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Passe

Passe

Bras-de-Fer, 1829 : Peine de mort.

Delvau, 1864 : Passade intéressée, côté des dames. Faire une passe. Amener un homme galant dans une maison qui reçoit aussi les filles — galantes.

Larchey, 1865 : Guillotine. V. Gerber. — Allusion à la passe de la fatale lunette. — Passe-crick : Passe-port (Vidocq).Passe-lance : Bateau (id.) V. Lance. — Passe-singe : Roué (id.), homme dépassant un singe en malice.

Delvau, 1866 : s. f. Situation bonne ou mauvaise, — dans l’argot du peuple.

Delvau, 1866 : s. f. Guillotine, — dans l’argot des voleurs. Être gerbé à la passe. Être condamné à mort.

Delvau, 1866 : s. f. « Échange de deux fantaisies », dont l’une intéressée. Argot des filles. Maison de passe. Prostibulum d’un numéro moins gros que les autres. M. Béraud en parle à propos de la fille à parties : « Si elle se fait suivre, dit-il, par sa tournure élégante ou par un coup d’œil furtif, on la voit suivant son chemin, les yeux baissés, le maintien modeste ; rien ne décèle sa vie déréglée. Elle s’arrête à la porte d’une maison ordinairement de belle apparence ; là elle attend son monsieur, elle s’explique ouvertement avec lui, et, s’il entre dans ses vues, il est introduit dans un appartement élégant ou même riche, où l’on ne rencontre ordinairement que la dame de la maison ». Faire une passe. Amener un noble inconnu dans cette maison « de belle apparence ».

Rigaud, 1881 : Série de coups heureux, — dans le jargon des joueurs. J’ai eu une passe de dix.

Rigaud, 1881 : Secours, assistance, — dans le jargon des voleurs. Donner la passe, faire la passe, secourir.

Rigaud, 1881 : Guillotine, — dans l’ancien argot. — Gerber à la passe, guillotiner ; c’est le passage de la vie à la mort.

La Rue, 1894 : Secours. Assistance. Guillotine.

France, 1907 : Condamnation à mort ; argot des voleurs ; de passe, situation pénible.

France, 1907 : Permis de passage gratuit.

France, 1907 : Court passage.

La vie d’Henri Rochefort est assez connue. Il est homme public, comme on est femme publique, c’est-à-dire que, sans avoir fait jamais partie fixement d’aucun monde gouvernemental — rien que des passes — il est de tous les mondes gouvernementaux. Une de ses stupeurs doit être d’avoir été un instant on vrai membre du gouvernement de la Défense nationale.

(Paul Buguet, Le Parti ouvrier)

France, 1907 : Moment qu’un monsieur passe avec une racoleuse ou dame de maison démesurément numérotée. Le prix de la passe varie suivant les établissements.

Non… vrai… ces chos’s-là, ça m’dépasse !
Faut-i’ qu’eun’ gouzess soy’ paquet
D’prendre un france cinquant’ pour eun’ passe,
Quand a’ peut d’mander larant’quet… !
Ah ! faut vraiment qu’a soy’ pas fière !…
Moi, quand ej’vois des tas d’homm’s saouls
Qui veul’nt pas donner plus d’trent’ sous,
Ej’les envoye à la barrière.

(Aristide Bruant, Dans la Rue)

Chez la vicomtesse de Santa-Grua, la conversation, fort animée, roule sur l’hypnotisme.
Un jeune avocat, hypnotiseur fameux à ses moments perdus, dit qu’il lui a suffit de deux passes pour endormir une demoiselle.
— Juste ce qu’il faut pour réveiller la vicomtesse, réplique Taupin, toujours galant.

Passe (être gerbé à la)

Virmaître, 1894 : Mauvaise affaire pour celui qui est dans ce cas-là. Être gerbé à la passe, c’est être condamné à mort. La passe, c’est la guillotine (Argot des voleurs).

Passe (faire une)

Rigaud, 1881 : Accorder dans une maison mixte ou chez soi une courte audience au dieu de Lampsaque, — dans le jargon des filles.

Virmaître, 1894 : Fille qui raccroche sur la voie publique et conduit ses clients de hasard au premier hôtel venu. Elle ne fait que passer. Faire une passe vient aussi de faire un passant (Argot des filles).

Passe (la)

Raban et Saint-Hilaire, 1829 : Peine de mort.

