau, 1866 : v. a. Dormir, — dans l’argot des tailleurs. Signifie aussi, par extension, Mourir.

France, 1907 : Dormir, mourir ; argot des marins.

Piquer son chien

Delvau, 1866 : Dormir, — dans l’argot des faubouriens. On dit aussi, Piquer un chien. D’où vient cette expression ? S’il faut en croire M. J. Duflot, elle viendrait de l’argot des comédiens et sortirait de l’Aveugle de Montmorency, une pièce oubliée. Dans cette pièce, l’acteur qui jouait le rôle de l’aveugle, tenant à ne pas s’endormir, avait armé l’extrémité de son bâton d’une pointe de fer qui, par suite du mouvement d’appesantissement de sa main, en cas de sommeil, devait piquer son caniche placé entre ses jambes, et chaque fois que son chien grognait, c’est qu’il avait piqué son chien, c’est-à-dire qu’il s’était laissé aller au sommeil.

Rigaud, 1881 : Dormir pendant le jour. — Les tailleurs disent avec une variante : Piquer sa plaque.

La Rue, 1894 : Dormir pendant le jour.

Piquer son fard

Virmaître, 1894 : Rougir en entendant un propos grossier (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Rougir.

Piquer son fard, piquer un soleil

Rigaud, 1881 : Rougir.

Piquer son moulin

Virmaître, 1894 : Salade trop épicée. Elle vous pique le moulin (la bouche) (Argot du peuple). N.

Piquer sur quatre

France, 1907 : Gagner une partie de cartes sur laquelle l’adversaire a quatre points d’avance.

Piquer un arlequin

France, 1907 : Prendre au hasard de la fourchette un morceau quelconque, côtelette ou tête de poisson. L’arlequin est un plat composé de rogatons de toutes sortes, restes des assiettes des clients des restaurants et que les laveurs de vaisselle vendent par seaux à des gargotiers de misérables. « On y trouve de tout, dit Privat d’Anglemont, depuis le poulet truffé et le gibier, jusqu’au bœuf aux choux. » Chaque coup de fourchette dans la marmite, quel que soit le morceau qu’on ramène, coûtait autrefois un sou. Il est probable que depuis la cherté des vivres le prix est augmenté.

Notre littérature a pris le goût des ragoûts épicés, et nous sommes de ces civilisés qui trouvent un plaisir exquis à aller piquer un arlequin dans un bouge.

(Nestor, Gil Blas)

Piquer un cancan, un chahut

France, 1907 : Danser ; argot populaire.

Piquer un chien

Larchey, 1865 : Dormir. On trouve dans Rabelais un exemple de dormir en chien.

Sur l’étude passons. Il n’est qu’un seul moyen de la bien employer, c’est de piquer son chien.

Souvenirs de Saint-Cyr.

Larchey, 1865 : Dormir. — Rabelais l’écrit dormir en chien dans son livre IV, page 159. C’est, dit le Duchat, son annotateur, Dormir indifféremment à toute heure et en tous lieux.

Lorsque la nuit est sombre, que les voyageurs pioncent ou piquent leur chien.

Paillet.

France, 1907 : Dormir. Voir Pioncer. « S’il faut en croire M. J. Duflot, cette expression, dit A. Delvau, viendrait de l’argot des comédiens et sortant de l’Aveugle de Montmorency, une pièce oubliée. Dans cette pièce, l’acteur qui jouait le rôle de l’aveugle, tenant à ne pas s’endormir, avait armé l’extrémité de son bâton d’une pointe de fer qui, par suite du mouvement d’appesantissement de sa main, devait piquer son caniche placé entre ses jambes, et chaque fois que celui-ci grognait, c’est qu’il avait piqué son chien, c’est-à-dire qu’il s’était laissé aller au sommeil.

Piquer un cinabre

Delvau, 1866 : v. n. Rougir subitement, du front aux oreilles et des oreilles aux mains. Argot des artistes.

France, 1907 : Rougir ; argot des ateliers de peinture.

Piquer un fard ou un soleil

France, 1907 : Rougir.

Piquer un laïus

France, 1907 : Faire un discours ; argot des écoles militaires.

Piquer un Pédé

Clémens, 1840 : Lever un rivette.

Piquer un renard

Larchey, 1865 : Vomir. — V. Renard. — Piquer un soleil : Rougir subitement. — Piquer l’étrangère : V. ce mot. — Piquer une tête : S’élancer ou tomber la tête la première. — Piquer un laïus : V. ce mot. — Piquer une carte :

Lui imprimer certaines marques imperceptibles, et susceptibles de ne les faire connaître a d’autres qu’à vous.

