d’Hautel, 1808 : Ce verbe reçoit un grand nombre d’acceptions parmi le vulgaire. Voici les manières les plus usitées d’en faire usage.
Lâcher quelqu’un. L’abandonner, le planter là.
On dit qu’une femme a lâché son mari, pour exprimer qu’elle l’a abandonné pour aller avec un autre ; qu’elle s’est séparée de lui.
En lâcher de bonnes. Dire des gausses, des contes bleus, des gasconnades.
En lâcher une. Pour donner essor à un mauvais vent.
Lâcher le pied. Pour s’enfuir honteusement ; montrer les talons.
Delvau, 1864 : Quitter une femme dont on est l’amant, ou un homme dont on est la maîtresse.
Après ! Milie veut te lâcher.
Ch. Monselet.
— On dit aussi, dans le même sens : lâcher d’un cran.
Delvau, 1866 : v. a. Quitter. Lâcher d’un cran. Abandonner subitement.
Rigaud, 1881 : Sortir un objet, exhiber. — Lâcher le tuyau de poêle, lâcher le sifflet d’ébène.
Rigaud, 1881 : Quitter, abandonner.
Voilà les femmes !… ça vous lâche dans le malheur.
(Dumanoir et d’Ennery, Les Drames du cabaret, 1864.)
Lâcher le coude, laisser tranquille. On dit à quelqu’un qui vous ennuie : Lâche-moi le coude. — Lâcher comme un pet, abandonner sans vergogne, à l’improviste, — dans le jargon du peuple. — Lâcher la rampe, mourir. — Lâcher le paquet, faire des aveux. — Lâcher de l’argent, payer. — Lâcher l’écluse, uriner. — En lâcher un, sacrifier à crepitus.
France, 1907 : Quitter, abandonner. Se dit surtout en parlant d’un amant qui abandonne sa maîtresse et vice-versa.
— Chaque fois, il m’apporte un bouquet, nous causons… il m’appelle « Madame » — quelquefois « baronne ». Je crois que je ressemble à une de ses anciennes qui serait défunte ou qui l’aurait lâché.
(Maurice Montégut)
— Mais épouser, unir son bienheureux sort à celui d’une de ses infortunées, — avant du moins qu’un respectable héritage eût permis à cette candidate ou cette collègue de « lâcher la boîte » — ah ! mais non, grand Dieu, pas si sot !
(Albert Cim, Demoiselles à marier)
Quand j’aurai votre âge,
J’pourrai m’arrêter,
Mais la Môm’ Fromage,
Je crois, vient d’entrer,
Gémissez, mon père,
Et priez bien, car…
J’vous lâche et préfère
Voir le grand écart.
(Henry Naulus)