Passe (maison de)

Rigaud, 1881 : Maison d’amour de passage, maison de passage de l’amour à prix divers. Lieu mixte où la prostitution dresse un autel hâtif. La misère, la soif du luxe et la débauche, trois insatiables pourvoyeuses, jettent dans ces antres des femmes de toutes les classes, depuis l’insoumise famélique jusqu’à la grande dame à qui la fortune de son mari ne permet pas de dépenser cinquante mille francs par an pour ses toilettes.

Hayard, 1907 : Maison hospitalière.

France, 1907 : Lieu où les prostituées du trottoir conduisent leur miché.

Passe (une)

Rossignol, 1901 : Une fille publique qui vient d’avoir des relations avec un michet a fait une passe.

Passé au bain de réglisse

France, 1907 : Nègre.

Passé au bain de réglisse (être)

Delvau, 1866 : Appartenir à la race nègre, — dans l’argot des faubouriens.

Passe bourgeoise

France, 1907 : Femme mariée qui contribue au budget conjugal en donnant des rendez-vous dans les maisons de passe.

Passe le gant (l’amitié)

France, 1907 : Entre amis, nul besoin de cérémonie. Allusion à l’ancien usage encore existant en Angleterre de retirer un gant pour se donner la main. Excuse my glove, « excusez mon gant », dit-on au cas où on le garde.

Passé singe

France, 1907 : Fin matois, rusé, qui ne se laisse pas prendre ; argot populaire.

— Pas de ça, Lisette ! casquez d’abord. Je vous connais, vous êtes marlou, mais je suis passé singe.

(Mémoires de Vidocq)

Passe vanterne

Virmaître, 1894 : Échelle. Mot à mot : passer par la fenêtre (Argot des voleurs).

Passe-à-la-rousse

France, 1907 : Escarpin. Cette chaussure ne faisant pas de bruit permet d’esquiver la police, de passer devant la rousse.

Passe-bourgeoise

Virmaître, 1894 : Femme mariée, habituée des maisons de rendez-vous et qui, par ses passes, aide à faire bouillir la marmite (Argot du peuple).

Passe-campagne

France, 1907 : Vin de médiocre qualité dont on se contente faute de mieux, et qui sert à passer l’année.

Passe-carreau

Delvau, 1866 : s. m. Outil de bois sur lequel on repasse les coutures des manches. Argot des tailleurs.

Passe-chien

France, 1907 : Ouverture dans une haie.

Passe-cric

Delvau, 1866 : s. m. Passeport, — dans l’argot des voleurs.

La Rue, 1894 : Passeport.

France, 1907 : Passeport ; argot des voleurs

Passe-crick

Rigaud, 1881 : Passe-port.

Passe-lacet

Delvau, 1866 : s. m. Fille d’Opéra, ou d’ailleurs, — dans l’argot des libertins d’autrefois, qui est encore celui des libertins d’aujourd’hui.

Rigaud, 1881 : Prostituée.

La Rue, 1894 : Gendarme.

France, 1907 : Gendarme ; argot des voleurs.

France, 1907 : Prostituée ; argot populaire.

Passe-lance

Delvau, 1866 : s. m. Bateau, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Bateau.

La Rue, 1894 : Bateau.

France, 1907 : Bateau ; littéralement, passe l’eau.

Passe-matagot

d’Hautel, 1808 : Terme d’escamoteurs, de joueurs de gobelets, lorsqu’ils font quelques tours d’adresse ; ils l’emploient comme une expression de grimoire, pour faire croire aux spectateurs que, sans cela, ils ne pourroient réussir à faire leurs tours.

Passe-passe

d’Hautel, 1808 : Tours de passe-passe. Fourberie, tromperie, finesse, supercherie. Il se dit aussi pour, tours de main, tours d’adresse, subtilités des doigts des joueurs de gobelets, des escamoteurs.

France, 1907 : Tricherie au jeu qui consiste à faire filer adroitement une carte.

Passe-port

d’Hautel, 1808 : Il porte son passe-port avec lui. Se dit d’un homme connu pour honnête, et qui a l’extérieur agréable.

Passe-rose

France, 1907 : Coquelicot.

Passe-singe

Rigaud, 1881 : Très malicieux ; c’est-à-dire : qui dépasse le singe en malice.

Passé-singe

Delvau, 1866 : s. m. Roué, roublard, — dans l’argot des voleurs.

Virmaître, 1894 : Roué. A. D. Singe ne doit pas ici être pris dans le sens de patron ; singe est l’animal de ce nom. Passé-singe, passé maître dans l’art de faire des grimaces et de se contorsionner. Synonyme de souplesse et d’agilité.
— Il est donc passé-singe qu’il a pu cromper la tante, malgré l’oncle et les barbauttiers (Argot des voleurs). N.

Hayard, 1907 : Malin, rusé.

Passe-vanterne

France, 1907 : Échelle.

Passe, passade

La Rue, 1894 : Amour de passage. Maison de passe, lieu où les prostituées ou passades entraînent leurs galants d’un quart d’heure.

Passelance

Halbert, 1849 : Bateau.

Passeport jaune

Delvau, 1866 : s. m. Papiers d’identité qu’on délivre aux forçats à leur sortie du bagne.

Passer

d’Hautel, 1808 : Faire passer quinze pour douze. Abuser de la confiance et de la crédulité de quelqu’un, pour le tromper, lui en faire accroire.
Passer quelque chose au gros sas. Pour, le faire à la hâte, sans précaution.
Il veut passer pour beau. Se dit de celui qui ne veut rien payer d’un écot, d’une dépense qui s’est faite en commun.
Passer de fil en aiguille. Pour dire, d’un discours à l’autre.
Jeunesse est forte à passer. Signifie qu’il est difficile à passer son jeune âge sans faire de folies.
Cela lui passera devant le nez. Pour dire, il n’y aura point part ; ce n’est point pour lui.
Il a passé comme une chandelle. Pour dire, il est mort sans crise ; dans le moment où on s’y attendoit le moins.
Le temps passe et la mort vient. Signifie que quelque soit le sort auquel on se trouve réduit, le temps n’en passe pas moins vite pour cela.
Passer par l’étamine. Être examiné sévèrement ; connoître l’infortune et l’adversité.
Passe-moi la rhubarbe, je te passerai le séné. Se dit de deux personnes qui conviennent mutuellement de se pardonner leurs erreurs.
Passe pour cela. Pour, je consens à cela ; je l’accorde ; cela peut être admis.
S’il passe par mes mains, gare à lui ! Se dit par menace d’une personne dont on a reçu quelque offense, pour faire entendre qu’on s’en vengera dès que l’on en trouvera l’occasion.

Delvau, 1866 : v. n. Mourir, — dans l’argot des bourgeois.

Passer à gauche

France, 1907 : Être frustré de sa part de vol ; argot des grecs.

Que le gérant lorsque l’on fauche
Ne passe pas trop à gauche.

(Hogier-Grison)

Passer à l’as

Rossignol, 1901 : Si dans une affaire ou partage on n’a rien pour soi, on passe à l’as.

France, 1907 : Être pris.

Rameneur, donne de ton claque
Au pigeon une contremarque,
Fais-le nettoyer chiquement
Pour affurer ton cinq pour cent.
Si par hasard le grec qui l’fauche
Voulait te fair’ passer à gauche,
Dis : « Si tu m’fais passer à l’as,
J’te bidonn’, tu poiss’ras Mazas. »

(Hogier-Grison, Pigeons et Vautours)

Passer à la casserole

France, 1907 : Opération dangereuse qui consiste à placer un syphilitique dans une sorte de chaudière à vapeur et de l’y laisser jusqu’à l’évanouissement ; il en sort, dit-on, mort ou guéri. Dans l’argot des voleurs, passer à la casserole, c’est être dénoncé.

Passer à la couverte

France, 1907 : Brimade militaire qui consiste à faire sauter un homme dans une couverture, à le berner.

À peine le Suisse venait-il de fermer l’œil que ses camarades de chambrée l’empoignèrent, lui jetèrent dans une couverture en compagnie d’une paire de bottes éperonnées, de deux pistolets et de deux étrilles, et bientôt, au commandement trois, le malheureux fut lancé dans l’espace à l’aide d’une savante et méthodique secousse imprimée à la couverture par huit vigoureuses poignes. C’est ce que s’appelle sauter en couverte. Le brigadier faisait mine de ronfler.