Mornand.

Piquer sur quatre : Gagner une partie d’écarté presque perdue, lorsque votre adversaire a sur vous quatre points d’avance. — Se piquer le nez : V. ce mot. — Pas piqué des vers, des hannetons : Vigoureux, intact, frais, sain.

C’est qu’il fait un froid qui n’est pas piqué des vers ici !

Gavarni.

Une jeunesse entre quinze et seize, point piquée des hannetons, un vrai bouton de rose.

Montépin.

C’est qu’elle n’était pas piquée des vers, Et oui, morbleu ! C’est ce qu’il faut à Mahieu.

Les amours de Mahieu, ch., 1832.

Rigaud, 1881 : Restituer forcément un bon ou un mauvais repas.

France, 1907 : Vomir.

Piquer un ronflé

France, 1907 : Dormir. Voir Pioncer.

Le vieux. — Mon médecin me l’a dit : « Vous avez besoin de sommeil. »
Le jeune. — T’as un médecin ?
Le vieux. — Je t’écoute ! Le premier de Paris.
Le jeune. – Où ça ?
Le vieux. — À l’hospice.
Le jeune. — Farceur !
Le vieux. — Assez de salive. Graisse tes jarrets, moi je pique un petit ronflé.

(Henri Lavedan)

Piquer un soleil

Delvau, 1866 : v. n. Rougir subitement, — dans l’argot du peuple.

La Rue, 1894 : Rougir.

Piquer une anhydre

France, 1907 : Échouer à un interrogatoire de professeur ou d’examinateur ; argot de l’École navale. Anhydre est un terme de chimie qui signifie privé d’eau.

Piquer une carte

France, 1907 : La marquer de façon à pouvoir la reconnaitre au passage ; argot des grecs.

Piquer une m…

La Rue, 1894 : Rester court, interloqué.

Piquer une merde

France, 1907 : Rester court ; argot des écoliers.

Piquer une muette

Fustier, 1889 : Faire silence. Argot de Saint-Cyr.

Aujourd’hui, il sera piqué une muette au réfectoire.

(Maizeroy : Souvenirs d’un Saint-Cyrien)

France, 1907 : Rester silencieux ; argot de Saint-Cyr.

Piquer une note

Rigaud, 1881 : Pour le professeur, c’est marquer une note à l’élève ; pour l’élève, c’est obtenir une note : piquer un cinq, un dix, un dix-sept, — dans le jargon des élèves du cours de mathématiques spéciales. Piquer le bâton d’encouragement, obtenir la note 1, la plus mauvaise note. Piquer une huître, ne pas savoir répondre au professeur, quand on passe au tableau en colle.

Piquer une plate

Fustier, 1889 : Ne pouvoir, ne savoir répondre aux questions posées à un examen, argon des élèves de l’École navale. Nos lycéens disent : piquer une sèche.

Le timonier apparaît. — M. A…, au cabinet de bâbord ! — M. A… court un grand danger de piquer une plate. Heureusement l’interrogation est remise à huitaine.

(Illustration, octobre 1885.)

Piquer une romance

Merlin, 1888 : Dormir, renfler.

Fustier, 1889 : Dormir. Argot militaire.

Virmaître, 1894 : Dormir. Allusion au ronflement du dormeur qui est une sorte de chanson en faux-bourdon (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Dormir.

France, 1907 : Dormir : c’est, au figuré, un sommeil accompagné d’un ronflement.

On a prétendu que Meyerbeer, pour se venger des épigrammes de Rossini, entretenait une troupe de spectateurs bénévoles qui, de temps à autre, allaient piquer une romance à Otello et à Il Barbiere. Un soir, Meyerbeer, assistant dans une loge d’avant-scène à la seconde représentation de Semiramide, se renverse dans son fauteuil, à la fin du premier acte, ferme les yeux et semble plongé dans le plus délicieux sommeil. On le regarde de tous les coins de la salle, on chuchote, ou se le montre scandalisé.
— Ne faites pas attention, dit Jules Sandeau, c’est Meyerbeer ; il économise un dormeur.

(Émile Gouget)

Piquer une sèche

Fustier, 1889 : Argot des lycéens et des élèves des Écoles. Avoir un zéro, c’est-à-dire la note très mal, pour une des parties d’un examen.

Il est constant que tout pipo qui est sorti sans piquer une sèche, de ses examens généraux, se croit parfaitement apte à régenter l’État.

(Gaulois, mars 1881)

V. Delvau : Sec.

France, 1907 : N’obtenir aucun point dans les examens ; argot des écoliers.


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique