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Fort

Fort

d’Hautel, 1808 : C’est un peu fort de café. Calembourg, jeu de mot populaire qui se dit pour exprimer que quelque chose passe les bornes de la bienséance, sort des règles sociales.
Fort comme un Turc. C’est-à-dire, vigoureux, très-robuste.
Il est fort comme une puce. Se dit de quelqu’un qui a peu de moyens physiques, que la moindre chose incommode, et qui veut faire plus qu’il ne peut exécuter.
Il est le plus fort, il portera les coups. Se dit d’un homme qu’on est sûr de battre.
Être fort-en gueule. Parler beaucoup, avoir la répartie prompte, injurieuse et impertinente.
Se faire fort. Affirmer, promettre avec assurance ; se vanter.

Delvau, 1866 : adv. Étonnant, inouï, incroyable, — dans l’argot du peuple, qui dit cela à propos de tout ce qui lui semble amer ou difficile à avaler. On dit aussi Fort de café, fort de moka et fort de chicorée.
C’est plus fort que de jouer au bouchon.
C’est extrêmement étonnant.
L’expression ne date pas d’hier : « Vous m’avouerez que cela est fort, locution de la Cour, » dit de Caillières (1690). Dans un sens ironique : Cela n’est pas fort ! pour Cela n’est pas très spirituel, très gai, très aimable, ou très honnête.

Rigaud, 1881 : Pour fort de la halle. C’est ainsi qu’on dit par abréviation encore : fort aux poissons, fort aux blés, fort au beurre.

Je descends les barqu’s, j’vends des contre-marques, Et je suis fort au beurre.

(A. Remy, L’homme incomparable, chans.)

Fort comme un Turc

France, 1907 : La force extraordinaire des matelots et des portefaix de Constantinople a de tous temps frappé les voyageurs.
« Les Turcs, écrit Blaise de Montluc (Commentaires, liv. I) à propos de l’assaut qu’unis aux Provenceaux ils donnèrent en 1543 à Venise, les Turcs méprisaient fort nos gens : aussi crois-je qu’ils nous battraient à forces pareilles ; ils sont plus robustes, obéissants et patients que nous, mais je ne crois pas qu’ils soient plus vaillants ; ils ont un advantage, c’est qu’ils ne songent qu’à la guerre. » Quelques écrivains ont attribué au croisement des races, aux alliances des Turcs avec les Géorgiennes et les Circassiennes cette vigueur qui les a toujours caractérisés.
Au XVIe siècle, pour fournir le service des galères, le nombre de forçats n’étant pas toujours suffisant, il fallait à tout prix des rameurs ; et à Gênes, à Venise, à Naples, en Sicile, on recrutait la chiourme sur les côtes du Grand Seigneur, s’emparant de tout ce qui tombait sous la main, Turcs ou Grecs, que l’on mettait aussitôt à la chaîne. Mais les Turcs étaient plus recherchés que les Grecs à cause de leur force et de leur résistance à supporter les horribles fatigues des bancs de galères.
En 1570, dit l’amiral Jurien de la Gravière, le sénateur Zane général de la flotte vénitienne, ne remplaça pas autrement les rameurs qu’il avait perdus. Il détacha, pendant qu’il hivernait dans les ports de Candie, le provéditeur Marco Quirini avec une division de choix vers les îles de l’Archipel. Marco Quirini s’acquitta de sa mission avec une activité et un zèle qui lui méritèrent les éloges du Sénat : il est vrai que les Grecs des Cyclades se souviennent encore de son passage.
Nos rois furent plus honnêtes que les doges et les amiraux de Venise : ils ne volèrent pas les esclaves, ils les achetèrent. Un Turc se payait au XVIIe siècle de 400 à 450 livres, argent comptant. « Ces esclaves disait-on alors, sont extrêmement vigoureux, très endurcis à la fatigue, fort grands, infiniment plus propres pour cette raison que les forçats à servir d’espaliers et de vogue-avant. » C’est très probablement des galères de Louis XIV que nous est venue l’expression : fort comme un Turc. Les Anglais disent dans le même sens : fort comme un Tartare.

Fort de café

France, 1907 : Chose étonnante, difficile à avaler comme du café trop fort. On dit, dans le même sens : fort de chicorée.
Plus fort que de jouer au bouchon est le superlatif de l’expression.

Fort en gueule

Virmaître, 1894 : Crier beaucoup. Les poissardes bavardes et insolentes sont fortes en gueule (Argot du peuple).

Rossignol, 1901 : Avoir la parole facile.

France, 1907 : Insolent, braillard.

… Vous êtes, ma mie, une fille suivante
Un peu trop forte en gueule et fort impertinente.

(Molière)

Fort en thème

France, 1907 : Jeune naïf qui s’imagine que bien faire les thèmes lui sera de quelque utilité dans la vie.

Fort ou fort de la halle

France, 1907 : Déchargeur.

Jules Vallès, Auvergnat de première force, — c’est lui qui le dit — se plaint joyeusement, amèrement un peu aussi, de n’avoir pu dégoter les porteurs des Halles et d’avoir fait vainement concurrence aux forts du pavillon des légumes. Il eut beau exhiber ses membres solides de paysan et dissimuler sou diplôme de bachelier, il n’obtint pas pratique. Ses livres lui rapportèrent plus que ses biceps.

(Paul Buquet, Le Parli ouvrier)

Fort pour… (être)

Delvau, 1866 : Avoir du goût pour une chose ; avoir tendance à faire une chose. Argot des bourgeois.

Fort que de jouer au bouchon (c’est plus)

Rigaud, 1881 : Se dit ironiquement d’une chose dont l’exécution ne demande ni force ni adresse.

Fort-en-gueule

Delvau, 1866 : adj. et s. Insolent, bavard ; homme qui crie plus qu’il n’agit. On connait l’apostrophe de madame Pernelle à la soubrette de sa bru :

… Vous êtes, ma mie, une fille suivante
Un peu trop forte en gueule et fort impertinente.

Fort-en-mie

Delvau, 1866 : s. m. Homme très gras, — dans l’argot des faubouriens, qui prennent les os pour la croûte du corps. Les voyous anglais ont la même expression : Crummy.

France, 1907 : Personne très grasse, autrement dite boule-de-suif.

Fort-en-thème

Delvau, 1866 : s. m. Jeune homme qui obtient de brillants succès au collège. Argot des gens de lettres.

Fortanche

Rigaud, 1881 : Fortune, — dans le jargon des voleurs. — Bonne fortanche, bonne fortune.

La Rue, 1894 : Fortune.

Virmaître, 1894 : Fortune. C’est un changement de finale comme boutanche pour boutique, dorancher pour dorer, brodancher pour broder, etc., etc.
— Turbiner, c’est bon pour les pantes, j’ai fait ma fortanche à la foire d’empoigne (Argot des voleurs). N.

Hayard, 1907 : Fortune.

France, 1907 : Fortune.

Forte

Delvau, 1866 : s. f. Chose inouïe, incroyable. En dire de fortes. Raconter des histoires invraisemblables ; mentir. En faire de fortes. Se rendre coupable d’actions délictueuses.

Forte (elle est)

France, 1907 : Chose inouïe, peu croyable et qu’on ne croit pas.

Forte queue

France, 1907 : Adroit au billard.

M. Ravenot était encore, à soixante-trois ans passés, ce qu’on appelle une forte queue.
Dès son enfance, la passion du billard l’avait pris ; et il aimait à raconter comment, soixante ans auparavant, sa grande distraction, le dimanche, était qu’on l’emmenât, dans les cafés, voir caramboler la rouge et les blanches.

(Fernand Vandérem)

Forte téte

France, 1907 : Raisonneur, indiscipliné gouailleur. Dans les régiments, les ouvriers parisiens passent généralement pour de fortes têtes et sont traités comme tels. On les envoie à Biribi.

Il est incorporé aux compagnies de discipline comme forte tête, indiscipliné, brebis galeuse, individu intraitable, donnant le mauvais exemple. Aucun tribunal civil ou militaire ne l’a flétri, les folios de punitions de son livret matricule sont noirs, mais son casier judiciaire est blanc. Pas un malfaiteur, un irrégulier.

(Georges Darien, Biribi)

Fortifes

Fustier, 1889 : Fortifications.

C’est tout en haut de la rue d’Allemagne, près des fortifes, comme dit le voyou.

(Événement, juillet 1887.)

Fortification

Rigaud, 1881 : Bande de billard ; allusion de forme. — Être protégé par les fortifications, être collé sous bande.

Fortifs

France, 1907 : Fortifications.

Après tout, la fleur de la pastorale est bien libre de pousser à Grenelle ou aux Lilas, dans les terrains vagues, entre une boîte à sardines et un vieux soulier lavé et rougi par cent averses. Votre gamine — je ne me rappelle plus si elle est brunisseuse ou corsetière — qui, ayant pour le lendemain un rendez-vous décisif, veut se parer pour la chute et lave son linge à la borne-fontaine, sous le bec de gaz, me plaît autant que Nausicaa, Pourquoi pas l’églogue le long des boulevards extérieurs et l’oaristys sur les fortifs ?

(François Coppée)

Sur l’talus posant leurs derrières
Au mêm’ niveau,
On y voit des famill’s entières
Mangeant du veau,
En guis’ d’absinthe ou d’anisette,
D’apéritifs,
On a des odeurs de poudrette
Sur les fortifs.

(V. Meusy, Chansons d’hier et aujourd’hui)

Fortin

Halbert, 1849 : Poivre.

Larchey, 1865 : Poivre (Bailly). — Diminutif de fort. — Vidocq donne Fretin.

Delvau, 1866 : s. m. Poivre, — dans l’argot des voleurs.

Rigaud, 1881 : Poivre. — Fortinière, poivrière, — dans l’ancien argot.

La Rue, 1894 : Poivre.

France, 1907 : Poivre.

Fortinière

Halbert, 1849 : Poivrière.

Delvau, 1866 : s. f. Poivrière.

France, 1907 : Poivrière.

Fortune

d’Hautel, 1808 : Faire contre fortune bon cœur. Se soumettre avec résignation à un mauvais sort.

Fortuné

France, 1907 : Riche.

Fortune du pot (à la)

Delvau, 1866 : adv. Au hasard, au petit bonheur, — perdrix aux choux ou choux sans perdrix.

France, 1907 : Au hasard ; comme ça se trouve.

Cette bonne cuisine bourgeoise de chaque jour, si savamment préparée et mijotée, qui permettait à nos pères de vous inviter à la fortune du pot, n’existe pour ainsi dire plus aujourd’hui. On est étonné, lorsqu’on tombe à l’improviste chez les gens les plus élégants et les mieux cotés, de la médiocrité et de la pauvreté de leurs repas. La couturière, le tapissier, le carrossier, le marchand de chevaux et tutti quanti prélevant tant d’argent sur le budget qu’il n’en reste plus pour alimenter les fourneaux.

(Santillane, Gil Blas)

Fortunio

France, 1907 : Héros de romance. Poète sentimental. La chanson de Fortunio.

(Fernand Vandérem, Le Journal)


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