(Les Joyeusetés du régiment)

Passer à la patience, à la croupière

Merlin, 1888 : Punition assez scabreuse à définir et que les troupiers infligent à un mauvais camarade à un voleur ou à un délateur.

Passer à la pipe

Virmaître, 1894 : Quand un individu est arrêté et conduit dans un poste, les agents le battent. On le passe à la pipe. Mot à mot : il est fumé. Synonyme de passer à tabac (Argot du peuple).

Passer à la plume

Rigaud, 1881 : Être maltraité par un agent de la sûreté, — dans le jargon des voleurs qui disaient autrefois, dans le même sens : Passer à la dure. La variante est : Passer au tabac.

France, 1907 : Être maltraité, à moitié assommé par les agents de police. On dit aussi passer à tabac, ou filer à la pipe.

Passer à la plume, passer à tabac, filer la pipe

La Rue, 1894 : Être maltraité, bourré de coups par les agents de police.

Passer à la sorgue

Fustier, 1889 : Dormir. (V. Delvau : Sorgue.)

Passer à tabac

Virmaître, 1894 : Cette expression est toute récente. Quand un individu est arrêté et conduit dans un poste de police, il est souvent frappé par la police, de là : passer à tabac (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Recevoir ou donner des coups. Passer à tabac veut aussi dire être réprimandé.

Hayard, 1907 : Occupation ordinaire des agents envers ceux qu’ils arrêtent ; assommade à coups de botte et de casse-tête.

France, 1907 : Être assommé par la police, mais spécialement à huis clos dans le poste.

Un mot d’un individu en uniforme suffit. On vous saisit, on vous bouscule, on vous assomme, on vous traîne au poste, et si vous résistez !
— Ah%#8239;! tu fais de la rouspétance, mon bonhomme !… Attends un peu !
Et sans tambour ni trompette on passe le « bonhomme » à tabac.

(Hector France, La Vierge russe)

Ce que je pense des sergots, je ne le mâche pas assez pour qu’on l’ignore ! et voilà quinze jours qu’ici même je blaguais leurs bottes, leur coupe-choux, et leur omnipotence en matière de témoignage judiciaire.
Mon nom, prononcé dans un poste par un innocent arrêté, suffit pour le faire immédiatement passer à tabac ; et ma carte, dans un commissariat, déposée de main en main avec d’infinies précautions, tournée, retournée, consultée, auscultée, manque d’être envoyée, comme engin suspect, au Laboratoire municipal.

(Séverine, Le Journal)

Passer à travers

France, 1907 : Échapper aux mailles de la Justice.

Il est évident qu’avec le système anglais lorsqu’il sera adopté, l’innocent arrêté aura des garanties qu’il ne possède pas actuellement dans nos habitudes judiciaires.
Mais, en revanche, combien de coupables échapperont au châtiment qu’ils ont mérité, et, comme disent les agents dans leur argot, passeront à travers !

(Mémoires de M. Goron)

Passer au banc

France, 1907 : Être fustigé, recevoir la bastonnade ; argot des bagnes.

On nous dirigea vers un plateau que nous connaissions tous de renom et de vue : c’était l’endroit où la guillotine était dressée les jours d’exécution. Est-ce qu’il allait y avoir une décapitation ? Mais on avait entendu parler d’aucune condamnation à mort. Nous demeurions tous oppressés, anxieux, regardant si le bourreau ne venait pas monter sa machine, quand un détachement d’infanterie de marine déboucha, baïonnette au canon. Il se retourna et forma un carré ouvert nous enveloppant. Puis deux hommes parurent. L’un d’eux portait un banc, l’autre un fouet à plusieurs lanières.
L’homme au banc disposa son appareil devant le front du carré ouvert. L’homme au fouet, un Arabe, examina attentivement chaque lanière et les pressa entre le pouce et l’index pour s’assurer de la solidité des nœuds.
Nous savions alors quelle lugubre cérémonie nous avait fait quitter le travail et retarder la soupe : on allait passer au banc un des nôtres.

(Edmond Lepelletier)

Passer au bleu

Larchey, 1865 : Disparaître.

Plus d’un jaunet passe au bleu.

Jouvet, Chansons.

Équivoque basée sur un procédé de blanchissage. V. Laver, Nettoyer, Lessiver. — La passer douce : vivre à l’aise. — On sous-entend vie. — Se passer de belle : Ne pas recevoir sa part de vol (Vidocq).

Delvau, 1866 : v. a. Supprimer, vendre, effacer ; manger son bien. Argot des faubouriens. On disait, il y a cinquante ans : Passer ou Aller au safran. Nous changeons de couleurs, mais nous ne changeons pas de mœurs.

France, 1907 : Se dit d’une chose perdue, vendue, supprimée. « — Où est ta montre ? — Passée au bleu. » On disait autrefois passé au safran.

Passer au dixième

Delvau, 1866 : v. n. Devenir fou, — dans l’argot des officiers d’artillerie.

Rigaud, 1881 : Devenir fou, — dans l’argot des officiers d’artillerie.

Passer au gabarit

France, 1907 : Rogner.

Passer aux engrenages

France, 1907 : Punition infligée aux mouchards, aux écoles des arts et métiers.

On passe le mouchard aux engrenages, c’est-à-dire entre deux rangées de gadzarts au nombre d’une cinquantaine et de l’un à l’autre on se renvoie le mouchard à coups de pieds et à coups de poings ; il en sort moulu et quelquefois dangereusement blessé.

(R. Roos)

Passer d’hommes (se)

Delvau, 1864 : Jouir sans la collaboration de l’homme, avec le doigt ou le godemichet. — Se passer de femmes, se masturber.

Comment peuvent-elles donc faire pour se passer d’hommes, quand l’envie leur en prend et les tourmente si fort que, le con étant tout en chaleur, il n’y a aucune allégeance, de quelque façon que vous le frottiez.

Mililot.

Passer de belle (se)

Delvau, 1866 : Ne pas recevoir sa part d’une affaire, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Ne rien trouver à voler, être trompé par un complice au moment de recevoir une part de butin. — Recevoir des conseils au lieu d’argent.

Virmaître, 1894 : Ne pas recevoir sa part d’un vol ou d’une affaire. Il s’en passe de belles : homme qui vit joyeusement. Mot à mot : qui passe de belles journées. Il s’en passe de belles pour exprimer que dans tel endroit il se passe de vilaines choses. Il en fait de belles : commettre de mauvaises actions.
— Il en fait de belles ton vilain sujet, il crèvera sur l’échafaud (Argot du peuple et des voleurs). N.

Passer debout

Rigaud, 1881 : Venir à l’heure au magasin, — dans le jargon des commis de nouveautés. Par opposition à être couché. (F. ce mot.)

Passer devant la glace

Delvau, 1866 : v. n. Payer, — dans l’argot des faubouriens, qui savent que, même dans leurs cafés populaciers, le comptoir est ordinairement orné d’une glace devant laquelle on est forcé de stationner quelques instants.

Virmaître, 1894 : Payer. Allusion à la glace qui est toujours derrière le comptoir, chez le marchand de vin (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Payer en sortant d’un débit.

France, 1907 : Payer ; allusion à la glace placée généralement derrière le comptoir des cafés et restaurants.

Passer devant la mairie

Delvau, 1866 : v. n. Se marier sans l’assistance du maire et du curé, — dans l’argot du peuple.

France, 1907 : Se marier sans l’assistance du maire ni du curé. « Que de couples à Paris passent devant la mairie, et ça ne fait pas les plus mauvais ménages ! » On disait, avant adjonction de la banlieue, se marier au treizième arrondissement, Paris n’en ayant alors que douze.

Passer devant le four du boulanger

Virmaître, 1894 : Voilà une expression qui n’est pas banale et qui est très usitée. Quand un gamin ou une gamine sont trop précoces, qu’ils ont l’esprit plus éveillé qu’il ne faudrait, on emploie ce mot. Mais il est plus typique dans ce sens. Quand une toute jeune fille a avalé son pépin et qu’elle pose quand même pour la vertu, on lui dit :
— Ne fais donc pas tant ta gueule, tu as passé devant le four du boulanger.
Mot à mot, elle a vu enfourner (Argot du peuple). N.

France, 1907 : Synonyme d’avoir vu le loup, mot à mot : savoir comment on enfourne.

Passer l’arme à gauche

Delvau, 1866 : v. a. Mourir, — dans l’argot des troupiers et du peuple. On dit aussi Défiler la parade.

Virmaître, 1894 : Mourir (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Mourir.

France, 1907 : Mourir.

