Larchey, 1865 : Maître de pension qui spécule sur la nourriture de ses élèves.
Style universitaire ! Les marchands de soupe doivent être bien fiers.
L. Reybaud.
Delvau, 1866 : s. m. Maître de pension, — dans l’argot des écoliers.
France, 1907 : Chef d’institution.
N’est pas marchand de soupe qui veut. On exige certaines garanties et des connaissances. Le chef d’institution a été nourri sur le giron de l’Université. Il a fait ses humanités ; il est bachelier au moins, officier d’Académie, quelquefois chevalier de la Légion d’honneur. Il a sucé les racines grecques, scandé des vers latins, pleuré avec Virgile sur les amours de Didon :
Pauvre Didon, où t’a réduite
De tels amants le triste sort ?
Il s’est couché, couronné de roses, dans le lit d’ivoire d’Horace, la tête appuyée sur le sein de Lydie ; il a goûté en désir au doux vin de Syracuse, invectivé la vieille courtisane « digne d’avoir pour amants des éléphants noirs » et poussant plus loin ses débauches d’imagination pervertie par les classiques, il a chanté au jeune esclave, dont les belles filles jalousent la bancheur du teint :
Le myrte sied bien à ton front,
Lorsque tu remplis ma coupe,
tout en rêvant aux étranges amours du berger Corydon et du bel Alexis…
Il a débuté par être maître d’études, comme Alphonse Karr, Vallès et Daudet, ou même professeur de septième, et s’il a entrepris le commerce des soupes universitaires, c’est souvent par amour du métier — il en est pour tous les goûts – mais surtout pour atteindre ce météore
Qui vers Colchos guida Jason.
(Hector France, Les Va-nu-pieds de Londres)