— Il est mort ?
— Oui, passé l’arme à gauche ce matin, et comme il était déjà pas mal faisandé, il parait qu’il trouillote, aussi c’est demain qu’on le porte au jardin des claqués. Monte à la chambre, on t’en dira des nouvelles.

(Hector France, L’Homme qui tue)

Encore un que la mort fauche
Sans se lasser de faucher,
Un qui passe l’arme à gauche,
Sans pourtant être gaucher.

(Raoul Ponchon, Gazette rimée)

Passer l’éponge

Virmaître, 1894 : Oublier, pardonner. Mot à mot : laver le passé (Argot du peuple).

Passer la jambe

Larchey, 1865 : Donner un croc-en-jambes, et par extension, supplanter.

Son ennemi roulait à ses pieds, car il venait de lui passer la jambe.

Vidal, 1833.

Passer la jambe à Thomas (V. ce mot), c’est, dans l’armée, être de corvée pour l’enlèvement des goguenots. — Allusion à l’action de les renverser dans les latrines.

Delvau, 1866 : v. a. Donner un croc-en-jambe.

Passer la jambe à Jules

Rigaud, 1881 : Enlever les tonneaux de vidange, — dans le jargon des troupiers.

Passer la jambe à Thomas

Delvau, 1866 : v. n. Vider le baquet-latrine de la chambrée, — dans l’argot des soldats et des prisonniers.

Merlin, 1888 : Voyez Jules.

France, 1907 : Vider le baquet-latrines ; argot des troupiers. On dit aussi prendre l’oreille à Jules.

C’est un vrai velours que la goutte
Pour les débiles estomacs,
Surtout si cela te dégoûte
De passer la jambe à Thomas.

(Raoul Fauvel)

Passer la jambe à Thomas, à Jules

La Rue, 1894 : Vider la tinette.

Passer la main sur le dos de quelqu’un

Delvau, 1866 : v. a. Le flatter, lui dire des choses qu’on sait devoir lui être agréables. Argot du peuple. On dit aussi Passer la main sur le ventre.

Passer la mer rouge

France, 1907 : Avoir ses menstrues.

Passer la nuit

Delvau, 1864 : Coucher au bordel.

Comben qui faut t’ rend’, mon bibi ? — Garde tout, j’ passe la nuit.

H. Monnier.

Passer la rampe (ne pas)

France, 1907 : Se dit, en argot théâtral, d’une pièce qui n’a aucun succès, c’est-à-dire qui ne porte pas sur le public.

Passer la rampe (ne point)

Delvau, 1866 : Se dit — dans l’argot des coulisses — de toute pièce ou de tout comédien, littéraire l’une, consciencieux l’autre, qui ne plaisent point au public, qui ne le passionnent pas.

Passer le goût du pain

Virmaître, 1894 : Étrangler un individu, lui faire passer le goût du pain (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Étrangler sa femme est lui faire passer le goût du pain.

Passer le goût du pain (faire)

France, 1907 : Tuer ; assassiner ; se suicider.

Chez nous, en France, on ne se fait passer le goût du pain que pour deux raisons, d’abord parce qu’on manque dudit pain. Et ce serait logique si ce n’était anormal. Une société où un sociétaire manque de ce minimum de subsistance, le pain, est une société dont le pacte est rompu par la simple constatation du fait.

(Émile Bergerat, Le Journal)

Passer le Rubicon

France, 1907 : Franchir un passage dangereux. Se lancer tête baissée dans une audacieuse entreprise. Allusion à César qui, marchant sur Rome, fut un moment indécis avant de franchir le Rubicon, petite rivière appelée aujourd’hui Fiumicino, qui séparait la Gaule cisalpine de l’Italie et qu’il était défendu, sous peine de mort, aux généraux de franchir avec leurs troupes. César, qui visait à la dictature, franchit le Rubicon avec son armée (49 ans av. J.-C.) en s’écriant : Alea jacta est ! (Le sort en est jeté !) Alors éclata la guerre civile qui se termina à Pharsale.

Ma foi, passons le Rubicon !
Je m’en vais frapper à ta porte,
Et qu’à l’instant Satan m’emporte
Si tu me vois, sous ton balcon,
Comme une rosse de manège,
Tourner encor pieds dans la neige !

(G. Remi)

Passer par la voie d’Angoulême

France, 1907 : Avaler. Voir Niort.

Passer par les mains d’un homme ou d’une femme

Delvau, 1864 : Coucher ensemble.

Est-ce qu’ils ne font pas tous des listes vraies ou fausses des femmes qui leur ont passé par les mains ?

La Popelinière.

L’Opéra n’eut jamais de danseuse on d’actrice
Qui ne lui passât par les mains.

Sénecé.

Toute la jeunesse de la cour lui passa par les mains.

(La France galante.)

Passer par un fidelium

France, 1907 : Un fidelium est le nom de la dernière oraison dont on ferme les prières des morts dans l’Église romaine. Nombre de prêtres ayant plusieurs messes de mort à dire se débarrassaient de leur besogne et passant de suite à l’un fidelium. Aussi, quand au lieu de s’acquitter de plusieurs choses auxquelles on est obligé, on s’en exempte en passant rapidement à la dernière, on dit qu’on les a passées par un fidelium.

Passer par-devant l’huis du pâtissier, boire toute honte

France, 1907 : Ce dicton s’appliquait aux ivrognes et aux débauchés qui se moquaient de tous les reproches qu’on pouvait leur faire. Autrefois, les pâtissiers tenaient cabaret sur le derrière de leur logis, où les buveurs honteux entraient par une porte dérobée, mais quand ils entraient par le devant de la boutique, bravant le qu’en-dira-t-on, on disait qu’ils avaient toute honte bue.

Passer sa fantaisie ou son envie

Delvau, 1864 : Faire l’acte vénérien.

Et après eu avoir très bien passé ma fantaisie.

Brantôme.

Car le roi n’eut pas plus tôt passé sa fantaisie avec la princesse de Monaco, qu’il pardonna à monsieur de Lauzun.

(La France galante.)

Et pour votre présidente, ce ne sera pas apparemment en restant, à dix lieues d’elle que vous vous en passerez la fantaisie.

De Laclos.

Car sans cesser, ou sur banc, ou sur lit.
Elle voulut en passer son envie.

Cl. Marot.

Voilà ; quand je suis amoureux.
J’en passe incontinent l’envie.

J. Grevin.

Si vous aimez ce garçon, eh bien ! ne pourriez-vous en passer votre envie ?

Tallemant des Réaux.

Passer sous la porte Saint-Denis (ne pouvoir)

France, 1907 : Se dit d’un mari malheureux dont les cornes symboliques atteignent une telle hauteur qu’il ne pourrait passer sous la porte Saint-Denis.

Passer sous la table

France, 1907 : Perdre au jeu. Même sens que baiser le cul de la vieille.

Passer sur le banc

Fustier, 1889 : Expression qu’emploient les forçats quand ils vont, pour une infraction au règlement, recevoir des coups de corde.

Combien j’ai vu d’hommes passer sur le banc et s’en relever, atteints pour jamais dans les sources de la vie, parce qu’ils avaient, en présence d’un argousin, imprudemment laissé tomber de leur poche un mince cahier ou simplement quelques feuilles de papier à cigarette !

(Humbert, Mon bagne)

Passer une femme à la chaussette à clous

France, 1907 : La battre, la martyriser.

Passerons

France, 1907 : Plaques muqueuses aux commissures labiales.

Passette

France, 1907 : Vrille de tonnelier.

Passeur

Delvau, 1866 : s. m. Individu qui passe les examens de bachelier à la place des jeunes gens riches qui dédaignent de les passer eux-mêmes, — parce qu’ils en sont incapables.

Rigaud, 1881 : Pauvre diable qui, moyennant un peu d’argent, passe le baccalauréat au lieu et place de certains jeunes cancres.

Passez-moi la casse, je vous passerai le séné

France, 1907 : Échange de bons procédés. Louangez-moi, je vous louangerai à mon tour. C’est le dicton de la camaraderie, celle de gens de lettres surtout. La casse est l’ancien nom de la cannelle, le séné est également une plante aromatique ; mais, en fait de casse, c’est généralement le sucre que l’on casse sur la tête des camarades.
Au lieu de casse, on dit parfois rhubarbe.

Passez-moi le fil

Merlin, 1888 : Expression goguenarde et sans équivalent dans le langage ordinaire, quelque chose comme : elle est bonne, celle-là !

France, 1907 : Expression militaire ironique signifiant : Quoi encore ?


Argot classique, le livreTelegram

Dictionnaire d’argot classique